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Ecrire en musique
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/11/2024
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J'ai toujours les écouteurs sur les oreilles quand j'écris.
Loscil, Richter, Hudson, Arvo Part...
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"Rendre l'eau à la terre"
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/11/2024
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Loin de moi, l'idée d'être irrespectueux envers les populations de Valence frappées par les inondations, les images sont terrifiantes et le bilan humain ne cesse d'augmenter.
On sait depuis longtemps que le problème de l'urbanisation fait courir des risques majeurs aux populations. Un article sur France Info montrait l'envahissement des villes, l'extension des zones urbaines, commerciales, industrielles depuis les années 1950...L'eau n'a plus de place...
Ce livre est une lecture nécessaire pour prendre conscience du problème.
Rendre l'eau à la terre
Sous-titre
Alliances dans les rivières face au chaos climatique
Baptiste MORIZOT
Sur la planète Terre, une rivière vivante s’entoure de milieux humides qui protègent la vie. Pourtant, nous lui avons pris ces milieux pour déployer nos villes et nos agricultures industrielles. Corsetées, drainées, bétonnées, les rivières ne peuvent plus nous préserver d’un climat déréglé. Face au péril, il est temps de rendre l’eau à la terre, pour abreuver les déserts que l’extractivisme nous laisse en héritage.
Comment ramener l’eau à la vie ? En enquêtant sur le temps profond des rivières. On découvre qu’elles ont coévolué avec une forme de vie qui travaille depuis des millions d’années à hydrater les milieux : c’est le castor. Il ralentit l’eau, l’infiltre dans les sols, la purifie et la donne en partage à tous les vivants. Il façonne ainsi des oasis de vie qui peuvent nous aider à traverser les sécheresses, les feux et les crues. Son action amplifie la vie. Traqué pendant des siècles comme un nuisible, peut-il devenir aujourd’hui un allié ? Le castor peut-il nous inspirer une philosophie de l’action enfin libérée du culte du pétrole, du machinisme et du contrôle ? Saurons-nous apprendre d’un autre animal comment guérir les rivières ?
L’enjeu est de changer de paradigme, vers une pensée de l’eau vivante capable de désaltérer un monde assoiffé. En ces temps bouleversés, il est temps de passer des alliances avec des puissances non humaines. D’explorer la possibilité de participer, en humains, à l’autoguérison du monde. Et d’apprendre, nous aussi, à amplifier la vie.Retrouvez et soutenez les actions contribuant au mouvement d’alliance avec le peuple castor sur le site : https://mapca.eu/
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Les castors
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/11/2024
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Laisser la nature se réguler et en tirer les bénéfices.
Une famille de castors aide cette ferme drômoise face au dérèglement climatique
« Le castor immerge l’entrée de sa maison par des retenues d’eau mais cultive toutes les espèces avec lesquelles il alimente son habitat, notamment les saules et les peupliers qu’il préfère. Ces arbres vont stimuler les milieux humides en pompant de l’eau, en la remontant en permanence et en la diffusant ensuite dans l’écosystème »
Texte: Liza TourmanPhotographie: Eve Campestrini6 juin 2024
Au fin fond du Diois se trouve l’un des plus vieux GAEC de la Drôme : la ferme de Montlahuc où un jeune castor s’est installé il y a trois ans, inondant 2000m2 de terre, un exploit pour un lieu situé à 1000m d’altitude. Aujourd’hui, les 6 associés du GAEC cohabitent avec cet allié, réhydratant petit à petit les paysages et régénérant la biodiversité.
D’une ferme conventionnelle à un havre de biodiversité
Marco est l’un des associés du GAEC, la ferme de Montlahuc. Arrivé il y a une dizaine d’années, il développe l’activité « écosystème » qui consiste à prendre soin du territoire, de tout ce qui effleure de près ou de loin le Vivant et la durabilité de la ferme.
« En 2013, le GAEC a amorcé une grosse transition où il y a eu un changement d’associés. On était trois jeunes à arriver. On a essayé de travailler avec l’inspiration Kogi, ce peuple ancestral de Colombie très connecté au Vivant. Comment repenser notre modèle agricole en laissant faire la nature au maximum ? » raconte-t-il pour La Relève et La Peste
La ferme conventionnelle s’est transformée en quelques temps en poly-élevage, modèle vertueux pour la biodiversité. Le groupe fonctionne à 100 % en vente directe et a en une dizaine d’années redynamisé le village en passant d’une dizaine à une quarantaine d’habitants, relançant ainsi l’école.
Le rôle du castor dans le cycle de l’eau
Il y a trois ans, un castor s’est installé au GAEC. De fil en aiguille, il a réhydraté le paysage.
« Il a commencé par creuser un fossé au milieu de la prairie qui est devenue l’année suivante un véritable plan d’eau. Il a immergé 2000m2 de la parcelle sur 5000m2. Le premier raisonnement des voisins a été de nous dire de ne pas le laisser faire car nous étions en train de perdre de la surface pour le foin pour les animaux. On a quand même 1100 hectares, on s’est dit que 2000m2, on pouvait les laisser aux castors. Notre ruisseau temporaire est devenu permanent » se remémore Marco auprès de La Relève et La Peste
Petit à petit, la biodiversité a fructifié. Des espèces aquatiques se sont installées comme une trentaine d’espèces de libellules, des canards et des oiseaux de zones humides. Le plus surprenant étant l’impact du rongeur sur l’écosystème en cultivant les espèces nécessaires pour se nourrir.
« Le castor immerge l’entrée de sa maison par des retenues d’eau mais cultive toutes les espèces avec lesquelles il alimente son habitat, notamment les saules et les peupliers qu’il préfère. Ces arbres vont stimuler les milieux humides en pompant de l’eau, en la remontant en permanence et en la diffusant ensuite dans l’écosystème » détaille Marco pour La Relève et La Peste
D’une prairie sèche et d’une végétation pauvre, la parcelle est devenue riche et dense. Des légumineuses sont apparues et ont diversifié le paysage. Une aubaine pour le pâturage. Ces légumineuses amènent des fleurs qui attirent tout un cortège de papillons et d’insectes, créant ainsi une vie spectaculaire avec l’apparition de feuillus là où auparavant ne cohabitaient que des pins.
« Les pins sont des espèces intéressantes mais qui partagent assez peu l’eau dans les écosystèmes, des espèces un peu plus « égoïstes » que les feuillus. Ces derniers travaillent ensemble. Ce qui permet une régénération de cet écosystème qui l’emmène vers un milieu qui amplifie la vie » sourit Marco
Si le castor est arrivé seul sur cette parcelle il y a trois ans, ils sont aujourd’hui entre trois et quatre à habiter les lieux. Cependant, Marco nous signifie que sa présence existe sur ce petit cours d’eau depuis déjà une dizaine d’années, à quelques 3 kilomètres de là.
« Notre petit ruisseau constitue la connexion entre le bassin des Baronnies et le bassin de la Drôme. C’est quasiment l’un des seuls corridors écologiques de zone humide entre ces deux grands bassins versants pour la circulation des espèces aquatiques : c’est un espace fondamental » précise Marco pour La Relève et La Peste
Le castor, un allié précieux
Après des années de politique d’évacuation rapide de l’eau vers nos mers, on a aujourd’hui un assèchement majeur des territoires. Cette course a créé de l’érosion et donc une incision des ruisseaux qui ont tendance à descendre en profondeur. Les impacts bénéfiques du castor sur les écosystèmes sont multiples. L’un d’eux est le ralentissement et l’infiltration de l’eau dans les sols.
« L’eau s’infiltre à la même hauteur que le ruisseau quand le castor fait un barrage, il remonte son niveau et aussi celui de cette nappe phréatique qui fait que les plantes ont plus d’accès à l’eau » détaille Marco.
En édifiant des micro-retenues, le castor empêche une trop grande quantité d’eau de s’échapper. En la ralentissant et la stockant, elle est diffusée progressivement dans le paysage, ce qui évite les inondations.
« On dit que le castor, en construisant des retenues, a tendance à réchauffer l’eau et que c’est mauvais pour les écosystèmes. En réalité, l’eau qui sort de terre est forcément plus fraîche et donc rafraîchit le cours d’eau. »
Une expérience que la Californie, aux Etats-Unis, connaît bien. Face aux feux de forêts amplifiés par le dérèglement climatique, la Californie a mis en place des « zones castors », plus résistantes au feu grâce à l’humidité du sol. Ces fameuses « zones castors », dont la végétation perdure, peuvent recréer par la suite les forêts parties en fumée. Lieux refuges pour les animaux, ces derniers retournent dans les espaces désertifiés une fois le danger passé et, en déféquant des graines, régénéreront petit à petit les paysages.
Le castor est un animal clé dans l’équilibre des grands cycles, la régulation et la régénération des paysages. Depuis des millions d’années, il cohabite avec la rivière, ce qui en fait de lui en quelque sorte le gardien. Impressionnés par l’efficacité du castor sur cette parcelle, les agriculteurs tentent de l’attirer au plus près de la ferme de Montlahuc. Les associés ont tout mis en place pour rendre, selon l’expression de Baptiste Morizot, un emplacement attractif pour le plus gros rongeur d’Europe.
« On a créé des petites retenues pour que son terrier soit immergé. On a aménagé ces espaces près des peupliers tremble, ses préférés, et on continue à en planter là-bas. Il y a de grandes chances qu’il soit déjà passé sur le lieu et qu’il l’ait repéré et qu’il vienne s’installer chez nous dès qu’il en aura besoin » espère Marco.
Sur la ferme de Montlahuc, le réchauffement climatique se fait ressentir depuis une dizaine d’années. Le vent est de plus en plus fort et les parcelles, de plus en plus sèches. Avec une quantité de foin de moins en moins importante, chaque année est un peu plus difficile pour les associés.
« On a planté 3000 arbres, un peu plus de 3km de haies. Ces arbres on les achète, il faut les protéger avec des clôtures, préparer les tracteurs, aller les planter. Tout ça prend beaucoup de temps, d’énergies fossiles, d’argent alors qu’en deux ans, le castor est plus efficace en utilisant moins d’énergie » résume Marco
Les Etats-Unis ont ainsi mis en place des indemnisations pour les agriculteurs qui perdent des parcelles agricoles où le castor se réinstalle. Historiquement, le mot maraîchage est lié au marais, terres très fertiles qui ont été subtilisées aux castors. Ainsi, ce sont dans ces espaces qu’il va revenir d’où la nécessité que l’État prenne des mesures. Le modèle allemand a également un barème d’indemnisation agricole en cas de dégâts, de façon à ce qu’il y ait moins de problèmes de cohabitions entre les castors et les agriculteurs.
Entre envahir et infuser le Vivant pour l’habiter, il n’y a qu’un pas
Co-créer avec le castor a une signification plus profonde et puissante sur notre urgence à cohabiter avec le Vivant, dont nous, humains, faisons pleinement partie. Ce sont des millions d’années de cohabitation qui se sont créées entre les espèces. Chacune, de par sa façon de vivre, a un rôle écologique, une fonction dans les écosystèmes.
Chaque fois que l’une d’elles disparaît, c’est une fonction qui s’évapore et un équilibre qui est complètement modifié. Tout ce que l’on créait comme déséquilibre, c’est à nous que ça coûte économiquement, en charges de temps de travail et de tous les impacts. Il y a tout intérêt à amplifier la vie et de travailler avec lui.
Pour Marco, on doit faire avec la nature et cohabiter avec elle dans tous nos espaces. La clé ne serait pas de sanctuariser quelques zones. En revanche, il préconise de préserver quelques endroits de l’intervention humaine de façon à laisser les dynamiques se mettre en place pour qu’ensuite elles puissent se propager. Les Kogis les appellent « zones d’espace sacré ». Que ces espèces puissent y perdurer en dépit du dérèglement climatique. Ainsi, une fois que cela se sera à peu près stabilisé, elles pourront recoloniser et régénérer le reste du paysage.
« Puisque c’est la vie qui génère et amplifie la vie, il faut que cette diversité d’espèces et ces équilibres qui ont été créés depuis des millions d’années puissent fonctionner et réparer ce qu’on a fait derrière. Cette notion de sanctuaire arrive un peu là. Il n’y a pas une solution absolue, c’est la multitude de solutions qui va permettre qu’on s’en sorte demain »
Le retour en force du castor dans nos campagnes françaises est donc une formidable façon de faire alliance avec le reste du Vivant.
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L'écologie n'est pas punitive
- Par Thierry LEDRU
- Le 30/10/2024
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Mais l'absence de conscience écologique induit des sanctions terribles.
Je lis encore et encore des commentaires sur les réseaux sociaux qui affirment que des inondations ont déjà eu lieu et patati et patata.
Bon, si on prend en considération les données suivantes, en faisant une règle de 3, on peut avoir une idée de ce qui est en route : 5-6 degrés en 100 000 ans vs. 1,5 à 4 degrés en 150-200 ans. Ça donne une idée de la suite...
