Les prochaines pandémies (3)

Les prochaines pandémies

Les prochaines pandémies (2)

 

En 2018, j'avais publié un article parlant déjà de cette immense pollution planétaire du plastique, des dégâts qu'elle occasionnait sur la biodiversité marine et des risques qu'elle faisait désormais courir à l'humanité. Je ne serais guère surpris que la prochaine pandémie vienne de là. A moins que les élevages intensifs ne lui dame le pion. Il serait inconscient en tout cas de croire qu'il n'y en aura pas d'autres. 

"Plastisphère"

 

Inquiétantes découvertes scientifiques sur les microplastiques dans les océans

 

Durée de lecture : 6 minutes

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19 février 2021 / Marie Astier (Reporterre)
 

     
 

Inquiétantes découvertes scientifiques sur les microplastiques dans les océans

La pollution générée par le plastique est plus complexe qu’elle n’y paraît. Saviez-vous que les microplastiques voguant sur l’eau déplacent des espèces invasives ? Qu’en absorbant les antibiotiques ils favorisent l’antibiorésistance ? Des chercheurs au CNRS font le bilan de leurs inquiétantes découvertes. Des solutions naissent, doucement.

Faut-il encore le rappeler ? De l’Antarctique aux grands fonds méditerranéens, les plastiques sont partout. Et les conséquences de leur dissémination aussi exponentielles que la courbe de leur utilisation.

Le sujet occupe et préoccupe de plus en plus de chercheurs, a rappelé le CNRS lors d’une présentation en ligne des travaux du groupement de recherche polymères et océans — créé en 2019, il rassemble plus de deux cents chercheurs. Plusieurs d’entre eux ont ainsi fait le point mercredi 10 février sur la recherche concernant cette matière omniprésente dans notre quotidien.

L’occasion de préciser l’ampleur de la pollution, et sa répartition. La mer est sa principale victime : quatre cents millions de tonnes de plastique sont produites chaque année et environ dix millions d’entre elles aboutissent dans les océans, a chiffré François Galgani, océanographe et écotoxicologue à l’Ifremer en Corse. Le rapport d’experts d’une ONG étasunienne prédit même un triplement à trente millions de tonnes par an en 2040, si rien n’est fait.

Parmi ces déchets, « 30 à 40 % sont des emballages », a précisé le chercheur. « La mer Méditerranée est la plus polluée au monde, en raison du grand nombre d’habitants, du fait qu’elle est fermée, de la densité de trafic maritime et des grands fleuves qui s’y déversent », a-t-il poursuivi. L’embouchure du Nil ou celle du canal de Suez sont notamment des points noirs.

« La pollution croît significativement dans les zones les plus lointaines, comme l’Antarctique ou les grands fonds »

Surtout, ces déchets ne restent pas forcément là où ils sont produits. « Ils circulent sur de longues distances, explique le chercheur. Par exemple, les déchets produits sur la côte atlantique européenne peuvent être transportés de l’autre côté de l’Atlantique. Ils s’accumulent aussi dans les zones de convergence, ce que les ONG ont appelé les continents de plastique. La pollution n’augmente pas partout de la même manière. Désormais, elle croît significativement dans les zones les plus lointaines, comme l’Antarctique ou les grands fonds. »

L’étendue des conséquences de cette pollution commence à peine à être explorée. « On connaît les effets sur la macrofaune via les piégeages, les étranglements, les blessures, a expliqué Ika Paul-Pont, chercheuse au CNRS en écotoxicologie marine. Mais il y a une pollution plus insidieuse. Les plastiques sont ingérés par toute la chaîne alimentaire marine. Ils peuvent s’accumuler dans le tube digestif des animaux, voire passer la barrière intestinale et aller dans d’autres organes. Ils ont des effets toxiques avérés. »

« Les déchets s’accumulent aussi dans les zones de convergence, ce que les ONG ont appelé les continents de plastique. »

Car, au-delà de la perturbation mécanique que crée la présence d’un morceau de plastique dans le corps, cette matière a aussi des effets chimiques. Les plastiques contiennent, pour environ 5 % de leur composition, des additifs parfois problématiques, tels que les phtalates et le bisphénol A. Et en plus de cela « le plastique a une très forte capacité d’absorption des contaminants du milieu environnant », poursuit Mme Paul-Pont. Un concentré de polluants, en somme, ingéré par les habitants des mers. « On a observé en laboratoire que cela a des effets sur la capacité des animaux à se nourrir, crée du stress, perturbe leurs défenses immunitaires, leur croissance, leur reproduction et leur comportement. »

Des micro-organismes — dont des espèces invasives — voyagent sur des microplastiques

