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Le Fipronil ou l'hypocrisie des marchands
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/11/2025
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Je voudrais que tous ces chimistes crèvent des poisons qu'ils fabriquent, que tous les marchands les accompagnent dans leur agonie, je voudrais que tous les politiciens qui mangent dans la main des financiers se cancérisent.
"Je vais vous parler d’un produit qu’on appelle le Fipronil.
Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vos abeilles, elles, s’en souviennent.
ACTE 1 — Le poison parfait
Le Fipronil, c’est un insecticide neurotoxique, conçu pour dérégler le système nerveux des insectes.
Mais il a une autre spécialité : il empoisonne la chaîne alimentaire.
Les études sont claires :
Il provoque des convulsions, des atteintes du foie et des reins,
Il agit comme un perturbateur hormonal,
Et chez les abeilles, il détruit la mémoire de vol, la communication, la reproduction, bref, tout ce qui fait une ruche vivante.
Résultat ? Des ruches entières s’effondrent, silencieusement. Et pendant qu’on accuse les frelons asiatiques, le véritable assassin, lui, s’appelle BASF Saint-Aubin-lès-Elbeuf.
ACTE 2 — Interdit chez nous, exporté ailleurs
Car oui, tenez-vous bien :
le Fipronil est interdit d’usage agricole en Europe depuis 2017.
Mais il est toujours produit en France.
À Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Normandie, derrière les murs d’une usine BASF, on fabrique ce pesticide interdit.
Pas pour nos champs, bien sûr !
Non, pour l’export.
C’est “légal”, disent-ils.
On n’a pas le droit de l’utiliser ici, mais on a le droit de l’expédier là-bas.
Autrement dit : “Trop dangereux pour nos abeilles, parfait pour les leurs.”
Et tant pis si les populations locales en crèvent, ou si la molécule finit dans les rivières tropicales.
ACTE 3 — Les abeilles du Sud meurent pour nos biscuits
Le Fipronil part en Indonésie, pour les plantations d’huile de palme.
Il part aussi au Brésil, pour la canne à sucre.
Et là-bas, il fait le même carnage : abeilles foudroyées, biodiversité lessivée, sols stérilisés.
Mais, attention, le plus beau, c’est le retour :
le sucre et l’huile produits avec ce poison… reviennent chez nous.
Ils reviennent dans vos biscuits, vos desserts, vos sauces, vos shampoings.
Et l’Union européenne, dans sa grande sagesse bureaucratique, vient même de doubler le seuil de résidus autorisés dans ces produits importés.
Autrement dit : on sait qu’il y en a plus, alors on relève la tolérance.
ACTE 4 — Le marché du cynisme
On appelle ça le libre-échange.
Moi, j’appelle ça le libre empoisonnement.
Grâce au futur accord Mercosur, les échanges entre l’Europe et l’Amérique latine seront encore facilités :
le sucre du Brésil entrera sans droits de douane jusqu’à 180 000 tonnes par an,
et nos usines pourront exporter leurs pesticides sans presque aucune taxe.
Vous la sentez, la petite odeur d’hypocrisie ?
On interdit ici, on vend ailleurs, et on réimporte la conséquence, estampillée “conforme”.
C’est du commerce triangulaire, version chimique.
ACTE 5 — L’empoisonnement réglementaire
Tout ça, bien sûr, dans le respect des lois.
Car les lois, chez nous, sont faites pour protéger les industriels — pas les abeilles.
On a remplacé le “principe de précaution” par le “principe de dérogation”.
Et on ose encore parler de “transition écologique”, pendant qu’on laisse circuler librement un insecticide classé “trop dangereux pour nos sols”.
ACTE FINAL — Le poison du double standard
Alors, on fait quoi ?
On arrête de jouer les vierges effarouchées pendant qu’on fabrique des bombes chimiques en douce ?
On continue de prêcher la sobriété pendant qu’on vend la mort en barils ?
Si c’est interdit chez nous, ça doit être interdit à la vente tout court.
Si c’est dangereux pour nos abeilles, c’est dangereux pour les leurs.
Et si on tolère ça encore, alors nous ne valons pas mieux que ceux qui profitent du désastre.
Les abeilles n’ont pas de syndicats.
Elles ne signent pas d’accords commerciaux.
Elles crèvent, en silence.
Pendant ce temps, on se gave de sucre à bas prix, importé à “0 % de droits de douane”… et à 100 % de honte.
Ce poison, c’est notre hypocrisie distillée.
Et il est temps d’en être malades pour de bon — mais cette fois, moralement.
Martine Montvernay REVOL« Leur chimie, notre chimio » : plus de 300 manifestants ont manifesté devant le site BASF près de Rouen
Plus de 300 militants, notamment à l’appel de la Confédération paysanne, ont manifesté ce lundi matin, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, contre l’agrochimiste, accusé d’y produire, pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, du fipronil, un pesticide interdit en Europe.
Opération coup de poing hier matin à l’appel de la Confédération paysanne, du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, Cancer colère, Faucheurs volontaires et Soulèvements de la Terre, devant le site de production de produits phytosanitaires de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime). | CHARLES BURY / OUEST-FRANCE
Ouest-France https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/leur-chimie-notre-chimio-plus-de-300-manifestants-ont-manifeste-devant-le-site-basf-pres-de-rouen-e4895bcc-c3c2-11f0-8509-2c0807403e46
Guillaume LE DU. Publié le 17/11/2025 à 18h26
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Il est interdit d’utiliser cet insecticide dans les champs en Europe. Mais ça n’empêche pas le fipronil de continuer d’y être produit. C’est ce qu’auraient constaté des membres des militants de la cause environnementale, ce lundi 17 novembre, en s’introduisant dans l’usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen.
« Une inspection citoyenne », a indiqué Thomas Gibert, porte-parole national de la Confédération paysanne, une des cinq organisations avec le Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest , Cancer colère , Faucheurs volontaires et les Soulèvements de la Terre , à l’origine de cette action coup de poing. « Dans l’usine, nous avons trouvé des stocks de substances actives du fipronil destinés au marché export, principalement l’Amérique du Sud. Mais les biens alimentaires, traités avec ce pesticide interdit, sont ensuite autorisés en Europe dans le cadre d’accords de libre-échange. Comme le Mercosur… »
L’important dispositif policier déployé a mis fin, dès potron-minet, à l’intrusion des activistes qui avaient revêtu une combinaison blanche. Deux d’entre eux ont été arrêtés pour « outrage » et « rébellion », selon la préfecture de Seine-Maritime. « Des coups de matraque ont été donnés et des gaz lacrymogènes lancés », a regretté Thomas Gibert.
Regroupés devant les grilles de l’usine, plus de 300 manifestants (« 500 agriculteurs et citoyens » selon le comptage des organisateurs), aidés d’une dizaine de tracteurs, d’antiques Fiat ou Delfino 35 mais aussi des John Deere ou Case flambant neufs, ont bloqué les entrées et les sorties jusqu’à 12 h 30. Les manifestants avaient accroché des banderoles BASF exportateur de poison , Fipronil = mort , Leur chimie, notre chimio … pour rappeler que les pesticides posent un « problème majeur de santé publique ».
Des rejets de polluants dans la Seine
Parmi les victimes présentes, Gisèle Garreau. L’agricultrice retraitée de 64 ans avait fait le déplacement depuis le centre Bretagne, pour témoigner des conséquences néfastes des pesticides : « J’ai arrêté de travailler à 57 ans à cause de la maladie de Parkinson provoquée par la roténone, un insecticide qu’on utilisait sans précaution particulière ». Sa demande de reconnaissance en maladie professionnelle a été acceptée mais elle conteste le taux d’indemnisation : « Je reçois 200 € par mois. »
Face aux sécheresses récurrentes, les politiques régionales de gestion de l’eau doivent-elles devenir plus contraignantes pour l’agriculture et l’industrie ?
« Dans ma commune, quand ils ont épandu le prosulfocarbe (un herbicide), ça sentait à 900 mètres à la ronde », a témoigné Joris Soenen, assis sur son tracteur devant le site de BASF. « Cette pollution coûte 100 000 € à Biocer, ma coopérative, car ça pollue les cultures bio (tournesol, sarrasin) environnantes », a affirmé le céréalier et producteur de lait bio du Bec-Thomas (Eure).
Les manifestants ont mis en cause d’autres pollutions comme celle des PFAS. En janvier, plusieurs associations avaient dénoncé l’impact du site normand de BASF sur l’environnement avant de porter plainte en juin. Elles affirmaient que cette usine détenait le « record français, et de très loin, de rejets de TFA dans la Seine », un polluant éternel de la famille des PFAS.
BASF a indiqué qu’un plan mené depuis janvier a permis « une réduction de 85 % des émissions de TFA. » Ce lundi, dans un communiqué, la direction de BASF France a dénoncé « des intrusions, des dégradations de matériels, des comportements pouvant porter atteinte à la sécurité du site et des attitudes d’intimidation à l’égard des personnels » et a annoncé son intention de déposer plainte.
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Lobbyistes de l'industrie agroalimentaire
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/11/2025
- 0 commentaire
Comment envisager un avenir plus positif ?
Les forces en présence sont d'une telle inégalité.
Ces gens qui travaillent pour les lobbies de l'agro-alimentaire, comment font-ils pour se sentir en paix, sereins ?
Comment lutter contre ces armées destructrices ?
1) ne plus manger d'animaux
2) ne rien acheter qui ne soit produit sur le sol français. Pour le riz, le sucre et autres denrées exotiques, ne prendre que des productions bio.
3) limiter toutes les dépenses qui ne soient vitales afin de pouvoir concentrer son pouvoir d'achat sur les produits qui répondent au 1 et au 2.
4) garder à l'esprit que nous sommes responsables par nos achats de la dévastation ou de la protection et que nous avons le choix.
Plus de 300 lobbyistes de l'industrie agroalimentaire sont présents à la COP30 de Belém, dont cinq dans la délégation française
Parmi les 530 personnes que la France a invitées au sommet pour le climat, cinq représentent les intérêts de grands groupes du secteur agroalimentaire, révèle un décompte du média d'investigation DeSmog, avec qui franceinfo a travaillé.
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Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié le 18/11/2025 13:00 Mis à jour le 19/11/2025 10:30
Temps de lecture : 5min
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Des participants à la COP30 entrent dans le site des négociations, le 10 novembre 2025 à Belém (Brésil). (MAURO PIMENTEL / AFP)
D'ordinaire, lors des COP, les ONG dénoncent la présence des lobbyistes des énergies fossiles(Nouvelle fenêtre). Mais à Belém, au Brésil, où se tient jusqu'au vendredi 21 novembre le 30e sommet mondial pour le climat, les représentants du secteur agricole se sont déplacés en masse. Selon les analyses du média d'investigation britannique DeSmog, soutenu par la coalition Kick Big Polluters Out ("Virez les gros pollueurs"), que franceinfo a consultées, 302 lobbyistes de l'industrie agroalimentaire sont présents dans les couloirs de la COP30(Nouvelle fenêtre), organisée dans un pays où l'agriculture est reine.(Nouvelle fenêtre) Soit 14% de plus qu'en 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan.
Un lobbyiste sur quatre du secteur est venu avec la délégation officielle de son pays et bénéficie donc d'un accès privilégié aux salles de négociations. Et la France ne fait pas exception, avec cinq représentants. Parmi eux, quatre personnes défendent les intérêts du spécialiste des produits laitiers Danone à la COP30. Le groupe explique sa présence par la volonté d'"avancer sur des sujets liés au changement climatique et à la transformation des systèmes alimentaires". A franceinfo, Danone cite "la réduction des émissions de méthane dans l'agriculture ou le soutien des agriculteurs dans l'adoption de pratiques agricoles régénératrices et durables". Il souligne aussi avoir "été la première entreprise agroalimentaire à s'engager à réduire les émissions de méthane de 30% dans le lait frais d'ici à 2030".
Carrefour fait également partie de la délégation française, avec un délégué. Le groupe de grande distribution explique à franceinfo profiter de la COP30 pour "contribuer à faire de l'alimentation un point central des discussions sur le climat". Il dit être "invité [pour] témoigner des actions [qu'il met] en œuvre et qui pourraient être répliquées, par exemple sur le gaspillage alimentaire ou la lutte contre la déforestation". Carrefour assure avoir participé à "une quinzaine d'interventions pour partager des bonnes pratiques".
Le Brésil reste le pays qui a accrédité le plus de membres de l'agro-industrie (26), notamment issues de l'entreprise JBS, principal producteur de viande dans le monde. Suivent l'Indonésie (11 membres), le Japon (neuf), le Honduras (six), puis la France, la Chine et la Norvège (cinq représentants pour chacun des pays).
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Danone figure parmi les groupes les plus présents, avec un total de 10 participants à la COP30, invités par la France donc, mais aussi par l'association patronale européenne BusinessEurope, la Chambre de commerce internationale, la plateforme du Partenariat français pour l'eau et la coalition d'entreprises du Conseil mondial des affaires pour le développement durable.
L'entreprise allemande pharmaceutique et agrochimique Bayer est davantage présente, avec 19 représentants dans la COP30. "Pour Bayer, la COP30 constitue une étape importante, d'autant plus au Brésil, deuxième marché mondial de l'entreprise", commente auprès de franceinfo Felipe Albuquerque, directeur durabilité de la branche d'Amérique latine de l'entreprise. Sont également présents, en plus petit nombre, la multinationale suisse Nestlé (neuf délégués), le géant américain de l'exportation Cargill (cinq délégués), son équivalent anciennement français et désormais néerlandais Louis Dreyfus (un), le géant américain des snacks et des boissons Pepsico (six) ou encore la chaîne de restauration rapide McDonald's (deux).
Le secteur de la viande en tête
DeSmog complète son état des lieux par une analyse par secteur. Celui de la viande arrive en tête – le Brésil est le premier exportateur de bœuf et de volaille au monde –,(Nouvelle fenêtre) devant ceux de l'agroalimentaire et les boissons, des négociants en matières premières, des entreprises laitières, des pesticides ou des engrais.
Autant de conclusions que déplorent les militants pour l'environnement et le climat. "L'agriculture industrielle, troisième contributeur mondial aux émissions, a été autorisée à coopter la convention sur le climat", dénonce Lidy Nacpil, du Mouvement des peuples asiatiques sur la dette et le développement. "Il n'est pas surprenant que les négociations sur l'alimentation et l'agriculture à la COP aient été réduites à un simple forum de discussion. La COP ne permettra jamais de mettre en place de véritables mesures climatiques tant que les lobbyistes industriels seront autorisés à influencer les gouvernements et les négociateurs."