"Au vu des derniers épisodes météorologiques, il est bon de rappeler certaines études sur les crues paléologiques en période de réchauffement climatique.
il y a 56 millions d'années a eu lieu un réchauffement rapide (100'000 ans) de 5°C ou 6 °C, le PETM.
Des mégacrues ont eu lieu : Les lits de certains fleuves ont débordés de 10 à 14 fois leur normale.
Ces observations dépassent largement (d'un facteur 2 ou 3) les prévisions des modèles climatiques sur les augmentations de pluviométrie.
Je cite l'étude :
"Quelles sont les implications de ces résultats pour l'avenir ? Les simulations de modèles et les observations suggèrent que le réchauffement climatique anthropique entraînera des changements prononcés dans l'hydrologie mondiale. Plus précisément, on s'attend à des changements dans la saisonnalité et à une augmentation de l'occurrence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, mais l'ampleur des changements reste incertaine. Les arguments théoriques indiquent que les précipitations extrêmes devraient être proportionnelles à la capacité de rétention d'eau de l'atmosphère ( 7 % par degré de réchauffement)
Bien que cette prédiction soit confirmée par les données mondiales sur les précipitations quotidiennes maximales annuelles, les précipitations extrêmes infraquotidiennes (horaires) semblent s'en écarter, certaines régions présentant proportionnalité moindre, tandis que d'autres avec une proportionnalité beaucoup plus importante
Nos résultats suggèrent des précipitations extrêmes pendant le PETM et confirment donc la probabilité que le réchauffement climatique actuel puisse intensifier les précipitations extrêmes et les inondations associées à des taux plus élevés, peut-être imprévisibles, que ceux prévus par les modèles de circulation générale."
Adrien Couzinier
source document en Anglais
https://www.nature.com/articles/s41598-018-31076-3?fbclid=IwY2xjawGPRrpleHRuA2FlbQIxMQABHTIdbIIs2f1rKhusbwz0jqEePdgjNnhZe7jB8ejAbJVgReKd2-hY5j8rpQ_aem_VDxmY-TXI4KeHpnBbACdaw
Publié le 30 octobre 2024
Une photo prise à Picanya, près de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 30 octobre 2024, montre des voitures entassées dans une rue après des inondations. Jose Jordan / AFP
Ce sont littéralement des torrents d’eau qui ont déferlé sur la région de Valence en Espagne dans la nuit du mardi 29 octobre en raison de pluies soudaines et extrêmement violentes intensifiées par le changement climatique. Le bilan provisoire fait état d’au moins 51 décès.
Au moins 51 personnes ont péri dans de dramatiques inondations qui ont dévasté mardi 29 octobre au soir le sud-est de l’Espagne, selon un bilan provisoire. “Le chiffre provisoire de personnes décédées (est) de 51”, ont annoncé les services d’urgence dans un message posté sur X.
La région était pratiquement coupée du reste du pays, certains villages étant inaccessibles, ont indiqué les services de secours. Dans la nuit, le président du gouvernement régional de la communauté de Valence, Carlos Monzón, avait indiqué que plusieurs corps avaient été retrouvés. “Nous faisons face à une situation sans précédent, que personne n’a encore jamais vue”, avait-il ajouté. Rien ne laissait toutefois prévoir un tel nombre de victimes, qui fait de ces inondations les plus dramatiques en Espagne depuis août 1996.
Les autorités avaient indiqué mardi que sept personnes étaient portées disparues, dont une à L’Alcudia, dans la région de Valence, et six à Letur, dans la province voisine d’Albacete (région de Castille-La Manche), où une crue soudaine avait envahi les rues, emporté des voitures et inondé des bâtiments. Les services d’urgence, appuyés par des drones, ont travaillé toute la nuit pour rechercher les six disparus à Letur, a déclaré à la télévision publique TVE la déléguée du gouvernement central en Castille-La Manche, Milagros Tolon. “La priorité est de retrouver les personnes disparues”, a-t-elle ajouté.
Armée spécialisée dans les opérations de sauvetage
La police de la ville de L’Alcudia a, pour sa part, déclaré être à la recherche d’un chauffeur de camion porté disparu depuis mardi après-midi. Les autorités ont demandé à tous les habitants de la région de ne pas essayer de se déplacer par la route. Le gouvernement central a mis en place une cellule de crise, qui s’est réunie pour la première fois mardi soir, et a envoyé dans la région de Valence une unité de l’armée spécialisée dans les opérations de sauvetage. Cette cellule de crise devait se réunir de nouveau mercredi à midi sous la présidence du Premier ministre Pedro Sánchez, de retour d’une visite officielle en Inde.
La mairie de Valence a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées mercredi, de même que les jardins publics, et que tous les événements sportifs étaient annulés. Douze vols qui devaient atterrir à l’aéroport de Valence (est) ont été détournés vers d’autres villes d’Espagne en raison des fortes pluies et des vents violents, a indiqué l’opérateur aéroportuaire espagnol Aena. Dix autres vols qui devaient partir ou arriver à l’aéroport ont été annulés.
Déraillement d’un TGV
L’opérateur national d’infrastructures ferroviaires Adif avait suspendu mardi soir les trains à grande vitesse entre Madrid et Valence en raison des effets de la tempête sur les principaux points du réseau ferroviaire. Un train à grande vitesse transportant 276 passagers avait d’ailleurs déraillé dans la région méridionale d’Andalousie, mais personne n’avait été blessé, selon le gouvernement régional. Les services d’urgence ont secouru des dizaines de personnes à Alora, en Andalousie, certains par hélicoptère, après le débordement d’une rivière.
L’agence météorologique nationale Aemet avait déclaré une alerte rouge dans la région de Valence et le deuxième niveau d’alerte le plus élevé dans certaines parties de l’Andalousie, prévenant que les pluies allaient se poursuivre au moins jusqu’à jeudi. De nombreuses routes ont été coupées dans les deux régions en raison des inondations. La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène météorologique de la “gota fria” (la “goutte froide”), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours. Les scientifiques avertissent que les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les tempêtes sont à la fois de plus en plus fréquents, de plus en plus longs et de plus en plus intenses en raison du changement climatique. ■
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L'autoroute de la pluie.
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/10/2024
- 0 commentaire
Parmi nos 200 plantations, on a planté cinq paulownias sur notre terrain et leur croissance est impressionnante. Moins que les robiniers faux acacias mais ils n'en sont pas loin. Dans cinq ans, ils seront immenses.
Ils veulent planter 10 millions d’arbres du pays basque au massif central pour réguler la pluie
« Nous visons une continuité de 40 à 80 arbres par hectare sur une zone délimitée au sud par le Piémont Pyrénéen, au nord par la Montagne Noire, la Garonne à l’ouest et le partage des eaux à l’est, afin de créer de l’ombre, refroidir les sols, accueillir la biodiversité et condenser de l’eau. Cela représente près de 260 000 hectares. »
Texte: Liza TourmanPhotographie: Mordolff28 octobre 2024
Si, à la place de dégrader toujours plus impunément le climat, nous mettions à contribution l’inventivité du Vivant pour pérenniser ses cycles, assurer l’équilibre de nos écosystèmes et ainsi contribuer à la sauvegarde de notre planète ? C’est l’objectif que se sont donnés Cédric Cabrol (chimiste), Roméo Teyssier Dumont (gestion de projet) et Joris Dedieu avec leur projet « L’autoroute de pluie », lequel prône une agroforesterie d’urgence. En phase d’expérimentation, Cédric Cabrol nous en explique le concept.
Une agroforesterie d’urgence
L’autoroute de la pluie est un projet en gestation qui plaide en faveur d’une agroforesterie d’urgence. Les trois associés sont partis du constat que la simplification des paysages, l’érosion, l’artificialisation, la dévégétalisation etc. avaient fait perdre aux sols leur capacité à infiltrer, condenser et stocker l’eau. Même si l’idée d’augmenter les pluies en développant la végétalisation n’est pas neuve, le concept d’agroforesterie d’urgence, l’est. L’autoroute de la pluie est un projet qui vise à adapter nos paysages pour augmenter la connectivité climatique, générer de la fraîcheur et de l’humidité.
« Nous visons une continuité de 40 à 80 arbres par hectare sur une zone délimitée au sud par le Piémont Pyrénéen, au nord par la Montagne Noire, la Garonne à l’ouest et le partage des eaux à l’est, afin de créer de l’ombre, refroidir les sols, accueillir la biodiversité et condenser de l’eau. Cela représente près de 260 000 hectares soit, sans tenir compte de l’existant, environ 10 millions d’arbres à planter » explique Cédric pour La Relève et la Peste.
Ils se sont inspirés du peuple Dogon au Mali qui plantent 40 arbres à l’hectare en utilisant majoritairement l’espèce Faidherbia Albida. Cette densité leur permet de constater des rendements de culture supérieurs de 40% par rapport aux parcelles dépourvues d’arbres. Pour Cédric, le choix de l’arbre est crucial. Le paulownia est, selon lui, une essence idéale pour l’agroforesterie d’urgence et le contexte climatique. Cependant, dans les terrains trop humides, d’autres espèces sont préférables, comme par exemple le peuplier.
« Le paulownia possède plusieurs stratégies intéressantes, notamment dû à un mode de photosynthèse hybride. Il peut à la fois saturer au printemps, c’est-à-dire saturer l’atmosphère en vapeur d’eau et, comme un cactus, utiliser très peu d’eau lorsqu’elle devient un GES en été. Le gros intérêt est de faire rapidement de l’ombre pour capter la rosée sur les sous-couverts et directement sur le paulownia. Ses feuilles sont très efficaces pour cela. Condenser de la vapeur d’eau : c’est aussi éliminer du GES » nous explique Cédric.
Pour améliorer le climat, Cédric aimerait créer des corridors avec ces systèmes agroforestiers. Les arbres capteraient la rosée et provoqueraient une pluviométrie invisible. De l’eau qui ne tombe pas du ciel mais que l’on capte. Faire de l’ombre, c’est perdre 5 à 10°C soit autant que pour un gain de 1000 m d’altitude.
L’autoroute de la pluie : un corridor d’arbres
Alors que les continents représentent une surface équivalant à 40% des surfaces des océans, seuls 10% des volumes d’eau qu’ils évaporent arrivent à venir y alimenter les pluies. Pour Cédric, la cause principale est le manque de conductivité pour amener l’eau dans les territoires. L’autoroute de la pluie, à l’image du bocage normand ou breton, serait un “supraconducteur” pour améliorer la diffusion de l’humidité dans le continent. Cela marchera avec la captation de rosée sur les substrats ou directement sur le paulownia. A court terme, la plantation d’arbres offre la possibilité de faire une préparation de sol.
« L’idée de l’autoroute de la pluie est de relier la porte d’entrée du climat frais humide régulier, c’est-à-dire le climat océanique, qui serait le climat du pays basque et de le relier avec le château de la France qui est le massif central. Ma vision c’est que la transition agroécologique est compliquée au regard de l’urgence. J’ai essayé de trouver quelque chose de plus simple et accessible où l’on dit que l’on ne plante qu’un arbre et après l’idée est d’amener les gens là-dedans mais par étape. On commence par se mettre en sécurité avec une agroforesterie d’urgence. »
Cédric travaille sur la démonstration de faisabilité. Avec son frère, ils ont lancé vingt hectares d’agroforesterie d’urgence sur leur exploitation. Pour le moment, leur succès est mitigé. Dans leur pépinière, ils ont des paulownias de 3m30, planté en 2023, malgré une gelée qui a remis à zéro les arbres. Le gel leur a fait perdre 2.5 mètres de potentiel de croissance en pépinière et en plein champ. Actuellement, ils font 1m50 pour les plus grands, sans que l’eau n’apparaisse limitante. Cependant, les objectifs restent atteignables.
Avec le scientifique Jean-Pierre Sarthou, Cédric et ses compères ont ouvert une thèse en partenariat avec Météo France pour voir quel est l’impact de la dégradation des sols sur le climat. Actuellement, Cédric a eu une quarantaine d’heures de discussions avec 35 climatologues. Il est intervenu dans un colloque scientifique pour proposer une vision d’agro-éco-climatologie qui mélange plusieurs sciences.
Le paulownia, l’arbre couteau suisse
Le paulownia est un arbre pré-pionnier qui précède la forêt. Dans les nombreux avantages qu’on lui attribue, le paulownia a une croissance rapide, résiste à des hautes températures (jusqu’à 55° en serre), sa photosynthèse fonctionne jusqu’à 35/38°. Il est endomycorhizien, c’est-à-dire qu’il ne va pas venir concurrencer les cultures mais plutôt leur donner du sucre pendant les phases caniculaires.
« Il va jouer le rôle d’ascenseur hydrique. Il nous permet d’humidifier et de capter la rosée. Il remonte les minéraux. Il est comestible pour le bétail, la teneur en protéine est de 22 %. D’un point de vue économique, il rapporte de l’argent à court terme. » s’amuse Cédric auprès de La Relève et la Peste
Dans un contexte changeant, si l’on considère que cette essence va améliorer la captation de la rosée et ainsi augmenter la pluviométrie, il peut être intéressant de constater qu’il modifie l’écosystème pour participer à sa résilience.
