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  • Le progrès...

    Un ou deux exemples...

     

    http://www.lesechos.fr/info/analyses/020573005941-mourir-pour-l-ipad.htm

     

    Onze personnes se sont jetées des mêmes toits ces derniers mois. C'est ce que reconnaissent les autorités chinoises. Rien n'exclut que la réalité soit pire, d'autant que les tentatives de suicide ne semblent pas recensées par l'entreprise. A Shenzhen, cette usine de Foxconn, du groupe taïwanais Hon Hai Precision Industry, travaille pour Nokia, Sony, Dell, Apple… Elle assemble « smartphones », PC et surtout, à marche forcée, la nouvelle tablette magique d'Apple. Depuis cinq jours, l'iPad est en vente en Europe et tous les journaux annoncent des lendemains qui chantent.

    A quel prix ? Les morts de Foxconn exigent qu'on sache réellement le coût, en vies et en chair, de nos jouets encore neufs. Tout est lisse, sur les écrans tactiles - images fluides, changements instantanés. De quoi oublier très vite la face cachée : pour livrer ces bijoux, des humains triment dans les soutes et les arrière-mondes. Toujours pauvres, presque toujours jeunes, rivés à des tâches mécaniques, soumis à des pressions écrasantes, des horaires harassants, des solitudes absolues, ils ne connaissent du monde qu'opacité et aspérité. Au point d'en finir avec l'existence.

    Ce serait une grave méprise de croire qu'ils ont véritablement choisi de mourir. Car il n'a rien d'un choix, le suicide par désespoir, par effroi devant l'épuisement, l'absurde, l'arbitraire et la misère. Dans ce cas, au contraire, comme l'a bien vu Schopenhauer en 1819, « l'individu suicidaire veut la vie […], il veut l'affirmation du corps et la libre existence de celui-ci, mais le tissu embrouillé des circonstances ne le permettant pas, il est affligé d'une grande souffrance ». L'annulationde soi-même sous le poids des contraintes extérieures est aux antipodes des suicides de sages.

    Socrate, condamné à mort, en toute légalité mais en toute injustice, aurait pu s'évader. Il boit la ciguë, lucidement, pour exécuter la sentence par fidélité aux lois. Sénèque se taille les veines sur l'ordre de Néron, montrant qu'il sait quitter la vie sans rien regretter. Ceux-là meurent en maîtres : ils consolent leurs proches, dictent leur testament et s'absentent souverainement du banquet de l'existence. Quantité de récits, et plus encore de tableaux classiques, ont célébré ces héros qui ne tremblent pas.

    Les victimes du travail infernal et du management despotique se trouvent dans une situation exac-tement inverse. Ecrasées, et non souveraines. Esclaves, et non libres. Poussées au suicide parce que chaque jour leur est devenu invi-vable, et non pas, comme les sages, quittant le présent parce que la mort leur est devenue indifférente. Enfin, Socrate ou Sénèque n'ont besoin de personne : nulle aide ne leur est nécessaire, nul soutien indispensable. Il n'en va pas de même avec les suicidés du management. Ceux qui pourraient encore mourir ont besoin de nous. Or les opinions ont un poids. Les médias, des devoirs. Les compagnies clientes, des pouvoirs.

    Car les consommateurs semblent aujourd'hui moins aveugles, moins indifférents. Ils pourraient bien juger préférable de ne pas acheter des produits sortant d'usines où l'on veut faire signer aux employés… un engagement de ne pas mettre fin à leurs jours. Le grotesque, là, le dispute à l'odieux. Demain, le suicide passible d'amende, ou de prison ? Dans cet univers ubuesque, osera-t-on proclamer que tout suicidé risque la peine de mort ? Va-t-on faire porter la menace sur les proches, la famille, les survivants ?

    Pour tenter d'agir sur cette déraison inhumaine, on peut rêver que se constituent des mouvements citoyens, qu'ils exigent un label, un signe garantissant que des normes sont respectées. On peut rêver que les compagnies et les marques se décident alors à faire pression sur ceux qui sous-traitent et surmènent. On peut imaginer que se mettent en oeuvre toutes sortes d'actions concrètes pour garantir contre ce vice de fabrication qui fait qu'aujourd'hui, en ouvrant les boîtes, on discerne, sur les écrans neufs, du sang et des larmes.


     

    Des milliards en une journée. Pourquoi s'intéresseraient -ils à des oiseaux dont ils ignorent l'existence ?

    http://www.lesechos.fr/info/energie/020576088390-maree-noire-bp-s-effondre-en-bourse-apres-son-echec-dans-le-golfe-du-mexique.htm

     

    British Petroleum paie chèrement son échec dans le golfe du Mexique. Le pétrolier a dégringolé de 13,1 % hier à la Bourse de Londres, à 430 pence, après l'abandon ce week-end d'une tentative de colmatage de la fuite résultant de l'explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon le 20 avril dernier. Les dirigeants de BP attribuaient de 60 % à 70 % de chances de succès à cette initiative basée sur une injection de boue et de débris dans ce puits situé sous 1.500 mètres d'eau. Fermés lundi en raison de jours fériés, les marchés boursiers anglo-saxons ont violemment réagi à ce nouvel échec, qui ne laisse plus augurer de solution définitive avant le mois d'août. BP a perdu près de 18 milliards de dollars de capitalisation en l'espace d'une séance. Depuis le début de l'accident, voilà six semaines, le pétrolier britannique a vu sa valorisation s'effondrer de plus de 60 milliards de dollars pour tomber aux environ de 116 milliards aujourd'hui. «  Pour les grands fonds d'investissement, la légitimité du titre peut devenir de plus en plus difficile à justifier car les premiers éléments de l'enquête laissent entendre que BP n'aurait pas respecté l'ensemble de ses procédures de sécurité  », explique un analyste parisien. «  Les incertitudes sur l'ampleur des coûts et des dommages vont rester considérables jusqu'à ce que la fuite soit arrêtée  », ajoute Peter Hitchens, analyste chez Panmure Gordon & Co., cité par Bloomberg. D'ici là, le titre risque fort de continuer à chuter.

    Les moyens de payer

    La saison des ouragans, qui a officiellement débuté hier dans le golfe du Mexique, va probablement pousser le pétrole encore plus loin à l'intérieur des marais de Louisiane et endommager un peu plus l'écosystème local. Pour certains, le titre va pâtir d'un effet d'image qui ne pourra pas se résorber avant plusieurs années. D'autres observateurs, comme la banque d'investissement Arbuthnot Securities, jugent même la survie du groupe en jeu et n'hésitent plus à évoquer la possibilité d'une OPA. Une hypothèse qui soulève beaucoup de scepticisme chez les professionnels du secteur, compte tenu des incertitudes liées à l'ampleur des coûts de la marée noire dans les années à venir.

    Pour la plupart des analystes, BP continue d'avoir les moyens de surmonter l'accident. Depuis l'explosion de la plate-forme, le pétrolier a dépensé près de 1 milliard de dollars pour tenter de boucher la fuite et endiguer l'arrivée de la marée noire sur les côtes. Les coûts liés au dédommagement des professionnels de la pêche, du tourisme et aux actions en justice sont plus difficiles à évaluer. La semaine dernière, Credit Suisse estimait la facture finale à 17,6 milliards de dollars. ING juge de son côté qu'elle pourrait atteindre 22 milliards de dollars dans le pire des cas. Aussi élevée soit-elle, cette facture reste néanmoins absorbable pour un groupe qui investit chaque année 20 milliards de dollars et qui a dégagé près de 17 milliards de dollars de profit l'an dernier. «  Les marchés veulent du sang et sur-réagissent clairement à cette suite de mauvaises nouvelles  », estime Jason Kenny, analyste chez ING. Tombé à 430 pence, le titre continue d'offrir un retour sur investissement intéressant en dessous de 600 pence, juge même ING. Une analyse à froid qui peine manifestement à convaincre les marchés.

    EMMANUEL GRASLAND, Les Echos

     


     

     

    Océans | le 28 mai 2010

    Toujours pas de thon rouge à l’horizon… Auraient-ils déjà tous disparu ?

    http://oceans.greenpeace.fr/toujours-pas-de-thon-rouge-a-lhorizon-auraient-ils-deja-tous-disparu

    Avec une taille pouvant dépasser les trois mètres, le thon rouge fait figure de géant des océans. Aussi grand qu’une petite voiture de sport, ses capacités d’accélération sont supérieures à celles des bolides. Sa morphologie hydrodynamique approche la perfection, si bien que certains chercheurs tentent de s’en inspirer pour concevoir des torpilles et des sous-marins. En réalité, seuls les orques et les grands requins représentent une menace pour le thon rouge, qui règne pratiquement en maître sur les océans et peut vivre jusqu’à 30 ans.



    Mais aujourd’hui, les stocks s’effondrent et le thon rouge de Méditerranée est en voie d’extinction. Pourtant, on sait que ce poisson est pêché depuis plus de 7 000 ans. Pendant l’Antiquité, les Romains le ramenaient déjà dans leurs filets pour nourrir leurs soldats. Jusqu’aux années 1960, la pêche au thon rouge était pratiquée à petite échelle : le thon rouge était capturé en Méditerranée par les madragues, des filets fixes sur les côtes.

    Les problèmes ont commencé quand certains ont eu l’ingénieuse idée de tirer parti des mœurs de reproduction – certes un peu particulières – des thonidés : pour se reproduire, ils se regroupent tous les ans à la même époque (de fin mai à fin juin) et au même endroit, en Méditerranée… ce qui, bien entendu, facilite leur capture.

    Ainsi, à partir des années 70, la pêche artisanale a cédé la place à une pêche industrielle qui a connu un véritable essor, et le développement des thoniers senneurs a signé l’arrêt de mort de l’espèce, tout comme celui de la pêche artisanale. La pêche à la senne s’apparente en fait davantage à une véritable chasse, avec ses « rabatteurs » (les avions de repérage) et ses « tireurs » (les senneurs). La senne utilisée pour le thon rouge est un filet long de plus de deux kilomètres, qui ne laisse aucune chance aux bancs de poissons.

    Dans un premier temps, les sennes étaient donc pleines. Et pour écouler l’offre abondante, il a fallu booster la demande. Le thon rouge est vite devenu un aliment phare de la cuisine japonaise, notamment des fameux sushi. Pourtant, contrairement à une idée largement répandue, le thon rouge ne faisait pas partie à la base des ingrédients traditionnels de la cuisine nippone. Mais la recherche du profit à tout prix a poussé les pêcheries à s’industrialiser toujours plus, à une échelle démesurée et insoutenable…. Ainsi, une poignée de thoniers senneurs remplissent leurs filets et leurs poches, tandis que nos responsables politiques assistent les bras croisés à la disparition d’une espèce emblématique de nos océans…

    Tous les acteurs présents, mais pas de pêche possible !
    Le Rainbow Warrior, le navire amiral de Greenpeace, n’a pas démissionné : il est en Méditerranée depuis l’ouverture de la saison de pêche. Les bateaux de pêche sont là eux aussi, avec leurs remorqueurs et leurs cages, tout comme les navires militaires de contrôle. En revanche, les thons rouges brillent par leur absence…

    Il se peut que les thonidés s’en soient allés vers des eaux plus chaudes, qu’ils aient pris un peu de retard à cause d’une température de l’eau trop froide, ou que nous ne regardions pas au bon endroit. Ou alors, le pire des scénarios est peut-être en train de se réaliser : les thons rouges ont disparu.

    Cela fait des années que Greenpeace et les associations de protection de l’environnement tirent le signal d’alarme. On a beau nous accuser de jouer les Cassandre, le bon sens veut que si l’on continue de traquer une espèce menacée d’extinction, au bout d’un moment, elle cesse d’exister.

