Article "point-clé du 11 Septembre" : Mystérieux délits d'initiés boursiers à la veille des attentats
Posté par Christo le 28/06/2010
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Mystérieux délits d'initiés boursiers à la veille des attentats
San Francisco Chronicle, 18 septembre 2001 |
Plusieurs études sont venues confirmer le mauvais pressentiment que les experts et analystes économiques ont exprimé à la réouverture des marchés :
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Une étude menée par la banque centrale allemande fin septembre 2001 conclut à « la preuve quasi irréfutable de délits d’initiés »sur les actions des compagnies aériennes et d’assurances touchées par les attentats (Washington Post, 22/09/01 ; Daily Telegraph, 23/09/01). Selon Ernst Welteke, président de la Bundesbank, « ce que nous avons trouvé nous donne la certitude que des personnes liées au terrorisme ont essayé de tirer profit de cette tragédie » [9] (Washington Post, 22/09/01).
Ernst Welteke | The Washington Post, 22 septembre 2001 |
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Allen Poteshman, professeur de finance à l’Université de l’Illinois, publie une étude en avril 2004 confirmant l’existence de délits d’initiés sur les titres United Airlines et American Airlines : « Il y a des preuves d’une activité inhabituelle sur le marché des options dans les jours précédant le 11 Septembre correspondant à des transactions financières sur la base d’une connaissance préalable des attentats » conclut-il (Chicago Tribune, 25/04/04 ; 2ème édition de l’étude en format pdf publiée dans le Journal of Business, 2006).
- Une seconde étude universitaire menée en 2007 par l'Université de Zurich sous la direction de Marc Chesney – professeur de finance et spécialiste des produits dérivés – conclut que « la probabilité qu'il y ait eu délits d'initiés est forte pour American Airlines, United Airlines, Merrill Lynch, Bank of America, Citigroup et JP Morgan. Ce n'est pas une preuve juridique mais le résultat de méthodes statistiques montrant des signes d'irrégularités » (Les Echos, 11/09/07 ; 2e édition de l’étude en format pdf, 19/04/10).
Allen Potesham | Marc Chesney |
Malgré les évidences, les autorités américaines n'ont pas jugé pertinente la piste des délits d'initiés. La SEC [10], organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, débuta une enquête le 12 septembre 2001, conjointement avec le FBI. Deux années plus tard, le 19 septembre 2003, le porte parole du FBI annonçait la clôture de l’enquête criminelle sur ces transactions financières. Selon Ed Cogswell, porte-parole du FBI, il n’existerait « absolument aucune preuve » que les spéculateurs s’étant livrés à ces transactions aient eu la pré-connaissance des attentats (Chicago Sun-Times, 19/09/03). Même son de cloche du côté de la SEC dont le rapport d’enquête fut finalisé en mai 2002 et rendu partiellement public en avril 2010 [11]. La SEC reconnaît certes l’existence de transactions inhabituelles, mais chacune d’elles aurait trouvé des explications non délictueuses (rapport de la SEC, 15/05/02). Quant à la Commission d’enquête sur le 11 Septembre, elle a entériné les conclusions de la SEC qu’elle n’a évoquées que succinctement dans son rapport final. Fait curieux : ni la SEC, ni la Commission d’enquête, n’ont révélé l’identité des investisseurs concernés par ces transactions inhabituelles.
Les régulateurs boursiers d’une douzaine d’autres pays - dont la France (Le Monde, 22/09/01) – lancèrent leurs propres enquêtes sur la base de la reconnaissance initiale de mouvements boursiers suspects [12]. Le directeur général du gendarme boursier français (l’AMF - anciennement COB) déclara alors : « Nos systèmes informatiques ont repéré une [...] liste d'anomalies [boursières] [13] sur laquelle nous travaillons d'arrache-pied » (Le Monde, 22/09/01). Le ministre italien de la défense, Antonio Martino, alla jusqu’à affirmer publiquement qu’un complot financier se cachait derrière cette spéculation sur les marchés internationaux (Le Monde, 19/09/01).
Pourtant, une fois encore, ces différentes enquêtes officielles aboutiront à des non-lieux, comme en France (rapport annuel COB 2002, chap.5, p.221) et au Royaume-Uni (American Public Media, 17/10/01), et les rapports d’enquête ne seront jamais rendus publics. « Un mauvais canular », c'est ainsi qu'en privé, les banquiers de la place financière londonienne qualifient l’enquête anglaise (Le Monde, 29/09/01), laquelle ne dura en tout et pour tout que deux semaines (American Public Media, 17/10/01). À l’instar des banquiers londoniens, le professeur Marc Chesney s’étonne de ces non-lieux : « sur quelles bases ont-ils pu conclure à un non-lieu alors que du point de vue financier […] il y a une forte probabilité de délits d’initiés ? » (interview filmée sur RMC, 11/09/07, min. 5:15).
De toute évidence, les non-lieux sont la résultante d’un raisonnement logique défaillant ayant prévalu dans les enquêtes des régulateurs boursiers, un raisonnement qui s’apparente à un pur syllogisme selon lequel :
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Les délits d’initiés ne peuvent émaner que d’individus affiliés à Al-Qaida. En d’autres termes, et il s’agit là d’une hypothèse a priori de la part des autorités, personne d’autre n’a pu avoir connaissance des attentats à venir.
