2011, 0h30.

LA STRATEGIE DU CHOC"

de NAOMI KLEIN

 

"Il faudra descendre dans la rue et les obliger à le faire."

http://www.megavideo.com/?v=DH5XQ8U4

 

http://www.rue89.com/club-rue89/2010/02/23/le-film-la-strategie-du-choc-dapres-le-livre-de-naomi-klein-140083

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Strat%C3%A9gie_du_choc

Thèse du livre[modifier]

Après une préface où elle expose les différents points de son argumentation, le premier chapitre porte sur la torture et plus particulièrement sur les expériences de lavage de cerveau effectuées par Donald Ewen Cameron, financées par la CIA. Ces recherches avaient pour objectif de détruire la personnalité du sujet, en lui administrant des chocs divers (substances chimiques, électrochocs), dans le but d'obtenir une « page blanche » sur laquelle on pourrait écrire une nouvelle personnalité.

S'appuyant sur d'importantes recherches documentaires[1], Naomi Klein soutient que de la même manière, des désastres (catastrophes naturelles, changements de régimes), qui conduisent à des chocs psychologiques, permettent aux chantres du capitalisme d'appliquer la doctrine de l'école de Chicago dont Milton Friedman est l'un des représentants les plus connus. Ils imposeraient à l'occasion des désastres des réformes économiques que Naomi Klein qualifie d'ultra-libérales telles que la privatisation de l'énergie ou de la sécurité sociale. De telles réformes n’étant pas possibles sans crise.

Naomi Klein utilise comme exemples de sa thèse les dictatures de Pinochet au Chili, de Soeharto en Indonésie et d’autres dictatures d’Amérique du Sud en général avec le lot de tortures qui les accompagnent. Le cas de la Bolivie, où les réformes ont été conduites en déportant temporairement les responsables de gauche, est aussi décrit. L'auteur évoque aussi les libéralisations qui ont suivi la chute du bloc de l'Est en Pologne et en Russie au début des années 1990, le gouvernement de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Les politiques qui ont été pratiquées aux États-Unis depuis 1990, mais plus particulièrement sous l'administration Bush, sont particulièrement visées, notamment la privatisation progressive de la sécurité aux États-Unis. Cela la conduit à s'intéresser à la gestion de la guerre en Irak[2]. Pour elle, on assiste depuis 2001 à l'émergence d'une industrie de la sécurité intérieure, les attentats du 11 septembre ayant été utilisés comme un choc « utile ».

L'auteur cite en particulier à l'appui de sa thèse les réformes suivantes :

Elle estime que dans différents endroits du monde, l’application des théories de Milton Friedman conduit à la division des villes en deux zones, comme à Bagdad, La Nouvelle-Orléans ou Beyrouth[3] :

  • une Zone verte, riche et protégée des dangers ;
  • une ou plusieurs zones rouges, dangereuses et misérables.

Naomi Klein soutient également deux contradictions importantes dans les théories de l’école de Chicago, telles qu’elles furent appliquées dans ces pays :

  • selon ses promoteurs, le néo-libéralisme garantit une plus grande richesse d’une économie et, par percolation, un accroissement de la prospérité individuelle. Selon elle, et dans les exemples étudiés, ce n’est jamais le cas tant qu'une politique de redistribution, contraire à la théorie de Friedman, n’est pas menée ;
  • toujours selon certains de ses promoteurs, démocratie et néo-libéralisme se soutiennent l'un l'autre[4]. Or, selon Naomi Klein, l’imposition de politiques néo-libérales ne s’est jamais produite sans coup d’État, élimination temporaire ou définitive (exécutions) de l’opposition, ou l’imposition d’un état d’urgence, ou de politique vaudou (application par une nouvelle majorité d’une politique strictement contraire aux promesses de campagne).

