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Coupes rases.
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2025
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Depuis quatre ans qu'on est là, on n'a jamais vu autant de coupes rases. On marche beaucoup, on court dans les bois, on roule à VTT et à vélo de route. Il n'y a pas une sortie où on tombe sur des zones ravagées. Ne pas entendre un concert de tronçonneuses, c'est devenu rare. A croire que tous les "exploitants" forestiers du pays sont ici.
Demain, on part, on a vendu la maison. On change de région. Ici, dans dix ans, il n'y aura plus de forêts, de vraies grandes et riches forêts. Il n'y a aura que des plantations de résineux.
On recommence tout à zéro. On laisse 350 m² de potager, une mare et plus de deux-cents plantations.
"C’est pas de la gestion forestière, c’est du pillage" : en Creuse, l'association Canopée dénonce les coupes rases
Ce mardi, l’association Canopée est passée par la Creuse et les coupes rases qui sévissent à Châtelus-le-Marcheix et laissent les habitants dans un profond désarroi.
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Par Julie Ho Hoa
Publié le 25 mars 2025 à 20h16 •
A Châtelus-le-Marcheix, dans l'ouest de la Creuse, plusieurs coupes rases ont défiguré le paysage. Le même constat est fait dans le reste du département. © BARLIER Bruno
« Ça me donne envie de pleurer, franchement. » Régine Foltzer n’ose même pas se retourner vers la coupe rase qu’elle est venue dénoncer. Un pan de massif épluché à perte de vue, des sols retournés jusqu’aux rives du Thaurion qui coule en contrebas. Pas loin d’une dizaine d’hectares d’une forêt de feuillus coupée à blanc sur des parcelles appartenant « à un groupement forestier, des gens qui n’habitent même pas là ».
@Bruno Barlier
Les premières coupes ont eu lieu il y a un an et depuis « ça s’amplifie. Dans tous les coins de la commune et partout autour, partout sur la Creuse », constate cette habitante de Châtelus-le-Marcheix et ancienne adjointe. Elle a profité du passage en Creuse du chargé de campagne forêts françaises de Canopée, Bruno Doucet, pour organiser un rassemblement sur cette coupe rase « d’une ampleur impressionnante ».
Une forêt entière de feuillus destinée au chauffage et au papier
En longeant les grumes de chênes et de hêtres de bons diamètres, on croise les estampilles « CBB » (pour Comptoir des bois de Brive, filiale de découpe de Sylvamo), « tritu » (pour trituration c’est-à-dire broyage) ou encore « chauffage ». Ce bois est sans doute destiné, en grande partie, à l’usine papetière de Saillat-sur-Vienne (Haute-Vienne), une autre partie à faire des plaquettes ou des granulés.
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@ Bruno Barlier
@ Bruno Barlier
« J’ai vu qu’il y avait un petit peu de hêtres, beaucoup de chênes, quelques résineux aussi plus bas. C’était une forêt qui était mélangée, qui est venue naturellement il y a peut-être 60-80 ans. Donc c’est le genre de forêt que l’on peut tout à fait améliorer, sans la détruire, avec d’autres pratiques sylvicoles », explique Bruno Doucet.
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Châtelus-le-MarcheixEconomieEnvironnement
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L'ouragan Rachid
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2025
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Humour ^^
C'est très bien interprété et les dialogues sont ciselés.
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L'individuation : Carl Gustav JUNG
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/03/2025
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Je m'intéresse beaucoup au peuple Kogis et eux ne disent pas qu'il s'agit de devenir "adultes" mais de devenir "des êtres humains" quand nous ne sommes pour l'instant que des hommes et des femmes. Ils nous appellent d'ailleurs "les petits frères" ce qui sous-entend comme Jung que nous devons grandir.
« S’il répugne à ce point à devenir conscient du problème, c’est que cela exigerait de mettre en cause cette image de la Terre inépuisable et de “s’expliquer” avec un des archétypes les plus puissants qui soient, celui de la Mère. […] Alors, nous devons nous assumer, seuls, être réellement conscients, adultes. »
— Carl Gustav Jung, La voie des profondeurs
Ecole Jungienne de Psychanalyse Animiste - EJPA
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Devenir adulte : pourquoi l’individuation est devenue une urgence planétaire
Il est des mots qu’on relègue, trop vite, aux marges de la pensée. Parce qu’ils semblent appartenir à une époque plus lente, ou à des sphères plus intimes. Le mot individuation fait partie de ceux-là. Long, peu sonore, presque austère, il ne séduit pas d’emblée. Il ne fait pas frémir les foules. Il n’a rien d’un mot à la mode. Il parle d’un travail intérieur, patient, profond — tout ce que notre monde, saturé de bruit et de vitesse, apprend à fuir.
Et pourtant, c’est peut-être l’un des mots les plus essentiels de notre temps.
Carl Gustav Jung l’écrivait déjà avec force : l’individuation n’est pas un luxe réservé aux « belles âmes », ni un privilège d’initiés. Ce n’est pas une coquetterie psychologique, ni une quête réservée à ceux qui ont « du temps pour eux ».
C’est une nécessité vitale.
Vitale pour l’individu, bien sûr, qui a besoin de devenir un être entier, en lien avec ce qu’il porte d’unique et de profond. Mais vitale aussi pour le monde.
Car sans êtres individués, aucune évolution véritable n’est possible.
On voudrait croire encore que les solutions viendront d’en haut : des décisions politiques, de la science, d’une technologie salvatrice. On voudrait croire qu’un jour, le monde se réveillera, comme par enchantement, unifié, solidaire, raisonnable.
Mais cette croyance est une illusion dangereuse. Elle nous dispense de la transformation à faire en nous.
Le réel, lui, ne cesse de nous alerter.
Les signes sont là : l’épuisement des ressources, la disparition des espèces, les dérèglements climatiques. Un monde qui s’effondre lentement, et un autre qui peine à naître.
Nous le savons — et pourtant nous agissons comme si nous ne savions pas.
C’est là que le regard de Jung devient éclairant. Il ne s’arrête pas aux comportements, ni aux discours. Il va chercher la racine inconsciente, celle qui anime secrètement notre rapport au monde.
Et ce qu’il pointe, c’est un archétype non intégré : celui de la Grande Mère — la Nature comme source inépuisable, comme matrice fertile et indulgente. Cet archétype est puissant, ancien, fondamental. Il a nourri l’imaginaire de l’humanité pendant des millénaires. Mais aujourd’hui, il est devenu piégeant.
Tant que nous projetons sur la Terre l’image d’une mère toute-puissante, qui pourvoit sans jamais faillir, nous restons dans une posture d’enfant.
Un enfant qui prend, sans penser aux conséquences. Un enfant qui exige, sans mesurer les limites.
C’est cela que l’individuation vient renverser.
Car s’individuer, ce n’est pas s’isoler. Ce n’est pas se retirer du monde dans une tour d’introspection.
C’est au contraire entrer dans une responsabilité vivante, c’est oser faire face à ce qui nous habite, et en tirer les fruits les plus clairs.
C’est quitter la dépendance à l’archétype maternel pour devenir un adulte psychique : capable de discernement, de choix, de fidélité à soi-même.
Ce n’est pas un chemin confortable. Il demande du courage. Il demande de traverser ses zones d’ombre, d’assumer ses contradictions, d’écouter ses rêves, ses peurs, ses intuitions.
Mais c’est le seul chemin qui rende le monde habitable autrement.
À ce titre, l’individuation n’est pas une option secondaire.
Elle est devenue, comme l’écrit Jung, « la condition sine qua non de la survie de l’espèce ».
Ce sont les êtres individués qui résistent aux propagandes, aux fanatismes, aux engourdissements de masse.
Ce sont eux qui tiennent debout quand tout vacille.
Ce sont eux, aussi, qui peuvent faire émerger des formes nouvelles de présence au monde — des formes qui ne soient plus fondées sur la prédation, mais sur la coopération, l’écoute, le respect du vivant.
Christiane Singer disait qu’il y a, au cœur de chacun, un lieu inviolable, un sanctuaire où « quelque chose ne meurt pas ».
C’est ce lieu-là que le travail d’individuation permet de rejoindre.
Et ce lieu, aujourd’hui, est notre ressource la plus précieuse.
Il ne s’agit pas de réparer la Terre comme on colmate une fuite. Il s’agit d’aimer autrement. D’entrer en relation avec le monde depuis un autre endroit.
Moins enfantin. Moins exigeant. Plus humble.
Plus libre, aussi.
Alors oui, il faut le redire, avec des mots simples mais graves :
notre époque a besoin de femmes et d’hommes qui acceptent de devenir adultes.
Non pas dans un sens moral ou civique, mais dans un sens symbolique, psychique, spirituel.
Des êtres reliés. Intérieurs. Lucides.
Non pas parfaits, mais engagés.
Capables de faire silence en eux, pour mieux entendre ce qui appelle, ce qui meurt, ce qui espère.
Le monde n’attend plus d’idées. Il attend des êtres.
Et l’individuation est peut-être le plus grand acte politique et poétique qu’il nous reste à accomplir.
« S’il répugne à ce point à devenir conscient du problème, c’est que cela exigerait de mettre en cause cette image de la Terre inépuisable et de “s’expliquer” avec un des archétypes les plus puissants qui soient, celui de la Mère. […] Alors, nous devons nous assumer, seuls, être réellement conscients, adultes. »
— Carl Gustav Jung, La voie des profondeurs
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JARWAL LE LUTIN : sur la peur
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/03/2025
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Puisque la peur est un sujet récurrent et que ça n'est pas prêt de se calmer, il reste toujours la possibilité de lire ce qu'en dit Jarwal: )
"Ils avancèrent avec les mêmes précautions, les sens aux aguets, suspendus au silence oppressant. Ils débouchèrent soudainement au bord d’un puits opaque. Un gouffre de ténèbres. Jarwal pointa son doigt vers le fond et n’aperçut qu’un vide insondable dans les rougeurs coulantes.
« Sept mètres de large, précisa Maïeul. Mais pour le fond, je ne sais pas. Déjà huit mètres pour ce que ton doigt éclaire Jarwal.
-Merci pour ces mesures, Maïeul. »
Jarwal plongea une main dans sa besace et en sortit un petit sac noué par un lacet. Il le libéra et fit couler dans sa main une poignée de graines.
« L’occasion rêvée pour vérifier une de mes préparations. On peut supposer qu’au fond de ce trou, il y aura un peu de terre. Ça devrait suffire. »
Il demanda aux enfants de reculer de quelques pas.
« Les incantations sont puissantes et il est préférable de ne pas être dans leur champ immédiat. »
Le lutin se dressa au bord du gouffre. Il tendit la main portant les graines.
« Helichryse, Gaulthérie, Lentisque, Ravintsara, Callophylum, Rejoignez les forces de la Terre et venez-nous en aide. »
Jarwal vida le précieux chapelet. Personne n’entendit les graines atteindre le fond. Le lutin rejoignit ses compagnons. Ils perçurent alors quelques grattements, comme des rongeurs œuvrant à une mission d’exploration, des fouilles minutieuses puis des craquements de tiges, comme des croissances vives, des entrelacs de lianes, des racines fouissant l’humus, des frondaisons fracassantes.
Jarwal tendit le doigt pour éclairer l’espace circulaire et les enfants virent apparaître dans une arabesque frénétique des lacis de feuillages entremêlés, des réseaux de branches grossissant à vue d’œil, s’embrassant comme une foule bigarrée et joyeuse, un mélange hirsute dansant des farandoles endiablées, dénouant des tiges comme des pollens de pissenlit dans la brise, une sarabande passionnée, des étreintes enflammées de ramures colorées.
Le lutin attendit que les croissances se calment, que les branches s’épaississent au seuil du trou, que les arborescences fusionnent jusqu’au-dessus de leurs têtes et il invita ses amis à le suivre. Il s’engagea en équilibre sur les branches croisées et tendit la main.
Adeline, aidée par sa vision nocturne, s’élança la première. Hoel aida Florie à saisir un bois épais et tous les autres enfants suivirent le même itinéraire.
Arrivés au centre du puits, les pieds et les mains œuvrant à l’avancée, les corps cheminant ardemment dans le fouillis végétal, dominant les noirceurs sinistres, quelques murmures s’éveillèrent, des échanges de craintes dans le chambardement inextricable qui gênait la progression.
« J’ai vu quelque chose qui rampait.
-Moi aussi, je crois bien, mais ça sautait plutôt.
-Et moi, ça grimpait vers nous. »
Les regards affairés vers les profondeurs ténébreuses.
« Là, un serpent ! cria Adeline.
-Là, des rats ! ajouta Maïeul, soixante-douze exactement !
-Moi, je vois des scarabées, quelle horreur ! cria Thibaud. Ah ! je hais les scarabées ! Vite, vite, il faut sortir de là ! »
Jarwal, occupé à trouver un passage praticable, n’avait pas la possibilité de regarder précisément et il s’efforçait d’entraîner derrière lui les enfants paniqués. Il atteignit le bord opposé et scruta les abysses encombrés. Les branches grouillaient de bêtes, serpents, araignées, scarabées, rats, rongeurs de toutes sortes, un mélange hétéroclite et incompréhensible qui montait inexorablement. Hoel s’activait de son mieux pour sortir ses compagnons du puits.
« Il n’y a rien, les enfants, ce sont vos peurs ! Vous faites apparaître ce que vous redoutez, reprenez-vous ! »
Florie s’extirpa des lacis et se dressa immédiatement devant le puits. Les enfants passèrent un à un dans son dos et reculèrent dans l’ombre.
« Vous n’êtes pas les bienvenus, chers amis, lança la petite fille en s’adressant aux ribambelles d’animaux grimpant vers eux. Vous n’avez rien à faire là. Excusez mes amis, ils se sont trompés. Je sais bien que vous n’êtes pas dangereux. Ce sont les peurs de mes amis qui vous énervent, vous n’y êtes pour rien. Pardonnez-leur, je vais leur expliquer, vous pouvez retourner chez vous, ils ne vous dérangeront plus. »
Les serpents, les rats, les légions de scarabées et d’araignées velues se figèrent sur place, comme saisis par les paroles. Les éclaireurs firent demi-tour et entraînèrent dans leur mouvement de repli l’ensemble des troupes. En quelques secondes, les branches furent vidées de toutes présences animales.
L’immobilité des plantes instaura le silence.
Florie rejoignit ses compagnons en souriant.
« Ils ne sont pas méchants, vous savez. Mais ça les met en colère quand on a peur d’eux, c’est comme s’ils ne pouvaient pas s’empêcher de faire comme on pense. Alors, ils font peur.
-Merci Florie, pour ton aide, ajouta Jarwal. Je suis exactement du même avis que toi. J’ajouterais même que le phénomène inverse est tout aussi vrai. Si on les aime, ils ne peuvent pas s’empêcher de nous aimer aussi. »
Les autres enfants écoutèrent attentivement.
« Ce sont nos pensées qui font tout ça ? demanda Thibaud.
-Ce sont elles qui créent la réalité à laquelle tu crois. C’est ça l’essentiel Thibaud. Et ta réalité n’est pas celle des autres. La réalité d’un scarabée pour Florie, c’est un remarquable insecte, solide, opiniâtre, persévérant, d’une force herculéenne pour sa taille. Ton regard n’est pas le sien et dès lors, ta réalité n’est pas la même. Pourtant, il y a une vérité identique, au plus profond, au cœur de cette vie de l’insecte, comme de tout ce qui existe. C’est l’énergie créatrice. C’est la seule réalité. Mais, c’est justement celle qu’on ne parvient pas tous à voir. C’est là tout le drame de la vie des humains.
-Et tu la vois cette énergie ? demanda Florie.
-Oui, chère enfant. Je suis un lutin. J’ai appris des choses différentes de vous. Nous n’avons pas les mêmes objectifs que les humains. Ce qui nous importe, c’est d’être au cœur de la vie comme elle est au cœur du nôtre. »
Le silence dans le petit groupe, comme une concentration des pensées, le saisissement de l’essentiel.
