Articles de la-haut

    • Thierry LEDRU
    • Presle
  • Capital extrémiste

    Oui, bien évidemment que les adeptes du capitalisme libéral sont des extrémistes environnementaux, qu'ils sont les seuls destructeurs et que les zadistes et les "écolos" ne sont pas des terroristes. Ils réagissent à la terreur, avec leurs moyens, des moyens insignifiants. Insignifiants parce que les maîtres du capitalisme libéral écrivent les lois. Alors, effectivement, parfois, des victoires surviennent, des projets dévastateurs sont abandonnés.

    Un pour mille, à quelques drames près. 

     

    Philippe Pereira :

    "Je crois effectivement qu’il existe des extrémistes environnementaux.

    Je crois que faire disparaître 200 espèces par jour relève de l’extrémisme.

    Je crois que causer, comme le dit le biologiste Michael Soulè, la fin de l’évolution des vertébrés, relève de l’extrémisme.

    Je crois que faire baigner le monde dans les perturbateurs endocriniens relève de l’extrémisme.

    Je crois que déverser tellement de plastique dans les océans, qu’on y retrouve 10 fois plus de plastique que de phytoplancton (imaginez que sur 11 bouchées que vous prenez, 10 soient du plastique), relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’avoir une économie basée sur une croissance infinie sur une planète finie, relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’avoir une culture basée sur l’incitation « Soyez féconds et multipliez-vous » sur une planète finie, relève de l’extrémisme.

    Je crois que détruire 98 % des forêts anciennes, 99 % des zones humides natives, 99 % des prairies, relève de l’extrémisme.

    Je crois que continuer à les détruire relève de l’extrémisme.

    Je crois que vider les océans, tellement que si on pesait tous les poissons dans les océans, leur poids actuel correspondrait à 10 % de ce qu’il était il y a 140 ans, relève de l’extrémisme.

    D’impassibles scientifiques nous disent que les océans pourraient être dépourvus de poissons durant la vie de la prochaine génération. Je crois qu’assassiner les océans relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’assassiner la planète entière relève de l’extrémisme.

    Je crois que produire en masse des neurotoxines (e.g. des pesticides) et les relâcher dans le monde réel, relève de l’extrémisme.

    Je crois que changer le climat relève de l’extrémisme.

    Je crois que voler les terres de chaque culture indigène relève de l’extrémisme. Je crois que commettre un génocide contre toutes les cultures indigènes relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’une culture envahissant la planète entière relève de l’extrémisme.

    Je crois que croire que le monde a été conçu pour vous relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’agir comme si vous étiez la seule espèce de la planète relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’agir comme si vous étiez la seule culture sur la planète relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’il y a effectivement des « extrémistes environnementaux » sur cette planète, et je crois qu’ils sont appelés capitalistes. Je crois qu’ils sont appelés « les membres de la culture dominante ». Je crois qu’à moins d’être arrêtés, ces extrémistes tueront la planète. Je crois qu’ils doivent être arrêtés.

    Nous sommes des animaux. Nous avons besoin d’eau propre pour boire. Nous avons besoin d’une nourriture propre et saine pour manger. Nous avons besoin d’un environnement habitable. Nous avons besoin d’un monde viable.

    Sans tout cela, nous mourrons. La santé du monde réel est la base d’une philosophie morale soutenable, fonctionnelle, et saine. Il doit en être ainsi, parce qu’elle est la source de toute vie.

  • Ecrire l'incompréhensible

    Ce que j'ai vécu et qui n'est pas compréhensible. S'agissait-il d'une hallucination ou d'une autre vérité, d'un espace inconnu qu'on ne peut inventer ? Je n'étais pas dans une grotte mais sur un sommet, seul. J'avais vingt ans. Une ascension en solo, l'attention extrême, la concentration et l'application de chaque geste, une rupture, un mental qui se tait car ses bavardages inquiets auraient pu être fatals. Et c'est là que s'ouvre l'autre dimension, celle d'un esprit libéré de tout et qui capte enfin ce qui n'est pas "raisonnable". Je n'étais pas un puma mais un rapace. Une vision macroscopique de l'étendue, ce qui ne peut être vu par l'oeil humain, tout était là, dans une vision que je contrôlais.

    Je n'ai jamais rien oublié et c'est en écrivant ce roman, l'histoire de Laure, que le désir intense, corporel, viscéral de tout transcrire est venu. Je sais combien, après avoir écrit plusieurs romans, que dans chacun d'entre eux se retrouve cet état de décorporation, cette expérience de conscience modifiée. J'ai mis longtemps en fait à le comprendre.

    Il m'est parfois douloureux de ne pas pouvoir le revivre comme je le voudrais, de ne pas pouvoir le déclencher selon mon bon vouloir, de n'être finalement que celui qui reçoit et je m'en veux de cette déception car je sais en même temps le privilège que j'ai d'avoir été libéré, à quelques reprises, de la pesanteur humaine et d'avoir pu goûter à la beauté ineffable de l'inconnu.

    C'est sans doute la raison essentielle pour laquelle j'écris. Retourner à travers les mots dans cette dimension. Ce passage-là, je n'en changerai pas une ligne, pas un mot, pas une virgule. Il y a de la même façon, dans chacun de mes romans, des passages qui sont inscrits, gravés, immuables.

    Ça ne signifie pas qu'ils sont parfaits mais ils sont ce que je porte. 

    Il y a deux nuits, j'ai rêvé, encore une fois, que je volais. Toujours au-dessus des montagnes. Je sens parfaitement le mouvement de mes ailes, le vent dans mes plumes, le moindre positionnement de mon corps, je peux me déplacer à des vitesses vertigineuses sitôt que je décide de m'approcher d'un lieu. Il y a des couleurs, des lumières, les forêts, les cours d'eau, les glaciers, les sommets, les crêtes et les neiges éternelles.

    Je suis éveillé, parfaitement éveillé, totalement conscient.

    Et pourtant, à un moment, le rêve s'arrête. Et c'est douloureux et en même temps merveilleux d'avoir pu le vivre. 

     

    TOUS, SAUF ELLE

    Tout à l'heure, dans une autre vie, elle avait rejoint la grotte, elle était entrée et s’était assise dans l’ombre, au plus profond, sur une roche plate. L'ombre...

    Elle en avait ressenti la présence, comme celle d'une personne. Là, tapie dans l'ombre. L'ombre dans le secret d'elle-même.

    Elle avait eu un vertige.

    Elle avait pris un des deux bidons sur son sac, elle avait bu trois gorgées, lentement, avec application puis elle avait replié les jambes en tailleur. Une posture incongrue après une course mais qui lui paraissait incontournable. Elle avait longuement écouté le goutte à goutte de la source puis elle avait senti une étrange torpeur l’envahir, une fatigue inhabituelle. Elle s’était allongée sur le dos avec son petit sac sous la tête. Elle avait ausculté chaque point de contact de son corps avec la roche, elle avait un peu bougé pour trouver la position idéale, le désir aimant de s’accorder au moindre relief minéral, puis elle était entrée dans une immobilité totale. Les mains posées en croix sur son ventre.

    Elle ne se souvenait pas avoir fermé les yeux.

    Elle ne se souvenait pas non plus les avoir ouverts, ni du moment où elle avait entamé la descente. La descente vers quoi, d'ailleurs ? Elle avait suivi des traces sans accorder la moindre importance à la direction prise, comme aimantée, reliée par un fil invisible à un lieu sacré qu'elle devait rejoindre. Elle se souvenait juste d'un désert et d'une histoire de Barbares.

    Elle marcha ainsi, mue par une intuition puissante.

    Quand elle arriva à la ferme, elle repensa au texto et décida de le relire.

    Elle ouvrit la porte, alluma la lampe sur pied du salon et s’assit dans le fauteuil.

    « Tout va bien. Il ne s’est rien passé. Je reste à Lyon demain, deux, trois trucs à vérifier. Je t’aime. »

    Elle leva les yeux et balaya l’intérieur du regard et ce fut comme un rappel à soi, la sortie d’un tunnel, le retour à une vie connue.

    Il y a longtemps, elle était entrée dans une grotte et elle s’était allongée dans l’ombre. Le temps s’était étiré au-delà de l’espace habituel et elle avait maintenant l’impression de ne pas être redescendue. Ou d’être quelqu’un d’autre.

    Une femme était montée là-haut. Quelqu’un d’autre était revenu. Elle et lui, lui en elle. Comment le comprendre ?

    Elle ne se souvenait pas avoir fermé les yeux. Elle n’avait plus aucun repère temporel depuis l’instant où elle avait quitté le monde connu.

    La main de Figueras s’était posée sur son front.

    Mais à l’intérieur.

    L’évaporation intégrale des ressentis humains. L’effacement de son corps allongé sur la roche. Aucun point de contact. Rien de connu. Et tout ce qui avait jailli n’était aucunement identifiable.

    Elle s’étonna même de ne pas oser vraiment se le remémorer comme si de telles pensées relevaient de la psychiatrie et ne devaient pas être ranimées.

    Elle pensa alors qu’elle n’en parlerait peut-être jamais.

    Elle s’enfonça dans le fauteuil, posa le smartphone sur le plancher et ferma les yeux. Volontairement, cette fois.

    Qu’avait-elle vécu là-haut ? Elle devait se souvenir, ne rien perdre, elle en sentait douloureusement l’importance et s’en voulait de gâcher la beauté du voyage par une peur ténébreuse.

    Plonger dans la lumière, la retrouver, se nourrir de sa bienveillance, du cadeau offert.

    La main de Figueras la regardait et elle savait maintenant que, si la phrase n’avait aucun sens, elle possédait en revanche une puissance évocatrice phénoménale. Elle réalisa qu'en pensant à ces quelques mots – la main de Figueras la regardait– elle basculait immédiatement dans une vision intérieure d'une acuité stupéfiante. Elle distinguait les rides et les taches sur sa peau, le cheminement des veines. Elle percevait l'odeur de la terre sur ses doigts.

    L’énergie qui coulait la visitait comme un flux électrique, un produit révélateur. Un circuit interne qui la ravissait. Figueras regardait en elle et elle se souvenait de la tendresse, de l’intention bienveillante.

    Elle était gênée et simultanément comblée de deviner dans le phénomène un acte d’amour. Sans rien y comprendre.

    Elle ne savait plus rien. Pas dans la dimension humaine.

    Elle était un puma. Un puma…

    Elle n’en connaissait rien avant d’entrer dans la grotte. Elle savait tout de lui maintenant. Puisqu’il était elle et qu’elle était lui.

    Plus rien n’avait de sens, rien n’était vérifiable, rien n’était racontable, rien n’était traduisible, aucun rêve n’avait cette portée.

    Un territoire infini s’était ouvert et elle n’en était pas revenue.

    Elle avait couru dans les montagnes, la puissance de l’animal dans ses fibres, elle était lui, il était elle, une reconnaissance cellulaire, des retrouvailles, la joie éblouissante de l’euphorie musculaire, quatre pattes volant au-dessus de la terre, chaque appui dans une perfection totale, elle avait couru en lui, dans l’acuité de ses regards, le saisissement fulgurant de la moindre brindille dans son champ de vision, dans le couronnement de ses sens, l’extrême déploiement de sa vitalité, la puissance de son corps, tout entier impliqué dans la chasse, elle avait vu l’étendue des existences, le cheminement millénaire des incarnations, le tournoiement des âmes en attente, dans l’immensité des montagnes, à l’envers des cieux, elle avait cavalé sur les nuages, elle avait traversé les abîmes du temps en découvrant leur inexistence, rien n’avait de durée, tout n’était que l’instant, éternellement.

    C’est là qu’elle avait ressenti le danger, une menace immense, constante, où que l’animal soit, qu’il coure dans les montagnes ou les forêts, qu’il traverse les torrents ou explore les ravins les plus profonds.

    Où qu’il soit, un péril majeur, un risque de disparition et elle découvrit l'horreur de cette existence, cette menace constante, cette attention vitale, le calvaire des animaux persécutés, la diminution dramatique des congénères.

    Elle ne savait pas quand elle avait ouvert les yeux. Ni quand elle avait décidé de quitter la grotte. Ni comment elle avait franchi les ressauts, les pentes, les vires et les couloirs rocheux pour rejoindre la forêt. Elle ne savait rien de ces instants inexistants.

    C’est dans l’espace fermé des murs de la ferme qu’elle avait réellement repris conscience.

    Ou qu’elle l’avait perdue.

  • Le dilemne du prisonnier

    Il est évident que ces situations sont grandement étudiées dans les écoles de commerce et dans les études menant à la vie politique. (si tant est qu'on puisse appeler ça une "vie")

     

    Dilemme du prisonnier

     

    concept de théorie des jeux De Wikipédia, l'encyclopédie libre

    Dilemme du prisonnier

    PrincipeDilemme du prisonnier classiqueFormulationDilemme à plusieurs joueursExemples de situations réellesMarché de l'informationÉconomieSportÉcologiePolitique internationaleDérèglement climatiqueLe dilemme répétéVariantesLe jeu de la poule-mouilléeAmi ou ennemiLe dilemme du prisonnier dans la cultureFilmographieCinémaTélévisionLittératureRomanVidéoRéférencesVoir aussiBibliographieArticles connexesLiens externes

    Le dilemme du prisonnier, énoncé en 1950 par Albert W. Tucker à Princeton, caractérise en théorie des jeux une situation où deux joueurs auraient intérêt à coopérer, mais où, en l'absence de communication entre eux, chacun choisit de trahir l'autre si le jeu n'est joué qu'une fois. La raison en est que, si l'un coopère et que l'autre trahit, le coopératif est fortement pénalisé. Pourtant, si les deux joueurs trahissent, le résultat leur est moins favorable que si les deux avaient choisi de coopérer.

    Le dilemme du prisonnier est souvent évoqué dans des domaines comme l'économie, la biologie, la politique internationale, les politiques commerciales (avantage et risques d'une guerre des prix), la psychologie, le traitement médiatique de la rumeur[1], et même l'émergence de règles morales dans des communautés.

    Il a donné naissance à des jeux d'économie expérimentale testant la rationalité économique des joueurs et leur capacité à identifier l'équilibre de Nash d'un jeu.

    Principe

    Thumb

    Un exemple de matrice de gains du dilemme du prisonnier.

    Tucker suppose deux prisonniers (complices d'un crime) retenus dans des cellules séparées et qui ne peuvent pas communiquer ; l'autorité pénitentiaire offre à chacun des prisonniers les choix suivants :

    si un seul des deux prisonniers dénonce l'autre, il est remis en liberté alors que le second obtient la peine maximale (10 ans) ;

    si les deux se dénoncent entre eux, ils seront condamnés à une peine plus légère (5 ans) ;

    si les deux refusent de dénoncer, la peine sera minimale (6 mois), faute d'éléments au dossier.

    Ce problème modélise bien les questions de politique tarifaire : le concurrent qui baisse ses prix gagne des parts de marché et peut ainsi augmenter ses ventes et accroître son bénéfice, mais si son concurrent principal en fait autant, les deux peuvent y perdre.

    Ce jeu ne conduit pas spontanément à un état où on ne pourrait améliorer le bien-être d'un joueur sans détériorer celui d'un autre (c'est-à-dire un optimum de Pareto ; voir aussi équilibre de Nash). À l'équilibre, chacun des prisonniers choisira probablement de faire défaut alors qu'ils gagneraient à coopérer : chacun est fortement incité à tricher, ce qui constitue le cœur du dilemme.

    Si le jeu était répété, chaque joueur pourrait user de représailles envers l'autre joueur pour son absence de coopération, ou même simplement minimiser sa perte maximale en trahissant les fois suivantes. L'incitation à tricher devient alors inférieure à la menace de punition, ce qui introduit la possibilité de coopérer : la fin ne justifie plus les moyens.

    Le dilemme du prisonnier est utilisé en économie, étudié en mathématiques, utile parfois aux psychologues, biologistes des écosystèmes et spécialistes de science politique. Le paradigme correspondant est également mentionné en philosophie et dans le domaine des sciences cognitives.

    Dilemme du prisonnier classique

    Formulation

    La première expérience du dilemme du prisonnier a été réalisée en 1950 par Melvin Dresher et Merill Flood, qui travaillaient alors pour la RAND Corporation. Par la suite, Albert W. Tucker la présenta sous la forme d'une histoire :

    Deux suspects sont arrêtés par la police. Mais les agents n'ont pas assez de preuves pour les inculper, donc ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre. « Si tu dénonces ton complice et qu'il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et l'autre écopera de dix ans de prison. Si tu le dénonces et que lui aussi te dénonce, vous écoperez tous les deux de cinq ans de prison. Si personne ne dénonce l'autre, vous serez condamnés tous les deux à six mois de prison. »

    On résume souvent la situation dans un tableau[2]

    Davantage d’informations Le suspect B se tait, Le suspect B dénonce ...

    et les utilités de chacun dans ce tableau appelé "Matrice des Paiements" :

    Davantage d’informations Le suspect B se tait, Le suspect B dénonce ...

    Chacun des prisonniers réfléchit de son côté en considérant les deux cas possibles de réaction de son complice.

    « Dans le cas où il me dénoncerait :

    Si je me tais, je ferai 10 ans de prison ;

    Mais si je le dénonce, je ne ferai que 5 ans. »

    « Dans le cas où il ne me dénoncerait pas :

    Si je me tais, je ferai 6 mois de prison ;

    Mais si je le dénonce, je serai libre. »

    « Quel que soit son choix, j'ai donc intérêt à le dénoncer. »

    Si chacun des complices fait ce raisonnement, les deux vont probablement choisir de se dénoncer mutuellement, ce choix étant le plus empreint de rationalité. Conformément à l'énoncé, ils écoperont dès lors de 5 ans de prison chacun. Or, s'ils étaient tous deux restés silencieux, ils n'auraient écopé que de 6 mois chacun. Ainsi, lorsque chacun poursuit son intérêt individuel, le résultat obtenu n'est pas optimal au sens de Pareto.

    Ce jeu est à somme non nulle, c'est-à-dire que la somme des gains pour les participants n'est pas toujours la même : il soulève une question de coopération.

    Pour qu'il y ait dilemme, la tentation T (je le dénonce, il se tait) doit payer plus que la coopération C (on se tait tous les deux), qui doit rapporter plus que la punition pour égoïsme P (je le dénonce, il me dénonce), qui doit être plus valorisante que la duperie D (je me tais, il me dénonce). Ceci est formalisé par :

    T > C > P > D (ici : 0 > − 0 , 5 > − 5 > − 10 )

    Pour qu'une collaboration puisse naître dans un dilemme répété (ou itératif) (voir plus bas), « 2 coups de coopération C  » doit être plus valorisant que l'alternat « Tentation T / Duperie D  ».