    Mais la patience est le maître mot des militants embarqués à bord du Rainbow Warrior. « Dépêchez-vous et attendez » est devenu la devise officielle de nombreuses actions menées par Greenpeace. Ce qui est sûr, c’est que les pêcheurs sont prêts, et le temps joue contre eux : la saison de pêche se termine le 15 juin. Ces dernières années, la saison de pêche a été considérablement écourtée : trop de bateaux, trop peu de ressources halieutiques. Espérons que quelqu’un a tuyauté les thons rouges pour qu’ils n’arrivent pas en Méditerranée avant le 16 juin !

    Auparavant, les thoniers pouvaient pêcher 11 mois sur 12, contre un seul aujourd’hui… Malheureusement, ces mesures s’avèrent insuffisantes pour permettre une reconstitution des stocks. Si l’on veut vraiment mettre un terme au déclin des populations de thonidés, il faudrait s’assurer qu’ils puissent se reproduire dans des conditions optimales, et à cet effet, commencer par protéger les zones où ils se reproduisent.

    La solution : des réserves marines
    Le thon rouge est un poisson migratoire qui, par conséquent, peut difficilement se reproduire en captivité. Il faut donc préserver les espaces dans lesquels ils évoluent naturellement, notamment les mers entourant les îles Baléares. Si, pour la plupart d’entre nous, ces îles riment avec soleil et vacances, elles sont synonymes de survie pour le thon rouge qui vient s’y reproduire.

    Ainsi, pour protéger le thon rouge, il faut protéger les Baléares (et le sud de la Sicile, et le Golfe du Mexique, pour commencer !), et empêcher les thoniers senneurs de capturer une espèce en danger qui vient justement dans ces eaux pour se reproduire. La science est formelle, la logique implacable. Le raisonnement n’est pas difficile à comprendre, que vous vouliez sauvez le thon rouge en tant qu’espèce ou préserver le futur de la pêche.

    Entre autres mesures, il faudrait notamment créer des réserves marines dans les zones de reproduction du thon rouge en Méditerranée. Depuis des années, Greenpeace et d’autres ONG réclament l’établissement d’un sanctuaire pour le thon rouge dans les eaux des Baléares. Toutefois, le gouvernement espagnol, qui n’a jamais été le meilleur ami du thon rouge, s’oppose à cette mesure.

    En bref, nous nageons dans un océan de scandales. Pourquoi les thoniers-senneurs ont-ils le droit de guetter et d’épingler une espèce en voie de disparition qui vient en Méditerranée pour se reproduire ? Pourquoi nos gouvernements défendent-ils les intérêts des pêcheurs, et non ceux du thon rouge ? Il semblerait que le thon rouge soit devenu le symbole d’une gestion catastrophique de la pêche et des ressources naturelles.

    Notre fiche thématique sur le thon rouge

    Notre fiche thématique sur les réserves marines

    François et Isabelle, en direct de la mer Méditerranée.

     

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  • L'argent des armes.

     

    Quelle évolution spirituelle ? Il n'y en a pas en dehors de quelques individus. Mais quelle influence ont-ils ? Aucune. Sinon sur leur propre existence. Doit-on l'accepter ? Est-ce que c'est irrémédiable ? Les millions de blog à travers la planète ont-ils un sens ? Favorisent-ils une prise de conscience ? Est-ce que les idées et les actes ont un impact sur les dirigeants ? Non. Tout cela ne sert à rien à l'échelle de l'humanité. La main mise de l'argent et de ceux qui vivent dans son adoration reste l'élément moteur. Il n'y a aucun espoir à notre niveau. Nous ne serons toujours que des pions. La seule chose à faire est de respecter la case sur laquelle on se trouve. Ne pas participer à ce massacre.

     

    Ce dégoût en moi. J'aimerais avant de mourir voir l'humanité se dresser sur un autre piédestal que le profit.

     

     

    Malgré la crise financière mondiale, les dépenses militaires sur la planète ont presque doublé en dix ans pour atteindre 1.530 milliards de dollars (1.240 milliards d'euros) en 2009, a annoncé mercredi l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (SIPRI).

    Dans son rapport 2010, l'organisation non gouvernementale suédoise estime également que ces dépenses se sont accrues de 5,9% entre 2008 et 2009. Les Etats-Unis, N°1 mondial des dépenses militaires, représentent à eux seuls 54% de cette hausse. La Chine, devenue le N°2 mondial en 2008, a conservé ce rang l'an dernier. La France occupe la troisième place. Selon le SIPRI, c'est en Asie et en Océanie que les dépenses militaires augmentent le plus vite.

    La crise financière mondiale a eu peu d'effets sur les dépenses militaires des gouvernements, même dans des pays dont les économies ont été particulièrement touchées, souligne Sam Perlo-Freeman, porte-parole du SIPRI.

    "Même si les dépenses militaires n'ont pas constitué habituellement une partie importante des plans de relance économique, elles n'ont pas été réduites non plus", explique M. Perlo-Freeman. "Pour les puissances intermédiaires ou majeures comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil, elles représentent un choix stratégique sur le long terme que ces pays sont prêts à faire même lorsque les temps sont durs pour l'économie."

    Depuis que les Etats-Unis ont doublé leurs effectifs militaires en Afghanistan, ils dépensent davantage dans ce pays qu'en Irak, note le rapport.

    Le SIPRI estime par ailleurs que 8.100 têtes nucléaires sont opérationnelles aux Etats-Unis, en Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Inde, au Pakistan et en Israël. Même si c'est 300 de moins qu'il y a un an, environ 2.000 de ces ogives sont toujours prêtes à être tirées en quelques minutes, précise le rapport. AP

    lma/v437

    Sur le Net:

     

     

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  • Ecole (suite)

    Je me demande combien de temps il faudra attendre, à quel point désastreux il faudra arriver, pour que ça soit les PARENTS qui se révoltent et pas les enseignants ?...Comme si ça ne les concernait pas, comme si l'avenir de leurs enfants étaient insignifiants. Je ne sais pas ce qui me révolte le plus en fait. Le gouvernement ou les parents ...

     

    Les propositions de Luc Chatel pour économiser les postes d'enseignants hérissent l'opposition. Brigitte Gonthier-Morin, sénatrice communiste des Hauts-de-Seine s'insurge contre un "nouveau plan d'austérité".

     

    AFP/PHILIPPE HUGUEN

    Luc Chatel a mis au point un "schéma d'emploi 2011-2013" pour réaliser des économies de postes d'enseignants.

    Pourquoi dénoncez-vous "le schéma d'emplois 2011-2013" du ministre de l'Education Luc Chatel?

    C'est une véritable catastrophe pour l'avenir de l'école de notre pays. Les réformes qui prévoient 16 000 suppressions de postes à la rentrée 2010 et la masterisation des concours des enseignants, ne sont pas encore effectives mais Luc Chatel annonce déjà 17 000 postes en moins pour 2011. Sans oublier que celles-ci s'ajoutent aux 40 000 suppressions d'emplois déjà réalisées ces dernières années. Nous assistons à une saignée de l'éducation. Du service public dans un premier temps, qui sera plus tard suivi par le privé.

    Après la révélation des pistes de Luc Chatel pour économiser des postes, le Parti socialiste a qualifié de "cynique et brutale" l'attitude du gouvernement.

    Avec ce plan, ce sont les conditions d'égalité d'accès à l'enseignement partout sur le territoire qui sont visées.

    Mais l'annonce du ministre de l'Education n'est pas surprenante, elle s'inscrit dans la logique appliquée par les ministères de Nicolas Sarkozy: aller de réforme en réforme sans concertation et sans se préoccuper de la méthode. Le gouvernement reste marqué par l'obsession des dépenses publiques. Ce qui est scandaleux, c'est qu'on demande aux académies et aux rectorats de choisir quel membre on va leur couper en leur demandant de choisir les postes à supprimer.

    Parmi les propositions envisagées, que vous inspire l'augmentation du nombre d'élèves par classe?

    Ce n'est pas une solution. L'apprentissage nécessite qu'on passe du temps avec les enfants et qu'on puisse leur apporter une réponse adaptée à chacun. Or mettre plus d'élèves dans des classe est un obstacle au bon apprentissage des élèves mais aussi aux conditions de travail des enseignants.

    Et sur le possible regroupement des petites écoles?

    Ce sont les structures situées dans des territoires déshérités qui risquent de pâtir de ces fusions et fermetures d'écoles. Or la proximité dans le milieu rural est importante. Cela va poser des problèmes concrets: un enfant va devoir se déplacer plus longtemps et les classes vont être surchargées.

    Luc Chatel a déclaré ce mardi que les problèmes de l'Education nationale n'étaient pas une "question de moyens"...

    C'est un discours récurrent de la part du ministre. On ne nie pas la nécessité de réformer mais aucune réflexion n'est menée pour améliorer l'offre pédagogique. On a préféré désosser le "mammouth" plutôt que de prendre le temps d'un véritable diagnostic partagé avec le personnel de l'Education, les parents d'élèves et les syndicats, pour ensuite avancer ensemble sur des pistes de réflexion.

    Par ailleurs, Luc Chatel annonce un déploiement de mesures sans lien visible alors que, sans le dire, le gouvernement réfléchit à une réorganisation totale des cycles scolaires. Par exemple, la fin de la scolarisation des 2 ans est pensée pour mieux s'attaquer à la scolarisation des 3 ans.

    Seriez-vous solidaires des syndicats en cas d'appel à la mobilisation?

    Parfaitement. Ce que dénoncent les syndicats de l'Education relève du bon sens. Ils ont envie d'être associés aux réformes. Surtout, ils veulent qu'on leur enlève l'épée de Damoclès au dessus de leur tête qu'est celle des suppressions de postes.

    Pour améliorer l'offre pédagogique, il faut revenir sur les suppressions de postes des enseignants et suspendre la réforme de l'IUFM. Avec la masterisation, les futurs enseignants seront davantage désarmés dans des classes plus difficiles qu'avant. Il s'agit de restaurer un climat de confiance pour le corps enseignant plutôt que d'entretenir le malaise actuel.

    Ce n'est pas en diminuant le personnel, les infirmiers, les psychologues, les enseignants, ni en postant des policiers dans les établissements qu'on résoudra les problèmes actuels de l'école comme l'échec scolaire ou la violence scolaire. Ce sont des fausses réponses.

    Brigitte Gonthier-Morin est sénatrice des Hauts-de-Seine membre du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche. Elle est membre de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat.