« Moi, je la vois cette énergie, » annonça une voix menue.
La seule enfant qui ne s’était pas encore présentée. Jarwal éclaira le doux visage, des yeux si pénétrants qu’il en fut troublé, un sourire énigmatique, comme une âme ancienne qui s’amusait de son enveloppe juvénile.
« Je m’appelle Ysaline.
-Que vois-tu, chère enfant ? demanda le lutin.
-Des bulles qui pétillent comme l’eau d’un torrent. Et le courant ne diminue jamais.
-Où vois-tu ces bulles Ysaline ?
-Partout. Dans toi, et les autres, et les branches, et les animaux, et les pierres, tout, partout. Elles pétillent tout le temps, elles virevoltent comme des flocons, c’est beau. »
Cette émotion en lui, Jarwal ne l’oublierait jamais. Il s’approcha et posa un baiser sur le front de la petite.
« Tu es un trésor Ysaline. »
L’enfant lança un rire cristallin.
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L'amnésie environnementale (2)
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/03/2025
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La suite d'un ancien article à retrouver ici : L'amnésie environnementale
L’amnésie environnementale, clé ignorée de la destruction du monde
https://reporterre.net/L-amnesie-environnementale-cle-ignoree-de-la-destruction-du-monde
Le climat se réchauffe, la biodiversité s’effondre, mais il est pourtant difficile de prendre conscience de l’ampleur de la crise environnementale. La raison ? Notre amnésie environnementale. Analyse d’un mécanisme psychologique essentiel mais ignoré.
En fermant les yeux, on pourrait presque avoir l’impression d’être à la campagne. À une dizaine de mètres de la route principale, on peut encore entendre quelques grillons chanter dans les herbes hautes qui ont survécu à l’asphalte. De rares chardons griffent les pieds des passants. Le passage d’un poids lourd ou le bruit strident d’un avion au décollage ramènent cependant rapidement les visiteurs de la zone d’aménagement concerté (ZAC) des Tulipes à la réalité. Située dans le Val-d’Oise, à quelques kilomètres de l’aéroport du Bourget, cette zone industrielle s’étend sur près de 80 hectares. D’immenses entrepôts grillagés s’y étalent à perte de vue, entrecoupés par de longues artères bétonnés. Seul le ballet des camions et des voitures brise la monotonie du lieu.
Il y a un demi-siècle, l’aspect de ce terrain, situé à cheval entre Gonesse et Bonneuil-en-France, était pourtant bien différent. Un habitant de la commune voisine de Villiers-le-Bel, âgé de 64 ans, se rappelle les « millions et millions de tulipes » qui y poussaient dans son enfance. Avant que ces champs ne soient recouverts de bureaux et de bâtiments logistiques, il allait souvent y cueillir des fleurs, ou jouer à attraper des musaraignes. Mireille et son mari, artisans traiteurs à Gonesse, se souviennent également avec émotion de cette époque. « C’était impressionnant, raconte Jacques. À mon arrivée en 1979, ça m’avait fait drôle de voir des tulipes partout. » Des plantations de fleurs sur lesquelles elle a été construite, la ZAC n’a gardé que le nom. En à peine deux générations, ces champs de tulipes ont complètement disparu de la mémoire collective des riverains. À Gonesse, la plupart des adultes ont seulement vaguement entendu parler de cette période. Les adolescents, quant à eux, expliquent « ne rien savoir » sur le passé agricole de la ZAC.
La ZAC des Tulipes, à Gonesse.
Cet oubli progressif de l’histoire environnementale des environs de Gonesse s’apparente à ce que le psychologue américain Peter H. Kahn nomme « l’amnésie environnementale », c’est-à-dire l’acclimatation des êtres humains, au fil des générations, à la dégradation de leur environnement. Au fur et à mesure que nos relations avec le vivant s’étiolent, nous l’intégrons de moins en moins dans notre cadre de référence. Nous finissons ainsi par considérer comme « normal » un état de dégradation environnemental avancé, explique Anne-Caroline Prévot, directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et biologiste de la conservation au Muséum national d’histoire naturelle. Le biologiste marin Daniel Pauly parle quant à lui de « syndrome de la référence changeante ». Il a forgé ce concept en 1995 après avoir remarqué que les chercheurs spécialistes de la pêche prenaient comme référence scientifique la taille et la composition du stock de poissons du début de leur carrière. « Chaque génération de chercheurs oubliait que cet état qu’elle considérait comme normal était déjà dégradé par rapport aux générations précédentes, ce qui avait comme conséquence d’empêcher une prise de conscience globale de l’érosion de la biodiversité marine », précise Anne-Caroline Prévot, directrice de recherche au CNRS.
La zone industrielle des Tulipes s’étend sur près de 80 hectares.
On cultivait des roses à Fontenay-aux-Roses, des pêches à Montreuil, des ananas dans les serres du château de Choisy-le-Roi…
En région parisienne, par exemple, un grand nombre de territoires fortement urbanisés étaient autrefois des hauts lieux de l’agriculture française. Au 18e siècle, explique Jan Synowiecki, historien et auteur d’une thèse sur l’histoire environnementale de Paris à l’époque moderne, « le paysage était majoritairement rural et alternait entre des espaces de céréaliculture, des villages, des pépinières et des jardins potagers ». On cultivait des roses à Fontenay-aux-Roses, des pêches à Montreuil, des ananas dans les serres du château de Choisy-le-Roi… « Les environs de Paris étaient remplis de pépinières. On y commercialisait des graines et du végétal de façon massive, qui approvisionnaient ensuite tout le royaume de France. » Les espaces de nature productive ont progressivement régressé à Paris et en proche banlieue tout au long du 19e siècle. Comme le rappelle Thomas Cormier, urbaniste à l’Institut Paris Région, l’urbanisation de la région parisienne, qui a commencé en 1920 et s’est fortement accélérée dans les années 1950, a progressivement eu raison de la majorité des espaces agricoles. Au fil du temps, ces derniers ont disparu de notre mémoire collective. Peu de Franciliens se rappellent que l’on pouvait autrefois chasser la bécassine dans le quartier du Marais, ou entendre des oiseaux chanter dans les champs de blé de la Butte-aux-Cailles. « Ces références font désormais partie du folklore, analyse Philippe J. Dubois, ornithologue et auteur de La grande amnésie écologique (éd. Delachaux et Niestlé, 2015). On finit par oublier que ces territoires étaient autrefois bien plus riches en biodiversité. »
Les murs à pêches à Montreuil (Île-de-France) au début du 20e siècle.
Cette amnésie tient avant tout au manque de transmission de notre mémoire environnementale, selon Philippe J. Dubois. Il évoque l’exemple d’un ingénieur agronome franc-comtois qu’il a rencontré au cours de ses recherches. Fils et petit-fils d’agriculteur, il ignorait tout de la fémeline, une race de vaches pourtant emblématique de la région, aujourd’hui disparue. Son grand-père, qui avait dû bien la connaître, n’en avait probablement jamais parlé à ses descendants. « En seulement deux générations, la fémeline avait totalement disparu de la mémoire collective », déplore-t-il. Selon lui, les individus ayant un contact intime avec le vivant sont parfois trop accablés par les changements qu’ils observent pour en parler à leurs enfants. Résultat : nous oublions peu à peu des éléments constitutifs de notre environnement, accélérant ainsi sans le vouloir sa dégradation.
On peut ne pas remarquer que les hirondelles que l’on voyait dans notre enfance ont disparu
L’amnésie environnementale n’est pas uniquement générationnelle : nous pouvons également en souffrir sur des échelles de temps beaucoup plus courtes, selon Philippe J. Dubois. En seulement quelques dizaines d’années, nous pouvons nous accommoder de la disparation de ce qui faisait notre environnement proche. Cela tient au fonctionnement de notre cerveau, selon le chercheur. « À l’image d’un ordinateur, notre cerveau fait continuellement des mises à jour de notre perception du monde en écrasant la version précédente. Si l’on n’est pas très attentif au vivant et à ses évolutions, on peut très vite oublier ce à quoi il ressemblait. »
Une zone industrielle a remplacé les champs de tulipes.
Si l’on n’a jamais vraiment prêté attention aux autres êtres vivants, par exemple, on peut ne pas remarquer que les hirondelles que l’on voyait dans notre enfance ont disparu, explique le chercheur. Le culte que notre société voue à l’immédiateté joue également contre notre mémoire : « Nous n’avons plus le temps de fixer notre attention sur des éléments qui montrent que les choses changent. On le voit avec le réchauffement climatique : les canicules sont toujours perçues comme exceptionnelles, alors qu’elles se multiplient depuis plusieurs années. »
Afin de lutter contre l’oubli, l’importance d’« entrer en expérience avec la nature »
L’amnésie environnementale a pourtant des conséquences « terrifiantes », selon les mots de Philippe J. Dubois. D’abord parce qu’elles nous rend indifférents à la dégradation de nos relations avec le vivant, et donc de notre qualité de vie, mais également parce qu’elle étouffe toute possibilité de changement, selon Anne-Caroline Prévot. « Si les communautés humaines ne pensent pas que la dégradation de l’environnement est importante car elles n’y font pas attention, il n’y a pas de raison que les politiques ou les institutions s’en chargent », explique-t-elle.
« L’éducation à l’environnement est primordiale. »
Afin de lutter contre cet oubli et ses effets délétères, la biologiste souligne l’importance de ce qu’elle appelle « entrer en expérience avec la nature » : « Il est important de prendre conscience de la relation que l’on a et que l’on a envie d’avoir avec la nature, d’en parler et de partager ses souvenirs. » « L’éducation à l’environnement est primordiale, ajoute Philippe J. Dubois. Elle devrait être une discipline à part entière, enseignée dès la maternelle. » Selon lui, renforcer l’éducation à l’environnement au sein des écoles pourrait permettre aux plus jeunes « d’ouvrir les yeux » sur le reste du vivant, et ainsi d’éviter qu’ils ne deviennent amnésiques. Accorder davantage d’importance à l’histoire de la biodiversité et de notre relation au monde est également essentiel, selon lui, « afin d’éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets ». Il ne s’agit pas uniquement, selon le chercheur, d’affubler les territoires dégradés de noms faisant allusion à leur passé, mais de conserver des traces concrètes de leur richesse environnementale. À la ZAC des Tulipes, par exemple, trop peu d’éléments permettent aux jeunes générations de se faire une idée de l’aspect historique de la région, et donc d’imaginer une alternative à ces alignements d’entrepôts sans âme : « Ce qu’il aurait fallu, c’est garder un petit bout de champ, qui aurait pu montrer qu’il s’agissait auparavant d’un lieu de culture de tulipes. »
Prendre conscience de notre amnésie environnementale et de la dégradation historique du vivant peut être difficile à vivre, prévient Philippe Dubois. Elle conduit souvent à éprouver de la solastalgie, c’est à dire le sentiment douloureux de se trouver dans un environnement qui n’est plus le sien. Cette expérience est pourtant essentielle, selon le chercheur. « C’est en ayant des connaissances sur le passé que l’on peut prendre des bonnes mesures, préserver ce qui est préservable et éviter l’effondrement du vivant. La nature est comme un tsunami : la grande vague destructrice est souvent précédée de petites vagues annonciatrices. Si l’on oublie notre passé environnemental, le réveil sera d’autant plus difficile. »
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Economie de guerre
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/03/2025
- 0 commentaire
Pour bien comprendre dans quoi nous sommes entrés.
Aux Forges de Tarbes, les commandes européennes dopent la fabrication d'obus
information fournie par AFP •17/03/2025 à 19:43
Un salarié fabrique des corps d'obus aux Forges de Tarbes, le 17 mars 2025 ( AFP / Ed JONES )
Les Forges de Tarbes, au bord de la liquidation en 2021, ploient sous les commandes, avec comme principal enjeu, augmenter la cadence de production des corps d'obus de 155 mm destinés à l'Ukraine et au réarmement des forces européennes.
A Tarbes, sur le site de la société française Europlasma qui y emploie 80 salariés, l'objectif est de doubler le volume de production. C'est le seul centre de production en France de ces corps creux, qui sont ensuite envoyés à la société KNDS (ex-Nexter) qui dote les obus de leur charge explosive.
"Nous sommes passés d'une production quasi à l'arrêt en 2022 à pas loin de 60.000 corps d'obus en 2024. En ce moment, notre rythme hebdomadaire est de 2.000 obus par semaine et on a l'ambition à la fin de l'année d'en produire 15.000 par mois", précise à l'AFP Jérôme Garnache-Creuillot, PDG d'Europlasma.
Les Russes, eux, produisent 50.000 obus par jour, observe-t-il à titre indicatif.
A Tarbes, Europlasma fabrique des obus de "155 mm standard Otan" et de "152 mm standard Pacte de Varsovie" pour des pays de l'est.
- Pas seulement en Ukraine -
La guerre en Ukraine depuis 2022 et les récents projets de réarmement européen invitent les industriels à redimensionner leur outil de production.
Des corps d'obus entreposés dans les "Forges de Tarbes" le 17 mars 2025 ( AFP / Ed JONES )
Les obus pour l'Ukraine représentent une part importante de la production, mais l'activité ne dépend pas seulement du conflit entre Moscou et Kiev. Europlasma fait savoir qu'un des derniers contrats signés l'a été avec la République tchèque, pour 50.000 corps d'obus, dont 31.000 à livrer en 2025.
La capacité des Forges de Tarbes pourra être poussée au maximum à 20.000 obus par jour, estime le PDG d'Europlasma. Ces projectiles sont utilisés par les canons français Caesar qui se sont imposés sur le champ de bataille ukrainien contre la Russie.
"L'idée c'est de produire aux Forges de Tarbes et demain, d'être en mesure de fabriquer des obus de gros calibre à Valdunes", dans le département du Nord, où Europlasma a racheté en 2024 le dernier fabricant français de roues de trains, en faillite.
L'entreprise est par ailleurs candidate à la reprise des Fonderies de Bretagne, sous-traitant du groupe automobile Renault implanté à Caudan (Morbihan), où elle envisage de produire chaque jour plus de 20.000 obus de moyen calibre (120 mm). "On pense que cela peut élargir la gamme de produits et capitaliser sur le modèle de l'industrie automobile", explique M. Garnache-Creuillot. "Avec le monde de l'auto, on a accès à des lignes de production automatisées, on change d'échelle. D'un point de vue stratégique, il y a un vrai enjeu".
- Main d'oeuvre rare -
Aujourd'hui, pour monter en puissance, les Forges de Tarbes se heurtent à des difficultés de recrutement et d'acquisition de machines-outils.
"On a du mal à trouver de la main d'oeuvre qualifiée ou très qualifiée, on manque de chaudronniers, de forgerons, de soudeurs", regrette le PDG d'Europlasma.
Pour les machines et les moules permettant de fabriquer les ogives, ce sont surtout les délais de livraison qui sont en cause, souvent doublés en ces temps de forte demande.
Depuis le début du conflit, la France a livré 30.000 obus de ce type à Kiev, et l'objectif pour 2025 est d'en livrer 80.000 unités, indiquait le ministère français des Armées en janvier.
"Il nous faut une augmentation très rapide des capacités de défense européennes. Et il nous la faut maintenant!" a lancé mardi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg.
L'Europe produit désormais près de deux millions d'obus par an, contre 300.000 à 400.000 avant la guerre en Ukraine, observe Léo Peria-Peigné, spécialiste de l'armement et de l'industrie de défense à l'Institut français des relations internationales (IFRI). "Il y a une volonté de montée en puissance qui est énorme. La demande est potentiellement forte, si on passe du discours aux actes, les besoins vont augmenter", estime le chercheur.
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Dévorer la terre
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/03/2025
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Le zircon est utilisé dans l'industrie nucléaire.
L'ilménite est utilisé en sidérurgie.