« Pour moi, cette modification est positive. Il y a aussi le rôle des pollens hydrophiles qui peuvent participer à la saison des pluies ou la dissiper. J’ai tendance à penser que le paulownia est un arbre qui va amener la pluie grâce à son pollen ».
La pollinisation hydrophile consiste en un transfert à la surface de l’eau ou sous l’eau des pollens. Sa reproduction est assurée par l’eau. Ainsi, le pollen hydrophile permet de condenser la vapeur d’eau et de former la goutte de pluie. On parle de noyau de condensation. Et pour les détracteurs du projet ou ceux du paulownia qui argumentent que ce dernier peut être invasif. Cédric répond :
« Si l’on avait des modifications du climat qui ne convenaient pas, on serait capables de remodeler le dispositif et de l’ajuster le temps que les autres se mettent à niveau. Mais, il faut songer que le Paulownia ne se développe aujourd’hui que sur les concassés SNCF et trottoirs. Il a trop besoin de lumière pour résister à quelques brins d’herbes. »
En tant qu’arbre pionnier, le paulownia a donc une durée de vie limitée et pourrait être remplacé par des arbres endémiques qui auront bénéficié de sa protection.
« A terme, l’idéal est bien sûr de planter des espèces natives. On dit que le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Planter le paulownia permet de faire comme si on en avait compris la pertinence. A nous, de comprendre la pertinence de planter des graines ou de laisser la nature les planter au pied de ces arbres. »
Les prochaines étapes sont de réussir à faire une preuve de concept d’ici à l’an prochain. Passer de 20 hectares à 30 ou 40.
Un autre monde est possible. Tout comme vivre en harmonie avec le reste du Vivant. Notre équipe de journalistes œuvre partout en France et en Europe pour mettre en lumière celles et ceux qui incarnent leur utopie. Nous vous offrons au quotidien des articles en accès libre car nous estimons que l’information doit être gratuite à tou.te.s. Si vous souhaitez nous soutenir, la vente de nos livres financent notre liberté.
Liza Tour
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Le parti d'en rire
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/10/2024
- 0 commentaire
Paroles de la chanson Le Parti D'en Rire par Chansons Enfantines
Oui
Notre parti
Parti d'en rire
Oui
C'est le parti
De tous ceux qui n'ont pas pris de parti
Notre parti
Parti d'en rire
Oui
C'est le parti
De tous ceux qui n'ont pas pris de parti
Sans parti pris nous avons pris le parti
De prendre la tête d'un parti
Qui soit un peu comme un parti
Un parti placé au dessus des partisEn bref, un parti, oui
Qui puisse protéger la patrie
De tous les autres partis
Et ceci
Jusqu'à ce qu'une bonne partie
Soit partie
Et que l'autre partie
C'est parti
Ait compris
Qu'il faut être en partie
Répartis
Tous en seul parti
Notre parti
Nous avons placé nos idéaux
Bien plus haut
Que le plus haut
Des idéauxEt nous ferons de notre mieux
Cré vindieu de vindieu de vindieu
Pour que ce qui ne va pas aille encore mieux
Oui pour vivre heureux
Prenons le parti d'en rire
Seules la joie et la gaieté peuvent nous sauver du pire
La franche gaieté
La saine gaieté
La bonne gaieté des familles
Nos buts sont déjà fixés:
Réconcilier les oeufs brouillés
Faire que le veau d'or puisse se coucher
Apprendre aux chandelles à se moucher
Aux lampes-pigeons à roucouler
Amnistier les portes condamnées
A l'exception des portes-manteaux(tiens ça rime pas, ah oui je sais:)
C'est pour ça qu'y peuvent s'accrocher
Exiger que tous les volcans
Soient ramonés une fois par an
Simplifier les lignes d'autobus
En supprimant les terminus
Et pour prouver qu'on n'est pas chiches
Faire beurrer tous les hommes-sandwichs
Voilà quel est notre programme
Voilà le programme
Demandez le programme
On le trouve partout
Je le fais cent sous
Mais... pas d'hérésie!
- Notre parti- Parti d'en rire, oui
- Non!
- Si!
- Crétin!
- Pauvre type!
- Abruti!
Et voici... ce qu'est notre parti
Oui! -
TERRE SANS HOMMES : Ange
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/10/2024
- 0 commentaire
Je n'avais pas écrit depuis des semaines, des mois peut-être. Je ne sais plus.
Je sais que ça ne me sert plus à rien de me forcer à m'asseoir devant l'ordinateur et d'écrire quelques lignes. J'ai beaucoup changé ma façon de travailler. D'ailleurs, je ne parle même plus de "travail".
Je n'écris que lorsque ça devient nécessaire, lorsque tout est là et qu'il faut que je le pose devant moi, que je le vois en lettres, en mots, en lignes, en chapitres. Que ça ne soit plus seulement que des images, que le film dans ma tête réclame lui-même de s'extraire de cette enceinte, comme s'il n'avait plus de place.
C'est ce qui vient de se passer pour Ange. Un nouveau personnage qui est apparu de façon fugace il y a quelque temps et pour lequel je n'avais encore rien écrit. Comme si cette femme devait d'abord prendre forme, qu'elle se matérialise, qu'elle se construise, dans le secret de mes pensées et de mes rêves.
Ce qui suit, je l'ai écrit hier et ce soir. J'écris uniquement le soir. Parfois, la nuit.
Je sais que ça devra être repris, affiné, précisé mais l'essentiel est fait.
Maintenant, Ange est entrée dans le livre.
TERRE SANS HOMMES
« Je m'appelle Ange...Je m'appelle Ange... Le cri est parti, c'est vide dans ma tête mais je sais que je m'appelle Ange. C'est bien. Je n'ai pas tout perdu. »
Elle marchait dans l'herbe détrempée et parfois elle avait l'impression que la terre cherchait à l'absorber. Elle entendait des succions, des baisers aimants et elle se réjouissait de ces câlins répétés. Elle avait pris de la boue et s'en était couvert le visage et maintenant que la terre avait séché, elle s'amusait à tendre et détendre la peau de son visage pour en sentir l'étreinte. Des volutes d'haleine d'arbres s'enroulaient autour d'elle et elle écoutait attentivement toutes leurs paroles parfumées.
Depuis que le cri s'était éteint, elle sentait en elle un sourire d'enfant, une sorte de joie figée, l'impression d'être ouverte à tout, comme un antre qui n'aurait plus d'enceintes, une bulle sans paroi, un placenta sans membrane. Elle s'amusait des images.
Parfois, elle caressait son fusil dont elle avait oublié le nom du modèle tout comme ceux des deux pistolets rangés dans des ceintures, en travers de sa poitrine, elle aimait le poids du métal, elle aimait le poids du sac sur son dos, la fatigue de ses épaules, elle aimait tout ce que son corps délivrait, non pas que ça soit nouveau pour elle mais juste parce que le cri s'était éteint et qu'il lui était délicieux de se sentir revivre.
Elle marchait hors du temps passé et elle ne cherchait pas à le retrouver, à reconstruire son existence, à rétablir le chemin parcouru. Seuls les pas devant elle l'attiraient. Elle éprouvait cette paix étrange qui enlace celui qui vient de frôler la mort, non pas dans une fraction de seconde mais pendant des jours et des nuits et des milliers d'heures et des milliards de secondes sans que jamais le moindre répit ne soit accordé.
Le cri dans sa tête était parti et c'était comme s'il avait avalé son existence, comme s'il s'était évaporé après avoir phagocyté la totalité de ses souvenirs. Le cri avait asséché sa mémoire, comme une éponge abandonnée sous un soleil cuisant, toute l'eau disparue, des alvéoles vides, la matière craquelée. L'horreur du cri l'avait déshydratée jusque dans les circonvolutions de son cerveau.
Et maintenant, depuis la veille, elle marchait dans les marais, le long de canaux aux eaux sombres, sous les frondaisons, sur des chemins enherbés où elle distinguait les passages d'animaux, hier soir, elle avait surpris un chevreuil et bien qu'il ne lui restait plus grand-chose à manger dans son sac, elle n'avait pas utilisé son fusil. Elle ne voulait plus tuer. C'était comme le dégoût d'un trop-plein.
« Je m'appelle Ange... Je le sais. J'aime bien. »
Lui revenaient en brides fugaces des images de chaos, explosions, cris, courses tendues, des armes qui balayent l'espace devant elle, des flashs qui la laissaient démunie, dans une incompréhension lourde.
« Je m'appelle Ange mais je ne sais pas ce que j'ai fait. »
Depuis que son nom lui était revenu, depuis que le cri s'était tu et avait laissé de la place, des souvenirs remontaient. Elle ne les désirait pas, elle aurait même voulu les repousser, qu'ils retombent dans leurs abysses.
L'éponge de sa mémoire n'avait pas tout perdu. À moins que la mémoire ne soit pas contenue dans la boîte crânienne et que son corps, désormais apaisé, déversait dans le cerveau tout ce qu'il contenait. La mémoire cérébrale ne serait qu'un contenant. L'idée l'amusa et elle s'étonna de l'étrangeté de cette intuition.
Elle enregistrait chaque pas dans l'herbe comme ceux d'un nouveau-né qui se construit, elle regardait les arbres et leurs branches nues, les feuilles pourrissant en tapis colorés, elle franchit un ruisseau sans chercher de gué, l'eau froide remplissant ses Rangers et elle s'en réjouit. Le monde, autour d'elle, n'était que végétation, le silence d'un ciel plombé, comme un océan gris suspendu, immobile, silencieux, un couvercle au-delà duquel elle devinait parfois la clarté laiteuse d'un soleil d'automne.
Elle avait passé beaucoup de temps, le dos appuyé contre le tronc d'un arbre immense et elle avait deviné le cheminement ralenti de la sève. Ces moments-là lui importaient bien davantage que la quête fébrile d'une mémoire dévorée. Le cri l'avait consumée mais elle avait survécu. Et l'instant restait la seule certitude d'être toujours là.
La nuit passée, elle avait dormi dans une cabane de pêcheur, ça sentait le poisson, au bord d'un bras d'eau serpentant sous les branches nues, une chouette avait raconté chacun de ses vols, chaque plongeon sur les rongeurs imprudents, chaque appel vers un congénère.
Elle était seule et elle ne voulait pas de congénère. Elle en avait tué beaucoup. Et elle savait qu'elle pourrait recommencer. Elle n'avait aucun visage sur ces morts, juste des silhouettes affolées, des gens armés qui cherchaient à l'abattre, elle s'était enfuie, elle avait appartenu à un groupe mais elle était partie, le cri dans sa tête l'avait condamnée à la solitude, c'est elle qui avait décidé de laisser ses hommes, c'était la règle, elle ne devait pas les contaminer, elle était la chef. Elle avait pris un des 4X4, elle avait chargé de la nourriture, de l'eau, des armes, des munitions, du matériel de survie et elle était partie et elle avait roulé pour s'éloigner des zones habitées, la certitude en elle que seule les arbres pourraient la sauver de la folie dans son crâne. Elle se souvenait vaguement avoir suivi la côte, elle se souvenait d'une explosion gigantesque, une raffinerie, c'était sa mission, Donges, elle retrouvait ce nom, la raffinerie de Donges, des roquettes, elle avait tiré des roquettes, puis le cri l'avait envahie, les souvenirs revenaient dans le désordre, comme si elle devait reconstruire un puzzle, alors elle avait longé la côte, des gens avaient voulu l'arrêter et ils étaient morts parce qu'elle refusait de s'arrêter et qu'ils ne savaient pas qu'elle pouvait tuer n'importe qui.
Elle suspendit son pas au moment où elle allait déposer sa lourde chaussure sur un escargot, une coquille volumineuse à peine visible dans l'herbe drue. Elle se baissa et le prit délicatement pour le poser dans la paume de sa main. L'animal, aussitôt rentré à l'abri, attendit quelques instants avant de ressortir une tête prudente, puis deux yeux observèrent la situation, deux petits ronds noirs perchés à la pointe des fines tentacules. Elle approcha l'animal de ses yeux, émerveillé par les corpuscules couvrant le corps gluant.
« Il ne reste plus grand-monde pour te faire du mal mais tu dois quand même rester prudent, » murmura-t-elle en le déposant dans l'herbe.
Oui, elle devinait des souvenirs, elle ne pouvait le nier, elle avait tué des humains, elle avait fait la guerre, elle savait utiliser des armes, elle devinait également que son corps était une arme, qu'elle avait appris tout ce qu'un soldat doit connaître. Mais elle ne se souvenait pas des raisons de cette guerre, pour quel camp elle se battait, ni contre qui. Puis le cri était entré dans sa tête et elle se souvenait que ça l'avait brisée, anéantie, broyée, éparpillée, déstructurée, elle ne pensait même pas que c'était possible d'être aussi torturée intérieurement et de ne pas en mourir sur le champ. Elle avait quitté la zone des combats, sans la moindre idée de la suite. Combien de temps pouvait-elle résister avant de se tirer une balle dans la tête pour que le cri se taise ? Elle avait roulé jusqu'à ce que la voiture s'arrête, réservoir vide alors elle avait pris son sac, toute la nourriture dans le coffre et ses armes et ses cartouches, elle pouvait porter trente kilos, elle avait plus de résistance qu'un homme, d'ailleurs elle était plus qu'un homme puisqu'elle était une femme que personne ne pouvait contraindre.
