Blog

  • L'édaphon

    Nous marchons sur une terre dont nous ne connaissons quasiment rien de la vie qui s'y trouve.

     

    Édaphon

     

    https://www.aquaportail.com/dictionnaire/definition/10394/edaphon

    nom masculin

    Sommaire :

     | Définition | Explications | Division | Flore et faune... | Composition
     |
    Synonymes | Mots à proximité | En rapport

    Définition

    L'édaphon est l'ensemble des organismes et micro-organismes (animaux, végétaux, champignons, bactéries), la biocénose du sol, toute la biodiversité de la pédosphère. L'euédaphon rassemble les espèces (géobiontes) qui vivent continûment dans le sol, ceux qui y vivent temporairement (géophiles) forment l'hémiédaphon et ceux qui vivent à la surface forme l'épiédaphon. Les organismes vivant dans la couche herbacée forment l'hyperédaphon.

    Les collemboles sont des édaphons :
    Un édaphon : les collemboles Protaphorura armata
    Dans le sol, les édaphons comme ces
    larves de collembole arthropode Protaphorura armata sont peu pigmentés ou complètement blancs.

    Explications

    Le terme a été inventé au début du 20ème siècle par le botaniste et microbiologiste Raoul Heinrich Francé. Les édaphons sont étudiés en édaphologie. L'édaphon constitue environ 5 % du volume du sol.

    Division

    Les édaphons sont généralement divisés en plantes (flore du sol, pédoflore) et animaux (faune du sol, pédofaune). Dans le sol vivent de nombreux micro-organismes eucaryotes à une ou plusieurs cellules, les protistes, et les bactéries. En plus des espèces végétales, animales et bactérienne, ils comprennent les champignons (mycètes) et des bio-effecteurs.

    L'habitat édaphique est en outre divisé en :

    hyperédaphique : vivant dans la couche herbacée;

    épiédaphique (épigée) : vivant dans la litière;

    hémiédaphique (hypogée) : vivant dans la couche d'humus;

    euédaphique (hypoge#l_endoge">endogée) : vivant dans le sol (haut).

    Flore et faune édaphiques

    ⭐ La flore du sol comprend notamment des champignons, des algues, des bactéries et des lichens. Les bactéries se nourrissent principalement de matières organiques mortes. La flore du sol a un rôle important à jouer au sein de l'écosystème à travers cette humification et minéralisation de la matière organique. Les racines des plantes ne font pas partie de la flore du sol. En se basant sur le terme "nanoplancton", Francé a décrit la microflore autochtone comme "nanoédaphon". Celui-ci peuvent changer de façon cyclique mais sont toujours présents dans tous les climats terrestres. C'est une "forme de profondeur" de l'édaphon, car cette microflore est la moins exigeante en lumière et en air et se rencontre souvent à des profondeurs d'un mètre.

    ⭐ La faune du sol joue également un rôle important dans le déchiquetage et la décomposition des restes de plantes mortes et des cadavres d'animaux. Les chenilles et les vers assurent notamment le mélange, la ventilation et la relaxation du sol. Ces animaux édaphiques sont subdivisés par taille :

    microfaune (< 0,2 mm) : amibes, ciliés, vers ronds et méiofaune.

    mésofaune (< 2 mm) : acariens, collemboles.

    macrofaune (<20 mm) : cloportes, araignées, vers de terre, Coléoptères et autres insectes.

    mégafaune (> 20 mm) : vertébrés tels que les taupes, les campagnols et les musaraignes.

    La microfaune assume la fonction de minéralisation. La mésofaune assure une bioturbation, une fragmentation et une bioaccumulation à petite échelle. Les macrofaunes et mégafaunes fournissent une bioturbation à grande échelle, une fragmentation par dispersion et une formation d'agrégats. De plus, tous les composants de la faune du sol favorisent l'activité microbienne.

    Composition

    La totalité des organismes vivant dans le sol joue un rôle important dans le processus de compostage. Les valeurs suivantes de l'édaphon sont approximatives et peuvent varier en fonction du type de sol :

    40 % de bactéries, en particulier des actinomycètes.

    40 % d'algues et de champignons.

    12 % de vers (vers de terre).

    5 % macrofaune restante : Polychètes, gastéropodes, arachnides...

    3 % microfaune restante : Nématodes, acariens, collemboles...

    La présence d'édaphon est le facteur sol-sol le plus important après l'érosion et, dans le sol déjà créé, il est responsable du maintien de son caractère. Il affecte les caractéristiques physico-chimiques du sol, et donc sa structure, sa capacité de rétention d'eau, sa respirabilité. Cependant, au sens fondamental, il est responsable de sa fertilité, car c'est la présence d'édaphon qui détermine la décomposition des composés organiques et accélère la libération des minéraux, ainsi que la formation d'humus dans le sol.

  • A CŒUR OUVERT :lâcher prise

     

    Coeurouvertwhite 2

    « Salut Philippe ! Comment ça va ?

    - Salut Francis. Impeccable. Et toi ?

    - Pas mal. Du boulot par-dessus la tête mais moins que toi, j’imagine. »

    Brasserie de la rue Saint-Jacques. Les deux hommes s’étaient donné rendez-vous. Juste un intermède dans le chaos de la journée.

    « C’est clair que depuis que j’ai récupéré toutes les parts de la société, je n’ai pas une minute à moi. Je n’aurais jamais imaginé une situation pareille. Ça m’est tombé dessus avant même que j’y pense. C’est pour ça que je t’ai appelé. On commande ?

    - Oui, j’ai un rendez-vous dans une heure. Faut pas traîner. T’as des nouvelles de Paul ?

    - J’ai eu Alice au téléphone avant-hier. Elle m’a dit qu’il est parti s’installer dans un coin paumé, dans le Massif Central. Mais je serais incapable de te dire où exactement.

    - C’est dingue quand même ce changement dans sa vie. Je sais bien qu’il a failli mourir mais de là à tout plaquer comme ça. Il aurait pu juste réduire la voilure. Au lieu de ça, il disparaît du jour au lendemain.

    - Tu sais, je crois que tu aurais du mal à le reconnaître si tu le voyais. La dernière fois que je l’ai rencontré, ça m’a foutu mal à l’aise. L’impression de parler avec un gars un peu dérangé. J’ai essayé de lui montrer que le marché explosait et qu’il y avait un fric fou à se faire, qu’on avait obtenu toutes les exclusivités dont il avait rêvé et pour lesquelles il s’était battu comme un mort de faim, que c’était pas le moment de lâcher l’affaire.

    - Qu’est-ce qu’il a répondu ?

    - Il m’a regardé sans rien dire. Mais pire que ça encore, je dirais que c’était comme s’il n’y avait eu personne en face de moi. Tu sais, il était vachement nerveux avant, il bougeait tout le temps, ça m’énervait quand il tapotait des doigts sur la table.

    - Moi aussi, c’était vraiment crispant.

    - Oui, c’était une vraie pile électrique et tu connais sa capacité à abattre un boulot de dingue, hein. Il épuisait tout le monde autour de lui. Vraiment, ce gars-là m’impressionnait énormément. Eh bien, là, il était face à moi, totalement inerte, sans aucun geste, droit comme un lampadaire. Je lui ai même demandé si ça l’emmerdait ce que je disais. Il m’a dit que si c’était important pour moi, je pouvais bien continuer. Il n’en avait rien à foutre quoi. Je crois même que j’aurais pu continuer pendant trois plombes sans qu’il ne bouge. C’est moi qui suis parti.

    - Et ben dis donc, impressionnant. C’est le cerveau qu’ils lui ont enlevé ou quoi ?

    - En tout cas, il n’a plus ce qui faisait de lui le gars qu’on a connu. Et c’était un sacré bon pourtant. Tu te rends compte de la force de frappe de la boîte aujourd’hui ! Il a pulvérisé tous les concurrents. C’était un visionnaire ce gars. Je n’ai pas hésité un seul instant quand il m’a proposé ses parts. C’était inespéré d’un point de vue financier. Et surtout à ce prix-là ! Par contre, au niveau boulot, je ne m’en sors plus. C’est pour ça que je t’ai appelé, Francis. Ça te dirait de venir bosser avec moi ? »

    Chloé ne l’avait pas reconnu. Plusieurs semaines qu’elle ne l’avait pas vu. Elle ne savait même pas où il s’était installé et elle ne voulait pas le savoir. Il les avait abandonnées, elle et sa mère. Comme si elles ne comptaient plus pour lui.

    Il lui avait donné rendez-vous dans le parc aux alouettes. Le banc, prêt du manège aux chevaux de bois. N'importe quoi. Une galerie marchande, là au moins, elle aurait pu en profiter pour faire les vitrines. Il le savait bien pourtant. C'était n'importe quoi.

    Il était déjà là quand elle est arrivée. Assis sur son banc. Il s'était levé.

    Il avait un pantalon et une chemise en lin. Blanc cassé. Des sandales. Plus de costume, plus de cravates ni les chaussures en crocodile.

    Une transformation radicale. Elle pensa à un nostalgique de Woodstock.

    « Bonjour Chloé.

    - Bonjour papa. »

    Elle n’avait pas aimé son regard inquisiteur, cette façon insistante de la dévisager. Elle ne se souvenait pas lui avoir connu un tel flamboiement dans les prunelles.

    « Comment tu vas, papa ?

    - Je vis. Et c’est tout récent alors je découvre.

    - Maman m’a dit que tu allais quitter la région.

    - Oui, j’ai loué une petite maison meublée près du village de la Godivelle, dans le Massif Central.

    - Mais qu’est-ce que tu vas faire là-bas ?

    - Marcher.

    - Marcher ?

    - Penser en marchant si tu préfères. Il est temps que j’apprenne.

    - Et tu as le droit de faire des efforts comme ça ?

    - Je ne me suis pas donné ce droit jusqu’ici et la vie s’est chargée de me le rappeler. J’ai la chance d’avoir une deuxième vie. Ou peut-être même une première finalement.

    - Ah bon, une première ! Sympa pour maman et moi ça.

    - Oui, tu as raison. Vous n’êtes pas concernées. Je ne peux pas vous reprocher d’avoir vécu ce que je vous proposais et que j’entretenais. C’est ce qui convenait à tout le monde. Mais ça ne me convient plus justement. Et ça n’est pas un choix, c’est une nécessité.