Mme Paul-Pont nous apprend aussi la découverte récente de ce que les spécialistes ont appelé la « plastisphère », soit l’ensemble des micro-organismes vivant sur les particules de plastique parsemant les océans. « C’est une nouvelle niche écologique », constate-t-elle. Qui pose de sacrées questions : « Les microplastiques sont très durables dans le temps et peuvent parcourir de grandes distances. Cela peut déplacer des espèces invasives voire pathogènes. Par exemple, six ans après le tsunami au Japon de 2011, on a retrouvé près de trois cents espèces nouvelles de micro-organismes arrivées sur la côte américaine via des microplastiques. Ils ont traversé le Pacifique. » Autre inquiétude, cette plastisphère comprend parmi ses habitants des bactéries ayant développé des résistances à un large éventail d’antibiotiques. La chercheuse au CNRS résume :

Les plastiques absorbent aussi les antibiotiques. Ils pourraient donc jouer un rôle dans le développement de l’antibiorésistance.

Après les microplastiques et leur cortège de micro-organismes, poursuivons la plongée dans l’infiniment petit avec les nanoplastiques, produits de la dégradation du plastique et invisibles à l’œil nu. Ils intéressent les chercheurs depuis 2015. Eux aussi sont partout. « Dans les sols, les plages, les océans, les rivières, détaille Julien Gigault, chargé de recherche au CNRS. Ils sont très contaminants. Leur taille et leur forme leur procurent une capacité de diffusion extraordinaire. Ils traversent les barrières organiques très facilement. » Et apportent donc avec eux leur cortège de polluants et micro-organismes prospérant sur le plastique. Les scientifiques explorent encore les conséquences de ces observations.

Lise Durantou, cofondatrice de l’association la Pagaie sauvage, en pleine capture de microplastiques dans une rivière au Pays basque.

Elles semblent, à première vue, potentiellement catastrophiques pour le monde marin. En revanche, les spécialistes se sont montrés plus rassurants pour les humains. Concernant les nanoplastiques, « l’exposition est limitée et se fait surtout par l’air, puis par les vêtements, les cosmétiques, l’alimentation et de façon volontaire par des actes médicaux, a expliqué Guillaume Duflos, biochimiste à l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire). Mais les recherches sur la toxicité pour l’humain ont commencé il y a peu. » En 2019, un rapport de l’ONG Center for international environmental law (Ciel) s’intéressant aux effets des plastiques sur la santé humaine estimait tout de même que « le plastique est une crise sanitaire globale ignorée bien que sous nos yeux ». On y lisait qu’« une étude a trouvé des microplastiques dans les selles de sujets habitant dans des régions du monde variées et aux régimes alimentaires totalement différents ».

« On est capable de faire des plastiques biodégradés à 90 % au bout de 250 jours »

Alors, que faire face à l’ampleur du désastre annoncé ? « Malheureusement, on ne peut pas nettoyer les océans », a constaté Fabienne Lagarde, maîtresse de conférences à l’Université du Mans. Il faut donc absolument limiter les entrées. » Réduire, donc, la quantité de plastique relarguée dans la nature. En en diminuant notre consommation effrénée par exemple. La réglementation européenne visant à réduire l’utilisation du plastique à usage unique est un bon début, selon François Galgani : « Il y a également des discussions au niveau mondial pour s’accorder sur la réduction du plastique à usage unique, cela peut fonctionner. »

Mieux récupérer les déchets plastiques pour les recycler davantage fait également partie des pistes évoquées. Enfin, « il faut penser la fin d’usage du matériau dès sa conception », a estimé Fabienne Lagarde. Autrement dit, inventer des plastiques qui se dégradent rapidement dans l’environnement. Un champ de la recherche en plein développement selon Stéphane Bruzaud, professeur à l’Université de Bretagne-Sud : « On est capables de faire des plastiques biodégradés à 90 % au bout de 250 jours », se félicite-t-il. « Ils ne persisteraient dans l’environnement que quelques jours ou semaines plutôt que des dizaines d’années. Mais ils ne représentent que 1 % du plastique aujourd’hui dans le monde. »

C’est maintenant que tout se joue…

Les scientifiques alertent sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
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Lire aussi : Le plastique est relancé par le coronavirus — au détriment de l’environnement

Source : Marie Astier pour Reporterre

Photos :
. chapô : Des microplastiques de la rivière Patapsco photographiés au laboratoire du département de science environnementale et de technologie de l’Université du Maryland (États-Unis), en 2015. Will Parson/Chesapeake Bay Program
. Cofondatrice de l’association la Pagaie sauvage. © Chloé Rebillard/Reporterre
. Des microplastiques récoltés dans un vortex, ou tourbillon, de déchets dans l’océan. Will Parson/Chesapeake Bay Program / 
Flickr