Méthodologie : DeSmog, qui effectue ce travail depuis quatre ans, s'est basé sur la liste provisoire des 56 000 participants(Nouvelle fenêtre) à la COP30. Le média y a identifié les plus grandes entreprises des principaux secteurs alimentaires : viande et produits laitiers, pesticides et engrais, transformation alimentaire, vente de matières premières et de semences, distribution alimentaire et biocarburants. Sont également pris en compte les groupes commerciaux industriels mondiaux et régionaux, des syndicats agricoles nationaux et des instituts ayant des affiliations avec des entreprises et/ou un historique de lobbying aligné sur les demandes de l'industrie.
"Ça fend le cœur de les voir là" : le lobby de l'agrobusiness s'invite en force à la COP30 de Belém
Consulter le Dossier : Cop 30 : nos reportages au Brésil
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Article rédigé par Camille Adaoust - envoyée spéciale à Belém (Brésil)
France Télévisions
Publié le 18/11/2025 13:00 Mis à jour le 18/11/2025 13:15
Temps de lecture : 8min
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Une action pour dénoncer la présence de l'agrobusiness à Belém (Brésil) lors de la COP30, le 10 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)
Au sommet annuel pour le climat, les représentants de multinationales sont à la manœuvre pour vanter leur vision de l'agriculture de demain, un secteur clé au Brésil.
"La nourriture, c'est pour les gens, pas pour le profit." Ils sont une trentaine de militants, venus du monde entier, lundi 10 novembre à Belém, pour dénoncer la présence de géants de l'agroalimentaire à la COP30. Réunis devant "l'Agrizone", un espace situé à dix minutes de bus de celui des négociations climatiques, consacré à "l'agriculture durable" et accueillant les grands groupes du secteur, ces manifestants critiquent une "exposition de drones et de capteurs sensoriels". Des gadgets technologiques, à leurs yeux, défendus par les acteurs agro-industriels.
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"C'est à rebours de la transition juste pour l'agriculture", pointe Marie Cosquer, chargée de plaidoyer sur les systèmes alimentaires pour l'ONG Action contre la faim. A ses côtés, d'autres s'indignent. "Les lobbyistes sont les bienvenus. Par contre, les gens des pays du Sud, les plus vulnérables, ne le sont-ils pas ? Je suis déçue qu'ils prennent autant d'espace, on se sent exclus", regrette la Colombienne Andrea Echeverri. "C'est notre COP, la COP du peuple. Ça fend le cœur de les voir là", acquiesce le Népalais Prayash Adhikari.
Le poids colossal de l'agro-industrie au Brésil
Coorganisée par le gouvernement brésilien et logée dans les locaux de l'Embrapa, l'agence brésilienne de recherche agricole (l'équivalent de l'Inrae en France), l'Agrizone est une première dans l'histoire des sommets pour le climat. Elle illustre l'importance de l'agro-industrie au Brésil, devenu un poids lourd à l'échelle mondiale. La preuve en chiffres : le secteur représente pas moins de cinq millions d'exploitations, 39% de la superficie du pays, un quart de l'économie nationale, 20% des emplois et près de la moitié des exportations, liste le gouvernement français(Nouvelle fenêtre). Et c'est aussi la cause de 97%(Nouvelle fenêtre) de la déforestation du pays.
"Lors de la COP30, l'agrobusiness est présent de manière à refléter l'importance d'un secteur qui nourrit plus d'un milliard de personnes et se conforme à la législation environnementale la plus stricte au monde", se défend Muni Lourenço, président de la commission environnementale au sein de la Confédération brésilienne de l'agriculture et de l'élevage (CNA).
Plus grande entité représentative de l'agro-industrie brésilienne, la CNA avait pourtant milité(Nouvelle fenêtre) cet été pour la suspension d'un moratoire visant à ne pas commercialiser le soja cultivé dans les zones de l'Amazonie touchées par la déforestation. "L'objectif de l'Agrizone est de montrer que la production alimentaire et la préservation de l'environnement vont de pair au Brésil", avance aujourd'hui Muni Lourenço.
Robot, IA et agriculture "régénérative"
Dans ce lieu plus vaste que celui de la COP30 officielle, les solutions technologiques s'affichent au premier plan. Dès l'entrée, les visiteurs découvrent un robot capable de grimper aux arbres pour récolter de l'Açaï, ce fruit rouge issu de certains palmiers, cher à la région du Para. Plus loin, un appareil de plusieurs mètres de long, muni de panneaux solaires, propose d'analyser la nature des sols à l'aide de l'intelligence artificielle pour répandre des pesticides "uniquement là où c'est nécessaire".
Sur son stand, Nestlé promeut une agriculture régénérative, pratique qui vise à stocker plus de carbone dans les sols, mais limitée, rappelle le média d'investigation Desmog(Nouvelle fenêtre). A quelques pas de là, Bayer, le géant allemand de la chimie et de la pharmacie(Nouvelle fenêtre), sponsor dit "diamant" de l'événement, met en avant le même argument sur son stand. "Pour nous, la COP30 constitue une étape importante, d'autant plus au Brésil, deuxième marché mondial de l'entreprise", commente Felipe Albuquerque, directeur durabilité de l'entreprise en Amérique latine.
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Les stands de Nestlé et Bayer sont voisins dans "l'Agrizone" à Belém (Brésil), le 12 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)
Pour les différents acteurs présents, l'Agrizone fait office de vitrine pour un secteur qui "doit être vu comme une solution face aux enjeux climatiques", résume Muni Lourenço. Lors d'une conférence organisée sur place, le message diffusé est sensiblement le même : "Cette zone montre la réalité de l'agriculture au Brésil, ce qu'elle a de meilleur. Elle permet d'échanger des expériences et des techniques. Ce serait formidable de l'avoir dans chaque COP".
Plus de 300 délégués de l'agrobusiness
"Le secteur agro-industriel s'approprie et produit des discours environnementaux", alerte cependant Ludivine Eloy, agronome et géographe, directrice de recherche au CNRS. Ses acteurs "utilisent des arguments vantant les progrès technologiques, mais leurs discours masquent beaucoup de choses, comme les inégalités d'accès aux ressources sur le terrain."
Si les ONG s'inquiètent chaque année de la présence des lobbyistes des énergies fossiles à la conférence pour le climat, les grandes entreprises de l'agro-industrie ne sont, cette fois, pas en reste, avec au moins 302 délégués, selon le décompte de l'organisation d'investigation britannique Desmog. C'est 14% de plus que lors de la COP29, l'an dernier à Bakou (Azerbaïdjan). Bayer compte par exemple 19 délégués dans les zones de négociations. "Bayer participe régulièrement aux COP depuis 2015, lorsque la coalition du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable a officiellement demandé la présence d'entreprises plus engagées", plaide Felipe Albuquerque.
Plusieurs événements organisés durant cette COP incluent ces représentants. Comme le 11 novembre, avec un "panel de JBS", la principale multinationale brésilienne de l'industrie agroalimentaire, sur "les transformations du système alimentaire" organisé sur le stand baptisé "business durable". Le pavillon du Consortium interétatique de l'Amazonie affiche également JBS comme l'un de ses "soutiens".
L'agriculture familiale moins exposée
Au Brésil, ces géants ne représentent pourtant qu'une partie de l'équation agricole. Face à cet "agronégoce", une agriculture familiale, aux exploitations plus petites, subsiste. Le gouvernement brésilien compte d'ailleurs deux ministères pour illustrer cette dualité : celui de l'Agriculture et de l'Elevage, qui exporte majoritairement, et celui du Développement agraire et de l'Agriculture familiale. Cette agriculture-là représente près de 4 millions d'exploitations dans le pays, emploie plus de 10 millions de personnes et nourrit deux tiers des Brésiliens.
Mais "les moyens sont très inégaux entre les deux, le budget de l'agronégoce est plus important", déplore un employé gouvernemental qui souhaite rester anonyme. "Et ce déséquilibre se retrouve ici, à Belém." Dans l'Agrizone, rares sont les stands qui représentent l'agriculture familiale. "Alors qu'on a beaucoup de solutions issues des connaissances ancestrales des peuples indigènes et des communautés traditionnelles", souligne la même source.
"Ces événements organisés avec les représentants de l'agrobusiness créent une résonance. Leurs arguments arrivent aux oreilles des négociateurs" de la COP30, s'inquiète Marie Cosquer. De quoi influencer les discussions dans les espaces fermés des Nations unies. A Belém, l'un des enjeux concerne l'adaptation des systèmes agroalimentaires face au changement climatique, alors que le secteur est responsable de plus d'un tiers (37%) des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d'après le Giec(Nouvelle fenêtre). Mais le sujet est "au point mort", rapportait la semaine dernière la chargée de plaidoyer d'Action contre la faim, lors d'un point-presse sur l'avancée des négociations générales.
"Des solutions problématiques pour l'agriculture"
"Il y a un brouillon qui sera renvoyé à la prochaine session de négociations, avec des solutions problématiques pour l'agriculture", déplore-t-elle. Elle cite les innovations en faveur d'une "agriculture intelligente pour le climat", des nouvelles technologies "non accessibles pour la plupart des petits paysans" ou encore des "liens avec les marchés carbone".
"Les paysans, l'agroécologie [qui diminue les pressions sur l'environnement] et la transition juste sont ignorés lors des discussions." Lot de consolation : ils sont bien présents dans les assiettes des négociateurs. Dans les offres de restauration, les organisateurs de la COP30(Nouvelle fenêtre) ont assuré que "30% des aliments provenaient" d'une agriculture écologique à plus petite échelle.
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Mercosur : juste un exemple
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/11/2025
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Je rappelle que l'Uruguay fait partie des pays du Mercosur.
On voit bien ici à quoi on ouvre les portes...
Si jamais les agriculteurs décident enfin de passer aux grandes manoeuvres, cette fois, je me joindrai à eux, FNSEA ou pas.
Un enclos surpeuplé, une soixantaine de bovins morts... L'interminable périple en bateau de près de 3 000 vaches entre l'Uruguay et la Turquie
Ces animaux, qui devaient être vendus, n'ont pas foulé la terre ferme depuis deux mois, après le refus de débarquement des autorités turques. Ils sont donc repartis en direction de l'Amérique du Sud.
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Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié le 18/11/2025 15:29
Temps de lecture : 4min
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Le navire "Spiridon II" lors de son escale en Turquie, le 9 novembre 2025. (ANIMAL WELFARE FOUNDATION)
Le cargo de l'enfer. Près de 3 000 vaches sont entassées dans un navire depuis deux mois, alerte l'ONG Robin des bois, dans un communiqué(Nouvelle fenêtre) publié lundi 17 novembre. Après un voyage d'un mois au départ de l'Uruguay pour rejoindre la Turquie, les animaux ont été bloqués à l'intérieur du bateau durant plusieurs semaines, faute de certificats en règle. Ils ont finalement repris la mer le 9 novembre en direction de l'Amérique du Sud, où leur retour est prévu en décembre, après un périple qui a provoqué la mort de plusieurs dizaines de bovins. "Les génisses Holstein du cheptel uruguayen vont battre le record mondial du plus long parcours hors du plancher des vaches", écrit l'ONG.
L'interminable périple de ces animaux a débuté le 19 septembre, lorsque le cargo Spiridon II a quitté Montevideo, en Uruguay. Ce navire bétailler géant, de près de 100 mètres de long, est en réalité un ancien cargo polyvalent russe datant des années 1970. "Il aurait dû partir à la casse depuis une bonne vingtaine d’années", selon l'ONG Robin des bois, qui liste les nombreuses défaillances relevées sur le navire depuis 2019. Après plusieurs changements de mains, le bateau navigue désormais sous pavillon togolais, selon le site Vessel Finder(Nouvelle fenêtre). Un pays inscrit "sur la liste noire des pavillons établie par le Mémorandum d’entente de Paris sur le contrôle des navires", pointe l'ONG.
Des dizaines d'animaux morts
A l'intérieur de ce cargo se trouvent 2 901 bovins et un équipage d'une vingtaine de personnes qui étaient censés rejoindre la Turquie, où les animaux devaient être débarqués et vendus. Mais après un mois de navigation, les autorités turques ont finalement refusé de les laisser sortir, faute de certificats sanitaires et commerciaux en règle. "Les inspections ont révélé que certains animaux ne portaient ni boucles auriculaires, ni puces d'identification électronique, et que 469 animaux n'étaient pas conformes aux listes fournies", explique le gouvernement turc pour justifier sa décision.
Après plusieurs semaines de négociations, le bateau a pu accoster brièvement dimanche 9 novembre au port turc de Bandirma pour charger de la paille et de la nourriture, détaille la Fondation pour le bien-être animal (AWF) dans un communiqué(Nouvelle fenêtre). Mais la situation à bord continue de se dégrader. "Après le long voyage de l’Uruguay à la Turquie, les animaux sont déjà affaiblis. Chaque nouveau retard signifie des souffrances immenses", dénonce Maria Boada Saña, responsable de projet au sein de l'AWF.
Cinquante-huit bovins sont morts durant la traversée et au moins 140 vaches ont mis bas à bord, d'après des documents judiciaires. "Les nouveau-nés vivants ont une existence très difficile", dans "un enclos surpeuplé", estime l'ONG, précisant qu'il est "fort probable que la plupart des veaux soient morts".
"Des navires inadaptés et hors d'âge"
Face à cette situation, l'ONG a demandé aux autorités turques de débarquer immédiatement les animaux, mais dit ne pas avoir reçu de réponse. Les autorités européennes ont également été sollicitées par courrier. De leur côté, les exportateurs qui devaient vendre les bovins ont contesté la décision des autorités vétérinaires turques et engagé des poursuites judiciaires. Sans résultat pour le moment.
Après cette brève escale, le navire a donc repris la route en direction de l'Uruguay avec des milliers de vaches toujours à son bord. "Pour le retour au pays, elles risquent d’affronter dans l’océan Atlantique nord des tempêtes redoutables", prévient l'ONG Robin des bois. De quoi inquiéter de nombreuses associations de défense des animaux.
"Ces blocages justifiés par des raisons sanitaires, voire politiques, mettent leur vie en péril et témoignent du peu de considération portée à ces animaux destinés à être abattus et consommés", a réagi Lorène Jacquet, responsable des campagnes et du plaidoyer à la Fondation 30 Millions d'Amis(Nouvelle fenêtre). Elle demande la fin "des transports de longue durée, a fortiori lorsqu'ils sont réalisés sur des navires inadaptés et hors d'âge !"
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Pacte pour le climat
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/11/2025
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Un site que je trouve très intéressant.
Le réchauffement climatique et ses effets
La géopolitique du climat
Qu’est-ce que la Convention Climat de l’ONU ?
En 1992 se tient une conférence de l’Organisation des Nations unies, à Rio de Janeiro, au Brésil. Elle est surnommée…
Quelles sont les forces et les faiblesses de la Convention sur le climat ?
Le premier point fort de la Convention est son existence. Derrière l’apparence de lapalissade du propos se cachent deux aspects…
L’Accord de Paris, en 2015, résout-il le problème climatique ?