Le rutile est utilisé comme source de titane métallique avec une large gamme d'applications dans des industries telles que l'aérospatiale, l'automobile, l'électronique et les dispositifs médicaux.
Je donne ces précisions pour bien comprendre pour quelles raisons l'extractivisme ne sera jamais arrêté, quelles qu'en soient les conséquences.
Et si les habitants de cette région du Sénégal ne parviennent plus à produire les fruits et légumes traditionnels, ils iront les acheter en magasins. Et tous les marchands seront contents...
Et toujours cet argument de la création d'emplois et des retombées économiques. Je ne nie pas les besoins financiers de ce pays. Je précise juste que cet argument sera toujours prioritaire.
Un moratoire, "cela voudrait dire 2.000 personnes au chômage et l'arrêt des retombées économiques pour l'Etat du Sénégal: ce serait irresponsable alors que le pays a vraiment besoin de se développer", estime-t-il. Frédéric Zanklan, directeur de Eramet Grande Côte.
Au Sénégal, les machines géantes d'un groupe minier français avalent terres et désert
information fournie par AFP •17/03/2025 à 18:16
Vue aérienne de l'usine flottante et des installations de Eramet Grande côte (EGC), filiale du groupe minier français Eramet, exploitant une concession le sable minéralisé du désert de Lompoul, dans le nord du Sénégal, le 11 février 2025 ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Dans un vacarme assourdissant, la "plus grosse drague minière au monde" et la gigantesque usine flottante d'un groupe minier français fendent les dunes du singulier désert de Lompoul, au Sénégal, une vision digne du film "Dune".
Vingt-quatre heures sur 24, les deux machines géantes aspirent le précieux sable minéralisé des dunes de ce désert. Auparavant, elles ont avalé celui contenu dans des terres agricoles fertiles avoisinantes, qui produisent la majorité des légumes frais consommés au Sénégal.
La drague mobile se déplace avec l'usine flottante sur un bassin d'eau artificiel long d'un demi kilomètre, aspirant 7.000 tonnes par heure de sable brut et d'eau mélangés, une eau pompée à plus de 450 mètres de profondeur.
Cette mine colossale et itinérante du groupe minier français Eramet a causé depuis 2014 le déplacement de milliers d'habitants et paysans dans cette région agricole aux écosystèmes fragiles.
Elle a aussi engouffré des kilomètres de terres le long de la côte atlantique de ce pays - l'impressionnant tracé de l'avancée de la mine étant visible depuis l'espace.
C'est l'histoire d'"un désespoir et d'une désillusion qu'on a eu avec ce projet", lance à l'AFP Gora Gaye, 47 ans, maire de la communauté rurale de Diokoul Diawrigne, qui englobe le magnifique désert de Lompoul, l'un des plus petits au monde, un écosystème unique de dunes balayées par la brise de l'océan.
Vue de la plus grosse drague minière au monde utilisée par Eramet Grande Côte (EGC), filiale du groupe minier français Eramet, exploitant sur une concession de sable minéralisé des dunes du désert de Lompoul, dans le nord du Sénégal, le 11 février 2025 ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Cet atout d'écotourisme dans ce pays en partie sahélien est actuellement défiguré par la mine.
Depuis 2014, le groupe minier exploite ces dunes - utilisant la "plus grosse drague minière au monde" selon Eramet - pour en extraire les minéraux (zircon, ilménite, rutile et leucoxène), exportés à travers le monde pour le marché du bâtiment et ses dérivés, la métallurgie, la céramique.
Une équipe de l'AFP a eu un accès rare aux installations de la mine, composée de la drague, de l'usine flottante de séparation des sables minéralisés et non minéralisés, d'une autre usine séparant les différents minerais par tri magnétique et électrostatique, d'un tronçon de chemin de fer privé jusqu'au port de Dakar, de logements, bureaux, routes sillonnées de véhicules 4X4, dénotant avec le calme de cette région arpentée par les dromadaires, les vipères et les oiseaux marins.
Pendant des années, le sort des villageois déplacés et leur mobilisation dénonçant un accaparement des terres et un système de compensation "dérisoire" ont été peu écoutés, voire étouffés, à la faveur d'autorités locales et nationales complaisantes, dénoncent les détracteurs de la mine.
- Écosystème unique -
Mais la controverse a récemment pris une ampleur nationale quand la mine est entrée dans la zone du désert de Lompoul (nord).
Montage daté du 13 mars 2025 montrant une image satellite distribuée par Landsat USGS Data 2025, prise le 27 avril 2014 (g) et une image satellite distribuée par Copernicus Sentinal Data 2025 (d), prise le 7 mars 2025, montrant le tracé de la mine du groupe minier français Eramet ( LANDSAT USGS DATA 2025 / - )
Se joignant aux paysans, des élus locaux et entrepreneurs notamment dans le tourisme ont dénoncé vivement l'impact de ces activités.
Fin janvier, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye lui-même a fait des déclarations fortes en Conseil des ministres au sujet de l'industrie extractive. "L'exploitation des ressources minières dans plusieurs localités du pays ne participe pas activement au développement territorial et ne profite pas aux populations locales", a-t-il lancé.
Lors du Conseil du 12 mars, il a donné des directives à ses ministres sur la "transparence dans la gouvernance des ressources naturelles", leur demandant de "veiller à la gestion optimale des impacts environnementaux et sociaux de l'exploitation minière et pétrolière sur le bien-être des populations".
Se réclamant du souverainisme et élu en 2024 sur un agenda de rupture avec les pratiques du passé, le nouveau pouvoir au Sénégal est scruté sur d'éventuelles décisions concernant les activités d'EGC.
Vue aérienne de l'usine flottante reliée à la "plus grosse drague minière au monde" de Eramet Grande côte (EGC), filiale au Sénégal du groupe minier français Eramet, exploitant sur une concession le sable minéralisé du désert de Lompoul, dans le nord du Sénégal, le 11 février 2025 ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
C'est en 2004 que les autorités sénégalaises en place à l'époque ont accordé au groupe minier - détenu à 27% par l'Etat français et 4ème producteur mondial de zircon - cette concession pour y exploiter ce convoité sable minéralisé.
L'Etat du Sénégal détient 10% du capital de la filiale sénégalaise d'Eramet, Grande Côte Opérations (GCO), renommée depuis Eramet Grande Côte (EGC).
"La mine, elle avance; le sort des personnes quand la mine est passée ce n'est plus le problème" d'Eramet, estime Cheikh Yves Jacquemain, hôtelier franco-sénégalais et propriétaire d'un écolodge de tentes traditionnelles dans le désert.
A 150 mètres seulement de son campement, les deux machines tournent à plein régime. Parmi les sept sites d'hébergement touristique de Lompoul, six ont accepté le dédommagement de EGC ou une relocalisation. M. Jacquemain est toujours en négociation avec EGC pour obtenir des compensations financières "justes", pour lui et ses 40 employés.
Le groupe minier est accusé de "dégrader les dunes et les sols", de "menacer les ressources hydriques", ainsi que la sécurité alimentaire et les activités économiques.
Une habitante du village des "recasés" de Foth, le 11 février 2025, déplacée par l'exploitation minière menée dans le nord du Sénégal, sur une concession accordée par l'Etat sénagalais au groupe minier français Eramet ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Des communautés pointent une détérioration de leurs conditions de vie. L'une des récriminations est un système d'indemnisation jugé "dérisoire", basé sur un barème national datant des années 70 et qui ne valorise pas la terre agricole par rapport à la perte irrémédiable de revenus provenant de ces zones fertiles.
- "Entreprise responsable" -
EGC répond à l'AFP qu'en "entreprise responsable", le groupe indemnise les habitants "cinq fois plus" l'hectare nu que ce barème national, et qu'au total l'indemnisation moyenne est de 8 à 10 millions de FCFA l'hectare (entre 12.190 et 15.240 euros).
Cette infographie dotée d'une image satellite montre le tracé de l'exploitation minière dans le nord du Sénégal par Eramet Grande Côte (EGC), filiale du groupe minier français Eramet, et qui exploite depuis 2014 un précieux sable minéralisé dans cette zone aux écosystèmes fragiles. La mine exploite actuellement le sable des dunes de Lompoul, l'un des plus petits déserts au monde ( AFP / Sylvie HUSSON )
Le maire de Diokoul Diawrigne indique à l'AFP que lui et sa communauté ont rejeté en 2022 l'étude d'impact environnementale présentée par GCO lors d'une audience publique. Mais l'étude a malgré tout été validée au niveau ministériel à l'époque.
Reconnaissant qu'"au début" le projet minier avait suscité "un espoir" parmi la population, il n'a apporté, selon lui, que des "promesses non tenues, une destruction de notre écosystème, des intimidations, des déplacements de villages de manière catastrophique et un recul sur le plan du développement économique dans la zone des Niayes".
Les détracteurs de la mine s'inquiètent du bouleversement de cet écosystème d'une biodiversité rare, composé de cuvettes interdunaires, des oasis où les sols permettent une agriculture "qui a produit jusqu'à un passé récent 80% des légumes frais consommés au Sénégal".
Au fil des années, les habitants déplacés ont été relogés dans "quatre grands nouveaux villages" équipés de commodités, "un total de 586 maisons et des infrastructures communautaires (centre de santé, école, etc...) ont été construites à ce jour" par le groupe minier et 3.142 personnes sont concernées, indique EGC.
Réunis sur la place du village des "recasés" de Foth, à 120 km au nord de Dakar, un alignement de concessions en dur sur une zone dépourvue de végétation, Omar Keïta et une vingtaine d'autres chefs de familles déplacées ont visiblement besoin d'exprimer leur colère.
Vue aérienne du village de Foth, dans le nord du Sénégal, le 11 février 2025, construit par la société Eramet Grande Côte (EGC), filiale au Sénégal du groupe minier français Eramet, pour reloger les villageois déplacés dans cette région par l'exploitation minière menée par EGC depuis 2014 ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
"On veut retourner sur nos terres et que notre village soit reconstruit pour retrouver notre vie d'avant... Je lance un appel au président du Sénégal et même à la France!", s'exclame Omar, 32 ans, visage soucieux.
Il ose à peine montrer la chambre - "prêtée par son grand frère" - et la promiscuité où il vit "depuis six ans" avec sa femme et ses trois enfants: un lit, une commode, et un matelas pour lui par terre. Il déclare qu'on ne lui a pas attribué de maison.
Des affirmations que nie le directeur général de EGC, Frédéric Zanklan: "chaque famille est relogée selon l'état de la famille au moment du recensement", dit-il à l'AFP, ajoutant que si les familles s'agrandissent "ce n'est pas de leur fait".
- Appel au président -
Omar réplique qu'avant son déplacement, il "avait (ses) champs et (sa) maison". "On gagnait nos vies dignement mais GCO a remis ma vie à zéro, je dois tout reconstruire...".
"Le sol était fertile dans notre village, mais ici je suis même obligé d'aller travailler dans les champs d'autres personnes", indique-t-il.
Ibrahima Ba, agriculteur déplacé par l'exploitation minière menée dans le nord du Sénégal sur une concession accordée au groupe minier français Eramet, dans le village des "recasés" de Foth, le 11 février 2025, construit par Eramet Grande Côte (EGC) ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Dans la cour de sa concession, Ibrahima Ba, 60 ans, ne décolère pas non plus: "nous avons régressé dans tous les sens".
"Je suis toujours agriculteur. La différence est que dans mon village, le sol était très fertile, l'eau était douce, on n'avait aucun problème".
"Nous demandons au président Diomaye Faye et à son Premier ministre de venir en aide à la population de Foth et des Niayes; nous croyons qu'ils peuvent faire quelque chose parce que c'est un pays étranger qui veut détruire la vie des citoyens sénégalais", lâche-t-il.
Dans un entretien à l'AFP, M. Zanklan déclare que la société est "dans un cadre tout à fait légal" dans ses activités, qui "respectent la convention minière" signée avec le gouvernement.
"C'est un projet qui bénéficie au Sénégal", plaide-t-il. EGC affirme avoir "généré 149 millions d'euros de retombées économiques pour le Sénégal en 2023", et avoir versé "25 millions d'euros sous forme d'impôts, de taxes et de dividendes" sur un chiffre d'affaires de la société de 215 millions d'euros en 2023.
Il met en avant les "près de 2.000 personnes qui travaillent au niveau de la mine et des usines de séparation, dont 97% sont des Sénégalais, et 48% de ces travailleurs proviennent du bassin d'emploi local", affirme-t-il.
En 2023, l'Initiative pour la transparence dans l'industrie extractive (ITIE) a classé EGC comme 4ème contributeur minier au budget de l'Etat du Sénégal, souligne-t-il.
Une partie des installations de l'usine de séparation des minerais de Eramet Grande Côte (EGC), le 12 février 2025 à Diogo, au Sénégal ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
La société indique aussi être "la première entreprise minière à restituer les terres valorisées au Sénégal", après un processus de réhabilitation constaté par l'AFP sur une partie de la zone avec des essences d'arbres permettant une diversification des cultures.
Mais les communautés déplorent que les terres ne leur sont pas "rendues", mais remises à l'Etat sénégalais - la terre étant propriété de la Nation dans ce pays et les paysans qui l'exploitent en ayant l'usufruit.
- "Un moratoire" -
Dans la même région, arpentant un champ sans culture et montrant des mares brunâtres, Serigne Mar Sow déplore les "dégâts incommensurables" de la mine, selon lui.
L'eau pompée pour la drague est redéversée dans le bassin artificiel et s'infiltre vers la nappe phréatique superficielle. EGC assure ainsi que les activités maraîchères "en bénéficient".
"On cultivait ici des légumes et des bananes et vous voyez que toutes les plantes sont mortes, c'est à cause de cette eau qui inonde nos champs car la drague de GCO se trouve à 2,5 km d'ici", se désole pour sa part M. Sow. "Le sol n'est plus fertile".
Une partie des installations de l'usine flottante et de la "plus grosse drague minière au monde" de Eramet Grande Côte (EGC), le 12 février 2025, dans le nord du Sénégal ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Montrant des plants de manioc et des bananiers morts, il accuse cette eau redéversée de contenir des "produits chimiques".
"Il y a 15 à 20 parcelles qui ont été abandonnées à cause de cette eau qui remonte. Il y a une diminution drastique de nos espaces de récolte" et des emplois afférents.
De son côté, EGC affirme que le processus d'extraction "est purement mécanique" et qu'"aucun produit chimique n'est utilisé".
Aujourd'hui, le maire de Diokoul Diawrigne "demande à l'Etat de faire un moratoire, d'arrêter la mine pour un moment, et qu'on évalue via des études sérieuses l'ensemble des dégâts qui ont été causés et qui vont l'être, en comparaison à ce que cela a rapporté à l'Etat et aux communautés".
"Il ne faut pas qu'on ferme les yeux sur ce drame; quel que soit ce que le Sénégal gagne dans cette affaire, il faudra se tourner vers les communautés, voir ce qu'elles sont en train de vivre et les accompagner".
Frédéric Zanklan estime de son côté qu'il n'y a "pas besoin de moratoire". "S'il y a des inquiétudes, toute autorité peut venir voir par elle-même".
Il précise que le groupe espère augmenter la capacité d'absorption de la drague à 8.500 tonnes par heure à partir de 2026.
Frédéric Zanklan, directeur général de Eramet Grande Côte (EGC), filiale au Sénégal du groupe minier français Eramet, lors d'un entretien avec l'AFP, le 12 février 2025 sur le site de l'usine flottante et de la "plus grosse drague minière au monde", exploitant depuis 2014 le précieux sable minéralisé dans le nord du Sénégal ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Un moratoire, "cela voudrait dire 2.000 personnes au chômage et l'arrêt des retombées économiques pour l'Etat du Sénégal: ce serait irresponsable alors que le pays a vraiment besoin de se développer", estime-t-il.
En attendant, de jour comme de nuit, la drague continue à engouffrer les dunes de Lompoul avec fracas, loin de la quiétude passée du plus petit désert d'Afrique.