 


 

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Les élevages de visons en Chine à l’origine du Covid-19 ? Les indices s’accumulent

 

Durée de lecture : 24 minutes

8 janvier 2021 / Yann Faure et Yves Sciama (Reporterre)
 

     
 

Les élevages de visons en Chine à l'origine du Covid-19<small class="fine d-inline"> </small>? Les indices s'accumulent

Et si la pandémie était née dans des élevages intensifs d’animaux à fourrure en Chine ? Le « chainon manquant » entre la chauve-souris et l’humain pourrait bien être le vison — le chien viverrin est également suspecté. Ceci expliquerait la volonté tenace de la Chine — premier producteur mondial de fourrure — de verrouiller l’information scientifique.

La naissance du Covid-19 dans une ferme d’animaux à fourrure chinoise — et notamment de visons — semble de plus en plus plausible, comme le montre cette enquête. Fin décembre 2020, Reporterre avait révélé que les souches responsables des deux vagues épidémiques qui ont ravagé l’Europe étaient apparues à proximité immédiate d’importants élevages de visons. Reporterre a continué l’enquête du côté chinois. Aujourd’hui même, vendredi 8 janvier, Science a publié un article soulignant la nécessité d’étudier le lien entre Covid et visons.

Ira, ira pas ? Plus personne ne sait à l’heure où nous écrivons ces lignes si la délégation de scientifiques sélectionnés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se rendra bel et bien en Chine pour enquêter sur l’origine de la pandémie. Les dix experts internationaux n’ont toujours pas reçu les autorisations nécessaires pour entrer sur le territoire. Des négociations sont en cours, mais l’opacité est telle que nul n’en connaît les enjeux. [1]

Il est stupéfiant qu’un an après ce qui s’annonce comme la plus importante pandémie du siècle écoulé, aucun progrès n’ait été réalisé dans la compréhension de comment le Sars-CoV-2 a pu être transmis à l’humain depuis la chauve-souris, son hôte naturel. Une incertitude qui n’est pas due aux limites de la science, mais bel et bien à l’attitude des autorités chinoises, qui depuis un an s’opposent becs et ongles à toute tentative indépendante — quand bien même elle viendrait de l’intérieur du pays — de répondre à cette question. On se demande ce que la Chine veut absolument cacher.

Difficile de ne pas noter, en particulier, qu’aucune enquête n’a été menée pour confirmer ou infirmer une hypothèse aussi évidente que rarement mentionnée : celle d’une origine de la pandémie dans un élevage d’animaux à fourrure. La Chine est en effet à la fois le premier marché et le premier producteur de fourrure mondiaux, et la colossale branche chinoise de cette industrie pèse plus de vingt milliards de dollars annuels, avec plus de cinquante millions de têtes. Or, si les animaux d’élevage traditionnels (bovins, porcins, volailles…) ne semblent pas infectés par le coronavirus, c’est l’inverse pour les animaux à fourrure : les trois principales espèces — vison, renard, et chien viverrin — y sont hautement sensibles.

Tous les spécialistes savent que les épidémies humaines issues d’élevages n’ont rien d’exceptionnel. Ces derniers sont des bouillons de culture microbiens connus : la dernière pandémie grippale de 2009, par exemple, est née dans les élevages porcins américains — d’où son nom de grippe porcine. Du reste, le « coronavirologue » Christian Drosten, découvreur du Sars-CoV-1 en 2003, et conseiller scientifique du gouvernement allemand, affirmait dès le mois d’avril 2020 dans une interview au Guardian : « Si quelqu’un me donnait quelques centaines de milliers de dollars et un laissez-passer en Chine pour trouver la source du virus, je chercherais dans les endroits où les chiens viverrins sont élevés. »

L’hypothèse émise par Christian Drosten, selon laquelle le chien viverrin pourrait être le chaînon manquant entre la chauve-souris (l’hôte originel de ce coronavirus, selon le consensus scientifique) et l’humain, tombe sous le sens. Les chiens viverrins (Nyctereutes procyonoides) — souvent confondus avec les ratons laveurs auxquels ils ressemblent — sont de petits carnivores de la famille des canidés. Une équipe dirigée par Conrad Freuling, de l’Institut fédéral allemand de recherche sur la santé animale, situé à Riems, a démontré expérimentalement en août 2020 que non seulement ces animaux attrapent le coronavirus humain, mais qu’ils se le transmettent parfaitement.

En Chine, le nombre de chiens viverrins d’élevage était estimé à 14 millions en 2019.