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Cédric Vilani sur le rapport Meadows.
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/10/2024
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On ne peut dire que ce monsieur est un allumé du bulbe qui délire... Donc, il est important de l'écouter.
En 1972 c'est un coup de tonnerre quand Dennis et Donella Meadows, et leurs collaborateurs, rendent public le rapport que le Club de Rome leur a commandé. Cible d'attaques de tout genre, taxés d'obscurantisme, ils croyaient au contraire en la capacité de la science pour mettre nos activités en équations. Un demi-siècle plus tard, que dire de leurs conclusions et de leurs méthodes ?
Cédric VILLANI
Cédric VILLANI, mathématicien (médaille Fields 2010), professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1, membre de l’Académie des sciences. Très engagé en médiation scientifique (Théorème vivant, Un Mathématicien aux métallos, Les Rêveurs lunaires...), député sortant de l’Essonne, président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques au cours du mandat écoulé.
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Situation de crise
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/10/2024
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Donc, tout ce que les scientifiques ont annoncé depuis cinquante ans n'ayant pas été écouté et aucune décision d'anticipation n'ayant été prise, nous allons désormais entrer dans la période de crise, une crise à laquelle nous allons devoir nous adapter.
Mais si au lieu de vouloir adapter la nature à nos exigences de consommation, nous avions changé notre fonctionnement, à l'échelle planétaire, nous n'aurions pas à nous adapter maintenant aux effets que nous avons nous-mêmes générés.
D'autre part, quand je repense aux attaques, aux moqueries et au déni dont les survivalistes ou citoyens prévoyants sont victimes depuis des lustres, je réalise à quel point les gouvernements, quels qu'ils soient, où que ce soit, ne sont jamais capables d'anticiper et de comprendre ce qui ne fonctionne pas, ce qui doit être modifié, ce qui doit être planifié. Il est si facile d'attaquer ceux qui ont compris, qu'il s'agisse des citoyens prévoyants ou des scientifiques. Alors, maintenant, nos politiciens vont chercher à se faire passer pour des protecteurs par des annonces qui seront de toute façon annihilées par la puissance des marchés financiers qui eux continueront à vouloir bétonner, consommer, exploiter, construire, soutenir la croissance, celle qui nous mène au gouffre.
Intempéries : "Nous devons développer une culture du risque", insiste la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher
Un plan national d'adaptation au changement climatique va être présenté vendredi par le Premier ministre. Il va être "soumis à la concertation pendant deux mois" avant d'être déroulé, précise Agnès Pannier-Runacher.
Article rédigé parfranceinfo
Radio France
Publié le 24/10/2024 09:02
Temps de lecture : 1min
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, le 24 octobre sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
"Nous devons développer une culture du risque", insiste jeudi 24 octobre sur franceinfo la ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, alors qu'un plan national d'adaptation au changement climatique va être présenté vendredi par le Premier ministre Michel Barnier, avec des mesures pour les particuliers et les collectivités locales. Un plan qui sera, selon la ministre, "l'enjeu de l'année 2025".
:à lire aussiChangement climatique : Oxfam dénonce le manque de mesure d'adaptation face au réchauffement en France
Un plan pour "regarder si on va faire face à de nouveaux virus et comment on se prémunit, comment on organise le travail, comment on organise le temps dans les écoles, comment on protège les personnes âgées dans les Ehpad, comment on construit mieux et comment on adapte nos constructions pour faire face à des épisodes de grande chaleur ou à l'inverse d'inondations", détaille la ministre. Selon elle, les inondations que la France a connu lors du mois d'octobre sont "la conséquence du dérèglement climatique, il va falloir s'y habituer, ils vont se répéter et donc c'est une culture du risque que nous devons développer".
En terme de calendrier, ce plan sera "soumis à la concertation pour deux mois, de façon à recueillir le point de vue des parties prenantes, de faire éventuellement bouger certains éléments". Puis, après cette concertation de deux mois et de "la synthèse que nous ferons des remontées qui nous seront faites, on le déroulera".
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Vider ma rage
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/10/2024
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J'avais besoin d'aller à la déchèterie pour vider la remorque. Et encore une fois, il y avait une file d'attente. La disposition des containers est absolument désastreuse. Deux voitures engagées suffisent à bloquer toutes les autres.
Et encore une fois, je me suis retrouvé au milieu de la file. Et comme d'habitude, je suis donc sorti de la voiture et j'ai commencé à faire des allers-retours jusqu'aux différents containers avec tous les encombrants que j'avais.
Je ne compte plus le nombre de fois où je passe à côté de voitures dont le moteur tourne toujours alors que personne ne peut avancer. Et que pour une raion que j'ignore le conducteur n'a pas l'idée de couper le moteur. Cette fois, c'était un 4X4, un vieux 4X4, avec une fumée bien noire et à l'intérieur, un homme à casquette, grosse barbe, massif. Après être passé trois fois près de lui, je me suis arrêté, la vitre était ouverte, il fumait une cigarette. Je lui ai demandé sur un ton aimable s'il lui serait possible d'éteindre son moteur étant donné qu'il n'était pas prêt de pouvoir avancer.
"Ben pourquoi ? m'a-t-il demandé, étonné.
-Parce que ça pollue, tout simplement.
"Ah, un écolo ! a-t-il lancé. Eh bien, moi, j'en ai rien à foutre de polluer l'atmosphère. C'est des conneries tout ça."
Que faire ?
Ma première idée a été de lui prendre la tête et de la fracasser contre sa portière puis j'ai sorti le cran d'arrêt que j'ai toujours sur moi et je le lui ai planté dans le bras.
Non, c'est faux, je ne l'ai pas fait. Je l'ai juste regardé et je suis parti. Parce que je sais ce dont je pourrais être capable.
Je suis rentré à la maison et j'ai pris mon vélo et je suis allé vider ma rage.
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Rien à foutre
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/10/2024
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Il y a plus de vingt ans qu'on a jeté la télévision. Mais on a chacun un ordinateur portable et on y regarde, uniquement en replay pour virer les publicités, des jeux de réflexion, SLAM, notamment.
Je suis effaré par le nombre de candidats qui annoncent sans aucun problème que s'ils gagnent suffisamment, ils s'offriront une croisière dans les Caraïbes, un séjour aux îles Seychelles, un safari au Kenya, des vacances à Bali etc etc...
Après moi, le déluge.
Rien à faire des effets de mes actes, j'ai gagné du pognon, j'en profite et j'emmerde les autres.
Il y a des jours où j'aimerais que tous ces gens disparaissent. J'en suis même arrivé à ne plus ressentir la moindre compassion quand un avion de ligne s'écrase ou qu'un paquebot de croisière s'échoue ou coule. La première fois, c'était pour le naufrage du Costa Concordia.
Rien à foutre. Clair et net.
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Reverdir les villes
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/10/2024
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La Métropole de Lyon va enlever 400 ha de béton pour limiter les inondations
« Sur l’ensemble de la métropole, on a déjà décrouté 20 ha. Cela demande beaucoup d’ingéniosité aux différents métiers (espaces verts, voiries) pour arriver à planter car selon la rue, le profil est différent. Il a fallu que les agents comprennent pourquoi il fallait le faire, s’approprient les différentes techniques, et que cette eau qui arrive n’est pas mauvaise pour les arbres »
Texte: Laurie DebovePhotographie: Gregory Dubus / iStock21 octobre 2024
Face à l’intensité du dérèglement climatique, précipitations et inondations font partie des événements météorologiques que nous subirons de plus en plus en France. Pour réparer le cycle de l’eau en milieu urbain, la Métropole de Lyon a commencé à enlever le béton au pied des arbres. Ravie des premiers résultats, la Métropole s’est fixée comme objectif de désimperméabiliser 400ha d’ici 2026.
Lyon : des arbres pour réparer le cycle de l’eau
La Métropole de Lyon, constituée de 59 communes, compte 1,3 million d’habitants sur 55 000 hectares. Avec autant de foyers, les fortes pluies entraînent un problème de saturation des stations d’épuration, qui rejettent alors de l’eau sale dans le Rhône. Surtout, des années de politique d’aménagement du territoire favorisant le tout-béton entraînent des inondations de plus en plus fortes dans un contexte de dérèglement climatique.
Pour favoriser la captation de l’eau dans le sol, la métropole a mis en place un grand programme de désimperméabilisation. Parmi les outils utilisés, un concept au nom poétique : « les arbres de pluie ». Il s’agit d’enlever le bitume au pied des arbres sur une zone d’environ 10m2 pour que l’eau de pluie s’infiltre mieux dans le sol.
« Un arbre de pluie est capable de récolter de l’eau sur 400m2. L’eau est aiguillée vers une fosse pour ne pas raviner le pied des arbres, qui est donc plus bas que le reste de la chaussée. Cela a si bien marché qu’on a décidé d’intégrer cette technique sur un système de fosse continue. En prime, connecter les arbres entre eux les rend beaucoup plus résistants grâce aux mycorhizes qui les relient dans le sol » explique Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’environnement, pour La Relève et La Peste
Les cinq premiers arbres de pluie ont été aménagés rue Vauban dans le Lyon 6e en novembre 2021. Le suivi de ces arbres montre que l’infiltration complète des pluies de la rue (660m2) est possible avec une surface perméable de 65 m2 pour des pluies de faible à moyenne intensité. Pendant l’hiver, les arbres ont infiltré 24mm par jour et pendant l’été jusqu’à 40 mm par jour, et 20 mm en 20 min.
En 2023, la Métropole de Lyon a vu les choses en grand. Suite à trois ans de préparation, elle a planté 52 000 arbres, un chiffre record sur une année, supérieur aux trois dernières années réunies.
« Sur l’ensemble de la métropole, on a déjà décrouté 20 ha. Cela demande beaucoup d’ingéniosité aux différents métiers (espaces verts, voiries) pour arriver à planter car selon la rue, le profil est différent. Il a fallu que les agents comprennent pourquoi il fallait le faire, s’approprient les différentes techniques, et que cette eau qui arrive n’est pas mauvaise pour les arbres » précise Pierre Athanaze pour La Relève et La Peste
Pendant des décennies, certaines villes mettaient des bordures autour des arbres pour empêcher l’eau considéré comme polluée d’aller à leurs pieds. Point de préoccupation majeure : le sel utilisé pour déneiger les routes en hiver. Des échanges avec Montréal leur ont montré qu’il n’était pas si nocif que ça selon les quantités appliquées. La métropole est suivie dans le cadre du programme européen « LIFE artisan » pour mesurer les résultats en termes de volume d’eau connectés, mais également de la viabilité des arbres et de la biodiversité qui revient.
« On mesure la tensiométrie (mesure de tension de l’eau du sol, ndlr), la température mais également le nombre d’espèces. On s’est d’abord intéressés aux espèces aériennes que sont les insectes pollinisateurs et les oiseaux. On va désormais recenser la faune du sol comme les vers de terre et les collemboles » détaille Pierre Athanaze pour La Relève et La Peste
En finir avec les îlots de chaleur
Cerise dans la canopée : les arbres libérés du béton poussent beaucoup plus vite avec des croissances de 15 à 30cm pour certains. Cela accroît d’autant plus rapidement la biodiversité tout en créant des îlots de fraîcheur bénéfiques à toutes les espèces humaines et non-humaines du territoire.
« Le système de fosse continue permet de rafraîchir nos quartiers car cela rapproche les arbres de hauteur différente, les grands arbustes et les couvres-sols. Dans les endroits végétalisés, on gagne 4,2°C de fraîcheur en moyenne et jusqu’à 7,4°C pendant les canicules ! » se réjouit Pierre Athanaze pour La Relève et La Peste
Avec sa position en sortie de la vallée du Rhône et l’absence de vents d’Est, Lyon est en effet l’une des villes qui se réchauffe le plus vite en France. Selon un rapport de L’European Data Journalism Network, publié en 2018, Lyon est la plus grande ville de France touchée par le réchauffement climatique. La température y aurait augmenté de plus de 4 degrés en moyenne selon la ville de Lyon. Au-delà de réparer le cycle de l’eau, la plantation d’arbres a donc des effets vertueux pour faire face aux canicules qui seront de plus en plus fréquentes.
« Nous avons repris 9 hectares de bitume grâce à la plantation de végétaux. Cela correspond à 13 terrains de football. Si nous voulons rendre la ville moins chaude en été, c’est toujours mieux que le soleil tape sur des arbres que sur du goudron » se félicite Grégory Doucet, maire de Lyon issu d’une coalition politique écologique et gauche
2024 verra moins d’arbres plantés dans la Métropole pour que les agents puissent se concentrer sur l’entretien et la viabilisation de tous ceux plantés en 2023. La suite s’organise désormais sur le temps long : la métropole de Lyon veut débitumer 400 hectares de son territoire d’ici à 2026, entre anciennes et nouvelles plantations.
