Cinq minutes

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Cinq minutes

 

Pas grand-chose finalement cinq minutes.  

Selon les circonstances…

Si ce sont les cinq dernières minutes de vie… Celles du mourant ou celles de ceux qui l’aiment.

Ou les cinq dernières minutes avant la naissance de l’enfant. Cinq minutes pour la Maman, cinq minutes pour l’Enfant, cinq minutes pour le Père, cinq minutes pour le personnel médical.

La durée est la même pour tout le monde.

Pas la perception du temps elle-même.

 

Cinq minutes avec la roulette du dentiste dans la bouche. Cinq minutes pour le praticien les yeux rivés sur un horizon dentaire…

 

Cinq minutes avant le début de la finale, ce match tant attendu, les joueurs entrent sur le terrain, ils se positionnent, tout le stade est debout, applaudissements, chants, cornes de brume… Cinq minutes longues par l’impatience, courte pour le flot d’émotions.

Des pensées qui jaillissent, des paroles qui s’égrènent, des cris, des rires…

 

Cinq minutes. C’est très court finalement.

 

Alors, voyons cela de l’intérieur.

Allongé, les yeux fermés, les mains le long du corps ou posées sur le ventre.

Observation de la respiration. Inspiration par le nez, bouche fermée, la pointe de la langue en contact avec le palais.

Une seule et unique pensée, constante. L’observation du mouvement respiratoire. Rien d’autre.

Pendant cinq minutes.

Vous avez mis un chronomètre qui va sonner dans cinq minutes.

C’est rien cinq minutes, ça passe très vite.

Mais pas s’il s’agit de maîtriser les pensées en concentrant le mental sur un mouvement interne et ses effets sur le corps.

 Vous pensez que cela ne posera pas de problème, qu’il suffit de se laisser aller mais s’abandonner de la sorte, c’est la porte ouverte à un flux chaotique de pensées insoumises. C’est inévitable.

Lorsque vous vous direz au bout d’une minute que vous n’avez pensé à rien d’autre que votre respiration, vous aurez perdu à l’instant le contrôle. Puisque vous y aurez pensé.

Lorsque vous aurez un flash d’une micro seconde sur le chronomètre qui va sonner, vous aurez perdu le contrôle.

Lorsque vous réaliserez que vous venez de penser à autre chose et que vous ne savez plus vraiment à quoi, vous aurez perdu deux fois. Celle où vous êtes sorti de l’observation de votre respiration et celle où vous avez réalisé que vous ne pensiez plus à ce à quoi vous deviez penser sans savoir pour autant à quoi vous venez de penser. Et plus vous chercherez, plus vous serez sorti de l’exercice.

 

Mais c’est en sortant de l’exercice que vous prendrez conscience de l’extrême difficulté de l’épreuve.

Vous êtes pourtant immobile, rien dans votre environnement ne vient vous déranger, il n’y a aucun élément extérieur perturbant, aucune bruit, aucun mouvement.

Et vous ne parvenez pas malgré tout à rester en vous-mêmes.

Le monde autour de vous n’y est pour rien.

Même si vous tous vos besoins, tous vos désirs, toutes vos attentes sont exaucés, même si rien, absolument rien, dans votre vie n’est source de tourments, il restera dans le contrôle de votre mental des instants de rupture.

Des pensées intrusives.

 

Ce que tout ça m’inspire, c’est qu’il sera impossible pour l’Humanité de parvenir un jour au Bien-être absolu en se contentant d’attendre du monde extérieur l’établissement de ce Bien-être puisque l’individu lui-même ne parvient pas à être lui-même dans ce Bien intérieur.

C’est comme verser de l’eau dans une outre percée.

 

Pour ma part, je n’ai jamais réussi l’exercice des cinq minutes.

Pour la simple raison que j’ai toujours en tête l’objectif de le réussir…

 

Et quand je pense que certaines personnes rigolent en voyant des images de méditation. 

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