« Nous avons constaté que le virus reste cantonné aux fosses nasales dans cette espèce, et ne gagne pas les poumons », indique le chercheur, interrogé par Reporterre. Conséquences ? «  Ils ne sont pratiquement pas malades lorsqu’ils sont infectés, et restent asymptomatiques tout en étant contagieux. De plus, ils excrètent a priori suffisamment de virus pour infecter un humain. » Cette propriété les rapproche des visons, comme on a pu le constater dans les élevages du nord de l’Europe. Le chercheur note qu’être très transmissible et peu pathologique est le profil d’un virus très adapté, ce qui est tout à fait compatible avec l’hypothèse selon laquelle ces espèces seraient le « chaînon manquant » entre la chauve-souris et l’humain.

Mais si Christian Drosten soupçonne le chien viverrin, c’est avant tout à cause de la pandémie de Sras de 2003 [2]. Car s’il a beaucoup été répété que l’animal qui a propagé cette maladie (dont le Sars-CoV-1 était l’agent) était un viverridé, la civette masquée (Paguma larvata)… les raccoon dogs, ou chiens viverrins, étaient également contaminés et tout autant susceptibles de jouer le rôle de transmetteur à l’être humain !

Dans les études scientifiques datant de 2003-2004 portant notamment sur les marchés de Shenzhen, dans le Guandong, il paraît quasiment impossible de départager laquelle des deux espèces a contaminé l’autre ou si une troisième a infecté les deux à la fois. Comme l’indique un article d’avril 2007 paru dans Virus Research, la civette masquée est considérée comme le dernier hôte intermédiaire le plus probable avant l’humain. L’une des principales raisons évoquées : l’identification de restaurants, proches, où se trouvaient des civettes infectées et où trois clients et une serveuse sont tombés malades. C’est maigre. D’autant plus maigre que les civettes, qui furent pendant plusieurs décennies élevées pour leur fourrure avant de devenir une viande de consommation réputée, ne comptaient plus dans ces années-là que 40.000 têtes dans l’ensemble du pays. Autrement dit, un tout petit réservoir potentiel. Le nombre de chiens viverrins d’élevage est, lui, estimé entre cinq et dix millions.

En 2003, la Chine semble avoir manœuvré pour incriminer la civette afin de détourner l’attention de son industrie de la fourrure

À l’hiver 2003-2004, une immense enquête financée par le ministère chinois des Sciences et Techniques et le National Institute of Health étasunien, portant sur le séquençage d’un échantillon de 1.107 civettes issues de 23 élevages choisis dans douze provinces, a conclu que si, sur le marché de Xinyuan (Guandong), les 91 civettes présentes étaient effectivement porteuses du virus, il n’y avait pas d’infection détectable dans les élevages d’origine des civettes commercialisées. Indice que la contamination avait pu avoir lieu plutôt sur le marché ou durant le transport. Or, sur le même marché de Xinyuan, la totalité des quinze chiens viverrins présents étaient contaminés.

Bien que plusieurs articles aient souligné que ces civettes auraient pu tout simplement avoir été contaminées par les chiens viverrins, aucune étude n’a été lancée pour en savoir davantage sur les raccoon dogs. Plusieurs chercheurs s’en sont étonné, notamment Paul et Martin Chan, qui ont déploré que ceux-ci « ne suscitent pas d’intérêt ». Shi Zhengli, sans doute la principale « coronavirologue » chinoise — elle dirige un département du Wuhan Institute of Virology —, regrettait, en 2007 dans l’article de Virus Research déjà mentionné, qu’il ne soit « toujours pas clair si ce sont les chiens viverrins qui ont été infectés par les civettes ou l’inverse ». Et concluait : « Contrairement aux civettes, très peu de recherches ont été conduites pour échantillonner les chiens viverrins sauvages ou d’élevage. »

On retrouve ce même étonnement chez Conrad Freuling, qui avoue qu’il a aussi testé les chiens viverrins en Allemagne parce que personne ne l’avait jamais fait en Chine, où sont pourtant situés la quasi-totalité des élevages du monde — on en trouve une poignée en Finlande et en Pologne [3]

Notons enfin que sur ces marchés, des renards roux et des mustélidés étaient également infectés. Curieusement, l’étude sino-américaine n’échantillonna aucune ferme dans le Shandong, le Liaoning, le Jilin ou le Heilongjiang, les quatre principales provinces d’élevage de visons. Ne pas avoir enquêté dans le Shandong est particulièrement étonnant, puisque c’est la capitale sans rivale de la production de fourrure et que cette province est géographiquement plus proche du Guandong que le Hebei — qui a pourtant été bien prospecté.

Fur farming regions in China.