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  • Le formatage de l'école

    Je me bats depuis très longtemps avec le fonctionnement qui fait qu'un enfant ne va travailler qu'en fonction de la note qu'il va obtenir, de la peur de la sanction, de la peur du redoublement, de la peur du regard des autres, du jugement des parents...J'ai dit aux enfants cette semaine q'ils allaient écrire eux-mêmes leur dernier bulletin, celui qui va être lu par les profs à l'entrée en sixième, je leur ai demandé d'écrire une appréciation sur l'ensemble de leur travail pendant leur annnée de CM2. La première chose qui ressort, c'est leur moyenne générale, c'est la première chose à laquelle ils pensent. Et pourtant, pendant un an, j'essaie de leur faire comprendre que ça n'est pas l'essentiel, que leur évolution personnelle est bien plus importante mais cette pression sociale, ce fonctionnement chiffré, cette obligation de résultats visibles, présentables, restent pour eux la seule norme importante. Il y a heureusement des cas à part...Une petite a écrit qu'elle avait beaucoup aimé discuter et qu'elle voyait bien qu'elle arrivait mieux maintenant à exprimer des pensées profondes, qu'elle n'avait jamais autant parlé de l'amour, de la mort, de la vie, de l'Univers, de la beauté de la Nature, du bonheur de sentir son corps, de l'importance d'avoir une amie (elle dit de son amie que c'est son soleil)...
    Les enfants subissent une pression énorme pour "apprendre un métier", pour "gagner sa vie", réussir ses études pour avoir de l'argent, pouvoir consommer, acheter la dernière audi, le nouvel i pad, ou un i phone (ils connaissent très bien ces engins à la mode), ils sont déjà dans la peur du chômage, la peur de l'avenir, la peur de la vie. Ils vivent dans une peur constante dès l'école maternelle. Il faut "réussir"...Avoir de l'argent...Cet embrigadement est une abomination, un formatage dont la puissance est sans fin, l'idée aussi que la compétition est une loi humaine, qu'il faut être le meilleur, même dans le sport la notion de jeu passe au second plan, le foot est un modèle surpuissant, gagner des fortunes en tapant dans un ballon, et se payer des call girls, une ferrari, une maison avec piscine, leurs modèles n'est pas le sportif mais l'homme riche, quand je parle des aventuriers qui ne gagnent pas un centime, n'ont pas de sponsors, ils s'en détournent, c'est un combat constant pour essayer de leur faire voir une autre vie, d'autres valeurs, un homme et non une réussite sociale...Toutes ces années de soumission passive construisent des citoyens, pas des hommes libres.
    Ca fait longtemps que je me demande ce que je fais là-dedans...Est-ce que ça sert à quelque chose ? Est-ce que je m'illusionne pas en espérant apporter une observation lucide ? Quelques pistes de vie pour qu'un équilibre se fasse.
    Mais quand j'entends des enfants en fin d'année scolaire me demander si l'exercice que je leur donne va être noté, je vois bien que rien n'est fait...Est-ce que j'aurai un bon salaire ? On en est toujours là...

    A la prochaine rentrée je vais entrer en guerre totale contre mon inspecteur et les profs du collège. Ils veulent des notes chiffrées, un bulletin scolaire avec une moyenne générale.
    Ils n'en auront plus. J'irai jusqu'au blâme administratif si nécessaire. Je suis assez soutenu par quelques parents pour obtenir des témoignages devant l'inspecteur d'académie si je suis convoqué. Puisque j'apprends aux enfants à ne pas être soumis, autant que je donne l'exemple jusqu'au bout.
     
    Après 27 ans d'enseignement, je peux dire qu'il était beaucoup plus intéressant de travailler il y a dix ans en arrière. Même si l'esprit de compétition existait, il n'y avait pas tout ce qui s'est greffé depuis. Désormais, la reconnaissance passe bien davantage par le "crétinisme" que la performance, le désir d'apprendre, cette envie de se projeter en avant. Le leader est un "négationniste"...C'est effroyable. "NTM" est bien plus reconnu que "Rimbaud". Les poètes engagés brûlent des bagnoles et cassent du flic, ils violent des filles dans les caves et se shootent à la colle, font des bras d'honneur et n'ont aucun honneur. Ce monde part en vrille. Je le vois tous les jours en entrant dans ma classe. Et je m'y épuise au-delà du raisonnable.
     
    On a eu cette semaine une nouvelle qui nous a assommés...
    Le nouvel instit en charge d'une classe de 29 CM1 à la rentrée n'a jamais mis les pieds dans une classe, n'a reçu aucune formation mais il a un master en biologie...La belle affaire...Un enseignant de l'école va être nommé d'office par l'inspecteur pour servir de "formateur"...Ils n'ont pas parlé de rétribution bien entendu. L'objectif pour moi est clair. L'état va casser l'école laïque pour qu'un maximum de parents se tournent vers l'école privée. On va fermer les IUFM (déjà fait à Chambéry). Des économies gigantesques pour l'état.
    Je connais des enseignants qui sont partis. Et il était grand temps pour eux. Ils se détruisaient. Pas d'autre solution.

    En septembre j'aurai 30 élèves de CM2...Pour 2000 euros par mois. 27 ans de carrière. Plus de mille enfants. Il me reste 15 ans à faire.

  • "...un potentiel de vente insuffisant..."

    au regard des thèmes développés...

     

    "Plénitude de l'unité"

     

    Extrait.

     

    Il est incapable de dormir, l’idée même de s’allonger dans le lit froid l’indispose. Il enfile sa veste et sort.

     

    Le ciel étoilé est un plafond lumineux. La lune ronde comme un miroir immobile et soumis réfléchit avec une ardeur rare les rayons du soleil qu’elle vénère. Inutile de prendre la lampe frontale. Des rideaux de clarté douce parcourent l’atmosphère comme des haleines célestes chargées de particules solaires. Des soleils si lointains qu’ils n’ont pas de noms sinon celui de la Vie qui bat dans leurs pulsations. Il part sur la route du col de Claran. Le goudron et les herbes et les bourgeons luisent tous comme des courants chauds dans un océan sombre, des sillages agités de reflets translucides dans le corps éthéré de l’atmosphère. Il croit voir s’ouvrir des myriades de bouches affamées, petits évents fébriles, cherchant à capter des souffles gorgés de cellules voyageuses. La Terre, sous ses yeux amoureux, se nourrit, saisit goulûment la Vie qui coule de l’Univers et ruisselle en silence. Il sent combien nous sommes tous enlacés par plus grand que nous, toujours câlinés par cette atmosphère ignorée. Il s’étonne d’ailleurs de l’extraordinaire ingéniosité de cette couverture gazeuse qui a su filtrer les rayonnements solaires bénéfiques et repousser vaillamment ceux que la Vie ne pouvait recevoir.

    Mais a-t-elle « su » le faire, nécessitant pour cela une conscience réelle ou tout au moins un Architecte habile capable de maîtriser les lois de la physique ou a-t-elle simplement par un mécanisme chanceux fini par se constituer laborieusement, autorisant dès lors l’apparition de la Vie?

    En lui, Dieu surgit une nouvelle fois. Il le voit cette fois comme le porteur d’une question essentielle, le point d’interrogation dressé devant les hommes. La complexité  fabuleusement merveilleuse du Vivant le pousse à croire en l’existence de l’Architecte mais le Mal s’obstine à jeter un voile sombre sur la Clarté qu’il distingue.

    Encore une fois, il veut y penser et tenter d’avancer dans le mystère qui le hante.

    Une brise légère, parfumée à la sève des grands pins, l’effleure un court instant, lançant par ses effluves des désirs de sous-bois.

    Il entre sous le couvert des arbres. Le plafond étoilé apparaît, impassible, dans les trouées des frondaisons. L’air, comme assoupi, respire lentement. Il s’arrête et tente de ralentir les battements de son cœur, de sentir la maîtrise de l’organe qui se soumet à son esprit. Il aimerait adapter ses souffles à ceux du monde. La force de son amour se révèlerait alors. Mais il est prisonnier de mouvements internes qu’il ne contrôlera jamais. Une faiblesse qui le désole. Les animaux sont certainement plus habiles que nous à cet égard, il en est certain. Les biologistes qui expliquent les bonds étonnants des baleines hors de l’eau par des soucis de se nettoyer des coquillages qui infestent leurs corps ou par des volontés de communications avec leurs semblables n’ont jamais admis qu’ils ne pouvaient s’agir tout simplement que d’un moyen fabuleux d’exprimer leur joie et leur amour de la Vie. Que sommes-nous capables de réaliser pour témoigner à notre tour de notre reconnaissance envers cette Force qui nous anime ? Nous la combattons. Voilà tout ce que nous avons réussi à établir comme contact. Pour lui, la troisième guerre mondiale a déjà commencé. D’un côté l’armée des hommes et de l’autre celle d’une Nature sans réelle défense. Effrayant l’aveuglement de cette humanité, qui en réduisant la Vie sur la planète, ne s’aperçoit même pas qu’elle se condamne. Impossible déjà de comptabiliser le nombre d’espèces animales et végétales que la présence de l’homme a réduit à néant comme il est sans doute impossible, tant l’expansion du mal est effroyable, d’imaginer ce qui restera de vivant sur cette Terre dans mille ans. La seule chance pour que la complexité de ce vivant ne se réduise pas à quelques espèces nécessairement utiles à l’homme c’est que l’homme lui-même vienne à disparaître ou tout au moins à perdre son hégémonie sur la planète. Tout est prêt : la folie, l’esprit guerrier, les armes. Il ne reste qu’à trouver le déclencheur. Hitler a montré la voie. Les terroristes l’ont remplacé. Leur imagination est sans limite et leur morale inexistante. Il en sait quelque chose. Une deuxième solution viendra peut-être de l’intérieur. Le cancer frappait-il les hommes préhistoriques ? Il n’a pas de réponse. Il demandera à Isabelle si elle connaît un livre pouvant l’éclairer sur le sujet. Le sida est venu renforcer l’armée des destructeurs. On ne connaît pas encore la prochaine version que nous proposera l’ennemi. Quelqu’un, un jour, a écrit : «  Les hommes sont comme les pommes, quand on les entasse, ils pourrissent. » L’image est parfaite. Six milliards et quelques d’humains. Ca commence sérieusement à puer. D’autant plus que le dépôt où sont rangés les fruits est dégradé par la récolte elle-même.

    Il est de plus en plus persuadé que la disparition de Dieu ou son détournement par des esprits religieux et souillés est la raison principale de ce massacre. Il pense aujourd’hui que Dieu en nous donnant la Vie nous enferme mais en autorisant le Mal à nous poursuivre et à nous « Mal-traiter », il nous offre également les conditions de notre délivrance. Toute mère en donnant la vie connaît « la délivrance » mais pour celui qui par cet acte libérateur entame son existence, c’est le début au contraire de son emprisonnement. La Tâche suprême, dès lors, sera de trouver les clés permettant d’ouvrir la porte de la cellule et de parvenir, en pleine possession de sa conscience, à la quête de l’Esprit. Les obstacles et les multiples occasions de sombrer dans la dispersion ne sont peut-être que le moyen que Dieu a trouvé de n’offrir cette Voie Lumineuse qu’à ceux qui par leur obstination, montreront qu’ils méritent pleinement de connaître la Clarté. Seul celui qui cherche a une chance de trouver. L’évidence semble ridicule et pourtant l’humanité ne devrait jamais cesser de se la répéter. La Mort est sans doute, dans la logique de cette vision, la récompense ultime offerte à tous de quitter cet enfermement. Il fallait bien que Dieu nous laisse une issue. Il ne pouvait, humainement parlant, maintenir ainsi pour l’Eternité une sanction aussi lourde. Quant à ceux qui atteignent l’Eveil avant de parvenir à la dernière seconde fatidique de leur existence terrestre, Dieu les récompense de leur travail par l’accession à la Conscience supérieure. Les rescapés de la Mort, explorateurs des dernières frontières, ont déjà goûté à cette Illumination. Leur esprit s’est déjà dressé au seuil de la porte. Ils en sont revenus avec un goût immodéré pour la Vie. La mort n’est qu’une étape, pas une fin. Leur vie terrestre est donc libérée de toute nécessité de réalisation, de tout objectif matérialiste à atteindre, de toute inquiétude futile devant le Temps qui passe. Le Temps est leur allié, la vieillesse est leur guide. Ils savent qu’il est impossible de se perdre, que le chemin les ramènera immanquablement vers la Porte. Délivrés de toutes contraintes, ils fusionnent dès lors avec la Vie qui les enlace, entrent en communion absolue avec l’Univers, leurs semblables ou la chenille qui patiente dans son cocon de soie et rêve déjà de ses futurs envols.

    Pour ces chercheurs, la vie sur Terre n’est que le tissage de leur cocon et l’Amour qui les anime constitue la trame du fil dans lequel ils s’enroulent pour se libérer un jour.

    Le dauphin était son cocon. C’est à lui qu’il pense en cet instant. Il aimerait savoir s’il parviendra à s’extirper du corps du mammifère et à s’ébattre librement. Il espère qu’une nuit le rêve reviendra.