    Ce qui fait la condition 2 C > T + D [ici : 2 ∗ ( − 0 , 5 ) > 0 + ( − 10 ) ].

    Dilemme à plusieurs joueurs

    Le problème devient sensiblement différent lorsqu'ils y a plusieurs prisonniers tous à l'isolement. Le risque de défection de l'un d'eux devient de ce fait bien plus grand que lorsqu'il n'y en a que deux. Il peut en ce cas être plus réaliste de miser sur le fait qu'il y aura une défection… bien que si chacun en fait autant, tout le monde se retrouve avec une peine de cinq ans d'emprisonnement.

    Exemples de situations réelles

    Le dilemme du prisonnier fournit un cadre général pour penser les situations où deux ou plusieurs acteurs ont un intérêt à coopérer, mais un intérêt encore plus fort à ne pas le faire si l'autre le fait, et aucun moyen de contraindre l'autre. Les exemples suivants permettront de mieux cerner la diversité des applications possibles et la grande généralité du cadre du dilemme du prisonnier.

    Marché de l'information

    La situation concurrentielle des médias ressemble à un dilemme du prisonnier dans la mesure où ils privilégient la rapidité avant la qualité de l'information, d'où un phénomène de mutualisation des erreurs[3].

    Économie

    Un exemple est le cas de deux entreprises qui n'ont pas le droit de s'entendre sur une politique commerciale commune (comme c'est le cas par exemple avec le droit antitrust des États-Unis et les droits français et européen de la concurrence) et qui se demandent s'il leur faut procéder ou non à une baisse de prix pour conquérir des parts de marché aux dépens de leur concurrent. Si toutes deux baissent leur prix, elles seront généralement toutes deux perdantes par rapport au statu quo[4]. On peut aussi évoquer à ce propos les biens collectifs (dont tout le monde veut bénéficier, tout en voulant les faire financer par les autres), le cas des quotas textiles destinés à éviter une chute des prix mais que chacun cherche à contourner, ou les campagnes publicitaires coûteuses pour le même bien qui se neutralisent[5]. À noter que l'équilibre atteint dans le dilemme du prisonnier n'est pas un optimum au sens néo-classique du terme.

    Sport

    Les courses cyclistes sur route, dont le Tour de France, offrent d'autres exemples d'interactions stratégiques de type « dilemme du prisonnier », notamment lorsque deux coureurs échappés doivent décider s'ils font l'effort ou s'ils profitent au maximum de l'aspiration de leur co-échappé : si chacun profite de l'aspiration de l'autre (ce que chacun préfère), l'échappée échoue[6].

    Écologie

    La théorie des jeux, et le dilemme du prisonnier en particulier, sont fréquemment utilisés en écologie pour modéliser l'évolution des comportements entre individus d'une même espèce vers des stratégies évolutivement stables. L'apparition et le maintien des comportements de collaboration par exemple, se prêtent à ce type d'analyse. Richard Dawkins en a fait l'un des points centraux de sa théorie du gène égoïste, puisque l'optimisation de la survie peut passer par un comportement apparemment altruiste[7].

    Politique internationale

    Considérons deux pays rivaux. Chacun peut choisir de maintenir ou non une armée. Si tous deux ont une armée (de force à peu près équivalente), la guerre est moins « tentante », car très coûteuse ; c'était la situation de la guerre froide. Les dépenses militaires et la course aux armements sont alors une perte nette pour les deux pays. Si un seul a une armée, il peut évidemment conquérir sans coup férir l'autre, ce qui est pire. Enfin, si aucun n'a d'armée, la paix règne et les pays n'ont pas de dépense militaire. La situation de coopération permettant à chacun de ne pas avoir d'armée est évidemment préférable à la situation où les deux pays en entretiennent une, mais elle est instable : chacun des deux pays a une forte incitation à se doter unilatéralement d'une armée pour dominer l'autre[8].

    Dérèglement climatique

    Les efforts à mener pour limiter le dérèglement climatique sont soumis au dilemme du prisonnier. Si un État met en place des mesures qui limitent les émissions au détriment de l'économie, il prend le risque d'être dominé économiquement par les autres États. Ce mécanisme incite chaque état à limiter ses efforts écologiques et éloigne l'humanité de la solution optimale.

    Le dilemme répété

    Dans son livre The Evolution of Cooperation (en) (L'Évolution de la coopération, 1984), Robert Axelrod étudie une extension classique de ce dilemme : le jeu se répète, et les participants gardent en mémoire les précédentes rencontres. Cette version du jeu est également appelée dilemme itératif du prisonnier. Il donne une autre illustration à partir d'une situation équivalente : deux personnes échangent des sacs, censés contenir respectivement de l'argent et un bien. Chacun a un intérêt immédiat à passer un sac vide, mais il est plus avantageux pour les deux que la transaction ait lieu.

    Quand on répète ce jeu durablement dans une population, les joueurs qui adoptent une stratégie intéressée y perdent au long terme, alors que les joueurs apparemment plus désintéressés voient leur « altruisme » finalement récompensé : le dilemme du prisonnier n'est donc plus à proprement parler un dilemme. Axelrod y a vu une explication de l'apparition d'un comportement altruiste dans un contexte d'évolution darwinienne par sélection naturelle.

    La meilleure stratégie dans un contexte déterministe est « œil pour œil » (« Tit for Tat », une autre traduction courante étant « donnant-donnant ») et a été conçue par Anatol Rapoport pour un concours informatisé. Son exceptionnelle simplicité a eu raison des autres propositions. Elle consiste à coopérer au premier coup, puis à reproduire à chaque fois le comportement de l'adversaire du coup précédent. Une variante, « œil pour œil avec pardon », s'est révélée un peu plus efficace : en cas de défection de l'adversaire, on coopère parfois (de 1 à 5 %) au coup suivant. Cela permet d'éviter de rester bloqué dans un cycle négatif. Le meilleur réglage dépend des autres participants. En particulier, « œil pour œil avec pardon » est plus efficace si la communication est brouillée, c'est-à-dire s'il arrive qu'un autre participant interprète à tort un coup.

    Pour le dilemme du prisonnier, il n'existe pas de stratégie toujours optimale. Si, par exemple, toute la population fait systématiquement défaut sauf un individu qui respecte « œil pour œil », alors ce dernier a un désavantage au premier coup. Face à une unanimité de défaut, la meilleure stratégie est de toujours trahir aussi. S'il y a une part de traîtres systématiques et « d'œil pour œil », la stratégie optimale dépend de la proportion et de la durée du jeu. En faisant disparaître les individus qui n'obtiennent pas de bons totaux et en faisant se dupliquer ceux qui mènent, on peut étudier des dynamiques intéressantes. La répartition finale dépend de la population initiale.

    Si le nombre N d'itérations est fini et connu, l'équilibre de Nash est de systématiquement faire défaut, comme pour N=1. Cela se montre simplement par récurrence :

    au dernier coup, sans sanction possible de la part de l'adversaire, on a intérêt à trahir ;

    ce faisant, à l'avant-dernier coup, comme on anticipe que l'adversaire trahira quoi qu'il arrive au coup suivant, il vaut mieux trahir aussi ;

    on poursuit le raisonnement jusqu'à refuser de coopérer à tous les coups.

    Pour que la coopération reste intéressante, le futur doit donc rester incertain pour tous les participants — une solution possible est de tirer un N aléatoire.

    La situation est aussi étonnante si l'on joue indéfiniment au dilemme du prisonnier, le score étant la moyenne des scores obtenus (calculée de manière appropriée).

    Le dilemme du prisonnier est la base de certaines théories de la coopération humaine et de la confiance. Si l'on assimile les situations de transactions qui réclament de la confiance à un dilemme du prisonnier, un comportement de coopération dans une population peut être modélisé comme un jeu entre plusieurs joueurs, répété - d'où la fascination de nombreux universitaires depuis longtemps : en 1975, Grofman et Pool estimaient déjà à plus de 2000 les articles scientifiques sur le sujet.

    Ces travaux fournissent une base modélisable, quantitative, pour l'étude scientifique des lois morales.

    Axelrod donne dans son ouvrage Comment réussir dans un monde égoïste un exemple de stratégie œil pour œil dans le cadre du dilemme du prisonnier itératif : durant la guerre des tranchées, les combattants des deux camps, et ce, contre l'avis du commandement, appliquaient le principe « vivre et laisser vivre ». Les protagonistes ne déclenchaient ainsi jamais en premier les hostilités mais répliquaient fortement à toute agression.

    Variantes

    Il existe des variantes de ce jeu qui, en modifiant légèrement les gains, aboutissent à des conclusions très différentes :

    Le jeu de la poule-mouillée

    La poule mouillée est un autre jeu à somme non nulle, où la coopération est récompensée. Ce jeu est similaire au dilemme du prisonnier en ce qu'il est avantageux de trahir lorsque l'autre coopère. Mais il en diffère en ce qu'il est avantageux de coopérer si l'autre trahit : la défection double est la pire des solutions — donc un équilibre instable — alors que dans le dilemme du prisonnier il est toujours avantageux de trahir, ce qui rendait l'équilibre de double défection stable. La double coopération est dans les deux jeux un équilibre instable.

    Une matrice des gains ressemble à :

    si les deux coopèrent, ils reçoivent +5 ;

    si l'un coopère alors que l'autre se défausse, alors le premier obtient +1 et l'autre +10 ;

    si les deux font défaut, ils touchent -20.

    Davantage d’informations B coopère, B trahit ...

    L'appellation « poule mouillée » est tirée du « jeu » automobile :

    Deux voitures se lancent l'une vers l'autre, prêtes à se rentrer dedans. Chaque joueur peut dévier et éviter la catastrophe (coopération) ou garder le cap au risque de la collision (défection).

    Il est avantageux d'apparaître comme un « dur » qui ne renoncera pas et d'intimider l'adversaire… tant qu'on parvient à rester en jeu.

    On trouve des exemples concrets dans beaucoup de situations quotidiennes : l'entretien de la maison commune à un couple, par exemple, ou l'entretien d'un système d'irrigation entre deux fermiers. Chacun peut l'entretenir seul, mais ils en profitent tous les deux autant. Si l'un d'entre eux n'assure pas sa part d'entretien, l'autre a toujours intérêt à le faire à sa place, pour continuer à arroser. Par conséquent, si l'un parvient à établir une réputation d'indélicat dominant — c'est-à-dire si l'habitude est prise que c'est toujours l'autre qui s'occupe de l'entretien — il sera susceptible de maintenir cette situation.

    Cet exemple peut également s'appliquer en politique internationale, dans la situation où deux États entretiennent un différend qui est susceptible de déboucher sur une guerre. Passer pour une poule mouillée est la garantie d'être ultérieurement confronté à nouveau à la même situation (comme la France et la Grande-Bretagne le constatèrent avant 1939), mais maintenir une réputation suppose une dépense (entretien d'une armée) et des risques (guerre toujours possible).

    Ami ou ennemi

    « Ami ou ennemi » (« Friend or Foe? (en) ») est un jeu sur une chaîne câblée aux États-Unis (Game Show Network). C'est un exemple de dilemme du prisonnier testé sur des particuliers dans un cadre artificiel. Sur le plateau, trois paires de participants s'affrontent. Quand une paire est éliminée, ses deux membres se répartissent leurs gains selon un dilemme du prisonnier. Si les deux coopèrent (« Friend »), ils partagent équitablement la somme accumulée au cours du jeu. Si aucun ne coopère (« Foe »), ils se quittent sans rien. Si l'un coopère et que l'autre fait défaut, le premier part les mains vides et l'autre remporte le tout. La situation est un peu différente de la matrice canonique plus haut : le gain est le même pour qui voit sa confiance trahie ou qui emporte l'autre dans sa perte. Si un joueur sait que l'autre le trahira, sa réponse lui est indifférente. L'équilibre non coopératif est donc neutre ici, alors qu'il est stable dans le cas habituel (du prisonnier).

    La matrice à considérer est donc :

    si les deux coopèrent, chacun obtient 50 % ;

    si les deux font défaut, ils en tirent 0 % ;

    si l'un coopère et que l'autre le trahit, le premier reçoit 0 % et l'autre 100 %.

    Davantage d’informations B coopère, B trahit ...

    L'économiste John A. List a étudié le comportement des joueurs dans ce jeu pour tester les prédictions de la théorie des jeux dans un contexte réel. Les joueurs collaborent dans 50 % des cas mais on note des différences de comportement selon les caractéristiques socio-démographiques des joueurs. Par exemple, les hommes coopèrent moins souvent que les femmes. En revanche, il ressort de l'étude que les joueurs adaptent assez peu leur comportement à leur partenaire[9].

    Le dilemme du prisonnier dans la culture

    Filmographie

    Cinéma

    Le film The Dark Knight : Le Chevalier noir contient une version revisitée du dilemme du prisonnier[10].

    Télévision

    L'épisode 6 Le dilemme du prisonnier de Voyages au pays des maths aborde cette question.

    Littérature

    Roman

    Dans N'oublier jamais (2014) de Michel Bussi, deux coupables jouent en apparence le dilemme du prisonnier pendant dix ans, le jeu qu'un policier devine et tente en vain de clore[11].

    Vidéo

    Le dilemme du prisonnier est le titre d'une vidéo de Wil Aime où quatre amis se retrouvent interrogés par un enquêteur qui leur propose un dilemme du prisonnier[12].

     

  • "Quand la Chine s'éveillera"

    Que représentons-nous, petits individus insignifiants, dans cette guerre commerciale ?

    Croire que nous avons une importance relève du délire ou d'une prétention infantile.

    Il faut que je pense à aller chercher la liste (si elle existe) des mouvements de contestation envers le capitalisme libéral qui auraient abouti à des décisions allant dans le bon sens. (ça risque de me prendre du temps avant de trouver quelque chose...) 

     

    Pourquoi la Chine est en train de battre les Etats-Unis : l'analyse choc de Dan Wang (https://en.wikipedia.org/wiki/Dan_Wang_(analyst)), article L'Express, interview par Anne Cagan : https://www.lexpress.fr/.../dan-wang-stanford-que-trump.../

    "Oubliez l’opposition entre socialisme autoritaire et démocratie capitaliste. Pour ce spécialiste, la Chine est avant tout un "Etat ingénieur" quand les Etats-Unis demeurent un "Etat juriste."

    ➡️ En plus de son regard sur la rivalité sino-américaine, l'analyste décrit bien comment la perte des industries fondamentales (sidérurgie) fragilise l'ensemble d'une économie et d'une société. Lorsqu'un pays a consommé ses seules véritables sources d'énergie (hydrocarbures), impossible de rester longtemps puissant face à d'autres qui appuient encore leur industrie sur les énergies fossiles. Les tentatives de décarbonation ne parviennent manifestement toujours pas, malgré un déploiement désormais suffisamment massif des ENS (énergies dites de substitution) pour l'estimer, à la fois à stabiliser les perspectives économiques, à réduire les émissions de CO₂ tout en garantissant la souveraineté. Les pays qui décarbonent se rendent - bien plus rapidement que nous le comprenons - dépendants de ceux qui conservent les moyens de soutenir toute une chaîne thermo-industrielle fondée sur la chaleur, depuis sa base (explications dans l'article "Transition énergétique et servitude", sur le site

    Défi énergie : https://www.defienergie.tech/transition-energetique.../).

    (J'invite les plus motivé-es à cliquer sur ce lien et à lire l'analyse qui est proposée. Et ensuite, à retourner au potager)

    Citation de Dan Wang :

    "Les industries technologiques fonctionnent comme une échelle. Il faut monter les barreaux un à un pour atteindre le sommet. Et si vous retirez les barreaux du bas, votre main-d’œuvre manufacturière n’a plus la capacité de créer un écosystème solide, avec de grandes entreprises et de petites, des entreprises sophistiquées et d’autres plus basiques.

    (...)

    Je m’attends à ce que les succès chinois accentuent encore la désindustrialisation. L’Europe le voit déjà très clairement dans les données allemandes. La Chine pourrait couler beaucoup d'industries européennes avant que son économie ne connaisse un véritable ralentissement. Et si l’économie européenne se détériore, il est peu probable que sa politique s’améliore."

    ➡️ Je montre dans l'article "Transition énergétique et servitude" que la transition énergétique elle-même constitue un levier de domination géopolitique pour la Chine (https://www.defienergie.tech/transition-energetique.../) :

    "La Chine déploie manifestement tous les moyens pour bouleverser la géopolitique au moyen de la décarbonation. Alors que construire une usine de batteries coûte 6 fois plus cher aux États-Unis qu’en Chine, celle-ci exporte pour 22 fois plus, en valeur, de batteries que les États-Unis. Elle exporte également pour 580 fois plus de panneaux et modules solaires et pour 3 fois plus de véhicules électriques que les États-Unis, la prise d’influence sur le marché de l’automobile étant un autre levier essentiel de la rivalité industrielle, économique et géopolitique.

    (...)

    L’hégémonie sur l’extraction et surtout le traitement des minéraux critiques, la maîtrise technologique, la saturation des marchés, l’endettement des pays (consécutif aux investissements que la Chine y aura faits) ainsi que la laisse des brevets subordonnent totalement aux desiderata de l’Empire du Milieu les territoires qui utilisent ne serait-ce que quelques composants d’origine chinoise pour leur décarbonation. L’espoir de relocaliser tout ou partie de l’industrie de la transition ne suffira pas à reprendre le dessus, alors que les infrastructures de transition ne constituent que les produits d’un processus industriel dont la première étape, celle qui autorise toutes les autres (la rencontre entre la chaleur des hydrocarbures et les minéraux sortis de la mine) a été subtilisée par la géologie et l’histoire."

     

    Qui a dit quand la chine sʼéveillera le monde tremblera ?

     

    ParFrançois Gérard

    Publié le29 novembre 2023

    Actualités de Chine

    Une prophétie ancienne, une réalité contemporaine

    Voici une citation, souvent citée, qui continue à résonner dans les couloirs du temps, et qui fait écho, aujourd’hui plus que jamais, à une réalité géopolitique incontournable : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». A la croisée entre prophétie séculaire et réalité contemporaine, ces mots semblent se matérialiser sous nos yeux. Les débats s’animent autour de son exacte paternité, de son origine, de son sens et de son impact sur l’histoire mondiale. Pour répondre à toutes ces questions, il nous faut remonter le fil de l’histoire.