Tout s’est donc passé en 2003 comme si la Chine avait manœuvré pour incriminer la civette, une espèce à l’importance économique marginale, afin de détourner l’attention de son industrie de la fourrure, pour la protéger.

Or, cette même stratégie semble bien avoir été reprise et portée à un niveau supérieur en 2020 — dans un contexte évidemment différent et avec des enjeux colossaux. Cette fois-ci, la Chine a manifestement décidé de contrôler totalement la parole scientifique sur la pandémie, au même titre que la parole citoyenne. Après une phase initiale de confusion en janvier et février 2020, durant laquelle on a vu tant des journalistes que des scientifiques de haut rang publier relativement librement, la répression s’est abattue sur les premiers (avec des condamnations et même des disparitions), et la censure sur les seconds.

L’information est à l’évidence filtrée et façonnée au gré des besoins du pouvoir chinois

Plus précisément, une enquête récente de l’Associated Press (AP) révèle que le pouvoir a engagé une vigoureuse reprise en main des publications scientifiques après la parution d’un article de deux chercheurs en février — article introuvable, désormais, sur internet [4] —, suggérant que le virus s’était échappé d’un laboratoire de Wuhan. Conséquences, dès le 24 février : une nouvelle procédure d’approbation des publications par le Centre de contrôle des maladies chinois (CDC), puis la diffusion d’une note ministérielle confidentielle, datée du 3 mars, qu’AP s’est procurée et a mise en ligne. Le contenu de celle-ci est saisissant, appelant à « coordonner la publication de la recherche scientifique sur le Covid-19 à travers le pays à la manière d’une partie d’échecs », sous le contrôle d’un « groupe de recherche scientifique du Conseil d’État » et après avoir notifié l’équipe de « propagande » dudit Conseil. La note interdit toute publication qui ne serait pas validée par ce groupe — et conclut que les contrevenants « seront tenus pour responsables ».

C’est donc à la lumière de cette note qu’il faut aborder les récentes publications scientifiques chinoises : malgré l’excellence d’un grand nombre de chercheurs, l’information est à l’évidence filtrée et façonnée au gré des besoins du pouvoir. Même chose pour la presse : pendant des mois, on n’y trouve aucune mention des renards, des visons et des chiens viverrins dans l’inventaire des animaux présents au marché de Wuhan avant sa fermeture le 31 décembre 2019.

Au marché de Wuhan se vend une profusion de marchandises, dont des renards, des visons et des chiens viverrins.

Pourtant, d’après le dernier rapport de l’OMS, les renards étaient bien présents au « wet market » de la ville. Et d’après une évaluation des risques publiée en mars par le Centre des maladies infectieuses et l’Agence de santé publique canadienne, les visons aussi figuraient sur la liste des animaux en vente. Enfin, sur des photographies, prises début décembre 2019 à l’intérieur du marché et diffusées en janvier 2020 par CNN, il y avait bien aussi, dans ce fameux marché, des raccoon dogs. Quoi qu’en aient dit les autorités, le trio des carnivores d’élevage était donc au complet sur le marché de Wuhan.

Notons que si ces espèces ont fait l’objet d’un black-out médiatique, le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales n’a pas pour autant oublié leur existence. Lorsqu’il a fallu, sous la pression de l’opinion publique mondiale, interdire le commerce d’animaux sauvages en raison des risques d’émergence virale et de propagation, il les a requalifiées en « espèces domestiques » afin d’exonérer leur élevage de toute entrave possible.

Évoquons aussi le succès planétaire de la fable du pangolin. Pas moins de quatre articles chinois sont sortis pour incriminer cet animal à écailles. La théorie du pangolin, désormais abandonnée, puisque le virus trouvé dans cet animal est encore plus éloigné du Sars-CoV-2 que celui de la chauve-souris, a été proposée alors même que le séquençage du gène viral qu’il était censé porter était loin d’être achevé. Juste avant, les autorités chinoises avaient déjà réussi à nourrir la presse de l’hypothèse que le serpent était probablement l’hôte intermédiaire. Dans la foulée, il y a même eu une tentative de jeter la tortue en pâture à l’opinion. Que de fausses pistes ! On ne peut s’empêcher de penser que diriger les regards vers trois espèces à écailles ne peut relever tout à fait du hasard, tant de tels suspects éloignent efficacement l’imaginaire du public des producteurs de fourrure.