    L’impression inattendue, et l’idée l’affole, qu’il ne peut plus mourir, qu’il n’en est plus à ce stade. Qu’il est au-delà de cette vision du Mal. Puisque la Vie ne peut pas disparaître et que seuls les supports dont elle se sert sont provisoires, il sait que si son image s’efface, la Vie, elle, ne s’en trouvera pas menacée. C’est à travers cette Vie qu’il continuera son chemin. Il ignore simplement sous quelle forme. Il place cela en dehors de toute idée de réincarnation. Plutôt une transcendance, un champ d’énergie sans frontière spatiale ni limite temporelle. Tout est flou encore mais s’installe peu à peu, aux hasards des sensations délivrées par le monde. Mais si le Mal ne l’atteint plus il ne sait toujours que faire de la souffrance des enfants cancéreux. La répétition lancinante de cette question le taraude et réduit ses élans mystiques à des reptations méprisables, des hallucinations forcées, juste des comptines puériles pour repousser les cauchemars. Que penser des enfants cancéreux ?

    Fallait-il que Dieu aille jusque dans cette extrémité pour placer les hommes sur la Voie de la Compréhension ? Ne pouvait-il pas s’en tenir aux douleurs de l’âme ? Un effroyable doute.

    Et si ce doute participait lui aussi à l’Epreuve ? L’idée lui plaît… N’est-il pas l’ultime barrière à gravir pour accéder à la Porte ? Ne s’agit-il pas pour Dieu d’un ultime défi pour tester notre Foi ? « Que celui qui ne croît plus en Moi, parce que le destin que Je lui ai choisi lui pèse, connaisse la défaite et la fin. »

    Dieu est-il capable d’un tel acharnement ?

     

    Il ne sait pas lui-même si, dans le cas où Isabelle, un jour béni, venait à « se délivrer » de leur premier enfant, il accepterait les cris de douleur du petit être fragile et l’incompréhension au fond de ses yeux envers une maladie qui le rongerait. Inacceptable qu’un être puisse accéder à la Compréhension en veillant celui qui meurt.

    Ne perdrait-il pas la Foi ? Ne refuserait-il pas l’Epreuve ? Ne maudirait-il pas le Responsable ?

    Dans ce cas là, Dieu n’a-t-il pas présumé des forces morales de l’homme ? Mais s’il n’a pas su prévoir que la douleur serait trop épouvantable pour pouvoir être pleinement assumée par les parents qui soutiennent dans leurs bras impuissants leur petit enfant qui meurt, comment pourrait-on lui donner le nom de Dieu ? Puisqu’il s’est trompé. 

    De nouveau, parce que le doute ne le quitte jamais, il s’efforce d’établir la situation inverse.

    Si Dieu n’est rien d’autre qu’une illusion inventée par les hommes, les enfants cancéreux et tous ceux qui portent en eux des maladies incompréhensibles ne sont-ils pas tout simplement, et horriblement, les porteurs des stigmates d’une Nature créatrice qui se cherche encore ? Si Dieu n’y est pour rien, si la question même de son existence n’a pas de raison d’être et qu’on s’en tient à une Nature créée lentement par un hasard facétieux, les enfants malades et condamnés ne sont-ils pas l’ultime combat que doit livrer une humanité qui se veut libre et détachée de la Nature originelle ? L’Epreuve nous est proposée par cette Nature elle-même et nous n’avons dès lors rien d’autre à tenter que de la comprendre pour mieux la maîtriser.

    Il n’a toujours pas de réponse. Rien de définitif n’apparaît. Il se dit d’ailleurs que la réponse est peut-être là et que le doute en stimulant les recherches est à la source des progrès. Les scientifiques et les religieux, persuadés de détenir la vérité, ne doutent peut-être plus assez pour continuer à trouver. Ils se contentent d’apporter de nouvelles interprétations sur des concepts déjà éclairés refusant par là même de s’aventurer dans les zones d’ombres.

    Lui ne sait rien, c’est la seule chose dont il soit sûr.

    Avec Isabelle, il pourrait peut-être établir quelques certitudes.

    Il fait demi-tour. Il va lui téléphoner. Sa décision est prise. Il doit lui parler, se dévoiler totalement pour que l’amour soit possible. La colère de n’y être pas parvenu tout à l’heure. Dans la voiture, sous la lumière crémeuse du lampadaire, il devinait dans ses yeux un désir réel, une attente à peine contenue. Corriger l’erreur, rétablir le contact. Il est déterminé et force son pas.

    Sans s’en apercevoir, il a remonté la piste sur trois bons kilomètres. Il est une heure et demie lorsqu’il parvient au chalet. Une pelote de limaille dans la gorge. Réfréner ses élans et ses désirs de paroles jusqu’au lever du jour. Tout ce qu’il aurait pu prononcer tout à l’heure déboule dans son esprit tourmenté, toutes les explications sont claires, les mots d’amour frissonnent au bord des lèvres. La force de son désir réduit l’image de la prothèse à un détail secondaire. C’est la fusion qui l’appelle et le transcende. Il marche dans le salon, incapable de se calmer. La peur que ses idées sombrent dans l’épaisseur du sommeil et qu’au réveil, les angoisses récurrentes soient de nouveau les plus fortes. La peur de ses faiblesses quand il sent que dans l’instant présent il les domine. Il sent combien l’ascension est délicate, périlleuse, terriblement fragile. Son progrès personnel est à l’image de celui du monde. Il est sur la voie la plus audacieuse et la plus incertaine. C’est à l’élévation de son esprit que tous ses efforts s’attellent. Et dans ce domaine rien n’est jamais assuré et rien n’est jamais acquis. Il est bien plus facile et tentant d’abandonner. L’humanité n’a cessé de le faire. De nouveau, il voit le Progrès comme une route infiniment large empruntée elle-même par des progrès multiples. Les progrès de la médecine et de la technologie représentent les constituants les plus en vue, une bonne partie de l’humanité s’efforçant à tout prix de se voir attribuer les bienfaits de la première pour profiter des dernières trouvailles de la deuxième, réduisant les existences à de frénétiques possessions et rejetant la quête spirituelle dans les tréfonds de l’ésotérisme ou pire encore dans les mains des églises et des sectes. Il aimerait savoir ce que serait devenue la connaissance spirituelle si les hommes avaient employé autant d’énergie dans ce domaine que dans les deux progrès précédents. Serions-nous capables, par exemple, d’annihiler la douleur ou tout du moins de la dominer par la seule force de notre esprit ? Aurions-nous trouvé Dieu ? Le Dieu réel, pas l’entité ridiculement rétrécie à l’image de l’homme que les religions vénèrent. Pensant cela, une chaleur étrange parcourt son corps, des frissons jamais perçus vibrent dans son crâne.  

    Et c’est là que l’idée prend forme. Ne sommes-nous pas tous constitués de Dieu ? Ne s’est-il pas fragmenté pour concevoir la Vie et élaborer toutes les formes qui l’honorent ? Il sait bien qu’il n’est pas Dieu mais Dieu est peut-être en lui comme il est peut-être en Isabelle. Et la prothèse, dans ce cas, n’est jamais qu’une mécanique astucieuse permettant que la Vie de Dieu en lui fusionne avec la Vie de Dieu en Isabelle. N’est-ce pas cela l’extase amoureuse ? La réunification des fragments de Dieu dans un couple. Mais ne peut-on pas connaître cette extase avec toutes les formes de Vie que Dieu a lancées de par le Monde ? La tête lui tourne en imaginant l’intensité du bonheur que produirait cette communion ineffable quand il pense déjà à la force de l’extase déclenchée par l’amour humain. N’est-ce pas là que se trouve le Paradis Perdu ? Ou peut-être même le sens de toute une vie ? Dans cette capacité à reconstituer le corps de Dieu en aimant la totalité des fragments dans lesquels Il se cache. De la fourmi à la baleine bleue sans oublier les végétaux et peut-être même, mais la tâche lui paraît immense, tous les êtres humains.

    Mais dans cette vision du Bonheur ultime, qu’en est-il encore une fois des enfants cancéreux ? Et de tous ceux qui portent en eux des maladies incurables ? Se peut-il que Dieu ne soit pas parvenu à les investir pleinement et que dès lors, la Vie se dérègle ? Dieu est-il parfois dépassé par l’ampleur de sa tâche ? Et si c’est le cas, n’avons-nous pas comme devoir absolu de l’aider à rectifier le travail en le soutenant par notre Foi ? N’ont-ils pas guéri, parfois, ceux qui sont parvenus à trouver Dieu en eux, à le reconstruire peut-être, à terminer le travail, aidés certainement par les maîtres du progrès médical ? Mais Hitler ou Staline, et tous les adeptes du génocide, que font-ils là ? Comment est-il possible qu’ils soient parvenus à enfouir Dieu en eux aussi profondément ? La folie peut-elle les excuser ? Mais cette folie, pourquoi aurait-elle échappée au contrôle de Dieu ? Est-ce encore l’ampleur de la tâche qui peut justifier cela ?

    Les interrogations comme des bourrasques. Un tourbillon qui refuse de s’apaiser. Il se dit que le seul livre qu’il pourrait écrire sur Dieu serait un livre de questions ne comportant aucune réponse.

    Plutôt que de demander pardon à Dieu pour nos incroyances passagères, ne devrions-nous pas pardonner à Dieu pour son incomplétude coupable ? Et si nos propres faiblesses n’étaient dès lors que le reflet de celles de Dieu ? S’il nous a fait à son image, ne portons-nous pas les traces enfouies de ses erreurs, ne réussissent-elles pas quelquefois à remonter à la surface, attirées peut-être par des fissures dans la carapace. Et si nous cessions de voir en Dieu un Etre parfait et que nous acceptions de le regarder comme un artisan sublime connaissant malheureusement quelques fatigues bien normales.

    Pour ceux qui souffrent des conséquences des épuisements ponctuels de Dieu, l’ensemble des êtres humains ne devraient-ils pas faire preuve d’humanité pour pallier les déficiences de la divinité ? Dans cette attitude solidaire, affectueuse, attentive, certains hommes et certaines femmes dévoués au-delà du commun n’ont-ils pas déjà trouvé un aboutissement extraordinaire à leur existence ? Et certains malades ne sont-ils pas revenus de ce séjour dans les tourments de Dieu avec une sérénité et une lucidité exemplaires ? Ne devrions-nous pas apprendre à être malades ? N’y aurait-il pas dans cette attitude profondément réfléchie et sensible une voie d’accès à Dieu ?

    Le Mal sur Terre et le combat des hommes contre les forces multiples qu’il déploie ne sont-ils pas simplement, et terriblement, la confession à nos oreilles des péchés d’orgueil de Dieu, de ses insuffisances, de ses égarements ? A-t-il cru pouvoir s’en sortir seul malgré le gigantisme de sa Création ? Ou bien s’agit-il de sa part d’une manœuvre volontaire ? A-t-il voulu, en plaçant quelques brèches dans la perfection de son œuvre, obliger les hommes à se lancer toujours plus en avant, vers une maîtrise totale de leurs existences ? A-t-il voulu par là nous montrer la voie de la délivrance ? Que serions-nous devenus si nous avions été affublés d’une éternité pesante et d’une félicité béate ? Nous n’aurions sans doute jamais cherché Dieu puisque nous nous serions crû son égal. C’est notre fragilité qui nous pousse à grandir et c’est  pour cela que nous devrions en premier lieu remercier Dieu.

    Brutalement, il s’aperçoit qu’il ne parvient pas, pour la première fois, à établir la réflexion inverse et que l’idée d’un Dieu inexistant ne trouve pas sa place dans sa tête. Car si Dieu n’existe pas, qu’en est-il de lui-même ?