    Napoléon Bonaparte, l’auteur présumé de la citation

    L’attribution de cette citation est souvent faite à Napoléon Bonaparte. En effet, l’empereur français aurait eu cette vision prophétique au début du XIXe siècle, alors que la Chine se trouvait encore dans un sommeil relatif sur la scène mondiale. Selon le récit populaire, il aurait déclaré lors d’une de ses conversations : « Laissez donc la Chine dormir, car quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Selon les historiens, Napoléon, dans sa grande sagacité, aurait perçu le potentiel de cette nation-continent, et aurait prophétisé ses bouleversements futurs sur le monde.

    Alain Peyrefitte et l’Occident face à la Chine

    Cependant, il faut noter que la citation, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’apparaît pas dans les écrits de Napoléon. Son origine la plus sûre remonte à 1973, lorsque l’écrivain et homme politique français Alain Peyrefitte l’utilise pour le titre de son livre : « Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera ». Dans cet ouvrage, Peyrefitte dépeint une Chine en pleine transition, à la fois grandiose et inquiétante, qui se réveille lentement de plusieurs décennies d’isolement politique et économique. Sous sa plume, la citation prend une nouvelle amplitude, celle de la mise en garde contre l’ignorance de l’Occident, face à ce géant montant.

    Une prédiction pour l’ère contemporaine

    Avec le recul historique, la citation semble plus pertinente que jamais. Depuis le début du XXe siècle, la Chine est passée d’une dynastie impériale en déclin à une république communiste isolationniste, avant d’émerger en tant que superpuissance économique mondiale. Son éveil a bien secoué le monde, non pas avec la violence d’un tremblement de terre, mais avec la puissance tranquille d’une marée montante, submergeant les marchés mondiaux, et redéfinissant les dynamiques de pouvoir politiques et économiques.

    Il était une fois « Quand la Chine s’éveillera… »

    Alors, qui a dit « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » ? La réponse importe finalement moins que le message qu’elle véhicule. Emanait-elle de la vision éclairée d’un empereur envahisseur, du discernement aiguisé d’un érudit politique ou du mythe collectif façonné par l’imagination populaire ? Qu’importe. Sa voix retentit toujours avec force, car elle parle non pas tant du passé, mais du présent et de l’avenir. Cette citation reflète toutes les appréhensions, les enjeux et les fascinations que l’éveil de la Chine suscite aujourd’hui. En fin de compte, elle souligne notre besoin constant de comprendre, d’anticiper et d’appréhender les forces qui façonnent notre monde. Et à cela, il n’y a pas de réponse plus pertinente que celle-ci : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ».

  • "Limits to growth"

     

    "Le rapport Meadows est régulièrement mis à jour avec de nouvelles données. C’est The Donella Meadows Project qui s’en charge. Et, pour ne pas vous rassurer, sachez que ses nouveaux calculs aboutissent toujours aux même conclusions".

     

     

    Limits to growth : le rapport Meadows résumé pour les lycéens et les profs

     

    Jacques Tiberi

    Voir plus loin

    mars 2025

    résumé du rapport meadows

    ©TomTirabosco

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    Aussi méconnu qu’essentiel, le rapport Meadows de 1972, intitulé ‘Les limites à la croissance’ est un des livres fondateurs de l’écologie politique. En voici un résumé destiné, en priorité, aux lycéens et à leurs enseignants… mais aussi à tous les écolo-curieux  !

    Voici le texte de l’article en version PDF, à télécharger librement.

    Contexte historique

    Entre les années 1940 et 1970, les sociétés occidentales sont entrées dans la « civilisation thermo-industrielle » et ont en été profondément transformées.

    La civilisation thermo-industrielle, c’est un mode de vie consumériste, où la plupart des produits consommables sont le fruit d’une production industrielle dépendante aux énergies fossiles (pétrole) ou fissiles (nucléaire).

    Ce mode de vie est né grâce aux nouvelles technologies militaires, imaginées durant la seconde guerre mondiale. 

    Ainsi, après la fin de la guerre de 39-45 :

    les plans des Jeeps et mini-chars sont modifiés pour devenir des tracteurs et des voitures,

    les gaz mortels sont transformés en insecticides pour augmenter les rendements agricoles,

    le béton des bunkers devient le matériau d’une reconstruction rapide des villes,

    les recherches sur les missiles et les radars accélèrent le développement d’une industrie du voyage en avion,

    les machines à casser les codes secrets deviennent des super-calculateurs, ancêtres des ordinateurs, etc,

    la médecine de guerre va permettre de développer des techniques encore utilisées aujourd’hui dans la médecine d’urgence.

    Ces innovations vont donner naissance à une société moins agricole, plus urbaine, industrielle et tertiaire.

    Une société…

    où les femmes travaillent,

    qui promet le confort pour tous, et associe le progrès technique au progrès social (« Moulinex libère la femme »),

    où les produits artisanaux sont remplacés par des produits industriels (le fameux « poulet aux hormones » chanté par Jean Ferrat),

    où la jeunesse s’offre des disques, des jeans et des gadgets fabriqués à l’étranger,

    où les distances se réduisent, grâce à la voiture et aux avions,

    où les décideurs politiques et économiques ont les yeux rivés sur « la croissance », c’est-à-dire l’augmentation de la production de biens manufacturés (le PIB).

    Le prix de cette croissance, c’est l’exploitation des ressources naturelles : le sol, les minerais (charbon, acier) et surtout les énergies fossiles (le pétrole).

    Le rapport Meadows va être publié au début des années 70.

    Cette décennie est l’apogée des « Trente Glorieuses ». Une période de croissance inégalée pour les pays développés, où on pense que l’enrichissement sera sans limite, pour des siècles et des siècles…

    Mais, en réalité, la dynamique économique commence déjà à s’essouffler.

    De plus, cette nouvelle société a vu croître de nouvelles inégalités et aspire à des mœurs plus libres. Des tensions qui conduiront à des révoltes, notamment celles de mai 1968 en France.

    Le club de Rome

    C’est dans ce contexte qu’en 1971, le cercle de réflexion du Club de Rome* commande à des chercheurs du M.I.T. (le Massachusetts Institute of Technology) un rapport sur les impacts écologiques de la croissance économique et démographique.

    *Né en 1968, le Club de Rome, un cercle de réflexion lancé par l’Italien Aurelio Peccei (patron de Fiat) et Alexander King (ancien directeur de l’Organisation de coopération et de développement économiques – OCDE). Le Club existe toujours et continue à publier des rapports de très grande qualité, sur les question d’environnement et d’économie.

    Publié en 1972, ce rapport, intitulé The Limits to Growth (Les limites à la croissance) a connu un succès mondial.

    Il est aujourd’hui surnommé le Rapport Meadows, en rapport au nom de deux de ses auteurs, Dennis et Donella Meadows. Dommage pour son troisième auteur, Jorgen Randers, resté dans l’anonymat.

    Que dit le rapport Meadows ?

    On y découvre une simulation mathématique, physique et économique, nommée « World 3 ».

    C’est une formule avec de nombreux paramètres (taux de fécondité, fertilité des sols, stock de ressources, impacts de la pollution, taux de croissance…) qui permet de prédire les tendances du futur.

    Attention : les chercheurs ne sont pas des devins. Ils ne prédisent pas l’avenir. Mais ils étudient des scénarios. Pour chaque scénario, les paramètres changent, pour analyser des résultats différents. On parle ici de simulations.

    Le scénario 0

    Les chercheurs ont analysé un scénario 0 (ou « business as usual »). Selon cette simulation, l’humanité continue de croître et de consommer de façon exponentielle (de plus en plus vite).

    Et pour maintenir son mode de vie, elle consomme de plus en plus de ressources, jusqu’à puiser, chaque année, 3 fois plus de ressources que ce que la terre ne peut produire. Dit simplement : on va consommer 3 planètes par an.

    Dans ces conditions, le système planétaire serait rapidement en surchauffe et s’effondrerait au bout de quelques décennies, sous la pression de la croissance démographique et industrielle.

    Pour info : chaque année, l’ONG Global Footprint Network calcule le « jour du dépassement ». La date à laquelle la consommation de l’humanité dépasse les ressources renouvelables disponibles sur la Terre. Selon ses calculs, les occidentaux consomment près de 2 planètes par an pour assurer leur mode de vie.

    La fin de la croissance ?

    Selon le rapport, la surexploitation des ressources conduira à un choc, qui stoppera la croissance de l’économie et de la population.

    Autrement dit, l’humanité vivra un krach économique et démographique majeur à cause de la pollution, de la disparition de la biodiversité. L’humanité vivra des pénuries, des famines, des pandémies et des catastrophes climatiques.

    Le simulateur révèle même quand arrivera ce grand krach : « durant les toutes premières décennies du XXIe siècle ».

    Les chercheurs expliquent que la chute du modèle thermo-industriel sera accélérée par des « boucles de rétroaction » : des événements qui entraînent voire accélèrent d’autres phénomènes.

    Par exemple : la hausse des émissions de CO2 augmente la température > qui conduit à une augmentation de la consommation d’électricité (clim, frigo, ventilation) > qui augmente encore plus la consommation d’énergie > et donc la hausse des émissions de CO2 > et ainsi de suite…

    À l’époque ce résultat fut un choc

    La preuve : le Président américain, Jimmy Carter, décida de réduire le thermostat de la Maison Blanche à 19°C et d’installer des panneaux solaires sur le toit.

    Lors de l’inauguration de ces panneaux, il déclara qu’en l’an 2000, « ce chauffe-eau solaire [sera] soit une curiosité, une pièce de musée… Ou le symbole d’une des aventures les plus grandes et les plus excitantes jamais entreprises par le peuple américain« . Pour info : Ronald Reagan, son successeur à la Maison Blanche, a rapidement envoyé le panneau solaire au musée !

    Autre fait marquant : à la suite de la publication du rapport Meadows, Jimmy Carter commanda à son Conseil National de la Recherche un autre rapport sur l’impact des activités humaines sur le climat. Un rapport publié en 1979 et surnommé « le rapport Charney« .

    Un rapport qui prévoyait (déjà !) l’impact des gaz et effets de serre et le réchauffement climatique… mais qui a vite été enterré et oublié.

    Pourquoi les scientifiques n’ont pas été écoutés ?

    Cette question n’a pas de réponse facile.

    Peut-être à cause de la croyance populaire dans le génie du progrès technologique qui résoudra tous les problèmes. Mais aussi à cause du contexte de la guerre froide entre l’Occident et l’URSS qui instaure une course à la production.

    Très peu de personnes imaginaient que la croissance pourrait chuter brusquement, comme le montre la fameuse courbe qui résume le rapport.

    Il faut comprendre que, dans les années 1980, l’idée qu’il y ait des limites à la croissance était tout simplement impensable pour beaucoup d’économistes et de dirigeants politiques.

    Et pourtant, c’est très logique : le modèle mathématique World 3 démontre qu’imaginer une croissance infinie dans un monde fini n’est pas possible.

    C’est comme si l’humanité était un fêtard, qui dépense son capital ; au lieu de vivre de ses intérêts. Cela peut fonctionner un temps, mais au final le monde se retrouve ruiné.

    Problème : malgré toutes les alertes et tous les signaux, c’est ce scénario que nous suivons depuis 50 ans. Depuis 50 ans, nous sommes dans le déni. On se contente de solutions technologiques ou techniques, comme le recyclage, le développement d’énergies renouvelables ou de technologies vertes, qui ne sont que des solutions temporaires, comme on va le voir avec l’étude des « scénarios technologiques ».

    Les scénarios technologiques

    Dans cet autre scénario, les chercheurs imaginent que l’on découvre – comme par magie – une énergie qui multiplie par 2 les ressources de la planète, sans avoir à puiser dans nos ressources naturelles. Un peu comme le super-réacteur du film Iron Man.

    Le résultat de la simulation montre que, même dans ce cas, l’effondrement de la civilisation interviendra… un peu plus tard.

    Autrement dit : même si l’on découvre une super-énergie ultra-puissante, l’effondrement aura lieu.

    Conclusion : la technologie n’est pas la solution. Car, même si elle paraît « propre », une technologie entraîne souvent des effets désastreux qui ne se remarquent qu’après de nombreuses années. La technologie est souvent une façon de déplacer dans le temps ou dans l’espace les effets négatifs de la croissance.

    Celui qui explique bien ce phénomène, c’est le chercheur français Philippe Bihouix.

    Pourtant, dans les années 1990, des économistes néolibéraux ont imaginé un modèle mathématique concurrent de World 3 : le modèle Dice.

    Un modèle qui fonde ses simulations sur l’idée que la technologie va compenser les effets négatifs des activités humaines. Et c’est notamment sur ce modèle « pro-business » que la plupart des gouvernements fondent leurs politiques économiques et environnementales…

    Les scénarios soutenables

    La dernière partie du rapport s’intitule « Transitions vers un système soutenable ».

    Ici, les chercheurs imaginent des scénarios où l’humanité parvient à vivre sans dépasser les limites de la planète.

    Dans ces scénarios optimistes, nous sommes sortis de l’addiction à la croissance.

    Nous avons aussi changé d’objectifs : plutôt que la croissance du PIB, les gouvernements cherchent à améliorer la santé des enfants, la citoyenneté, le bien-être…

    De plus, l’humanité s’est mise à prévoir, à planifier et à appliquer le principe de précaution.

    Enfin, on utilise plus la technologie pour maximiser les rendements et accélérer la croissance, mais, au contraire, pour limiter ou réduire les atteintes de l’homme sur la nature (agriculture, pollution, habitation). C’est ce que l’on appelle les right tech, les « technologies justes ».

    Bref, dans ce scénario, le système Terre n’est plus en surchauffe.

    Petit problème : nous aurions dû appliquer les principes de ce scénario depuis 2002 (il y a 20 ans), pour qu’il nous permettre d’éviter le krach !

    Une révolution de la durabilité vers un monde bien meilleur pour l’immense majorité d’entre nous est possible. »

    Paragraphe final du Rapport Meadows

    Bon à savoir : le rapport Meadows est régulièrement mis à jour avec de nouvelles données. C’est The Donella Meadows Project qui s’en charge. Et, pour ne pas vous rassurer, sachez que ses nouveaux calculs aboutissent toujours aux même conclusions.

    À vous de jouer !

    Imaginez à quoi pourrait ressembler une société durable. Proposez des solutions qui permettraient de transformer votre ville en une « cité durable du futur », sans tomber dans les pièges de l’abus des technologies, et en vous inspirant de la nature.

    Imaginez les métiers du futur ! À quoi pourrait ressembler votre vie professionnelle dans une société soutenable ?

    Le rapport Meadows est disponible gratuitement et en intégralité à cette adresse.

  • Sitting Bull

     

     

    Votre esprit de rapacité vous fera disparaître. Notre esprit nous rendra faible en apparence. Mais un jour l’idée du respect de la terre renaîtra car la fin de la vie est le début de la survivance." Sitting Bull

     

     

    « Votre esprit de rapacité vous fera disparaître » :

     

    il faut lire la lettre de Sitting Bull au Président américain.

    https://escapethecity.life/la-lettre-de-sitting-bull

    Jacques Tiberi

    Pépite

    mars 2025

    La lettre de Sitting Bull

    par Doane Robinson

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    Nous avons tellement à apprendre de cette lettre prophétique écrite en 1886 par le leader Sioux Tatanka Íyotake (Sitting Bull) . Un texte d’une incroyable sagesse visionnaire. Plus de 130 ans plus tard, on y trouve tout ce qu’un écolo aurait envie de crier à la face de son propre Président.

    Lire aussi : À l’Archipel du vivant, la vie d’un troubadour itinérant

    Voici quelques éléments de contexte pour mieux saisir l’origine du texte du fameux chef Sioux. 

    D’où sort cette lettre ? 

    Nous sommes en 1889. Sitting Bull (Bison assis) a 57 ans. Il n’est plus leader du soulèvement Sioux et Cheyenne; mais une sorte de monstre de foire. Une attraction qui ébahi les spectateurs du cirque de Buffalo Bill : le Wild West Show. 

    sitting bull avec buffalo bill

    Vingt ans plus tôt, cet homme-médecine incarna pourtant la résistance amérindienne contre l’envahisseur Américain dans le Dakota. À la tête d’une armée de 1500 hommes, il anéantira les troupes du général Custer lors de la bataille de Little Big Horn en 1876. Dès lors, poursuivi par l’armée américaine, il se réfugiera au Canada, avant de se rendre en 1881 et de rentrer aux Etats-Unis pour rejoindre le spectacle de Buffalo Bill en 1885.

    « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas (…) Cette nation est comme le torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage. » Sitting Bull

    Ce cri rejoint aujourd’hui celui de tous ceux qui assistent, impuissants, à la destruction de leur environnement, après la confiscation de la nature et de ses ressources.

    Désormais, c’est à son arrière-petit-fils, Ernie LaPointe, que revient le rôle de porter la parole de Sitting Bull. « La terre n’appartient pas à l’homme, mais l’homme appartient à la terre, explique-t-il, spirituel. On ne sauvera pas la planète tant qu’on n’aura pas compris tout ce qu’elle a de sacré.« 

    parler d'effondrement avec ses enfants

    Notre conseil de lecture : si la philosophie et la spiritualité amérindienne vous inspirent, on vous recommande les Pieds nus sur la terre sacrée, de T.C.Mac Luhan : une superbe anthologie de la philosophie, du mode de vie et de l’histoire des Indiens d’Amérique.

    Voici une version de sa fameuse lettre, chantée par Michel Bühler 

    Lettre de Sitting Bull au président des Etats-Unis d'Amérique.


    Lire cette vidéo sur YouTube

    Et en voici le texte complet de la lettre de Sitting Bull… n’en zappez pas la fin !

     

    "L’homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c’est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu’il l’a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu’un désert.

    Nos mœurs sont différentes des vôtres. La vue de vos villes fait mal aux yeux de l’homme rouge. Mais peut-être est-ce parce que l’homme rouge est un sauvage et ne comprend pas. Il n’y a pas d’endroit paisible dans les villes de l’homme blanc. Pas d’endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps ou le froissement des ailes d’un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d’un étang la nuit? L’Indien préfère le son doux du vent s’élançant au-dessus de la face d’un étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi ou parfumé par le pin pignon.

    L’air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle; la bête, l’arbre, l’homme, ils partagent tous le même souffle. L’homme blanc ne semble pas remarquer l’air qu’il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l’air nous est précieux, que l’air partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit ou même l’homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés.

    Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre? L’idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter?

    Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour notre peuple. Chaque aiguille de pin luisant, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte est sacré dans le souvenir et l’expérience de notre peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’homme rouge.

    Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l’homme; tous appartiennent à la même famille.

    Aussi lorsque le Grand Chef à Washington envoie dire qu’il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand Chef envoie dire qu’il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérerons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.

    Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.

    Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler, et l’enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère.

    Nous considérerons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais si nous décidons de l’accepter, j’y mettrai une condition: l’homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.