    - Et tu vas vivre de quoi maintenant que tu n’as plus de travail ?

    - Je vais vivre justement.

    - Et maman et moi ?

    - Vous êtes tranquilles de ce côté-là, aucun souci. Financièrement parlant. Tout comme moi.

    - Tu sais combien ça va coûter mes études ?

    - Ta mère a touché de quoi te payer mille fois tes études et un cabinet d’architecte d’intérieur en supplément. »

    Elle n’aimait pas ce détachement, cette façon qu’il avait de répondre à tout avec une singulière facilité, comme si tout était sans problème, comme si tout était déjà réglé. Elle l’avait toujours connu agité, impatient, pressé, nerveux mais efficace et déterminé. Rien ne lui résistait. Et là, elle avait l’impression que rien ne lui résistait également mais à travers une indifférence totale. Et pourtant, il était toujours aussi opérant. C’est ce mot-là qui l’interpella.

    « Depuis ton opération, tu as changé.

    - Et ça ne te plaît pas ?

    - Je ne comprends pas ce qui s’est passé.

    - J’ai failli mourir, tout simplement.

    - Mais tu es toujours vivant ! Alors, pourquoi tu ne continues pas ? Tu pourrais travailler moins mais continuer à t’occuper de ton entreprise, tu y as consacré toute ta vie. Et puis là, ça ne compte plus.

    - Parce que je ne compte plus justement.

    - Attends, c’est toi qui ne comptes plus ou tu veux dire que tu ne comptes plus l’argent que tu possèdes ?

    - C’est parce que je comptais l’argent que je possède et plus encore celui que je voulais posséder que ma vie ne comptait plus. Il a suffi que je pense à mon travail pour avoir envie de partir en courant. Je n’ai même pas envie d’essayer quoi que ce soit. C’est fini tout ça.»

    Rien à faire, il avait réponse à tout, elle sentait bien qu’il était inébranlable. Elle ne parlait pas avec son père mais avec un individu qui n’existait pas comme elle. Il était ailleurs. Dans un autre monde. Et ce regard illuminé lui devenait insupportable.

    Ce cliché éculé du millionnaire qui vend tous ses biens et part vivre en ermite. C'était tellement ridicule. Elle en avait honte pour lui.

    « Il faut que j’y aille papa. J’ai un rendez-vous. »

    Elle aurait pu inventer n’importe quoi pour sortir de ce malaise.

    « Quand je serai installé, je te préviendrai. Il y aura une chambre pour toi.

    - Oui, on verra. »

    Elle se leva, l’embrassa et s’enfuit.

    Il avait un rendez-vous lui aussi.

    Il se présenta à l’agence bancaire et il fut immédiatement reçu par Monsieur Blain, son attaché de compte.

    « Je suis ravi de vous revoir, Monsieur Laskin. Comment allez-vous ?

    - Du mieux possible, merci. »

    Il n’avait rien à reprocher à cet homme affable et il le savait sincère.

    « Je suis venu signer les documents pour mon ex-femme et ma fille, les virements permanents dont je vous ai parlé par téléphone.

    - Oui, j’ai déjà préparé les documents. Nous aurons vite terminé. Je vous demanderai juste de les relire intégralement, par sécurité. Je m’en voudrais d’avoir commis une erreur. »

    Il s’attacha à analyser chaque terme. Rien à signaler. Une signature sur les feuillets.

    « Je sais que je n’ai aucun conseil à vous donner sur la gestion de votre compte, Monsieur Laskin. Et je n’en donnerai pas.

    - Je vous en remercie.

    - Je suppose que vous voulez prendre le repos qui vous est dû.

    - Exactement.

    - Alors, je vous souhaite le meilleur pour les années à venir, Monsieur Laskin.

    - Cinq ans, pour l’instant. C’est la durée de mon nouveau cœur. »

    Une interrogation dans les yeux du conseiller.

    « C’est un cœur artificiel, Monsieur Blain et il a une durée de vie limitée. Il est possible qu’entre temps, je puisse bénéficier d’une transplantation avec un greffon humain ou qu’on recommence avec le même type de cœur. L’histoire n’est pas finie.

    - C’est très impressionnant.

    - Effectivement. Prenez soin de vous et de votre famille, Monsieur Blain. »

    Il se leva et tendit la main.

    « Je m’en souviendrai, Monsieur Laskin. »

    Il passa à l’entreprise et rencontra Philippe. Il demanda la liste des relevés d’identité bancaire des vingt-sept salariés à la comptable et fit verser trois mille euros de prime à chacun.

    « Philippe, je compte sur toi pour souhaiter bonne continuation à tous les salariés. »

    La voix était chaleureuse et Philippe s’en réjouit.

    «  Je compte sur eux aussi pour pérenniser tout le travail que j’ai accompli. Et sur toi, bien évidemment. Je ne veux pas de pot d’adieu. Les gens ont autre chose à faire. Dis leur de prendre soin d’eux et de leur famille, c’est tout. Et que je ne les oublierai pas. Remercie-les de leur travail. »

    Il s’approcha et posa une main sur l’épaule de Philippe.

    «  Je t’ai déjà remercié de m’avoir sauvé la vie et je continuerai intérieurement à le faire tous les jours. Propose une formation aux gestes d’urgence à tous les employés. Je n’y ai jamais pensé et c’est une erreur de ma part.

    - Tu es sûr que tu ne vas rien regretter ?

    - Regretter quoi ? »

    Un ton froid, cinglant, un regard qu’il ne parvint pas à soutenir. Il regretta sa question.

    « Non, rien, Paul, c’est idiot, je te souhaite le meilleur pour la suite.

    - C’est déjà le cas, Philippe. Juste une dernière chose.

    - Oui ?

    - Ne te fais pas avoir. »

    Il lui serra la main et sortit.

     

  • La ligue de protection des vers de terre

    « Les vers de terre ont joué un rôle dans l’histoire du monde, plus important que ce que la plupart des gens peuvent le supposer … et l’humus qui couvre, comme un manteau, la surface de la terre a traversé plusieurs fois leur corps» (Darwin, 1881). 

     

    Fondée en Haute-Vienne, la Ligue de protection des vers de terre veut donner à ces animaux une existence juridique

     

    https://www.lepopulaire.fr/compreignac-87140/actualites/fondee-en-haute-vienne-la-ligue-de-protection-des-vers-de-terre-veut-donner-a-ces-animaux-une-existence-juridique_

    Publié le 20/04/2024 à 10h54

    Fondée en Haute-Vienne, la Ligue de protection des vers de terre veut donner à ces animaux une existence juridique

    Christophe Gatineau profite du Jour de la Terre pour lancer la Ligue de protection des vers de terre. © Juliette Benhaim

    Facebook

     

    Christophe Gatineau entend protéger les vers de terre alors que les pratiques agricoles actuelles menacent leur survie.

    Christophe Gatineau n’en a pas fini avec la vie sous terre. Pour l’auteur du livre L’Éloge du ver de terre, particulièrement remarqué lors de sa publication en  2018, le combat ne fait même que commencer.

    « Tant que cet animal n’existe pas dans la loi, il n’existe pas tout court, et on ne peut pas défendre un animal qui n’existe pas », argumente-t-il depuis son jardin de Compreignac.

    L'utilité des vers de terre

    Le Haut-Viennois fonde ce 22 avril, pour le Jour de la Terre, la Ligue de protection des vers de terre, afin de préserver les lombrics, contribuer à leur protection juridique et réhabiliter leur habitat. « Il y a bien des associations de défense du loup, de l’ours, du hérisson, des oiseaux… » Et le ver de terre n’est pas un « sous-animal », continue-t-il.

    « Les vers de terre et les microbes nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent. ». Ils transforment la matière organique en nourriture assimilable par les végétaux – azote, phosphore, potasse, fertilisants –, comme ils permettent à l’eau de s’infiltrer dans leurs galeries verticales, évitant ainsi le ruissellement.

    Une lettre au ministre

    Pour accompagner la naissance de la nouvelle association, l’agronome a envoyé une lettre au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. « Plus de la moitié des sols agricoles sont dégradés à divers degrés, et leur altération prend sa source dans la dégradation de l’habitat des vers de terre. Une dégradation qui entraîne l’érosion des sols vers les cours d’eau et la raréfaction des vers de terre ! », écrit-il.

    « Le sujet peut paraître risible, mais il ne l’est pas », commente en aparté ce fils de paysan, qui espère toujours une prise de conscience des décideurs, sans ignorer le poids des lobbys. Les lombrics sont menacés par la monoculture, les engrais, les pesticides ou le labour profond.  « Avec les produits chimiques, les rendements ont explosé, mais ils stagnent, voire baissent depuis 1998. On arrive au bout de la technologie et il faut repasser par des auxiliaires comme le ver de terre si l’on ne veut pas voir les rendements continuer de chuter. »

     

    Donner une information aux agriculteurs

    Le but n’est pas d’élever le ver de terre au rang de l’humain, nuance Christophe Gatineau. « Juste de le préserver et de mettre à la disposition de l’agriculteur des informations afin qu’il puisse toujours choisir le produit, l’outil ou la technique la moins délétère pour ces animaux. »

    Les paysans ne connaissent pas par exemple les conséquences de pesticides sur les lombrics. « Et pour une raison simple : la toxicité des pesticides n’est pas évaluée sur les vers de terre qui vivent dans les sols cultivés », commente un brin amère le Haut-Viennois.

    L'importance des vers de terre

     

    https://agronomie.info/fr/limportance-vers-de-terre/

     

    L'importance des vers de terre

    Facebook Twitter

    L’importance des vers de terre est connue depuis des siècles. Au temps de la Grèce antique, le mode de vie et l’utilisation des vers de terre étaient bien connus et Aristote (350 av J.C) les appelait « Les intestins de la terre » probablement du fait qu’ils vivent et se déplacent sous la terre, “tout en la digérant” (Minnich, 1977 ; Kevan, 1985).