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Eliminer la pensée philosophique
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/03/2025
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Pensez-vous que ça soit anodin ? Qu'il n'y ait aucune intention cachée, autre que budgétaire ?
La tribune « Dire non à la disparition de la philosophie ! » est parue dans le quotidien Le Monde :
https://www.lemonde.fr/.../nous-n-acceptons-pas-que-des...
Les départements de philosophie des universités d’Amiens, de Créteil, de Lille, de Nanterre et de Paris-VIII ont tous récemment appris que les avis émis par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) concernant l’accréditation de leur licence et/ou de leur master étaient défavorables ou réservés.
Cela signifie que, si rien n’est fait, et si le ministère et les présidences des universités suivent cet avis du Hcéres, la quasi-totalité des diplômes nationaux de philosophie délivrés depuis des décennies par les universités situées sur le quart nord de la France auront disparu en septembre 2026.
La philosophie n’est pas la seule touchée : beaucoup d’autres disciplines, en général relevant des humanités (sociologie, arts, lettres, science politique, sciences de l’éducation, etc.), sont concernées par ces rapports sévères qui obéissent manifestement à des considérations budgétaires plutôt que de traduire des objectifs académiques. La philosophie l’est de manière tellement systématique que cela en est sidérant.
Les arguments avancés dans les différents rapports témoignent d’une mauvaise foi évidente et d’une ignorance complète des spécificités de cette discipline : décomptes erronés des étudiants ou des enseignants, description partielle et partiale des méthodes d’enseignement, insistance sur la nécessité d’une refonte des savoirs enseignés en « compétences », intimations à moins enseigner les exercices classiques de la discipline, injonctions contradictoires et rompant avec le principe de liberté pédagogique.
Par ailleurs, ces évaluations contreviennent à un principe fondamental de l’enseignement supérieur et de la recherche qui garantit la qualité pédagogique et scientifique des méthodes et des savoirs dispensés : l’évaluation par les pairs. Dans la plupart des comités Hcéres formés pour évaluer les licences et masters de philosophie ne figure aucun enseignant-chercheur de philosophie, voire de sciences humaines.
L’attaque est claire, politique, et extrêmement structurée. Elle vise, d’une part, des universités situées sur des territoires économiquement fragilisés, dont une grande partie des étudiants sont en grande précarité sociale, issus de milieux défavorisés, et n’ont souvent pas les moyens d’aller étudier dans d’autres universités : une telle attaque revient donc à remettre en cause la démocratisation du savoir et le principe de l’égalité des chances. Elle prend, d’autre part, pour cible privilégiée des disciplines qui ne correspondent pas aux attentes néolibérales d’une utilité et d’une rentabilité immédiates.
A l’ère des fake news, de la post-vérité et de la montée en puissance des technologies d’intelligence artificielle, la jeunesse a plus que jamais besoin de se forger un esprit critique, une réflexion et une sensibilité indispensables pour surmonter les défis du monde à venir : technologiques, écologiques, sociaux et politiques.
Voilà à qui et comment le gouvernement a décidé de faire assumer, entre autres victimes expiatoires, le coût du milliard d’économies qu’il exige de l’enseignement supérieur, d’une université déjà à bout de forces, après vingt ans de coupes budgétaires et de gestion managériale brutales.
Nous n’acceptons pas que soient ainsi abandonnés nos étudiantes et étudiants, nos collègues vacataires, et que disparaisse toute opportunité de poursuivre des études de philosophie dans les Hauts-de-France et dans certains départements de la région parisienne. Nous n’acceptons pas que des territoires de plus en plus vastes soient privés de l’accès à certains savoirs. Nous refusons cette casse sociale et ce mépris.
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Liberté et responsabilité
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/03/2025
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« Là liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ».
"Formule exécrable en ce qu’elle place la liberté dans une logique de la concurrence alors que la liberté ne peut être véritablement comprise que dans une logique de solidarité." Christian GODIN (Au fil de la philosophie)
Je mets de côté toute la problématique liée au fait que nous sommes des êtres "déterminés", que cette fameuse liberté n'est qu'une illusion et que cette liberté ne peut s'acquérir entièrement qu'au regard du travail intérieur qui consiste à identifier tout ce qui agit en nous. Je suis juste libre d'identifier l'étendue de ma geôle avant de tenter d'y creuser des ouvertures.
Ce qui m'intéresse ici, c'est de reprendre une phrase souvent entendue chez les individus qui réclament le droit de manger des animaux (et donc de valider leur souffrance), de prendre l'avion comme bon leur semble, de partir en croisière, de consommer à outrance, bref, de se lover confortablement dans le déni d'une situation planétaire qui relève de la destruction.
Cette liberté d'agir comme bon leur semble porte atteinte à ma liberté de vivre dans un monde préservé, autant que faire se peut. Et se pose dès lors ce problème de la responsabilité et de la solidarité.
Si je rejette cette responsabilité qui consiste à participer à des phénomènes mortifères, c'est donc que j'ai décidé de ne pas me montrer solidaire envers mes condisciples et encore moins envers les générations futures.
Bien entendu, les cas de conscience peuvent révéler une situation très complexe. Le cas présenté par Sartre est très représentatif : un jeune homme qui se demande s'il doit s'engager dans la Résistance ou rester auprès de sa mère dépendante.
La réponse est que nous sommes "condamnés" à prendre une décision, condamnés dans le sens où les conséquences ne peuvent se poser simplement du côté du bien ou du mal mais se combinent, s'entremêlent et génèrent une crise qui n'a pas de solution. Il n'y a pas de juste milieu.
Dans le cas d'un positionnement envers l'état de la planète, il ne s'agit pas de se heurter à un dilemme insoluble : ne pas manger d'animaux, ne pas prendre l'avion pour du tourisme, ne pas partir en croisière, ne pas consommer à outrance, ce sont des décisions qui ne mettent aucunement en péril notre intégrité physique ou celle d'autrui. Ces décisions ne nous privent pas de notre liberté puisque ce choix est libre. Personne ne peut me contraindre à ne pas manger d'animaux etc... Cette décision relève de ma liberté et cette liberté que je m'octroie prend forme parce que je décide de me montrer responsable et solidaire.
Le repli sur soi dans une "liberté égoïste" (Lévinas) doit être contrée par la responsabilité envers autrui.
Par conséquent, les individus qui viendraient me reprocher mon "intransigeance" en m'accusant de porter atteinte à leur liberté, je suis en droit de leur répondre que leur liberté individuelle participe à la condamnation de tous à en subir les effets.
Le problème actuel, c'est qu'il y a beaucoup plus d'individus prônant l'entière liberté que d'individus oeuvrant à établir une responsabilité inconditionnelle.
"Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Etre libre, rien n'est plus grave. La liberté est pesante et toutes les chaînes qu'elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience." Victor HUGO
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Les seniors en croisière
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/03/2025
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Bon, inutile que je précise ce que je pense de ces gens-là, tout comme ceux qui prennent l'avion pour aller prendre le soleil ou voir la "belle nature préservée". Intéressant de voir l'âge habituel de ces personnes qui aiment les croisières : des retraités pour la majorité. C'est à dire ceux et celles qui ont participé au désastre autant que possible et qui continueront jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus. Les "après moi le déluge". Le plus sidérant, c'est de penser qu'ils sont sans doute, en grande partie, grands-parents. L'égoïsme total.
Au salon mondial du tourisme de Paris, les stands des croisières ne désemplissent pas, signe d'un intérêt grandissant des Français à la fois pour les petits bateaux en mode expédition polaire ou les mastodontes en Méditerranée.
"Je vous ai déjà vues l'année dernière!", lance une commerciale à deux clientes sur le stand Grands Espaces qui propose des croisières d'expédition dans les régions polaires lors de ce salon qui s'est ouvert jeudi et ferme ses portes dimanche.
Marie-Dominique du Fontenioux, 73 ans et Laurence Bolloré Bourdin, 71 ans sont déjà parties avec cette compagnie l'année dernière à Spitzberg, en mer du Groenland. "Pour la nature et les animaux, il y a des oiseaux à foison", se souvient Marie-Dominique du Fontenioux.
Les croisières plutôt qu'une destination fixe car "on est attachées à la mer", assure son amie Laurence Bolloré Bourdin.
Les deux bretonnes se sont offert aussi en novembre dernier trois semaines sur un bateau Costa, direction les Antilles depuis Marseille. Un voyage bien différent des bateaux d'expédition polaire qui ne comptent que quelques dizaines de voyageurs.
"Je voulais du soleil pas cher", lance Marie-Dominique qui en est à sa troisième croisière alors que son amie en compte "une dizaine".
Selon Cruise Lines International Association (CLIA), la principale voix de la communauté mondiale du secteur des croisières qui doit publier dans les semaines à venir les chiffres pour 2024, le nombre de Français ayant voyagé en croisière sur les trois premiers trimestres de 2024 est en hausse de 1% à 388.000.
C'est toutefois encore loin derrière les Allemands (1,9 million) et les Britanniques et Irlandais (1,8 million).
"La croisière est encore un marché relativement récent en France, avec une croissance significative observée depuis un peu plus de 15 ans", explique à l'AFP Leonardo Massa, vice-président Europe du sud de la division croisière du groupe MSC.
- "Effet wahou"-
Sur le stand de CroisiEurope, autre opérateur, l'animatrice confirme à l'AFP "un engouement constant" pour les croisières sur les 50 bateaux du groupe qui naviguent en Europe, sur le Mékong et en Afrique.
Des visiteurs s'informent sur les croisières au stand de CroisiEurope lors du Salon mondial du tourisme à Paris, le 13 mars 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
L'entreprise basée à Strasbourg transporte essentiellement des jeunes retraités mais aussi des familles pour les destinations telles que l'Espagne, le Portugal, l'Italie.
"Ce qui plaît au Français dans les croisières, c'est la qualité du service, le côté +tout compris+", explique à l'AFP Didier Arino, qui dirige le cabinet Protourisme.
Sur les grands bateaux aux milliers de cabines, souvent cibles de critiques pour leur impact environnemental, il y a "l'abondance d'activités, de nourriture, de spectacles, de boutiques", ajoute-t-il estimant que les Français aiment "l'effet +wahou+, le gigantisme".
Qu'il s'agisse des croisières sur les énormes bateaux ou plus intimistes de découverte et d'aventure, les vacanciers veulent "sortir du quotidien et s'offrir des souvenirs", estime M. Arino.
Anne Gayot, 64 ans, se renseigne quant à elle pour sa première croisière qu'elle souhaite faire en Norvège. "Je fuis le tourisme de masse", explique-t-elle à l'AFP, donc pas question de choisir un gros bateau et une destination soleil. Habituée des randonnées, elle voyage seule cette fois et a choisi la croisière vers une destination "pas encore trop connue".
Quant au climat, Didier Arino estime "que cela peut refroidir une partie de la clientèle qui se sent coupable surtout dans des villes comme Marseille".
Des ONG avaient d'ailleurs bloqué en septembre dernier l'arrivée de bateaux dans la ville pour dénoncer la pollution causée par ces navires.
Ces dernières années, Venise ou Amsterdam ont interdit leur centre-ville aux géants des mers.
"C'est pour cela que les armateurs développent des bateaux moins polluants", selon M. Arino. Et "il y a aussi un travail à faire sur l'électrification des ports" qui leur permet de couper le moteur à quai, poursuit-il.
Mais "c'est comme pour l'avion, les gens disent que c'est polluant mais le prennent quand même", résume-t-il.
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L'effet global
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/03/2025
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J'avais déjà lu des écrits sur cet "effet global", vécu par certains astronautes. Mais sans même quitter la planète, dépasser la fine "coquille" atmosphérique, ces témoignages de connexion ultime existent depuis bien longtemps. Le problème, c'est que pour y parvenir, le cheminement n'est pas celui suivi par les millions ou milliards d'individus dont le souci premier est celui mentionné par l'article : économie, société, planète. ce que j'écris dans la dystopie en cours, c'est justement l'effondrement de ce système et par conséquent, la possibilité pour les survivants de découvrir l'autre voie : planète, société, économie. Si nous ne le décidons pas volontairement, les limites planétaires s'en chargeront.
Dans chacun de mes romans publiés, j'ai toujours tenté d'exprimer cet état.
Jarwal le Lutin : de la réalité au Réel
LE DÉSERT DES BARBARES : La conscience de la nature
Hans Mues
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EFFET GÉNÉRAL
Ron Garan, un ancien astronaute de la NASA, a passé 178 jours dans l'espace et a accumulé plus de 114 millions de kilomètres en parcourant 2 842 orbites autour de la Terre. Votre voyage n'a cependant pas été seulement sur des chiffres impressionnants.
Au cours d'un de ces voyages, il a vécu quelque chose que peu d'humains n'ont jamais connu : ce qu'on appelle l'effet global, un phénomène qui transforme notre façon de voir notre planète.
L'effet général est un choc de réalité commune entre astronautes. En regardant la Terre depuis l'espace, ils se rendent compte viscéralement que la planète est un système unique, fragile et interconnecté. Pour Garan, l'expérience a été si remarquable qu'il la décrit comme un « grand réveil ». Lors d'une interview avec le site Big Think, il a révélé : « Certaines choses deviennent indéniablement claires quand vous êtes là-haut. "
De sa fenêtre sur la Station spatiale internationale, Garan a été témoin de phénomènes naturels impressionnants : des tempêtes éclairs ressemblant à des éclats paparazzi, des aurores boréales dansant comme des rideaux brillants, et l'atmosphère terrestre si mince que vous pouviez « presque la toucher de vos mains. "Mais c'était la délicatesse de cette cape qui l'a marqué. « J'ai réalisé que tout ce qui soutient la vie sur terre dépend d'une couche fragile, presque comme du papier », a-t-il expliqué.
L'atmosphère, avec ses quelques kilomètres d'épaisseur, protège toutes les formes de vie des conditions hostiles de l'espace. Pour Garan, cette vision a mis en évidence un paradoxe : alors que la biosphère est vibrante et pleine de vie, les systèmes humains traitent la planète comme une « subvention à l'économie mondiale. En d'autres termes, nous donnons la priorité à la croissance économique au détriment des systèmes naturels qui nous soutiennent. « Nous vivons un mensonge », a-t-il déclaré.
L'astronaute a également souligné comment des problèmes tels que le réchauffement climatique, la déforestation et la perte de biodiversité sont traités comme des problèmes isolés alors qu'ils sont en fait les symptômes d'un problème plus important : la déconnexion humaine avec la planète. "Depuis l'espace, il est clair que nous ne nous voyons pas comme faisant partie d'un tout. « Tant que nous ne changeons pas cette mentalité, nous continuerons à être en crise », a-t-il dit.
La solution, selon Garan, est un changement radical de priorités. Au lieu de penser « économie, société, planète », nous devrions inverser l'ordre : « planète, société, économie ». Ce simple échange reflète la nécessité de placer la santé environnementale comme base de toutes les autres décisions. « C'est la seule façon d'évoluer vraiment », a-t-il argumenté.
Un autre point crucial est l'indépendance. Garan a comparé l'effet global à "une lampe éclair" – une révélation sur la façon dont chaque action humaine, aussi petite qu'elle puisse paraître, affecte l'équilibre mondial. « Nous n'aurons pas de paix sur terre tant que nous n'aurons pas reconnu que tout est interconnecté », a-t-il déclaré.
Depuis son retour sur Terre, Garan s'est consacré à des projets qui favorisent la durabilité et la coopération mondiale. Son message est clair : nous devons de toute urgence repenser notre place dans le monde.
Avez-vous déjà imaginé ce que ça serait de voir la Terre sous cette perspective ? Même si cela n'arrive pas, la vision de Garan nous rappelle que chaque choix – de la consommation d'énergie à l'utilisation des ressources – est un pas vers la préservation (ou la destruction) de cette délicate « coquille » que nous appelons notre maison.