    Nous sommes sauvages et nous ne connaissons pas d’autre façon de vivre. Nous avons vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les avait abattus d’un train qui passait. Nous sommes des sauvages mais nous ne comprenons pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.

    Qu’est-ce que l’homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l’homme. Toutes choses se tiennent.

    Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos aïeux.

    Pour qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants qu’elle est enrichie par les vies de notre peuple. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. S’ils salissent la terre ils se salissent eux-mêmes.

    Nous savons au moins ceci: la terre n’appartient pas à l’homme, l’homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.

    Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie: il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même.

    Même l’homme blanc, dont le Dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. II y a une chose que nous savons, et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour, c’est que notre Dieu est le même Dieu. Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le Dieu de l’homme, et sa pitié est égale pour l’homme rouge et le blanc. Cette terre lui est précieuse, et nuire à la terre, c’est accabler de mépris son créateur. Les blancs aussi disparaîtront; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.

    Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du Dieu qui vous a amenés jusqu’à cette terre et qui pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l’homme rouge. Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d’hommes et la vue des collines en pleines fleurs ternies par des fils qui parlent. Où est le bison? Disparu. Où est l’aigle? Disparu. Où sont les animaux ? Disparus. Où est la beauté de la terre ? Disparue.

    Votre esprit de rapacité vous fera disparaître. Notre esprit nous rendra faible en apparence. Mais un jour l’idée du respect de la terre renaîtra car la fin de la vie est le début de la survivance." Sitting Bull

  • Des lectures utiles (2)

    Je décline toute responsabilité si les lecteurs et lectrices de ces ouvrages plongent dans une profonde angoisse ou dépression ou les deux. 

    Je tire mon chapeau et salue bien bas ceux et celles qui trouveront dans ces lectures des raisons d'y croire encore.

    Personnellement, je crois en l'humain, individuellement. Et d'autant plus lorsque ces individus conscients se regroupent.

    Mais toute forme d'embrigadement et de conditionnement, même si les intentions publiques sont honorables, je les fuis. En conclusion, je n'ai d'espoir qu'envers les communautés rurales.

    Quant aux concentrations urbaines et leurs fonctionnements délétères, consuméristes et matériels, je les ignore. L'avenir ne leur appartient pas. 

     

    Livres de collapsologie : la sélection pour résilient•e bibliophile

     

    Jacques Tiberi

    Pépite

    avril 2023

    https://escapethecity.life/

     

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    21 essais, romans et BD, récents ou anciens, méconnus ou incontournables, voici une sélection de livres de collapsologie. De quoi monter la bibliothèque idéale de l’effondriste accompli. 

    Tout d’abord, on tient à préciser que la collapsologie n’est pas une science, mais une démarche qui vise à comprendre et appréhender la fin de notre civilisation thermo-industrielle. Cela étant dit, voici notre sélection.

    Les grands classiques

    L’obsolescence de l’homme, Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle, Günther Anders (2 tomes) (1956).

    Le philosophe allemand, disciple de Husserl, s’alarme ici de notre idolâtrie pour le progrès technique et les machines. Un texte visionnaire qui connaît un immense succès depuis près de 70 ans. À la fin du livre, l’auteur prédit même l’émergence du transhumanisme. Anders a mieux compris notre époque que nous-mêmes.

    À vous de choisir : l’écologie ou la mort, par René Dumont (1974)

    Père de l’écologie politique, René Dumont, premier candidat “vert” à la présidence de la République en 1974, décrit ici le piège dans lequel nous sommes tombés : “si nous maintenons le taux d’expansion actuel de la population et de la production industrielle jusqu’au siècle prochain, ce dernier se terminera dans l’effondrement total de notre civilisation”. Sa solution : vivre au niveau de vie des années 20 avec les technologies de 1974.  Un prophète ?

    René Dumont - Campagne présidentielle 1974 | Archive INA


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    La Vie sur Terre : Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, par Baudouin de Bodinat (2 tomes, 1996)

    Le philosophe français a commis ici un véritable inventaire de la barbarie de notre société industrielle, dont on ressort avec la certitude qu’il n’est plus temps de sauver quoi que ce soit, que le cataclysme a déjà commencé et que c’est presque tant mieux !

    Notre dernier siècle ?, de Martin Rees (2004)

    Loin de son titre catastrophiste, ce témoignage d’un astrophysicien spécialiste des trous noirs  dresse l’inventaire des risques qui pèsent sur le XXIe siècle : nucléaire, chimiques, robots, terrorismes, impact d’astéroïde et réchauffement climatique. En conclusion, il espère qu’en 2100 les Hommes riront de son livre. Rien n’est moins sûr…

    Lire aussi : portrait robot d’un collapso

    Les livres incontournables

    Comment Tout Peut S’Effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens (2015)

    Premier livre de “collapsologie” basé sur l’analyse de données scientifiques, expliquant que “l’utopie a changé de camp”. L’utopiste, c’est désormais celui qui croit que tout va continuer. Le réaliste, c’est celui qui se prépare au pire.

    De quoi l’effondrement est-il le nom ?, de Renaud Duterme (2016)

    Il est intéressant de lire ce livre, très proche sur le fond du précédent, mais qui en diffère dans ses conclusions. Oui, nous assistons bien à la fin d’un certain modèle de société. Mais la naissance d’un système plus juste et plus durable serait encore possible.

    Une Autre Fin du Monde est Possible, Vivre L’Effondrement (Et Pas Seulement Y Survivre), par Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Gauthier Chapelle (2018). 

    De la  collapsologie et à la collapsosophie… Sorte de Tome 2, après “Comment tout peut s’effondrer” : on y découvre comment tout peut renaître, comment imaginer la suite, comment survivre. La réflexion sera poursuivie par un autre livre : « L’Entraide. L’autre loi de la jungle », publié en 2017.

    Les chances qu’il nous reste. Histoire de la sixième extinction de Erwann Menthéour (2019)

    Après avoir posé un constat catastrophiste (pour changer), Erwann Menthéour, ancien coureur cycliste devenu coach de fitness veut lancer l’alerte : pour lui, inutile d’espérer un changement politique, notre seule option serait de désobéir. 

    « La vitesse d’extinction des espèces est 10 à 100 fois plus rapide que la normale »


    Lire cette vidéo sur YouTube

    Les historiques de la collapsologie

    Cataclysme, Une histoire environnementale de l’humanité, de Laurent Testot (2018)

    Le journaliste scientifique Laurent Testot retrace ici l’épopée de l’humanité sur 3 millions d’années, montant combien nous avons changé le visage de la planète : coupe réglée de l’Amazonie et de l’Australie depuis le 15e siècle, 13 000 ans de modification des gènes du blé… jusqu’au réchauffement climatique. 

    Le Bug Humain, Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète, de Sébastien Bohler (2019)

    Depuis 200 000 ans, notre cerveau nous a permis de survie à tous les dangers et de dépasser toutes les contraintes… jusqu’à aujourd’hui. Il y a un bug dans notre cerveau qui nous empêche d’arrêter d’en vouloir toujours plus. Comment nous débuger ?

    Lire aussi : Quels bouquins offrir à un collapso-sceptique ?

    La science-fiction (mais plus pour très longtemps)

    L’Effondrement de la civilisation occidentale, par Erik M. Conway et Naomi Oreskes (2014)

    Nous voici entre le roman de sci-fi et l’essai d’anticipation. Tout commence en 2393. La civilisation occidentale s’est effondrée. Un historien tente de comprendre comment nous avons pu tomber dans “l’Âge de la pénombre”. Un récit accablant de l’immobilisme et du manque de courage de nos décideurs politiques. 

    Black-Out, de Marc Elsberg (2016) 

    Une nuit, le réseau électrique européen lâche. Les pays s’enfoncent un à un dans le noir. Qui est derrière cette catastrophe ? Un hacker italien et un flic policier d’Europol se lancent dans une véritable course contre la montre. Un thriller aussi apocalyptique que ludique, qui dévoile les énormes failles de notre système énergétique. À lire avant que la lumière ne s’éteigne. 

    Black Out - Marc Elsberg - LTL # 21


    Lire cette vidéo sur YouTube

    Lou, après tout (2 tomes), de Jérôme Leroy (2019)

    Quinze ans après le “Grand Effondrement”, Lou et Guillaume, une ado et un trentenaire, se sont réfugiés dans une villa des Flandres. D’où viendra le danger ? Une odyssée pré et post-apocalyptique glaçante de réalisme.

    Après le monde, de Antoinette Rychner (2020)

    Automne 2022. Un cyclone ultra violent détruit la côté Ouest des Etats-Unis. Le système économique mondial s’effondre comme un château de cartes. Sept ans plus tard, l’humanité a survécu grâce à l’organisation d’un néo-pastorialisme solidaire. Ce roman aux allures de conte philosophique est intelligemment construit autour d’une question existentielle : si tout devait s’effondrer, que devrions nous sauver coûte que coûte ? La force de cette dystopie est de nous laisser libre de la réponse.

    Livres de collapsologie pour préparer l’après

    Revivre à la campagne, de John Seymour (1977)

    Heureux propriétaire d’un cottage dans le Pembrokeshire (Angleterre) et d’un jardinet de 2 hectares, le “père de l’autosuffisance”, décédé en 2004, nous offre ses meilleurs conseils pour atteindre l’autonomie à la campagne : du potager à la taille des arbres, en passant par le chauffage solaire ou la confection d’huiles et de beurre. Une mine d’infos, richement illustrée d’élégants croquis. In-dis-pen-sable.

    Manuel De Transition, De La Dépendance Au Pétrole À La Résilience Locale, de Rob Hopkins Écosociété (2010) 

    Un guide pour organiser la transition énergétique et préparer l’après-pétrole. Pas à pas, ce manuel nous apprend à diminuer radicalement nos besoins énergétiques et détaille les initiatives locales (Transition Town) qui engagent le changement, la relocalisation des activités et la fin de notre dépendance aux énergies carbonées. Alors, vous commencez quand ?

    Petit traité de résilience locale, par Agnès Sinaï, Raphaël Stevens, Hugo Carton et Pablo Servigne (2015)

    Comment développer notre résilience, absorber les chocs climatiques, et nous transformer ? Contre la résignation et le repli sur soi, les auteurs prônent le partage, la coopération, l’autonomie et l’imagination. Un livre de collapsologie certes théorique, mais extrêmement utile.

    Economie de l’après croissance, sous la dir d’Agnès Sinaï (2015)

    Le culture de la croissance est un mirage et la décroissance n’est en rien une forme d’austérité. Low-tech, recherche de la qualité, réorganisation du temps… Ici, rien n’est utopique. Et tout est salutaire.

    L’Effondrement, Petit guide de résilience en temps de crise, de Carolyn Baker (2016)

    Pour nous aider à nous préparer émotionnellement aux changements radicaux qui nous attendent, la psy Carolyn Baker nous invite plutôt à voir l’effondrement de façon positive : adieu monde cruel, bonjour vie conviviale, retour à la nature, reconnection avec son corps et autres bonheurs simples. Mieux qu’un antidépresseur contre l’éco-anxiété.

    Face à l’effondrement, si j’étais maire ? par Alexandre Boisson (2019)

    En cas de crise majeure, vers qui se tourneront les gens ? Leur maire, pardi ! Ils seront en première ligne pour préparer le passage à l’autonomie. Ce livre est une lettre ouverte à l’intention des élus de communes rurales et de leurs administrés : il est temps de s’organiser ! Eau, nourriture, énergie, services de santé, cela ne se fera pas sans eux.

  • Des lectures utiles

     

    Documents

    Anthropocène

    La Fin de la mégamachine


    Sur les traces d'une civilisation en voie d'effondrement
    Fabian Scheidler

     

    144560 couverture hres 0

     

    Paru le 01/10/2020

    Énorme succès à l’étranger, ce livre haletant nous offre enfin la clé de compréhension des désastres climatiques, écologiques, pandémiques et économiques contemporains. Accuser Sapiens, un humain indifférencié et fautif depuis toujours, est une imposture. Notre histoire est sociale : c’est celle des structures de domination nées il y a cinq mille ans, et renforcées depuis cinq siècles de capitalisme, qui ont constitué un engrenage destructeur de la Terre et de l’avenir de l’humanité, une mégamachine.
    Mais ces forces peuvent aussi être déjouées et la mégamachine ébranlée. Alors que les alternatives ne manquent pas, quel déclic nous faut-il pour changer de cap et abandonner une voie manifestement suicidaire ? La réponse est dans ce récit. Car seul celui qui connaît sa propre histoire peut être capable de l’infléchir.

    Retrouvez toutes les actualités autour du livre sur le site : https://www.megamachine.fr/

    « Aucun sujet n’est plus important. Une contribution d’une grande valeur qui vient à point. »
    Noam Chomsky

    « Un livre magnifique, d’une actualité brulante. Nous devons à l’auteur gratitude, solidarité et beaucoup d’admiration. »
    Jean Ziegler

    « Une lecture obligatoire pour toutes celles et tous ceux qui s’élèvent contre un système qui est en train de détruire la vie sur Terre et notre avenir. »
    Vandana Shiva

    Fabian Scheidler a étudié l’histoire, la philosophie et le théâtre. Il travaille comme auteur indépendant pour la presse, la télévision, le théâtre et l’opéra. Il publie régulièrement dans les Blätter für deutsche und internationale Politik (édité par Saskia Sassen, Jürgen Habermas et al.), la Tageszeitung (Taz) et d’autres revues. En 2009, il obtient le prix Otto Brenner pour le journalisme critique. Il a aussi publié Chaos. La nouvelle ère des révolutions (2017, en allemand).

     

     

     

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    Le syndrome de l'autruche

     

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    Le syndrome de l'autruche par Marshall
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    28 notes

    EAN : 9782330091125
    416 pages

    Actes Sud (11/10/2017)

    Résumé :

    Dans cet essai, le sociologue et philosophe américain George Marshall propose une nouvelle approche à l’une des plus épineuses questions de notre temps : alors que le réchauffement climatique est une réalité, comment se fait-il que nous puissions encore ignorer son impact ? S’appuyant sur des années d’études, Marshall soutient que notre négation des changements climatiques repose sur la manière dont nos cerveaux sont formatés, et nous amène à envisager des solutions concrètes.

     

  • Jour après jour.

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    Cette page sur France info est mise à jour quoitidiennement.

    Les graphiques donnent une vision claire des choses.

     

    https://www.franceinfo.fr/environnement/crise-climatique/climat-fait-il-chaud-ou-froid-pour-la-saison-comparez-la-meteo-du-jour-a-l-historique-des-temperatures-des-dernieres-decennies_6960485.html#comments-embed

     

    Climat : fait-il chaud ou froid pour la saison ?

    Comparez la météo du jour à l'historique des températures des dernières décennies

     

    Le réchauffement climatique se fait déjà ressentir au quotidien. Pour le visualiser, franceinfo vous propose un tableau de bord inédit, mis à jour quotidiennement. Retrouvez l'écart entre les températures du jour et les températures de référence, en France hexagonale et dans les territoires d'outre-mer.

    Camille Adaoust, Mathieu Lehot-Couette, Valentin Pigeau

    Publié le 31/12/2024

    Aujourd'hui en France hexagonale, il fait plus froid que la moyenne des températures mesurées le 23 septembre entre 1971 et 2000.

    TEMPÉRATURE MOYENNE Aujourd’hui

    13,4°C

    ÉCART À LA TEMPÉRATURE MOYENNE DE RÉFÉRENCE (1971-2000) Aujourd’hui

    -2.8°C

    ÉVOLUTION DES ÉCARTS Depuis 1971

    Valeurs journalières

    Evolution annuelle

    Aujourd'hui

    -2,8°C

    19801990200020102020-15 °C-10 °C-5 °C+5 °C+10 °CMoyenne1971-2000Plus chaud ↑Plus froid ↓

    Source : calculs de franceinfo à partir des données de Météo-France

    Pour remettre la météo quotidienne dans ce contexte d'un climat qui change vite et fortement, franceinfo vous propose un tableau de bord inédit, mis à jour en collaboration avec Météo-France. Chaque jour, vous pouvez consulter l'écart de la température moyenne en France hexagonale et dans les outre-mer avec celle de la période 1971-2000*. L'indicateur national ci-dessus est calculé à l'aide des références officielles établies par Météo-France à partir de 30 stations représentatives du climat de l'Hexagone et de la Corse, les territoires d'outre-mer ayant un climat différent, exploré plus bas.

  • Second avertissement à l’humanité

    Lorsque je commets l'erreur (pour mes nerfs) de participer à un échange avec des gens réticents à tout ça, je m'entends souvent dire que toutes les mesures nécessaires auraient un coût financier insurmontable.

    En premier lieu, je trouve consternant que l'idée de préservation de la vie soit encadrée par une simple vision financière et surtout, ce qu'il faudrait comprendre, c'est que les dégâts vers lesquels nous allons auront un coût bien plus considérable que ce qu'il faudrait engager immédiatement pour réduire la facture finale.

    L'idée est simple : limiter les dégâts maintenant pour ne pas être engloutis par les milliards de milliards qui seront nécessaires pour reconstruire.

    Si tant est qu'il sera encore possible d'envisager une reconstruction, ce qui est loin d'être assuré. 

     

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    Second avertissement à l’humanité

    Second avertissement à l’humanité

    30 octobre 2017

    Savoir

    6 commentaires

    En 1992, les plus grands scientifiques du monde lançaient un « avertissement à l’humanité » pour en finir avec la destruction de l’environnement. Vingt-cinq ans plus tard, force est de constater que nous n’avons pas tenu compte de leur alerte. Et bientôt, il sera trop tard. Des actions urgentes peuvent être mises en œuvre pour que l’humanité prenne le chemin de la soutenabilité. Mais le temps presse…

    * * *

    > William J. Ripple, Christopher Wolf, Mauro Galetti, Thomas M. Newsome, Mohammed Alamgir, Eileen Crist, Mahmoud I. Mahmoud et William F. Laurance, écologues, chercheurs en sciences environnementales et biologiques aux Etats-Unis, en Australie, au Brésil, au Bangladesh et au Nigéria.

    Il y a vingt-cinq ans, l’Union of Concerned Scientists (UCS), et plus de 1 500 scientifiques indépendants − y compris la majorité des lauréats de prix Nobel dans les sciences − ont publié, le 18 novembre 1992, l’« Avertissement des scientifiques du monde à l’humanité » (« World Scientists’ Warning to Humanity », en anglais).