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Impacts de l’élevage sur l’environnement
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/10/2024
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Conservation Nature > Écologie > Les menaces écologiques sur la biodiversité > Agriculture – Élevage > Impacts de l’élevage sur l’environnement
Impacts de l’élevage sur l’environnement
L’élevage serait l’un des causes principales des problèmes environnementaux majeurs d’après un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization – Organisation des Nation Unies pour l’alimentation et l’agriculture) : réchauffement de la planète, dégradation des terres, pollution de l’atmosphère et des eaux et perte de biodiversité.
La croissance de la population et des revenus dans le monde entier, à laquelle vient s’ajouter l’évolution des préférences alimentaires, stimulent un accroissement rapide de la demande de viande, de lait et d’œufs, tandis que la mondialisation alimente le commerce d’intrants et d’extrants. En 2000, 229 millions de tonnes de viande étaient consommées : 465 millions de tonnes le seront en 2050. La consommation de lait augmentera quant à elle de 580 à 1 043 millions de tonnes sur la même période. On assiste à une croissance accélérée de la production de porcins et de volailles (essentiellement en exploitations industrielles) et un ralentissement de celle de bovins, ovins et caprins qui font souvent l’objet d’élevages extensifs. Aujourd’hui, 80 pour cent de la croissance du secteur de l’élevage est le fait des systèmes industriels.
Or l’élevage serait l’un des causes principales des problèmes environnementaux majeurs d’après un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization – Organisation des Nation Unies pour l’alimentation et l’agriculture) : réchauffement de la planète, dégradation des terres, pollution de l’atmosphère et des eaux et perte de biodiversité. Les conséquences écologiques de l’élevage sont détaillées ci-dessous.
Déforestation
Le secteur de l’élevage est de loin le plus gros utilisateur anthropique de terres. Le pâturage occupe 26 pour cent de la surface émergée de la terre, tandis que la production fourragère requiert environ un tiers de toutes les terres arables. L’expansion des parcours pour le bétail est un facteur clé de déboisement, en particulier en Amérique latine: quelque 70 pour cent de terres boisées de l’Amazonie servent aujourd’hui de pâturages, et les cultures fourragères couvrent une grande partie du reste. Environ 70 pour cent de tous les pâturages des zones arides sont considérées comme dégradées, surtout à cause du surpâturage, de la compaction des sols et de l’érosion imputables aux activités de l’élevage.
Réchauffement climatique
Le secteur de l’élevage a un rôle (souvent méconnu) dans le réchauffement de la planète. La FAO a ainsi estimé que l’élevage est responsable de 18 pour cent des émissions des gaz à effet de serre, soit plus que les transports ! Si on considère le secteur agricole dans son ensemble, l’élevage représente à lui seul 80 % des émissions. Les activités d’élevage sont ainsi responsables de l’émission de nombreux gaz responsables de l’effet de serre :
Dioxyde de carbone
9% des émissions anthropiques de dioxyde de carbone sont produites par l’élevage. Ce gaz est du non seulement à l’expansion des pâturages et des terres arables pour les cultures fourragères, mais aussi à l’utilisation de l’énergie comme carburant, comme chauffage des bâtiments d’élevage… En France, la part agricole dans les émissions françaises totales est de 14 %. L’intensification de l’effet de serre due à l’accumulation des émissions anthropiques de dioxyde de carbone représente 60 % du renforcement anthropique total de l’effet de serre
Méthane
37 % des émissions anthropiques de méthane sont produites par l’élevage. La source principale de méthane est la fermentation entérique des ruminants. Mais aussi la fermentation des déjections animales dans les fosses de stockage émet un tel gaz. Ces deux éléments représentent environ 80 % des émissions de méthane agricole. En France, la part agricole dans les émissions françaises totales est de 70 % ! Ce gaz serait actuellement responsable de 18 % à 19 % de l’effet de serre total.
Protoxyde d’azote
65% des émissions anthropiques de protoxyde d’azote sont produites par l’élevage. L’élevage représente à hauteur de 75-80% des émissions de protoxyde d’azote agricoles. Les principales sources d’émissions sont l’épandage d’engrais azotés et processus de dégradation dans le sol et le tassement des sols lié au calendrier de travaux chargé et utilisation d’engins agricoles lourds. En France, la part agricole dans les émissions françaises totales est de 76 % ! La contribution du protoxyde d’azote ou oxyde nitreux représente environ 6 % du total des gaz à effet de serre.
Ammoniac
64% des émissions anthropiques d’ammoniac sont produites par l’élevage. Le secteur agricole est d’ailleurs la principale source d’émission avec 94 % des émissions !
A l’échelle nationale, les activités agricoles sont à l’origine du quart des émissions de gaz à effet de serre. Dans cette fraction l’élevage représente un tiers dont l’essentiel est dû aux émissions de méthane, lui-même étant principalement issu des fermentations entériques des bovins. Toutefois toutes les activités agricoles ne produisent pas de la même façon des gaz à effet de serre. En France, les sols agricoles seraient responsables de 47 % des émissions, suivis de la fermentation entérique (26 %), des déjections animales (18%) et enfin de la consommation d’énergies (9%).
Pollution de l’air
Les activités industrielles et agricoles conduisent à la libération de beaucoup d’autres substances dans l’atmosphère, dont beaucoup dégradent la qualité de l’air. Ces polluants sont notamment le monoxyde de carbone, les chlorofluorocarbures, l’ammoniac, les oxydes d’azote, le dioxyde de souffre et d’autres composés organiques volatiles. En présence d’humidité atmosphérique et d’oxydants, le dioxyde de souffre et l’oxyde d’azote sont convertis en acide sulfurique et nitrique. Ces acides sont nocifs lorsqu’ils sont en suspension dans l’air pour les voies respiratoires.
De plus, ces polluants présents dans l’air retournent dans la terre sous forme de pluie ou neige acide qui peuvent ainsi endommager les cultures, les forêts et acidifier les étendues d’eau comme les lacs, qui deviennent ainsi impropre à toute vie animale ou végétale. En outre, les polluants atmosphériques peuvent également être transportés par le vent à plusieurs centaines de kilomètres du lieu où ils sont libérés et ainsi influencer sur des surfaces importantes.
La volatilisation de l’ammoniac (qui est nitrifié dans le sol après le dépôt) est la principale cause d’acidification des dépôts atmosphériques secs et humides. Il provient en grande partie des excréments du bétail.
Les animaux d’élevage ne représentent par contre qu’une faible part de la libération directe de carbone dans l’atmosphère. Toutefois cette part augmente lorsqu’on considère les libérations indirectes lié à cette activité telle que : la combustion de combustibles fossiles pour produire des engrais minéraux pour la production d’aliments, la libération de méthane par la décomposition des engrais et du fumier, le changement d’utilisation des terres pour la production d’aliments ou pour le pâturage, la dégradation des terres, l’utilisation des combustibles fossiles pour la production animale ou encore l’utilisation de combustibles fossiles pour la production et le transport des produits animaux.
Pollution des milieux aquatiques et consommation en eau
Le secteur de l’élevage a un impact énorme sur l’utilisation de l’eau, la qualité de l’eau et les écosystèmes aquatiques. La production animale a de fortes retombées sur les disponibilités en eau, car elle consomme plus de 8% des utilisations humaines d’eau à l’échelle mondiale, essentiellement destinée à l’irrigation des cultures fourragères. Dans les régions aux faibles ressources hydriques, la quantité d’eau utilisée pour la production animale pourrait dépasser celle servant à satisfaire les besoins alimentaires des humains. Ainsi, on estime que pour produire un litre de lait il faut 990 litres d’eau !
Il est attesté que c’est la plus grande source sectorielle de polluants de l’eau -principalement déchets animaux, antibiotiques, hormones, produits chimiques des tanneries, engrais et pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et sédiments des pâturages érodés. Si l’on ne dispose pas de chiffres mondiaux, on estime qu’aux Etats-Unis, l’élevage et l’agriculture fourragère sont responsables de 37% de l’utilisation de pesticides, de 50% de celle d’antibiotiques, et d’un tiers des charges d’azote et de phosphore dans les ressources en eau douce. Le secteur engendre aussi près des deux tiers de l’ammoniac d’origine anthropique, qui contribue sensiblement aux pluies acides et à l’acidification des écosystèmes.
L’Asie de l’Est et du Sud-Est est l’une des zones de production animale les plus importantes du monde ; les secteurs du porc et de la volaille prédominent et représentent les deux principales sources de pollution des eaux liées à l’élevage. Aujourd’hui, l’Asie de l’Est comprend bien plus de la moitié des troupeaux de porcs du monde et plus du tiers de la volaille mondiale.
Impact sur la biodiversité
La quantité d’animaux destinés à la consommation représente également un péril pour la biodiversité de la Terre. Les animaux d’élevage constituent environ 20 pour cent de la biomasse animale terrestre totale, et la superficie qu’ils occupent aujourd’hui était autrefois l’habitat de la faune sauvage. Dans 306 des 825 écorégions terrestres identifiées par le Fonds mondial pour la nature (WWF), les animaux de ferme sont identifiés comme « une menace », tandis que 23 des 35 points chauds du monde pour la biodiversité de Conservation International – caractérisés par de graves niveaux de perte d’habitats -ressentent de l’élevage.
Impact sur le sol et l’érosion
La compactation superficielle du sol est l’un des impacts directs du bétail sur les propriétés physiques du sol. La densité apparente du sol croit lorsque l’on augmente la charge animale. Il résulte du piétinement répété. Les sols riches en éléments fins, limons et argiles non gonflantes, sont les plus sensibles. Le tassement du sol se produit surtout au moment où il est humide, très peu lorsqu’il est sec.
La diminution de la porosité qui résulte du tassement réduit les capacités d’infiltration accroît le ruissellement au moment des chutes de pluies. La végétation, moins bien alimentée en eau, devient clairsemée puis disparaît, la flore s’appauvrit, la production de biomasse diminue. Ce sont surtout les ligneux qui révèlent ce phénomène.
L’érosion des sols résulte d’une combinaison de facteurs (climat, agriculture, élevage), dont il est bien difficile d’évaluer les parts respectives. L’intensité de l’impact sur les sols est plus forte sous l’effet des activités agricoles, comparativement aux activités pastorales ; dans le premier cas, il y a destruction de la couverture végétale et parfois aggravation de l’emprise érosive du fait de certaines pratiques culturales (labour dans le sens de la pente). A l’inverse, l’impact de l’élevage sur les sols peut être considéré comme plus important en termes d’extension géographique, en raison de la plus grande proportion de parcours par rapport aux cultures dans les zones arides.
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Panga, la vache noyée et les vers de terre.
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/10/2024
- 0 commentaire
A la suite des inondations en Ardèche, Haute-Loire, Lozère etc... des milliers de personnes se sont attristées de la mort de la vache "Panga", emportée par le courant et retrouvée à plusieurs kilomètres de son champ.
On peut facilement supposer que la plupart de ces personnes mangent des animaux et ne se préoccupent aucunement de l'horreur des abattoirs.
On peut supposer également que la plupart de ces personnes n'ont qu'une idée très approximative de l'importance considérable de la biodiversité.
Les vers de terre décimés dans les champs labourés les attristent-ils ? Et pourtant, un champ labouré, c'est juste devenu un immense charnier...
Radio France
Publié le 21/10/2024 06:27
Temps de lecture : 4min
Des bisons en Belgique, en juillet 2020 (JEAN-MARC QUINET / MAXPPP)
La Colombie accueille à partir de lundi 21 octobre la 16e édition de la COP sur la biodiversité, avec l'ambition de stimuler la mise en œuvre d'objectifs de sauvegarde de la nature d'ici 2030. Parmi ces objectifs : la préservation et la réintroduction d'espèces disparues ou menacées.
Le bison d'Europe, par exemple. Il avait disparu à l'état sauvage il y a près d'un siècle, victime de la chasse, de la pression démographique et du déboisement. Mais depuis les années 50, il fait l'objet de programmes de réintroduction, qui "ont démarré par des individus captifs, avec une phase de réacclimatation à l'environnement naturel qui peut durer parfois des décennies. L'idée, c'est de laisser vivre !", explique François Sarrazin, professeur d'écologie, spécialiste de la conservation au Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
Des milliers de bisons présents dans l'est de l'Europe
"Laisser vivre", c'est ce que l'on appelle le réensauvagement. Et cela fonctionne : près de 7 000 bisons sont désormais présents à l'état sauvage dans l'est de l'Europe, de la Pologne à l'Ukraine en passant par la Biélorussie et même chez nos voisins suisses.