L’hôte intermédiaire le plus probable d’après une recherche récente ? Le vison

Pourtant, après que l’Université d’agriculture du Sud a communiqué brutalement, sans aucune donnée à l’appui, au sujet du pangolin, une étude contredisant la précédente passait à peu près inaperçue. Le 24 janvier 2020, ainsi qu’on peut le voir sur le site Global Times, qui tient le journal de l’épidémie depuis ses prémices, l’hôte intermédiaire le plus probable d’après une recherche fondée sur une comparaison générale des bases de données (GISAID) à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle est… le vison. Il a même le potentiel d’en être l’hôte d’origine. Or, cette étude qui cible le vison a été initiée avec le soutien de l’Académie chinoise des sciences, du laboratoire virologique de Wuhan et du CDC chinois. Le travail de l’équipe de Quian Guo offre toutes les garanties de sérieux, et ses résultats n’ont pas été contestés. Mais, excepté à Singapour et en Australie, on s’est juste contenté de ne lui accorder aucune audience. Il a été fait en sorte que le pangolin, en confortant les préjugés et en exacerbant les passions, sature tout l’espace disponible.

Un autre exemple édifiant des publications dilatoires de la communauté scientifique chinoise est l’étude effectuée par l’Université médicale du Shandong, parue le 1er avril 2020 dans le Medical Journal of Virology. Les chercheurs ont testé à partir de la structure de leur protéine réceptrice, celle sur laquelle se fixe le virus, 85 espèces de mammifères : humain, chat, chien, porc, cheval, civette, pangolin, macaque, renard, chien viverrin, éléphant africain, suricate, taureau, putois, kangourou, opossum, tortue, lynx, etc. Mais ils ont « oublié » le vison, pourtant particulièrement présent dans la région d’origine des chercheurs, à savoir dans le Shandong, où ils ne sont pas moins de quinze millions ! Les scientifiques ont conclu sans rire qu’il serait bon de surveiller attentivement un cétacé, « le marsouin sans nageoire du Yang Tsé, parce qu’il s’en trouve dans les lacs à proximité de Wuhan et qu’il pourrait être infecté par le Sars-CoV-2 ou un coronavirus apparenté ». Il est d’ailleurs amusant de noter que leur étude trouve aux petits carnivores, chats inclus, une affinité nettement moindre pour le Sars-CoV-2 que la vache ou le mouton, alors que l’on sait désormais que c’est l’inverse.

Il y a trois mille élevages de visons chinois, dont certains dépassent les cent mille têtes

Les visons chinois, et particulièrement ceux du Shandong, méritent pourtant qu’on s’y attarde. On le sait, ces derniers mois ont fait la démonstration scientifique que les visons pouvaient à la fois contracter le virus des humains et les infecter en retour, non sans fréquemment générer des mutations dans le processus. Mais il y a par-delà cette actualité, une longue histoire des maladies du vison, qui montre que cette espèce solitaire — comme tous les carnivores d’élevage, alors que les herbivores sont sociaux —, placée dans les conditions de promiscuité épouvantable des élevages, contracte des maladies multiples qui en font une menace sanitaire. Or, il y a trois mille élevages de visons chinois, dont certains dépassent les cent mille têtes, qui peuvent être à la source de l’actuelle pandémie. Il est donc incompréhensible qu’aucune recherche virale n’ait été publiée concernant ces animaux.

Les visons — ici, chinois — peuvent à la fois contracter le virus des humains et les infecter en retour, non sans fréquemment générer des mutations dans le processus.

Quelques exemples du problème ? En 2011, un nouveau virus excrété par des visons d’élevage a été génétiquement mis en évidence dans une ferme du Hebei. Il semble être un réassortiment virulent de souches de virus humains et porcins habituellement bénignes. 100 % des visons étaient touchés, 5 % en mouraient. L’apparition d’encéphalopathie nécrosante chez deux enfants était susceptible d’être attribuée à cette recombinaison, et l’étude publiée par Emerging infectious diseases a conclu qu’il fallait se préparer à l’émergence de variantes plus virulentes.

En 2014, les visons d’une ferme du Shandong étaient victimes d’une épidémie de pseudorage d’origine porcine qui aboutit à la mort de 87 % des animaux et se propagea à l’ensemble de la province. Les scientifiques qui avaient essayé d’évaluer l’ampleur de l’épidémie dans quatorze localités affirmaient dans leur publication que le virus avait un taux d’infection très élevé dans la région et que « cela pose un défi pour l’industrie de la fourrure ».

En 2015, une équipe (comprenant la virologue chinoise Shi Zhengli) a isolé et identifié des virus de chauve-souris étroitement liés aux virus humains, porcins et visonins. Ce qui suggère des transmissions interspécifiques entre les chauves-souris et les humains ou les animaux.

En octobre 2016, une équipe du collège vétérinaire de Quingdao découvrait que les visons du Shandong étaient contaminés par une grippe aviaire H5N1 hautement pathogène.

