Agriculture et initiative populaire.

Initiative populaire contre l’agriculture intensive en Suisse

Par : Marine Jobert | Journal de l'environnement

 25 janv. 2018

En finir avec les pesticides et les antibiotiques à outrance. [Nataliafrei/Shutterstock]

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La Suisse sera-t-elle la première nation européenne à sortir de l’agriculture intensive? C’est le sens d’une initiative populaire déposée auprès de la Chancellerie fédérale, afin de modifier la Constitution suisse.  Un article de notre partenaire, le Journal de l’Environnement.

La sortie des pesticides de synthèse. L’arrêt des antibiotiques à titre prophylactique. La fin du fourrage exporté. C’est le programme de l’initiative populaire fédérale «Pour une eau potable propre et une alimentation saine» qui, après avoir recueilli 114 420 signatures en dix mois, vient d’être déposée à la Chancellerie. Objectif: modifier la Constitution pour que soient subventionnées seulement les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et ne polluant pas l’eau potable. Chaque année, la Confédération consacre quelque 3 milliards de francs suisses à son agriculture, essentiellement tournée vers l’élevage (lait, viande).

Après avoir été signée par plus de 100 000 citoyens, l’initiative populaire est examinée par le Parlement, puis soumise au vote populaire. Le Conseil fédéral et le Parlement peuvent toutefois choisir de lui opposer un contre-projet direct ou indirect.

Pesticides et antibiotiques à gogo

Les dégâts environnementaux causés par l’agriculture intensive sont les mêmes de part et d’autre des Alpes. Cours d’eau et nappes phréatiques contaminés par les pesticides. Sols maltraités par des pratiques agricoles non soutenables. Surproduction de lisier. Surconsommation de phosphate et autres engrais qui finissent dans l’eau potable. Émissions inquiétantes d’ammoniac. Antibiorésistance avérée pour cause de consommation excessive d’antibiotiques dans les élevages. Importation massive de fourrage, puisque la Suisse exploite à l’étranger autant de terres arables que ce dont elle dispose à l’intérieur du pays. Effondrement de la biodiversité végétale et animale dans les prairies.

Fin des subventions dans huit ans

Ce système agricole intensif coûte fort cher, puisque le montant des subventions à l’hectare est dix fois supérieur à celui pratiqué en moyenne en France. L’initiative prévoit qu’après une période transitoire de huit ans, seules les exploitations agricoles n’utilisant aucun pesticide ni antibiotique à titre prophylactique, et élevant un bétail nourri exclusivement avec du fourrage produit sur l’exploitation, recevront des aides financières fédérales. De quoi venir en aide aux agriculteurs eux-mêmes, étranglés par les importations de fourrage et l’effondrement du prix du lait.

«Au lieu de remettre en question cette méthode d’agriculture, on en appelle à l’État pour obtenir à nouveau de l’aide. La politique agricole ne peut pas continuer à promouvoir ce cercle vicieux»,dénoncent les initiateurs de l’initiative, soutenus par Greenpeace Suisse, BirdLife Suisse ou la Fédération suisse de pêche. Aucune date pour la votation n’a encore été annoncée.

Les agriculteurs bio plaident pour une PAC plus durable

La fédération européenne des mouvements d’agriculture biologique a demandé à Bruxelles de mettre l’accent sur la qualité de la production agricole et non pas sur sa compétitivité, lors de la prochaine PAC.

 

 

 

 

 

 

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