    Ces chercheurs « préoccupés » ont enjoint l’humanité d’en finir avec la destruction de l’environnement, en insistant sur le fait qu’« un changement radical dans notre relation à la Terre et à la vie sur Terre s’avère nécessaire pour éviter la misère humaine à grande échelle. »[1]

    Dans leur appel, les auteurs affirmaient que le développement des activités humaines avaient atteint les limites du monde naturel. Ils se disaient en effet préoccupés par les dégâts, imminents ou potentiels, infligés à la planète, impliquant la couche d’ozone stratosphérique, les réserves d’eau douce et halieutiques, la vie dans les océans, les forêts, la biodiversité, le climat[2] et les populations humaines.

    Ces lanceurs d’alerte internationaux avaient indiqué que des changements fondamentaux étaient nécessaires, de toute urgence, pour éviter que les dommages causés par nos modes de vie ne deviennent irréversibles.

    Ils craignaient déjà que l’humanité n’exploite les écosystèmes terrestres au-delà de leurs capacités à se régénérer eux-mêmes.

    Des changements fondamentaux sont nécessaires, de toute urgence, pour éviter que les dommages causés à la Terre par nos modes de vie ne deviennent irréversibles.

    Ils avaient alors décrit comment nous nous approchons de plus en plus rapidement des limites planétaires ; limites au-delà desquelles la Terre endurent des dégradations substantielles et irréversibles.

    Les scientifiques co-signataires de l’appel avaient notamment plaidé pour la stabilisation de la population humaine, en décrivant comment la pression démographique sur la Terre − accrue par une augmentation de la population mondiale de 35 % depuis 1992, soit deux milliards de personnes supplémentaires − est si forte qu’elle peut entraver les efforts entrepris dans le sens d’un avenir soutenable.[3]

    Ils avaient également imploré de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’éliminer les combustibles fossiles, de limiter la déforestation et de stopper l’effondrement de la biodiversité.

    À l’occasion du 25ème anniversaire du lancement de l’« Avertissement des scientifiques du monde à l’humanité », nous portons aujourd’hui un regard rétrospectif, en examinant les données scientifiques disponibles[4], afin d’évaluer la réponse humaine qui en a été donnée.

    Depuis 1992, à l’exception de la stabilisation de la couche d’ozone stratosphérique, l’humanité n’a pas réussi à faire les progrès nécessaires pour résoudre les défis environnementaux qui s’imposent à elle. Et, de façon alarmante, la plupart d’entre eux deviennent chaque jour plus incontournables.

     

    Parmi ces défis, l’évolution du changement climatique est particulièrement troublante, voire potentiellement catastrophique, en raison de la hausse des gaz à effet de serre, provoquée par la combustion des ressources fossiles (pétrole, charbon et gaz)[5], la déforestation[6] et la production agricole − en particulier l’élevage des ruminants pour la production de viande.[7]

    En outre, les activités humaines sont à l’origine d’une nouvelle extinction massive d’espèces animales − la sixième en environ 540 millions d’années −, au cours de laquelle de nombreuses formes de vie actuelles pourraient être anéanties ou, tout du moins, condamnées à la disparition d’ici la fin de ce siècle.

    UN IMPÉRATIF MORAL

    L’humanité reçoit désormais un deuxième avertissement, comme le montrent les tendances alarmantes qui viennent d’être mentionnées.

    Nous nous condamnons nous-mêmes en faisant le choix d’une consommation matérielle intense − quoique géographiquement et démographiquement inégale − et en ne prenant pas conscience que la croissance rapide et continue de la population est le principal moteur de nombreuses menaces écologiques et même sociales.

    L’humanité ne prend pas les mesures urgentes nécessaires pour préserver la biosphère.

    A défaut de limiter, de façon adéquate, la croissance de la population, de réévaluer les impacts d’une économie enracinée dans la croissance, de réduire les gaz à effet de serre, de développer les énergies renouvelables, de protéger les habitats naturels, de restaurer les écosystèmes, de mettre fin à la défaunation et de lutter contre les espèces exotiques envahissantes, l’humanité ne prend pas les mesures urgentes nécessaires pour préserver la biosphère.

    Étant donné que la plupart des dirigeants politiques ne restent pas insensibles à une forte pression populaire, les scientifiques, les « leaders d’opinion » et les citoyens en général doivent se battre pour que leurs gouvernements prennent des mesures immédiates.[8]

    Il s’agit d’un impératif moral pour les générations actuelles et futures, que ce soit pour l’espèce humaine comme pour les autres espèces.

    Avec la multiplication d’initiatives citoyennes organisées, l’opposition obstinée peut être vaincue et les dirigeants politiques forcés de faire le bon choix.[9]

    Il est également temps de remettre en question et de modifier nos comportements individuels, y compris en limitant notre propre reproduction − idéalement, pour assurer le remplacement de la population tout au plus − et en diminuant drastiquement notre consommation de combustibles fossiles, de viande et de bien d’autres ressources.

     

    Le déclin mondial rapide des produits toxiques appauvrissant la couche d’ozone montre que nous pouvons infléchir positivement le cours des choses lorsque nous agissons de manière décisive. Nous avons aussi fait des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté extrême et de la faim dans le monde.[10]

    D’autres progrès remarquables sont également à signaler, comme la baisse rapide du taux de fécondité dans de nombreuses aires géographiques − attribuable aux investissements engagés dans l’éducation des filles et des femmes[11] −, le recul prometteur de la déforestation dans certaines régions et la croissance rapide du secteur des énergies renouvelables.

    Nous avons beaucoup appris depuis 1992. Mais la rapidité avec laquelle se mettent en oeuvre les changements nécessaires dans les politiques environnementales, les comportements humains et la résolution des inégalités sociales et économiques mondiales est encore loin d’être suffisante.

    Les transitions vers un développement durable − ou vers la soutenabilité − sont diverses. Elles exigent toujours une pression politique de la part de la société civile, ainsi que des arguments fondés sur des preuves solidement établies[12], un leadership politique et une compréhension fine des mondes politique et financier.

    Des actions et des étapes urgentes peuvent être mises en œuvre pour que l’humanité prenne le chemin de la soutenabilité, comme :

    > Prioriser la mise en place de réserves naturelles interconnectées, bien financées et bien gérées, pour protéger de façon significative les habitats floristiques et faunistiques terrestres, marins, d’eau douce et aériens ;

    > Maintenir les services écosystémiques de la nature en stoppant la destruction des forêts, des prairies et des autres habitats naturels ;

    > Restaurer les espaces de vie des plantes à grande échelle, en particulier les paysages forestiers ;

    > Re-naturaliser des régions avec des espèces natives pour rétablir les processus et les dynamiques écologiques ;

    > Elaborer et adopter des instruments politiques adéquats pour remédier à la défaunation, au braconnage ainsi qu’à l’exploitation et au trafic d’espèces menacées ;

    Les transitions vers la soutenabilité sont diverses.

    > Réduire le gaspillage alimentaire grâce à l’éducation et à de meilleurs réseaux d’approvisionnements et de distribution ;

    > Promouvoir des changements de comportement alimentaire, surtout vers des aliments à base de plantes ;

    > Réduire davantage les taux de fécondité en veillant à ce que les femmes et les hommes aient accès à l’éducation et aux services volontaires de planification familiale, en particulier là où ces ressources manquent encore ;

    > Renforcer l’éducation en plein air pour les enfants et la connaissance générale des milieux naturels ;

    > Réorienter les investissements financiers et diminuer la consommation matérielle ;

    > Concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et adopter massivement des sources d’énergie renouvelable, tout en supprimant progressivement les subventions aux énergies fossiles ;

    > Réformer notre économie pour réduire les inégalités socio-économiques et veiller à ce que les prix, la fiscalité et les dispositifs incitatifs tiennent compte des coûts réels que les modes de consommation imposent à notre environnement ;

    et enfin,

    > Estimer une taille de population humaine scientifiquement défendable et soutenable à long terme, tout en rassemblant les nations et les dirigeants pour soutenir cet objectif vital.

    Pour éviter une misère généralisée et une perte de biodiversité catastrophique, l’humanité doit adopter des pratiques alternatives plus soutenables sur le plan environnemental que les pratiques actuelles.

    Bientôt, il sera trop tard pour dévier de notre trajectoire mortifère. Et le temps presse…

    Cet impératif a bien été formulée par les plus grands scientifiques du monde il y a 25 ans. Mais, à bien des égards, nous n’avons pas tenu compte de leur avertissement.

    Bientôt, il sera trop tard pour dévier de notre trajectoire mortifère. Et le temps presse…

    Nous devons reconnaître, dans nos vies quotidiennes comme au sein de nos institutions gouvernementales, que la Terre est notre seul et unique habitat.

    William J. Ripple, Christopher Wolf, Mauro Galetti, Thomas M. Newsome, Mohammed Alamgir, Eileen Crist, Mahmoud I. Mahmoud et William F. Laurance

    > Post-Scriptum : pour co-signer ce second « Avertissement des scientifiques du monde à l’humanité », vous pouvez vous rendre directement sur le site qui lui est consacré : Alliance of World Scientists (de l’Oregon State University).

    > Photo de Une : Max Pixel / Licence CC.

    * * *

    References

    References

    ↑1− NDLR : Lire notre « Grand Entretien » avec Sebastian Vincent Grevsmühl, « Il est urgent de repenser nos imaginaires », 29 juin 2016. /

    ↑2− NDLR : Lire notre « Grand Entretien » avec Laure Noualhat, « Les climatosceptiques se moquent de la vérité scientifique », 4 octobre 2015. /

    ↑3− Crist E., Mora C., Engelman R., 2017. The Interaction of Human Population, Food Production, and Biodiversity Protection. Science 356 : 260–264. /

    ↑4− NDLR : Lire la tribune libre de Vincent Devictor, Qu’est-ce que l’écologie scientifique ?, 26 novembre 2016. /

    ↑5− Hansen J. et al., 2013. Assessing “Dangerous Climate Change” : Required Reduction of Carbon Emissions to Protect Young People, Future Generations and Nature. Plos One 8 : e81648. /

    ↑6− Keenan R.J., Reams G.A., Achard F., de Freitas J.V., Grainger A., Lindquist E., 2015. Dynamics of Global Forest Area : Results From the FAO Global Forest Resources Assessment, 2015. Forest Ecology and Management, 352 : 9-20. /

    ↑7− Ripple W.J., Smith P., Haberl H., Montzka S.A., McAlpine C., Boucher D.H. 2014. Ruminants, Climate Change and Climate Policy. Nature Climate Change 4 : 2-5. doi:10.1038/nclimate2081. /

    ↑8− NDLR : Lire la tribune libre de François Veillerette et Christian Vélot, Promouvoir la recherche participative, 8 février 2017. /

    ↑9− NDLR : Lire notre « Grand Entretien » avec Jacques Testart, « Il faut prendre le mal à la racine », 30 mai 2017. /

    ↑10− Voir le site de la Banque Mondiale. /

    ↑11−  Voir le site des Nations-Unies. /

    ↑12− NDLR : Voir notre reportage : La Marche pour les sciences : « une main tendue vers la société », 2 mai 2017. /

  • Conférence à l'ONU.

    Mais le problème, ça n'est pas l'extraction du pétrole, du charbon et du gaz, le problème, c'est la demande croissante de consommation et par conséquent, la demande croissante de combustion d'énergies fossiles.

    Donc, la mondialisation du commerce (et par exemple le Mercosur), et l'éducation à l'avoir au détriment de l'être, seraient les paramètres essentiels de toute réunion visant à réduire l'impact de l'humanité.

    Et là, où on comprend très bien que c'est impossible. Chaque pays ne regardera jamais autrement les restrictions que comme une atteinte à sa puissance.

    On pourra construire des millions d'éoliennes et des millions de panneaux solaires que ça ne règlera pas le problème.

    Tant que l'idée de la décroissance matérielle ET démograhique ne sera pas considérée comme l'élément clé, on continuera à avancer vers le mur. Ou le gouffre. 

     

    Crise climatique : une première conférence de l'ONU "pour la sortie des énergies fossiles" va se tenir en Colombie, en avril.

    Objectif de cette conférence : développer une "feuille de route commune" en vue de mettre un terme à la dépendance des économies mondiales à ces énergies qui, en émettant des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, provoquent un réchauffement climatique sans précédent, aux conséquences délétères pour l'humanité.

     

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    Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz

    France Télévisions

    Publié le 23/09/2025 15:19

    Temps de lecture : 5min Des éoliennes au large du Danemark, le 27 août 2025. (MADS CLAUS RASMUSSEN / RITZAU SCANPIX / AFP)

    Des éoliennes au large du Danemark, le 27 août 2025. (MADS CLAUS RASMUSSEN / RITZAU SCANPIX / AFP)

    Dix ans après la signature de l'accord de Paris, la Colombie veut réunir autour de la table les pays qui aspirent à se débarrasser au plus vite du charbon, du pétrole et du gaz. A l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies, le pays a annoncé, lundi 22 septembre, son intention d'organiser, en avril, une première conférence internationale pour l'élimination progressive des combustibles fossiles, principaux responsables du changement climatique d'origine humaine. "Ce rassemblement historique sera un moment charnière pour les pays du Sud afin de mener la charge dans la transformation de nos systèmes énergétiques et de faire face aux crises interdépendantes du climat et de la justice", s'est enthousiasmée la ministre de l'Environnement colombienne, Irene Vélez Torres, dans un communiqué. 

    Calqué sur les rencontres diplomatiques visant à lutter contre la prolifération des mines antipersonnel, des armes à sous-munitions ou encore des armes nucléaires, ce sommet marquera un tournant dans la mobilisation en faveur d'un traité de non-prolifération des énergies fossiles. Initié en 2015 par la société civile, ce projet est ardemment défendu sur la scène internationale depuis 2022 par une poignée de petits Etats insulaires menacés de disparaître sous l'effet de la montée des eaux, rejoints depuis par la Colombie et le Pakistan.

    A ce jour, les discussions en vue de rédiger un tel texte comptent 17 pays(Nouvelle fenêtre), ainsi que des villes et régions du monde entier et des organisations supranationales telles que le Parlement européen et l'Organisation mondiale de la santé. 

    Les détails dévoilés lors de la COP30

    "Première étape politique vers le lancement officiel de la conférence, dont les détails seront dévoilés lors de la COP30" qui se tiendra à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre, le rendez-vous colombien doit "servir d'espace stratégique de dialogue" entre ces différents acteurs, et "[offrir] aux pays une plate-forme mondiale pour coopérer sur des stratégies visant à éliminer progressivement l'extraction de pétrole, de gaz et de charbon, complétant et renforçant l'accord de Paris", poursuit le communiqué. 

    Alors que les COP, organisées chaque année sous l'égide de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCUNCC), sont régulièrement accusées d'avancer trop lentement au regard de la rapidité à laquelle s'aggrave la crise climatique, le ministre du Changement climatique de Vanuatu, Ralph Regenvanu, estime que ce sommet sera "une étape cruciale vers l'élaboration d'une feuille de route commune". Et pour cause, la nécessité de sortir des énergies fossiles de sorte à limiter à 1,5°C la hausse des températures moyennes mondiales est toujours contestée dans les arènes onusiennes par les grands pays producteurs de pétrole et leurs alliés.

    Une production d'énergies fossiles encore bien trop élevée

    En 2021, à la COP de Glasgow, en Ecosse, le texte adopté par les quelque 190 pays participants avait mentionné pour la première fois un objectif d'une réduction de l'usage du charbon, avant de revenir dessus l'année suivante. Il a fallu attendre 2023, à Dubaï, pour qu'un texte final de COP mentionne l'ambition de "s'éloigner des énergies fossiles", mettant en exergue les limites de ces exercices diplomatiques.

    Or, le temps presse, comme l'a souligné un rapport publié plus tôt dans la journée par plusieurs instituts de référence sur le site du Stockholm Environment Institute(Nouvelle fenêtre). Ces derniers y démontrent que les pays producteurs d'énergies fossiles ambitionnent d'augmenter toujours plus leurs extractions dans les prochaines années, en contradiction avec les objectifs climatiques internationaux. Pour respecter la limite haute de l’accord de 2015, fixée à 2°C, la production d’énergies fossiles prévue à l'horizon 2030 est à ce jour 77% trop élevée, selon ce rapport.

     

     

  • Des pluies de pesticides

    Rien que pour l'année 2022 les industries de l'agrochimie ont produit 3,7 millions de tonnes de pesticides et leurs productions sont en augmentation constante, objectifs de profits obligent. Ces industries sont florissantes et rapportent des milliards de dollars. Leurs productions n'ont pas commencé en 2022 mais depuis le début du 20ème siècle ( ça en fait des millions de tonnes. ) 

    Quand des études scientifiques expliquent qu'un produit est nocif pour la vie en générale, il est remplacé par un autre dont on mettra des années avant de se rendre compte de ses effets. C'est un cercle vicieux sans fin, d'autant que ces industries se présentent comme les chantres de " la nouvelle agriculture " aidées par leurs collaborateurs aux seins de certains syndicats agricoles.

    Ensuite, il faut la chaîne de distribution pour arriver à déverser toutes leurs productions sur la planète, et les agriculteurs ( pas tous, mais ceux qui osent crier pour être autorisés à empoisonner et trouvent des " politiques " pour proposer une loi Duplomb ) ne sont que le dernier maillon, c'est à dire l'homme de main qui vise à gagner de l'argent en se facilitant la tâche et en oubliant qu'il n'existe que pour nourrir des hommes et des animaux ce qui n'autorise pas de faire n'importe quoi et devrait être un grand honneur.

    Ceci démontre qu'aujourd'hui une partie du monde agricole doit changer de métier et être remplacé.

    Le paradoxe et le comble c'est que ces industries produisent aussi les médicaments dont on a besoin pour se soigner des effets des pesticides. Pour couronner le tout, les molécules des médicaments produits par ces industries se retrouvent également dans la nature par le simple fait que les consommateurs les évacuent en allant aux toilettes faisant d'eux des pollueurs " à l'insu de leur plein gré ".

    J'aimerais bien que des études soient faites sur les résidus de pesticides et de molécules médicamenteuses arrivant dans les stations d'épuration avant que les processus de "purification" soient enclenchés.

    Le dernier article donne une idée de "l'intérêt" du Mercosur pour nous, consommateurs.

    "Qui n'a pas encore son cancer, levez la main ?"

     

     

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    Les nuages sont-ils un réservoir de pesticides ?

    Publié le 10 septembre 2025 – Mis à jour le 10 septembre 2025

    La contamination par les pesticides est une préoccupation croissante et alarmante pour l’environnement et la santé humaine. Dans ce travail, 446 composés, appartenant aux classes des pesticides, biocides, et leurs produits de transformation, ont été recherchés dans six échantillons d’eau de nuage collectés au puy de Dôme en fin d’été 2023 et au printemps 2024.