En 2019, une autre équipe du même collège vétérinaire de Quindao a repéré dans les élevages de visons du Shandong l’émergence d’une co-infection mortelle du virus de la maladie de Carré et de celui de la grippe H1N1 porcine, donnant lieu à une nouvelle souche H1N1 dans les poumons infectés de ces mustélidés.

Les visons d’élevage sont également des hôtes intermédiaires possibles pour des variétés de grippe A qui peuvent conduire au développement de souches pandémiques humaines par transmission directe ou indirecte. Ils hébergent parfois de manière épidémique le virus de l’hépatite E, sans qu’on sache encore s’ils peuvent le transmettre aux humains. Ils sont suivis pour l’ESB (encéphalite spongiforme bovine) en raison de leur régime en partie constitué de farines animales, etc.

Pour limiter les dégâts, les visons sont vaccinés contre les virus qui les affectent le plus couramment, comme le parvovirus de la maladie aléoutienne, hautement contagieux pour leur espèce et le virus de la maladie de Carré, transmissible depuis les canidés et aux canidés. Mammifères aux poumons fragiles, ils attrapent spontanément des pneumopathies, qu’ils propagent facilement car ils ont la particularité d’éternuer, tout comme les furets, eux aussi des mustélidés. Visons comme furets sont porteurs de coronavirus spécifiques, celui des furets étant appelé « systémique », car il touche tous les organes, tandis que celui des visons est appelé mink CoV (MCoV) (mink est le mot anglais pour vison).

Les chauves-souris, attirées par les hangars d’élevage, défèquent… sur les cages

Enfin, pour prendre la mesure du chaudron microbien que représentent ces élevages, notons que les visons chinois sont particulièrement concentrés dans la région du Shandong. Cette terre historique d’élevages pour la fourrure accueille des milliers d’exploitations, parfois en polyactivités. On l’a vu, quinze millions de visons s’y agglutinent (en plus de trois millions de chiens viverrins et de six millions de renards). La plupart se trouvent dans une zone grande comme un département français, qui s’étend vers le sud depuis la commune côtière de Weifang. Les animaux, entassés dans des conditions d’hygiène parfois effrayantes, y sont nourris en partie de poissons frais tirés de la mer Jaune, d’abats de volailles ou de porcs, de farines animales et des charognes de leurs congénères, au gré des dépeçages. La nourriture fraîche fortement protéinée est importante pour améliorer la qualité de leurs peaux. Leur existence, entièrement captive, est plutôt brève : les visons, par exemple, se reproduisent en mars, mettent bas en avril et les portées sont tuées entre la mi-novembre et la mi-décembre. Ne sont épargnés que les « étalons » et les femelles destinés à reproduire la génération suivante. Ces reproducteurs représentent néanmoins environ 12 % de l’effectif de chaque élevage, ce qui peut suffire à ce que d’éventuels pathogènes persistent.

Vente de fourrures au marché Sunning, dans la province de Hebei.

Ajoutons que le Shandong, territoire de moyenne montagne et de forêts, connu entre autre pour ses grottes, héberge de nombreuses espèces de chauves-souris, dont certaines, comme Rhinolophus ferrumequinum, Myotis Fimbriatus ou Eptesicus Serotinus, sont porteuses de coronavirus. Les chauves-souris sont attirées par les hangars d’élevage, qui leur fournissent un abri potentiel. Elles urinent et défèquent fréquemment sur tout ce qu’elles surplombent. Des cages contenant des animaux par exemple. De fait, on dispose donc dans le Shandong (même si c’est également le cas dans d’autres régions de Chine) de tous les ingrédients pour de formidables rencontres virales, des recombinaisons en tout genre et des émergences fulgurantes.

Un chiffre peu connu attire l’attention : en 2019, la province n’a récolté que 6,5 millions de peaux de visons, contre presque quinze l’année précédente. Quasiment neuf millions de visons volatilisés d’une année sur l’autre ! Une baisse de 55 %, propre à cette seule province, qui semble ne pouvoir s’expliquer que par une catastrophe ou un fléau brutal. Lequel ? Pourrait-il être sanitaire ? D’autant que les productions de peaux de renards (5,7 millions) et de chiens viverrins (trois millions) issues du même territoire sont, elles, restées parfaitement stables. Sollicitée à plusieurs reprises par Reporterre pour expliquer cette hécatombe, la China Leather Industry Association a laconiquement invoqué dans un courriel « un marché stagnant et une surproduction de peaux de visons » qui auraient conduit « la plupart des compagnies à quitter l’industrie ». Une explication qui semble insuffisante devant l’ampleur du séisme.

Effondrement de la production de visons en 2019.