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En soins palliatifs
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/03/2025
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Voilà l'expression qui m'est venue lorsque j'ai entendu parler du plan du gouvernement présenté par la ministre de l'écologie. Je ne dis pas que les mesures annoncées sont inutiles, bien que très insuffisantes mais elles valident surtout l'idée que le gouvernement, comme ceux de tous les pays industrialisés, ont acté le fait que nous n'échapperons pas à une hausse importante des températures.
"Ce plan doit préparer la France à vivre dans un monde à +4°C d'ici 2100 afin de protéger la population."
A + 4 degrés, on ne protège plus personne, on compte les morts.
Ce qui signifie une hausse de plus ou moins 2 degrés dans 25 ans, à quelques années près. Ce qui me sidère, c'est qu'il n'est jamais question de décroissance. Tous les gouvernements rêvent de croissance pour éponger des dettes astronomiques et tous les grands groupes pétroliers investissent par milliards dans la quête effrénée de pétrole. Et l'UE prévoit de débloquer 800 milliards pour l'armement. Et la France est censée organiser en 2030 des JO d'hiver "écologiques".
Bon, c'est clair. On est entré dans la phase des soins palliatifs. On ne sauvera pas le malade. La fièvre continuera à grimper. Et ça n'est pas la prochaine COP ou autres grandes messes sous l'emprise des lobbies qui y changeront quelque chose ni les plans successifs de "transition écologique". Tous ceux qui s'intéressent au problème savent pertinemment que nos modèles de sociétés consuméristes ne sont plus viables.
Crise climatique : le gouvernement livre son Plan national d'adaptation et laisse les associations sceptiques
La version finale, présentée lundi, comporte quelques nuances par rapport à la première mouture dévoilée à l'automne. Ce troisième plan met l'accent sur la mise en œuvre d'une cinquantaine de mesures au niveau local, d'ores et déjà jugées insuffisantes par certains experts du climat.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié le 10/03/2025 18:31
Temps de lecture : 5min
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 février 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)
La copie a été revue. Avec plus d'un an de retard, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a présenté, lundi 10 mars, la version finale de la troisième édition du Plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc). Ce plan doit préparer la France à vivre dans un monde à +4°C d'ici 2100 afin de protéger la population.
Cette nouvelle mouture du Pnacc a été légèrement modifiée par rapport à la première, dévoilée en octobre 2024. Le ministère a souligné qu'elle était le fruit de plusieurs mois de concertation avec "toutes les parties prenantes", Etat, collectivités territoriales, acteurs économiques, citoyens. Au total, ils ont produit 6 000 contributions, dont 176 "cahiers d'acteurs".
L'un des priorités du plan est de réaliser une cartographie des vulnérabilités, avec une attention soutenue pour les établissements de santé, les infrastructures de transport ou de sécurité. L'accent est mis sur les territoires et secteurs les plus menacés comme le littoral, les montagnes, les forêts et l'agriculture. Parmi les mesures, le renforcement des protections pour les travailleurs exposés aux canicules, différentes études pour mieux adapter transports et exploitations agricoles ou encore une protection des principaux sites culturels français (tour Eiffel, mont Saint-Michel...).
Le confort d'été mieux intégré au DPE
Une autre mesure concerne la rénovation énergétique, afin d'adapter "les logements aux fortes chaleurs et pas seulement au froid". Il est prévu que le confort d'été soit mieux pris en compte dans le calcul du diagnostic de performance énergétique, le décrié DPE. Concrètement, "un travail sera lancé pour étudier la possibilité d'intégrer des gestes de confort d'été au dispositif MaPrimeRénov'", précise le ministère. Des mesures pour encourager le secteur bancaire à financer l'adaptation sont également mises en avant. Sous la houlette d'Agnès Pannier-Runacher et du ministre de l'Economie, Eric Lombard, une mission "sur le rôle du système bancaire dans la prévention des risques sera réalisée" au premier semestre 2026.
Le gouvernement a aussi insisté sur la place que doit prendre la trajectoire de référence d'adaptation au changement climatique (Tracc), c'est-à-dire le fameux scénario qui projette la France à +4°C d'ici la fin du siècle, en passant par un palier à +2,7°C en 2050. La démarche pour "donner une valeur juridique" à la Tracc doit connaître un coup d'accélérateur. Alors que l'exécutif voulait l'intégrer "progressivement" dans les textes publics, il affirme maintenant que la réflexion doit être achevée d'ici la fin de l'année.
Si certaines avancées sont enregistrées dans cette version finale du plan, des reculs sont également à signaler. Le Monde(Nouvelle fenêtre) rapporte ainsi que les entreprises du transport et de l'énergie ne seront plus obligées d'"instaurer progressivement" des plans d'adaptation, mais seront seulement incitées à le faire.
Flou sur le financement
La question du financement reste le point le plus épineux de ce plan. Adèle Tanguy, chercheuse à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), a salué sur le réseau social BlueSky(Nouvelle fenêtre) la mise en place d'une mission d'adaptation réunissant les agences de l'Etat, comme l'Ademe (l'agence de la Transition écologique), le Cerema (le Centre d'études et d'expertise sur les risques) et les agences de l'eau. Mais l'experte rappelle que ces agences disposent de "budgets diminués" et font face "à beaucoup de défiance politique, ce qui crée de l’incertitude". En effet, l'Ademe a été violemment critiquée, en janvier, par des figures de droite.
"Il est essentiel que l'adaptation soit dotée de moyens à la hauteur des enjeux", a déclaré Agnès Pannier-Runacher, disant avoir augmenté les enveloppes "à hauteur de 40%". Une affirmation "à nuancer", estime l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), car en dépit des allégations, "les crédits dédiés à l'adaptation se maintiennent mais n'augmentent pas".
Autre voix critique, Oxfam juge le Pnacc "inopérant", pointant un manque "de gouvernance adaptée et de moyens budgétaires pour sa mise en œuvre". Condamnant un "brouillon inabouti", l'ONG écrit qu'il "prévoit de financer les politiques d’adaptation avec des fonds qu’il vient tout juste de supprimer, comme la coupe dans le Fonds vert" décidée pour le budget 2025. Oxfam accuse ainsi le gouvernement de "financer l'adaptation au détriment de la lutte contre le changement climatique". "Le changement climatique est un risque certain", a estimé de son côté Anne Bringault, directrice des programmes pour le Réseau action climat(Nouvelle fenêtre). Et de mettre en garde : "Il est plus que temps de le prendre réellement en compte dans les politiques publiques."
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Une nature consciente
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/03/2025
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Loin de moi l'idée prétentieuse que je m'oppose aux écrits de Camus mais il n'en reste pas moins que je n'aime pas dans cette citation le fait de considérer que le "monde" puisse se défaire s'il ne s'agit que de l'humanité et je suppose qu'il en était ainsi dans la pensée de Camus. Je n'ai pas souvenir dans mes nombreuses lectures de ses écrits que la nature elle-même ait tenu une place prépondérante. L'humanité oui, bien entendu. Les descriptions de la nature aussi mais pas dans le sens de sa nécessité. Juste de son impact. Il suffit de penser à "L'étranger" et au soleil, à la chaleur, à l'océan.
Ce monde qui se défait n'est donc pas juste la masse humaine mais bien l'entièreté de la vie. C'est elle que nous regardons souffrir. C'est elle qui se défait avec une ampleur que Camus n'aurait pu imaginer.
C'est pour cette raison que dans la dystopie en cours d'écriture, la nature devient un être réel, une entité intelligente, consciente, un personnage à part entière et comme l'humanité s'est engagée dans une voie destructrice, elle accompagne le mouvement, par mimétisme non par colère ou désir de vengeance. Juste parce que l'humanité représente une masse intelligente et qu'elle en vient à imiter ses comportements.
L'humanité souffrante, au lieu de se montrer solidaire et bienveillante envers l'ensemble du groupe humain, s'est dispersée, fragmentée, nourrie par des idées nationalistes, des suprématies, des désirs de puissance, de domination. Le chaos déclenché par des individus puissants, aux idées extrémistes, a plongé l'humanité toute entière dans une dévastation. Et la nature, si longtemps meurtrie, si impitoyablement martyrisée par les volontés d'exploitation s'engage elle aussi dans le chaos.
Les phénomènes naturels d'ampleur ne sont plus des effets de l'activité humaine mais des phénomènes intentionnels.
Je sais que cette idée remonte à loin dans ma vie. J'étais adolescent quand j'ai commencé à me demander si la nature ressentait l'amour que j'éprouvais pour elle et si elle s'en réjouissait. Il m'arrivait également de m'interroger sur ce qu'elle pouvait éprouver devant l'avidité destructrice des hommes. Est-ce qu'il était envisageable de penser qu'un jour peut-être elle ne le supporterait plus. Je n'imaginais pas pour autant une révolte de sa part mais bien plutôt un accompagnement. Puisque les hommes s'entretuent, elle se joint au mouvement. Dans une accélération du processus.
Un ancien texte écrit en 2012
L’AMOUR DE LA NATURE
Le titre évoque bien entendu, en première pensée, l'idée que l'homme peut aimer la Nature.
Mais la Nature éprouve-t-elle de l'Amour pour nous, pour tous les êtres, les végétaux, tout ce qu'elle crée ?
Y a-t-il en elle une émotion, un sentiment, un bonheur ?
Bien entendu, au premier abord, la proposition paraît absurde. Pour que cela soit, il faudrait une conscience et par conséquent un organe émetteur, un "cerveau", une entité extrêmement évoluée...
La Nature ne peut pas être assez évoluée pour ça.
Non, c'est cette phrase qui est absurde en fait. Rien de connu n'est plus évolué que la Nature. Nous en sommes un élément, performant c'est un fait, mais devant la richesse infinie de la Nature, rien ne dit que nous en sommes le point ultime au point d'être plus évolués qu'elle alors que nous en sommes issus. Cela signifierait qu'une des créations serait plus perfectionnée que l'entité créatrice elle-même... Que nous aurions conscience de l'élément qui nous a créés alors que ce créateur en serait dénué...
Il semblerait par conséquent que la performance humaine nous ait amenés à penser que rien ne serait plus conscient que l'être humain au point que la Nature dont nous sommes issus ne possèderait pas cette conscience. Comme s'il nous était insupportable d'imaginer une entité supérieure.
Et je ne parle évidemment pas d'un Dieu issu de la conscience des hommes.
Je parle uniquement de la Nature.
Mais si la Nature est effectivement dotée de cette conscience, cela suppose qu'il y a en elle une intelligence et par conséquent une intention quant à sa création. Nous sommes des êtres dotés d'intelligence et de conscience et nous nous engageons dans des voies précises avec une intention, un projet, une projection temporelle. C'est cela qui a permis l'évolution de notre espèce et nous ne pouvons pas regretter les temps préhistoriques. Nous vivons dans une sécurité bien supérieure à celle de Lucy, de Toumaï, des Gaulois, des serfs, des sans culottes, des Poilus, de nos grands-parents...Impossible de le nier. Malgré tout...
Bien, nous avons donc évolué en fonction d'une intention, celle d'améliorer le quotidien de chaque individu. Le nôtre d'abord. En travaillant à notre survie individuelle, nous avons contribué à celle de l'ensemble.
Pouvons-nous dès lors envisager que la Nature, dans l'hypothèse d'une conscience et d'une intelligence, agit différemment que la création la plus évoluée de son œuvre ? Il nous est bien nécessaire de considérer que cette Nature a un projet. Ou alors nous devons rejeter toute idée d'intelligence de sa part. Ce qui reviendrait à dire que nous sommes une entité disparate issue d'un fabuleux hasard...Hum...
Bien. Quel projet ? Voilà LA question... Ce projet nous est-il accessible dès lors que nous adoptons une attitude hautaine, dès lors que nous ne sommes plus dans un statut de création respectueuse mais que nous nous attribuons le rôle de maître supérieur ? Dès lors que nous considérons la Nature comme une entité hasardeuse, comment pourrions-nous accéder à ce projet alors que nous ne voyons dans notre évolution que le résultat de nos efforts et non une osmose constructive entre l'oeuvre créatrice ?
Si dans une classe, un élève en vient à penser qu'il est plus performant que le maître, il finira obligatoirement par fabriquer en lui un projet qui ne sera plus celui de ce maître...Je reconnais que parfois, c'est préférable pour les élèves au vu de certains professeurs...
Mais pour l’humanité ? Avons-nous bien fait de nous extraire ainsi d'une fusion nourricière en décidant que nos performances millénaires suffisaient à nourrir notre évolution ? Quelle évolution ?
Médicale, culturelle, technologique, matérielle. Oui, c'est indéniable.
Est-ce suffisant ?
Qu'en est-il de cet Amour dont je parlais ? Lorsque j'aime la Nature, le sait-elle ? N'y a-t-il de ma part qu'une opportunité que je saisis, la plénitude de la contemplation, le bonheur de la marche en montagne, l'émerveillement devant la neige qui tombe, ou cette joie infinie en moi transmute-t-elle dans le corps immense de la Nature ? Est-ce que je lui suis relié en tant que créature naturelle au point de lui faire ressentir ce que je vis lorsque je l'aime ?
On pourrait craindre si c'est le cas qu'elle ressente depuis un certain temps une animosité quasi générale et non un amour infini...Inutile de rappeler certains passages de la Bible par exemple. Ça remonte à loin tout ça...Et ça ne s'arrange guère...
Se pourrait-il dès lors que cette intention, ce projet de la Nature se soit révélé inconsidéré et que nous ayons échappé à son contrôle ? Mais a-t-elle instauré un contrôle ou sommes-nous une expérience libre de toutes entraves ? Le risque me paraît monstrueux...Se peut-il que cette intelligence humaine se soit retournée contre le créateur lui-même ou cela fait-il partie d'un projet qui nous échappe totalement étant donné qu'il semble se retourner contre l'expérimentateur lui-même ?
L'expérimenté se révolte et délaisse toute forme d'amour. Il brise ses chaînes ou ce qu'il imagine être des entraves, il s'élève sur le piédestal de son progrès, il réduit la création à une marchandise... Et cela ferait partie d'un projet ? Alors cela voudrait dire que la raison de la Nature est au-delà de la raison humaine. Et que nous ne pouvons pas la comprendre.
Ou bien que tout ceci n'était qu'une élucubration de plus et que nous ne sommes qu'un hasard fortuit au milieu d'un capharnaüm intersidéral.
Tant pis si c'est le cas. Je continuerai béatement à aimer la Nature en imaginant qu'elle m'aime en retour.
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Les revenus de la guerre.
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/03/2025
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"La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. " ¨Paul Valéry
Artiste, écrivain, Philosophe, Poète (1871 - 1945)
"Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui fait la guerre. Et nous gagnons.
Warren Buffet (milliardaire américain)
Sur les marchés financiers, les entreprises du secteur de la défense profitent du contexte géopolitique actuel. Lundi, les investisseurs se sont en effet rués à la bourse sur les actions des entreprises européennes d’armement.
Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié le 18/02/2025 08:27 Mis à jour le 18/02/2025 08:28
Temps de lecture : 2min
Dassault Aviation, avec son célèbre avion de combat Rafale, a gagné 6%. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Le souhait de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de lever les contraintes budgétaires pour permettre aux États-membres de financer la Défense a été entendue par les investisseurs. Ces derniers se sont en effet rués, à la bourse, sur les actions des entreprises européennes d’armement. Les indices boursiers en ont eux-mêmes profité : lundi 17 février, la bourse de Paris a gagné un peu plus de 0,13% avec un indice CAC40 arrimé au-dessus de 8 000 points. Progression proche de 0,1% de l’indice DAX à Francfort. Londres a gagné 0,2% grâce à cet appétit pour les valeurs de la Défense.
En France le groupe de hautes technologies Thales a gagné près de 6%, Safran (spécialisé dans l’aéronautique et le militaire) : +2%, Dassault Aviation (avec son célèbre avion de combat Rafale) a gagné 6%. Ces valeurs ont même atteint leur plus haut historique. La musique est la même ailleurs en Europe. L’action du constructeur aéronautique suédois Saab a flambé de 11%, l’allemand Rheinmetall de 9% à la Bourse de Francfort, etc.