    Figure © Laboratoire de Météorologie Physique (LaMP)

    Figure © Laboratoire de Météorologie Physique (LaMP)


    Après mesures et analyses, tous les échantillons contenaient des pesticides, avec un total de 32 composés identifiés : fongicides, insecticides, herbicides, additifs, biocides et produits de dégradation. Dans deux échantillons, la concentration totale dépassait la limite européenne pour l’eau potable (0,5 µg/L, Directive UE 2020/2184).

    Il n’a pas été observé de lien clair entre les familles de pesticides retrouvées et la période d’échantillonnage, ce qui suggère un transport atmosphérique sur de longues distances et la persistance de certains composés. La présence de pesticides interdits en France, mais encore utilisés dans d’autres pays, supporte cette hypothèse. De plus, l’identification de produits de transformation montre que certains pesticides réagissent efficacement dans l’atmosphère.

    En supposant que la concentration mesurée au puy de Dôme soit représentative des nuages de basse et moyenne altitude, la quantité totale de pesticides présents dans les nuages au-dessus de la France a été estimée entre 6,4 et 139 tonnes. Ces résultats indiquent que les nuages contiennent des quantités significatives de pesticides, capables d’affecter également des zones éloignées des zones agricoles.


    Auteurs de l'étude : Angelica Bianco, Pauline Nibert, Yi Wu, Jean-Luc Baray, Marcello Brigante, Gilles Mailhot, Laurent Deguillaume, Davide Vione, Damien J. E. Cabanes, Marie Méjean, Pascale Besse-Hoggan


    Publiée dans la revue scientifique Environmental Science & Technology 


    Contact : 
    Angelica Bianco

    a.bianco@opgc.fr



     

    Documents à télécharger

    Brève : Les nuages sont-ils un réservoir de pesticides ?

    (pdf, 143 Ko)

     

     

    Face à l’urgence : protéger les générations futures des pesticides

     

    Animations, Saint-Gély-du-Fesc

    Publié le 18/09/2025 à 05:06

    Correspondant

     

    https://www.midilibre.fr/2025/09/18/face-a-lurgence-proteger-les-generations-futures-des-pesticides-12937160.php

    00:00 / 02:34

    C’est au cœur d’une actualité brûlante que s’est tenue, mardi 16 septembre, la conférence animée par le Professeur Charles Sultan. Ce même jour, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiait les résultats de l’étude PestiRiv révélant que, chez les riverains de vignobles, les concentrations de quarante pesticides sont de 10 à 50 % supérieures à celles du reste de la population. Parallèlement, la Cour des comptes rendait un rapport accablant sur la pollution environnementale.

    "Les cancers ont augmenté de 40 %"

    La conférence organisée par l’ASTEC-PSL a suscité un vif intérêt du public.

    "Cela fait vingt-cinq ans que je me bats sur ce terrain, rappelle Charles Sultan. La dégradation avérée de notre environnement appelle une action urgente, aux niveaux individuel, familial, local et, surtout, politique."

    Le pédiatre se félicite que la mobilisation citoyenne ait parfois freiné certaines décisions. "La loi Duplomb, qui voulait réintroduire les néonicotinoïdes, a été rejetée grâce à une large mobilisation. Or, ces insecticides sont tueurs d’abeilles, cancérigènes et perturbateurs endocriniens." Il pointe aussi l’accord du Mercosur, qui ouvrira la voie à l’importation massive de fruits et légumes fortement traités d’Amérique du Sud.

    Les conséquences sanitaires sont particulièrement visibles chez les plus jeunes. "Les cancers de l’enfant ont augmenté de 40 % en quarante ans. Aux États-Unis, un jeune de moins de vingt ans a un risque sur 285 de développer un cancer", alerte-t-il. Chacun peut toutefois réduire son exposition : privilégier une alimentation biologique, aérer son logement, surveiller la composition des cosmétiques, utiliser des filtres pour l’eau, vérifier l’origine des fruits et légumes. "L’un des messages fondamentaux est d’informer et protéger la femme enceinte", insiste le médecin. La contamination n’épargne pas même les zones isolées. Au sommet du Mont-Dore, des chercheurs ont détecté dans les nuages plus de dix pesticides interdits. "Ces substances voyagent, s’accumulent, et lorsqu’il pleut, elles retombent sur nos terres. On estime entre six et 139 tonnes de pesticides au-dessus de nos têtes."

    Pour le Professeur Charles Sultan, le message est clair : "La situation est critique et exige une mobilisation générale pour protéger l’environnement et la santé des générations futures."

     

     

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    Environnement

    Consommation de pesticides dans le monde: où en sommes-nous ?

     

    https://www.geo.fr/environnement/consommation-de-pesticides-dans-le-monde-ou-en-sommes-nous-224816

    S'ils font partie intégrante de nos cultures, les pesticides sont depuis longtemps pointés du doigt pour leur impact sur l'environnement et la santé. Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, leur utilisation continue d'augmenter à l'échelle mondiale, avec toutefois des diminutions significatives dans de nombreux pays.

    Vidéo GEO - Les fruits et légumes contenant le plus de pesticides

    Par GEO avec AFP

    Publié le 25 février 2025 à 10h22.

    Lecture : 2 min

    Utilisés pour protéger les cultures des organismes jugés nuisibles - plantes, animaux, champignons - les pesticides affectent aussi l'environnement et la santé. Leur consommation a encore augmenté en 2022, tirée par le Brésil, mais l'Europe et l'Asie commencent à limiter leur usage.

    Une croissance toujours présente à l'échelle globale

    Les agriculteurs ont utilisé 3,70 millions de tonnes de substances actives en 2022, en hausse de 4 % par rapport à 2021 et deux fois plus qu'en 1990, selon les dernières données disponibles de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

    Les herbicides, qui combattent les mauvaises herbes, en représentent près de la moitié ; les fongicides et bactéricides, utilisés contre les champignons et les bactéries, 22 % ; et les insecticides, destinés à tuer les insectes nuisibles aux récoltes, 22 %.

    Le Brésil reste de loin le premier pays utilisateur (801 000 tonnes, +11 % en un an), devant les États-Unis (468 000 tonnes, +2 %). Dans ces deux pays, les agriculteurs limitent souvent les labours dans les champs de grandes cultures (blé, maïs, soja), ce qui nécessite plus d'herbicides.

    L'Indonésie figure en 3e place (295 000 tonnes), suivie de l'Argentine (263 000 tonnes) et de la Chine (225 000 tonnes). Viennent ensuite le Vietnam, le Canada, la Russie, la Colombie et la France, 10e de la liste et plus gros pays européen consommateur (68 000 tonnes).

    En quantité par hectare au sein des plus gros utilisateurs mondiaux, le Vietnam et le Brésil forment le duo de tête avec plus de 10 kg par hectare.

    Pas de freins pour l'Amérique

    En raison du poids du Brésil (21 % de la consommation mondiale de pesticides) et des États-Unis (13 % de la consommation mondiale), le continent américain est depuis le milieu des années 1990 le plus gros consommateur au monde, avec un nouveau bond de 10 % en 2022, à 1,89 million de tonnes. Tous pays confondus, ce continent représente la moitié (51 %) de la consommation mondiale.

    Cette tendance ne fait que s'accentuer : alors que les autres continents commencent à réduire leur usage ou en limiter la hausse, sur le continent américain, la consommation de pesticides a triplé depuis 1990 (+210 %). C'est aussi là où, entre 1990 et 2022, a été répandu en moyenne le plus gros volume de pesticides à l'hectare, surtout des herbicides (67 % du total).

    Une légère baisse pour l'Asie

    Deuxième région consommatrice, l'Asie a diminué l'usage des pesticides de 1 % en 2022 par rapport à 2021, à 1,05 million de tonnes, après des années de hausse. Sa consommation reste encore supérieure de 76 % par rapport à 1990.

    L'Asie est aussi de très loin le plus gros exportateur de ces substances (3,5 millions de tonnes pour 21,7 milliards de dollars). En revanche la quantité de produit par hectare y est inférieure à la moyenne mondiale, à 1,60 kg/ha.

    L'Europe bonne élève

    Au 3e rang des régions consommatrices, l'Europe (13 % de la consommation mondiale) a réduit l'utilisation de pesticides de 7 % entre 2021 et 2022, à 480 000 tonnes.

    Par rapport à 1990 la consommation s'est réduite de 5 %, reflet d'une stabilisation. Les agriculteurs européens répandent 1,66 kg de pesticides par hectare en moyenne, moins que la moyenne mondiale. À noter que c'est le continent qui a le plus limité l'utilisation d'insecticides, qui ne représentent plus que 13 % des produits consommés, sous l'effet des législations européennes.

    Chaque État de l'Union européenne a l'obligation de développer un plan stratégique de réduction des pesticides. Le Danemark a ainsi mis en place un système de taxes plus élevées pour les produits les plus dangereux.

    La France en répand 3,45 kg par hectare. L'étude signale de fortes disparités en Europe, l'Europe de l'est étant bien moins consommatrice que l'ouest.

    L'Afrique modeste et en baisse

    En Afrique, la consommation s'est stabilisée en 2022 par rapport à 2021, à 209 000 tonnes contre 210 000, mais elle a bondi de 185 % depuis 1990. Ce continent n'a représenté que 5 % de la consommation mondiale ces dix dernières années.

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  • Les arbres : puits de carbone

     

    L'idée que la plantation des arbres doit nous être "utile" me déplaît fortement car cela conforte l'idée que la nature doit nous "servir" et nous permettre de continuer à exister sans rien changer de nos pratiques, même les plus polluantes. Planter des forêts pour continuer à utiliser les énergies fossiles, c'est une tromperie, une forme de déculpabilisation.

    Quant aux millions qui seraient dépensés pour mettre au point des systèmes de captation du carbone, je suis convaincu que l'affaire de l'arnaque monumentale à la taxe carbone (https://www.legavox.fr/blog/cafejuridique/affaire-arnaques-taxe-carbone-36718.htm) n'aura même pas servi de leçon et que des industriels vont prioritairement se gaver avec l'argent public...

     

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    Attention à la terre

    https://attentionalaterre.com/combien-de-carbone-absorbe-un-arbre/

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    Un alignement d’arbres, derrière eux un coucher de soleil

    Combien de carbone absorbe un arbre ? Quels sont les arbres qui captent le plus de CO2 ?

    26 mars 2024 par

    Les arbres jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique en agissant comme des puits de carbone, c’est-à-dire qu’ils absorbent le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère. En effet, ils ont la capacité d’absorber une grande quantité de CO2 grâce à un processus appelé photosynthèse. Ce phénomène naturel permet aux arbres de capturer et stocker le carbone tout en libérant de l’oxygène dans l’atmosphère. Ainsi, plus il y a d’arbres en bonne santé sur notre planète, moins il y a de CO2 dans l’air. Dans cet article détaillé avec des données comparatives, nous allons explorer les différents aspects de cette question clé : combien de carbone absorbe un arbre, et quels sont les arbres qui captent le plus de carbone ?

    Table des matières [Afficher]

    Comprendre la photosynthèse, le processus clé de l’absorption du carbone

    La photosynthèse est un processus complexe qui se déroule principalement dans les feuilles des végétaux grâce à la présence de chlorophylle, une molécule responsable de leur couleur verte. Le processus de la photosynthèse peut être simplifié en trois étapes principales :

    Absorption de la lumière. La chlorophylle capte l’énergie lumineuse du soleil émise par rayonnement thermique.

    Transformation de l’énergie lumineuse en énergie chimique. Cette énergie est utilisée pour transformer le CO2 et l’eau (H2O) présents dans les cellules végétales en glucose (C6H12O6), une molécule riche en énergie.

    Stockage du carbone. Le glucose produit est ensuite transformé et stocké sous forme de matières organiques, comme la cellulose, constituant principal du bois.

    Ainsi, grâce à la photosynthèse, les arbres absorbent le CO2 atmosphérique et contribuent à réduire sa concentration dans l’air.

    Quelle quantité de CO2 un arbre peut-il absorber ?

    La quantité de CO2 qu’un arbre peut absorber dépend de nombreux facteurs tels que son âge, sa taille, son espèce, et les conditions environnementales. Néanmoins, on estime qu’en moyenne, un hectare de forêt tempérée mixte peut absorber environ 10 tonnes de CO2 par an.

    L’âge et le type d’arbre sont les facteurs les plus significatifs sur la capacité d’un arbre à absorber le CO2. En effet, les jeunes arbres en pleine croissance absorbent généralement plus de carbone que les arbres matures. Cela s’explique par le fait que la croissance rapide des jeunes arbres nécessite une grande quantité de matières organiques pour constituer leur tronc, leurs branches et leurs feuilles.

    A lire également :

    Top 10 des arbres à croissance rapide qui poussent le plus vite

    De plus, certaines espèces d’arbres sont plus efficaces que d’autres pour absorber le dioxyde de carbone. Par exemple, les forêts de feuillus, comme les chênes ou les hêtres, ont tendance à stocker davantage de carbone que les forêts de conifères.

    Pour y voir plus clair, voici un tableau comparatif, avec différentes espèces d’arbres, l’absorption moyenne de CO2 en kg par an, et l’absorption de CO2 sur 40 ans, en kg également.

    Tableau comparatif du captage de CO2 par les arbres selon leur espèce et leur âge

    Espèce d’arbreAbsorption de CO2 par an (kg)Absorption de CO2 sur 40 ans (kg)

    Séquoias géants (Sequoiadendron giganteum)25010000

    Paulownia (Paulownia spp.)1004000

    Eucalyptus (Eucalyptus spp.)502000

    Peuplier (Populus)25.11004

    Chêne (Quercus)22.7908

    Hêtre (Fagus)20.3812

    Pin (Pinus)19.8792

    Sapin (Abies)18.9756

    Érable (Acer)16.5660

    Bouleau (Betula)12.7508

    Pour donner un exemple concret, prenons le cas d’un chêne. À l’âge de 50 ans, un chêne peut avoir absorbé environ 1 tonne de CO2. Cela équivaut à peu près aux émissions annuelles d’une voiture thermique et d’une consommation moyenne parcourant 15 000 km.

    Autre exemple. Un Eucalpytus absorbe en moyenne 50 kg de CO2 par an pendant sa croissance. A 40 ans, l’arbre aura stocké près de 2 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles d’une voiture thermique et d’une consommation moyenne parcourant 30 000 km par an.

    En regardant plus attentivement les données ce tableau, on comprend effectivement que tous les arbres ne sont pas égaux dans leur capacité à capter du carbone.

    Notes sur les données comparatives de ce tableau :

    Les valeurs d’absorption de CO2 par an sont des estimations basées sur une croissance moyenne dans des conditions optimales.

    L’absorption de CO2 sur 40 ans est calculée en supposant que l’arbre croît et absorbe du CO2 de manière constante pendant cette période. Cette simplification ne prend pas en compte le taux de croissance variable qui peut survenir à différentes étapes de la vie de l’arbre.

    Ces chiffres sont basés sur des études générales et peuvent varier selon les conditions spécifiques de croissance, la santé de l’arbre, et les changements climatiques.

    Quel est l’arbre qui capte le plus de CO2 ?

    Voici, à l’échelle de la planète, le classement des 3 arbres qui absorbent le plus de CO2 au cours de leur croissance.

    1/ Le Séquoia géant

    L’arbre qui absorbe le plus de CO2 à l’année est incontestablement le Séquoia géant, avec 250 kg de CO2 capté à l’année. A l’âge de 40 ans, un séquoia géant aura absorbé près de 10 tonnes de CO2 ! Pas étonnant cependant : ces arbres, qui figurent parmi les plus grands et les plus volumineux du monde, peuvent capturer de grandes quantités de CO2 grâce à leur biomasse importante. Leur longue durée de vie contribue également à leur capacité de stockage du carbone sur de longues périodes. Toutefois, leur habitat est relativement restreint, se limitant principalement aux versants ouest de la Sierra Nevada en Californie (États-Unis), ils sont peut nombreux sur la planète. Individuellement, leur performance est impressionnante, mais à l’échelle planétaire, leur part de captation de CO2 est donc faible.

    Séquoia géant de Californie, vue de sa base.

    Un Séquoia géant de Californie, aux États-Unis.

    2/ Le Paulownia

    Le Paulownia est un formidable réservoir de CO2 : il absorbe environ 100 kg de CO2 par an, atteignant jusqu’à 4000 kg sur 40 ans. Cette capacité exceptionnelle s’explique par sa croissance extrêmement rapide, qui lui permet de produire une grande biomasse en peu de temps. Le Paulownia est en effet l’arbre qui pousse le plus vite au monde. Originaire de Chine et d’Asie de l’Est, le Paulownia s’adapte à divers climats, poussant efficacement dans de nombreuses régions du monde, y compris en Europe et aux États-Unis. Sa résilience et sa croissance rapide en font un choix privilégié pour la reforestation et la lutte contre le changement climatique. Contrairement aux Séquoias géants, son habitat beaucoup plus étendu lui permet d’être planté dans de nombreuses régions du monde.

    Un Paulownia

    Un paulownia adulte et fleuri.

    3/ L’Eucalyptus

    Avec plus de 700 variétés, les eucalyptus se trouvent dans une grande variété d’habitats, allant des forêts humides aux zones semi-arides. En termes de captation de CO2, tous les Eucalyptus ne se valent pas. Mais certaines espèces sont particulièrement efficaces, en faisant un des arbres les plus efficaces en la matière : un Eucalpytus dans les meilleures conditions peut absorber 50 kg de CO2 par an pendant sa croissance. A 40 ans, l’arbre aura stocké près de 2 tonnes de CO2. Ce sont ces types d’eucalyptus, reconnus pour leur croissance rapide leur permettant de séquestrer rapidement le CO2, qui sont très utilisés dans les programmes de reforestation et de plantation de forêts commerciales.

    Un grand arbre eucalyptus, une espèce à croissance rapide

    Un immense eucalyptus à croissance rapide.

    Les projets de reforestation, une solution pour compenser les émissions de CO2

    La reforestation est une solution efficace pour lutter contre le réchauffement climatique en compensant les émissions de CO2. De nombreux projets ont été mis en place à travers le monde pour planter des arbres et restaurer des écosystèmes dégradés.

    Un exemple notable est le projet « Plantons pour l’avenir » en France, qui vise à planter 7 millions d’arbres dans des zones déforestées ou dégradées d’ici 2030. Ces nouveaux arbres contribueront à absorber environ 1 million de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année.

    Le saviez-vous ? Vous pouvez offrir un arbre dans une forêt pour encourager la préservation des forêts et la reforestation. En soutenant ce type de projets, les individus et les organisations peuvent compenser une partie de leurs propres émissions et participer activement à la lutte contre le réchauffement climatique.