Lorsque fut signé l’Accord de Paris, en conclusion de la 21e COP en décembre 2015, nombre d’observateurs et de diplomates ont cru…
Pourquoi l’objectif des 1,5 °C a-t-il été inscrit dans l’Accord de Paris ?
Le texte de l’Accord de Paris précise que l’objectif climatique des pays signataires est de tenter de se rapprocher au…
Qu’appelle-t-on la justice climatique ?
Depuis le début des débats sur le changement climatique, la notion de « justice » est au cœur des controverses…
Serait-il plus pertinent de mesurer l’empreinte carbone de chaque pays ?
Depuis la signature de la Convention, chaque pays doit tenir à jour un « inventaire » de ses émissions de gaz à…
Le GIEC, expertise de la science
Comment a été créé le GIEC ?
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est créé en novembre 1988. À la demande des chefs d’État et…
Comment fonctionne le GIEC ?
La fonction du GIEC est de publier des rapports d’expertise rédigés par des scientifiques à la demande des gouvernements et…
Le GIEC est-il indépendant des gouvernements ?
On pouvait craindre que cette organisation uniquement chargée de fournir une expertise aux gouvernements en soit le jouet, surtout des…
Comment le GIEC analyse-t-il les impacts du changement climatique ?
Le groupe 2 du GIEC1 s’intéresse à la vulnérabilité des sociétés face au changement climatique et à leurs capacités d’adaptation….
Y a-t-il un consensus chez les économistes sur la politique climatique ?
Le groupe 3 du GIEC étudie les scénarios possibles des évolutions démographiques, économiques et technologiques, et donc d’émissions de gaz…
Qui sont les climatosceptiques et que disent-ils ?
Dès le premier rapport du GIEC, des lobbys industriels ont engagé le fer contre les climatologues, en dénigrant leur travail…
Le Climategate a-t-il mis en cause le GIEC ?
En 2010, une formidable campagne de dénigrement du GIEC a été lancée par les lobbys climatosceptiques. Elle diffuse les mensonges…
Le prix Nobel de la paix du GIEC est-il justifié ?
En octobre 2007, le GIEC fut récipiendaire (avec l’ex-vice-président américain Al Gore) du prix Nobel de la paix. Cette récompense peut…
Les risques du changement climatique
Existe-t-il une science des risques climatiques ?
Évaluer les risques du changement climatique ne constitue pas une discipline scientifique mais fait appel à de nombreuses sciences –…
Peut-on s’adapter aux risques climatiques ?
Des changements sont désormais inéluctables, induits par le réchauffement climatique déjà survenu et celui, d’au moins 0,5 °C de plus…
Des écosystèmes sont-ils menacés ?
Le changement climatique provoqué par l’homme est environ quinze fois plus rapide que ceux, d’origine naturelle, du dernier million d’années….
La hausse du niveau marin déclenchera-t-elle des migrations massives ?
La hausse du niveau marin d’ici 2100 sera de l’ordre de 50 centimètres à un mètre selon le rapport 2014…
La sécurité alimentaire est-elle en danger ?
Si une partie de la population mondiale souffre de trop manger, près de 800 millions de personnes souffrent de la…
La mousson africaine disparaîtra-t-elle ?
Cette question illustre une notion cruciale pour la mesure des risques climatiques : l’incertitude. En effet, les climatologues ne savent pas…
Les ressources alimentaires que nous tirons des océans se tariront-elles ?
Les océans se transformeront sous le double effet du réchauffement climatique des eaux et de leur acidification. Les conséquences en…
Quels sont les dangers des vagues de chaleur ?
Les épisodes caniculaires vont se multiplier, à toutes les latitudes. Dans les pays tropicaux – en Afrique subsaharienne, en Inde, en…
Quels seront les effets de la fonte des glaciers de montagne et du pergélisol ?
Voies de chemins de fer qui ne tiennent plus droit, fissures dans les bâtiments qui menacent de s’écrouler, oléoducs qui…
Manquera-t-on d’eau ?
Cette question peut sembler étrange puisque la quantité d’eau que contient l’atmosphère sera amplifiée par son réchauffement. Mais cette augmentation…
Y aura-t-il des guerres à cause du climat ?
Cette question est déjà l’objet de controverses virulentes. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré en 2007…
L’extinction de l’espèce humaine est-elle en cause ?
Les slogans lors des manifestations de jeunes inquiets de la menace climatique pour leur vie, les cris d’alarme lancés par…
Les énergies et le climat
Y a-t-il assez d’énergies fossiles pour changer le climat au-delà des 2 °C ?
Les ressources en charbon, gaz et pétrole sont certes limitées puisque leur reconstitution par la nature prendrait des millions d’années….
Pourquoi est-il si difficile de se passer des énergies fossiles ?
Les manifestants qui réclament des actions efficaces de la part des gouvernements pour lutter contre le changement climatique ciblent souvent,…
Pourquoi est-il si difficile de se passer du pétrole ?
Aux débuts de son exploitation, le pétrole est surtout utile pour… se passer des graisses et huiles animales. Pour s’éclairer,…
Comment ont évolué les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles depuis 1990 ?
En 1990, les émissions mondiales de CO2 liées à l’usage des énergies fossiles étaient d’environ 20 milliards de tonnes. En 2018,…
Que révèlent les prospectives énergétiques ?
Les études prospectives des spécialistes et de l’AIE montrent que les décideurs économiques et politiques n’ont pas du tout intégré…
Quelles décisions urgentes prendre pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre ?
Les analyses du groupe 3 du GIEC alertent sur l’un des pièges les plus dangereux qui guettent les gouvernements, les…
Pourquoi doit-on décarboner l’électricité ?
L’électricité représente près de 40 % des émissions mondiales de CO2. La raison ? Les milliers de centrales électriques au charbon (40 %…
Le gaz naturel est-il une énergie climato-compatible ?
Les entreprises qui produisent et commercialisent le gaz naturel le présentent souvent comme une énergie propre. Cette publicité est en…
Les électricités éoliennes et solaires sauveront-elles le climat ?
Parmi les sources d’électricité bas carbone, le solaire et l’éolien sont celles qui se sont développées le plus rapidement ces…
Peut-on capturer et stocker le CO2 produit par les usines ?
Dans nombre des scénarios analysés par le groupe 3 du GIEC qui permettent d’atteindre l’objectif des 2 °C, une part significative…
L’énergie nucléaire peut-elle contribuer à décarboner l’économie ?
Oui… mais pour une part minoritaire à l’échelle mondiale, et qui dépendra des décisions futures. L’énergie nucléaire permet en effet…
Les économies d’énergie pourraient-elles être suffisantes ?
Les rapports du GIEC notent qu’économiser l’énergie et améliorer l’efficacité énergétique des équipements constitue une réponse efficace et indispensable au…
L’économie du changement climatique
Quels outils économiques peuvent favoriser la transition énergétique ?
Depuis plus de vingt ans, des économistes font des propositions aux gouvernements pour la mise en œuvre de politiques visant…
Pourquoi taxes et marchés du CO2 ne fonctionnent-ils pas bien ?
Le plus grand « marché du carbone » du monde a été mis en place par l’Union européenne en janvier…
Les énergies fossiles sont-elles subventionnées ?
En 2017, selon l’AIE, les subventions soutenant la consommation des énergies fossiles, principalement destinées au pétrole et à l’électricité obtenue…
La lutte contre les émissions est-elle compatible avec le libéralisme économique ?
Depuis 1992, les débats font rage entre économistes spécialistes du climat, de l’énergie et du développement, mais aussi entre militants…
L’agriculture et les forêts peuvent-elles limiter le changement climatique ?
L’agriculture joue un double rôle dans le futur climatique de la planète. Elle fait partie des émetteurs de gaz à…
Peut-on atteindre les objectifs climatiques sans diminuer les consommations ?
La réponse à cette question suppose de revenir sur la notion de justice climatique. Puisque les 10 % les plus riches…
Faut-il choisir entre le climat et l’emploi ?
Ce dilemme est à la base des retards à agir pour lutter contre le changement climatique. La plupart des dirigeants…
Pourquoi et comment aider les pays pauvres ?
La responsabilité des pays anciennement industrialisés dans le changement climatique leur confère une obligation morale d’aider les populations pauvres qui…
La France
Quelles sont les émissions de gaz à effet de serre de la France ?
Au regard des émissions mondiales (près de 40 milliards de tonnes de gaz à effet de serre), celles de la France…
La France est-elle un bon élève du climat ?
Parmi les pays industrialisés et riches, la France fait partie des plus faible émetteurs de gaz à effet de serre…
Est-ce que les Français comprennent le changement climatique ?
La démocratie politique signifie que les citoyens, en choisissant leurs gouvernants et législateurs, déterminent la politique de la nation. Mais…
Puisque la France pèse 1 % de la population, que peut-elle faire ?
L’argument est souvent avancé par des militants climatosceptiques. Pourquoi agir puisque notre avenir climatique dépend surtout des autres ? Ce raisonnement…

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Un monde en burn out
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/11/2025
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Je n'ai jamais parlé ici du génocide en Palestine, ni celui au Soudan, ni de la guerre en Ukraine, ni de toutes les aberrations folles de l'humain.
Je ne vais pas dire que ça ne m'intéresse pas mais c'est juste que je n'y peux rien, absolument rien. Je ne vais pas aller en Palestine, ni au Soudan, ni en Ukraine et je pourrais toujours clâmer haut et fort ma colère, ça n'y changera rien.Sur le problème écologique de la planète, j'ai une possibilité d'intervention. Non pas au niveau planétaire, ni même au niveau national, ni même régional... mais juste là où je vis. On a planté aujourd'hui le centième arbre ( chênes, châtaigners, bouleaux, hêtres, tilleul, pawlonia, saule, frênes, robiniers, divers résineux etc...) depuis notre arrivée au mois de mars. Durant l'automne et l'hiver, on va doubler encore ce nombre. L'agroforesterie, c'est ce qui occupe nos journées, nos pensées, nos réflexions. Que la biodiversité soit la plus riche possible, que le potager nous nourrisse, que nos arbres greffés nous donnent de beaux fruits. Il ne s'agit pas seulement de "profiter" des richesses de la nature dans le cadre alimentaire mais de rendre à la nature plus que ce qu'elle nous offre et donc de faire en sorte que le terrain soit un refuge, un lieu préservé. Donnant-donnant.
Pour ce qui est des anticipations sur un futur chaotique, je n'en ai aucun doute. Il n'y a que la date que nous ne connaissons pas. Le monde humain ne m'intéresse que dans cette optique et je pense même que tout le reste est anecdotique. Ca n'enlève rien à l'aspect dramatique des guerres, des crises sociales, de la violence, etc ... mais au regard de ce vers quoi nous allons, c'est dérisoire.
112 720 vues 2 nov. 2025 ✪ Priorité aux membres le 2 novembre 2025 GÉOPOLITIQUE
L'humanité entre dans une phase chaotique. Un monde instable. Pour Olivier Hamant, le monde va radicalement changer dans les années à venir. Notre monde, basé sur un climat stable, va en grande partie s'effondrer. L'économie globalisée, reposant sur des infrastructures, des transports, ou des technologies ultra-performantes va être violemment percutée par un climat chaotique comme par l'effondrement du vivant. Pour Olivier Hamant, le paradigme de la performance va être remplacé par celui de la robustesse.
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L'hôpital en urgence
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/11/2025
- 0 commentaire
On parle de soins, de santé, de survie parfois. Et les gens censés assurés cette priorité absolue sont eux-mêmes dans une situation si lourde que leurs compétences ne suffisent plus.
Il y a bien longtemps déjà, j'avais écrit ici que deux secteurs seraient considérablement attaqués par les directives gouvernementales : l'éducation nationale et le milieu hospitalier.
Est-ce que les alertes lancées depuis bien longtemps ont été entendues ? On peut supposer que oui.
Est-ce qu'elles ont été suivies de décisions positives ? Non
"Je croisais les doigts pour que rien de grave n'arrive" : des internes en médecine racontent la rudesse de leurs stages aux urgences
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Article rédigé par Florence Morel
France Télévisions
Publié le 15/11/2025 07:06
Temps de lecture : 8min
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Un soignant à l'hôpital de Périgueux (Dordogne) le 20 novembre 2020. (ROMAIN LONGIERAS / HANS LUCAS / AFP)
Les urgences du CHU de Caen sont contraintes de travailler sans internes pendant six mois, faute de médecins expérimentés pour les encadrer. La crise traversée par l'hôpital normand illustre les difficultés rencontrées par les étudiants en médecine dans d'autres établissements.
Une situation exceptionnelle qui trahit les maux de l'hôpital public. Au CHU de Caen, les urgences sont contraintes de fonctionner sans internes pour les six prochains mois. Faute de médecins expérimentés pour encadrer ces étudiants en médecine, l'agrément a été suspendu, et les stages avec. Face à cette crise, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a annoncé qu'elle faisait appel à la réserve sanitaire, d'ordinaire mobilisée pour des épidémies ou des catastrophes naturelles, afin que des praticiens viennent en renfort assurer l'accueil des patients 24 h/24 et sept jours sur sept. Au CHU de Caen, "les internes étaient arrivés au bout du bout, avec une surcharge de travail, psychologique et émotionnelle. Il y avait un risque de burn-out", affirme Mélanie Debarreix, présidente de l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), à l'origine de la procédure.
"Les difficultés des urgences de Caen ne sont malheureusement pas isolées et les services d'urgences à gros volume d'activité [comme les CHU] connaissent actuellement des tensions sans précédent sur les ressources médicales", ont dénoncé dans un communiqué(Nouvelle fenêtre) plusieurs organisations de médecine d'urgence. "Ce sont les internes qui portent les CHU à bout de bras. On représente 40% des effectifs et 70% des actes médicaux, évalue Mélanie Debarreix. L'hôpital de Caen est juste une illustration des difficultés de notre système de santé." Franceinfo a interrogé des internes en poste dans plusieurs régions. Ils décrivent un manque d'encadrement, un sentiment de solitude et une surcharge de travail qui peuvent affecter leur santé mentale et la qualité des soins.
"L'interne doit s'occuper de tout"
A seulement 23 ans, Charly* a choisi d'effectuer son premier stage d'internat aux urgences d'un petit centre hospitalier, "bien réputé", car "à cheval sur les horaires et les heures dédiées à la formation, ce qui n'est pas le cas partout". La nuit, le service est composé de "trois médecins, dont un de Smur", le service mobile d'urgence et de réanimation, qui est envoyé sur le terrain avec une ambulance quand le patient se trouve dans un état grave. Charly se souvient que, lors de gros accidents de la route, quand deux des trois médecins de garde sont dépêchés sur place et que le troisième dort, "l'interne doit s'occuper de tout". "On peut essayer de rappeler celui qui est en train de dormir, mais ça dépend lequel, explique-t-il. Certains sont à l'écoute, mais d'autres moins et quand on les appelait, ils refusaient de venir. Plus la nuit avance, plus il y a de chances qu’on se retrouve seul, alors que ça n’est pas censé se produire. Pendant ces situations, je croisais les doigts pour que rien de grave n’arrive."