Nouvel effet Donald Trump
Les déclarations d’Ursula von der Leyen en faveur d’une plus grande liberté budgétaire au niveau européen s’ajoutent aux positions exprimées très clairement par le président américain. Donald Trump met la pression sur les pays de l’Alliance atlantique pour qu’ils augmentent leur participation financière à l’effort de Défense de l’Otan jusqu’à 5% de leur PIB, leur richesse nationale. Quelque 5% pour l’heure, seule la Pologne en est la plus proche. Les autres tournent entre 2 et 3% de leur PIB.
Une perspective de hausse des budgets publics pour la Défense sous-entend une montée en puissance de la production industrielle d’armements et d’équipements militaire. Et il n’y a pas que la bourse. Une autre idée est de créer des obligations communes, des titres de dette émis par les États, pour financer nos efforts de Défense. L’équivalent des obligations vertes pour l’environnement. Nous sommes là dans un autre genre de beauté, mais les investissements nécessaires sont estimés à 3 000 milliards de dollars supplémentaires sur les dix prochaines années pour les puissances européennes.
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Le mal absolu.
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/03/2025
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Je sais que ce roman, écrit, il y a plus de dix ans, contenait les idées que je développe dans la dystopie en cours.
"Les héros sont tous morts", "Tous, sauf elle", "Le désert des Barbares", "Terre sans hommes", sont la continuité de ces lignes, mais poussées à l'extrême.
L'humanité est mortifère.
Quelques individus sont portés par l'amour de la vie.
Il serpenta entre les arbres, hors de tout objectif et de toute conscience réelle. Ce fut une fuite sans but. La douleur était en lui, les terreurs l’habitaient. Et il souffrait davantage encore de ne pas maîtriser ces assauts morbides, de ne pas parvenir au contrôle de soi et de devoir, pour trouver une certaine paix, consumer ses forces dans des défis déraisonnés.
Il atteignit un nouveau sommet, simple colline déboisée, ouverte sur les horizons. Dans la dernière montée, un vertige l’avait ébloui. Il décida de manger. Espérant surtout y trouver l’absence de pensées dont il avait besoin.
Face à lui s’étendaient des pentes boisées, vastes mers de couleurs superbes sur lesquelles les rayons solaires, variant leurs inclinaisons et leurs intensités, jouaient pendant des heures. Il devina, sous le secret des frondaisons, les itinéraires répétés des animaux, leurs parcours ancestraux, incessamment agressés par des hommes envahisseurs. Il sentit l’angoisse pesante des espèces encerclées, les cris suppliants des arbres abattus, les râles étouffés d’une terre labourée, toutes ces souffrances quotidiennes qui resserraient impitoyablement sur des êtres fragiles leurs étreintes mortelles. Il aperçut au loin une brume étrange, surplombant une vallée invisible. Était-ce une vapeur échappée d’un lac ou la pollution d’une ville ? Embryon de pluie ou haleine putride. C’est de nos âmes que s’élevait ce poison. L’empreinte des hommes sur la Terre. Le cerf, au fond des bois, percevait le parfum pestilentiel des fumées d’usine, le ronflement des moteurs, le vacarme des avions, le hurlement aigu des tronçonneuses, les appels des chasseurs vers les meutes excitées des chiens. Même le parfum âcre de sa sueur agressait les narines des animaux aux abois. L’homme n’était toujours qu’une menace, que le complice cynique de la mort. Le dégoût. Il n’était qu’un humain. Les fumées de son fourgon, les routes dont il profitait, les champs sulfatés pour les récoltes forcées dont il se nourrissait, les bétails engraissés pour des populations obèses, les mers vidées par les filets dérivants, les centrales nucléaires pour des électricités gaspillées, les forêts vierges rasées pour des meubles coûteux, les fleuves agonisants sous les rejets nitratés, les décharges sauvages et les dépotoirs engorgés. On immergeait dans les fosses marines des containers de déchets radioactifs comme on jetait par les fenêtres des voitures un paquet de cigarettes. Le geste était le même. C’est la mort qu’on propageait.
Le dégoût.
Il ne voyait pas d’issue et sentait combien ses réflexions le conduisaient à une impasse. Si les animaux vivaient dans la peur permanente, la planète elle-même ressentait-elle cette angoisse ? Représentions-nous désormais le mal absolu ?
Sa simple présence éveillait dans les arbres des frissons inquiets et les gens incrédules mettaient cela sur le compte du vent. Un pigeon passa devant lui. Son vol était puissant et rapide. Était-ce une fuite, la recherche désespérée d’un dernier refuge ? On trouvait jusque dans les mers australes des traces de dérivés chimiques. Où pouvait-il aller ? Les feuilles des arbres, autour de lui, le regardaient avec des yeux terrifiés, des hordes d’insectes affolés fuyaient devant ses pas aveugles, les nuages empoisonnés pleuraient des larmes acides.
Les hommes avaient propagé la mort. Ils étaient son plus fidèle allié. L’humanité comme l’étendard de la grande faucheuse.
Le dégoût.
La violence du dégoût.
Il se leva et prit le chemin du retour. Un court instant, des désirs de suicide. Il en gardait sur les lèvres un goût sucré, presque bon, l’anéantissement salvateur de la culpabilité et l’impression d’un geste enfin à soi.
Il ne devait pas rester seul. Il en mourrait. C’était certain.
Tête baissée, il parcourut les bois, la mort aux trousses et c’est ce sentiment effroyable de la fin à venir que les hommes étouffaient sous des agitations frénétiques. Ne pas savoir, ne pas écouter ni sentir. Rien. Vivre dans l’aveuglement, juste pour se supporter. Nous étions la mort et nous le savions. Mais nous maintenions avec obstination l’interdiction de le dire.
Il finit par courir espérant que la violence de l’effort empêcherait toute intrusion raisonnée.
Arrêter de penser et ne penser qu’à cela.
C’était donc cela le rôle du sport. Juste le complice d’une dictature complexe. L’opium du peuple, un de plus.
Ne pas penser. Courir. Etouffer le dégoût sous des épuisements musculaires.
« Arrête de penser ! » cria-t-il dans le silence craintif des bois. Des sanglots échappés bloquaient ses souffles dans la gorge serrée.
« Arrête de penser, gémit-il, arrête. »
A l’orée d’une clairière, il se figea. Il ne se souvenait pas de cet espace dégagé. Il regarda autour de lui et ne reconnut rien. Au premier instant, il se dit qu’il était perdu mais l’absurdité de cette conclusion le frappa. Parmi les hommes, il était perdu. C’est ici qu’il était quelque part mais il n’y trouvait pas les repères inculqués et se sentait totalement égaré.
Avant de s’effondrer, il fonça, droit devant.
Ce n’est pas le temps qui s’égrena mais la répétition mécanique de ses foulées, la force de ses respirations, l’usure de ses muscles, le choc dans son crâne des pas retombés, les crachats de salive qui suintaient aux coins des lèvres et les larmes salées qui coulaient de son corps comme un pus honteux.
Honteux.
C’est ainsi qu’il déboucha sur une route. Il reconnut l’accès au lac. Il était descendu trop bas. Il remonta le ruban goudronné sans diminuer la longueur de ses foulées, comme poursuivi par l’horreur du monde humain et il songea à ces milliards de kilomètres balafrant la planète, cicatrices sans cesse entretenues, élargies, renforcées, reliées entre elles par des réseaux de plus en plus étendus. Il crut devenir fou et comprit qu’il découvrait la vraie raison. Les fous, de leurs côtés, traçaient de nouvelles routes pour rejoindre plus rapidement leurs semblables.
Le parking, le fourgon. Il courut encore, s’engouffra, ferma la porte et sauta fébrilement sur la boîte de cannabis. Anesthésier les flots de pensées sous des brouillards parfumés, étouffer fébrilement des consciences insupportables."
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Podcast : "Dernières limites"
- Par Thierry LEDRU
- Le 03/03/2025
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Personnellement, malgré tout ce qui se passe sur le plan guerrier, économique, politique, sanitaire, les Trump, Poutine, Zelensky et autres combats des chefs, rien n'y fait.
Il n'y a que les "limites planétaires" qui me motivent à lire, lire, écouter, écouter, réfléchir.
https://podcast.ausha.co/dernieres-limites/bande-annonce
"ll y a 50 ans paraissait un rapport scientifique qui fit l’effet d’une bombe. Le rapport Meadows évaluait pour la première fois l’impact de l’activité humaine sur notre planète. Sa conclusion : continuer la croissance, qui va de paire avec une consommation toujours plus grande des ressources planétaires, aboutirait inévitablement à un “crash” au cours du XXIème siècle.
Dans ce podcast, la journaliste Audrey Boehly mène l’enquête 50 ans après en interrogeant des experts et des scientifiques : a-t-on dépassé les limites planétaires ? Quelles sont les solutions pour bâtir un avenir où l’activité humaine n’épuiserait pas les ressources de notre seule planète ?
Dernières limites
Bande-annonce
03min |25/02/2022
Écouter
Description
50 ans après la parution du rapport Meadows, la journaliste Audrey Boehly mène l’enquête en interrogeant des experts et des scientifiques : a-t-on dépassé les limites planétaires ? Quelles sont les solutions pour bâtir un avenir où l’activité humaine n’épuiserait pas les ressources de notre seule planète ?
Dernières Limites est un podcast pensé et écrit par Audrey Boehly. La réalisation et la musique sont d’Emma Chevallier, l’illustration de Chloé Nicolay et la production Saga sounds, avec le soutien de la Fondation Madeleine abritée par la Fondation de l’Université Paris Dauphine - PSL.
Retrouvez tous les épisodes de notre série :
PROLOGUE : 50 ANS APRÈS | DENNIS MEADOWS
Dennis Meadows, coauteur du rapport Les limites à la croissance. Version doublée en français.#1 MEADOWS : UN RAPPORT EXPLOSIF | GAËL GIRAUD
Gaël Giraud est économiste, directeur du programme Justice environnementale de Georgetown University, directeur de recherche au CNRS et ancien chef économiste de l'AFD.
#2 COMMENT NOURRIR LE MONDE | MARC DUFUMIER
Marc Dufumier est agronome, professeur honoraire à AgroParisTech, et expert auprès de la FAO (organisation des nations unis pour l’alimentation et l’agriculture).
#3 DE L’EAU DOUCE POUR TOUS ? | FLORENCE HABETS
Florence Habets est hydrogéologue et hydroclimatologue, directrice de recherche et enseignante à l’Ecole Normale Supérieure.
#4 LA MER DANS NOS FILETS | PHILIPPE CURY
Philippe Cury est directeur de recherche à l'IRD, directeur du Consortium européen Euromarine et spécialiste de l'approche écosystémique des pêches.
#5 POUR UN CHÂTEAU DE SABLE | ERIC CHAUMILLON
Eric Chaumillon est professeur à l'université de La Rochelle en géologie littorale et spécialiste des littoraux et des ressources en sable.
#6 BIODIVERSITÉ EN DANGER | SANDRA LAVOREL
Sandra Lavorel est écologue, directrice de recherche, membre de l'Académie des sciences, présidente de l'Évaluation nationale des écosystèmes français et contributrice à l’IPBES.
#7 ENERGIE : L'OVERDOSE | MATTHIEU AUZANNEAU
Matthieu Auzanneau est directeur de The Shift Project, groupe de réflexion sur la transition énergétique, auteur de Pétrole : le déclin est proche et du blog du Monde Oil Man.
#8 MINERAIS : CREUSER, MAIS JUSQU'OÙ ? | PHILIPPE BIHOUIX
Philippe Bihouix est ingénieur centralien, auteur de Quel futur pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société et de L'âge des low-tech.
#9 LE CLIMAT EN SURCHAUFFE | VALÉRIE MASSON DELMOTTEValérie Masson Delmotte est paléoclimatologue, chercheuse senior au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE) au sein du CEA et co-présidente du GIEC.
#10 A-T-ON DÉPASSÉ LES LIMITES ? | AURÉLIEN BOUTAUD
Aurélien Boutaud est docteur en sciences de la Terre et de l’environnement, chercheur associé au CNRS et co-auteur des ouvrages Les limites planétaires et L’empreinte écologique.
#11 MIGRATIONS ET GÉOPOLITIQUE | FRANÇOIS GEMENNE
François Gemenne est spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, professeur à Sciences Po Paris et Grenoble, et à l’Université libre de Bruxelles.
#12 VIVRE AUTREMENT | DOMINIQUE MÉDADominique Méda est philosophe et sociologue, directrice de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales de Paris Dauphine et présidente de l’Institut Veblen.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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"Manifeste pour une terre vivante"
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/02/2025
- 0 commentaire
""Si la théorie officielle sur le réchauffement climatique d’origine anthropique est correcte, alors la priorité la plus urgente est de protéger et de restaurer le sol, l'eau et les écosystèmes dans le monde entier.
Si la théorie officielle sur le réchauffement climatique d’origine anthropique est erronée, alors la priorité la plus urgente est de protéger et de restaurer le sol, l'eau et les écosystèmes dans le monde entier.""
Charles Eisenstein
Manifeste
pour une Terre VivanteÉveiller notre conscience pour préserver la planète
de Charles Eisenstein
Préface d'Olivier Clerc
Traduit de l’anglais par Isabelle Wynn
Encore un livre sur l’écologie ?… Détrompez-vous ! Celui-ci n’est comparable à aucun autre : il est véritablement unique en son genre, parce qu’il met en évidence la cause profonde du dérèglement climatique et de la destruction de la nature, qui n’est probablement pas celle que vous imaginez… Charles Eisenstein propose en effet une approche novatrice face au changement climatique et à la disparition de la biodiversité. Il préconise une refonte totale de notre vision, de nos stratégies et de nos buts dans notre démarche pour restaurer l’équilibre écologique de la Terre. Son approche remet en question les paradigmes traditionnels et invite à repenser fondamentalement notre relation avec l’environnement. Et notamment, passer de l’histoire de la séparation à celle de l’inter-être…
En éclairant les dimensions culturelles, spirituelles et sociales de la crise écologique, l’auteur nous pousse à reconsidérer notre relation avec la nature et à envisager des solutions systémiques et holistiques. Il traite le changement climatique non seulement comme un problème scientifique ou technologique, mais aussi comme une crise de notre relation avec la Terre et avec nous-mêmes.
Selon lui, la vision dominante, focalisée sur la réduction des émissions de carbone, est insuffisante pour résoudre les crises environnementales actuelles. Le livre démontre qu’il ne faut pas réduire le développement durable à l’environnement, l’environnement au climat, et le climat au carbone. Il soutient une approche holistique qui intègre les défis sociaux, éthiques et physiques, tout en tenant compte des impacts sur la biodiversité.
Il plaide pour que nous ayons une vision plus large de la situation, au-delà de notre approche incomplète et à courte vue. Les rivières, les forêts et les créatures du monde naturel et matériel sont sacrées et précieuses en tant que telles, et pas seulement pour les crédits carbone ou la prévention de l’extinction d’une espèce par rapport à une autre. Après tout, lorsqu’on demande à quelqu’un pourquoi il est devenu écologiste, il est probable qu’il mentionne la rivière dans laquelle il jouait, l’océan qu’il découvrait, les animaux sauvages qu’il observait ou les arbres auxquels il grimpait lorsqu’il était enfant.
Ce recentrage sur une catastrophe imminente et sur notre destin inévitable permet de cultiver des liens émotionnels et psychologiques significatifs et de proposer des mesures concrètes et réalisables pour prendre soin de la Terre. En nous libérant d’une mentalité de guerre et en ayant une vue d’ensemble de la façon dont tout, de la réforme des prisons à la sauvegarde des baleines, peut contribuer à la santé écologique de notre planète, nous résistons aux postures réflexes de solutions faciles et de blâme et nous tournons vers le lieu profond de l’engagement éclairé.