    Outre leur rôle de puits de carbone, les arbres offrent de nombreux autres avantages environnementaux. Ils contribuent à la préservation de la biodiversité en fournissant un habitat pour de nombreuses espèces animales et végétales. De plus, les racines des arbres aident à lutter contre l’érosion des sols en stabilisant le sol et en retenant l’eau.

    La plantation d’arbres a également un impact positif sur le microclimat local en régulant la température et l’humidité ambiante. Enfin, les forêts jouent un rôle essentiel dans le cycle global de l’eau en favorisant la formation des nuages et des précipitations.

    La séquestration de carbone dans les arbres est un processus complexe influencé par de nombreux facteurs, y compris les pratiques de gestion forestière, l’âge de la forêt, et les conditions climatiques. Les efforts de reforestation et de gestion durable des forêts peuvent maximiser le potentiel de séquestration de carbone des arbres, mais il est important d’avoir des attentes réalistes basées sur des données scientifiques solides.

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    Articles récents

    Alexandre Chauvel

    Alexandre Chauvel

    Propriétaire et auteur chez attentionalaterre.com

    Diplômé d'une licence en géographie (Université de Cergy-Pontoise) et d'un master en Géopolitique (Institut Français de Géopolitique - Paris 8), je suis chef de projet digital dans une start-up Nantaise. J'ai réuni deux de mes passions sur mon site : les sciences de la terre et le digital.

     

  • TOUS, SAUF ELLE : l'amour de la vie

     

     

    Laure ne cherchait plus à s’expliquer les raisons de cette attirance pour Théo. C’était juste une évidence. Elle ne comprenait pas davantage la puissance de cette étreinte, cette joie en elle, une diffusion inconnue qui l’avait emplie, une lumière intérieure qui n’avait rien d’un orgasme habituel. Elle aurait pu ne pas jouir d’ailleurs, sans en éprouver la moindre frustration. Et plus étrange encore, Théo n’avait pas été qu’un simple partenaire aimant mais l’opportunité d’une révélation.

    Elle n’avait jamais éprouvé l’orgasme de la vie dans son ancienne existence. Juste un orgasme génital. Ce qui comblerait déjà de bonheur un certain nombre de femmes, pensa-t-elle. Mais là, ce qu’elle avait éprouvé était bien au-delà du connu, au-delà de l’imaginable.

    Elle réalisa qu’elle n’avait absolument jamais entendu parler d’une sexualité révélatrice. Que lui voulait cette lumière en elle ?

    La lumière. Elle était toujours là et elle ne savait la nommer autrement.

    Le sexe de Théo en elle. Un canal d’énergie. Elle avait senti le flux l’envahir, bien au-delà de ses expériences passées.

    Elle avait perdu le lien avec le réel. Une plongée verticale vers des altitudes inexplorées, l’effacement de son être et l’émergence d’une entité indéfinissable, une chaleur d’étoile, une radiation solaire qui l’avait embrasée au-delà de son corps, comme si autour d’elle son âme s’était réjouie.

    Elle était assise dans le canapé du salon, les yeux dans le flou, un regard poreux fixé sur le mur devant elle, une vision intérieure.

    Nous n’étions pas, fondamentalement, des êtres de matière mais des âmes délivrant des corps, une énergie capable d’aimanter des particules pour en fonder un véhicule.

    Elle savait que ces pensées n’étaient pas à elles, qu’elles lui étaient données, qu’elles étaient comme des vents cosmiques venus des confins de l’univers.

    L’espace avait joui en elle. L’impression d’être devenue soudainement une nurserie d’étoiles.

    Qu’était-elle cette lumière ? Pourquoi l’avait-elle empêchée de mourir dans l’habitacle de la voiture ? Pourquoi elle ? Et pourquoi ne l’avait-elle pas connue plus tôt ? Que devait-elle en faire désormais ?

    Elle comprit alors qu’elle n’avait rien su de la vie, qu’elle en avait ressenti uniquement l’illusion de l’existence, que le réel était bien au-delà de ce que la raison humaine lui avait enseigné, que des limites transmises l’avaient bridée et qu’elle était entrée désormais dans le champ de tous les possibles.

    Sans pouvoir aucunement présager de la suite.

    Cette perception des atomes, cette vibration dans tout ce qui était empli du flux vital, cette pénétration des êtres comme s’ils n’avaient plus de carapace mais qu’ils étaient devenus des entités sans frontières, intégralement ouvertes, offertes, des espaces à découvrir sans que rien vienne en brider l’exploration.

    Elle n’avait pas aimé le corps d’un homme, ni même un homme, ni même un cœur.

    Elle avait aimé l’amour de la vie.

     

  • La chasse aux sorcières

     

     

    Ma fille est rentrée de l’école en disant :

    « Maman, tu ne devineras jamais ce qui s’est passé aujourd’hui en cours d’histoire. »

    Son professeur a annoncé à la classe qu’ils allaient jouer à un jeu.

    Il a circulé entre les rangs et a murmuré à chaque élève s’il était une sorcière ou simplement une personne ordinaire. Puis il a donné les consignes :

    « Formez le plus grand groupe possible… mais sans sorcière. S’il y a ne serait-ce qu’une sorcière parmi vous, tout le groupe échoue. »

    Ma fille a raconté que, aussitôt, la méfiance s’est installée.

    Les questions fusaient :

    « Es-tu une sorcière ? Comment savoir que tu ne mens pas ? »

    Certains sont restés dans un grand groupe, mais la plupart se sont isolés en petits cercles fermés.

    On écartait quiconque paraissait nerveux ou coupable, fût-ce d’un simple geste.

    L’atmosphère a changé en quelques minutes : chuchotements, regards soupçonneux, doigts accusateurs. La confiance s’était évaporée.

    Lorsque les groupes furent enfin formés, le professeur déclara :

    « Bien, découvrons qui a perdu. Sorcières, levez la main. »

    Personne ne bougea.

    La classe éclata de rire.

    « Quoi ? Vous avez gâché le jeu ! »

    Alors le professeur lâcha la vérité :

    « Réfléchissez… Y avait-il vraiment des sorcières à Salem, ou tout le monde a-t-il simplement cru ce qu’on lui disait ? »

    Le silence est tombé.

    Les élèves ont compris.

    Nulle sorcière n’était nécessaire pour semer le chaos : la peur avait déjà fait son œuvre.

    La seule méfiance avait suffi à diviser la classe, à briser la communauté.

    Et n’est-ce pas exactement ce qui se passe aujourd’hui ?

    Les mots changent, mais le jeu reste le même.

    Au lieu de “sorcière”, on dit “libéral”, “conservateur”, “complotiste”, “mouton”, “vacciné”, “non-vacciné”, “pro-ci”, “anti-ça”.

    Les étiquettes varient, la stratégie demeure :

    insuffler la peur, semer la défiance, diviser.

    Puis regarder la confiance s’effondrer.

    Le danger n’a jamais été la sorcière.

    Le danger, c’est la rumeur, la méfiance, la peur, les mensonges qu’on sème.

    Refuse le murmure. Ne joue pas à ce jeu.

    Car dès l’instant où nous partons chasser les “sorcières”, nous avons déjà perdu.

    Mélissa LEBLANC

     

     

     

  • Contre l'avis médical

    Je comprends parfaitement que le corps médical se montre prudent, réticent, limitant. C'est le principe de précaution. Ils font leur job. 

    Et je trouve toujours réjouissant quand certains individus parviennent à leur montrer que les statistiques et leurs expériences professionnelles ne peuvent pas présager de ce que le mental, la volonté, la passion et l'amour sont capables de générer.

    Par esprit de contradiction également  ^^

    Il est certain, en tout cas, que lorsqu'on passe outre les limites préconisées par le corps médical, il est vital que ça se fasse avec une très grande connaissance de soi, une connaissance qui grandit au fil du temps.

    Bien évidemment qu'il y a des limites, mais c'est l'individu qui les identifie. Pas le corps médical. 

     

    Privé d'estomac, il va participer à un trail de 53 km : "les médecins m'avaient m'annoncé qu'il faudrait que j'arrête la course à pied"

     

    Malgré son ablation de l'estomac en octobre 2023, Jérémy Lichté n'a jamais faibli : il a repris le trail quelques semaines après son opération et même allongé les distances des courses auxquelles il participe.

    Malgré son ablation de l'estomac en octobre 2023, Jérémy Lichté n'a jamais faibli : il a repris le trail quelques semaines après son opération et même allongé les distances des courses auxquelles il participe. • © Jérémy Lichté

    Écrit par Karine Gélébart

    Publié le17/09/2025 à 17h16

    Grand Est

    Fin 2023, Jérémy Lichté a subi une ablation de l'estomac, il aurait dû ne plus pouvoir assouvir sa passion du trail. Il s'apprête pourtant à participer à l'une des épreuves les plus dures d'Europe, en Suisse, sur une distance de 53 km pour 3 300 m de dénivelé positif.

     

    C'est l'heure des derniers kilomètres de préparation sur ses terres de la forêt d'Andlau (Bas-Rhin). Une sortie de 8 à 10 km pour "faire tourner les jambes", à quelques jours du trail de Wildstrubel by UTMB, en Suisse, auquel Jérémy Lichté participera sur la distance de 53 km. Cette course est l'une des plus diffciles d'Europe, avec ses 3 300 m de dénivelé positif sur les chemins escarpés des Alpes suisses.

    Ce dernier entraînement, Jérémy Licthé le fait sac sur le dos, chargé comme pour la course. Et là où d'autres vont chercher à grapiller chaque gramme pour alléger la charge, lui au contraire ne lésine pas sur les réserves de nourriture.

    Car ce samedi 20 septembre, il s'élancera pour cet ultratrail à jeun. "J'évite de manger avant de partir pour éviter d'avoir une montée de glycémie qui me coupe les jambes... Mais ensuite, il faudra gérer la nutrition au fil de la course".

    La nutrition, au coeur de la gestion de course de tous les traileurs. Encore plus pour Jérémy Lichté depuis qu'il s'est vu retirer l'estomac en 2023. Cet organe est chargé notamment de "pré-digérer" la nourriture par l'action des sucs gastriques, et surtout de la stocker et la distiller petit à petit. Sans lui, au moment de manger, l'intestin reçoit tout d'un bloc, l'organisme ne sait pas comment gérer. La glycémie, entre autres, peut être compliquée à gérer.

    Perte de poids et fractionnement des repas

    Pour Jérémy, qui a perdu 25 kg après l'opération, tout est désormais question de fractionnement des repas, de gestion des quantités, de choix des aliments.

    "Quand je mange, je ne sais jamais comment va se passer la digestion, si je vais pouvoir manger normalement ou juste une fourchette. Donc je ne sais pas à quel point je vais pouvoir recharger le corps, ce qui est évidemment un handicap pour le sport. Je ne peux pas faire de réserves d'énergie avant une course, il faut que je le fasse sur plusieurs semaines, pour stabiliser le poids en vue de l'effort."

    Des courses plus longues et de meilleurs chronos

    Des handicaps que le trentenaire a balayé par sa seule volonté. Passionné de course depuis le collège, spécialiste de trail depuis une dizaine d'années, il découvre à 36 ans qu'il est porteur d'une mutation génétique risquant de causer un cancer virulent. Il décide donc de se faire enlever l'estomac. "Les médecins m'ont alors dit que je devrais arrêter la course, ou me contenter de toutes petites distances. Moi, j'ai pris ça comme un défi, pour leur prouver qu'ils avaient tort". Il s'inscrit aussitôt après l'opération à des courses, plus longues qu'avant... et avec de meilleurs chronos !

    Jérémy Lichté va s'attaquer à un parcours de 53 km, avec 3 300 m de dénivelé, ce 21 septembre en Suisse.

    Jérémy Lichté va s'attaquer à un parcours de 53 km, avec 3 300 m de dénivelé, ce 21 septembre en Suisse. • © Jérémy Lichté

    "C'est un beau pied de nez à la médecine, oui... J'ai voulu vite être comme avant. Comme avant, comme s'il n'y avait pas eu d'opération, malgré les complications que je subis au quotidien."

    Le sport est resté mon fil conducteur pour me retaper rapidement et retrouver une forme physique, une qualité de vie

    Jérémy Lichté, traileur

    Un parcours qui force l'admiration, y compris du corps médical. "Ce n'est pas tout à fait naturel, ce qu'il arrive à faire, mais ça prouve que c'est possible !" Le professeur Cécile Brigand a opéré Jérémy au CHU de Hautepierre à Strasbourg. "Jérémy a eu une force mentale impressionnante, et le soutien de toute sa famille... Le mental joue beaucoup, car physiquement, c'est compliqué, en raison de ce manque de réserves dont le corps peut souffrir en course". 

    "Ce qui est sûr, c'est qu'on peut se passer de beaucoup d'éléments du corps que la nature nous a créés, mais c'est vrai que ça marche mieux quand on a tout. C'est un exploit ce qu'il fait. Il avait beaucoup maigri en post-opératoire, malgré toutes les précautions que nous avons pu prendre... Donc ça reste exceptionnel."

    Continuer d'allonger les distances

    Le coureur reste bien sûr sous surveillance, notamment pour gérer son principal problème : le poids. "Je perds beaucoup de poids en course, donc avant chaque départ, on voit avec mon médecin si je suis suffisamment armé pour encaisser."

    Le mental joue beaucoup, car physiquement, c'est sûr que c'est compliqué, en raison de ce manque de réserves dont le corps peut souffrir en course. 

    Professeure Cécile Brigand, chirurgienne

    Un exploit qui ouvre la voie des possibles, y compris pour lui, qui envisage de continuer à allonger les distances, même si chaque course demande de minutieux ajustements, réglés avec une nutritionniste. "Il y a encore des ratés, il faut sans cesse s'adapter. L'absorption de liquides reste notamment un problème... Je bois, mais pas assez !"

    Objectif : moins de 10 heures

    "Au-delà de 25-30 km, où j'ai mes repères, je tâtonne... j'apprends ! Pour cette course par exemple, le premier ravitaillement est prévu au 18e kilomètre... Moi j'aurais déjà mangé au moins deux fois à ce moment-là ! Je ne peux pas me baser sur les ravitos de l'organisation, il n'y a que moi qui sais quand je dois manger... et je commence à bien le sentir !"

    Samedi, cet ancien pompier industriel qui s'apprête à ouvrir une boutique de trail à Barr, partira "en mode randonnée gastronomique presque, avec le sac chargé à bloc, plein de nourriture pour tenir". Avec l'objectif de boucler la distance en moins de 10 heures. Et avec toujours cette motivation sans faille, qui, depuis deux ans, le font gravir des montagnes qui paraissaient infranchissables.

  • Dino BUZZATI : "La leçon de 1980"

    Le k

    La Leçon de 1980 (La lezione del 1980 dans sa version originale en italien) est une nouvelle fantastique de Dino Buzzati, incluse dans le recueil Le K publié en 1966.

    "Excédé à la fin par tant de querelles, le Père éternel décida de donner aux hommes une leçon salutaire.

    À minuit précis, le mardi 31 décembre, le chef du gouvernement soviétique, Piotr Semionovitch Kurulin, mourut subitement. Il trinquait justement à la nouvelle année lors d’une réception donnée en son honneur –et il en était à son douzième verre de vodka– lorsque son sourire s’éteignit et qu’il s’écroula par terre comme un sac, au milieu de la consternation générale.

    Le monde fut ébranlé par des réactions opposées. On était à l’une de ces périodes de crise aiguë de la guerre froide, comme il n’y en avait peut-être encore jamais eu. Cette fois-ci le motif de la tension entre le bloc communiste et occidental était la revendication de la possession du cratère de Copernic, sur la Lune, riche en métaux rares, où se trouvaient des forces d’occupation américaines et soviétiques ; les premières concentrées dans une zone centrale réduite, les autres sur le pourtour. Qui y était descendu le premier ? Qui pouvait se vanter d’un droit de priorité ? Justement, quelques jours avant, Kurulin, à propos du cratère, avait tenu des propos très violents.

    Habitués comme ils l’étaient désormais à l’éloquence antipathique de leur grand adversaire, les Occidentaux n’avaient naturellement pas pris au pied de la lettre la menace mais ils ne s’en étaient quand même pas caché la gravité. La disparition soudaine de Kurulin fut donc un immense soulagement car comme ses prédécesseurs, il avait centralisé toutes les charges du pouvoir. Dans le camp russe, le désarroi fut grand.

    Mais l’année à peine née devait décidément se révéler riche en imprévus. Une semaine après, à minuit précis, le 7 janvier, quelque chose qui ressemblait fort à un infarctus, terrassa à sa table de travail le président des États-Unis, Samuel E. Fredrikson, symbole de l’intrépide esprit national, premier Américain à poser le pied sur la Lune.

    Le fait qu’à une semaine d’intervalle exactement, les deux plus grands antagonistes du conflit mondial aient disparu de la scène provoqua une émotion indicible. Et qui plus est à minuit tous les deux ? On parla d’assassinat fomenté par une secte secrète, certains firent des suppositions abracadabrantes sur l’intervention de forces supraterrestres, d’autres allèrent même jusqu’à soupçonner une sorte de jugement de Dieu. Les commentateurs politiques ne savaient plus à quel saint se vouer. Ce pouvait être une pure coïncidence mais l’hypothèse était difficile à avaler : d’autant que Kurulin et Fredrikson avaient joui jusqu’alors d’une santé de fer.

    Pendant ce temps-là, à Moscou, l’intérim du pouvoir était assuré par un soviet collectif ; à Washington, selon la Constitution, la charge suprême passa au vice-président Victor Klement, sage administrateur et juriste sexagénaire. La nuit du 14 janvier, lorsque la pendule placée sur la cheminée eut sonné douze coups, M. Klement, qui était en train de lire un roman policier, assis dans son fauteuil, laissa tomber le livre, pencha doucement la tête en avant et ne bougea plus. Les soins que lui prodiguèrent les médecins accourus ne servirent à rien. Klement, lui aussi, s’en était allé dans le monde de la majorité.

    Cette fois une vague de terreur superstitieuse déferla sur l’univers. On ne pouvait plus parler de hasard. Une puissance surhumaine s’était mise en mouvement pour frapper à échéance fixe, avec une précision toute mathématique, les grands de ce monde. Et les observateurs les plus perspicaces crurent avoir décelé le mécanisme de l’effroyable phénomène : par décret supérieur, la mort enlevait, chaque semaine, celui qui, à ce moment-là, était, parmi les hommes, le plus puissant de tous. Trois cas, même très étranges, ne permettent certes pas de formuler une loi. Cette interprétation toutefois frappa les esprits et un point d’interrogation angoissé se posa : à qui le tour mardi prochain ?

