Rugby

Oui, oui "rugby" !

J'ai regardé un match cet après-midi et Fabien Galtié, ancien joueur et commentateur passionné et passionnant a eu une phrase que j'ai trouvée admirable alors qu'un joueur venait de manquer une pénalité cruciale.

"Il faut être dans l'instant présent et pas dans les conséquences possibles du geste."

 

Bien entendu que cette phrase s'appliquait au joueur, au sport en général d'ailleurs. Une balle de match au tennis...Combien de fois a-t-on vu un joueur sur le point de gagner une finale et ne plus être capable de marquer ce fameux point. Parce qu'il est submergé de pensées, parce que l'émotion a pris le pouvoir, qu'il n'est plus dans l'instant mais dans la remise de la coupe, dans le palmarès du tournoi, dans tous les rêves d'enfant qu'il a eus alors qu'il commençait vraiment à bien jouer, dans la reconnaissance, dans l'égo. Pas un égo négatif et destructeur, il est tout à fait normal d'être heureux dans un instant pareil, mais un égo qui va au-delà de l'instant, qui vit hors du présent et du coup vient pertuber les qualités du joueur.

 

C'est assez effrayant tout de même...Quand on y pense sérieusement, en essayant d'analyser les éléments en présence. Tout est pourtant la propriété de l'individu. L'adversaire, en face, n'est pour rien dans cette "sortie de route". Alors que rien n'est plus important pour ce sportif que cette victoire, il va de lui-même créer des phénomènes internes si puissants que cette victoire risque de lui échapper. Comme si quelque chose en lui n'en voulait pas...Ca n'est évidemment pas le cas. Il s'agit simplement d'une incapacité à rester dans l'instant, tout simplement, à rester ancré dans la vie réelle et pas dans une vie imaginée, cette vie qui n'a aucune existence puisque d'ailleurs elle risque bien de ne jamais survenir...

 

Alors cette phrase de Fabien Galtié, elle m'est restée à l'esprit et j'ai essayé de l'étendre aux autres circonstances de la vie.

Une rencontre par exemple : Dès lors qu'un individu se laisse emporter par la possibilité d'une histoire amoureuse, il entre dans "les conséquences du geste." On peut facilement déduire que tout comme un joueur de tennis avant une balle de match, il ne sera plus maître de lui-même, que les émotions le submergeront au point qu'il ne sera plus lui-même mais une tentative de lui-même, celui qu'il aimerait devenir. Peut-être d'ailleurs que son trouble sera émouvant et touchera l'autre personne. Mais on entre dès lors dans le domaine de l'éventualité et pas de la réalité. Peut-être aussi, après quelques temps, lorsque l'émotion aura été consommée et que la plénitude sera de nouveau installée, que le retour au grand jour de l'individu réel amènera une désillusion chez le partenaire, comme si l'image émouvante avait rendu l'âme et que l'âme apparue n'était pas aussi belle. La réalité n'est pas toujours reluisante. C'est encore pire lorsqu'elle a été camouflée. Que ce soit conscient ou pas.

Alors, chaque partenaire ira chercher une "autre finale", une autre émotion exacerbée, une autre réalité travestie, sans réaliser que le retour de flamme sera nécessairement le même. On ne peut pas tricher indéfiniment avec la réalité.

 

Alors, maintenant, il conviendrait d'autopsier en profondeur nos fonctionnements pour déterminer le nombre de fois et les situations répétées dans lesquelles nous ne sommes pas dans la réalité parce que nous nous projetons dans "les conséquences possibles du geste." 

Merci Fabien Galtié.

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