Des moments de solitude également vécus par Redwan*, qui se serait bien vu urgentiste en commençant ses études de médecine. Au moment d'entamer son troisième semestre d'internat, il n'en est plus si sûr. "Je n'évolue qu'avec des adultes tristes, qui ne sont pas forcément malveillants à la base, mais le deviennent", déplore-t-il.
"Ce n'est pas normal d'appeler un médecin à 2 heures du matin pour une chirurgie viscérale, qui te répond : 'Pourquoi tu m'appelles ? Tu me casses les c... !'"
Redwan, interne
à franceinfo
Une violence verbale que Redwan a du mal à accepter, même s'il est conscient que ses supérieurs sont aussi sujets au stress et à la fatigue. "Dans un service où il faudrait cinq médecins seniors, ils ne sont parfois qu'un ou deux et ont déjà fait deux ou trois gardes dans la semaine, ils sont épuisés", précise Atika Bokhari, présidente du Syndicat des internes en médecine générale (Isnar-IMG).
"J'ai laissé un patient repartir avec une fracture"
Son stage aux urgences, Agathe* aimerait même l'oublier. "Je l'ai très mal vécu, même si on était bien formés et encadrés", se souvient-elle. Les urgentistes plus âgés étaient disposés à répondre à ses questions (et à se lever la nuit), mais il était généralement impossible de les solliciter. "Notre médecin référent était souvent en train de gérer des urgences vitales, et nous, on devait faire la petite traumatologie, se remémore la future généraliste. Une fois, je me suis dit : 'Fais-toi confiance'. J'ai laissé un patient repartir avec une fracture. Il a dû revenir se faire opérer quelques semaines plus tard." Depuis, quand elle sélectionne ses stages, elle veille à ce qu'aucune garde aux urgences ne soit prévue.
En choisissant la médecine générale, les internes doivent effectuer au moins un stage aux urgences pour valider leur diplôme. Ils peuvent aussi en choisir deux en médecine de ville (dans un cabinet libéral ou une maison de santé, par exemple). "On chérit ces stages, confie Atika Bokhari. Contrairement aux centres hospitaliers, on a un encadrant qui a une responsabilité pédagogique et qui a été formé. Dans les hôpitaux, ce sont les services qui ont les agréments de stage. Il faudrait que l'ensemble des personnes qui encadrent les internes aient été formés, ce qui n'est pas le cas", déplore-t-elle. Car les internes peuvent prescrire des médicaments et des examens médicaux, mais ils doivent le faire sous la supervision d'un médecin senior. Et cet encadrement est essentiel, surtout lorsque le jeune médecin fait ses premiers pas à l'hôpital.
"J'ai dépassé les 80 heures hebdomadaires"
Comme Agathe, Jonathan* s'est d'abord estimé chanceux lors de son premier stage aux urgences d'un centre hospitalier de la côte Atlantique. Avec une "équipe très à l'écoute des internes", soucieuse de les "encadrer, surtout au début, en leur offrant de l'autonomie au fur et à mesure". Toutefois, cette "bienveillance" n'a pas évité le surmenage. "J'ai lâché, souffle-t-il deux ans plus tard. J'avais des difficultés lors de certaines gardes, alors j'ai dû me mettre en arrêt de travail. Ce sont des journées denses, l'environnement est stressant, contrairement à d'autres services." Lors d'une enquête réalisée en 2023(Nouvelle fenêtre) par plusieurs syndicats d'internes (dont l'Isni), 80% de ces étudiants disaient dépasser les 48 heures de travail hebdomadaires réglementaires, avec une moyenne à 59 heures, et 10% affirmaient même aller au-delà de 80 heures travaillées en sept jours. Le tout pour un salaire compris entre 1 763 euros net mensuels en première année et près de 2 300 euros en cinquième année (hors primes et gardes), selon les données de l'Isni.
Inès*, qui vient d'entamer son troisième stage d'internat en urologie, "aime toujours" ce métier qu'elle exerce et apprend avec passion, même s'il lui arrive de "craquer".
"Lors de la dernière semaine de mon précédent poste, j'ai fait trois gardes de 24 heures et ensuite trois journées, donc j'ai dépassé les 80 heures hebdomadaires. Et c'est un stage réputé plutôt cool."
Inès, interne
à franceinfo
"Parfois, je me dis que j'ai fait trop d'efforts pour subir tout ça, lâche la future chirurgienne. La charge de travail, le fait de ne pas être en confiance... Et cette impression qu'on ne m'aide pas comme il faudrait."
Jonathan, Charly et Agathe se disent "écœurés" de l'hôpital. "Je suis encore plus convaincu de m'en éloigner le plus possible, affirme Charly, qui nuance : "Cela ne m'empêchera pas de faire des gardes jusqu'à minuit en tant que médecin généraliste." Redwan, lui, a déjà fait quelques recherches pour s'expatrier. Inès, quant à elle, a "encore envie d'y croire et de transmettre". Elle l'assure : "Tant que je tiendrai et qu'on voudra de moi, je resterai à l'hôpital."
*Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.
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Vendredi noir : 13 novembre 2015
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/11/2025
- 0 commentaire
Il ne faut pas laisser ces vidéos se perdre. Et toutes les autres.
Maintenant, je sais qu'elles sont archivées ici.
Les otages, les hommes du BRI, les soignants.
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Pris dans la nasse
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/11/2025
- 0 commentaire
Avec Nathalie, on ne voit quasiment personne.
Jamais de resto, jamais de cinéma, le moins possible de "sorties" en ville pour les courses et quand c'est inévitable, on a une liste, on s'y tient. L'idée, c'est de repartir le plus vite possible.
Mais là, on a été invités par les gens qui nous ont vendu la maison pour une représentation théâtrale, une pièce dans laquelle, l'ancien propriétaire jouait deux rôles. Ce sont des gens qu'on aime bien, qu'on estime. On a accepté l'invitation.
La salle des fêtes était pleine comme un oeuf, principalement des gens de notre âge, le troisième âge.
Dans notre dos, on a entendu deux personnes qui toussaient.
La pièce de théâtre était bien amusante et on a trouvé très impressionnant pour ces acteurs et actrices d'assumer des rôles bien atypiques, de se lâcher, de se mettre en scène devant une salle bondée. Quelque chose que je serais incapable de faire.
C'était un samedi soir.
Dimanche, on a travaillé sur le terrain.
Lundi, Nathalie a commencé à se sentir mal.
Mardi matin pour moi.
Et maintenant, depuis onze jours, on se bat avec le covid. Et c'est rude... Très, très grosse fatigue, difficultés à respirer juste à monter l'escalier, perte partielle de l'odorat et du goût et de l'appétit, des nuits très agitées, des quintes de toux jusqu'à en vomir, des frissons, des bouffées de chaleur et des tremblements, des courbatures, partout, et pour moi des crampes dans les jambes encore plus fréquentes et violentes que d'habitude.
On n'avait pas de médecin généraliste. On n'en avait pas eu besoin depuis qu'on est arrivé. Je comprends pourquoi les urgences sont débordées. Pour avoir un RDV chez un médecin, il faut être persévérant. On pourra voir un généraliste la semaine prochaine... En attendant, c'est huiles essentielles, artémisia, miel et citron.
Le problème, en fait, c'est de voir dans quel état psychologique, ça nous met. Onze jours, sans aucune activité physique, sans même s'occuper du potager, c'est un calvaire, une épreuve morale. Et ça me renvoie à la fin de vie de mes parents. Ma mère est morte le 12 septembre, grabataire, démence sénile, alzheimer, elle avait 89 ans. Deux ans qu'elle ne me reconnaissait plus, ni même son mari, elle appelait juste sa mère, plus aucune relation sociale, le regard vide ou empli d'une terreur sans nom. L'équipe médicale m'avait demandé l'autorisation d'arrêter les traitements médicamenteux (multiples pathologies) Des anxiolitiques géraient les angoisses au mieux. Elle est morte dans son sommeil.
Quand à mon père, il a 90 ans, lui aussi en fauteuil roulant, aveugle, démence sénile, plus aucune autonomie, il pense que je suis son petit-frère. Il ne lui reste rien de son passé. Il dort. Il peut même s'endormir quand je suis en train de lui parler. Parfois, il comprend ce que je raconte. Quand je lui parle de son travail de représentant de commerce. Il adorait son métier. Il ne sait plus rien du reste, ni de la mort de mon frère, ni de celle de sa femme, ni de leurs nombreux voyages, tout a été effacé. Il suffirait que le traitement chimique qui le maintient en vie soit stoppé pour que ça s'arrête. J'en ai déjà parlé avec l'équipe médicale mais pour les professionnels de la santé, tant qu'il y a encore un semblant de "relation", on ne parle pas d'acharnement thérapeutique.
Ma mère avait des angoisses très, très importantes et des crises de hurlements. Elle n'entendait plus les intervenants, elle était ailleurs. Mon père a encore une "conscience" qui fait que la question du maintien en vie ne se pose pas.
Bon, ok, je les laisse gérér mais je ne veux pas de cette nasse pour moi, je la refuse catégoriquement. Il me suffit de voir déjà combien il m'est douloureux de rester inactif, physiquement, pour savoir que la fin de vie de mes parents, je n'en veux pas.
Onze jours à me traîner de la chaise à mon lit.
Je lis et je dors.
Je n'écris plus, j'ai tout arrêté. Aucun retour sur "Jarwal", c'est bon, j'ai compris, j'attends les retours chiffrés des ventes de l'année 2025 pour dire à l'éditrice si je lui envoie les deux romans finis et pour me décider à terminer celui en cours. Il est fort probable que ça sera un arrêt final.
Je n'ai pas l'énergie pour regarder un documentaire, trop fébrile, trop de toux, d'éternuements, de frissons, je peux lire dix minutes puis je ferme les yeux et je pense aux montagnes, je m'accroche à l'idée que c'est une sale période, que ça va s'arranger. Oui, il est probable que ça va s'arranger mais ça ne sera plus jamais le cas pour mon père.
Il est pris dans une nasse.
Et j'en arrive donc à la conclusion de tout ça : si un jour, au bout d'un an, il n'y a pas eu de publication d'au moins un article sur le blog, c'est que je serai mort. Probablement en montagne ou sur mon vélo.
Et il restera à vous réjouir pour moi puisque ça signifiera que j'aurai échappé à la nasse.
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Manifeste pour une science post-matérialiste
- Par Thierry LEDRU
- Le 31/10/2025
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Ce manifeste a dix ans et même si le chemin à parcourir est encore très long, il est certain que la médecine est davantage réceptive à la spiritualité.
Manifeste pour une science post-matérialiste
Publié le 26/01/2015 - Enquêtes 8min
https://www.inexplore.com/articles/Manifeste-science-Beauregard
La science matérialiste ne serait-elle pas un peu dépassée aujourd’hui ? Un comité de scientifiques, participants au Sommet international sur la science post-matérialiste, la spiritualité et la société, a élaboré un Manifeste arguant pour une ouverture des esprits scientifiques, au delà du matérialisme et vers une meilleure compréhension de l’esprit comme un aspect majeur de la fabrique de l’univers.

Sciences
f1.online
Nous sommes un groupe de scientifiques reconnus internationalement et œuvrant dans divers champs d'expertise (biologie, neurosciences, psychologie, médecine, psychiatrie). Nous avons participé à un Sommet international sur la science post-matérialiste, la spiritualité et la société. Ce sommet, qui était co-organisé par Gary E. Schwartz, PhD, et Mario Beauregard, PhD, de l’Université de l’Arizona, ainsi que Lisa Miller, PhD, de l’Université Columbia, a été tenu à Canyon Ranch (Tucson, Arizona, É-U) du 7 au 9 février 2014.
L’objectif de ce sommet était de discuter de l’impact de l’idéologie matérialiste sur la science et de l’influence du paradigme post-matérialiste émergent sur la science, la spiritualité et la société. Nous sommes arrivés aux conclusions suivantes, qui forment notre Manifeste pour une science post- matérialiste. Ce Manifeste a été préparé par Mario Beauregard, PhD (Université de l’Arizona), Gary E. Schwartz, PhD (Université de l’Arizona), et Lisa Miller, PhD (Université Columbia), en collaboration avec Larry Dossey, MD, Alexander Moreira-Almeida, MD, PhD, Marilyn Schlitz, PhD, Rupert Sheldrake, PhD, et Charles Tart, PhD.
1. La vision du monde scientifique moderne repose en grande partie sur des postulats étroitement associés à la physique classique. Le matérialisme—l’idée que la matière est la seule réalité—est l’un de ces postulats. Un autre postulat est le réductionnisme, la notion selon laquelle les choses complexes ne peuvent être comprises qu’en les réduisant à l’interaction de leurs parties ou à des choses plus simples ou fondamentales telles que des particules matérielles.
2. Durant le 19e siècle, ces postulats se changèrent en dogmes et s’unirent pour former un système de croyances qui devint connu sous le nom de « matérialisme scientifique ». Selon ce système de croyances, l’esprit n’est rien de plus que l’activité physique du cerveau, et nos pensées ne peuvent avoir aucun effet sur nos cerveaux et nos corps, sur nos actions et sur le monde physique.
3. L’idéologie scientifique matérialiste devint dominante dans le milieu académique au cours du 20e siècle. Tellement dominante qu’une majorité de scientifiques se mirent à croire que cette idéologie reposait sur des évidences empiriques et qu’elle représentait la seule conception rationnelle possible du monde.
4. Les méthodes scientifiques basées sur la philosophie matérialiste se sont avérées hautement fructueuses car elles ont permis une meilleure compréhension de la nature, ainsi qu’un plus grand contrôle et une liberté accrue par le biais des avancées technologiques.
5. Toutefois, la dominance quasi absolue du matérialisme dans le milieu académique a étouffé les sciences et entravé le développement de l’étude scientifique de l’esprit et de la spiritualité. La foi en cette idéologie, comme cadre explicatif exclusif de la réalité, a amené les scientifiques à négliger la dimension subjective de l’expérience humaine. Cela a conduit à une conception fortement déformée et appauvrie de nous-mêmes et de notre place dans la nature.
6. La science est d’abord et avant tout une méthode non dogmatique et ouverte d’acquisition de connaissances au sujet de la nature. Cette méthode est basée sur l’observation, l’investigation expérimentale et l’explication théorique de phénomènes. La méthode scientifique n’est pas synonyme de matérialisme et ne doit être influencée par aucune croyance, dogme ou idéologie.