Tous les grands pays producteurs de peaux de visons ont été contaminés… sauf la Chine ?

Quoiqu’il en soit, on peut s’étonner qu’officiellement aucune ferme intensive chinoise de visons n’ait été contaminée alors que l’Europe de l’Est, de l’Ouest, du Nord et du Sud, les États-Unis et le Canada sont touchés. Ce serait une étonnante anomalie : tous les grands pays producteurs auraient été frappés mais le principal ferait exception, malgré les nombreux liens commerciaux et professionnels l’unissant à ses partenaires étrangers, notamment l’Amérique, l’Europe du Nord et l’Italie.

En définitive, mustélidés, canidés et viverridés — les mammifères suspects pour tenir le rôle d’intermédiaire — sont les mêmes aujourd’hui que pour l’épidémie de Sars-CoV-1 en 2003-2004. Sauf que les civettes masquées sont désormais mille fois moins nombreuses dans le pays que les renards, les raccoon dogs et les visons élevés pour leur fourrure. Il paraît donc inconcevable pour l’établissement de la vérité et pour prévenir une future nouvelle pandémie que l’OMS ne commande pas une enquête serrée dans les élevages, au Shandong et ailleurs.

Vente de renards et de chiens viverrins dans la province de Hebei, au marché de fourrures de Shangcun.

On comprend à la lecture du rapport préparatoire, malgré les perceptibles précautions diplomatiques vis-à-vis de la Chine, que l’intention est présente. Il est par exemple indiqué que la commission d’experts envisage notamment de « cartographier les chaînes d’approvisionnement de tous les animaux vendus sur le marché », sauvages et domestiques, en vue d’identifier « des aires géographiques intéressantes pour effectuer des sérologies animales et humaines ». Exactement, donc, ce qui aurait dû être fait depuis un an : des recherches de virus dans et autour des élevages.

Hélas, l’OMS, après de multiples concessions à l’égard du régime chinois, a abandonné l’ambition de pratiquer directement le travail de terrain en signant un protocole qui délègue aux chercheurs locaux cette partie de l’enquête. La mission ne devrait même pas sortir de Wuhan et l’un de ses membres déclarait récemment à la revue Science et Avenir qu’il ne faut pas s’attendre « à ce que l’équipe revienne avec des résultats concluants ». Même ainsi désarmée, cette délégation semble continuer à poser problème à Pékin.

Le mur dressé par l’État chinois semble toutefois commencer à se lézarder. Le 8 janvier, un article signé par des chercheurs chinois éminents, en l’occurrence Zhengli Shi et Peng Zou, reconnaît pour la première fois dans les colonnes de la revue Science que le vison pourrait être l’hôte « du virus qui a engendré le Sars-CoV-2 ». Les chercheurs suggèrent même de conduire « des investigations rétrospectives d’échantillons datant d’avant la pandémie chez les visons ou d’autres animaux susceptibles ». Les esprits suspicieux se demanderont pourquoi cette suggestion vient si tard, la sensibilité au Covid des visons étant connue depuis six mois, et si de tels échantillons existent encore. Les autres jugeront sans doute qu’il vaut mieux tard que jamais.

Compte tenu de son importance internationale, nous avons traduit cette enquête en anglais : Mounting evidence suggests mink farms in China could be the cradle of Covid-19

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[1] Une équipe de l’OMS est finalement arrivée jeudi 14 janvier en Chine, à Wuhan (centre).

[2] Le Sras est la première maladie grave et transmissible à émerger au XXIe siècle. L’épidémie, partie de Chine fin 2002, a éclaté au niveau mondial en 2003 faisant plus de 8.000 cas et près de 800 morts, résume l’Institut Pasteur.

[3] En 2018, 34,7 millions de visons, 2,7 millions de renards, 166.000 chiens viverrins et 227.000 chinchillas ont été élevés dans l’Union européenne.

[4] Le lien vers lequel nous renvoyons est une archive.

Lire aussi : EXCLUSIF - Les élevages de visons sont-ils la source du Covid en Europe ?

Source : Yann Faure et Yves Sciama pour Reporterre

Carte : © Gaëlle Sutton/Reporterre

Graphique : © Nicolas Boeuf/Reporterre

Photos :
. chapô et vison blanc : Visons élevés pour leur fourrure, en 2015, à Zhangjiakou, province de Hebei. © Greg Baker / AFP
. Chien viverrin. 
Animal Equality International
. Wuhan. 
c f de Pixabay
. Marché Suning, à Hebei. 
Rapport Peoples Republic of Fur Animals and Products
. Wuhan Market. Arend Kuester/
Flickr
. Marché de fourrures de Shangcun. Animal Equality International/
Flickr

 

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