Test positif.
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2011
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Aujourd'hui, en classe, j'ai proposé ce texte à mes élèves.
Ecrit dans un triangle avec une mise en page très précise.
LA MOTO
EST SUR LA
LA ROUTE
Je montre ce texte trois secondes et les enfants doivent écrire ce qu'ils ont lu.
Ils ont tous écrit : LA MOTO EST SUR LA ROUTE.
Je leur dis que c'est incorrect, ils sont tous surpris.
Deuxième lecture.
Nouvelle erreur générale.
Troisième lecture, toujours trois secondes.
Deux élèves trouvent l'énigme.
Quatrième lecture.
D'autres à leur tour.
Je montre enfin le texte longuement, certains enfants ont encore du mal à identifier le doublon.
C'est ensuite que c'est intéressant.
L'explication du phénomène.
Faites ce test avec des enfants de CE1 et vous les verrez trouver rapidement le problème. Certains adultes ont besoin de dix lectures pour y parvenir.
La solution est très simple.
Les bons lecteurs se trouvent confrontés à une correction immédiate de leur cerveau. Ils ne peuvent donc pas identifier l'erreur parce que leur cerveau l'élimine. La phrase ne veut rien dire et elle est donc automatiquement corrigée, la mémoire et le sens entrent en jeu sans même qu'ils soient sollicités. Il faut que les enfants prennent conscience d'un dysfonctionnement dans l'analyse de cette phrase pour parvenir à voir l'erreur.
Ils sont donc de bons lecteurs...
Ce qui m'intéresse dans cet exercice, c'est de pouvoir mettre en avant les qualités des enfants. Le fonctionnement des enseignants les amènent régulièrement à mettre les enfants en difficulté mais en oubliant trop souvent de leur rappeler leurs connaissances. Cette confrontation permanente avec la difficulté peut aboutir à un découragement si elle n'est pas soutenue par un rappel de leurs réussites antérieures. Un enfant de CM2 n'a pas de souvenirs précis de ses premières années d'école primaire...Il est, années après années, mois après mois, jours après jours assailli de difficultés supplémentaires et cet horizon constamment assombri ne peut être supporté qu'avec une mise en valeur de son parcours.
Je tiens à construire leurs apprentissages sur le regard aimant et fier de leurs fondations, les plonger quotidiennement sur ce qu'ils savent faire avant de les contraindre à avancer en terrain inconnu. Et je me dois de leur permetre d'accueillir en eux ce bonheur du travail accompli.
Ils n'ont en plus aucune idée précise du chemin à parcourir. Leur avenir scolaire leur est totalement insaisissable. Tant mieux d'ailleurs...
Mais il faut, pour nourrir le présent de forces vives, leur permettre de s'estimer, de s'aimer, de se réjouir de tout ce qui a été accompli dans ce passé. Il faut ensuite leur faire comprendre que ce passé n'a aucune existence réelle puisque ce qu'ils ont appris est en eux, là et maintenant. Comme un univers en expansion qui continue à produire des étoiles.
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