North Sentinel

North Sentinel, ou l'île que personne ne peut approcher

Martin TRAN 02par 
le 30 juillet 2015 à 11h17 , mis à jour le 30 juillet 2015 à 14h10.
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North Sentinel, une île que personne ne peut visiter...
 

North Sentinel, une île que personne ne peut visiter... / Crédits : Google Mapicl

Ce petit îlot de 72km² à peine fait parler de lui ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Certains internautes s'inventent des vacances dessus... alors que personne ou presque n'a jamais pu approcher de ses côtes, précieusement gardées par une tribu dont on ne sait pas grand-chose.
 
En plein milieu du Golfe du Bengale se trouve l'île de North Sentinel, une île que personne ou presque n'a jamais pu voir de près. En effet, la tribu qui y vit, les Sentinelles, sort lances et arcs pour "accueillir" ceux et celles qui oseraient tenter d'accoster sur ses plages.

Le Daily Mail a consacré il y a quelques jours un long reportage sur cette île que personne ne peut approcher. Reportage repéré et alimenté par nos confrères duFrancetvinfo. Personne, ou presque... En effet, un homme est parvenu à franchir cet obstacle : il s'appelle Trilokinath Pandit, c'est un universitaire indien. Après de multiples tentatives débutées dans les années 1960 et parfois espacées de plusieurs années, il a réussi à créer un contact avec les autochtones en 1991.

Des autochtones qui ne sont pas cannibales

Les cadeaux apportés pour apaiser les Sentinelles ont été accueillis de manière différente : si les noix de coco y sont appréciées et conservées car ne poussant pas sur l'île, le cochon donné en guise de cadeau a, lui, été tué sur la plage. Ceux que l'on pouvait penser anthropophages ne le sont donc finalement pas, une information confirmée par Trilokinath Pandit après sa visite de l'île. Une visite soumise à condition par ailleurs : les étrangers doivent en effet se dévêtir et ôter leurs lunettes pour pouvoir visiter l'habitat de leurs hôtes.

 

D'après le retour de l'anthropologue, les Sentinelles (dont on estime la population à 400 individus) ne se nourrissent que de poissons et de tortues. Ils vivent de la même façon depuis 15 000 ans : sans chef ni hiérarchie, ils ne répondent à aucun ordre social préétabli, suivant le mode de vie de leurs ancêtres. Noirs de peau, ils seraient originaires d'Afrique et non d'Asie, et ce malgré l'emplacement de l'île entre l'Inde à l'ouest et la Birmanie à l'est.

 

Retour sur le devant de la scène après le tsunami de 2004...

Si on ne parle que très peu de l'île, elle est "redécouverte" par le grand public fin 2004 : le tsunami vient de frapper les plages thaïlandaises, et les spécialistes craignent alors pour la survie des Sentinelles. Mais ils seront vite rassurés : les habitants de l'île sont sains et saufs, et auraient été sauvés grâce à leurs "connaissances ancestrales des signes fournis par le vent et la mer" pour prévoir la chose et donc s'en protéger.

Preuve aussi de leur volonté à s'en sortir seuls, ils n'ont pas hésité à "chasser" à coups de flèches un hélicoptère venu simplement vérifier que tout allait bien peu de temps après la catastrophe. Mais parfois, ce désir d'indépendance peut tourner au drame : ainsi, en 2006, les Sentinelles ont tué deux pêcheurs ivres venus sur ces plages sur lesquelles personne n'a jamais pu s'allonger.

... et le crash du vol MH370 

La dernière apparition de North Sentinel dans les médias date du crash du vol MH370 de la Malaysia Airlines : à la recherche de l'épave, plusieurs avions et hélicoptères ont survolé l'île, d'où s'échappait de la fumée. Beaucoup ont alors pensé que l'avion s'y était crashé, mais l'information a rapidement été démentie par les autorités.

Si l'on ne sait finalement que peu de choses sur ces Sentinelles, c'est aussi car l'île bénéficie d'une protection de la part de l'Inde dont elle dépend, une protection aussi bien politique qu'anthropologique et sanitaire, les autochtones possédant un système immunitaire des plus fragiles du fait de leur non-contact avec le monde extérieur. Mais cela ne semble pas suffisant pour certaines associations de défense de l'environnement (dont Survival France) qui exhortent "l'administration des îles Andaman à appliquer strictement sa politique de cessation de tout contact avec les Sentinelles et à mettre un terme au braconnage autour de leur île".

 

 

Un bon sujet pour un prochain roman......

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