7. Vers la fin du 19e siècle, les physiciens découvrirent des phénomènes qui ne pouvaient être expliqués par la physique classique. Cela mena au développement, durant les années 1920 et le début des années 1930, d’une nouvelle branche de la physique appelée mécanique quantique (MQ). La MQ a remis en question les fondations matérielles du monde en montrant que les atomes et les particules subatomiques ne sont pas réellement des objets solides—ils n’existent pas de manière certaine en des endroits et des temps définis. Plus important encore, la MQ a introduit l’esprit dans sa structure conceptuelle de base puisqu’il a été découvert que les particules observées et l’observateur—le physicien et la méthode utilisée pour l’observation—sont liés. Selon l’une des interprétations de la MQ, ce phénomène implique que la conscience de l’observateur est vitale pour l’existence des événements physiques mesurés, et que les événements mentaux peuvent influencer le monde physique. Les résultats d’études récentes supportent cette interprétation. Ces résultats suggèrent que le monde physique n’est pas la composante unique ou primaire de la réalité, et qu’il ne peut être pleinement compris sans faire référence à l’esprit.
8. Des études en psychologie ont montré que l’activité mentale consciente peut affecter causalement le comportement, et que la valeur explicative et prédictive des processus mentaux subjectifs (par exemple : croyances, buts, désirs, attentes) est très élevée. De surcroît, des travaux en psychoneuroimmunologie indiquent que nos pensées et nos émotions peuvent grandement influencer l’activité des systèmes physiologiques (par exemple : immunitaire, endocrinien, cardiovasculaire) connectés au cerveau. Par ailleurs, les études de neuroimagerie de l’autorégulation émotionnelle, de la psychothérapie et de l’effet placebo, démontrent que les événements mentaux affectent significativement l’activité du cerveau.
9. L’étude des soi-disant « phénomènes psi » indique que nous pouvons parfois recevoir de l’information significative sans l’utilisation des sens ordinaires, d’une manière qui transcende les contraintes habituelles d’espace et de temps. De plus, la recherche sur le psi démontre que nous pouvons mentalement influencer à distance des appareils physiques et des organismes vivants (incluant les êtres humains). La recherche sur le psi montre également que l’activité mentale d’individus éloignés peut être corrélée de manière non-locale. En d’autres termes, les corrélations entre l’activité mentale d’individus éloignés ne semblent pas être médiatisées (elles ne sont pas liées à un signal énergétique connu); en outre, ces corrélations n’apparaissent pas se dégrader avec une plus grande distance et elles semblent immédiates (simultanées). Les phénomènes psi sont tellement communs qu’ils ne peuvent plus être vus comme anormaux ou des exceptions aux lois naturelles. Nous devons plutôt considérer ces phénomènes comme un signe que nous avons besoin d’un cadre explicatif plus large, qui ne peut être basé exclusivement sur le matérialisme.
10. Une activité mentale consciente peut être expérimentée durant un état de mort clinique induit par un arrêt cardiaque (une telle activité mentale consciente est appelée « expérience de mort imminente » [EMI]). Certains expérienceurs ont rapporté des perceptions véridiques (c’est- à–dire, des perceptions dont on peut attester qu’elles ont coïncidé avec la réalité) durant des expériences hors du corps survenues durant un arrêt cardiaque. Les expérienceurs rapportent aussi de profondes expériences spirituelles durant les EMI déclenchées par un tel arrêt. Il est à noter que l’activité électrique du cerveau disparaît après quelques secondes suite à un arrêt cardiaque.
11. Des études en laboratoire dans des conditions contrôlées indiquent que des médiums (individus affirmant qu’ils peuvent communiquer mentalement avec des individus décédés) doués peuvent parfois obtenir de l’information hautement précise au sujet de personnes décédées. Cela s’ajoute aux autres évidences supportant l’idée que l’esprit peut exister séparément du cerveau.
12. Certains scientifiques et philosophes matérialistes refusent de reconnaître ces phénomènes parce qu’ils ne s’intègrent pas à leur conception exclusive du monde. Le rejet d’une exploration post-matérialiste de la nature ou le refus de publier de solides travaux de recherche supportant une vision post-matérialiste, sont contraires au véritable esprit d'investigation scientifique, selon lequel toutes les données empiriques doivent être considérées. Les données qui ne sont pas compatibles avec les théories et croyances des scientifiques ne peuvent être rejetées a priori. Un tel rejet appartient au domaine de l’idéologie, pas à celui de la science.
13. Il est important de réaliser que les phénomènes psi, les EMI durant un arrêt cardiaque et les évidences reproductibles provenant des études de médiums doués, n’apparaissent anormaux que lorsqu’ils sont appréhendés à travers les lentilles du matérialisme.
14. Les théories matérialistes échouent à expliquer comment le cerveau pourrait générer l’esprit et elles sont incapables de rendre compte des évidences empiriques discutées dans ce manifeste. Cet échec indique qu’il est maintenant temps de nous libérer des chaînes de la vieille idéologie matérialiste, d’élargir notre conception du monde naturel et d’embrasser un paradigme post-matérialiste.
15. Selon le paradigme post-matérialiste:
a) L’esprit représente un aspect de la réalité tout aussi primordial que le monde physique. L’esprit joue un rôle fondamental dans l’univers, il ne peut être dérivé de la matière et réduit à quelque chose de plus basique.
b) Il existe une interconnexion profonde entre l’esprit et le monde physique.
c) L’esprit (la volonté/l’intention) peut affecter l’état du monde physique et opérer de manière non-locale, c’est- à–dire qu’il n’est pas confiné à des points spécifiques dans l’espace (tels que le cerveau et le corps) et le temps (tel que le présent). Puisque l’esprit peut influencer non-localement le monde physique, les intentions, émotions et désirs d’un expérimentateur peuvent affecter les résultats expérimentaux, même lorsque des approches contrôlées expérimentales (par exemple, en double aveugle) sont utilisées.
d) Les esprits individuels ne sont apparemment pas limités et peuvent s’unir. Cela suggère l’existence d’un Esprit qui englobe tous les esprits individuels.
e) Les EMI survenant durant un arrêt cardiaque suggèrent que le cerveau agit comme un transcepteur de l’activité mentale, c’est- à–dire que l’esprit se manifeste à travers le cerveau mais qu’il n’est pas produit par cet organe. Les EMI survenant durant un arrêt cardiaque, combinées aux évidences provenant des études de médiums doués, suggèrent la survie de la conscience après la mort et l’existence de domaines de réalité qui ne sont pas physiques.
f) Les scientifiques ne devraient pas être effrayés d’étudier la spiritualité et les expériences spirituelles car elles constituent un aspect central de l’existence humaine.
16. La science post-matérialiste ne rejette pas les observations empiriques et la grande valeur des accomplissements scientifiques réalisés jusqu’à présent. Elle cherche plutôt à accroître notre capacité à comprendre les merveilles de la nature et, ce faisant, à nous permettre de redécouvrir que l’esprit est un aspect majeur de la fabrique de l’univers. La science post-matérialiste est inclusive de la matière, qu’elle perçoit comme un constituant fondamental de l’univers.
17. Le paradigme post-matérialiste a de profondes implications. Il change fondamentalement la vision que nous avons de nous-mêmes, nous redonnant dignité et pouvoir en tant qu’êtres humains et en tant que scientifiques. Ce paradigme encourage des valeurs positives telles que la compassion, le respect et la paix. En mettant l’emphase sur la connexion intime entre nous-mêmes et la nature, le paradigme post-matérialiste promeut aussi la conscience environnementale et la préservation de notre biosphère. Ce paradigme nous permet également de redécouvrir ce qui a été oublié pendant 400 ans, à savoir qu’une compréhension transmatérielle vécue peut être la pierre angulaire de la santé et du bien-être. Cela a été enseigné pendant longtemps par les anciennes approches corps-esprit ainsi que par les traditions religieuses et contemplatives.
18. Le passage de la science matérialiste à la science post-matérialiste peut être d’une importance vitale pour l’évolution de la civilisation humaine. Ce passage peut être encore plus crucial que la transition du géocentrisme à l’héliocentrisme.
Nous vous invitons, scientifiques du monde entier, à lire le Manifeste pour une Science Post-Matérialiste et à le signer si vous désirez montrer votre appui. -
Médecine et spiritualité
- Par Thierry LEDRU
- Le 31/10/2025
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Mario BEAUREGARD est médecin.
Je le précise afin que ses propos ne soient pas perçus comme venant d'un "illuminé" quand ce terme est associé à un état pathologique, voire psychiatrique.
Un lien vers un ancien article : Mario Beauregard
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TERRE SANS HOMMES (6)
- Par Thierry LEDRU
- Le 29/10/2025
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Je relis et travaille et je repensais à l'article que j'ai posté sur la concordance entre l'état d'esprit d'un personnage et la nature qui l'environne.
TERRE SANS HOMMES
chapitre 7
Francis aimait tenir la barre, une roue comme dans les navires de corsaire. Le compas devant les yeux, à l’abri du cockpit, il avait bien compris le système, juste garder le cap, le réglage des voiles, la surveillance, ne pas les laisser faseyer, jouer avec les winchs, les écoutes, les drisses, il avait appris des dizaines de termes de marin, les haubans, les barres de flèches, la trinquette, le génois, le foc, le tangon, le spi, le safran, ça lui plaisait, une expérience qu’il n’aurait jamais engagée de lui-même. Mais qu’aurait-il pu imaginer de tout ce qu’il avait vécu depuis le jour où il avait volé l’argent de Laure ? Rien, impossible.
Il était parti pour vivre tranquille sous les tropiques, avec le poker, les filles, le soleil, une vie de rentier. Une vie de rentier. Putain, comme il se serait fait chier. Il en éclata de rire, intérieurement. Et maintenant, il naviguait dans le Pacifique, il allait passer le Cap Horn, rentrer en France, avec un gars complètement imprévisible, capable de tout plaquer pour un projet démentiel qui aujourd’hui le ravissait. L’aventure. Il était devenu flic parce qu’il voulait de l’aventure et de l’adrénaline, des rencontres qui secouent, des gens hors cadre.
De quoi aurait-il pu se plaindre ?
Il balaya l’horizon et contempla la masse liquide, cette immensité qui est au-delà du connu. Les risées du soleil sur la houle, le bleu du ciel coulant dans celui de l’océan, des nuages blancs comme des flocons géants, le scintillement de la lumière sur les crêtes des vagues, ce parfum iodé qui collait à sa peau et le souffle léger du vent comme une comptine murmurée, la simplicité des gestes répétés, cette sérénité des choses simples. Un sourire de bienheureux sur son visage.
Depuis combien de temps n’avaient-ils pas vu de terres et combien de temps encore avant que ça arrive. La planète bleue. Oui, il comprenait l’expression. Et lui, le terrien n’avait jamais pris conscience de cette présence, de ce monde si beau, si étrange, si absorbant. Le terme lui plût. Il se sentait absorbé, comme dilué, effacé, comme s’il n’était plus qu’un point vivant, insignifiant, dérisoire, il aurait pu disparaître que rien autour de lui n’en aurait été affecté et simultanément à cette conscience, il éprouvait une sorte de puissance, une énergie étrange, quelque chose dont il ignorait l’existence. De n’être rien que ce point vivant et de survivre pourtant et de rester maître de chaque instant, c’était fascinant et il en arriva à se dire que l’humanité, dans ses premiers temps, chaque individu, chaque point vivant, avait dû ressentir cette puissance de vie au cœur de l’immensité, dans la matrice. Nous étions emplis encore de cette effervescence de l’homme préhistorique qui se réjouissait, parfois, d’être encore en vie et parvenait à se projeter sur le jour à venir, sur les espaces à explorer, sur la nourriture à trouver et sur les combats remportés et le courage à trouver pour ceux à venir. De la petitesse de chacun dans un monde illimité naissait le goût de la lutte.
Il guidait maintenant un voilier de quinze mètres à travers l’océan Pacifique sans rien savoir de ce qu’il advenait du reste de l’humanité. Lui, infime point vivant, au milieu de nulle part, tenait la barre et des frissons de bonheur l’électrisèrent.
C’était donc ça l’aventure, l’exploration des grands marins qui étaient partis sur des navires fragiles, peu manœuvrables, sans aucune carte, avec les étoiles pour se guider, sans aucune certitude de retour, partir pour conquérir des terres nouvelles. Il ne connaissait pas grand-chose à ces époques de découvertes mais il savait bien que les soifs de richesse en avaient été le moteur essentiel. Et que les massacres et les pillages et l’esclavage et les dévastations de peuples entiers traçaient une ligne sanglante à travers l’histoire. Lui ne cherchait aucune terre à piller et découvrait en lui un espace délaissé. L’immensité liquide révélait l’immensité du territoire intérieur. Des idées inconnues qui jaillissaient, des pensées dont il se serait moqué dans sa vie passée, des réflexions qui le plongeaient dans un état méditatif, une bulle qu’il aimait désormais, ni joie, ni mélancolie, ni bonheur, ni détresse, ni euphorie, ni désœuvrement, rien d’exagéré, rien de déstabilisant, rien qui ne l’emportait au-delà de lui-même mais bien au contraire l’entraînait dans une exploration délicieuse. Oui, le mot lui plaisait. Délicieuse, ni trop puissant, ni trop fade. Un état de conscience qui favorisait le saisissement de tout, loin de l’excitation, loin de l’apathie. Il repensait à son travail, à l’adrénaline et à cette fièvre qu’il adorait puis à ces moments de naufrage quand après une mission de long cours et les risques assumés, il s’offrait des nuits d’alcools forts et de filles, suivies de journées nauséeuses parsemées de cafés forts avant de remonter au front. Cette alternance qui ne connaissait jamais cet état de plénitude qu’il ressentait maintenant en balayant des yeux l’immensité du ciel couché sur la mer. Et surgit alors l’évidence ignorée, l’incommensurable profondeur sous ses pieds et l’immensité de surface lui parut dérisoire. Les noirceurs des abysses où la lumière du soleil n’arrivait pas, combien de kilomètres sous lui, combien d’animaux qu’il ne verrait jamais, cette masse gigantesque de vie, il lui était impossible de la quantifier, que connaissait-il de la vie dans les océans en dehors du nom des poissons qu’il lui arrivait de manger et que connaissait-il d’ailleurs de la vie toute entière sur la planète, hormis celle de sa propre existence et le vertige l’obligea à serrer la barre, cette vie qu’il avait toujours limitée à son environnement immédiat, n’était-ce pas le symbole de nos limites humaines, de notre égocentrisme, de l’insignifiance de notre conscience, n’était-ce pas la raison première de notre indifférence pour la dévastation que nous menions, les éléments vitaux que nous arrachions à la terre, nous ne les jugions pas démesurés parce que nous limitions ce fait à notre existence. Le poisson que je mange n’est qu’un poisson et il ne me vient pas à l’idée d’imaginer que des millions d’êtres humains en font tout autant, au même instant. Un dialogue en sourdine qui ne voulait plus se taire. Nous étions des individus limités par une conscience personnelle, juste un regard tourné vers nous-mêmes, un point d’ancrage qui nous privait des horizons, c’était ça la cause du désastre. Il s’obligea à bouger la tête, à regarder la direction indiquée par le compas, à observer le gonflement du gennaker. Puis le vertige apaisé, l’observation intérieure reprit son cheminement, la plongée dans l’abîme, le soulèvement de l’inconscience, le déchirement de l’indifférence, et lui vint l’idée que la mort du poisson qu’il allait manger était ressenti par la totalité du vivant, qu’il existait un lien, un contact jamais identifié, que la terre et l’ensemble du vivant étaient, elles deux réunies, une entité indissociable, insécable, que nous n’avions rien compris, que nous étions enfermés dans une vision terriblement limitée, cette chaleur dans son ventre, là, maintenant, au milieu de ce rien empli de vie, de ce néant humain où il se sentait plus vivant que jamais, est-ce que la planète le ressentait, est-ce que la vie sentait en elle l’amour qu’il éprouvait pour elle à cet instant, l’émerveillement devant son gigantisme, la richesse cachée dans cette démesure liquide ? La vie toute entière avait-elle conscience de son éveil ? S’en réjouissait-elle ? Il faillit crier son bonheur, cette joie inconnue qui le transperçait, courait en lui comme un flux électrique, clamer à la planète sa reconnaissance, était-ce le symptôme d’une folie passagère ou le silence dans lequel nous nous tenions au regard de cet amour représentait-il le pire des outrages ?