Les forêts dans lesquelles les bisons évoluent en profitent également : "De plus en plus d'éléments convergents montrent que ce type d'animaux a des effets positifs, souligne François Sarrazin. Par le déplacement de graines, les plantes qui sont consommées et rejetées plus loin, par le fait qu'ils piétinent les sols, par le fait qu'ils vont consommer certaines plantes et donc laisser de la place à d'autres plantes qu'ils ne consomment pas..."
Ces espèces sauvages permettent également aux forêts de stocker davantage de CO2. C'est ce qu'ont prouvé des scientifiques l'année dernière. Ils ont listé neuf espèces qui jouent en quelque sorte le rôle de paysagiste, et qui contribuent à faciliter la capture du carbone. Parmi elles : l'éléphant des forêts, le bœuf musqué, et évidemment le bison.
Le ver de terre, "ingénieur du sol"
Beaucoup plus discret que le bison, et régulièrement oublié des débats sur la biodiversité : le lombric. "Quand on parle de biodiversité, on pense aux mammifères : le gorille, l'éléphant, le loup... Mais toute la faune qui vit dans le sol était exclue jusqu'ici, affirme Christophe Gatineau, un agronome qui vit en pleine nature près de Limoges et qui vient de créer la Ligue de Défense des vers de terre. Souvent, les gens disent que le ver de terre 'c'est moche'. Mais un ver de terre c'est presque majestueux, en fait ! Il se déplace presque comme une couleuvre."
L'agronome Christophe Gatineau, défenseur des vers de terre près de Limoges (Haute-Vienne). Octobre 2024 (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Christophe Gatineau cultive ses poireaux, ses carottes ou ses tomates avec le plus grand soin, et lui est bien conscient du travail que les vers de terre fournissent tous les jours sous nos pieds : "Le ver va avaler de la terre ou de la matière organique, et la mélanger aux argiles, comme on pétrit la pâte à pain. C'est le seul à pouvoir faire ça. Et en même temps il va avoir un impact sur la porosité du sol, avec une meilleure rétention de l'eau, une meilleure infiltration..."
"L'oxygène va pouvoir, grâce à lui, pénétrer dans le sol. Donc avoir des vers de terre dans son sol, cela veut dire que le sol est vivant."
Christophe Gatineau, agronome
à franceinfo
Les vers de terre sont aussi une source d'alimentation pour d'autres espèces, le rouge-gorge par exemple, qui raffole des lombrics. Mais comme de nombreuses autres espèces, les vers sont eux aussi menacés. Appauvrissement des sols, techniques de labour trop invasives : ces invertébrés font face à toutes sortes de pressions, notamment l'utilisation des pesticides. "Une application de glyphosate à la dose recommandée ne va pas tuer les vers de terre, précise Céline Pelosi, directrice de recherche à l'INRAE à Avignon. Par contre, l'utilisation répétée de doses de glyphosate peut conduire à des effets sur l'activité, la reproduction, la croissance... et donc, in fine, diminuer la capacité à terme des populations de vers de terre à se maintenir."
Lors de la dernière COP biodoversité il y a deux ans, les Etats s'étaient engagés à réduire de moitié d'ici 2030 les risques liés aux pesticides.
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Pour être édité
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/10/2024
- 0 commentaire
Pour être édité, il faut avoir lu, beaucoup, énormément, non pas lire des histoires mais lire de l'écriture.
J'entends par là des ouvrages dont la qualité de l'écriture nourrit l'histoire et non pas des ouvrages dont l'écriture n'est qu'un moyen de raconter une histoire.
La différence ne saute pas aux yeux mais elle est pourtant essentielle.
J'ai lu des romans dont les histoires auraient pu me tenir en haleine mais qui ont fini par me lasser parce que l'écriture n'était qu'un moyen. L'écriture doit être un objectif, une fin en soi, une mission. Dès que je commence à sauter une page ou deux ou trois, je sais que l'écriture ne me tient plus et que j'ai juste envie de connaître la fin de l'histoire. Et je sais dès lors que ce livre ne restera pas en moi, que je vais l'oublier, qu'il va disparaître dans le flot de lecture. Je n'ai jamais oublié les livres de Gide, de Camus, de Le Clezio, de Yourcenar, de Dostoïevski, de Soltjénitsine, de Georghiu, de London, d'Hemingway, de Conrad, Cendrars, Steinbeck, etc etc...
Pour être édité, après avoir beaucoup lu, il faut écrire, énormément, sans avoir peur, il faut plonger dans le bain même si on sait qu'on ne pourra que patauger, que ça sera bruyant, désordonné, destructuré et décevant. Et quand on aura été déçu, il faudra retourner lire, non pas pour chercher à copier les Grands mais pour que la musique des mots en soi commence à murmurer. Il ne s'agit pas de disséquer les plus beaux écrits mais de les absorber, non pas de les analyser ou de les autopsier mais de s'en nourrir. Quand on mange un fruit, on n'étudie pas ses molécules, on se réjouit de la matière et de tout ce qu'elle dispense. Il faut entendre l'écriture, il faut la ressentir, la laisser glisser en soi, se délecter de sa douceur ou de sa puissance, sans chercher à en comprendre le mécanisme.
C'est un travail par l'abandon, non pas un cheminement de scientifique mais une voie hédoniste. Il me semble impossible de ne pas avoir de plaisir à écrire et tout aussi impossible d'en souffrir. Ce sont en tout cas les deux éléments essentiels dans mon écriture. Je n'écris pas si je n'ai pas de plaisir et j'arrête d'écrire si je finis par en souffrir. Je n'écris que dans la joie d'écrire.
Pour être édité, il faut s'empêcher de vouloir l'être car cette pression rapportée est à la source de la douleur ou à l'absence de plaisir.
"J'écris pour être édité" est une condamnation, tout autant qu'un outrage envers l'écriture. On écrit par respect pour les histoires.
"J'écris en espérant être édité" est tout aussi invalidant. L'espoir est un dévoreur d'énergie et toute énergie gaspillée ne pourra servir à mettre les mots en forme. C'est comme si tout ce qu'on voulait écrire passait par un filtre, un tamis et c'est nécessairement une limitation. On ne peut pas se donner entièrement à l'histoire si on s'est d'abord enchaîné à l'espoir d'être édité.
Pour être édité, il ne faut pas le vouloir, il ne faut même pas l'envisager.
Ne pas penser en termes de catégorie, de cadres d'écriture, de structures reconnues, de méthodes. Sinon, ça n'est pas de l'art, c'est de la copie, ça n'est pas une création, c'est une reproduction.
Mon huitième roman va être publié. Et j'écris le quatorzième. Je l'écris très, très doucement parce que les jours où j'en éprouve le besoin sont rares. Et désormais, je l'accepte. Je sais que je ne peux pas écrire sous la contrainte. Sous ma propre contrainte. Je n'ai pas écrit une ligne de ce roman depuis plusieurs mois. Mais les personnages sont toujours en moi, ils cheminent dans ma tête, ils me proposent des situations, en abandonnent d'autres, disparaissent, reviennent, ils ne sont pas dans l'urgence, ils laissent la vie se faire. Il m'arrive de ne pas les voir pendant des semaines.
J'ai éprouvé un choc, il y a quelques jours, alors que je pédalais sur les routes de la Creuse et qu'une voiture venait de me dépasser. Si je venais à mourir avant de finir ce livre en cours, tous les personnages disparaîtraient avec moi. J'en ai eu le ventre serré. Et puis je me suis moqué de moi.
C'était absurde.
Oui, dans la réalité, c'était absurde mais dans la dimension de création littéraire, ça ne l'était aucunement.
Pour être édité, il faut vivre ses propres histoires comme si on en faisait partie, soi-même, l'auteur non pas comme le créateur d'un monde imaginé mais comme le compagnon de route de tous les personnages, un observateur chargé du compte-rendu.
Les quatre tomes de Jarwal vont donc être publiés en un seul livre. J'ai mis plusieurs années à les écrire parce qu'il était nécessaire que Jarwal chemine à son rythme, qu'il trouve sa place à mes côtés.
Il ne me quitte plus d'ailleurs. Il m'a déjà parlé d'une autre histoire à écrire. On y réfléchit tous les deux.
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Un rappel nécessaire
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/10/2024
- 0 commentaire
Sur la manipulation des masses, j'ai déjà publié plusieurs articles.
Celui-ci est à mon sens le plus clair, concis, incontestable.
On peut y trouver de nombreux exemples.
"La stratégie du dégradé" est par exemple celle qui a servi à détruire le système scolaire jusqu'à cet état de mourant qu'on connaît aujourd'hui.
La semaine dernière, j'ai entendu un spot gouvernemental sur une radio de France bleu pour un appel à candidature pour devenir enseignant.
Quand, l'année de mes 18 ans, j'ai passé le concours pour devenir instituteur, il y avait dans la cour de l'école normale à Quimper 870 candidats garçons pour 12 places et 1022 filles pour 18 places...Et on rêvait tous de décrocher le Graal.
L'an passé, au niveau national, il manquait 4567 candidats pour pourvoir tous les postes. Et chaque année, c'est de pire en pire. On voit même passer des propositions de postes en collège sur le Bon Coin...
Stratégies de manipulation
Les stratégies et les techniques des Maitres du Monde
pour la manipulation de l'opinion publique et de la société...1 La stratégie de la diversion
image: création de Laurent CourauElément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l'attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d'informations insignifiantes.
La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s'intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l'économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique.
« Garder l'attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. »
(extrait de "Armes silencieuses pour guerres tranquilles")2 Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée "problème-réaction-solution". On crée d'abord un problème, une "situation" prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu'on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3 La stratégie du dégradé
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l'appliquer progressivement, en "dégradé", sur une durée de 10 ans. C'est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n'assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution si ils avaient été appliqués brutalement.4 La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme "douloureuse mais nécessaire", en obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d'accepter un sacrifice futur qu'un sacrifice immédiat. D'abord parce que l'effort n'est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que "tout ira mieux demain" et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s'habituer à l'idée du changement et l'accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
Exemple récent: le passage à l'Euro et la perte de la souveraineté monétaire et économique ont été acceptés par les pays Européens en 1994-95 pour une application en 2001. Autre exemple: les accords multilatéraux du FTAA que les USA ont imposé en 2001 aux pays du continent américain pourtant réticents, en concédant une application différée à 2005.5 S'adresser au public comme à des enfants en bas-age
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Exemple typique: la campagne TV française pour le passage à l'Euro ("les jours euro"). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi?
"Si on s'adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d'une personne de 12 ans."
(cf. "Armes silencieuses pour guerres tranquilles")6 Faire appel à l'émotionnel plutôt qu'à la réflexion
Faire appel à l'émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l'analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements...7 Maintenir le public dans l'ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage."La qualité de l'éducation donnée aux classes inférieures doit être de la plus pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l'ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures."
(cf. "Armes silencieuses pour guerres tranquilles")
8 Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver "cool" le fait d'être bête, vulgaire, et inculte...9 Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l'individu qu'il est seul responsable de son malheur, à cause de l'insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l'individu s'auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l'un des effets est l'inhibition de l'action. Et sans action, pas de révolution!...
10 Connaître les individus mieux qu'ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le "système" est parvenu à une connaissance avancée de l'être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l'individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Sylvain Timsit
© Syti.net, 2002 -
JARWAL : ébauche de couverture
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2024
- 0 commentaire
Mon éditrice m'a envoyé cette première version en précisant qu'un travail reste à faire sur les couleurs.
Personnellement, j'adore.
Il s'agira donc du huitième roman.
Ni un roman pour les enfants, ni un roman pour les adultes mais une histoire qui s'adresse à ceux et celles qui sont dans un espace ou l'enfant et l'adulte ont une place identique. La féérie du "petit Peuple" et les réflexions qui explorent l'état du monde, la confrontation millénaire entre le Bien et le Mal, entre la folie et la sagesse.
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Office français de la biodiversité
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2024
- 0 commentaire
Organisme d'état. Je précise pour ceux qui en seraient encore à considérer que de s'inquiéter pour la biodiversité relève de la pathologie éco-terroriste.
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Pourquoi parler de biodiversité ?
La biodiversité en danger
Aujourd’hui, le constat est sans appel, la biodiversité est en chute libre. De nombreux animaux et plantes disparaissent, à un rythme encore jamais égalé. La disparition de la biodiversité est en train de provoquer des effets graves sur les moyens de subsistance, l’économie et la qualité de vie des populations humaines. On parle même d’extinction de masse.
Sixième extinction en vue
L’eau, le pétrole, le gaz, le charbon, les animaux, les minerais, la forêt amazonienne, ne sont pas des ressources naturelles inépuisables. Les sociétés humaines se sont servies sans compter, sans se préoccuper de l’avenir.
Depuis deux-cents ans, les extinctions d’espèces sont 10 à 1000 fois plus rapides que le rythme naturel. Un constat que 1400 scientifiques ont établi dans le monde entier. A ce rythme là, la planète va perdre 75 % de ses espèces en 500 ans. Cette 6ème extinction est cette fois causée par une seule espèce, l’espèce humaine. (Source IPBES)
Alerte rouge
68 % des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans.