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Les différentes enquêtes n’ont pas pu établir le moindre lien entre les mouvements suspects et Al-Qaida.
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Conclusion : Il n’y a donc pas eu délits d’initiés. Les transactions inhabituelles ne sont rien d’autre qu’une pure coïncidence.
Illustrations :
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La conclusion générale du rapport de la SEC est la suivante : « Nous n'avons pas découvert l'once d'une preuve suggérant que ceux qui avaient la pré-connaissance des attentats [i.e. les terroristes d’Al-Qaida] ont effectué des transactions financières sur la base de ces informations » (rapport de la SEC, 15/05/02, p.20). (Voir l’annexe en fin d’article pour une analyse des quelques arguments avancés par la SEC dans son rapport pour tenter de convaincre du caractère anodin des transactions).
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Dans son rapport officiel, la Commission d’enquête sur le 11 Septembre écrit : « Selon certaines allégations, Al-Qaida se serait financé en manipulant les marchés financiers grâce à sa pré-connaissance des attentats du 11/9. Des enquêtes exhaustives […] n’ont révélé aucune preuve que ceux qui avaient la pré-connaissance des attentats en aient profité par le biais de transactions financières » (Commission sur le 11/9, rapport officiel, juil. 2004, p.172).
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L'organe de régulation des marchés financiers français (l'AMF - anciennement COB) stipule dans son rapport annuel de 2002 que « les éléments recueillis n'ont pas permis de mettre en évidence que des groupes financiers liés aux instigateurs des attentats aient pu utiliser la Bourse pour réaliser des opérations » (rapport annuel COB 2002, chap.5, p.221).
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Le journal Le Monde écrit : « Les autorités boursières à Paris, à Amsterdam et à Francfort, ont relevé de forts mouvements sur certains titres sans pouvoir prouver une spéculation concertée organisée par les terroristes » (Le Monde, 29/09/01).
Par ailleurs, outre le caractère infondé du raisonnement, les enquêtes officielles se distinguent également par leur incomplétude. Elles portent exclusivement sur les spéculations inhabituelles constatées sur le marché des options. Or, des mouvements suspects ont également impliqué les bons du Trésor américain, la monnaie en circulation aux Etats-Unis et les marchés de l’or et du pétrole :
- Le 22 septembre 2001, le président de la banque centrale allemande Ernst Welteke déclare que les prix du pétrole [15] et de l’or – valeur refuge en temps de crise – avaient grimpé de manière inexplicable juste avant les attentats. Ernst Welteke suspecte ces mouvements inhabituels d’être le fait d’initiés qui auraient investi dans ces matières premières en sachant que leurs prix grimperaient après les attentats (Washington Post, 22/09/01 ; Daily Telegraph, 23/09/01 ; CNN, 24/09/01).
- En octobre 2001, le Wall Street Journal rapporte que les services de renseignement américains ont relevé un nombre exceptionnellement élevé d’achats de bons du Trésor à cinq ans effectués juste avant les attentats. Une de ces transactions portait sur un montant vertigineux de 5 milliards de dollars. Le Wall Street Journal souligne : « Les bons du Trésor à cinq ans sont un des meilleurs investissements en cas de crise mondiale, surtout si elle frappe les États-Unis. Ces bons sont prisés car ce sont des valeurs sûres, garanties par le gouvernement américain, et qui augmentent généralement lorsque les investisseurs fuient les placements plus risqués, notamment en actions ». La valeur de ces bons, conclut le quotidien financier, a d’ailleurs brusquement augmenté après les évènements du 11 Septembre (Wall Street Journal, 2/10/01).
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William Bergman Entre juin et août 2001, les Etats-Unis ont enregistré leur troisième plus grosse augmentation de monnaie en circulation de l’histoire [16] (Sanders Research Associates, 16/09/05). Autrement dit, de nombreuses personnes ont converti leurs dépôts bancaires en argent liquide dans les mois qui ont précédé le 11 Septembre. Cette subite augmentation de la monnaie en circulation a conduit l'économiste William Bergman, qui travaillait à la FED de Chicago de 1990 à 2004, à suspecter une possible pré-connaissance des attentats par un certain nombre d’individus. Il s’explique : « Conformément à la loi sur le blanchiment d'argent et d'autres lois, dont celles appliquées en temps de guerre ou d'urgence nationale, les capitaux dans le système bancaire peuvent être gelés et saisis […]. Historiquement, en temps de guerre, la monnaie en circulation a eu tendance à augmenter au détriment des dépôts bancaires […]. Assistait-on à une accumulation d'argent ‘sous le matelas’ juste avant le 11 septembre [par des individus qui se souciaient de la saisie de leurs capitaux] ? » (Sanders Research Associates, 4/01/06).
Peu de temps après ces révélations, les données de Convar furent récupérées par le FBI qui s'efforça de clore au plus vite ce dossier, un dossier par ailleurs totalement ignoré par la Commission d’enquête du 11 Septembre. Quelques années plus tard, un représentant de Convar confirma la nature incriminante des données d’une manière qui montre qu’il n’est pas autorisé à parler. Regardez cette interview édifiante diffusée en 2006 dans le cadre de l’émission de télévision néerlandaise Zembla :
Eric Laurent |
En guise de conclusion, nous laisserons le dernier mot à Eric Laurent : « La seule question qui mérite d’être posée est ‘pourquoi ont-ils laissé faire ?’ » (Eric Laurent, sept. 2005, p.61).