Il essuya des larmes qui le ravirent.
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Humanité et nature
- Par Thierry LEDRU
- Le 29/10/2025
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Je sais pourquoi je ne supporte pas les villes, pourquoi je m'y sens si mal. C'est comme être dissous par des acides dans le ventre d'une bête.
"Les développements de l'humanité se lient de la manière la plus intime avec la nature environnante.
Une harmonie secrète s'établit entre la terre et les peuples qu'elle nourrit, et quand les sociétés se permettent de porter la main sur ce qui fait la beauté de leur domaine elles finissent toujours par s'en repentir.
Là où le sol s'est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s'éteignent, les esprits s'appauvrissent, la routine et la servilité s'emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la nuit "
Elisée Reclus géographe, pédagogue et écrivain français 1830-1905
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La nature, reflet de l'âme
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/10/2025
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C'est fou comme je me retrouve dans cette façon de concevoir l'écriture au regard des personnages. Je pourrais mettre ici des dizaines d'extraits répondant à cette méthode. Je ne veux pas dire par là que c'est réussi mais c'est ce que je cherche à produire :)
La nature comme reflet de l’âme des personnages
https://www.uneautrevoix.com/points-de-vue/la-nature-comme-reflet-de-lame-des-personnages/
Quand la nature dévoile ce que les mots cachent : l'art oublié de faire ressentir sans dire. Une technique narrative subversive à l'ère de l'émotion étiquetée.
@Litt.et.ratures
10 juin 2025
L’écrivain moderne se trouve souvent piégé dans une description plate des émotions de ses personnages. « Elle était triste », « il se sentait anxieux »… Ces formulations directes, si elles ont le mérite de la clarté, privent le lecteur d’une expérience plus riche, plus subtile, plus immersive. Et si le véritable art résidait dans la capacité à faire ressentir sans nommer, à montrer sans dire ? C’est là qu’intervient la puissance évocatrice du paysage littéraire, cette toile de fond qui, loin d’être un simple décor, devient le miroir de l’âme des protagonistes.
Cette technique, utilisée par les plus grands auteurs, n’est pas le fruit du hasard mais d’une compréhension profonde des mécanismes d’identification et de projection du lecteur. Alors que notre société contemporaine semble vouloir tout étiqueter, tout catégoriser, tout expliquer de façon didactique, ouvrons les yeux sur cette magie subtile qui opère quand le ciel s’assombrit au même rythme que l’humeur du personnage, quand la forêt s’éclaire pour refléter une renaissance intérieure.
Les paysages émotionnels : une grammaire secrète de l’écriture
Le paysage littéraire fonctionne comme un langage parallèle qui vient enrichir, contredire ou amplifier le récit principal. Cette grammaire secrète repose sur plusieurs techniques éprouvées que tout écrivain devrait maîtriser :
Le parallélisme direct : La tempête qui fait rage pendant une dispute, le soleil qui perce les nuages lors d’une réconciliation. Ce procédé, s’il peut sembler évident, reste d’une efficacité redoutable lorsqu’il est manié avec subtilité. Il crée une résonance immédiate entre l’état d’âme du personnage et l’environnement du lecteur.


Le contraste ironique : À l’inverse, placer un personnage désespéré dans un décor idyllique crée une tension narrative puissante. Ce décalage souligne la solitude émotionnelle du protagoniste, incapable de s’accorder au monde qui l’entoure.
La transformation progressive : Plus subtil encore, le paysage qui se métamorphose graduellement pour accompagner l’évolution psychologique d’un personnage. Un procédé qui permet au lecteur de ressentir le changement avant même qu’il ne soit formulé.


L’ancrage sensoriel : Odeurs, textures, sons du paysage qui deviennent indissociables d’un état émotionnel précis, créant ainsi des repères sensoriels que l’auteur peut réactiver plus tard pour évoquer instantanément une émotion.
Ces techniques, loin d’être de simples ornements stylistiques, constituent de véritables outils narratifs. Elles permettent de contourner la censure contemporaine qui tend à standardiser l’expression des émotions en catégories facilement identifiables et donc contrôlables.
Mère Gothel : quand la nature révèle la dualité
Examinons maintenant un cas particulièrement frappant de cette symbiose entre personnage et environnement : celui de Mère Gothel, cette figure d’autorité ambivalente tirée d’un conte populaire moderne.
Ce personnage fascinant illustre parfaitement notre propos par la dualité de sa relation à l’environnement. Dans la tour isolée où elle maintient captive sa « fille » (Raiponce), Gothel resplendit de jeunesse, entourée de plantes luxuriantes et de fleurs éclatantes qui symbolisent sa vitalité usurpée. Cette tour, nichée dans une vallée verdoyante et inaccessible, représente le cocon de mensonges qu’elle a tissé, un écosystème artificiel où elle règne en maître absolu.
Mais dès qu’elle s’aventure à l’extérieur, dans le monde réel, sa transformation est saisissante : son corps se flétrit, les rides apparaissent, sa silhouette se voûte. Ce vieillissement n’est pas simplement physique ; il est la manifestation visible de sa corruption intérieure, de cette soif de jeunesse qui l’a transformée en prédatrice.
Ce que l’auteur réussit admirablement ici, c’est d’établir une correspondance parfaite entre trois éléments : le paysage (tour fleurie/monde extérieur hostile), l’apparence physique (jeunesse/vieillesse) et l’état émotionnel (contrôle/vulnérabilité). Cette triangulation crée une cohérence narrative qui ancre profondément le personnage dans notre imaginaire.
Plus subtilement encore, la capuche noire dont se drape Gothel pour ses sorties devient l’extension de ses ombres intérieures, tandis que ses mouvements, vifs et gracieux dans la tour, deviennent furtifs et craintifs à l’extérieur. Le paysage ne fait pas que refléter ses émotions ; il les révèle, les amplifie, les rend tangibles pour le lecteur ou le spectateur.

Manipulation narrative ou enrichissement émotionnel ?
Face à ces techniques, une question mérite d’être posée : s’agit-il d’une manipulation du lecteur ou d’un véritable enrichissement de l’expérience littéraire ? La réponse est nuancée. Toute narration est, par essence, une forme de manipulation. L’auteur guide notre regard, oriente nos émotions, modèle notre perception du récit. Mais contrairement à certains discours contemporains qui imposent une lecture unique et standardisée des émotions humaines, la technique du paysage émotionnel ouvre un espace d’interprétation. Elle invite le lecteur à ressentir plutôt qu’à simplement comprendre, à s’approprier l’émotion plutôt qu’à l’enregistrer passivement.
Dans notre ère de communication directe et sans filtre, où les émotions sont cataloguées, étiquetées, et parfois censurées, cette approche indirecte constitue paradoxalement un acte de liberté. Elle permet d’exprimer des nuances émotionnelles que le vocabulaire conventionnel peine à capturer, de décrire des états d’âme complexes sans les réduire à des catégories simplistes.
C’est précisément cette liberté d’interprétation qui rend la technique si précieuse. Différents lecteurs pourront percevoir différentes nuances dans un même paysage littéraire, en fonction de leur propre sensibilité, de leur histoire personnelle, de leur bagage culturel. Cette polysémie constitue une richesse inestimable à l’heure où les récits dominants tendent à imposer une lecture univoque du monde.
Libérer sa plume : vers une écriture authentiquement émotionnelle
La maîtrise du paysage émotionnel ne s’improvise pas. Elle exige une perception aiguisée du monde naturel et une compréhension profonde de la psychologie humaine. À une époque où l’on nous incite à exprimer nos émotions de façon codifiée, presque algorithmique, il devient révolutionnaire de revenir à cette forme d’expression plus organique, plus instinctive.
L’écrivain contemporain se trouve souvent contraint par les attentes éditoriales, les tendances du marché, voire par une certaine police de la pensée qui dicte comment et quand certaines émotions peuvent être exprimées. Face à ces pressions, le recours au paysage comme vecteur émotionnel offre un espace de liberté inestimable. Il permet de contourner les censures explicites et implicites pour toucher le lecteur à un niveau plus viscéral, plus authentique.

Pour développer cette technique et l’intégrer harmonieusement à votre écriture, voici quatre principes fondamentaux qui vous guideront vers une expression libérée des carcans contemporains :
Observer sans filtre : avant de pouvoir écrire la nature comme miroir des émotions, il faut savoir l’observer dans toute sa complexité. Pratiquer l’observation directe, sans le filtre des clichés littéraires ou des images toutes faites. Notez les contradictions, les détails inattendus, les mouvements subtils qui échappent au regard distrait. C’est dans cette richesse d’observation que vous puiserez pour créer des paysages authentiquement évocateurs.
Créer des correspondances personnelles : plutôt que de s’appuyer sur des associations conventionnelles (orage = colère), développer des liens propres à l’univers de son récit et à la psychologie spécifique de ses personnages. Un même paysage désertique pourra évoquer la liberté pour un personnage et l’angoisse pour un autre. Cette personnalisation des correspondances enrichit considérablement la texture émotionnelle de votre récit.
Doser la subtilité : éviter tant la surexplication que l’hermétisme. Le lecteur doit pouvoir saisir intuitivement la correspondance entre paysage et émotion, sans qu’elle lui soit imposée. Trop explicite, le procédé perd de sa magie ; trop obscur, il devient inaccessible. L’art réside dans cette tension maîtrisée entre suggestion et clarté.
Ancrer dans la cohérence : établir dès le début du récit un système de correspondances entre éléments naturels et états émotionnels, puis s’y tenir pour créer un réseau de sens qui se renforce au fil de la lecture. Cette cohérence interne crée une grammaire émotionnelle propre à votre œuvre, que le lecteur apprend progressivement à déchiffrer.
Ces principes ne sont pas de simples astuces techniques ; ils constituent une véritable philosophie de l’écriture qui place l’authenticité émotionnelle au cœur du processus créatif. Ils permettent d’éviter l’écueil d’une écriture standardisée, formatée selon les canons contemporains qui privilégient souvent l’explicite au détriment de la suggestion, la catégorisation au détriment de la nuance. En définitive, ils vous aident à retrouver cette voix singulière que notre époque s’acharne parfois à étouffer.
À l’heure où certains voudraient nous faire croire que les émotions humaines peuvent être réduites à quelques étiquettes consensuelles, facilement partageables sur les réseaux sociaux, le recours au paysage comme vecteur émotionnel constitue un acte de résistance créative. Il s’agit de briser le déni d’une certaine complexité émotionnelle, de refuser l’appauvrissement de notre palette expressive.
En utilisant la nature comme reflet de l’âme des personnages, l’écrivain renoue avec une tradition littéraire millénaire tout en la réinventant. Il crée un espace de liberté où les émotions peuvent s’exprimer dans toute leur richesse, loin des injonctions contemporaines à la transparence et à la simplification.
La symbiose entre paysage et émotion n’est donc pas qu’une technique littéraire parmi d’autres ; elle est une voie vers une écriture plus authentique, plus profonde, plus respectueuse de la complexité humaine. Une autre voix, en somme, qui s’élève contre l’uniformisation de notre rapport au monde et à nous-mêmes.

@Litt.et.ratures
Une étudiante passionnée par les lettres et la philosophie, pour qui la remise en question et la bienveillance sont des valeurs fondamentales. Comme tout un chacun, elle est confrontée à différentes opinions, collectées auprès des proches, dans les livres, dans les médias, au quotidien. @Litt.et.ratures, c’est également un compte dédié aux écrits ainsi qu’à un partage d’idées, de pensées, parfois divergentes, mais qui suscitent au moins une réflexion.
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Expériences de mort imminente sur France culture
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/10/2025
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A mes yeux, il ne s'agit pas d'y croire ou de ne pas y croire mais simplement de s'y intéresser.
Expérience de mort imminente (EMI), Expérience de fin de vie (EFV), Vécu subjectif de contact avec un défunt (VSCD… certains phénomènes humains semblent contredire l’affirmation quasi unanime de la communauté scientifique selon laquelle la conscience ne serait qu’une simple production de notre cerveau.
Nourri des traditions spirituelles (bouddhistes, hindouiste), dont le discours sur la nature de la conscience fait écho aux enseignements de la physique quantique, Christophe Fauré est l’un de ces médecins qui s’interrogent. En unité de soins palliatifs, il a constaté le réconfort et l’apaisement que ces expériences avaient apporté aux nombreuses personnes les ayant vécues. Il a alors entrepris d’étudier tous les travaux scientifiques sur la question.
Cet ouvrage, fruit de ses investigations, enquête aussi troublante que passionnante, apporte des réponses à des interrogations universelles : Qu’y a-t-il après un décès ? Notre conscience perdure-t-elle après la mort physique ? Quelle est la nature de notre conscience ?428 112 vues 13 nov. 2024 #mort #conscience #emi
Que se passe-t-il après la mort ? Des milliers de témoignages à travers le monde décrivent des expériences bouleversantes : sorties de corps, visions de proches disparus, ou encore le ressenti apaisant d’une présence défunte. Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute, explore ces phénomènes qui transcendent les cultures et les croyances, et nous invite à repenser la nature de notre conscience.
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Guérisons inexpliquées
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/10/2025
- 0 commentaire
Ceux et celles qui me lisent depuis un certain temps savent déjà que je suis considéré comme "une énigme médicale". Je n'y reviendrai pas mais c'est évidemment un sujet qui me touche.