NOUVEAU
Publié par Les Éditions du non-A
Livre broché de 360 p — ISBN : 978-2-493605-14-6
Prix : 22,90 €
En vente sur
Un regard totalement nouveau sur l’état de la Terre !
Le livre propose une vision différente du changement climatique, loin des discours anxiogènes
L’auteur propose une analyse équilibrée et non moralisatrice
Il évite le piège des solutions simplistes et offre une perspective plus humaine pour une reconnexion spirituelle avec la nature
Une approche qui parle à tous, sceptiques ou convaincus
Les concepts complexes sont expliqués simplement, avec des exemples concrets et vécus
Il propose des solutions pratiques et réalisables sans expertise technique
C’est un message d’espoir au delà des discours catastrophistes, avec une vision positive du changement
Nature et culture, une seule aventure !
Lire un extrait du livre
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Juste une question de hasard.
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/02/2025
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Cette sensation, parfois, que rien ne nous appartient, que notre vie n'est qu'une succession de hasards quand on imagine une succession de décisions rationnelles, lucides, préméditées et que nous n'avons pour seul pouvoir que celui de gérer au mieux les montagnes russes que ce hasard diffuse.
Les jours suivants, il fut frappé par la célérité avec laquelle tout s’enchaîna. Comme un dénouement en accéléré. Une barque dans un courant puissant, sans rame, sans gouvernail, juste emportée dans une direction inconnue. Il avait descendu l’embarcation jusqu’à l’eau, croyant dès lors être maître du parcours à venir. Incroyable cette prétention humaine. Il se promit d’être plus vigilant, plus honnête avec lui-même. Il sentait bien, lorsque la clairvoyance l’envahissait, que rien ne lui appartenait vraiment. La vie n’était qu’une succession de réactions en chaîne et comme une boule de flipper constamment renvoyée aux quatre coins du jeu, l’individu, pour ne pas sombrer dans la folie se persuadait que le chemin était choisi. Espérant simplement que le maître de la partie aurait suffisamment de classe et d’adresse pour que les coups s’éternisent. Que ce maître s’assoupisse un instant et c’était la catastrophe. Tilt, game over et le tour était passé. Au suivant. Quelle dérision ! Naître dans un beau jeu, bien décoré, offrant de multiples épreuves, vibrer follement à chaque accélération, s’efforcer de toute son énergie à éviter la sortie, voilà les seuls bonheurs de cette existence. Il trouva qu’il avait eu la chance d’être tombé dans une belle partie, que son parcours jusqu’ici lui avait offert quelques satisfactions, puis la grande découverte, le grand amour et qu’il lui restait à sortir le grand jeu, usant pleinement de ses expériences pour atteindre le jackpot ! Il n’en était pas loin. Tout s’accélérait. Il faudrait rester lucide. Le meneur de jeu ne supporterait aucune faiblesse. Mais est-ce qu’il y avait réellement un meneur de jeu ? Ce n’était pas lui en tout cas, trop de paramètres lui échappaient. Alors qui ? Dieu ? Il n’y croyait pas. Celui-là n’avait été inventé que pour combler l’absence d’explication et permettre surtout aux instigateurs du mensonge de s’enrichir. Il suffisait de regarder le Vatican. Le hasard alors ? Oui, peut-être, juste le hasard. À chaque décision, plusieurs directions se dessinaient et selon la météo, l’humeur du moment, les rencontres sur le chemin, autant de circonstances incontrôlées, l’une ou l’autre de ces possibilités seraient mises en avant et les autres délaissées. Cette solution appellerait d’autres dénouements, d’autres options à venir et dans ce perpétuel imbroglio, l’individu s’efforcerait de se rassurer en affirmant jour après jour, que telle décision était la bonne ! Vaste supercherie. Rien ne nous appartenait et rien n’était écrit. Dieu n’y était pour rien et l’homme non plus. L’homme peut-être un peu plus, tout de même. Parfois, ne prenait-il pas certaines décisions, totalement inattendues, bousculant l’ordre logique des choses en cours, des décisions laissant les proches ou même la communauté entière totalement abasourdis ? Il chercha un exemple et pensa à Bernard Moitessier dans la course en solitaire autour du monde, qui décide de continuer, alors qu’il était en tête, et de ne pas rentrer au port, « pour sauver son âme ». Ça, c’était grand ! Il ne devait cette décision à personne d’autre que lui. Il n’y avait pas eu de hasard. C’était un acte pleinement volontaire, au-delà de la raison, quelque chose qu’il avait construit en réaction à une vie en société qu’il rejetait, à des valeurs qu’il ne reconnaissait pas. Oui, mais alors, il n’avait fait que réagir à une situation qui ne lui convenait pas. Tous ses actes avaient été déterminés par une mise en scène extrêmement compliquée dans laquelle il avait essayé de glisser une petite part de volonté, sa décision n’était pas neutre, elle lui avait été imposée, ses actes avaient été déterminés par la lutte qu’il avait engagée contre des concepts qu’il haïssait.
C’était effrayant.
Il se sentit comme une plume aux vents. Les réflexions s’enchaînaient à une vitesse étourdissante.
Notre vie ne nous appartenait pas et elle n’appartenait d’ailleurs à personne, l’essentiel, finalement, étant d’en être conscient et de gérer ce drame du mieux possible. Ni dieu, ni maître, ni rien du tout. Qu’une boule de flipper lancée, par hasard, dans une partie que personne ne contrôle, et où chaque péripétie entraînera d’autres péripéties, nullement choisies, justes subies, et dont la boule essayera de se sortir du mieux possible ou plutôt, avec le moins de mal possible, et avec parfois le sentiment prétentieux d’avoir pris une décision supérieure, d’avoir atteint le plus haut degré de conscience. Non, c’était affreux, un cauchemar. Il devait essayer de contrôler le jeu ! Au moins une fois, dans une circonstance, juste une, quelles qu’en soient les conséquences, mais qu’il puisse se dire, avant la fin, « ça c’est à moi. » Même s’il ne s’agissait que d’une réaction contre un système, qu’une révolte contre la dictature permanente des jours qui défilent hors de toute maîtrise, il devait au moins une fois montrer son opposition. Ce serait certainement dérisoire par rapport à toutes les années de soumission mais ce serait enfin un acte relativement personnel.
Il songea à sa rencontre avec Birgitt et Yolanda. Tout était du hasard. Depuis son départ de l’école, le passage au lac Charpal, l’arrivée dans les Landes. Pourquoi là et pas un peu plus loin ? Seul l’instant où il était parvenu à leur adresser la parole, à leur donner envie de s’arrêter, avait marqué le sceau de sa volonté. Quelques secondes. Il lui avait fallu pratiquement un an de dérives pour y parvenir.
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Anaïs Quemener
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/02/2025
- 0 commentaire
Le cancer du sein est une terrible épreuve et le parcours de cette femme est porteur de vie.
Je sais à quel point le sport est salvateur. Aussi difficile que soit la reprise, aussi laborieuse que soit chaque séance quand on a dû tout arrêter, il est tellement puissant de ressentir cette vie en soi que la pratique d'un sport relève de la thérapie.
Rescapée d'un cancer, aide-soignante de nuit et championne de France de marathon, Anaïs Quemener est la star d'un docu génial
Article mis à jour le 10/10/23 15:09
Depuis le 10 octobre 2023, le documentaire "Anaïs" est disponible sur SalomonTV. Un film inspirant et émouvant, qui retrace le parcours de la marathonienne Anaïs Quemener
Tout juste deux semaines après avoir réalisé 2h29'01 au marathon de Berlin, Anaïs Quemener est montée sur la troisième marche du podium des 20 kilomètres de Paris le dimanche 8 octobre 2023. Mais où est-ce que cette coureuse aux paillettes aux coins des yeux et au sourire contagieux va-t-elle puiser son énergie ? Dans Anaïs, un documentaire disponible gratuitement sur la chaîne YouTube de son sponsor Salomon depuis le 10 octobre, la talentueuse réalisatrice Hélène Hadjiyianni tente de nous apporter une réponse. Elle a suivi cette athlète le jour et aide-soignante la nuit durant trois mois, lors de sa préparation pour le marathon de Paris 2023. Une plongée intime, émouvante et passionnante au cœur de la vie d'Anaïs Quemener et de sa "meute", son club de cœur mais aussi sa famille, et qui retrace le parcours d'une passionnée que même un cancer du sein découvert à l'âge de 23 ans n'aura pas empêché de chausser ses baskets pour aller courir. Interview.
Journal des Femmes : Comment votre passion pour l'athlétisme a commencé ?
Anaïs Quemener : J'ai toujours vu ma famille courir : mon père, mes grands-pères avant lui... J'ai baigné dans cette culture du sport, du dépassement de soi. C'était naturel de me diriger vers la course à pied. J'ai intégré un club à 9 ans. À cet âge, on fait tout : du lancer de balles, du saut en longueur, du 1000 m, du cross. Mon père était déjà entraîneur et cette passion a perduré parce qu'on ne m'a jamais forcée. J'allais courir pour m'amuser, retrouver mes copain-ine-s. Il n'y avait aucune contrainte. À l'adolescence, j'en ai aussi fait un peu. Mais j'en avais un peu marre de me lever tôt le dimanche matin pour m'entraîner ou faire des compétitions. Pourtant, au final, ça m'a jamais vraiment lâché.Pourquoi avoir décidé de vous lancer sur marathon ?
Ça s'est fait naturellement : j'ai commencé par le cross, le 1000 m, le 3000 m, le 10 km… La distance m'a toujours fait rêver. Quand j'étais plus jeune, on regardait les marathons à la télévision, les championnats du monde, d'Europe. Malgré le décalage horaire, on se levait à 2 ou 3 heures du matin pour suivre les courses. C'était presque un passage obligatoire, je savais que j'allais y venir. J'ai fait mon premier marathon à 21 ans et j'ai adoré. Dès que j'ai passé la ligne d'arrivée, j'ai eu envie de recommencer. Et pourtant, au départ, c'était un pari avec mes copain-ine-s du club. Nous nous étions inscrits un mois plus tôt pour participer au marathon de Rotterdam.Que ressentez-vous lorsque vous courez ?
C'est compliqué à expliquer, parce que c'est un sentiment qui me prend aux tripes. C'est le feu. C'est le feu dans tout mon corps. J'adore courir, je n'attends que ça. Quand je prends le départ d'une course, quand j'accroche un dossard, je me mets dans ma bulle et je n'ai qu'une hâte : courir.Anaïs Quemener lors du Marathon de Berlin 2023 © Margaux Le Map / Salomon
À quoi ressemble l'une de vos semaines d'entrainements en période de préparation marathon ?
Je cours beaucoup. Le mois précédent le marathon de Berlin, je parcourais entre 180 et 190 kilomètres par semaine. Ce qui correspond à 20 heures d'entraînement environ. Si mon emploi du temps me le permettais, j'essayais de faire du bi-quotidien : un footing le matin et une séance le soir. Et si ce n'était pas possible, j'allais au travail et j'en revenais en courant pour augmenter mon kilométrage un peu plus facilement. Je suis très heureuse, car tout s'est bien passé, je ne me suis pas blessée, ce n'était que du plaisir.Avec une telle intensité, vous devez avoir une très bonne hygiène de vie ?
On ne peut pas vraiment dire ça (rires). Le sommeil, je peux m'améliorer, l'alimentation aussi même si j'ai fait des efforts depuis le marathon de Paris. Je vois une nutritionniste désormais, mais avant c'était pizza à gogo. J'en ai encore mangé une l'avant-veille du marathon de Berlin. Quand tu cours 190 kilomètres par semaine, il faut aussi savoir se faire plaisir. Mais je sais que la nutrition a son importance, je l'ai appris par la force des choses sur mes courses. Je mets des choses en place petit à petit avec ma nutritionniste. Ce sont des petits détails qui peuvent faire toute la différence.Vous avez eu un cancer du sein à l'âge de 23 ans. Comment l'avez-vous découvert ?
Tout bêtement, en prenant ma douche. J'ai senti une boule dans mon sein. Je n'ai pas réagi tout de suite. J'avais 23 ans, je faisais du sport, je me sentais en forme. Il n'y avait pas de raison ! J'ai quand même pris rendez-vous avec ma gynécologue, qui m'a dit que c'était hormonal après un examen assez expéditif. Environ six mois plus tard, alors que je travaillais aux urgences, j'ai demandé à une autre médecin de regarder. Elle m'a prescrit un bilan qui est revenu parfait. Mais un an plus tard, la boule était toujours là et elle commençait à grossir et déformer mon sein. Si c'était un kyste, je voulais le faire enlever. On m'a prescrit une ponction, une biopsie et une échographie mammaire au mois de juin. Les résultats ont mis du temps à arriver. Ils sont tombés début août, la veille de l'anniversaire de mon père. J'ai compris tout de suite en voyant la tête du médecin. Je lui ai demandé si c'était un cancer, il m'a répondu "Oui" ,mais il m'a dit qu'il n'allait pas me laisser comme ça. Et j'ai tout de suite rencontré l'oncologue qui m'a suivi. Je me dis souvent que si je n'étais pas tombé sur lui, je n'aurais pas vécu les choses de la même manière. Il me faisait rire. Quand j'arrivais dans son cabinet, il me disait "Mais qu'est-ce que tu fais là toi, tu pourrais être ma petite fille !" Je répondais que je n'avais rien demandé à personne. Quoi qu'il arrive, ces rendez-vous étaient toujours des bons moments.Combien de temps a duré le traitement ?
J'ai fait huit mois de chimiothérapie, puis deux mois de radiothérapie et ensuite je me suis fait opérer avec une ablation du premier sein, puis le deuxième car mon cancer était génétique. J'ai eu plusieurs opérations de reconstruction qui n'ont pas fonctionnées et j'ai finalement tout retiré en 2019. Je me sens beaucoup mieux comme ça, je n'ai pas de douleurs et je peux dormir sur le ventre ! Et mentalement, c'est important de ne plus avoir de corps étranger en moi. J'étais une jeune adulte lorsque j'ai eu ce cancer. Aujourd'hui, j'ai 32 ans et ce qui est marrant, c'est que je me sens beaucoup plus féminine aujourd'hui que lorsque j'avais mes seins.Comment le sport vous a aidé dans cette période compliquée ? Votre oncologue vous a-t-il toujours soutenu dans votre pratique ?
À moitié. Il m'a toujours encouragé à courir, mais pas forcément en compétition. Et moi, je voulais faire de la compétition. On a un peu filouté avec mon père, en allant voir un autre médecin qui me connaissait bien et qui a accepté de me rédiger un certificat médical pour pratiquer la course en compétition, tout en me disant de faire très attention, d'être à l'écoute de mon corps. En sortant du cabinet, je voulais déjà m'inscrire à un 10 km. Je faisais déjà beaucoup de sport avant la maladie. Je ne pouvais imaginer ne pas en faire pendant le traitement. Je ne pouvais déjà plus travailler ! Lorsque je me rendais au club, pendant une heure, j'oubliais que j'étais malade.Vous êtes aujourd'hui marraine de l'association Cassiopeea qui soutient la pratique sportive pour les malades du cancer...
Quand je suis tombée malade, j'ai voulu rencontrer des gens comme moi, qui étaient malades mais qui avaient aussi envie de faire du sport. Plusieurs associations proposaient du yoga, du stretching… Ce sont de supers activités, mais ce n'est pas mon truc, je voulais me dépasser. J'ai alors fait la rencontre de la présidente de l'association Cassiopeea. Elle avait déjà participé au Marathon des sables. Son profil m'a parlé. J'étais encore sous chimiothérapie lorsqu'on a fait connaissance. J'ai pu discuter avec elle des traitements, elle a répondu à toute mes questions dans une grande bienveillance. Et lorsque j'ai gagné le titre de championne de France de marathon en 2016, elle m'a proposé de devenir marraine. J'ai évidemment accepté. On accompagne les malades mais aussi les aidants qui sont trop souvent oubliés.Vous êtes aujourd'hui encore aide-soignante de nuit. N'avez-vous eu jamais envie de vous lancer dans une carrière d'athlète à temps plein ?