    Charles Darwin est l’un des premiers scientifiques fondateurs de l’écologie des
    sols, à donner foi à la logique sur les effets bénéfiques des vers de terre sur les sols et la croissance des plantes, et donc sur la survie humaine. En 1881, il publie son dernier livre « La formation de la terre végétale par l’action des vers de terre avec des observations sur leurs habitudes ». Ce livre illustre l’importance de l’activité des vers de terre dans une grande variété de thèmes qui restent d’actualité : la pédogénèse, les processus d’altération, la différenciation d’horizons du sol et la formation de la terre végétale…etc. Il disait : « les vers de terre ont joué un rôle dans l’histoire du monde, plus important que ce que la plupart des gens peuvent le supposer … et l’humus qui couvre, comme un manteau, la surface de la terre a traversé plusieurs fois leur corps» (Darwin, 1881). 


    En effet, ils ont une importance primordiale dans la production primaire ; puisque qu’ils jouent un rôle essentiel dans la formation et l’entretien des sols fertiles et de leurs effets sur le recyclage des éléments nutritifs, le maintien de la fertilité et la structure des sols (Lee, 1985 ; James, 1991 ; Bohlen et al., 1997).


    A l’époque babylonienne, ils étaient utilisés en médecine comme des lumbagos (Michaelsen, 1930) et dans l’Empire égyptien, ils servaient d’indicateurs météorologiques (Righi, 1997), l’importance des vers de terre dans la vallée du Nil étaient reconnue, à tel point que Cléopâtre (69-30 av J.C) décréta le ver de terre comme un animal sacré (Minnich, 1977). De l’antiquité à l’époque de Darwin, de rares informations sur les vers de terre sont disponibles (Agricola, 1549 cité par kevan 1985). Tout au long du 19ème siècle et jusqu’au début du 20ème siècle, la majorité des gens considéraient le ver de terre comme nuisible (White, 1789 ; Château neuf, 1844 ; Walton, 1928; Graff, 1983). Quelques côtés positifs des vers de terre ont été mentionne, notamment pour certaines médecines et comme aliments pour certains peuples indiens ou comme appât pour la pêche (Feller et al., 1997, 2003).


    Les lombriciens font partie des animaux terrestres les plus anciens. Ils sont omniprésents dans tous les sols capables de soutenir les plantes. Ils se reproduisent partout, mais rarement dans les déserts, lieux constamment enneigés, les sommets des montagnes et les zones manquant presque ou entièrement en sol et végétation. Ils constituent un composant important de la communauté invertébrée dans la plupart des sols, où ils peuvent dominer l’ensemble de la macrofaune du sol sur le plan densité et biomasse souterraine globale. Ils peuvent atteindre respectivement 1 million d’individus à l’hectare et 2 tonnes par hectare (Lavelle, 1983). Dans les forêts tropicales, les lombriciens représentent environ 50% de la biomasse de la macrofaune du sol (Fragoso et Lavelle, 1992).


    Les lombriciens sont également d’intérêt phylogénétique et biogéographique puisqu’ils sont un ancien groupe avec des déplacements généralement faibles et surtout confinées dans leur région d’origine. A tous les stades de leur cycle de vie, leur mobilité est généralement limitée aux petites zones, exceptions pour les espèces euryhaline (tolérante au sel), et d’autres qui peuvent profiter d’une aide naturelle en s’accrochant sur des troncs d’arbre flottants en aval ou de transport dans la boue sur les pieds des oiseaux ou entre les sabots des animaux. La plupart sont incapables de survivre aux dessèchements ni aux expositions de soleil ou ni encore à l’eau salée.
    De tels dispositifs sont les barrières naturelles contre la dispersion ou la migration des espèces de ver de terre (Lavelle, 1992).
    Puisqu’ils sont mous, les fossiles sont rares. Leur répartition biogéographique est interprétée par les événements géologiques tel que les théories de la tectonique des plaques et de la dérive des continents qui cherchent toujours la validation de distribution actuelle et passée des diverses familles de ces vers de terre (Lavelle et Martin, 1992).
    Certaines espèces de ver de terre sont largement distribuées à cause des transports involontaires, suivant les traces de pérégrinations humaines liées particulièrement à l’agriculture et au commerce.

     

    Les vers de terre : les alliés indispensables pour une agriculture durable

     

    https://fermedebalon.com/vers-de-terre-agriculture-durable/

     

    30/10/2023 par

    Le secret bien gardé des agriculteurs : pourquoi les vers de terre sont essentiels pour une agriculture durable !

    Découvrez pourquoi les vers de terre sont les alliés indispensables pour une agriculture durable. Les vers de terre jouent un rôle crucial dans la santé des sols et la production agricole. Leur présence favorise la fertilisation naturelle, l’aération du sol et la rétention d’eau. Ces petites créatures souterraines améliorent ainsi la qualité des cultures, augmentent leur rendement et réduisent le besoin d’utiliser des produits chimiques. De plus, leur activité contribue à la formation de micro-agrégats, qui permettent aux racines des plantes de se développer plus facilement. Les vers de terre sont de véritables ingénieurs du sol, offrant une solution écologique pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Découvrez comment profiter de leurs bénéfices dans notre article complet !

    Les vers de terre : des agents de fertilité du sol

    Les vers de terre sont des organismes essentiels pour maintenir et améliorer la qualité du sol. En effet, leurs activités contribuent à la formation des structures du sol, à l’amélioration de sa fertilité et de sa rétention d’eau. Les vers de terre ont une influence sur la productivité agricole et peuvent être utilisés pour la gestion durable des sols. Il est donc indispensable pour les agriculteurs de comprendre l’importance des vers de terre et leurs interactions avec les autres composants du sol.

    Ces organismes souterrains se nourrissent principalement de matière organique végétale, ce qui est très utile car ils contribuent à l’amélioration du sol en transformant rapidement la matière organique en nutriments disponibles pour les plantes. En même temps, leur action provoque la formation d’une couche riche en humus, bien meuble et riche en minéraux. Les vers de terre produisent également des excréments qui constituent un engrais naturel très apprécié par les agriculteurs.

    Enfin, les vers de terre peuvent également favoriser l’infiltration et le drainage des eaux souterraines. En travaillant la terre, ils créent des tunnels où circule plus facilement l’air et l’eau. De plus, ces organismes réduisent le tassement du sol et améliorent sa capacité d’absorption de l’eau, ce qui limite les pertes par évaporation et augmente son rendement. Tout cela explique pourquoi les vers de terre sont considérés comme une ressource précieuse pour l’agriculture.

    L’importance des vers de terre dans la santé du sol

    Les vers de terre sont des organismes essentiels à la bonne santé du sol, et leur présence est extrêmement importante dans les systèmes agricoles. Les vers de terre peuvent recycler les nutriments et les matières organiques du sol, ce qui améliore la qualité des sols sur lesquels poussent les plantes. Ils aident également à préserver l’humidité et à créer des habitats pour d’autres organismes vivant dans le sol. En tant qu’agents responsables de la fertilité et de la structure du sol, ils sont importants pour la croissance des cultures.

    Les vers de terre sont capables de régénérer le sol grâce à leurs processus métaboliques, en libérant des nutriments dont les plantes ont besoin pour survivre et pousser. Ces vers de terre peuvent modifier rapidement l’alcalinité du sol, ce qui permet aux cultures de mieux absorber les nutriments dont elles ont besoin. Ils sont capables de retenir l’humidité du sol afin que les plantes aient accès à une plus grande quantité d’eau, ce qui aide à améliorer leur croissance et leur productivité.

    A LIRE AUSSI  Adieu Déchets Verts : Le BRF, Votre Nouveau Meilleur Ami au Jardin !

    Ces vers de terre produisent un produit appelé humus, qui est riche en minéraux et en matière organique. L’humus est essentiel pour fournir aux plantes suffisamment de nutriments pour se développer correctement.

    Comment les vers de terre favorisent la décomposition des matières organiques

    Les vers de terre sont des organismes essentiels à l’agriculture, car ils favorisent la décomposition des matières organiques. En effet, les vers de terre se nourrissent des déchets organiques dans le sol et y ajoutent des nutriments importants pour les cultures. De plus, les vers de terre produisent du compost riche en nutriments qui améliorent la qualité et la structure du sol et augmente ainsi ses rendements. Par ailleurs, leurs tunnels d’aération améliorent la capacité des racines des plantes à absorber l’eau et les éléments nutritifs. Les vers de terre sont donc un excellent moyen d’améliorer la fertilité du sol et de contribuer aux objectifs agricoles.

    En particulier, les vers de terre sont responsables de l’augmentation des niveaux d’azote, de phosphore et de potassium dans le sol. Ces minéraux sont essentiels à la croissance des plantes. En outre, ils stimulent également la production en augmentant la photosynthèse et en réduisant le stress hydrique causé par une mauvaise irrigation. Les vers de terre contribuent donc grandement à une croissance plus rapide et plus productive.

    De plus, en décomposant les matières organiques, les vers de terre libèrent également différents nutriments qui favorisent l’activité microbienne nécessaire au maintien d’un sol sain. Grâce à ces bactéries, l’ensemble du cycle biologique est maintenu et permet aux plantes de se développer correctement et ainsi optimiser le rendement des cultures.

    Les vers de terre et l’aération du sol : un duo gagnant pour les cultures

    Les vers de terre : les alliés indispensables pour une agriculture durable

    Les vers de terre constituent une partie essentielle du cycle nutritif dans l’agriculture. Ils fournissent une aération supplémentaire au sol, ce qui favorise l’accès au sol des racines. Les vers de terre sont considérés comme des travailleurs agricoles, car ils produisent et stockent des nutriments très importants pour les cultures. Leur activité à travers le sol améliore la qualité des sols, ce qui améliore encore la production agricole et la santé des cultures. En outre, la présence des vers de terre stimule le développement et la croissance des racines, ce qui leur permet d’accéder plus facilement aux nutriments du sol. De plus, les vers de terre aident à contrôler l’humidité du sol, ce qui est utile pour maintenir un niveau approprié d’humidité pour réduire le stress hydrique et les maladies des plantes.

    Les bénéfices des galeries creusées par les vers de terre

    Les vers de terre sont des organismes qui jouent un rôle important dans l’agriculture. Ils creusent des galeries dans le sol, ce qui permet un meilleur drainage et une meilleure aération du sol. Ces galeries permettent aux racines des plantes de mieux se développer. Les vers de terre éliminent aussi les mauvaises herbes et décomposent le compost pour améliorer la structure et la fertilité du sol. Voici les bénéfices que les galeries creusées par les vers de terre apportent à l’agriculture :

    Amélioration de la qualité du sol ;

    Augmentation des matières organiques ;

    Meilleure absorption des nutriments ;

    Réduction de la compaction du sol ;

    Meilleure rétention en eau ;

    Empêche les mauvaises herbes de proliférer.