Naomi Klein préfère parler de « corporatisme » pour désigner la nouvelle forme de capitalisme qu’elle décrit. Les politiques dites « néo-libérales » ne sont pas si libérales que cela, puisqu'elles nécessitent une intervention étatique importante afin d'assurer « la concurrence libre et non faussée » contre la tendance des entreprises à former des oligopoles et le respect de la propriété privée des grandes entreprises malgré leur impopularité. À la page 26 de l'édition française, N. Klein écrit : « Le mot qui convient le mieux pour désigner un système qui gomme les frontières entre le Gouvernement avec un G majuscule et l'Entreprise avec un E majuscule n'est ni "libéral", ni "conservateur", ni "capitaliste". Ce serait plutôt "corporatiste". »

Réception[modifier]

L'ouvrage a été considéré comme un des meilleurs livres de 2007 par The Village Voice, Publishers Weekly, The Observer, et The Seattle Times.

En revanche, selon Jonathan Chait pour le magazine américain The New Republic « l'amalgame permanent de Naomi Klein entre tous ses adversaires idéologiques au service d'une théorie monocausale du monde rend ultimement son analyse parfaitement absurde ». Naomi Klein verrait derrière les interventions armées américaines à l'étranger la mise en œuvre de la doctrine de Milton Friedman auquel est prêté l'idée qu'il faudrait créer un choc de façon à instituer les politiques économiques voulues. Or, selon Chait, Milton Friedman n'aurait jamais rien prôné de tel. Naomi Klein décrit la guerre en Irak comme l'apothéose de ses idées, avançant que les néoconservateurs sont des partisans engagés de Friedman. Or, si les néoconservateurs sont anticommunistes, ils n'en sont pas pour autant des partisans du libéralisme économique, et ils ont une opinion favorable du New Deal. De plus, selon Chait, Friedman ne se rattache pas aux néoconservateurs, promoteurs interventionnistes des valeurs et de la démocratie américaines, mais aux conservateurs libertariens, hostiles aux aventures à l'étranger et à l'intervention de l'État. Toujours selon Chait, Friedman lui-même s'est opposé à la guerre en Irak, ce que Naomi Klein ne rapporterait pas[5]. Au final, Jonathan Chait considère que Naomi Klein ignore les idées qu'elle critique alors même qu'elle leur attribue un rôle majeur à l'échelle mondiale. L'essayiste libéral Johan Norberg du Cato Institute abonde dans le même sens, reprochant en particulier à Naomi Klein des contresens sur les théories de Friedman et des interprétations volontairement fausses[6].

Naomi Klein a répondu à ces critiques en excipant d'un entretien de Milton Friedman à un magazine allemand pour montrer que celui-ci approuve la guerre en Irak. Ces citations sont : “President Bush only wanted war because anything else would have threatened the freedom and the prosperity of the USA”, et à propos des tensions croissantes entre les Etats-Unis et l'Europe : “the end (mais dans la version allemande, c'est le mot "succès" qui est employé) justifies the means. As soon as we’re rid of Saddam, the political differences will also disappear.” Il a également déclaré au Wall street Journal, à propos de cette guerre : “it seems to me very important that we make a success of it.” Pour Naomi Klein ces citations démontrent que Friedman est un partisan déclaré de la guerre en Irak.[7].

Enfin, pour David Boaz, vice président du Cato Institute, si Naomi Klein a raison de faire un lien entre « chocs » et évolution du rôle de l'État, il ne soutient pas sa définition de la nature de ce lien : pour lui, les crises sont l'occasion d'une augmentation du rôle de l'État et non du marché[8].

Plus nuancé est l'universitaire français Samuel Ferey[9] qui dans un compte rendu pour la revue Mondes en développement souligne que « l’intérêt de l’ouvrage réside d’abord sur les éléments factuels » et que nonobstant « le côté unilatéral de l’ouvrage » et « le caractère trop flou de certains concepts » conclut : « la lecture de La Stratégie du choc reste stimulante et donne incontestablement envie d’en savoir plus[10]. ».

L'universitaire anglais John Gray estime dans une critique publié dans The Guardian que : « Il y a très peu de livres qui nous aident vraiment à comprendre le présent. La stratégie du choc est l'un de ces livres »[11].

Dans La Revue internationale des livres et des idées, Michael Hardt écrit que « d'une certaine manière, le livre prolonge son excellent article publié par Harper’s en 2004, « Baghdad Year Zero », qui est incorporé et développé ici. »[12]

 

Pour bien commencer cette nouvelle année...

Il s'agit de comprendre pour savoir comment agir.

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