Mon métier de soignante est clairement une vocation. J'adore ce que je fais. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, j'aimerai avoir un peu plus de temps à consacrer au sport. Je ne me posais pas la question avant. La course à pied n'est pas vraiment un sport qui paye. Mais depuis le marathon de Berlin, j'ai des opportunités qui se présentent et je me sens plus légitime. J'ai demandé un aménagement de temps à mon employeur. Je ne sais pas si cela va être accepté, mais ma demande a été entendue. C'est le moment ou jamais. Mais je me pose aussi des questions : est-ce que le plaisir que j'éprouve à courir restera le même ? J'ai trouvé un équilibre aujourd'hui. Si j'augmente ma charge d'entraînement, est-ce que je ne risque pas de me blesser ? C'est un vrai cheminement.Vous venez de réaliser 2h 29min01' au marathon de Berlin. Comment s'est passée votre course ?
Je suis hyper chanceuse, car j'ai couru avec Ricardo et Mustapha, deux garçons de mon club qui ont à peu près le même niveau que moi et pendant 36 km, on était ensemble. C'est précieux, parce qu'on a pu partager la préparation ensemble, les entraînements mais aussi le quotidien. Je n'ai pas réussi à avoir de dossard élite, ce qui m'aurait permis de partir dans un sas préférentiel et de m'échauffer jusqu'au dernier moment. Donc les cinq premiers kilomètres, on a un peu slalomé entre les gens. Au 10ème kilomètre, on avait 20 secondes d'avance, puis 30 secondes au semi et ça a commencé à m’inquiéter. C'est devenu difficile pour moi au 35ème kilomètre, mais j'ai serré les dents, le plus dur était fait. Je me suis laissé distancer par les garçons, mais nous sommes tous les trois arrivés en une minute de temps.Vous vous retrouvez à un peu plus de deux minutes des minimas olympiques. Est-ce un objectif pour vous ?
Oui, mais pas forcément pour ceux de Paris. C'est dans moins d'un an, ça me paraît compliqué. Et je ne veux pas faire que du marathon. Je veux continuer le cross, la piste, les 10 km, le semi-marathon. Pour moi, c'est le plaisir avant tout, je ne suis pas une athlète professionnelle. Je vais tout de même tenter de faire descendre mon record personnel sur marathon à Valence. Les minimas seront durs à aller chercher mais je n'ai rien à perdre à essayer.Qu'est-ce que représentent les Jeux olympiques pour vous ?
Un rêve de petite fille. C'est un graal de pouvoir y participer, même en tant que spectatrice. Mais mon plus grand rêve, c'est de rester en bonne santé et de continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais. Et ça, ça n'a pas de prix.Sarah Duverger Mis à jour le 10/10/23 15:09
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JARWAL : l'océan de la Vie
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/02/2025
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« Cette histoire, les enfants, montre que toute mon expérience est centrée sur moi-même. Je suis celui par lequel tout ce qui vient à moi est reçu, analysé, commenté, rejeté, détesté, adoré. Ce moi qui perçoit est au centre. Tout du moins, c'est l'impression qu'il donne. J’ai compris en ayant perdu provisoirement la mémoire que ce moi est ce qui m'appartient le moins, c’est une entité constituée de multiples fragments, parfois éparpillés au vent des conditions de vie. Lorsque je sais que quelqu'un pense du mal de moi, comme Jackmor par exemple, je suis en quelque sorte relié à cette personne, je me laisse emporter par les pensées générées par cette crise. De la même façon lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui m'aime. C'est à partir du moi que j'entre en relation avec le monde. Je vais donc m'appliquer à confirmer l'existence de ce moi en accumulant des fragments à partir desquels je pourrais sculpter l'identification dont ce moi a besoin pour se prolonger. On devine le piège. Quelle est la réalité de ce moi sitôt qu'il prend forme à travers des pièces éparpillées ? Juste un amalgame hétéroclite. C’est cela que j’ai compris. J’essayais d’exister alors que je n’avais aucune idée de l’image initiale.
-Ça me fait penser à un puzzle que je voudrais reconstituer alors que je n’aurais même pas eu l’image finie en modèle, expliqua Nolwen.
-Qu’est-ce que c’est ce puzzle ? demanda Jarwal.
-C’est un jeu de patience, on a des petites pièces avec un morceau d’image et quand on les assemble, ça donne une grande image complète.
-Je comprends, c’est important d’apprendre la patience et effectivement, c’est un très bon exemple pour expliquer la façon dont nous voyons la Vie. On croit que parce que nous avons dans les mains quelques petites images, on a saisi l’ensemble. On essaie de construire quelque chose dont on ne possède même pas la vue générale.
-On dirait un ouvrier qui voudrait construire une maison alors qu’il n’a même pas idée de ce que ça va donner à la fin, ajouta Zack.
-Oui, c’est exactement ça, s’enthousiasma le lutin. Vous voyez, vous comprenez très bien de quoi je parle. L'énergie dispensée pour élaborer cette image est pourtant phénoménale. Je vais accumuler et protéger mes objets, mes relations, mes connaissances, mes passions, mes projets...Tout cela crée un attachement grâce auquel je pense pouvoir donner de la valeur à mon existence. J'appartiens à mes attachements et je m'en glorifie... Il va falloir en plus que je protège mon territoire, toutes mes possessions. Je vais devoir lutter contre ceux qui s'opposent à mes droits. Je chercherai sans doute à intégrer un groupe qui me ressemble et qui pourra me défendre. J’abandonnerai certainement une partie de mes convictions pour être bien vu, bien accueilli et pouvoir bénéficier de la force de ce groupe.
-Ah, oui, on voit ça à l’école. Tous ces enfants qui veulent absolument suivre un chef et faire comme lui ou qui s’habillent comme leurs idoles de télévision. Ça m’énerve ! lança Zack.
-Ils ont peur Zack, tout simplement. C'est inévitable. Beaucoup de gens fonctionnent de cette façon. La peur qu'on me vole mon identification ou qu'on ne la reconnaisse pas, que je sois rejeté ou incompris, que mes choix de vie soient bafoués. J'entre en confrontation avec ceux qui ne me reconnaissent pas ou qui défendent leur image. La colère se nourrit de ma peur. Attachement, aversion, colère, peur, réjouissance, reconnaissance, insatisfaction, désillusion, amour, joie, peine. C’est un chaos immense. Il se peut qu'un jour, pour une raison connue ou pas, je prendrai conscience de ces tourments répétés. Une illumination, un choc, une révélation, quelque chose d'incompréhensible pour la raison mais qui me bouleversera au-delà du connu. J'entrerai peut-être dans une nouvelle dimension, ça sera long évidemment, douloureux sans doute mais je sentirai pourtant que c'est mon chemin.
-C’est ce qui t’est arrivé chez les Kogis ?
-Oui Tom. Mais il y a un autre risque. Si j’attribue cette révélation à moi-même sans comprendre qu’elle vient de la Vie elle-même, j'aurai l'impression d'être supérieur aux autres, d’être plus puissant qu’eux. Je détournerai la révélation pour m’en glorifier.
-Et le moi sera toujours le Maître.
-Tout à fait Nolwen. Alors je chercherai à préserver cette plénitude, à l'accroître même, et dès lors se mettra en place une nouvelle identification. D'autres empilements. Juste d'autres perceptions, d'autres sensations, d'autres pensées, d'autres réflexions narcissiques. Je me prendrai pour un Sage ou un grand Maître. J'aurai juste changé ma façon de regarder les pièces du puzzle éparpillées.
-En ayant été incapable de voir l’image originale.
-Oui Nolwen. Cette quête n'aura été qu'une illusion, une machination du moi qui se sera finalement révélé le plus malin... Il sera toujours le maître des lieux.
-Mais quelle est cette image originale Jarwal ?
-Il faut comprendre avant tout qu’il n’y a rien à chercher. Tout est déjà là mais en le cherchant, je m'en éloigne. Tout le problème vient de ce remplissage inconsidéré de l’existence. On ne voit plus rien quand on a entassé des gravats.
Le Soi, c’est la fusion de ce moi, du je et de la conscience de la Vie.-Je ne comprends plus rien, avoua Tom.
-Tu ne comprends pas les mots Tom mais ton âme sait de quoi je parle parce que tu es déjà dans cette vie intérieure. Sinon, tu ne serais pas là à m’écouter.
-Il ne s’agit pas de constituer l’image originelle parce qu’elle est nécessairement déjà là mais de parvenir à enlever tout ce qui la couvre. C’est ça Jarwal ?
-Oui Nolwen.
-Et cette image originelle, c’est la conscience de la Vie qui la détient. C’est lorsque nous avons abandonné notre appartenance à ce chaos humain.
-Pas exactement Zack. Il ne s’agit pas de l’abandonner parce que sinon il faudrait aller vivre sur une île déserte. Il s’agit de ne pas lui appartenir. De faire la distinction entre la participation lucide et la disparition dans le flot. Imagine une molécule d’eau de l’Océan. Elle n’est pas dans l’Océan puisqu’elle fait partie de l’Océan. Je dis par conséquent qu’elle est de l’Océan. Sans toutes ces molécules d’eau, l’Océan n’existe pas. Mais sans l’Océan, les molécules ne seraient que des individualités esseulées. La fusion des molécules crée l’Océan. Il y a plusieurs menaces ensuite. Soit certaines molécules regroupées considèrent qu’elles ont un pouvoir plus grand que celui de l’Océan et elles finissent par l’oublier, le contester, le combattre même, soit certaines molécules refusent de se voir assemblées dans un Tout et considèrent qu’elles doivent préserver une liberté de décisions, une autonomie qui leur paraît plus importante que le Tout. Dans les deux cas, ces molécules sont dans l’erreur. Celles qui s’imaginent obtenir un pouvoir parce qu’elles pensent avoir une ressemblance, une particularité, des idées communes, des intentions autres que la participation à l’Océan, celles-là participent au désordre. Elles fabriquent une rupture dans la cohésion des molécules. D’autres molécules vont prendre peur et vont vouloir assembler leurs peurs pour fonder d’autres groupes contre les premières. La confrontation prend une ampleur inéluctable et incontrôlable. De leur côté, celles qui pensent bénéficier d’une autonomie vont s’efforcer de s’isoler ou de lutter individuellement contre ces groupes. Elles ne participent pas pour autant à la cohésion perdue mais elles l’entretiennent en réagissant contre un désordre qu’elles condamnent. Elles utilisent le même fonctionnement que les groupes qu’elles critiquent. Des entités rebelles entêtées dans une distinction qu’elles vénèrent ne participent aucunement à la réhabilitation de l’Unité. Elles se voient comme plus importantes que l’Océan lui-même et succombent à la peur de disparaître. C’est toujours la peur qui crée le chaos. Cette incapacité à dépasser la vision restrictive de l’individu est une condamnation de l’Unité.
-Mais comment doit-on se comporter alors Jarwal ?
-C’est là qu’intervient cet apprentissage de l’observation consciente. Il ne s’agit pas de se nier en tant qu’individu ni de rejeter l’appartenance à l’Océan mais de parvenir à observer les deux phénomènes. Juste les observer, sans leur apporter la moindre émotion. C’est ce qu’on appelle « agir dans le non-agir ». Je suis une molécule animée par l’Océan. J’agis dans le champ de mes expériences mais sans jamais être dissocié d’une dimension bien plus grande. L’Amour est à la source de cette paix intérieure. Laisse la vie te vivre, elle sait où elle va. Cette phrase est essentielle pour moi. On pourrait penser que c’est une invitation à l’abandon et à la lâcheté, comme un bâton qui flotte sur l’Océan. Mais nous ne sommes justement pas des bâtons. Nous sommes animés par la Vie et c’est en son cœur que nous devons apprendre à agir. Non pas agir contre elle en nous dressant fièrement devant elle mais agir dans la dimension qu’elle nous propose. C’est un équilibre extraordinaire à trouver. »
Le silence.
L’écho de tous les mots, la nécessité d’aller au plus profond de la compréhension. Chacun animé par la volonté d’explorer les horizons proposés, au regard de son propre potentiel, sans se soucier de l’avancée des compagnons, juste dans l’acceptation de ses limites et de l’énergie disponible.
« Il faut que vous rentriez les enfants. Vous avez une longue descente et le jour va tomber. »
Cette difficulté à quitter les espaces intérieurs. Comme si les mouvements de l’Océan participaient au bonheur des voyages.
« Tu sais Jarwal, c’est très à la mode depuis quelques temps de parler de l’environnement. La pollution, les destructions de la planète et tout ça. Mais j’ai un peu l’impression que cette façon de voir cet environnement est totalement fausse et en plus je me dis que notre façon de nous voir est également fausse. Ce que nous voyons de nous n’est qu’un environnement mais c’est au cœur de cet environnement que se trouve la réalité. Enfin, j’ai du mal à l’expliquer. Tu vois, c’est comme si nous, les humains, on voyait la Terre comme quelque chose de séparée de nous mais en fait, c’est pareil pour nous. Nous sommes séparés de nous-mêmes parce que nous ne percevons que ce qui est visible ou identifiable, tout ce sur quoi on sait mettre un nom. Ah, ça m’énerve, je ne sais pas comment l’expliquer !
-J’ai parfaitement compris ce que tu veux dire Nolwen. Notre identité, tout ce que sur quoi nous avons-nous-mêmes apportés une reconnaissance que nous transmettons aux autres, toute cette fabrication est artificielle. Elle n’est qu’un environnement. Mais ce qui importe et qui est réel est caché en nous-mêmes. Nous portons un trésor et nous nous occupons du coffre qui le contient. De la même façon que les hommes s’inquiètent de l’environnement ou y sont totalement indifférents sans comprendre qu’ils ne s’intéressent qu’à des formes matérielles en ignorant le flux vital qui les anime. Mais il n’en reste pas moins que je préfère les voir s’inquiéter de la préservation de cet environnement plutôt que de le délaisser. Il existe au moins la possibilité qu’un jour ils parviennent à établir un vrai regard et qu’ils cessent de jouer des rôles de sauveur, juste pour leur gloire personnelle.
-Tout ça, c’est de l’espoir Jarwal et cet espoir est une illusion. Tu l’as dit toi-même.
-C’est vrai Zack. C’est pour cela qu’il faut juste agir dans le non-agir, faire ce qui te semble juste sans te préoccuper des résultats éventuels. Faire ce que tu es sans vouloir que les choses soient ce que tu aimerais. Puisque les choses ne peuvent pas être ce que tu n’es pas.
-Tu veux dire que les choses sont ce que je suis ?
-Oui Zack. Tu crées la réalité qui te correspond. Tu vis ce que tu es et tes actes influent sur la réalité de ton environnement mais ils ne changent rien à la réalité de la Vie que tu portes. La Vie que tu portes, je l’appelle le réel. L’environnement n’est que la réalité. Mais il faut arrêter nos discussions les enfants, vous allez vous mettre en retard et je m’en voudrais que vos parents s’inquiètent. Filez vite. Nous nous reverrons.
-C’est difficile de te laisser Jarwal. J’aimerais tellement ne plus te quitter, avoua Nolwen en baissant les yeux. La vie quotidienne ne sera jamais aussi belle qu’avec toi.
-Ta vie quotidienne sera ce que tu es Nolwen. Ne l’accuse pas d’être d’une quelconque responsabilité.
-Tu as raison Jarwal. Je m’en souviendrai. Allez les garçons, on y va. »
Ils s’enlacèrent tous les quatre, comme unifiés par leur amour commun de la Vie puis Jarwal prit son bâton de marche, ajusta sa besace, remit son chapeau et regarda intensément les trois enfants.
« Mon âme vous aime de tout son cœur. »