Les guérisons inexpliquées sont des phénomènes connues mais rejetées du cadre scientifique. Il n'existe aucune étude de long terme.
Fabienne Raoul était ingénieure dans le domaine de l'énergie nucléaire.
Elle a vécu une EMI qui l'a transformée.
Elle cherche à relier la culture scientifique au domaine de la spiritualité.
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"Le réseau des tempêtes"
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/10/2025
- 0 commentaire
TOUS, SAUF ELLE
"Elle refusait de croire que le désastre n'offrait aucune issue. L'idée tournait en boucle.
Elle avait longuement cherché le paramètre indispensable pour maintenir vivante l'éventualité d'un possible renouveau et la solution lui était venue, comme une évidence, après avoir rejeté toutes les autres idées qui se succédaient et ne menaient à rien.
Les yeux dans le vague.
« Il faudra beaucoup d'amour. »
Elle répéta intérieurement la supplique, comme un mantra salvateur, avec en arrière-plan les images chaotiques de la fin d'un monde.
« Il faudra beaucoup d'amour... Il faudra beaucoup d'amour... Il faudra beaucoup d'amour... »
« C’est la tendresse qui va sauver le monde »
https://lareleveetlapeste.fr/cest-la-tendresse-qui-va-sauver-le-monde/
La solitude est à l’origine de 871 000 décès par an dans le monde. Pour Pablo, notre avenir exige de « retrouver la notion de village, de communauté. En France, on n’a pas envie de se rencontrer. Il faut changer ça. »
Texte: Isabelle Vauconsant Photographie: FG Trade / iStock 20 octobre 2025
Aujourd’hui, Pablo Servigne est surtout connu pour être l’auteur de Comment tout peut s’effondrer, écrit avec Raphaël Stevens et paru en 2015. Dix ans plus tard, il fait paraître le Réseau des tempêtes, un manifeste pour une entraide populaire. Son parcours, à la croisée de la science, de l’éducation populaire et de l’activisme, en fait une figure atypique, un passeur entre les mondes de la raison et de l’émotion.
La loi de la jungle : un mythe à abattre
Pablo Servigne se présente avec une simplicité désarmante : « J’habite dans la Drôme. Je suis un papa de deux enfants, blanc, cisgenre. Je suis là. » Ces mots, prononcés d’une voix calme, trahissent une présence à la fois ancrée et légère, celle d’un homme qui a choisi de vivre en accord avec ses convictions.
Agronome tropical de formation, éthologue de métier, docteur en sciences biologiques, il a passé des années à étudier « les fourmis et les liens sociaux chez les animaux ». Une observation minutieuse du vivant qui explique une grande part de sa réflexion et de ses intuitions.
« La compétition existe dans la nature. Mais la loi de la jungle comme loi unique, cela n’existe pas », attaque Pablo Servigne pour La Relève et La Peste.
Le chercheur déjoue l’un des mythes fondateurs de notre société : celui d’un monde régi par la seule compétition, où ne survivraient que les plus forts. « Déjà, une loi unique dans la nature, cela n’existe pas. J’ai même du mal à utiliser le mot loi. Je préfère parler de principes. » La réalité est bien plus complexe et faite d’interactions multiples autant que subtiles.
Son engagement, il le décrit comme une lutte contre deux « monstres mythologiques » : « La loi du plus fort, et la hiérarchie pyramidale. Ces deux-là se nourrissent l’un l’autre. » Ce sont deux forces à la source des violences qui déchirent le monde : « La compétition généralisée et les structures hiérarchiques créent du chaos. »
Face à cette vision apocalyptique, il oppose une « contre-mythologie » : « L’entraide, la coopération, l’altruisme. Et aussi la régénération de tout ce qui est bottom-up, qui vient du bas. C’est urgent. »
C’est urgent parce que l’effondrement de la biodiversité, la consommation des ressources bien au-delà de leurs capacités de renouvellement et notre aveuglement nous emmène vers des catastrophes auxquelles nous devons faire face dès aujourd’hui et bien moins que demain.

Le Réseau des tempêtes : une utopie concrète
« Le Réseau des tempêtes, c’est d’abord une idée. Puis une association loi 1901. Et peut-être un mouvement, si on peut se permettre de rêver. » L’expression, Pablo Servigne l’emprunte à Joanna Macy, psychologue américaine et figure du « Travail qui relie ». « Elle disait que quand les tempêtes arriveraient, il faudrait éviter que les gens se tapent dessus. Moi, je crois que je suis là pour ça », confie Pablo Servigne à La Relève et La Peste.
Le Réseau des tempêtes promeut l’idée que face aux crises, ce sont les liens d’entraide qui sauvent. « Quand tu as passé quatre à six jours dans ces ateliers, tu te sens en lien avec des gens qui t’étaient inconnus quatre jours avant, et qui deviennent tes frères et sœurs. »
Cette densité de liens est telle que « si les tempêtes arrivent, on s’entraiderait. » La question est simple et très concrète : « Qui vas-tu aider au prix de ta vie et qui va t’aider, même au prix de la sienne ? Mon rêve est de déployer cette densité de liens dans la population. » Parce que c’est une question de survie.
En France, cependant, « on a une culture dans laquelle l’État a pris le monopole du lien social et a tout dézingué en-dessous. » Résultat : « Le seul lien social effervescent entre l’État et l’individu, c’est la famille. Et encore, elle est en train de se désagréger. »
L’individualisme qui s’accompagne de la peur de l’autre empêche le tissage de se faire. Or, pour résister à la verticalité de la violence du système, une solution efficace consiste à tisser des réseaux horizontaux d’entraide. Ces réseaux sont constitués de liens faibles et de liens forts pour un ensemble résistant.

Des liens indissolubles dans la difficulté
« Aujourd’hui, le grand enjeu, c’est de faire du lien. Il faut cartographier le type de liens parce que c’est devenu un mot-valise. Ma boussole, c’est faire du lien qui reste même quand l’électricité disparaît, même quand l’État disparaît ou quand l’espoir disparaît. »
Pour Pablo, il existe deux types de liens complémentaires. Les liens forts sont familiaux, amicaux, ils sont définis par l’inconditionnalité et la réciprocité. Les liens faibles sont les relations affinitaires, de voisinage, ceux qui sont assortis d’une condition.
Bien entendu les liens peuvent se transformer de faible en fort. La solidité du tissage relationnel est la condition de la résistance aux chocs et de la résilience face à la catastrophe, donc de la survie.
Face à l’épidémie de solitude, l’OMS tire la sonnette d’alarme. La solitude est à l’origine de 871 000 décès par an dans le monde. Pour Pablo, notre avenir exige de « retrouver la notion de village, de communauté. En France, on n’a pas envie de se rencontrer. Il faut changer ça. »
Et de constater à quel point « on a besoin de tendresse, de câlins, d’ocytocine, de regard. On a besoin de se voir, de se toucher. » Il faut se retrouver, se rapprocher, partager tristesse et joie autour « des naissances, des deuils. Les émotions partagées, c’est ce qui soude les communautés humaines depuis la nuit des temps. »
Mais force est de constater qu’on « est analphabète émotionnellement. On est tous décontenancés dès qu’il y a une émotion un peu intense. Il faut s’entraîner à faire face à la peur, à la colère, à la tristesse. »
Comme le souligne aussi Éric La Blanche dans son livre « Osons la colère, éloge d’une émotion interdite par temps de crise planétaire », il est aussi fondamental de ne pas confondre émotion et ressenti, le second empêchant une conduite de la colère vers l’action.
« La boussole est simple : si tu perds des amis, des liens, ta famille, tu es dans la mauvaise direction. »

La collapsologie : du survivalisme à l’entraide
En 2015, Pablo Servigne publie Comment tout peut s’effondrer, un livre qui marque les esprits et bouleverse une génération. Pour certains, ce livre a été vecteur de mouvement, d’autres ont choisi le repli, le survivalisme face à la peur.
« Le survivalisme est une pathologie de la peur. C’est une idéologie du bunker, du repli sur soi. » Le survivalisme est la fin des liens.
« Souvent, les survivalistes font un burn-out au bout d’un an. Ils se rendent compte que l’autonomie tout seul, ce n’est pas possible. » Pour Pablo, la vraie résilience passe par le collectif.
« Un survivaliste est tapi en chacun de nous. C’est normal de vouloir sauver sa peau, sa famille. Mais il ne faut pas en faire une idéologie. » Et, il ne faut pas non plus en faire un mode de vie.
« La peur met en mouvement, mais si elle provoque le repli, cela devient toxique. » Face à la catastrophe annoncée, « la clé est de faire du lien social. Les catastrophes font émerger l’entraide. La qualité du lien social avant les crises est fondamentale pour les traverser. »
D’où pour Pablo, la nécessité de « jouer aux catastrophes », de s’entraîner, de créer des jeux de rôle, des serious games, pour « apprivoiser la peur » et « agrandir sa fenêtre de liberté ».
La tendresse plutôt que la compétition
« Aujourd’hui, le monde meurt à cause de la compétition généralisée et des structures hiérarchiques. » Pablo n’y va pas par quatre chemins : « C’est un crime contre l’humanité d’apprendre à des milliers de jeunes qui entrent en écoles de commerce, la loi du plus fort, la peur de l’autre, et que leur avenir, c’est la compétition. »
« La compétition, c’est de la violence horizontale. La hiérarchie, c’est de la violence verticale. Les deux se conjuguent dans ce qu’on appelle la montée des fascismes. » Face à cela, « il faut changer la culture. Arrêter avec la compétitivité, tous ces trucs qui nous font chier.
Ce qui est dangereux, ce n’est pas la nature humaine, c’est la culture occidentale. On a construit une société fondée sur les liens économiques, ces liens qui sidèrent et nient les liens qui libèrent. On est nul en tendresse, en bisous, en soin. Or, c’est la tendresse qui va sauver le monde. »
Pablo propose un cocktail de joie, de tendresse pour apprivoiser la peur. Et les scientifiques valident l’idée après avoir étudié les grandes catastrophes comme les tsunamis, tremblements de terre, inondations, éruptions volcaniques…
« Quand la catastrophe arrive, les gens cherchent du lien. Ils ne pillent pas, ne tuent pas. Ils s’aident. »
Contrairement à ce que nous racontent souvent les films hollywoodiens, les humains ne s’entretuent pas lorsque la mort est là. Ils cherchent l’autre et coopèrent. Et c’est alors que la recherche de performance disparaît dans l’urgence et que surgit l’efficacité, la vraie, souple et intelligente.
« On a 4 milliards d’années d’évolution pour nous le rappeler : la compétition non cadrée tue tout. La résilience repose sur l’adaptation et la diversité. »
L’entraide comme acte politique
« L’entraide est un mot général qui désigne toutes les manières qu’ont les êtres vivants de s’associer. » Mais pour Pablo, « c’est aussi un pilier de l’anarchisme. Une force horizontale, convergente, qui réunit les gens pour traverser l’adversité. L’entraide est politique parce que c’est une force qui s’oppose à la verticalité des systèmes de domination. La charité est verticale. L’entraide est horizontale. Quand Macron aide, c’est du haut de son mépris. L’entraide se fait entre pairs. »
« Les super-riches s’entraident pour se trouver des bunkers, pour se co-financer. » Comme le dit Monique Pinçon-Charlot, sociologue, « Si nous étions capables du même niveau d’entraide que les plus riches, nous serions inarrêtables. » Car l’entraide est à la fois un facteur de survie et un facteur d’évolution.
« Je lance un appel. Je ne suis pas sûr de moi. C’est une intuition. J’ai envie qu’on co-construise tous ensemble. » Pablo ne veux plus être l’homme blanc scientifique qui dit aux gens ce qu’il faut faire. « J’ai une intuition que j’ai envie de transmettre, mais aucune envie de la porter seul. Merci à celles et ceux qui répondront à cet appel. »
« On est en train de vivre une catastrophe. Mais ceux qui survivront, ce sont ceux qui se seront entraînés à avoir peur, à l’entraide et auront constitué leur réseau des tempêtes. Les individualistes, les méfiants, ceux qui s’isolent mourront les premiers. C’est contre-intuitif, mais cela marche.»
« Alors, on se bouge ? »
Un autre monde est possible. Tout comme vivre en harmonie avec le reste du Vivant. Notre équipe de journalistes œuvre partout en France et en Europe pour mettre en lumière celles et ceux qui incarnent leur utopie. Nous vous offrons au quotidien des articles en accès libre car nous estimons que l’information doit être gratuite à tou.te.s. Si vous souhaitez nous soutenir, la vente de nos livres financent notre liberté.
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Vidéo : les expériences mystiques
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/10/2025
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Une vidéo que je trouve intéressante quant aux différents phénomènes inhérents à l'expérience mystique.
L'expérience mystique scinde notre histoire personnelle entre un avant et un après.
On y trouve des caractéristiques reconnues par toutes les personnes confrontées à cette expérience.
1) l'ambivalence des sentiments, l'alternance entre la peur et la joie devant l'inconnu.
2) la mort de l'égo, le sentiment du Moi s'efface.
3) l'union "cosmique", la communion avec un grand Tout qui nous submerge, nous envahit, nous transforme.
4) la dilatation temporelle, on perd la notion du temps.
5) l'ineffabilité de l'expérience. Les mots sont impuissants pour décrire l'expérience mystique.
6) l'éphémérité de l'expérience. La conscience d'un vécu extraordinaire et de sa probable finitude emplit l'individu de sentiments opposés, la joie mais aussi la nostalgie, le bonheur et simultanément la crainte de sa chute.
7) un bien-être qui se diffuse dans notre quotidien malgré la perte de cette expérience par son aspect épisodique. L'individu a conscience d'avoir traversé une dimension dont il ignorait tout et qui laisse comme un sillage ineffaçable et qui ne sera jamais sectionné. Ce Tout est là et on peut le retrouver.
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Un sol vivant
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/10/2025
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« C’est la plante qui façonne le sol, et pas l’inverse »
https://lareleveetlapeste.fr/cest-la-plante-qui-faconne-le-sol-et-pas-linverse/
Véronique Chable plaide pour « une science holistique, qui étudie les écosystèmes dans leur globalité plutôt que de les réduire à des équations chimiques ». Les résultats sont là : les aliments issus de l’agroécologie sont plus riches en nutriments, et les sols regagnent en fertilité.
Texte: Isabelle Vauconsant Photographie: Oleh Malshakov / iStock 15 octobre 2025
Véronique Chable, ingénieure de recherche et agronome, consacre sa carrière à la génétique végétale et à l’amélioration des plantes. Dans cet entretien, Véronique Chable révèle comment les plantes façonnent les sols, comment les semences paysannes redonnent vie aux écosystèmes, et pourquoi l’agroécologie est bien plus qu’une méthode de culture : c’est une philosophie de vie.