    Est-ce Dieu l’illusion ou nous-mêmes ? Sommes-nous simplement des formes agitées sur l’écran noir de l’Univers, créatures vides qu’un laborantin génial manipule ? Ces milliards d’êtres humains et ces milliards de milliards de moustiques et ces milliards de milliards de milliards de brins d’herbe ne sont-ils que les porteurs de Vie que Dieu imagine, des illusions d’optiques remarquablement constituées et pourquoi pas tout simplement les multiples versions d’un rêve divin ? Et si le Créateur venait à disparaître, le tour de magie disparaîtrait-il avec lui ? Et si le Créateur venait à être réveillé, inquiété par la tournure prise par ses propres rêves, dans quel Inconscient pharamineux serions-nous engloutis ?

    Il lui est désormais effroyable de croire qu’il est né d’un hasard et que toute la Vie qui l’entoure n’est qu’un assemblage laborieux qui a connu durant des milliards d’années des ratages monstrueux. Il lui semble plus doux d’imaginer que dans son être, éphémère et dérisoire pour l’Univers, un Etre supérieur se cache, qu’une volonté puissante a conçu cette image, lui a insufflé un élan, l’a jeté en avant.

    Et que maintenant, Il l’observe.

    Car si la totalité de son être fonctionne, bien qu’une partie lui ait été enlevée, et qu’il comprenne plus ou moins bien les mécanismes qui maintiennent la cohésion de l’ensemble, il ne parvient pas à comprendre comment chaque cellule sait pertinemment à quoi elle doit servir. A aucun moment de son existence, il n’existe par sa volonté. Tout se fait sans qu’il intervienne. Il peut tenter de maintenir le ciment, de ne pas perturber l’ordre établi mais il n’est en rien responsable des battements de son cœur, des milliards de pensées de son cerveau et de l’extraordinaire complexité de son corps. L’organisation de tout cela dépasse l’entendement humain car encore une fois les « comment » déjà expliqués ne suffisent pas à éclairer l’essentiel. Comment tout cela est-il possible ? Non pas le fonctionnement mais l’idée elle-même ? Est-ce qu’il est acceptable et suffisant pour calmer l’inquiétude d’affirmer que le Hasard est le maître, la sélection naturelle une évidence, l’évolution des espèces une règle intangible ?

    Lui n’est toujours sûr de rien.

    Il se sert un verre d’eau fraîche.

    Un désagréable sentiment de prétention égocentrique. L’impression d’un abandon narcissique. Il tente de faire machine arrière et de déceler l’instant où sa réflexion lui a échappé. Il en est persuadé en cet instant, les images étaient trop belles, elles le valorisaient, faisaient de lui une création planifiée, une intention parfaite. Il a basculé dans une mystique aveugle. Tout du moins, il le craint.

    Il en vient finalement à douter de tout ce qui s’est dit dans sa tête et l’expression correspond pleinement aux sensations étranges, presque désagréables, qui lui restent.

    « Tout » s’est dit.

    Et cela l’effraie. Quel est donc ce « Tout » qui s’est imposé avec une telle efficacité ? Les délicieuses bouffées de chaleur qui suintaient de tous ces pores et l’enivraient. Une parfaite sensation de la paix extraordinaire qu’il a connue, un bref instant, quelques secondes. Tout est là. Juste une illusion ? Tourbillon.

    Ne sommes-nous pas tous constitués de Dieu ? C’est à cette question que tout s’est produit, que cette paix indescriptible l’a saisi, que les angoisses sont toutes tombées dans le néant, que la délivrance a pris forme. La délivrance… Il s’est déjà approché de cette paix. Il était dans le ventre du dauphin. Il baignait dans un océan d’amour. Mais son incapacité à comprendre l’avait condamné à ne pas naître, à ne pas goûter à la délivrance.

    Les larmes. 

    Qui est là ?

    Qui frappe ainsi à la porte fermée de notre conscience ?

    Comment l’appeler ? Le Grand Architecte, l’Esprit, l’Un, le Tout ?

    Dieu ?

    Si ce nom doit être gardé, il faut faire l’effort, immense et constant, d’oublier toutes les distorsions millénaires instaurées par quelques hommes pour soumettre les autres, d’effacer toutes les paroles mensongères, de détruire les églises, les crucifix, les autels et toutes les croix immondes qui ne sont que des murailles où les âmes aveugles viennent buter leur front soumis et désespéré et non des chemins qui élèvent. Le travail est titanesque, si énorme qu’on pourrait le croire réservé à un Dieu. Comprendre. La soif qui le brûle doit être étanchée, les horizons qu’il aperçoit doivent être parcourus, il ne peut plus en être autrement, une mission essentielle, une démarche aussi nécessaire que sa propre respiration.

    Il s’agit de naître. Il n’y a pas de tâche plus vitale.

     

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  • "...des réflexions trop exigentes..."

    Pour reprendre la raison principale du refus des éditeurs...

    "Plénitude de l'unité"

    Extraits :

    "L’idée jaillit à la sortie d’un sous-bois. La Nature est le temple offert à l’homme pour se lancer dans la Voie. Mais l’homme, sans aucune reconnaissance, gonflé par ses prétentions, s’est extirpé de cette Nature impassible. La science affirme sans cesse qu’en expliquant les « comment », elle maîtrise les « pourquoi. » Ce n’est qu’une illusion. L’accumulation et la complexité des « comment » déjà identifiés par l’humanité ne lui a pas permis d’élaborer clairement la moindre explication originelle à tout cela. Nous sommes capables de comprendre les structures les plus diverses mais nous ne sommes pas pour autant capables d’expliquer, fondamentalement, l’existence de cette structure. Nous connaissons l’architecture du temple, ses contours, ses piliers, ses sculptures les plus abouties mais nous ne pouvons rien dire sur l’âme de l’architecte. En cherchant à expliquer cette architecture, nous avons oublié de l’aimer, en voulant imposer notre esprit nous avons délaissé l’Esprit. Notre égocentrisme a étouffé notre compassion et la nécessité absolue de contemplation. Seuls, les peuples appelés « primitifs » continuent d’adorer cet Esprit. C’est une des raisons profondes de notre volonté à les faire disparaître. Ils sont trop en opposition avec notre soif de puissance pour leur laisser la liberté de vivre différemment. Ils représentent tout ce que nous avons perdu et les éliminer favorisera la disparition de toute mémoire, l’anéantissement de la nostalgie. Il s’agit avant tout d’un problème spirituel, une certaine forme insidieuse de la mondialisation.

     

    Dieu. Il a toujours autant de mal à se dégager des images imposées par la religion. Il ne pense pas à ce Dieu là. Celui qu’il ressent, il n’en a aucune représentation. Il s’agit bel et bien d’un Esprit et de rien d’autre. Et il n’a aucunement besoin d’un Jésus ni de ses apôtres, ni de toutes ces pratiques dogmatiques et étroites.

    La Vie est son prophète.

    La Terre est son église.

    Les deux sont unis par l’Esprit.

    Il ne comprendrait pas qu’un scientifique puisse exécuter son travail sans être frappé par la Foi. La Foi en la Vie. Non une Foi religieuse mais une Foi tournée vers l’Univers. Quel est donc le secret caché ? Et comment comprendre l’Architecte ? Qu’il soit  pur Esprit ou inconnaissable Energie ou les deux à la fois, quel que soit le nom qu’on lui donne, comment pourrait-on étudier tout cela sans succomber à l’Amour.

    Il s’efforce sitôt achevée cette projection verticale d’en instaurer l’opposé.

    Si l’Univers n’avait finalement aucun objectif, qu’il n’était qu’une succession anarchique d’informations ayant extraordinairement, et non « miraculeusement », aboutie à une organisation viable, si tout n’était qu’un formidable hasard, si toute l’évolution n’était   qu’un sursis à chaque instant maintenu, fragile équilibre, qu’une information malencontreusement insérée dans l’ensemble pourrait dérégler, alors nous ne serions également qu’un amalgame judicieusement assemblé à travers des millénaires de hasards, sous la menace permanente d’un grain de sable qui perturberait l’ensemble et entraînerait une évolution gigantesque ou peut-être notre disparition totale, ce qui à l’échelle de l’Univers, ne serait d’ailleurs qu’un infime changement. Ajouté à ce hasard dans lequel Dieu n’a aucune place, la Vie, si elle est considérée sous l’angle de la chair, n’est qu’une effroyable boucherie et cette abomination rejette avec encore plus de forces l’idée même d’un Créateur. Tuer pour vivre, telle est la règle. Tout, absolument tout, se transforme et évolue à partir d’autre chose. Tout est nourriture. Celui qui dévore sera un jour dévoré et chaque jour qui passe sur cette Terre voit se dérouler un épouvantable massacre dont il vaut mieux sans doute ne pas prendre conscience. L’incommensurable multitude de proies saisies à chaque seconde, ces chairs dépecées, ces ventres déchiquetés, ces herbes tendres broyées par des molaires d’herbivores et mâchées et remâchées dans l’ignorance du cri des herbes, ces êtres animés qui sitôt sortis du ventre maternel ou de l’œuf, pétrifiés par l’accession brutale à ce monde inconnu, vont périr déchirés par les dents acérées des prédateurs affamés qui veulent « naturellement » calmer les douleurs de leur ventre. La vie dans les océans est un condensé de ce monumental carnage. Les nuages d’œufs pondus, ces masses incroyables de vies larvaires, ces milliards d’alevins frétillants ne sont que les proies d’animaux plus grands et seuls quelques individus chanceux ou plus vifs survivront, permettant à chaque fois à l’espèce concernée de se sauver et de se reproduire, déclenchant aussitôt une nouvelle curée. Et tous les prédateurs qui se sont nourris de ces embryons et de ces diverses victimes n’ayant goûté à la vie qu’une poignée d’heures, seront à leur tour, alors qu’ils n’ont pas encore digéré leur festin, la proie d’autres animaux affamés, qui à peine rassasiés, serviront de pâture aux suivants, tout aussi voraces, impitoyables, indifférents. Tout se résume ainsi à un infiniment petit englouti par un infiniment moyen englouti par un infiniment énorme et tout cela massacré dans le même instant par l’homme, l’infiniment tueur. Car cet étripage constant mais naturel n’est sans doute qu’une fioriture si on le compare à ce que l’homme a commis, commet et commettra. Les millions de tonnes de poissons entassés et étouffés dans les filets dérivants et toutes les espèces « inutiles » rejetées aussitôt par-dessus bord sont avant tout des êtres frétillants de vie, et les monceaux de viande dépecés dans des abattoirs ruisselants de coulées sanglantes, ces agneaux, ces poulets, ces porcins hurlants sont des êtres vivants qui vomissent leur terreur.

    Que dire des régiments d’enfants décimés dans les guerres, parfois en premières lignes, poussés par leurs pères, leurs viscères coulants dans leurs mains impuissantes, leurs jambes arrachées sur des mines anti-personnelles, leurs yeux crevés par des éclats d’obus, et les mères enceintes violées par des armées de monstres avant d’être éventrées et les bébés vivants cuits dans des marmites d’eaux bouillantes, les sexes coupés qu’on enfonce dans les bouches des prisonniers avant la dernière balle, les pendus qu’on lacère pour accompagner leurs derniers instants des rires ignobles des bourreaux qui se déchaînent, les blessés imbibés d’essence et autour desquels les tueurs dansent au rythme des flammes et des hurlements de ceux qui brûlent, il sait tout cela, il en a lu tout ce qu’il est possible de supporter. Le reste n’a jamais été écrit. Les lecteurs vomiraient sur les pages.

    Si, sur cette Terre ensanglantée, chaque être vivant qui meurt poussait un cri puissant à l’instant où il succombe, qu’il soit animal, végétal ou humain, ce monde ne serait qu’un atroce hurlement indéfiniment prolongé et nous mutilerions certainement nos oreilles, préférant être sourds. Ce monde, sous l’angle de la chair, n’est que souffrance et notre naissance est le symbole même de ce piédestal sur lequel tout se bâtit car c’est notre mère qui souffre, parfois pendant des heures, pour nous donner vie.