    A LIRE AUSSI  Comment cultiver des légumineuses

    Les vers de terre fournissent une source abondante de richesses organiques au sol, ce qui améliore sa structure, sa fertilité et sa santé globale et permet aux plantes de produire plus. De plus, leurs tunnels protègent les racines des plantes contre le gel et aident à maintenir une humidité optimale du sol.

    Le rôle des vers de terre dans le maintien d’un bon équilibre biologique du sol

    Les vers de terre sont très utiles pour la préservation de l’équilibre biologique du sol. Ils contribuent à la fertilité des sols en recyclant les nutriments et en améliorant le drainage et l’aération des sols. En outre, ils aident aussi à garder le sol meuble, favorisant la croissance des cultures. Les vers de terre peuvent également contribuer à réduire les mauvaises herbes et à accroître la biodiversité en augmentant les populations d’insectes.

    Les vers de terre sont essentiels pour l’amélioration et le maintien des qualités physiques et chimiques du sol. Ils convertissent les matières organiques en humus, un composant riche en nutriments qui aide à nourrir les plantes. Ils produisent également de nouvelles particules de sol qui améliorent le formage et l’aération des particules de sol plus anciennes. L’activité biologique des vers de terre peut également augmenter la capacité du sol à retenir l’eau.

    Les vers de terre jouent également un rôle important dans la biodiversité du sol en aidant à maintenir une population variée d’insectes et d’autres organismes vivants. Les vers créent des galeries qui fournissent des habitats pour différents micro-organismes, ce qui permet aux plantes d’accéder plus facilement aux nutriments dont elles ont besoin pour se développer. Les vers creusent également des tunnels qui aident à transporter l’eau et les nutriments du sol profond jusqu’à la surface, ce qui permet aux plantes d’accéder rapidement aux ressources dont elles ont besoin.

    Les espèces de vers de terre les plus courantes en agriculture

    Les vers de terre sont considérés comme un type d’insecte qui jouent un rôle vital dans l’équilibre et la santé des sols agricoles. Les vers de terre sont connus pour leur capacité à aérer, améliorer la structure et l’infiltration des sols, à stocker de l’azote et à améliorer la fertilité du sol. Ils aident également à renforcer les racines des plantes en fournissant aux racines une alimentation plus riche en nutriments. Les espèces de vers de terre les plus courantes en agriculture sont les suivantes : Lumbricus terrestris, Aporrectodea longa, Dendrobaena veneta, Allolobophora chlorotica, Octolasion cyaneum, entre autres. Ces vers produisent des tubes poreux qui aident à améliorer la circulation de l’air et de l’eau, ce qui permet aux plantes d’absorber plus facilement les nutriments dont elles ont besoin pour se développer. Les vers aident également à décomposer les matières organiques et à libérer des nutriments essentiels dans le sol, ce qui contribue à l’augmentation de la productivité agricole.

    Des pratiques agricoles respectueuses des vers de terre pour une production durable

    Les vers de terre jouent un rôle important dans l’agriculture durable et leur survie est essentielle pour le maintien de la qualité des sols. Lorsqu’ils se déplacent à travers la terre, ils aident à ameublir les sols, ce qui permet aux plantes de mieux absorber l’eau et les nutriments. De plus, en mangeant des matières organiques, ils sont responsables de l’amélioration et du renouvellement des sols cultivés. Les vers sont également connus pour être hautement efficaces pour recycler le carbone et le phosphore organiques, ce qui les rend très utiles à l’agriculture durable.

    A LIRE AUSSI  Bâche biodégradable de jardin : comment elles sauvent nos sols ?

    Les pratiques agricoles respectueuses des vers de terre peuvent entraîner une production durable et une réduction des intrants chimiques nécessaires à la fertilité du sol. L’utilisation d’engrais organiques tels que le compost ou le fumier augmentera la biodiversité microbienne, ce qui entraînera une augmentation du nombre de vers de terre dans les sols. Cela fournira aux plantes plus d’ingrédients nutritifs et contribuera également à la rétention des nutriments dans les sols. D’autres pratiques telles que limiter le surpâturage et la surcultivation aideront également à maintenir une population saine de vers dans un environnement agricole durable.

    La gestion intelligente et responsable des terres est indispensable pour améliorer la qualité des sols par le biais de pratiques agricoles respectueuses des vers de terre et créer une agriculture durable.

  • Intelligence cristaliisée et intelligence fluide.

    Dall e 2024 01 23 17 42 07 une illustration originale et captivante pour un article sur la cybersecurite en format 16 9 limage devrait etre dynamique et inventive incluant d 1024x5

     

    « Ce n’est pas le plus fort de l’espèce qui survit. Ni le plus intelligent. C’est celui qui sait le mieux s’adapter au changement. »

    Charles DARWIN

     

    Cette célèbre citation de Darwin ouvre le tome 4 en cours d'écriture, "TERRE SANS HOMMES".

    Je m'interroge sur l'extraordinaire intelligence de l'homme, intelligence qui lui a permis de dominer la planète, de s'y étendre et de l'exploiter pour son propre développement. Une exploitation qui relève désormais d'une mise en danger de la vie elle-même et donc de l'humanité toute entière.

    Dès lors que le déni d'un nombre considérable d'individus freine l'émergence d'un mouvement autre que celui de la croyance en une croissance infinie, qu'en est-il de cette intelligence ?

    Cette intelligence n'est-elle pas devenue la pire menace qui soit ?

    Que faudrait-il pour que cette indéniable intelligence engendre une prise de conscience générale ?

    L'intelligence s'opposerait-elle à la conscience, au bon sens, à l'évidence ?

    Et si oui, pourquoi ?

    Dans l'étude suivante, les chercheurs mettent en lumière deux types d'intelligence : une intelligence cristallisée et une intelligence fluide. La première pourrait s'adjoindre le terme d'ancestral. La seconde se tournerait vers l'inconnu.

    Et nous allons inévitablement entrer dans une dimension inconnue.

    On pourrait avancer que l'intelligence fluide est celle qui doit l'emporter. Et il y a urgence.

     

     

     

    Actualités

    INTELLIGENCE : Et si la flexibilité était la clé ?

     

    Actualité publiée il y a 6 années 4 mois 2 semaines

    https://www.santelog.com/actualites/intelligence-et-si-la-flexibilite-etait-la-cle?

    Trends in Cognitive Sciences

     Crystallised intelligence et Fluid intelligence.

    Les propriétés dynamiques du cerveau, ou sa flexibilité caractérisée par la capacité des réseaux neuronaux à évoluer serait la clé ou plus précisément le « moteur » de l'intelligence humaine.  Cet article d’opinion, présenté dans la revue Trends in Cognitive sciences, soutient ainsi la théorie que l’évolution du réseau en réponse à des demandes intellectuelles changeantes est le meilleur prédicteur de l'intelligence humaine, une théorie qui tendrait donc à définir l’intelligence comme une super capacité d’adaptation cérébrale.

    Il existe de nombreuses théories scientifiques sur l’intelligence humaine, allant de sa localisation dans une zone précise et dévolue du cerveau au métabolisme des neurones ou l'efficacité avec laquelle ils utilisent les ressources essentielles. Cependant, ce n’est pas la première fois que l’intelligence est caractérisée par la flexibilité des réseaux cérébraux. Une récente étude par imagerie avait constaté que la flexibilité qui apporte par une évolution rapide des réseaux cérébraux, la capacité à l’individu de passer d’une tâche à l’autre était négativement corrélée à la modularité ou degré d'interconnectivité entre les différentes aires du cerveau responsables de fonctions spécifiques.

    Ces deux propriétés cérébrales pourraient en effet expliquer que lorsque quelqu'un se voit confier une tâche complexe, la flexibilité du réseau cérébral détermine ses performances plus que la modularité du réseau. Et que pour une tâche simple, ce serait l'inverse.

    Déjà, ces chercheurs de Houston, soulignaient que la flexibilité des réseaux du cerveau permettait de décrire les aptitudes cognitives de chacun, les zones du cerveau présentant une plus grande flexibilité étant celles associées au contrôle cognitif et à la fonction exécutive, les processus qui contrôlent le comportement. Cette nouvelle étude associe plus largement la flexibilité à l’intelligence humaine.

    Réseau frontopariétal, réseau de saillance et réseau par défaut .

    Aron Barbey, auteur et professeur de psychologie de l'Université de l'Illinois explique que c’est encore récemment, en neuroscience, que la recherche a tenté de comprendre, au niveau biologique, comment se manifeste l'intelligence, autrement dit quelle est sa signature dans le cerveau.

    « Cela suppose d'étudier les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du cerveau », explique l’auteur. Il reprend ces 2 capacités essentielles, la modularité, caractérisée par différentes zones supportant des capacités spécifiques et la flexibilité qui consiste à combiner ces différentes capacités, classer, conceptualiser et plus largement, traiter cette énorme masse d’information : « au fur et à mesure que le nombre de modules augmente, leur représentation dans le cerveau devient de plus en plus abstraite ».

    Comment le cerveau s'organise ? Si le cortex préfrontal soutient plusieurs fonctions supérieures dont la planification et le contrôle du comportement, s’il participe à l'intelligence générale, s’il a d’ailleurs considérablement augmenté au cours de l'évolution humaine, la théorie soutenue ici est que le cerveau tout entier avec les interactions entre les fonctions de niveau inférieur et supérieur participe à l'intelligence générale.

    Ainsi, les « modules » fournissent les éléments de base à partir desquels sont construits des « réseaux de connections » qui relient plusieurs structures cérébrales de manière à pouvoir les activer ensemble. Ainsi, le réseau frontopariétal est activé lorsque l'attention se focalise sur des signaux externes, le réseau de saillance est activé lorsque l'attention est dirigée vers des événements pertinents et le réseau par défaut prend la relève lorsque l'attention est repliée sur soi (Voir visuel 2).