40 % des insectes sont en déclin au niveau mondial. Depuis 30 ans, la masse des insectes diminue sur Terre de 2,5 % chaque année, alors qu’au moins 75 % des cultures alimentaires en Europe dépendent des insectes pollinisateurs.
41 % des amphibiens et 27 % des crustacés risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans.
75 % des milieux terrestres sont altérés de façon significative et plus de 85 % des zones humides ont été détruites.
66 % des milieux marins sont détériorés.
30 % de la superficie des herbiers marins qui offrent nourriture et nurserie à la faune marine ont été détruits au cours du 20ème siècle.
33 % des récifs coralliens et plus d’1/3 des mammifères marins sont menacés.
15 milliards d’arbres sont abattus chaque année dans le monde.
46 % de la couverture forestière a disparu depuis la préhistoire.
Sources : Rapport Planète vivante du WWF, Biological Conservation, IPBES)
En France
La France est le 6ème pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées. (Source, liste rouge UICN)
30 % des oiseaux des champs ont déjà disparu en France en 15 ans (Source : Unité mixte de service PatriNat - Patrimoine Naturel).
38 % des chauves-souris ont disparu en France entre 2006 et 2016, parmi 19 des 34 espèces vivant en métropole. (Source AFB)
Ce qui menace la biodiversité
Toutes les causes de l’effondrement actuel de la biodiversité résultent des activités humaines. Leurs conséquences sont déjà ressenties partout par les populations humaines. Elles affectent tous les milieux, tous les pays, toutes les espèces. Les effets sont si marqués que les experts du monde entier se sont réunis pour lister les causes, évaluer les pertes et proposer des solutions.
La destruction et l’artificialisation des milieux naturels (30 % des impacts)
Quand une forêt primaire est transformée en culture ou en pâture,
quand des prairies et des haies laissent place à une autoroute,
quand un centre commercial est bâti sur des terres agricoles,
quand un marais est asséché,
quand un cours d’eau est rectifié ou fragmenté par des barrages,
quand une mine est creusée à ciel ouvert,
nombre d’êtres vivants disparaissent directement ou indirectement.
L’expansion de l’agriculture est la forme d’artificialisation des terres de loin la plus répandue : 33 % de la surface terrestre (et environ 75 % des ressources en eau douce) sont consacrées à la culture ou l’élevage. Ce n’est toutefois pas la seule : les surfaces urbanisées ont plus que doublé depuis 1992. (source IPBES). Crédit : Jean-Louis Aubert
L’aquaculture et les équipements (industriels, urbains, touristiques) impactent considérablement les milieux naturels côtiers déjà fragiles. Crédit: Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité
Pour aller plus loin :
La destruction de l'habitat (Naturefrance)
En chiffres (vidéos) :
État des habitats naturels en France
Régression des prairies permanentes
Vie quotidienne :
La surexploitation des ressources naturelles et le trafic illégal d’espèces (23 % des impacts)
La pêche industrielle ne laisse ni aux poissons, ni aux coquillages ni aux crustacés, le temps de reconstituer leurs populations. L’exploitation forestière entraîne l’abattage d’arbres âgés de plusieurs siècles. Les pratiques illégales de chasse et de commerce mettent en péril des espèces végétales et animales.
Pavillon noir sur les milieux marins 66 % du milieu marin sont significativement modifiés par l’action humaine, en particulier par l’exploitation de ses ressources : la pêche industrielle (moins de 10 % des effectifs des pêcheurs professionnels mondiaux) s’accapare à elle seule 55 % des ressources des océans. © Alain Nozay / Biosphoto
Mers nourricières ou mers mortes ? 33 % des prises de poissons dans le monde étaient estimées comme illicites en 2011. Un chiffre en hausse permanente. (Source IPBES). Photo : les agents du Parc naturel marin de Mayotte poursuivent la lutte contre la pêche illégale. Une pirogue à moteur a pris la fuite en laissant sur place un grand filet. Les agents ont pu dégager le filet des coraux après une heure d’efforts. Crédit: Lola Bayol / Office français de la biodiversité
La pauvreté et les famines ne font qu’accentuer la chasse, le braconnage et le commerce illégal. Crédit : Julie Molinier / Office français de la biodiversité
Le changement climatique global (14 % des impacts)
L’utilisation massive de combustibles fossiles (gaz, charbon, pétrole) émet des gaz à effet de serre, qui provoquent le réchauffement de l’atmosphère. Le changement climatique est en marche : augmentation de la température des océans, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer. Des perturbations plus violentes et plus fréquentes comme les cyclones, tempêtes et sécheresses, accentuent la disparition de milieux naturels et augmentent le nombre de réfugiés climatiques.
L’effet domino du changement climatique Si la température augmente de 3 °C, 8 milliards de personnes seront exposées à des chaleurs extrêmes, 4 milliards au manque d’eau, 742 millions à un risque de pénurie d'énergie, 2 milliards seront confrontées à de grosses difficultés agricoles, et plus d'1 milliard à des dégradations irréversibles de leur lieu de vie. (Source IPBES). Crédit : Juan-Carlos Muñoz / Biosphoto
Les récifs coralliens qui abritent une grande diversité d'espèces sont la grande victime du réchauffement climatique. Or ils fournissent l’essentiel de la production alimentaire et des revenus à 30 millions de personnes. Sur cette photo : une colonie de corail blanchi. Les extrémités recouvertes d'algues sont mortes. La France en abrite 55 000 km2 dans les Outre-mer tropicales. Sur cette photo : une colonie de corail blanchi. Les extrémités recouvertes d'algues sont mortes. Crédit: David Lorieux / OFB
Pour aller plus loin :
Réchauffement climatique : quelques chiffres qui donnent à réfléchir (futura-sciences.com)
Les pollutions des océans, des eaux douces, du sol et de l’air (14 % des impacts)
Pesticides chimiques, engrais, solvants, pollutions accidentelles sont également responsables de la dégradation des milieux naturels. Ils s’infiltrent dans le sol jusqu’aux cours d’eau et aux nappes d’eau souterraines ou s’introduisent, comme les plastiques, dans l’alimentation ; ils impactent directement les milieux naturels, les espèces, et affectent pour longtemps la santé humaine.
Épandage de produits chimiques Selon la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), 4,6 millions de tonnes de pesticides chimiques sont pulvérisés dans le monde chaque année, ce qui équivaut à 146 kg par seconde. Crédit : Philippe Massit / OFB
La pollution par les plastiques a été multipliée par 2 depuis 1980. Chaque personne absorbe 5 g de plastique par semaine. (Source IPBES). Crédit : Soimadou Mahamoud / Office français de la biodiversité
L’introduction d’espèces exotiques envahissantes (11 % des impacts)
Certaines espèces, animales, végétales, bactéries, virus ont été introduites volontairement pour leur intérêt économique (alimentation, horticulture, fourrure...). D’autres sont arrivées accidentellement dans une région, accrochées à la coque d’un bateau, par exemple. Certaines se plaisent si bien dans leur nouvel environnement qu’elles peuvent devenir envahissantes et provoquer la disparition d’espèces locales, la dégradation des milieux naturels, voire affecter la santé humaine.
Terreur des apiculteurs : Arrivé dans le Lot-et-Garonne dans une poterie en provenance de Chine en 2004, le frelon asiatique vole aujourd’hui sur toute la France. Il a pour cible favorite les abeilles domestiques dont il se nourrit. Ses attaques provoquent une perte importante pour l’apiculture. Crédit : Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité
La tueuse des oliviers : C’est une bactérie arrivée sur le dos d’un insecte venu des Etats-Unis jusque dans le sud de l’Italie. Xylella fastidiosa a infecté un foyer de près de 200 000 hectares d’oliviers, de lauriers roses et d’amandiers. Elle ruine tout un pan de l’économie du pays et continue sa propagation. La voici aujourd’hui en Corse et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Crédit : Camille Picard (DGAL-SDOPV) - https://gd.eppo.int
Alerte allergies ! Chaque été c’est la même chose ; le pollen de l’ambroisie à feuilles d’armoise, originaire d’Amérique du Nord, provoque de fortes réactions allergiques, rhinite, conjonctivite, toux, asthme, urticaire… En Auvergne-Rhône-Alpes, région la plus envahie, 10 % de la population serait touchée, imposant des soins dont le coût est estimé à 40 millions d’euros par an en moyenne. Crédit : Philippe Massit
Pour aller plus loin :
Les espèces exotiques envahissantes
Des menaces indirectes
Les experts mondiaux identifient d’autres facteurs qui participent fortement à la dégradation de notre biosphère.
Une démographique croissante
La population mondiale a doublé depuis 50 ans, en adoptant des modes de vie qui provoquent une croissance exponentielle des besoins.
La mondialisation
Manger de la viande nourrie avec du soja d’Amazonie, boire du vin chilien, dormir dans un lit en bois venu du Gabon… La mondialisation a multiplié les échanges entre consommateurs et producteurs. Il est difficile pour de simples consommateurs de percevoir les dégradations que les achats engendrent dans les régions où ils sont produits : utilisation accrue des énergies fossiles, forte consommation d’eau, par exemple…
Des technologies voraces
Les nouvelles technologies, l’électronique et le numérique, grande révolution du 21ème siècle, sont de gros consommateurs d’énergie, d’extracteurs de matières premières et d’émetteurs de gaz à effet de serre. Internet et l'ensemble des nouvelles technologies consomment chaque année environ 7 % de la production mondiale d'électricité.
Un modèle inadapté
Le modèle économique dominant s’appuie sur l’idée qu’une croissance économique infinie est possible dans un monde aux ressources pourtant épuisables. Or, ce système accélère l’érosion de la biodiversité et la compétition des usages, telles que l’agriculture chimique, la pêche industrielle, le pillage des matières premières au profit des plus aisés.
L’exploitation massive de minerais qui composent les smartphones, comme le coltan au Congo, est source de destruction des terres et de la faune sauvage et alimentent les conflits armés. Photo : vue aérienne des mines de coltan à ciel ouvert. Crédit : Wim Van Cappellen / Lineair Fotoarchief / Biosphoto
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Il ne nous restera plus qu'à nous entretuer
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2024
- 0 commentaire
On finira par être quasiment seul au monde. Et ce sera un cauchemar.
Parfois, je me dis qu'il ne faut pas que je tarde trop à mourir.
Et aussitôt, je me reprends en espérant que je serai toujours là pour voir la fin de l'humanité car lorsque nous serons devenus si présents, si envahissants et si seuls, il ne nous restera plus qu'à nous entretuer.
Les populations d'animaux sauvages se sont effondrées de 73% en 50 ans, alerte le WWF dans un nouveau rapport
L'ONG appelle à s'attaquer "simultanément aux facteurs du changement climatique et de perte de la nature en transformant de manière coordonnée nos systèmes énergétique, alimentaire et financier".
Article rédigé parMarie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié le 10/10/2024 01:05Mis à jour le 10/10/2024 09:12
Temps de lecture : 7 min
Un singe sur un arbre de la réserve de Cuyabeno, en Equateur, dans la forêt amazonienne, le 30 mars 2024. (DANIEL MUNOZ / AFP)
"Nous n'exagérons pas quand nous affirmons que ce qui se passera dans les cinq prochaines années déterminera l'avenir de la vie sur Terre." Dans la dernière édition de son rapport Planète vivante(Nouvelle fenêtre) (en .pdf), publiée jeudi 10 octobre, le World Wildlife Fund (WWF) dresse le constat d'"une planète en péril". La taille moyenne des populations d'animaux sauvages suivies – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles – a diminué de 73% depuis les années 1970, alerte la publication biennale de l'ONG, incriminant "l'incessante pression" d'une "double crise" : le changement climatique et l'effondrement des écosystèmes.
L'homme (et ses besoins pour, entre autres, se nourrir et se chauffer) est à l'origine de ces menaces existentielles siamoises. Mais il détient aussi le pouvoir de changer en cercle vertueux les logiques destructrices qui ont conduit les systèmes de régulation naturelle de notre planète aux limites de l'effondrement, insiste l'ONG au célèbre logo représentant un panda. Alors que les dirigeants du monde entier ont rendez-vous en Colombie fin octobre, pour la 16e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, la COP16, le WWF appelle "à changer de trajectoire" : "Bien que le temps soit compté, nous n'avons pas encore atteint le point de non-retour."
Un rythme inégal mais une tendance mondiale
Les tortues luth du détroit du fleuve Maroni, la rainette des eaux de la Loire, les éléphants qui peuplent les forêts du Gabon... Avec son indice planète vivante (IPV), le WWF suit au fil du temps près 35 000 populations animales, appartenant à 5 495 espèces à travers le monde. Tous les deux ans, l'ONG compare le nombre d'individus avec son chiffre de référence et en tire des "tendances révélatrices de l'état de fonctionnement des écosystèmes", explique le rapport. Or, au regard des chiffres les plus récents, qui datent de 2020, "la tendance se confirme", regrette Yann Laurans, directeur des programmes de la branche française de l'ONG. "Nous continuons la surpêche, la déforestation ne s'arrête pas, les subventions dommageables [à la nature] sont toujours là…", liste-t-il, décrivant des "situations hétérogènes" d'une région et d'une espèce à l'autre.