     

    Il s’arrête et sort le thermos de thé. Un gobelet. Les yeux fixés sur les mondes intérieurs.

     

    Un hasard pourrait expliquer une évolution aussi monstrueuse mais un Dieu ? Se peut-il qu’un Etre créateur instaure volontairement une telle forme de Vie ? Et peut-on dès lors la qualifier de supérieure ? La supériorité par la mort. Voilà donc apparue la putain du Maître. Toujours prête à se donner, à s’ouvrir, indécente, à tout ce qui passe à sa portée. Faire mourir pour vivre, il n’y pas d’autre issue. Et la douleur, comme un soldat fidèle et attentif aux ordres de son Maître, insensible aux cris de pitié, viendrait ajouter à ce goût du massacre l’insupportable plongée dans les délires de l’âme humaine lorsque plus rien ne la maintient à flot et qu’elle s’abandonne à la répugnante délectation du sang. Et Dieu se cacherait là-dedans ? Difficile à admettre.

     

    Le sac sur les épaules, reprendre les bâtons, relancer la mécanique des pas.

     

    Il reste une dernière solution à laquelle la main mise inconsciente des religions lui avait interdit de penser. Se pourrait-il que Dieu soit un être fondamentalement mauvais qui s’amuse à nos dépends ? Se pourrait-il que cette nature que nous adorons ne soit qu’un terrain de jeu pour un Esprit pervers ? Que la beauté du décor ne soit destinée qu’à apaiser les douleurs que le Maître du jeu s’amuse à infliger à la troupe d’acteurs ? Se pourrait-il que la complexité de l’être humain, son évolution lente et obstinée ne soit pas un progrès mais une déchéance, l’éloignement sans fin du point d’équilibre ? Croyant courir après le bonheur, l’humanité, engagée dans une fausse direction, ne serait-elle pas finalement en train de le perdre de vue, de laisser disparaître dans les horizons lointains, dans une Histoire antédiluvienne, la Vie simple et belle, immuable, sans désirs de conquêtes, juste installée dans la contemplation du lever du soleil ? Dieu n’aurait-il pas choisi de laisser en paix les créatures les plus simples, de l’amibe au ver de terre en passant par la baleine bleue et de condamner l’espèce humaine à l’angoisse du néant, l’obligeant à s’épuiser dans une quête matérialiste totalement stupide mais qui l’amuse au plus haut point ?

     

    Ne serions-nous pas ses victimes préférées ?

     

    Il débouche au sommet de la pente de neige qu’il avait aperçue la fois précédente. Le col au pied de l’arête des Grands Moulins se dessine devant lui à une heure de marche.

    Un thé chaud. En effectuant un tour d’horizon, il devine le col de Claran sous la montagne opposée. Il se retourne et inspecte la pointe du Rognier qui pourrait servir de prochain objectif. Entre les deux sommets, en contrebas, un vaste plateau à l’architecture complexe, coule en pente douce vers les forêts. Il prend la carte et étudie les différents sentiers. Au milieu du plateau, un petit point indique la présence d’un lac. Le lac vert.

    La jeune fille. Comme il serait bon, au printemps, de monter avec elle vers les eaux claires.

    Elle est là, en lui, et il aimerait tant qu’elle soit également à ses côtés.

     

    Il range la gourde et s’empresse de reprendre sa progression.

    Retrouver le fil des pensées.

     

    La science et la théologie n’auraient jamais dû se dissocier. Même s’il semble qu’il existe un abîme entre la démarche scientifique, fondée sur des expériences rigoureusement prouvées, et la démarche théologique, construite sur une hypothèse injustifiable, elles contenaient peut-être, l’une et l’autre solidaires, respectueuses et attentives, les réponses essentielles. Séparées, elles n’ont aucune chance de parvenir, à travers les millénaires, qu’à l’accroissement de leur égarement respectif, qu’elles continueront fièrement, chacune, à nommer progrès. De multiples progrès, c’est certain. Pour la médecine notamment. Mais pour la compréhension de l’Esprit, il n’en sera rien.

    Et l’ensemble de la masse, abandonnée par les chercheurs et les mystiques, qui auraient pu faire office de guides spirituels, continuera à errer dans les affres de cette angoisse existentielle, toujours fiévreusement étouffée, et avec une imagination fertile, sous les artifices de la modernité.

    Une pénible nausée. Un tel gâchis.

    L’échéance de sa réintégration dans le monde humain l’effraie de plus en plus. Comment réussira-t-il à préserver l’incandescence de ses pensées dans le marasme des jours quotidiens ? Jamais, auparavant, il n’était parvenu aussi loin. Il ne sait si toutes ces idées ont un sens réel mais elles correspondent à la réalité que, lui, il cherche.

    Se disant cela, il comprend combien il est facile de basculer dans l’élaboration d’une religion. Il ne sait si ses théories ont une logique scientifique ou si la foi, uniquement, les guide mais il serait prêt à les considérer définitivement acceptables et même peut-être transmissibles. Concevant cela, il s’aperçoit de son orgueil et donc de son appartenance à l’humanité et à ses travers. L’idée lui déplaît fortement mais étrangement elle le convainc qu’il n’a aucune raison de devoir lutter contre les sentiments amoureux. Il s’agit sans doute du même ordre de choses, d’une autre faiblesse. Il n’est qu’un humain.

    Et c’est bien peu.

    Dieu ne lui est pas accessible. Le Hasard non plus. L’Architecte, quel qu’il soit, n’est pas identifiable. Ni même la Vérité. Pas pour l’espèce humaine, en tout cas.

    Il se demande si les animaux n’éprouvent pas davantage la réalité de la Vie que nous. N’ont-ils pas su préserver le Contact ?

    L’ultime Compréhension.

    Mais alors pourquoi pas nous ? De quoi avons-nous été punis ? Et s’agit-il d’ailleurs d’une punition ou d’une mission à accomplir ? Dieu nous aurait-il envoyé une épreuve afin de juger de l’intérêt de cette espèce particulière ? Si c’est bien le cas, le Créateur doit être effroyablement déçu. Dès lors, cette désillusion consommée, se peut-il qu’il soit parti voir ailleurs, désespéré et n’ayant plus aucune attente ? 

    Si Dieu est parti, nous errons dans le Temps à la merci de notre folie qui est sans borne ou du Hasard qui a repris la place laissée vacante.

    Et si Dieu est toujours présent et que la mission qu’il nous a envoyée est bien réelle, la tâche à accomplir est d’autant plus immense que nous avons perdu l’objectif de vue, que dans la cacophonie de nos agitations frénétiques, nous n’entendons plus rien. Il n’est dès lors  pas certain que l’humanité soit engagée dans la bonne direction et le progrès qu’elle vénère n’est peut-être en réalité que l’approche de la fange. Si dès lors nous nous éloignons de l’objectif que Dieu nous avait assigné, combien de temps nous faudra-t-il pour nous en apercevoir, expliquer, convaincre la masse non pensante et enfin changer de cap ?

    Peut-être s’agit-il d’ailleurs d’une lutte impossible, que le mal est déjà trop ancré dans chacune des cellules qui animent chacun des individus. Que nous tombons en refusant de le comprendre entraînés par la masse colossale de l’humanité. Nous nous sommes arrachés du corps de la nature et nous dégringolons emportés par notre orgueil et notre obstination à ne rien voir.

    Les églises, quels que soient leurs noms, ne peuvent plus aider les hommes. Elles ont perdu l’essence même de la Vérité. Elles ne sont plus des temples où Dieu se présente mais des maisons closes où elles ont souillé Dieu, répandant sur la Beauté du mystère leur fiel prétentieux comme une semence assassine. Toutes les règles religieuses sont essentiellement destinées à créer un ciment, à établir une morale commune et donc à contenir les libertés individuelles, à les soumettre, à les anéantir. Les églises ne favorisent en rien la quête de Dieu. Elles l’ont limitée, lui donnant une direction unique, toujours imposée aux incroyants. On connaît les massacres, passés, présents et certainement futurs, perpétrés au nom de Dieu. Il déteste les églises. Dieu, s’il existe, ne peut pas être en dehors de sa Création. Il est dans le brin d’herbe et l’eau des ruisseaux, le vol agité du papillon et les yeux verts de la jeune fille de ses pensées. Que viennent faire les églises dans ce monde sinon le salir et retirer l’homme du temple divin de la Nature ?

     

    Il marche, en lui, sur des pentes inconnues qu’il avait toujours côtoyées sans jamais les parcourir.

    Il aimerait mêler à cette avancée étrange la jeune fille de la bibliothèque. Son bonheur alors serait entier.

     

    Il est au pied de l’arête terminale des Grands Moulins. La ligne d’ascension n’est pas clairement visible. C’est un enchevêtrement de piliers ruiniformes et de couloirs enneigés, de blocs instables et de pentes lisses sur lesquelles la neige, pour l’instant, s’accroche. Deux ou trois heures, selon les détours nécessaires, lui semblent indispensables pour atteindre le sommet.

    Ne pas monter seul. Une emboîture qui lâche et c’est la catastrophe. Personne ne sait où il est. Des heures de descente. Il sort du sac la paire de jumelles. Il inspecte minutieusement chaque zone et dessine une ligne possible dans les successions chaotiques d’arêtes brisées. La neige est un allié indéniable. Elle maintient les pierres instables et permet de remonter sans risque les zones terreuses qu’elle tapisse. Il ne doit pas attendre la fonte de printemps. La boue sous les pieds est un danger permanent. L’objectif devant lui est à la mesure de ses progrès et de ses élans. C’est là qu’il doit éprouver ses forces revenues, la maîtrise de ses pas.

    Il fait demi-tour. C’est la guerre qu’il veut gagner et non seulement une bataille. Il n’est pas en situation de monter au front.

     

    La jeune fille de la bibliothèque. Il a suffi qu’il redescende vers la vallée pour qu’elle s’invite dans ses pensées.

    Il retrouve la voiture sans avoir cessé de penser à elle. Il saisit combien la lumière qu’elle diffuse dans son âme peut entraver ses recherches, que l’intensité de l’éclat peut l’aveugler et estomper tout le reste. Pour l’instant, il imagine la jeune fille face à lui mais dès lors ce n’est pas de l’amour, juste un éblouissement. Tant qu’il ne lui déclarera pas sa flamme, il ne verra rien d’autre que le feu de ses prunelles et ne parviendra pas à marcher à ses côtés. Pour avancer dans une direction commune, il faut fusionner et cesser de s’éclairer l’un l’autre. Il voudrait le lui dire, là, immédiatement. Il imagine la blancheur devant eux, l’extrême limpidité des horizons s’ils parvenaient, ensemble, à progresser vers le haut.

    Il roule et ne peut arrêter le flot d’idées qui dévale.

    Ces deux âmes confondues dans la même brillance, il les voit comme la communion parfaite, celle que l’être humain et la Terre ont autrefois connue. L’être humain et l’Univers, se corrige-t-il. L’amour entre individus, lorsqu’il est à l’échelle de la fusion des âmes, est une empreinte du paradis perdu. Tout le bonheur est là, toute la paix s’y cache. Rien n’est plus profond et plus révélateur que cet amour sublime. Le chant de l’oiseau parlait de cet amour. Et de communion avec le lever du jour. Le mode de conscience dualiste, aussi longtemps qu’il dominera le monde, maintiendra le gaspillage des ressources, l’emploi irraisonné des techniques, la destruction des environnements, l’intoxication des âmes. Chaque nouvelle loi, chaque direction économique, sera toujours prisonnière de ce champ de pensées étroit et néfaste, totalement opposé à l’idée que l’individu est une partie intégrante de la Nature, qu’il ne peut porter atteinte à un élément de la Vie, aussi infime soit-il, sans se détruire lui-même. Il sait que s’il portait atteinte à la jeune fille de la bibliothèque, il anéantirait l’amour, et lui-même, et sans doute un peu l’Univers.