    2 types de connexions soutiennent 2 types de traitement de l'information : l’auteur distingue :

    les voies qui encodent la connaissance et les expériences passées, c’est « l’intelligence cristallisée » (crystallised intelligence) ;

    les capacités de raisonnement adaptatif et de résolution de problèmes liées à cette capacité de flexibilité, c’est « l’intelligence fluide » (Fluid intelligence).

    L'intelligence cristallisée implique des connexions robustes, le résultat de mois ou d'années de trafic sur des réseaux neuronaux très fréquentés.

    L'intelligence fluide implique des voies et connexions transitoires et moins « marquées » qui se forment lorsque le cerveau s'attaque à des problèmes uniques ou inhabituels. Face à ces situations, plutôt que de former des connexions permanentes, le cerveau crée de nouvelles connexions et réorganise sa connectivité en réponse.

    La flexibilité serait donc la base de l'intelligence humaine ou de notre capacité à répondre à des situations nouvelles, au-delà de notre capacité d'atteindre facilement des données « cristallisées ».

    Ainsi, le chercheur explique et soutient que l'intelligence générale ne provient pas d'une seule zone ou d'un seul réseau mais plutôt d’une transition fluide entre les principaux réseau (Visuel 2).

  • Ensemencement des nuages

    Je renvoie à cet ancien article : La guerre des nuages

     

    Monde

    Modifié hier à 22:25

    Les pluies record à Dubaï pourraient avoir été causées artificiellement

     

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï / L'actu en vidéo / 38 sec. / hier à 10:49

    Vidéos et audio

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï 38 sec.

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï

    L'actu en vidéo

    hier à 10:49

    Des intempéries inédites frappent la péninsule arabique. Un premier bilan s’élève à au moins 18 morts 1 min.

    Des intempéries inédites frappent la péninsule arabique. Un premier bilan s’élève à au moins 18 morts

    19h30

    hier à 19:30

    Les trombes d'eau ont provoqué d'importantes inondations aux Emirats arabes unis et dans d'autres pays du Golfe. [Keystone - AP Photo/Jon Gambrell] 21 sec.

    Tempête "exceptionnelle" à Dubaï, l'aéroport détourne une partie des vols

    Le Journal horaire

    mardi à 21:02

    Les pluies record aux Emirats arabes unis survenues mardi pourraient avoir été déclenchées artificiellement, selon plusieurs hypothèses. Mercredi, les autoroutes géantes de Dubaï étaient encore inondées, les écoles fermées et le trafic aérien perturbé.

    D'énormes files se sont formées sur des autoroutes à six voies dont certains tronçons ont été submergés mardi, les Emirats ayant enregistré 254 millimètres de pluie en une journée, l'équivalent de près de deux ans de précipitations dans ce pays désertique.

    >> Relire : Une pluie diluvienne s'abat sur Dubaï et d'autres régions du Golfe

    Au moins une personne a péri, un homme de 70 ans passager d'une voiture dans l'émirat de Ras el-Khaïmah, a annoncé la police. A Oman, un autre pays du Golfe où la tempête s'est d'abord abattue dans la nuit de lundi à mardi, au moins 18 personnes, dont plusieurs enfants, ont été tuées.

    Voir des images des inondations provoquées par ces pluies à Dubaï

    Ensemencement de nuages

    Selon plusieurs hypothèses relayées par les agences Bloomberg et au Benelux, les conditions météorologiques extrêmes aux Emirats pourraient être le résultat de pluies générées artificiellement. Le Centre national de météorologie (NCM) a confirmé que des avions avaient décollé lundi et mardi pour influencer la météo.

    Au moins sept avions ont décollé de l'aéroport international d'Al-Aïn (ouest du pays) entre lundi soir et mardi après-midi pour ensemencer les nuages, c'est-à-dire libérer des produits chimiques dans l'atmosphère afin de favoriser les précipitations. Les avions ont profité des cumulus qui passaient à ce moment-là.

    >> Ecouter le sujet de La Matinale pour en savoir plus sur cette technique :

    Des fusées hygroscopiques sont libérées lors d'un vol d'ensemencement de nuages effectué par le Centre national de météorologie, entre Al Ain et Al Hayer aux Émirats arabes unis, le 24 août 2022. [Reuters - Amr Alfiky]

    Science qui peut!- La technique d'ensemencement des nuages utilisée pour faire tomber la pluie / La Matinale / 2 min. / le 5 mai 2023

    En 2002, les Émirats arabes unis ont commencé à ensemencer les nuages ​​pour lutter contre la chaleur et la sécheresse, mais aussi le manque de drainage dans de nombreuses régions peut provoquer des inondations. Selon le météorologue du NCM, Ahmed Habib, qui s'est entretenu avec l'agence de presse Bloomberg, la pluie est en partie due à la technologie.

    "Les terrains désertiques ont besoin de plus de temps que les autres pour que l'eau s'y infiltre. La quantité de pluie tombée était trop importante pour être absorbée", a affirmé Maryam Al Shehhi, du Centre national de météorologie, en assurant que le pays n'avait pas eu recours à l'ensemencement des nuages.

    Cette technologie, souvent utilisée dans le pays pour générer de la pluie artificielle, n'a pas été déployée car la tempête "était déjà forte", a-t-elle affirmé.

    >> Lire également : Modifier les nuages pour faire tomber la pluie ne résoudrait pas la sécheresse mondiale

    Malgré les maisons et routes inondées et les vols annulés, l'agence de presse locale a parlé mardi de "pluies de bonté".

    Vie bousculée

    Les voyageurs ont été invités à ne pas se rendre à l'aéroport de Dubaï, le plus fréquenté au monde en terme de trafic international, "sauf en cas d'absolue nécessité".

    "Les vols continuent d'être retardés et détournés (...). Nous travaillons d'arrache-pied pour rétablir les opérations le plus rapidement possible dans des conditions très difficiles", a déclaré un porte-parole de Dubai Airports.

    La compagnie aérienne Emirates, fleuron de Dubaï, a suspendu les enregistrements mercredi, en raison des difficultés d'accès à l'aéroport pour le personnel et les passagers, les routes étant bloquées et certains services de métro suspendus.

    Les voyageurs ont été invités à ne pas se rendre à l'aéroport de Dubaï, le plus fréquenté au monde en terme de trafic international, "sauf en cas d'absolue nécessité".

    Le gouvernement de Dubaï a conseillé mercredi aux habitants de travailler à domicile en raison des conditions météorologiques. Les écoles sont également fermées.

    ats/juma

    Publié hier à 12:34 Modifié hier à 22:25

    Changement climatique

    Friederike Otto, maître de conférences en sciences du climat au Grantham Institute de l'Imperial College de Londres, avait jugé probable, mardi, que le réchauffement climatique ait joué un rôle.

    "Il est très probable que les pluies meurtrières et destructrices à Oman et Dubaï aient été rendues plus fortes par le changement climatique provoqué par l'homme", a-t-il dit.

    Les gouvernements émirati et omanais ont averti précédemment que le changement climatique risquait d'entraîner davantage d'inondations.

  • Kinji Imanishi et l’interconnexion du vivant

    "« La nature, on aura beau la disséquer, ce ne sera que la rapetisser »

     

    Culture

    Kinji Imanishi, penseur méconnu de l’interconnexion du vivant

     

    https://reporterre.net/Kinji-Imanishi-penseur-meconnu-de-l-interconnexion-du-vivant?

    Kinji Imanishi, penseur méconnu de l'interconnexion du vivant

    Pionnier de l’étude des « cultures animales », le naturaliste japonais Kinji Imanishi a puissamment contribué à la pensée écologiste. Une approche empathique de la nature vivante, à rebours de la culture scientifique occidentale.

    L’Occident a vidé le monde de ses présences, pas seulement avec son modèle économique mais aussi avec ses mots et ses concepts. Sa vision mécanique a appauvri le réel. Ses dualismes opposant nature et culture ont légitimé la destruction du vivant. Et alors que s’est achevée la COP15, force est de constater que nous traînons un boulet conceptuel, une approche biaisée, héritière de la pensée des Modernes.

    On parle abstraitement de la « biodiversité » comme d’un process à gérer. On évoque une nature extérieure à nous. On s’érige en maître du vivant. Mais le sol se dérobe sous nos pieds et nos conceptions correspondent de moins en moins à la réalité de la vie sur Terre, à son foisonnement, à son interrelation.

    Dans cette période trouble, la redécouverte récente du penseur japonais Kinji Imanishi (1902-1992) peut nous apporter des clés. Méconnu en France, ce grand naturaliste, primatologue et entomologiste est un pionnier mondial de l’écologie. Sa philosophie a établi une nouvelle manière d’appréhender notre relation au vivant dès les années 1940, en porte-à-faux complet avec certaines approches occidentales et néodarwinistes.

    Une éthique du soin et de l’attention

    Contre une vision réductrice de l’évolution, réglée uniquement par la concurrence, les mutations génétiques et la sélection naturelle, Imanishi défend une nature source d’harmonie et de coopération. Contre un homme monade, déconnecté du monde, seul à avoir une âme, il prône l’interconnexion entre tous les êtres vivants et leur environnement. Les espèces s’emboîtent dans un grand ensemble organique, une même famille « tous liés les uns aux autres, de près ou de loin ».

    Imanishi en tire une éthique du soin et de l’attention, près de 70 ans avant l’apparition des humanités écologiques sur notre continent, en France ou en Europe, avec Philippe Descola, Baptiste Morizot ou Vinciane Despret.

    « Un génie précurseur de la philosophie du vivant »

    « C’est un génie précurseur de la philosophie du vivant. L’œuvre d’Imanishi est aussi fondatrice pour l’après modernité que le discours de la méthode de Descartes pour les Modernes », s’enthousiasme son éditeur Baptiste Lanaspèze qui a publié son premier livre, Le monde des êtres vivants, en 2011.

    À l’époque, Imanishi était largement ignoré de ce côté-ci du globe. Le primatologue Frans de Waal y voit les relents d’« une attitude coloniale ». « Les pays occidentaux sont incapables d’imaginer qu’un cadre méthodologique dans les sciences modernes puisse venir d’un autre continent », dit-il.