Le sol n’est pas un support inerte
Depuis 2005, Véronique Chable s’investit dans la recherche participative et l’agriculture biologique, en réponse à un besoin politique et écologique croissant. Son parcours accompagne la transition de l’agriculture industrielle, fondée sur l’homogénéisation et la chimie, vers une agriculture respectueuse des écosystèmes, où la plante et le sol entretiennent une relation symbiotique essentielle.
Le sol n’est pas un simple support inerte. Il est le fruit d’une coévolution entre la roche mère et les plantes. Véronique Chable explique que « les plantes pionnières, en colonisant la roche, la dégradent progressivement grâce à leurs racines et aux micro-organismes associés. Ces micro-organismes transforment la matière minérale en nutriments assimilables, créant ainsi un sol fertile.»
C’est un écosystème vivant. Chaque plante, en mourant, enrichit le sol en matière organique, favorisant la prolifération de bactéries et de champignons. Ces derniers, à leur tour, nourrissent les plantes suivantes.
« C’est un cercle vertueux, où chaque acteur joue un rôle précis ».
La rupture de l’agriculture chimique
L’agriculture industrielle a brisé ce cycle. « En sélectionnant des plantes homogènes et en les cultivant dans des conditions artificielles (serres, cultures in vitro), on a créé des variétés incapables de dialoguer avec les micro-organismes du sol ». Résultat : ces plantes, déconnectées de leur environnement, dépendent des engrais chimiques et des pesticides pour survivre.
Cette agriculture a une vision réductionniste qui considère le sol comme un simple réservoir de nutriments (azote, phosphore, potassium – NPK). Pourtant, comme le souligne Véronique Chable, « cette approche ignore la complexité du vivant. Les plantes ne se nourrissent pas seulement de NPK : elles ont besoin d’un écosystème microbien riche et diversifié. »

Véronique Chable – Crédit : Rennes Ville et Métropole
Les Semences Paysannes
Face à la standardisation des semences, Véronique Chable et ses collègues ont développé une recherche participative. En collaboration avec des paysans bio, ils ont réintroduit des variétés anciennes, adaptées aux terroirs locaux. « Ces semences, conservées dans des banques génétiques, sont souvent oubliées mais recèlent un potentiel énorme ».
Réadapter ces semences prend du temps. Il faut les multiplier, les observer, et comprendre leur comportement dans des conditions réelles. Mais les résultats sont probants : « en quelques années, les sols se régénèrent, et la biodiversité microbienne explose ».
Contrairement aux monocultures, les semences paysannes favorisent la diversité. Et, cette diversité est la clé de la résilience : « un sol riche en espèces végétales et microbiennes résiste mieux aux maladies, aux sécheresses et aux variations climatiques ».
Les agriculteurs bio qui cultivent des céréales associées à des légumineuses (comme le maïs, les haricots et les courges dans la milpa sud-américaine) observent une amélioration rapide de la qualité de leurs sols. Les adventices, autrefois considérées comme des « mauvaises herbes », sont aujourd’hui reconnues comme des indicatrices de la santé du sol.
Le microbiote végétal
Les plantes ne sont pas des entités isolées. Leurs racines abritent des millions de micro-organismes qui jouent un rôle crucial :
Digestion : Les bactéries et champignons décomposent la matière organique, libérant des nutriments.
Protection : Certains micro-organismes protègent les plantes contre les pathogènes.
Communication : Les plantes communiquent avec les micro-organismes via des signaux chimiques, créant un réseau d’échanges complexe.
« Comme le microbiote présent dans nos intestins ou sur notre peau, le microbiote du sol est indispensable à la santé des plantes. Sans lui, les plantes sont vulnérables et dépendantes des intrants chimiques. »

Lire aussi : « Il faut défendre les semences paysannes face aux nouveaux OGM »
L’impact de l’agriculture chimique
L’utilisation massive d’engrais et de pesticides a appauvri les sols. Les micro-organismes bénéfiques ont disparu, laissant place à des pathogènes résistants. Véronique Chable souligne que « cette dégradation n’est pas une fatalité » : en réintroduisant des semences paysannes et en arrêtant les intrants chimiques, les sols se régénèrent naturellement. C’est un changement de paradigme
Passer à l’agroécologie nécessite une transformation profonde :
Observer plutôt que prescrire : Les agriculteurs doivent apprendre à comprendre leur écosystème plutôt que d’appliquer des recettes standardisées.
Repenser les circuits alimentaires : Les consommateurs doivent accepter des produits moins uniformes et plus diversifiés, adaptés aux terroirs locaux.
Soutenir les paysans : La transition vers le bio est coûteuse et prend du temps. Les pouvoirs publics doivent accompagner les agriculteurs, notamment en subventionnant les pratiques agroécologiques plutôt que l’agriculture conventionnelle.
Véronique Chable s’agace : « Pensez-vous qu’il soit normal que ce soit aux bio de payer leur label quand on subventionne la chimie ? »
Un choix de civilisation
Véronique Chable insiste : « le choix entre agriculture industrielle et agroécologie est un choix de civilisation. Il s’agit de décider si nous voulons être des consommateurs passifs ou des acteurs conscients de notre environnement. C’est aussi un choix d’avenir, voulons-nous manger jusqu’à en être malade ou bien faire de notre alimentation notre meilleur médicament. »
Elle appelle à l’action : Chaque achat alimentaire est un vote. « En soutenant les producteurs locaux et bio, les consommateurs contribuent à la régénération des sols et à la préservation de la biodiversité. »
Malgré le peu de chercheurs travaillant sur les semences paysannes (moins de cinq en France, une trentaine en Europe), le mouvement est mondial. Des associations comme Réseau Semences Paysannes et sa coordination internationale “Libérons la Diversité” fédèrent des paysans, des chercheurs et des citoyens autour d’un objectif commun : retrouver une agriculture respectueuse du vivant.
Véronique Chable plaide pour « une science holistique, qui étudie les écosystèmes dans leur globalité plutôt que de les réduire à des équations chimiques ». Les résultats sont là : les aliments issus de l’agroécologie sont plus riches en nutriments, et les sols regagnent en fertilité.
Pour les acteurs du réseau, les semences paysannes ne sont pas une nostalgie du passé. Elles sont une solution d’avenir fondée sur un corpus scientifique très sérieux. Elles permettent de concilier production alimentaire et respect de l’environnement, tout en redonnant aux paysans leur autonomie.
Comme le dit Véronique Chable, « il ne s’agit pas seulement de produire, mais de faire société ». En choisissant l’agroécologie, nous choisissons un monde où l’humain et la nature coexistent en harmonie.
Un autre monde est possible. Tout comme vivre en harmonie avec le reste du Vivant. Notre équipe de journalistes œuvre partout en France et en Europe pour mettre en lumière celles et ceux qui incarnent leur utopie. Nous vous offrons au quotidien des articles en accès libre car nous estimons que l’information doit être gratuite à tou.te.s. Si vous souhaitez nous soutenir, la vente de nos livres financent notre liberté.
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L'exploration du sentiment océanique.
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/10/2025
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Depuis plusieurs jours, je lis et relis une étude (un mémoire) réalisée par Dagmar Bonnault sur "le sentiment océanique" à travers l'oeuvre de Pierre Hadot, un terme utilisé la première fois par l'écrivain et philosophe Romain Rolland.
Wikipedia : Le sentiment océanique est une notion qui se rapporte à l'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers (ou avec ce qui est « plus grand que soi »). Ce sentiment peut être lié à la sensation d'éternité[1]. Cette notion a été formulée par Romain Rolland et est issue de l'influence de Spinoza.
Ce que je retire principalement de cette étude, c'est que nous, en tant qu'individu, nous existons dans un état de conscience endormie, c'est à dire une absence au regard du Réel, de cette perception intégrale de notre insertion dans la vie, non pas dans l'existence mais dans le phénomène vivant et je suis convaincu depuis bien longtemps déjà que la suprématie destructrice de l'humanité est le résultat de cette construction d'une réalité, c'est à dire l'idée commune que nous avons de notre place dans le monde, le maître ordonnateur, possédant le droit de vie ou de mort, alors que nous n'aurions jamais dû nous extraire du réel, c'est à dire de l'unité, l'osmose, la fusion et donc de l'humilité, le respect, l'empathie, envers l'intégralité du vivant.
Le "sentiment océanique" survient lorsque cette conscience endormie explose, lorsque les murailles s'écroulent, que les conditionnements sociétaux, éducatifs, familiaux, historiques sont balayés par un phénomène que nous ne déclenchons aucunement volontairement mais qui s'impose à nous.
Il n'existe pas de méthode et n'importe qui peut être atteint. Beaucoup rejetteront malheureusement le phénomène, par peur, parce qu'il est beaucoup trop perturbant, parce que l'idée de la folie s'impose alors que c'est bien au contraire la destruction du cadre quotidien de la folie qui survient. Car nous sommes bel et bien fous de ne pas être conscients, continuellement, de cette extraordinaire merveille de la vie, fous de considérer que nos formes d'existences sont la norme et que rien d'autre n'importe.
Je suis toujours sidéré et attristé de voir que les individus qui ont basculé hors de ce cadre limitant de la conscience endormie sont perçus comme des "illuminés", voire des déglingués, des fous, et tous ces termes issus de cette population "normale" qui ne peut voir les existences déformatées autrement que par le filtre étroit de leurs certitudes. Alors que ces certitudes ne sont que des conditionnements issus de la société matérialiste.
La société occidentale est matérialiste et inévitablement ses valeurs vont à l'opposé de toute idée et de toute expérience menant à un état de conscience éveillée. Pour la simple raison que les individus éveillés par cet état d'unité n'ont aucunement besoin de la société matérialiste, dans ses outrages et ses exagérations et que la "simplicité volontaire" guide leurs existences. Et que la simplicité volontaire est contraire à l'idée de croissance si chère à toute société matérialiste.

Dagmar BONNAULT – M2 Philosophie – UFR10 - 2015/2016 21
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01427038/document
Il est possible d’en déduire que ce « sentiment » ou cette « sensation » océanique se situe à
l’intersection du corps et de l’esprit, que les deux y sont mis en jeu. Les hésitations
de Rolland quant au choix des termes les plus adéquats pour traduire son expérience
sont aussi le signe d’une certaine difficulté pour décrire ce sentiment. Il n’est pas
quelque chose que l’on peut exprimer clairement simplement. Il est difficile de
l’exprimer par des mots et cela révèle donc déjà une dimension importante du
sentiment dont il parle, celle de la difficulté qu’il y a justement à en parler.En somme, ce sentiment océanique correspond aux quatre caractéristiques que William
James attribue à l’expérience mystique21 : il est de nature instable, c’est-à-dire qu’il
n’est pas un état durable, et il ne peut pas non plus être convoqué à volonté ; le sujet
est passif dans l’expérience, elle s’impose à lui ; il a un caractère intuitif : il semble
à celui qui l’éprouve être une forme de connaissance d’un type nouveau mais
extrêmement forte, c’est comme si le voile de l’habitude se déchirait brièvement ;
et enfin : il est difficile d’en parler.Je suis vraiment heureux d'avoir trouvé l'intégralité de cette étude (103 pages) car elle éclaire, sur le plan philosophique, chacun de mes romans. Alors que je ne connaissais aucunement ces écrits sur le "sentiment océanique" ou sur la mystique sauvage dont j'ai parlé précédemment, j'ai réalisé au fil du temps que mes propres expériences et que mes tentatives de les partager relevaient de phénomènes connus, étudiés, analysés, partagés, commentés depuis des décennies et que la singularité de ces phénomènes induisait une difficulté certaine de transmission orale tout autant qu'écrite. Et qu'il s'agissait donc pour moi d'un défi littéraire.
Comment traduire le plus clairement possible ce qui relève de l'inconnu et comment ne pas dénaturer cet inconnu que certains et certaines ont pourtant traversé ?
Si je reprends chacun de mes huit romans publiés, ils portent tous, à leur manière, selon les circonstances, l'exploration du sentiment océanique.

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La mystique sauvage
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2025
- 0 commentaire
De retour à la maison, j'ouvre le manager de mon blog et je vois que le dernier article, "Ce sentiment océanique" a disparu.
Un mystère.
Je me souviens que j'avais mis des liens vers d'autres textes du blog mais je ne sais plus lesquels :)
Le sentiment océanique est parfois associé à la mystique sauvage. J'invite à lire l'ouvrage de Michel HULIN
EAN : 9782130571155
368 pages
Presses Universitaires de France (15/08/2008)Résumé :
"Le problème posé par la mystique sauvage est avant tout d'ordre culturel et historique... Il refait surface dès que les codes se brouillent et perdent de leur efficacité. C'est ce qui se produit dans toutes les périodes de transition historique et de crise religieuse... Il y a là comme un défi à la pensée philosophique et religieuse."
Publié en 1993 dans la collection Perspectives critiques, cet ouvrage relate de nombreuses expériences, "visions des choses d'en haut" ou "contemplation des idées pures" et autres phénomènes divers, dont certains sont reconnus et théorisés par les principales orthodoxies religieuses. L'originalité de cette approche est de s'en tenir aux phénomènes de caractère a-théologique, évitant ainsi de les confiner dans le ghetto du religieux. A partir de ces divers témoignages, la réflexion philosophique s'efforce ici de montrer comment l'expérience mystique peut dévoiler quelque chose de l'absolu, alors même qu'elle possède une frontière commune avec la folie.
(4e de couverture)Cette mystique sauvage ou ce sentiment océanique, ce que personnellement, j'appelle "le sentiment d'être", j'ai souvent tenté de le transcrire dans mes romans. C'est un état de conscience modifiée, une "zone", une dimension spirituelle. Aucune connotation religieuse. On est ici, hors cadre, hors structure, hors dogme, hors référence.
il faut comprendre le mot « être » non pas comme une abstraction verbale, comme un verbe auxiliaire, mais comme la quintessence du sentiment d’exister ou plus profondément encore d'être en lien avec la vie. Je le vois comme un détachement de l'existence pour une fusion avec le phénomène de la vie. Et c'est bien autre chose qu'une joie, une jubilation ou de l'euphorie. Il est d'ailleurs particulièrement délicat de le décrire car dès lors qu'on doit faire appel à son mental pour l'usage réfléchi des mots, on en perd la richesse.
"L'émotion la plus magnifique et la plus profonde que nous puissions éprouver est la sensation mystique. Là est le germe de toute science véritable. Celui à qui cette émotion est étrangère, qui ne sait plus être saisi d'admiration ni éperdu d'extase est un homme mort."
Albert Einstein
Quelques anciens articles :
"Cet étrange sentiment de transcendance"
Romans :
JUSQU'AU BOUT : La conscience.
LA-HAUT : Plénitude de l'unité
KUNDALINI : La Présence et la Grâce