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  • Scott Peck, (blog "Chez Tom")

    Le chemin le moins fréquenté

    Livre de Scott PECK - Genre : Psychologie

    http://www.cheztom.com/rencontres-le-chemin-le-moins-frequente-scott-peck-article66.html

    C’est dans ce livre que j’ai puisé ma définition de l’amour, je vous le recommande donc mais avec du recul pour la dernière partie de l’ouvrage. sentier

    L’auteur est psy et alimente son essai de nombreux exemples qui rendent la lecture très vivante. Je suis plutôt d’accord avec lui sur ce que doit être une relation entre un psychothérapeute et son patient, sur le degré d’implication que suppose une telle thérapie. Il témoigne également du nombre de patients qui préfèrent reculer devant les remises en causes familiales, matérielles, affectives... que supposent un vrai questionnement.

    A toute personne qui souhaiterait engager une thérapie, je propose ces deux citations :

     

    "Ce que tu ne peux pas donner te possèdes"

     

     

    "Il faut du courage pour être heureux"

     

    Je vous soumets enfin, avec son aimable autorisation, la synthèse du livre réalisée par le Docteur Patrice EON :

     

    L’ouvrage de Scott Peck a été écrit en 1978, l’auteur est un psychiatre américain à orientation analytique qui ne fait aucune distinction entre le spirituel et le mental donc aucune distinction entre évoluer spirituellement et évoluer mentalement, pour lui c’est la même chose. Il pense que l’évolution personnelle implique un travail complexe et ardu qui dure toute la vie et considère que la psychothérapie peut être une aide substantielle mais qu’elle n’est pas fondamentale. Il se situe hors tout courant dogmatique, ne se déclare ni Freudien, ni Jungien, ni Adlérien et défend la pluralité des voix vers l’évolution spirituelle.

     

    La première partie de son ouvrage est consacrée à la discipline.
    Il considère celle-ci comme un outil de base dont nous disposons pour apprendre à affronter les problèmes et à les résoudre avec succès pour s’enrichir et évoluer. C’est grâce à la discipline que l’homme peut se confronter à ses problèmes et à leurs résolutions et grâce aux difficultés de la vie que nous évoluons mentalement et spirituellement. Les gens sages savent, non seulement, ne pas avoir peur de leurs problèmes, mais les acceptent de bon cœur avec la souffrance qu’ils impliquent.

    Pour lui, la plupart des hommes ont tendances à contourner les difficultés de la vie plutôt qu’à faire face ; il considère avec Jung que la névrose est toujours un succédané d’une souffrance légitime.

    L’objectif de Scott Peck est donc d’élaborer une façon d’aborder la douleur de manière constructive. Il fait pour cela appel à quatre techniques de discipline : retarder la satisfaction, accepter la responsabilité, se consacrer à la vérité, et trouver l’équilibre. Nous reviendrons sur chacun de ces points pour les développer.

    Il considère que la plupart des gens sont incapables de retarder une satisfaction, en quelque sorte, ils veulent tout et tout de suite ; seul, une minorité est capable de différer la satisfaction d’un désir ce qui serait le témoignage d’une certaine maturité. Il en fait le commencement d’une autodiscipline. Pour que les enfants puissent développer cette capacité à retarder la satisfaction, il est nécessaire qu’ils aient des modèles d’autodiscipline : un sens de leur propre valeur, une confiance en la sécurité de leur existence. Ces trésors sont acquis grâce à l’amour authentique profond et discipliné offerts par les parents ; Scott Peck pense également que la plupart les hommes ont tendance à différer l’approche de leurs problèmes dans l’espoir que ceux-ci disparaissent d’eux-mêmes ; hors bien évidemment, les problèmes ne disparaissent pas, on doit les affronter sinon ils demeurent, restent toujours une barrière pour l’évolution et le développement de l’esprit. Il nous invite donc à choisir de souffrir maintenant en espérant que la satisfaction viendra plus tard, plutôt que de continuer à profiter de la satisfaction présente en espérant que la souffrance future ne sera pas nécessaire.

    La deuxième technique, concernant la maîtrise de la souffrance, consiste à accepter la responsabilité. IL faut en effet accepter d’endosser la responsabilité d’un problème avant de pouvoir le résoudre. Pour Scott Peck, beaucoup essaie d’éviter la douleur en en projetant la cause sur leur entourage, se débarrassant de la responsabilité de la résolution de celui-ci sur les autres. Il considère que les névrosés assument trop de responsabilité alors que les gens qui souffrent de troubles du caractère n’en assument pas suffisamment ; Il insiste sur le fait qu’il est plus facile de travailler en psychothérapie avec des névrosés qui s’estiment coupables qu’avec des personnes souffrant de troubles du caractère qui ne se sentent pas responsables de leur situation.

    La troisième technique de discipline, c’est le culte de la vérité. Pour lui, la vérité c’est la réalité et notre façon d’appréhender la réalité est subjective ; notre vision du monde est comme une carte sur laquelle nous pouvons déterminer les territoires de notre vie. Nous ne naissons pas avec une carte, il nous faut la dessiner ; ce n’est pas une chose facile et plus nous persistons dans nos efforts pour percevoir la réalité, plus notre carte devient étendue et précise. Scott Peck insiste ensuite sur la nécessité de redessiner cette carte en fonction des circonstances de la vie. Lorsque l’on s’est longuement, courageusement évertué à dessiner une carte adéquate qui paraît utilisable et qu’on est confronté à de nouvelles informations qui l’invalide, on s’aperçoit alors qu’il faut la recommencer. L’effort est douloureux, il peut être accablant et effrayant. Nous dépensons donc souvent beaucoup plus d’énergie à défendre une carte périmée qu’il ne nous en aurait fallu pour la réviser. Il fait ensuite un parallèle entre la situation de transfert et l’image d’une carte périmée. Pour lui, le transfert est un ensemble de perception, une approche du Monde et un comportement développé pendant l ’enfance qui est transféré dans l’âge adulte où il n’est plus utilisable. Il insiste sur le fait qu’il est très difficile de se défaire d’un comportement qui a été efficace. Il pense en effet qu’un trouble névrotique est bien souvent un anachronisme. C’est la reproduction dans le présent de comportements infantiles qui étaient adéquats lorsqu’ils ont été mis en place pour la première fois, qui se sont répétés de façon itérative tout au long de la vie sans jamais être remis en question. Ainsi donc, consacrer sa vie à la vérité consiste en une remise en question permanente et rigoureuse. Consacrer sa vie à la vérité, c’est accepter de la remettre en question ; la seule manière d’être certain que notre carte de la réalité est bonne est de l’exposer à la critique et au défit des autres cartographes. L’entreprise de la psychothérapie est une remise en question délibérée de ses vérités de l’enfance. Scott Peck considère que les patients en thérapie sont, contrairement à l’image stéréotypée, des gens plus forts et plus sains que la moyenne dans la mesure justement où ils acceptent de remettre en question leurs vérités infantiles. Scott Peck considère la psychothérapie comme un raccourci légitime et souvent négligé vers l’évolution spirituelle.

    L’équilibre est la quatrième technique de discipline.

    L’équilibre est la discipline qui nous donne la souplesse ; une part importante du travail en psychothérapie consiste à aider les patients à rendre leur système de réponse plus souple c’est à dire à trouver le délicat équilibre entre les courants conflictuels tels que les besoins, les buts, les devoirs, les responsabilités, les ordres, etc.... et l’essence de cette discipline d’équilibre est le renoncement. Pour qu’une thérapie soit réussie, il faut pouvoir abandonner une partie de son ancien moi. Pour Scott Peck, la dépression est le sentiment qui est associé au processus de renoncement à quelque chose à aimer. Pour lui, les humains, mentalement sains, doivent évoluer. L’abandon de l’ancien moi fait partie intégrante de l’évolution spirituelle et mentale. La dépression est un phénomène normal et fondamentalement simple. La dépression indique dans ce cas de figure, l’imminence de changement majeur obligatoire pour une adaptation réussie et évolutive. C’est en renonçant à leur moi que les humains peuvent trouver dans la vie la joie la plus durable, la plus solide, et la plus extatique ; c’est la mort qui donne à la vie tout son sens. Le processus de renoncement au moi est pour la plupart une progression dans laquelle on s ’achemine par étape.

    Scott Peck pose ensuite la question de savoir s’il n’est jamais possible dans cette vie de se libérer de la douleur émotionnelle. Il répond de façon nuancée, oui parce qu’une fois la souffrance complètement acceptée, elle cesse en quelque sorte d’être douloureuse, oui parce qu’une pratique sans cesse augmentée de la discipline amène à la connaissance approfondie qu’une personne spirituellement évoluée domine la situation dans le sens qu’un adulte domine un enfant. Mais il répond également, non parce qu’il y a un grand manque d’efficacité dans le monde, un vide qui doit être combler. Scott Peck pense qu’une façon, peut être la meilleure, de mesurer la grandeur de quelqu’un c’est de mesurer sa capacité à souffrir et il nous prévient que si notre but est d’éviter la douleur et d’échapper à la souffrance, il ne nous ne conseille pas de chercher à nous élever dans la conscience et à évoluer spirituellement.

    J’insisterai sur le point suivant, Scott Peck nous dit qu’il faut déjà avoir quelque chose pour pouvoir y renoncer. Vous ne pouvez pas abandonner quelque chose que vous n’avez pas. Il faut donc se forger une identité avant d’y renoncer. Ceci reprend l’idée que j’avais développée dans mon texte sur la Psychanalyse et la Spiritualité : avant d’entreprendre une démarche spirituelle, il faut avoir construit son identité de façon solide en ayant fait si nécessaire une démarche psychothérapique pour pouvoir ensuite aborder le domaine de la Spiritualité.

    Pour l’auteur, les techniques de bases, ci-dessus mentionnées, pratiquées sans cesse et profondément, sont à elles seules suffisantes pour permettre au praticien de la discipline ou disciple d’évoluer spirituellement vers les plus hauts sommets.

    La deuxième partie de l’ouvrage de Scott Peck est consacrée à l’amour.
    Il considère que l’amour est ce qui motive et dynamise la discipline indispensable à l’évolution spirituelle. Il définit l’amour comme la volonté de se dépasser dans le but de nourrir sa propre évolution spirituelle ou celle de quelqu’un d’autre. Il considère qu’il est impossible de faire évoluer autrui sans évoluer spirituellement soi-même. Le sens du mot volonté dans sa définition de l’amour est celui d’un désir d’une intensité suffisante pour être transformer en action.

    Pour l’auteur " tomber amoureux " est une expérience spécifiquement érotique, c’est aussi une expérience inévitablement temporaire car tôt au tard la passion s’éteint ; ce qui ne signifie pas que nous cessions d’aimer mais simplement que le sentiment d’amour extatique finit toujours par s’estomper. Tomber amoureux permet temporairement d’échapper à la souffrance de la solitude et l’effondrement temporaire des frontières du moi vécu par la plupart d’entre nous comme une expérience extatique, nous-même et l’être aimé ne faisons qu’un, la solitude n’existe plus. Mais tôt ou tard en réponse aux problèmes de la vie quotidienne, l’individu va se réaffirmer ; alors chacun de son côté, dans l’intimité de son cœur prend amèrement conscience qu’il ne fait pas un avec l’être aimé.