    Kinji Imanishi (au centre) et ses deux étudiants de l’Université de Kyoto se sont rendus sur l’île de Koshima pour observer les macaques japonais sauvages. © Primate Research Institute, Kyoto University / Itani Junichiro Archives

    Pourtant, Imanishi est un grand encyclopédiste. En avance sur son temps. « Il a anticipé l’hypothèse Gaïa de Lovelock selon laquelle la Terre serait vivante. Il a étudié les subjectivités animales avant tout le monde, souligne Baptiste Lanaspeze. Il a montré comment les êtres vivants se reconnaissent mutuellement à travers différentes types d’affinités. C’est au cœur des débats actuels sur la diplomatie interespèces », poursuit le philosophe, pour qui la lecture d’Imanishi est une manière de « revenir à la source de l’écologie, à son état naissant. Sa pensée nous donne de la force pour affronter les tempêtes futures ».

    L’originalité de son œuvre vient d’une forme de syncrétisme. Né en 1902, sous l’empire Meiji, Imanishi s’est situé à la croisée des mondes. À l’époque, le Japon était en proie à une forte industrialisation. L’intellectuel japonais a puisé ses inspirations autant dans les connaissances scientifiques occidentales que dans la vision animiste traditionnelle, deux approches qu’il a tâché de relier.

    Il a gravi plus de 1 500 sommets

    Mais contrairement à ses collègues occidentaux, c’est au chevet de la nature qu’il a bâti ses hypothèses, et non derrière un microscope. Grand alpiniste, il a gravi plus de 1 500 sommets au Japon et ouvert plusieurs voies en Himalaya. « C’est dans les montagnes qu’Imanishi a acquis la conviction que l’étude de la nature vivante était d’une importance capitale alors même que les scientifiques de son temps favorisaient l’étude en laboratoire », dit l’anthropologue Pamela Asquith.

    Très vite, Imanishi a opposé « aux sciences de la nature », son concept de « sciences naturelles ». « La différence entre les deux termes est que le premier fait de la nature un objet mécanique, dont l’observateur s’est abstrait, tandis que le second refuse cette scission. Autrement dit la science naturelle refuse le dualisme moderne », explique son traducteur, le géographe orientaliste Augustin Berque.

    « La nature, on aura beau la disséquer, ce ne sera que la rapetisser »

    « La science naturelle » est une science du milieu qui s’attache aux capacités créatives du vivant, à son trésor d’inventivité, à sa sociabilité et au sentiment commun qui le traverse. « La nature, on aura beau la disséquer, ce ne sera que la rapetisser », écrit-il.

    À l’inverse du sentiment de supériorité qui domine dans les sciences occidentales, Imanishi cultive un art de l’humilité. « Nous avons le devoir d’enseigner au public que la nature ne se réduit pas à la matière, dit-il. C’est un être vivant, le corps maternel, le géant, le béhémoth au sein duquel nous avons toujours été nourris, au côté de toute la myriade des autres créatures. »

    L’apprentissage culturel des animaux

    Imanishi est le premier à s’intéresser aux « cultures animales » — Kaluchua en japonais. Dès les années 1950, il a montré que l’évolution des espèces ne reposait pas uniquement sur des bases génétiques mais sur des innovations propres à des groupes d’animaux, transmis au fil des générations.

    Il est devenu célèbre en primatologie avec son étude des macaques de l’île de Koshima, dans laquelle il a montré comment ces singes apprenaient à laver des patates douces dans l’eau, se transmettaient ce savoir jusqu’à créer une nouvelle habitude alimentaire.

    « Nous avons le devoir d’enseigner au public que la nature ne se réduit pas à la matière. » Domaine public / 朝日新聞社

    Une approche à mille lieux de la science occidentale. Au même moment, les éthologues européens travaillaient sur des théories de l’instinct et les behavioristes américains récompensaient les rats qui appuyaient sur des leviers.

    Or on sait aujourd’hui, qu’Imanishi avait raison. L’apprentissage culturel est très répandu, il inclut le chant des oiseaux, l’utilisation d’outils par les chimpanzés et même les techniques de chasse des baleines.

    Un scientifique empathique

    Si Imanishi a pu dépasser les œillères européennes, c’est parce qu’« il n’était pas contaminé par la division homme/animal supposée en Occident », souligne Frans de Waal. Pour lui, l’étude des animaux devait être « empathique ». Il encourageait même l’anthropomorphisme quand il jugeait cela approprié.

    Au fond, Imanishi défendait l’idée d’une « proto-identité » qui nous intègre à tous les êtres vivants. « En parodiant le mot de Descartes, je dis, je sens, donc je suis. Comme ça, on inclut les animaux. La personne qui dit “je pense, donc je suis” est toute seule. Cette personne s’aliène de toute société. En revanche, dire “je sens, donc je suis” ouvre un monde, et cela inclut toutes sortes de choses. »

    Cette évidence mérite aujourd’hui d’être rappelée. Comme le dit justement Augustin Berque : « À force d’abstraire notre existence d’une nature objectifiée-mécanisée, le dispositif de la civilisation moderne risque bien de finir par nous effacer de la surface de la Terre. Nous échoit donc la tâche vitale de réexaminer à fond ce dispositif ». C’est peut-être le plus beau legs que nous offre Kinji Imanishi.

    La pensée d’Imanishi en cinq points

    Comme le rappelle Baptiste Lanaspèze, dans son livre lumineux Nature, pour Imanishi la nature forme « une société de sociétés », lesquelles se sont constituées au cours des milliards d’années d’évolution et dont les membres sont des êtres fondamentalement sociaux. Sa pensée se déploie ainsi :

    Les êtres vivants procèdent tous originellement d’un seul et même être vivant, chaque être est familier avec les uns, les autres. Ils ont « une affinité » entre eux.

    Les êtres vivants s’organisent en société, ils habitent ensemble sur des territoires communs et ont le même style de vie.

    Les êtres vivants sont des sujets, ils ont un caractère autonome, une individualité propre.

    Ils ne cessent de modifier l’environnement terrestre en incorporant de l’inerte. De sorte que l’on peut dire que la matière vivante est continue à la matière inerte, et que la matière inerte possède de la vie propre.

    L’évolution des êtres vivants ne repose pas uniquement sur un mécanisme lié au hasard ou à des modifications génétiques arbitraires. Au contraire, les vivants et leur environnement sculptent leur évolution conjointe par le dynamisme de leur façon de vivre .

  • La pleonexie

    C'est inutile que je commente.

    C'est juste pour information.

     

    "Toupictionnaire" :
    Le dictionnaire de politique

    Pléonexie


    https://www.toupie.org/Dictionnaire/Pleonexie.htm

    Définition de pléonexie


    Etymologie : du grec ancien pleoneksía, excès composé de pléon, plus, davantage et de echein, avoir.

    Le terme pléonexie désigne le désir de posséder toujours plus, d'avoir plus que les autres en toute chose, de prendre plus que ce qui nous revient ou, inversement moins de cette chose si elle est néfaste ou si elle présente un désagrément.
    Synonymes : avarice, avidité excessive, convoitise,
    cupidité, rapacité, voracité.

    Ce terme, peu usité, a été employé en particulier par le sociologue français Marcel Mauss (1872-1950) dans son ouvrage Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos / Étude de morphologie sociale (1904-1905). La pléonexie de l'homme moderne casse le cycle de l'échange dans les
    sociétés traditionnelles "donner, recevoir, rendre" en le remplaçant simplement par "prendre".
    .
    Dans la société contemporaine, la pléonexie correspond au désir démesuré de posséder et d'accumuler des
    biens matériels ou de l'argent sans prendre en considération les conséquences de cette avidité sur les autres, sur l'environnement ou sur la société en général.

    Le philosophe Dany-Robert Dufour lui a consacré un livre,
    Pléonexie : [dict. : " Vouloir posséder toujours plus "] (Le bord de l'eau, 2015) pour aborder sous un nouvel angle la critique du capitalisme moderne et l'hyper-concentration des richesses. Il met en évidence les risques de conflits internes, de guerres, de menaces environnementales, de déséquilibres psychiques ou symboliques pour les individus ou les groupes sociaux.

    Le pléonexe est celui qui est atteint de pléonexie, celui qui veut plus que sa part.

  • Paul PREUSS.

     

    Quand j'étais adolescent, j'étais fasciné par les alpinistes solitaires et plus particulièrement par Paul PREUSS.
    Je n'ai jamais été fasciné par les footballeurs, ni même les cyclistes, ni aucun sportif pratiquant des sports médiatisés. Certains ou certaines ont pourtant des carrières mémorables. Mais rien, à mes yeux, n'a la puissance de l'alpinisme et l'alpinisme solitaire relève de la quête ultime.

    L'histoire de Paul PREUSS et de toutes ses ascensions restent et restera dans la mémoire de tous les grimpeurs de montagnes.

     

    Solo (2/3) : Les Dolomites, la Mecque

     

    Par Philippe Poulet

    Publié le 7 avril 2024 à 08:00

    4 Partages

    facebook sharing button

    twitter sharing buttonhttps://www.montagnes-magazine.com/actus-solo-2-3-les-dolomites-mecque

    sharethis sharing button

    Une fois les principaux sommets des Alpes conquis, pendant une cinquantaine d’années, les « pionniers de l’inutile » s’attelèrent aux cimes secondaires puis, méthodiquement, à chaque versant des montagnes. Pile à la frontière entre l’alpinisme et l’escalade, les quinze massifs distincts des Dolomites prirent alors une place totalement à part, offrant aussi bien des pinacles encore vierges qu’une multitude de faces inviolées puisqu’infranchissables au premier abord. 

    Depuis 150 ans, les plus vaillants de toutes les générations vinrent ainsi y graver leur nom pour la postérité : Dibona, Dülfer, Cassin, Livanos… Mais comme nulle part ailleurs, les « Dolos » sont le terrain de jeu privilégié des plus intrépides, les soloïstes, marchant dans les pas de Preuss : Piaz, Comici, Barbier, Messner, Huber, Auer et aujourd’hui Dani Arnold, Simon Gietl, Alex Honnold ou encore l’étoile filante Jonas Hainz, tombé l’automne dernier.  