    Après Kurulin, Fredrikson et Klement, quel était l’homme le plus puissant de l’univers destiné à périr ? Dans le monde entier une fièvre de paris se déclencha pour cette course à la mort. La tension des esprits en fit une semaine inoubliable. Plus d’un chef d’État était tiraillé entre l’orgueil et la peur : d’une part l’idée d’être choisi pour le sacrifice de la nuit du mardi le flattait parce que c’était un critère évident de sa propre autorité ; d’autre part, l’instinct de conservation faisait entendre sa voix. Le matin du 21 janvier, Lu Tchi-min, le très secret chef de la Chine, convaincu plus ou moins présomptueusement que son tour était venu, et pour bien manifester son libre arbitre vis-à-vis de la volonté de l’Éternel, athée comme il l’était, se donna la mort.

    Dans le même temps, le très vieux de Gaulle, désormais seigneur mythique de la France, persuadé lui aussi d’être l’élu, prononça, avec le peu de voix qui lui restait, un noble discours d’adieux à son pays, parvenant, de l’avis presque unanime, au sommet de l’éloquence, malgré le lourd fardeau de ses quatre-vingt-dix ans. On constata alors combien l’ambition pouvait l’emporter sur toute autre chose. Il se trouvait des hommes heureux de mourir du moment que leur mort révélait leur prééminence sur le reste du genre humain. Mais avec une amère désillusion, de Gaulle se retrouva minuit passé en excellente santé.

    Cependant, celui qui mourut brutalement, à la stupéfaction générale, ce fut Koccio, le dynamique président de la Fédération de l’Afrique occidentale, qui jusqu’alors avait surtout joui d’une réputation de sympathique histrion. Et puis la nouvelle se propagea qu’au centre de recherches qu’il avait créé, on avait découvert le moyen de déshydrater gens et choses à distance, ce qui constituait une arme redoutable en temps de guerre.

    Après quoi –la loi c’est le plus puissant qui meurt se trouvant confirmée– on constata un sauve-qui-peut général des charges les plus élevées et hier encore les plus recherchées. Presque tous les sièges présidentiels restèrent vacants. Le pouvoir, auparavant convoité avec avidité, brûlait les mains de ceux qui le détenaient. Il y eut, parmi les gros bonnets de la politique, de l’industrie et de la finance, une course désespérée à qui serait le moins important. Tous se faisaient petits, repliaient leurs ailes, affichaient un noir pessimisme sur le sort de leur propre patrie, de leur propre parti, de leurs propres entreprises. Le monde renversé. Un spectacle divertissant, n’eût été le cauchemar du prochain mardi soir.

    Et puis, toujours à minuit, le cinquième mardi, le sixième et le septième, Hosei, le vice-président de la Chine, Phat el-Nissam, l’éminence grise du Caire, ainsi que le vénérable Kaltenbrenner, furent éliminés du jeu. Par la suite, les victimes furent fauchées parmi des hommes de moindre envergure. La défection des titulaires épouvantés avait laissé inoccupés les postes éminents de commandement. Seul, le vieux de Gaulle, imperturbable comme toujours, n’avait pas lâché le sceptre. Mais la mort, qui sait pourquoi, ne lui accorda pas satisfaction. Il faut bien reconnaître qu’il fut même l’unique exception à la règle.

    En revanche, des personnages moins importants que lui tombèrent à l’échéance du mardi soir. Peut-être le Père éternel, en faisant semblant de l’ignorer, voulait-il lui donner une leçon d’humilité ? Au bout de deux mois, il n’y avait plus un dictateur, plus un chef de gouvernement, plus un leader de grand parti, un président-directeur général de grosse industrie. Tous démissionnaires. Il ne resta à la tête des nations et des grandes firmes que des commissions de collèges paritaires où chaque membre se gardait bien d’attirer l’attention sur lui. Dans le même temps, les hommes les plus riches du monde se débarrassaient en toute hâte de leur incroyable accumulation de milliards par de gigantesques donations à des œuvres sociales, à des mécénats artistiques.

    On en arriva à des paradoxes inouïs. Lors de la campagne électorale en Argentine, le président Hermosino, craignant une majorité des voix comme la peste, se diffama tellement lui-même qu’il tomba sous le coup de l’accusation d’outrage au chef de l’État. Dans L’Unità de Rome, les éditoriaux endeuillés proclamaient la complète dissolution du Parti communiste italien, en réalité encore très actif : c’était le député Cannizzaro, leader du parti, qui, attaché comme il l’était à sa charge dont il n’avait pas voulu se démettre, cherchait ainsi, subrepticement, à écarter les coups du destin. Et le champion mondial des poids lourds, Vasco Bolota, se fit inoculer le paludisme pour s’étioler, car une belle prestance physique était un signe dangereux de puissance.

    Dans les litiges, qu’ils soient internationaux, nationaux ou privés, chacun donnait raison à l’adversaire, cherchait à être le plus faible, le plus soumis, le plus dépouillé. Le cratère de Copernic fut équitablement partagé entre Soviétiques et Américains. Les capitalistes cédaient leurs entreprises aux travailleurs et les travailleurs les suppliaient de bien vouloir les conserver. En quelques jours on arriva à un accord sur le désarmement général. On fit exploser les vieux stocks de bombes dans les environs de Saturne qui en eut deux anneaux brisés.

    Six mois ne s’étaient pas écoulés que toute ombre de conflit, même local, s’était dissipée. Que dis-je, de conflit ? Il n’y avait plus de controverses, de haines, de disputes, de polémiques, d’animosité. Finies la course au pouvoir et l’idée fixe de la domination ! Et l’on vit alors s’établir partout la justice et la paix, dont, grâce au Ciel, nous jouissons toujours 15 ans après. Car si quelque ambitieux oublieux de la leçon de 1980 tente de lever la tête au-dessus des autres, la faux invisible, tzac ! la lui tranche, toujours le mardi, à minuit. Les exécutions hebdomadaires cessèrent vers la mi-octobre. Elles n’étaient plus nécessaires. Une quarantaine d’infarctus judicieusement distribués avaient suffi pour arranger les choses sur la Terre.

    Les dernières victimes furent des figures de second plan, mais le marché mondial n’offrait rien de mieux en fait de personnages puissants. Seul de Gaulle continua à être obstinément épargné."

  • MONO : "Hear the wind sing"

    Je me doute bien que ça ne plaira pas à tout le monde. C'est particulier, je le conçois totalement.

    Je peux l'écouter vingt fois de suite.

    J'en ai besoin. Quand je cours, quand je pédale, quand je m'occupe du potager, du jardin, de planter des arbres, de fendre du bois, de tamiser une allée en graviers pour la remettre en état... J'ai besoin de ces musiques répétitives, de ces leit-motiv et de leurs crescendos et le groupe MONO est une référence dans ce domaine.

    Je sais d'où vient ce goût profond pour ces musiques lancinantes et puissantes.

    J'ai mis longtemps à en retrouver la source. Je veillais mon frère, dans sa chambre d'hôpital et il était entouré de machines dont les "bip, bip" rythmaient les heures. Et il m'arrivait de fabriquer intérieurement des mélodies qui se joignaient à ce tempo.

    J'ai souvent regretté de ne pas avoir appris à jouer d'un instrument et de ne rien connaître au solfège mais je construis souvent des musiques dans ma tête et celles de MONO y ressemblent.

    J'aime infiniment la puissance. Même si je sens qu'elle diminue en moi, ces musiques en réveillent les échos et je devine dans mon corps des mémoires enfouies qui se réjouissent. Il y a si longtemps aussi que j'écoute ce genre de musique qu'elles sont pour beaucoup associées à des moments forts, des moments inscrits, jusque dans mes chairs. 

    J'ai beaucoup écouté ces musiques quand j'étais cloué au lit et que personne ne pouvait me dire si j'en sortirai un jour, ni dans quel état. Ces mélodies répétitives, elles me nourrissaient, elles étaient des flux d'énergie qui coulaient en moi, des pentes enneigées, des sommets lumineux, des forêts immenses, des courses sur les chemins élevés.

    J'aime infiniment le silence, c'est un besoin vital mais la musique l'est tout autant. 

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    "JUSQU'AU BOUT"

    Il sortit et reçut la lumière du soleil comme un don.

    Il quitta son sous-pull. Son torse devait se nourrir des ondes divines. Il aurait aimé courir nu mais les esprits pervers n’auraient pas compris.

    Il partit sur la route.

    Dès les premières minutes, il chercha à se concentrer sur le rythme de ses foulées, la musique de son souffle et de ses pas, le tempo de son cœur, se coupant du monde extérieur, n’acceptant que les rayons solaires et la brise fraîche, sans objectif précis, il s’enfonça dans les forêts, traversa le plateau granitique de la Pierre Levée, suivit un temps le ruisseau du Ninian, rejoignit une route qu’il ne chercha pas à reconnaître, refusant de construire un parcours, limitant le travail de son esprit à la précision de ses gestes et quand il sentit que les muscles des jambes durcissaient, que le ventre et le dos supportaient de plus en plus difficilement les chocs répétés, il s’interdit de penser à un probable retour et, peu à peu, il sentit s’installer en lui la mécanique hypnotique de la course, s’engloutissant à l’intérieur de lui-même, insensible à toutes les sensations extérieures, ne vivant que dans l’infini profondeur de son propre abîme, il ne distingua de son corps que le passage rapide devant ses yeux d’un pied puis d’un autre, le premier disparaissant, immédiatement remplacé par le second et cela sans fin, et il trouva magnifique la mélodie répétitive de ses pas sur le corps de la Terre, comme des étreintes répétées, un don d’énergie partagée, il buvait à la source de vie et s’enivrait de jouissance, cette alternance rapide et saccadée et cette absence de volonté, le corps agissant indépendamment de tout contrôle, sans crainte et donc sans fatigue, le cerveau, submergé de douleurs ayant abandonné l’habitacle, s’évaporant dans un ailleurs sans nom, il la trouva magnifique cette musique en lui, chaque foulée se répercutant dans l’inextricable fouillis de ses fibres musculaires, dans les souffles puissants jaillissant de ses poumons vivants, comme une alarme infinie qui retentit, un appel à la vie, un cri de nouveau-né qui emplirait le ciel et gonflerait les nuages, ses perles de sueur comme des semences inondant la Terre, les râles de sa gorge comme des mots d’amour et il comprit pleinement, par-delà les pensées, que les poumons, le cœur, le sang et les cellules n’existaient que dans ces instants d’extrême exploitation, que les jours calmes étaient des jours morts, des jours sans éveil, des jours d’abandon et de faiblesse, des heures disparues dans le néant de la mort, des pourritures rongeant l’extase, des impuissances de verge éteinte, des mollesses de cadavres agités dans l’attente des vers, c’était inacceptable et il ne l’accepterait plus, sa vie devait être comme cette course, sans cassure, sans déchet, sans seconde évaporée, un cri de vie dans le silence des cimetières, une rage aimante comme un hommage, il plongerait son âme dans le calice du monde jusqu’à noyer les derniers résidus des morales apprises, il couvrirait la Terre de son corps embrasé, il emplirait le vide de son amour enflammé, il sentit les larmes couler, c’était si beau ce moment de vie, enfin la vie.

    Il courut si longtemps qu’il ne sut pas quand il rentra."

     

  • Association CANOPEE

    Une des associations que je soutiens, financièrement et sur le terrain parfois et dont je partage les informations.

    Vous pouvez les retrouver sur YOUTUBE

    Voici le dernier mail reçu ce jour : 

     

    Voir la version en ligne

    En-tête la lettre de canopée

    Bonjour Thierry,

    Je n’aime pas tirer sur l’ambulance mais franchement… quel gâchis ! 

    Aujourd’hui, le gouvernement de François Bayrou est tombé. Huit mois d’existence seulement — et pourtant, pour la première fois, la forêt était rattachée au ministère en charge de l’écologie. Une opportunité historique de faire progresser notre politique forestière. Et pourtant, que d’occasions manquées. Tétanisée par la pression des représentants de la filière, la ministre n’a pas trouvé le chemin pour faire bouger les lignes. 

    Dernier exemple en date : le Label Bas Carbone. La semaine dernière, nous avons lancé l’alerte dans une enquête factuelle et détaillée. Vous avez été plus de 1 000 à poster des contributions sur le site du ministère. Des contributions qui ne seront jamais publiées, balayées d’un revers de main par la ministre, qui a choisi de céder aux entreprises. Résultat : démission des scientifiques et un article du Monde qui fait sérieusement tache. 

    Coupes rases : le statu quo n'est plus possible

    C’était le sujet brûlant sur lequel la ministre était attendue. Partout, la colère monte face à cette pratique, en total décalage avec l’urgence climatique et la nécessité de faire évoluer les modes de gestion. D’autant que de nombreux forestiers partagent aujourd’hui les préoccupations des citoyens, des élus locaux et des scientifiques. 

    La priorité est claire : mettre fin à la transformation de forêts semi-naturelles en plantations de résineux (je précise « semi-naturelles », car presque toutes nos forêts ont été façonnées, de près ou de loin, par l’action humaine). 

    La ministre disposait pourtant de deux atouts majeurs : 

    La directive européenne sur les énergies renouvelables (RED III), qui aurait dû être transposée en France avant le 21 mai 2025. Non seulement la France est en retard, mais le gouvernement prépare une sous-transposition flagrante. Exemple : un seuil maximum de 10 hectares pour les coupes rases et jusqu’à 25 hectares pour les coopératives forestières. Autant dire… rien : cela ne concernerait que 2 à 3 % des coupes, comme nous allons le démontrer dans un rapport inédit basé sur des données satellites (publication prévue en décembre 2025). La directive impose aussi de s’assurer que les prélèvements de bois-énergie ne dégradent pas la biodiversité dans les zones les plus riches. Or le gouvernement veut limiter cette obligation aux seules zones sous protection forte, plutôt que d’ouvrir un débat plus large et d’identifier, région par région, les forêts réellement concernées.

    Le règlement européen contre la déforestation (RDUE), un texte historique qui interdit la mise sur le marché de produits issus de la déforestation (soja, huile de palme, etc.), mais aussi de bois issu de la transformation de forêts semi-naturelles en plantations. Une avancée majeure. Mais si officiellement, la France soutient cette loi, le ministère de l’Agriculture, sous la pression de la filière, tente, lui, de saboter son application sur notre territoire en affirmant qu’ « il n’y a pas de gestion intensive en France et donc pas de forêts de plantation ». Un argument juridiquement intenable, mais politiquement plus confortable que d’assumer un poil de confrontation avec la filière.

    La chauve-souris qui dérange la filière

    Vous vous en souvenez sûrement : en juin, nous sommes intervenus in extremis pour stopper une coupe rase en Creuse qui aurait détruit l’habitat de chauves-souris protégées. L’affaire a fait grand bruit, jusqu’à me valoir une convocation au cabinet ministériel pour avoir « provoqué de l’émotion dans la filière ». 

    Soyons clairs : si nous avons commandité à nos frais un inventaire naturaliste, c’était pour démontrer qu’Alliance Forêts Bois ne faisait pas son travail. Il ne s’agit pas d’interdire tous les travaux forestiers au nom des espèces protégées, mais de rappeler une évidence : raser une vieille forêt et découvrir ensuite qu’on détruit des habitats d’espèces protégées relève d’une négligence caractérisée — bien différente d’un accident sur un chantier où le forestier a réellement tenté de limiter les impacts. 

    Pire : le bois devait être vendu sous label FSC, qui interdit de telles pratiques. Résultat : chantier suspendu, procédure en cours. Notre demande est simple : renforcer le cadre réglementaire. Car nous ne pourrons pas financer un inventaire naturaliste pour chaque parcelle. 

    La réaction de la filière ? Pressions, tentatives d’exclusion des espaces de concertation, et multiplication des procédures-bâillons. Je vous invite à découvrir la vidéo où Bruno raconte sa dernière convocation lunaire au commissariat

    Ne rien lâcher

    Vous nous connaissez : nous ne lâchons rien. 

    D’abord, parce que nous ne sommes pas seuls. Vous êtes toujours plus nombreux à nous rejoindre, et votre soutien est essentiel face à la procédure lancée pour retirer notre agrément d’association environnementale.

    Ensuite, parce que de plus en plus de propriétaires et de gestionnaires s’engagent vers des pratiques plus écologiques. L’association Pro Silva est en plein essor : une excellente nouvelle.

    Enfin, parce que sur le terrain, les citoyens s’organisent. Exemple : le 4 octobre, trois associations locales (la Bresseille, Adret Morvan et Autun Morvan Écologie) organisent les « Glands d’Or », un prix satirique pour dénoncer les pires coupes rases du territoire. Une belle initiative que nous soutenons avec enthousiasme.

    Et maintenant, Bruxelles

    Comme en France, les lobbys se déchaînent à Bruxelles pour détricoter les lois environnementales au nom de la « simplification ». Sachant que leur tentative d’échapper au règlement anti-déforestation en France est fragile juridiquement, ils veulent saboter le texte directement au niveau européen. 

    Ce sera notre prochaine bataille — et nous aurons besoin de vous : 

    Si vous pouvez, rejoignez-nous sur place les 15 et 16 octobre : écrivez à Suzie

    Sinon, participez à la consultation publique en cours jusqu’au 10 septembre. Klervi et nos partenaires ont conçu un outil pour vous faciliter la tâche. C’est ici 
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    CHOUARD : La cause des causes

    Une vidéo essentielle

     

    470 937 vues 14 avr. 2012

    Etienne Chouard - Looking for the mother of all causes - TEDxRepubliquesquare - Mars 2012 Plus d'information sur http://www.tedxrepubliquesquare.com/ - Cette vidéo est sous-titrée en anglais, bulgare, catalan, espagnol, français,grec, italien, portugais, roumain, suedois. Merci à tous les traducteurs bénévoles pour leur aide si précieuse

    Etienne Chouard est un homme doux, parfaitement en colère. Poil à gratter de la pensée unique, il agace, perturbe, fait réfléchir. Et en attendant, il bosse. C'est le marathon man des salles des fêtes, l'égérie des résistants, le citoyen d'or d'Agoravox. Calomnié, encensé, il ne laisse pas indifférent. C'est probablement qu'il a quelque chose à dire.

    Enseignant l'économie et le droit, à l'occasion du Référendum de 2005, Etienne se plonge dans les textes du projet de Constitution Européenne. Ce qu'il découvre le change à jamais. Depuis, loin des organisations partisanes, il dénonce notre apathie et veut redonner au mot démocratie sa véritable signification. Son credo : une constitution écrite par les citoyens et des représentants tirés au sort.