    Une à une, petit à petit ou brutalement, les frontières du moi se remettent en place ; la passion s’éteint. A nouveau, les amoureux sont des individus séparés et c’est à ce moment là qu’ils vont soit dissoudre les liens qui les unissaient, soit commencer le travail du véritable amour. En affirmant que c’est lorsque la passion disparaît que les partenaires peuvent commencer à s’aimer vraiment, l’auteur affirme que le véritable amour ne trouve pas ses racines dans le sentiment d’être amoureux. Tomber amoureux n’est pas un acte de volonté. Ceci n’implique pas le dépassement de ses propres limites ou de ses frontières, c’est simplement leur effondrement partiel et temporaire. L’amour véritable est pour l’auteur une expérience d’enrichissement durable contrairement à la passion.

    Tomber amoureux suppose donc l’effondrement des frontières du moi et c’est une réponse stéréotypée des humains à un ensemble de pulsions internes et stimuli externes qui sont sexuels et qui servent à accroître la probabilité de l’accouplement afin d’assurer la survie de l’espèce.

    Le mythe de l’amour romantique apparaît à l’auteur comme un affreux mensonge. La véritable acceptation de l’individualité de chacun, en l’occurrence de la sienne propre et de celle de l’autre est la seule base sur laquelle un mariage mûr peut être construit et le véritable amour peut se développer.

    L’auteur considère la passion comme très proche du véritable amour qui implique le dépassement des limites des frontières du moi. Il appelle cathexis le processus d’attirance d’investissement et d’engagement qui pousse le futur amoureux hors de ses frontières personnelles. Ceci aboutit à une extension progressive de notre moi à une incorporation du monde extérieur et à un développement, à un attirement et à amincissement des frontières du moi. Lorsque au lieu de nous être unis temporairement et de manière irréelle avec un seul objet aimé, nous nous sommes fondus réellement et plus durablement avec une grande partie du Monde alors une union mystique avec ce dernier peut alors être établie.

    C’est la différence entre l’expérience des sommets, lorsqu’on tombe amoureux, et ce que Abraham Maslow appelle l’expérience du plateau. La cime n’est pas aperçue furtivement, puis perdue de vue, elle est atteinte pour toujours. Il fait de l’orgasme une expérience d’effondrement temporaire des frontières du moi, qui est alors perdu dans le temps dans l’espace, hors de soi, transporté ne faisant qu’un avec l’univers mais seulement pendant quelques secondes.

    L’auteur décrit l’unité durable avec l’univers comme étant associé à l’amour véritable et il la compare à l’unité momentanée ressentie au moment de l’orgasme à l’état amoureux. Il définit le mysticisme comme une croyance en la réalité qui est un tout, une unité. La réalité ne peut être connue que par l’expérience de l’unité, vécue au prix d’un renoncement aux frontières du moi.

    Les Indous et les Bouddhistes considèrent que l’enfant, avant le développement des frontières du moi, connaît la réalité tandis que l’adulte ne la connaît pas. Ils précisent toutefois que les frontières du moi doivent être durcies avant d’être assouplies. Une identité doit être établie avant d’être transcendée. On doit se trouver soi-même avant de pouvoir se perdre.

    Le Nirvana ou la véritable évolution spirituelle ne peuvent être atteints que par la pratique continuelle de l’amour véritable. Deux personnes ne s’aiment vraiment que lorsqu’elles sont capables de vivre l’une sans l’autre et choisissent de vivre ensemble. L’auteur considère que si notre but dans la vie est de nous faire aimer, nous échouerons. La seule façon de s’assurer l’amour c’est d’être digne d’amour. Et ce but ne peut pas être atteint lorsque l’objectif de notre existence est d’être aimé passivement. Suit, une longue description des couples passifs-dépendant vivant par étayage réciproque et qui ne peuvent développer un véritable amour.

    Il considère que la dépendance passive prend sa source dans le manque d’amour, en particulier au niveau de l’enfance. Les passifs dépendants ont une mentalité de drogués et ils pompent l’énergie de leur interlocuteur. Cette dépendance qui peut apparaître comme de l’amour, est en fait une forme d’anti-amour qui prend sa source dans manque d’amour parental et perpétue celui-ci. L’amour implique un changement de l’individu mais le sens d’un dépassement plutôt que celui d’un sacrifice. L’amour élargit le moi et le remplit plutôt qu’il ne le vide.

    L’amour est en même temps égoïste et généreux. Dans le cas de l’amour véritable, le but est le but est toujours l’évolution spirituelle. Pour l’auteur, l’amour n’est pas un sentiment c’est une action. Lorsque nous affirmons que l’amour est un sentiment, nous confondons cathexis et amour ; un individu dépendant redoute en général l’évolution spirituelle de l’époux cathecté. L’amour véritable en revanche implique l’engagement et la sagesse lorsque nous nous soucions de l’évolution spirituelle de l’être aimé, nous sommes conscients que notre engagement vis à vis de lui est nécessaire pour lui témoigner activement notre intérêt et que son absence peut être néfaste.

    L’amour est donc une forme de travail ou bien une forme de courage. C’est le courage ou le travail ayant pour but l’évolution spirituelle. Si une action n’est ni du travail ni du courage, ce n’est pas un acte d’amour. L’un des principaux aspects que peut prendre l’acte d’amour est l’attention. L’amour est un phénomène à double sens par lequel le receveur donne et le donneur reçoit ; être attentif à l’autre à son écoute est une façon d’aimer l’autre, il faut pour cela mettre entre parenthèses de façon temporaire ses préjugés, ses références, ses désirs pour comprendre de l’intérieur le monde de son interlocuteur ; puisque la véritable écoute est un acte d’amour, elle ne peut être plus appropriée que dans la vie à deux. L’auteur met sur le compte de l’écoute l’amélioration considérable qui peut se manifester en début de thérapie sur le compte de l’écoute, les patients étant le plus souvent véritablement écoutés pour la première fois. La qualité de l’attention est proportionnelle à l’intensité de la concentration pendant ce laps de temps. L’acte d’amour demande de réagir contre la paresse par le travail ou contre la peur par le courage ; le courage n’est pas l’absence de peur mais l’action malgré la peur la réaction contre la résistance qu’engendre la peur de l’inconnu. Pour l’auteur, la plupart des patients en psychothérapie ont des difficultés à affronter carrément et librement la réalité de la mort. La mort peut devenir, comme pour Don Juan de Carlos Castaneda, notre alliée toujours redoutable mais source intarissable de sages conseils. Lorsque nous refusons la mort c’est la nature changeante des choses que nous refusons et nous nous détournons alors inévitablement de la vie.

    C’est seulement à partir du moment où on a franchi le fossé vers l’inconnu de l’authenticité du moi de l’indépendance psychologique et de l’individualité que l’on est libre d’avancer vers les chemins plus élevés de l’évolution spirituelle, libre de manifester son amour au plus haut niveau. Les formes les plus élevées de l’amour sont inévitablement de libres choix et nos des actes de conformisme. C’est notre sens de responsabilité qui après le mariage nous permet de réussir la transition entre l’amour fou et l’amour véritable. Les enfants ne peuvent évoluer vers une maturité psychologique dans une atmosphère où l’imprévisible domine et où ils sont hantés par la peur d’être abandonnés. Les couples ne peuvent pas résoudre sainement les problèmes universels du mariage sans avoir la sécurité de savoir que l’affrontement de ces problèmes ne les détruira pas. L’auteur parle ensuite de la nécessité pour le psychothérapeute de s’engager de façon durable et stable dans la relation thérapeutique et il fait du moment où le patient commence à manifester son engagement dans la thérapie comme le tournant de celle-ci.

    L’auteur parle ensuite des confrontations incontournables dans les couples. Il définit deux façons de se confronter à un être humain, la première est celle de l’arrogance : j’ai raison et tu as tort, la deuxième est celle de l’humilité. Des époux qui s’aiment doivent pouvoir s’affronter pour l’évolution spirituelle des deux partenaires. La confrontation provoquée avec amour fait partie intégrante de toutes les relations humaines réussies et importantes. Exercer son pouvoir avec amour demande un énorme travail. Par quelle autorité supérieure suis-je habilité à décider ce qui est mieux pour mon enfant, mon époux, mon pays ? Qui suis-je pour oser me prendre pour le bon Dieu ? L’auteur affirme que lorsque nous exerçons notre pouvoir, nous jouons à être Dieu. C’est seulement avec l’humilité de l’amour que les humains peuvent oser l’être ; toutes relations d’amour véritable doivent être disciplinées et parmi les sentiments qu’il faut discipliner, il y a tout d’abord la cathexis, ce sentiment apporte une énergie créatrice mais s’il veut devenir le maître le résultat ne sera pas l’amour véritable mais la confusion et l’improductivité. L’auteur pense qu’il faut choisir qui on veut aimer véritablement, la capacité du récepteur potentiel de cet amour à répondre par l’évolution spirituelle est un élément de ce choix. L’une des caractéristiques principales du véritable amour consiste à maintenir et encourager la distinction entre nous-même et l’autre. Les grandes unions ne peuvent être construites entre des êtres terrifiés par la solitude et qui cherchent à se fondre dans le mariage. L’évolution personnelle et l’évolution de la société sont interdépendantes mais elles sont toujours et inévitablement liées aux efforts évolutifs individuels. L’auteur fait de l’amour un des principaux ingrédients nécessaires à la réussite psychothérapique. C’est l’engagement humain et la lutte, c’est la volonté qu’a le thérapeute de se dépasser dans le but d’alimenter l’évolution spirituelle de son patient. La littérature psychiatrique fait la différence entre les thérapeutes qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas. La qualité de ceux qui réussissent est la chaleur humaine et leur capacité à communiquer. Si un psychiatre ou un psychanalyste ne peuvent pas aimer véritablement leur patient, la guérison profonde n’aura pas lieue. L’auteur précise que c’est par amour pour leur patient que les thérapeutes ne s’autorisent pas à tomber amoureux d’eux. Pour l’auteur, toute relation de véritable amour est une relation de psychothérapie mutuelle.

    Docteur Patrice EON

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  • Avancée spirituelle/ avancée technologique.

    Si je vais naviguer sur le net, je m'aperçois que les thèmes reviennent en boucle et si je prends des ouvrages, parfois très anciens, je retrouve les mêmes interrogations, les mêmes cheminements. La non-dualité par exemple...Depuis combien de temps est-ce un sujet ressassé ?  Et j'essaie à mon tour de m'y retrouver et d'autres esprits dans leur coin. Bon, c'est très bien, je ne vais pas m'en plaindre mais là où je m'interroge, c'est au regard de ce temps passé et de cette relative fixité et parallèlement de l'évolution exponentielle de la technologie.

    Il faut bien pourtant que l'homme use de son intelligence dans les deux domaines : une intelligence scientifique, mathématique, technique, informatique etc... et une intelligence philosophique, une capacité à raisonner. La spiritualité a besoin d'une approche, d'une méthode, d'un travail philosophique pour progresser et ne pas sombrer dans certains travers du "new age."  

    Bon, alors, d'où vient cet écart, d'où vient cette stagnation, ces infinies répétitions, ces messages qui tournent en boucle ?

    Pourquoi est-ce que la technologie n'est pas confrontée à cet immobilisme et profite au contraire d'un phénoménal élan ?

     

    Les échanges tout simplement.

    L'argent ensuite.

    La technologie se vend, elle représente un moteur économique extrêmement puissant, elle a donc une valeur marchande qu'aucun état ne peut délaisser.

    La spiritualité n'apporte rien économiquement parlant. Elle ne profite pas dès lors de l'enthousiasme, de la recherche, de la curiosité, de l'expérimentation, du partage des connaissances (ou de son pillage...)

    La spiritualité n'a aucun avenir marchand.

    J'ai beau tourner le problème dans tous les sens, j'en reviens toujours à cette valeur commerciale. Et c'est effroyable.

     

    L'évolution spirituelle de cette humanité est figée parce qu'il n'y a pas assez d'échanges, de recherches, de développements communs, de passerelles. Rien ne se vend sufisamment cher.

    C'est triste à pleurer.  

     

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