    ARTICLE RECOMMANDÉ : Solo (1/3) : soloïstes avant l’heure

    dolomites_mecque_solo
    Versant nord des Tre Cime di Lavaredo dans les Dolomites. De gauche à droite : Cima Piccola (2 857 m), Cima Grande (2 999 m) et Cima Ovest (2 973 m). © Inu/Shutterstock

    Eugen Guido Lammer : le précurseur

    On peut considérer que l’expérimentation des premiers « solo » en rocher a commencé dès les années 1883/84 et fut l’œuvre d’un tout jeune alpiniste autrichien (20 ans) qui fit, seul, de nombreuses premières d’exploration dans les Alpes de Zillertal, entre Autriche et Italie. Il commença tout d’abord par les 1 000 m du versant nord de la tour Tamischbach, certes pas très difficiles (des passages de 2 et de l’herbe très raide) mais encore fallait-il avoir le courage de se lancer dans une telle face ! 

    Fort de cette expérience, en 1884, il continua ses aventures en haute montagne sur divers sommets de plus de 3 000 m qu’il atteint par des itinéraires cette fois totalement rocheux avec des passages allant jusque dans le niveau 4. En 1887, il parvint ensuite, toujours seul, au sommet des 4 000 plus connus du Zinalrothorn (4 222 m) et du Weisshorn (4 506 m). Lammer était alors en concurrence directe avec un grimpeur allemand, encore plus jeune que lui, Georg Winkler, mais qui était très inspiré par ses aventures et partageait une philosophie similaire reposant sur une énorme confiance en soi pour vaincre le danger « par sa propre force, son propre savoir-faire, sa propre présence d'esprit et son endurance incessante ». Lammer avait montré le chemin et Winkler était bien décidé à marcher dans ses pas. 

    dolomites_mecque_solo1
    Eugen Guido Lammer (1863-1945).

    Georg Winkler : le pionnier

    Pris de passion pour l’escalade dès son adolescence, il effectua ses ascensions d’ampleur à partir de ses 14 ans avant de se lancer, en solo, à 18 ans, dans un projet monumental pour l’époque : l’élancée tour nord-est du Vajolet encore vierge. Il ne mettait toutefois rien de côté et s’entraînait quotidiennement en faisant des exercices de gymnastique. Il fut également l’un des tout premiers à mettre au placard les fameuses chaussures à clous en faisant remplacer les semelles par de la corde, nettement plus adhérente sur le rocher. Jusqu’alors, dans les pas les plus délicats, les grimpeurs posaient leurs chaussures pour les franchir… en chaussettes.

    Le 17 septembre 1887, Winkler réussit ce qui est encore difficilement imaginable aujourd’hui : une ligne de 160 m, très raide, avec un pas de 5 (actuel) au milieu de la face et les 70 derniers mètres en 4+ ! La tour et la fissure du crux porteront à tout jamais son nom mais subsiste tout de même un doute sur le fameux passage : l’a-t-il franchi intégralement en libre ou s’est-il aidé d’un petit grappin de son invention ? Les avis des historiens divergent…

    Une cordée du Club alpin français fit la voie en 1911 encadrée par les guides Pierre Turc, de Saint-Christophe-en-Oisans, et Angelo Gaspari de Cortina d’Ampezzo. L’un des participants, Antoine Mazas, relata avec émoi leur ascension dans la revue fédérale La Montagne en ayant surtout une pensée pour Winkler « au cœur entouré d’une triple cuirasse d’airain pour avoir osé cela ». Quant à la difficulté du passage, ils eurent toute la peine du monde à la différencier du mètre étalon du 5e degré, la fameuse fissure Mummery du Grépon, que l’un des membres de la cordée venait justement de gravir : « Peut-être un effort un peu plus dur dans la Mummery mais avec une sortie plus hasardeuse dans le dernier pas de la Winkler. » Aujourd’hui, d’ailleurs, la fissure Winkler n’est plus vraiment parcourue car elle peut être évitée par un passage plus à droite.

    dolomites_mecque_solo_georg_winklerrok
    Georg Winkler (1869-1888).

    L’année suivante, en 1888, toujours en solo, Georg Winkler ouvrit la traversée du Zinalrothorn le 14 août avant de disparaître sur le Weisshorn, le 16 ou le 17 août, dans une avalanche. L’équipe de recherche ne récupéra que son chapeau et une photo au milieu d’une coulée récente, et son corps ne fut finalement retrouvé qu’en 1956 sur le glacier au pied de la montagne. 

    Winkler fut aussi l’un des tout premiers à écrire sur le solo. Dans son carnet de courses, il mentionnait ainsi : « Je suis depuis longtemps conscient du danger que représentent mes ascensions et je me suis vite rendu compte que c'est en fait la recherche et la maîtrise de ce danger même qui procure au grimpeur une satisfaction illimitée. L'union de ce danger avec la magnificence infinie de la haute montagne exerce une attraction irrésistible, démoniaque. » 140 ans plus tard, strictement rien n’a changé et le discours est totalement identique dans la bouche des soloïstes modernes…

    Winkler était un peu « l’Alex Honnold » de la confrérie des alpinistes allemands qui furent très touchés par sa disparition soudaine, en pleine pratique de sa passion, et la publication en 1906 de son journal sous le titre Empor ! [Vers le haut !] renforça la dimension iconique du personnage qui inspira la nouvelle génération d’alors.

    Paul Preuss : la légende

    Un des plus grands fans de Winkler avait même une photo de son « idole » punaisée au mur de sa chambre d’ado : un certain Paul Preuss qui n’avait que deux ans le jour de la disparition de celui qu’il choisit comme modèle spirituel. Preuss était alors loin de se douter qu’en fait c’était lui, le petit Austro-hongrois de bonne famille, qui allait révolutionner la pratique de l’alpinisme et de l’escalade et devenir le plus emblématique de tous les soloïstes.

    Au-delà de ses incroyables réalisations, Preuss est aussi connu pour ses prises de position tranchées mais visionnaires quant à l’éthique de l’escalade. Critiqué par quasiment tous les grands de son époque (même ses meilleurs amis), on ne peut toutefois, avec le recul, que le remercier d’avoir fait avancer à grands pas le débat en édictant bien avant l’heure les règles de l’escalade libre. Rappelons que la pratique alpine du moment consistait, globalement, à « se tirer sur tout ce qui bouge » pour vaincre les passages, le but étant uniquement d’accéder au sommet ou de déflorer une face. Preuss considérait au contraire qu’il fallait y mettre les formes et n’utiliser que le rocher : « les pitons ne doivent servir qu’en cas d’urgence et non comme une aide. » Il fustigeait également leur emploi trop fréquent qui, finalement, permettait à n’importe qui de passer n’importe où sans avoir les réelles compétences techniques pour s’affranchir des réelles difficultés posées là par Dame nature.

    dolomites_mecque_solo3
    Sculpture du mémorial Paul Preuss à Altausse (Autriche), sa ville natale.

    La corde, bien qu’il évoluait évidemment souvent encordé, était aussi remise en question : « Elle ne doit pas être un moyen de rendre une ascension possible. » Cette affirmation doit toutefois être remise dans le contexte de l’époque puisque le leader de « cordée » grimpait souvent sans s’assurer et le lien en chanvre n’était là que pour sécuriser ceux qui le suivaient.

    Il mettait également en garde sur les qualités que devait avoir, selon lui, un grimpeur, « pouvoir redescendre par où on était monté », et en limitant donc au strict minimum la pose de rappels. Il redescendit ainsi de nombreuses montagnes en désescaladant tout simplement ses parcours de montée.

    « Aucun autre alpiniste n’aura une plus grande importance pour
    notre milieu. »

    Il était aussi affirmatif dans le fait qu’un membre d’une « cordée », moins fort que les autres, mettait immanquablement en péril la vie des autres et évoquait la possibilité « d’assurer » le leader en tenant la corde mais sans pour autant y être relié de façon à pouvoir la lâcher en ultime recours avant d’être entraîné dans le vide. Il sera d’ailleurs le témoin direct de ce cas de figure durant l’été 1912…

    Son manifeste « Aides artificielles dans les voies alpines » publié dans le numéro du 1er août 1911 du Deutsche Alpenzeitung (le journal alpin allemand) souleva un tollé général au sein de la communauté, aux traditions fortement ancrées dans le « il faut passer à tout prix ». Vint alors le temps du fameux « The Piton Dispute », un jeu de va-et-vient avec ses détracteurs (Tita Piaz, Franz Nieberl, Paul Jacobi et Hans Dülfer) qui attaquaient chacun leur tour les préconisations de Preuss qui, lui, se faisait un malin plaisir à leur répondre par presse interposée. Des « coms facebookiens » en quelque sorte, mais en un peu moins instantanés. Outre des considérations purement techniques, le principal reproche qui était fait à Preuss était d’être un véritable « pousse au crime » trop extrémiste. Ce qui finalement n’était pas tout à fait faux puisqu’il fut la propre victime de ses convictions deux ans plus tard…

    dolomites_mecque_solo_paul_preuss
    Paul Preuss (1886-1913).

    Enfant chétif car atteint de la polio, Preuss se forgea ensuite un corps d’athlète, adepte des tractions qu’il réussissait, selon la légende, même d’un bras ! La première ascension qui compta à ses yeux fut la voie Pichlweg en face nord du Planspitze (du 2/3 sur 1 000 m) durant l’été 1908. À partir de 1910, il se mit à tenir un carnet de courses, ce qui permit de disposer d’informations fiables sur ses réalisations : 1 200 sorties dont 150 premières et 300 solos en l’espace de seulement quelques années puisqu’il disparut trois ans plus tard, en 1913.

    Pionnier, il le fut dans plusieurs domaines. Déjà en tant que montagnard complet avant l’heure : grimpeur hors pair, il était également un glaciériste averti mais aussi un grand adepte du « ski de randonnée » (par exemple, 22 sommets réalisés du 4 au 8 juin 1911 puis 30 autres dans les 15 jours qui suivirent !) mais également de la « pente raide » avant l’heure (premières du Grand Paradis et du Picco Dei Tre Segnori, entre autres). On ne peut qu’imaginer la maîtrise technique qu’il fallait avoir avec le matériel de l’époque ! 

    Il fut aussi le premier à imaginer le concept d’enchaînements, en parcourant quatre voies dans la journée sur le Kleine Zinne/Cima Piccola (2 857 m) dans les Dolomites. Une nouvelle fois visionnaire, il estimait d’ailleurs que les pratiques du ski, de l’alpinisme et de l’escalade étaient certes un peu liées mais devaient se développer distinctement.