L'indice Planète vivante affiche une baisse de 73% depuis sa création, en 1970, selon ce graphique du WWF. (WWF)
C'est en Amérique latine et dans les Caraïbes que les populations suivies connaissent l'effondrement le plus radical (-95%). Chassé, pris dans des filets et exposé aux aléas climatiques, le dauphin rose de l'Amazone, au Brésil, a par exemple décliné de 65% entre 1994 et 2016, détaille le rapport. Tandis que l'Afrique affiche un IPV de -76% en 50 ans, et l'Asie et le Pacifique de -60%, l'Europe et l'Asie centrale, ainsi que l'Amérique du Nord (respectivement -35% et -39%), affichent quant à elles une meilleure santé en trompe-l'œil.
Dans l'hémisphère Nord, l'effondrement de la biodiversité avait déjà commencé quand l'IPV a été mis en place, en 1970. L'effondrement est plus récent dans l'hémisphère Sud.
Yann Laurans
directeur des programmes du WWF France
En dépit de ce biais méthodologique qui avantage le Nord, le saumon Chinook, qui croise dans les eaux du fleuve Sacramento, en Californie, a par exemple vu sa population décliner de 88%, entravée par des barrages et malmenée par des sécheresses et des canicules, alerte le WWF.
Victime de la modification des habitats, de la surexploitation, de la pollution et du changement climatique, les poissons d'eau douce (avec les reptiles et les amphibiens) sont le groupe d'espèces le plus malmené en Europe. Les populations d'espèces d'eau douce sont d'ailleurs celles qui affichent le plus fort déclin à l'échelle mondiale (-85 %), suivies des populations d'espèces terrestres (69%) et marines (56 %).
Des écosystèmes au bord du "point de bascule"
Dans son rapport, le WWF met particulièrement en garde contre les "points de bascule". Ces derniers se produisent quand, atteignant un certain seuil de dégradation d'un écosystème, "le changement s'auto-alimente, provoquant alors un bouleversement considérable, souvent brutal et potentiellement irréversible." Un risque qu'illustre la situation de la Grande Barrière de corail d'Australie, menacée par le réchauffement de la température de l'océan.
Sa population de tortues imbriquées, une espèce cruciale dévoreuse d'éponges, aide à l'entretien de cette structure unique au monde. Or, elle pourrait s'éteindre dès 2036, alerte l'ONG, qui rappelle les services précieux rendus par les coraux : à travers le monde, "environ 330 millions de personnes dépendent directement des récifs pour se protéger contre les tempêtes, pour leur approvisionnement en nourriture et autres moyens de subsistance et bénéfices", pointe le WWF.
Un milliard de personnes dépendent directement ou indirectement de la valeur économique nette mondiale des récifs coraliens.
Le WWF
dans son rapport Planète vivante
De même, si la forêt amazonienne atteignait son point de bascule, "les impacts ne seraient pas uniquement dévastateurs pour les communautés locales, mais aussi pour le climat et l'approvisionnement alimentaire du monde entier, affectant les sociétés et les économies aux quatre coins du globe", prévient l'ONG.
Des points de bascule existent aussi à l'échelle locale. Au Gabon, le déclin des éléphants de forêt d'Afrique, lié notamment au braconnage, s'est accentué, passant de 78 à 81% entre 2004 et 2014. Si "les scientifiques considèrent qu'une perte de cette ampleur est extrêmement préoccupante pour l'avenir de l'espèce", Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, rappelle que nous bénéficions tous de la contribution de ces "espèces parapluies".
Des éléphants des forêts, espèce qui pourrait disparaître localement des forêts du Gabon d'ici à 2036, selon des scientifiques cités dans le rapport Planète vivante du WWF. (JANOS ADOBE STOCK / WWF)
En se nourrissant d'arbres à faible densité de bois, cet éléphant permet aux arbres plus grands et plus à même de stocker du carbone de se développer, jouant "un rôle d'architecte et de paysagiste des forêts", pleinement investi dans la lutte contre le réchauffement de la planète.
"Transformer en profondeur notre modèle"
Face à ce constat, Véronique Andrieux, citée dans le rapport, appelle à "agir massivement et immédiatement pour protéger ce qui peut encore l'être et restaurer ce qui a déjà été abîmé." Restauration des zones humides, réintroduction d'espèces, création d'aires protégées gérées par les populations autochtones... Les solutions existent. En Europe, le bison et le pélican frisé en ont bénéficié, note le rapport. En République démocratique du Congo, une population de gorilles suivie par l'ONG a vu son nombre augmenter de 3% par an entre 2010 et 2016 grâce aux efforts des locaux.
Mais les aires protégées rencontrent des succès variables, et ne couvrent actuellement que 16 % des terres de la planète et 8 % de ses océans, contre un objectif fixé à 30% des écosystèmes terrestres et marins d'ici à 2030, en vertu du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMB) adopté en 2022.
Aussi, le combat contre les émissions de gaz à effet de serre ne peut se faire au détriment de la protection de la biodiversité, insiste le rapport, qui met le monde au défi de "nous attaquer simultanément aux facteurs du changement climatique et de perte de la nature en transformant de manière coordonnée nos systèmes énergétiques, alimentaire et financier."
La protection de la biodiversité et des écosystèmes peut contribuer à atténuer le changement climatique en préservant les puits de carbone, tels que les forêts et les zones humides.
Le WWF
dans son rapport Planète vivante
"De même, les efforts visant à atténuer le changement climatique, tels que la réduction de la déforestation et la promotion du reboisement, peuvent également contribuer à la conservation de la biodiversité et à la résilience des écosystèmes", poursuit l'ONG.
L'ONG s'inquiète des choix budgétaires en France
Rappelant enfin que la dégradation des habitats liée à l'agriculture constitue la principale menace sur les écosystèmes, le rapport rappelle que "malgré une production record, quelque 735 millions de personnes se couchent chaque soir le ventre vide". "Paradoxalement, notre système alimentaire compromet notre capacité actuelle et future à nourrir les humains. C'est un non-sens absolu", fustige-t-il, plaidant pour des pratiques agricoles et alimentaires plus respectueuses de l'environnement (agroforesterie, limitation des intrants, régimes moins carnés, etc.).
Des évidences pour l'ONG, dont la responsable en France s'alerte : "Alors qu'il est plus qu'urgent de transformer en profondeur notre modèle de production et de consommation, on assiste, incrédules, au détricotage des avancées obtenues en Europe et en France", déplore Véronique Andrieux. "A l'heure où le budget devrait refléter des choix courageux, malgré les propositions chiffrées du WWF pour stopper les subventions dommageables à la nature et encourager des alternatives viables, l'État persiste à mal dépenser et à mal prélever", dénonce-t-elle. "Comme si, face à un incendie, on choisissait de jeter de l'huile plutôt que de l'eau."
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Eunice Newton Foote
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2024
- 0 commentaire
Quand on pense que certains et certaines affirment que l'effet de serre est une trouvaille toute récente pour nous faire peur et justifier des décisions irrecevables...
"En 1856, Foote étudie l'effet du rayonnement solaire sur le réchauffement de l'air, et l'influence de la concentration de certains gaz, dont le dioxyde de carbone (CO2), sur ce phénomène. Ses expériences sur ce sujet ont ouvert la voie à la découverte de l'effet de serre."
Eunice Newton Foote, née Eunice Newton le 17 juillet 1819 à Goshen (Connecticut) et morte le 30 septembre 1888 à Lenox (Massachusetts, États-Unis), est une scientifique et inventrice américaine, également militante pour les droits des femmes. Elle a observé que la lumière solaire chauffe davantage le dioxyde de carbone et la vapeur d'eau que l'air. Reprenant une hypothèse (confirmée depuis) selon laquelle l'atmosphère terrestre a, par le passé, été plus riche en dioxyde de carbone qu'à son époque, elle en déduit que cette atmosphère était également plus chaude. Elle est l'une des signataires de la convention de Seneca Falls, une des premières conventions américaine de droit des femmes.
Biographie
Vie personnelle
Son père, Isaac Newton Junior, est originaire de Goshen (Connecticut) agriculteur à East Bloomfield (New York), et sa mère se prénomme Thirza1. Eunice Newton Foote a six sœurs et cinq frères2.
Eunice est décrite comme « un génie inventif et une personne à l'insolite beauté3 ». Son éducation et sa formation sont mal connues, même si ses expériences témoignent d'une formation scientifique avancée4.
Elle se marie le 12 août 1841 à Elisha Foote, juge, statisticien et inventeur, à East Bloomfield5. Ils vivent à Seneca Falls, sur Nord Park Street6. Ils ont deux enfants : Mary Foote Henderson, artiste et écrivain, née le 21 juillet 18427, et Augusta Newton Arnold, née en octobre 1844, écrivain, auteur de The Sea at Ebb Tide, et membre du conseil d'administration du Barnard College. Augusta épouse Francis B. Arnold le 6 mars 18698. Eunice et Elisha ont six petits-enfants, trois de chaque fille. Ils déménagent ensuite à Saratoga, New York. Elisha Foote meurt en 1883 et Eunice Newton Foote cinq ans plus tard, le 30 septembre 1888.
Recherche
En 1856, Foote étudie l'effet du rayonnement solaire sur le réchauffement de l'air, et l'influence de la concentration de certains gaz, dont le dioxyde de carbone (CO2), sur ce phénomène. Ses expériences sur ce sujet ont ouvert la voie à la découverte de l'effet de serre. Elle réalise des expériences à l'aide d'un dispositif expérimental qui comprend deux cylindres en verre, dans chacun desquels elle place deux thermomètres, avant de faire un vide partiel dans l'un des cylindres à l'aide d'une pompe à air, et en transférant l'air vers le second cylindre où l'air est condensé. Elle place alors les deux cylindres, dont la température initiale est identique, au soleil et suit l'évolution de leur température et de leur taux humidité. Elle constate que la température augmente davantage dans le cylindre où l'air est condensé. Elle répète ensuite ces expériences en modifiant la nature du gaz, testant l'air sec et l'air humide, puis le dioxyde de carbone. Elle montre que le phénomène est plus important dans l'air humide et dans le dioxyde de carbone, et décrit ses résultats dans un article intitulé Circumstances affecting the heat of the sun’s rays9,10,11.
Parce qu'elle est une femme, elle n'est pas autorisée à présenter son article auprès de l'Association américaine pour l'avancement des sciences, ceux-ci sont donc présentés par le professeur Joseph Henry lors de la réunion annuelle de l'association le 23 août 18564. La lecture de l'article précédée d'une préface rédigée par celui-ci, dans laquelle il indique « Science was of no country and of no sex. The sphere of woman embraces not only the beautiful and the useful, but the true. » (littéralement : « La science n'a ni pays ni sexe. La sphère de la femme englobe non seulement le beau et l'utile, mais aussi le vrai. »)4. L'article de Foote est cependant écarté de la revue Proceedings de l'association, qui rassemble normalement toutes les publications présentées lors de sa réunion annuelle sans exception. L'unique copie de l'article de Foote est publiée dans The American Journal of Science and Arts4.
Le travail de Foote est antérieur de trois ans à celui de John Tyndall12, généralement crédité pour la découverte de l'effet de serre13. Tyndall établit que les gaz en question ne réagissaient pas tant aux effets du soleil qu’à des rayonnements infrarouges10 et ses travaux font l'objet d'une série de publications en 18594. Des expériences similaires sont utilisées dans les écoles contemporaines pour enseigner ce phénomène14. John Perlin, biographe d’Eunice Newton Foote, explique que Tyndall, misogyne et ambitieux15, s’est très certainement inspiré des travaux de Foote sans la mentionner10.
Elle travaille également sur l'excitation électrique des gaz, à l'origine d'une publication en août 1857 dans les actes de l'Association américaine pour l'avancement de la science16,17. Elle dépose également un brevet en 1860 concernant le « remplissage des semelles de chaussures et de bottes18 ».
Les travaux d’Eunice Newton Foote sont principalement ignorés par la communauté scientifique, jusqu'à leur redécouverte en 2011 par un géologue américain retraité10. L’historien américain Roland Jackson estime que « Eunice Foote a été désavantagée non seulement par le manque de communauté universitaire en Amérique et une mauvaise communication avec l'Europe, mais par deux autres facteurs : son sexe et son statut d'amateur »19.
Militantisme
Elle est l’une des signataires, avec son mari Elisha Foote, de l'une des premières conventions des droits des femmes, la Convention de Seneca Falls, qui demande l’égalité entre hommes et femmes en termes de statut social et de droits légaux10.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Eunice_Newton_Foote?fbclid=IwY2xjawF4_VJleHRuA2FlbQIxMQABHVYoaoXn8GEyfIBOkhsu7leWeaCplGUNrLHnFm7S7fZhFXoA2HKKZ6sTMw_aem_cTyUcf55nFeJRdrgieH56w