Ski

Etonnant l'importance que cette activité a prise.

Trois sorties de ski ces jours ci. Toujours cet émerveillement devant ces paysages magnifiés par la neige. Le silence, la solitude, même si nous skions en famille, nous ne sommes que quelques petits points dans les immensités. La lumière, le flamboiement de la neige, les ombres sur les piliers, les corniches,les nuages. Les regards sans cesse happés par un détail ou l'ensemble, un jeu permanent dans la découverte.

Et puis ce jeu physique avec les skis, choisir sa trace, maintenir l'équilibre, déclencher les virages au bon endroit, deviner les pièges, un trou, un rocher, une barre, un talus, une pente instable, slalomer entre les sapins, résister à la brûlure dans les cuisses, respirer, souffler, limiter les coulées d'acide lactique, maîtriser la peur, rester dans l'instant.

L'essentiel.

L'instant. C'est ça que j'aime le plus finalement. La Nature comme le terrain idéal à la disparition des pensées inutiles, des errances psychologiques, temporelles, comme si le jeu et l'intensité qu'il génère ne laissait aucune place à la dispersion, à cette incapacité à vivre immédiatement, totalement, sans aucune perte de soi. C'est là, dans cette simplicité de l'action que nous sommes entiers, nullement fragmentés intérieurement, un potentiel intégralement exploité, aucune échappée insoumise, aucune pensée intrusive, déclencher le virage, planter les bâtons, souple sur les cuisses, le balancement des épaules, la vitesse, un genou en avant et puis l'autre, des gestes simples qu'il faut répéter jusqu'à ce qu'ils deviennent automatiques, jusqu'à ce qu'ils soient intégrés, au plus profond des fibres, que tout devienne simple, instinctif.

 

Dans une neige croûtée particulièrement dure à skier, mon gars m'a dit en me voyant suer à grosses gouttes et râler contre mes difficultés : "Et voilà, t'as encore décidé que tu étais nul et du coup tu ne sais plus skier."

Et vlan. Il avait parfaitement raison. Je savais ce qu'il fallait faire mais le mental, la peur, l'appréhension, les contractions, tout cet emballement intérieur me privait de ce potentiel, de cet instinct du geste exact. Alors j'ai décidé de ne plus penser, de couper les parasites, de n'être qu'un corps en action, des fibres qui vont chercher dans une mémoire corporelle le geste à accomplir, ne pas être un mental qui skie mais juste un corps en action.

Ca n'a pas été immédiat, il y a eu encore quelques intrusions, des doutes, des peurs érigées, et j'ai fini par trouver la solution définitive pour que tout ça se taise pour de bon.

La joie, le bonheur, le jeu, le rire. Etre un enfant. Aucune performance à accomplir, aucun objectif à atteindre, juste passer cette bosse, tourner sur cette crête, plonger dans la pente, rire, frissonner de plaisir, bénir la neige et les montagnes, être là, juste là, une tête vide et un corps qui vit. 

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