    « Aucun autre alpiniste n'aura une plus grande importance pour notre milieu. »

    On peut aussi estimer qu’il s’agissait du premier alpiniste « professionnel » puisque, bien que docteur en phytobiologie, il préférait vivre de sa passion en écrivant des essais et des articles dans des revues spécialisées tout en donnant des conférences sur ses ascensions et sa vision très personnelle de la montagne. En Allemagne, Italie et Suisse, dans des bars, refuges ou salles de spectacle, Preuss faisait salle comble à chacune de ses interventions et surtout, il attirait également un public de non-connaisseurs. Son succès fut tel qu'en 1912 et 1913, il donna plus de 150 « représentations » et qu’au jour de son décès, en octobre 1913, plus de 50 soirées étaient déjà programmées pour l’année suivante.

    Personne n’a donc rien inventé par la suite, et même le « dieu » Messner l’idolâtre : « Aucun autre alpiniste n'aura une plus grande importance pour notre milieu. » En écrivant deux livres sur ce légendaire pionnier, la notoriété de Messner a aussi grandement contribué à faire connaître l’extraordinaire personnage qu’était Preuss.

    Parmi la multitude de ses solos, on peut toutefois retenir celui de la face ouest du Totenkirchl (5b, 600 m) alors considérée comme l’une des voies les plus difficiles des Alpes. Les premiers ascensionnistes, dont le fameux Titia Piaz, avaient mis 7h. Le 24 juillet 1911, Preuss met 2h45 pour le solo, de fait, le plus difficile jamais réalisé à cette époque-là, tout en choisissant de sortir plus directement au sommet par une fissure vierge. Cette variante sera cotée ultérieurement comme « très difficile ».

    dolomites_mecque_solo5_tour_auf_die_guglia_di_brentaok


    Paul Preuss et sa soeur Mina photographiés par leur ami Paul Relly lors de l’ascension de la Guglia (Campanile Basso) di Brenta, le 28 juillet 1911.

    Quatre jours plus tard, départ pour les Dolomites. Il emmène sa sœur Mina et son fidèle copain de cordée Paul Relly, son futur beau-frère également, à la Guglia di Brenta (la toponymie changera ultérieurement en Campanile Basso). 

    La course envisagée, par la voie normale, était déjà d’ampleur, puisque le sommet n’avait été gravi, en 12 ans depuis la première ascension, que par seulement 80 personnes. La Guglia est composée d’un premier socle, d’environ 150 m de haut, entrecoupé d’une vire médiane qui donne ensuite accès aux 110 m d’un monolithe final bien raide. 

    Outre le tracé de la voie normale de 1899, une autre ligne avait été ouverte en 1908 en versant sud-ouest par l’Allemand Rudolf Fehrmann et le très fort Américain Oliver Perry-Smith qui avait, deux ans auparavant, en 1906, réussi le premier 6a au monde. La face est, très raide et sans ligne de faiblesse évidente, était alors considérée non pas comme un « problème » mais comme « impossible à gravir », de la bouche même de Titia Piaz.

    Le premier bastion franchi, la petite cordée menée par Preuss fit halte sur la vire de la Strada Provinciale. Il demanda alors à son copain de « l’assurer » pour aller jeter un œil à cette redoutable face est. Preuss revint, plia la corde, la mit en anneaux autour du buste (en prévision d’un éventuel rappel) et disparut dans l’angle de la paroi. 2h plus tard, il était au sommet avant de désescalader par le même itinéraire pour rejoindre ses compagnons, de les découvrir en train de s’embrasser tendrement, et de les emmener au sommet cette fois par la voie normale. Preuss, en solo et à vue, venait donc d’ouvrir la ligne la plus dure des Dolomites créditée par Angelo Dibona « de la voie qui symbolisait le futur de ce massif ». Son temps de parcours est d’ailleurs assez significatif des difficultés rencontrées : 2h pour faire les 100 m alors que quelques jours plus tôt, il avait mis 2h45 pour parcourir les 600 m du Totenkirchl. Cotée aujourd’hui 5a/b, la voie Preuss ne fut répétée que 13 ans plus tard, en 1924, et le second solo sera réalisé par une autre légende de l’alpinisme, Emilio Comici, en 1936. 

    Patrick Berhault, en hommage, y fera également un tour en reprenant exactement la formule de Preuss, montée-descente en solo. Ce ne sont que deux exemples parmi ses 300 solos, des ouvertures extrêmes qui posent la dimension du personnage et qui ne sont pas sans rappeler un certain Alain Robert qui évolua également sans corde aux limites de son niveau intrinsèque en escalade.

    Durant l’été 1912 mais surtout en 1913, Preuss s’intéressa ensuite au versant italien du mont Blanc. La première saison s’avéra toutefois un peu compliquée car il assista en direct à la chute d’une cordée d’amis lors de l’ascension de l’arête nord du mont Rouge de Peuterey (2 941 m). 

    Les jours précédents, l’alpiniste gallois Humphrey Owen Jones venait de réaliser deux belles premières avec l’autre fort Britannique Geoffrey Winthrop Young et les guides suisses Joseph Knubel et Julius Truffer : la traversée du col de l’Innominata (3 205 m) et l’ascension de l’aiguille Isolée (3 577 m) dans le secteur des Dames Anglaises. Le 15 août, alors qu’ils étaient en pleine lune de miel, Jones et sa femme, elle aussi bonne grimpeuse, partirent avec Julius Truffer et Paul Preuss en direction du mont Rouge. Comme bien souvent, Preuss ouvrait l’itinéraire en solo. Après avoir franchi une fissure, il s’arrêta pour observer le guide qui, arrachant les prises de mains, bascula dans le vide, entraînant dans sa chute le couple qui était relié à lui par la corde… Le lendemain, les trois corps furent retrouvés 300 m plus bas. Finalement, cela ne fit que renforcer la conviction du jeune Autrichien qui assenait que le solo était plus sûr puisque ne mettant en jeu que sa propre vie.
     

    dolomites_mecque_solo4

    Lors de cet accident, Preuss était en fait déjà en repérage pour une incroyable ligne qu’il imaginait : la plus longue arête du massif, qui partirait de la vallée jusqu’au sommet du mont Blanc, soit une course au format himalayen : 8 km de long pour 4 000 m de dénivelé. En août 1913, il repéra consciencieusement les autres sections qui lui paraissaient les plus problématiques : les aiguilles Noire et Blanche et la section rocheuse entre les deux, les Dames Anglaises. À partir de la fin août, il attendit les bonnes conditions pour se lancer dans ce solo mémorable mais l’arrivée précoce de la neige dès septembre le contraint à retourner chez lui, à Altaussee. Son projet, une nouvelle fois visionnaire, avait du sens mais était tellement en avance sur son époque qu’il ne sera réalisé que 60 ans plus tard (!), en 1973, par la cordée allemande Braun-Elwert/Kirmeier. Il prendra le nom d’Intégralissime de Peuterey. En 1991, le cheminement sera repris par Patrick Berhault dans sa traversée du massif (en ouvrant en solo un nouvel itinéraire en face sud du mont Rouge) puis, plus d’un siècle plus tard, en 2020, l’Italo-Polonais Filip Babicz reprendra la ligne originale dans un solo express de 17h.

    Preuss était donc rentré bredouille de sa saison estivale de 1913, sans réelles ascensions majeures, et il va alors se « venger » en gravissant de nombreuses voies dans sa région. Son organisme, épuisé, dit stop, et le médecin lui diagnostiqua une « angine de poitrine », lui prescrivant une semaine d’alitement. 

    Quatre jours plus tard, la fièvre ayant un peu baissé, il considéra qu’il était grand temps de retourner en montagne. Bien fatigué, il fit une course encordée puis un petit solo avant de se diriger, le 3 octobre, vers le dernier grand problème du secteur du Dachstein : la face nord, encore vierge, du Mandkogel (2 279 m). Il passa la nuit dans un refuge avant de se lancer dans l’ascension, le but étant d’atteindre une raide arête rocheuse qui, en 200 m, menait au sommet. Son retour était prévu pour le 8 octobre. Le 10, son retard fut signalé et une opération de secours enclenchée. Vu la renommée du personnage, la communauté des alpinistes locaux s’activa immédiatement, impliquant entre autres son fidèle ami Paul Relly et même Hans Dülfer qui grimpait dans la région. Mais les conditions s’étaient bien dégradées, la neige avait fait son apparition et l’accès au pied de la montagne devint compliqué. Le 14 octobre, en sondant la neige, son corps fut retrouvé portant les stigmates d’une importante chute. Preuss avait 27 ans.
     

    dolomites_mecque_solo2

    Comme dans chaque accident de ce type, les spéculations allèrent bon train et il fallut attendre 10 ans pour qu’une cordée reprenne le même itinéraire et trouve dans le bas de la face un canif ouvert et un sac à dos rempli d’anneaux de corde, l’équipement de Preuss ! Une fumante théorie mentionna qu’un cairn avait été érigé sur l’arête sommitale, pile à l’aplomb du matériel retrouvé. Preuss aurait donc sorti la voie et pour x raisons (en voulant rattraper son couteau ?) chuté dans la face. Le problème, c’est que cette histoire du cairn fut notifiée neuf ans avant que l’itinéraire ne soit répété, en 1923, et que les découvreurs n’ont jamais mentionné avoir vu le moindre tas de cailloux… Ses amis de l’époque eurent toutefois une conclusion nettement plus simple : il était tombé. Point. Tout exceptionnel grimpeur qu’il était, les causes pouvaient être multiples : une prise arrachée de ce rocher douteux ? Les conditions météorologiques s’étant vite dégradées, s’était-il retrouvé pris dans une tempête de pluie ou déséquilibré par une bourrasque de vent ? Ou encore plus simplement, n’avait-il pas toutes ses capacités physiques puisqu’encore malade, il aurait dû être au lit et non pas pendu au milieu d’une face inconnue ?

    Qui, mieux que ses pairs, souvent rivaux mais quelquefois amis, pouvait lui rendre hommage pour la perpétuité : « Personne n’égalera jamais Preuss » (Georges Mallory), « Le maître absolu » (Hans Dülfer), « Le seigneur des abîmes » (Giovanni Battista « Tita » Piaz), « Le maître insurpassable de l’escalade pure » (Emilio Comici), « Le très fort, inégalé et inégalable » (Giusto Gervasutti)…