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    • Thierry LEDRU
    • Presle
  • Méditer dans son cercueil

    Un exercice que je pratique régulièrement.

    Le soir. Après avoir lu.

    J'éteins, je suis allongé sur le dos, je place mes bras le long du corps. Si la température n'est pas suffisante, je laisse un drap sur moi mais si je ne risque pas d'avoir froid, je retire tout. L'idéal est d'avoir le moins de contact possible avec des éléments extérieurs.

    Lumière éteinte, yeux fermés.

    L'objectif est de se défaire des sensations corporelles, les points de contact du dos sur le matelas, le drap sur soi s'il est en place, de suspendre totalement les mouvements, jusqu'à la moindre vibration, de ne plus penser, de respirer avec la plus petite dépense d'énergie. Et de ne pas s'endormir.

    L'idée est d'être comme mort en sachant pertinemment que c'est impossible. L'idée est de tout limiter, tout rappel à la vie. Puis, lorsque ce "vide" est instauré et malgré les soubresauts infimes qui peuvent survenir, cet orteil qui vient de frotter son voisin, ce point de l'omoplate droite qui gratte, ce gargouillis dans les intestins, il est temps d'engager la suite, la visualisation d'une boule lumineuse, une boule sans matière, juste une énergie condensée, elle a la taille d'un oeuf de poule mais avec la capacité à se réduire selon le lieu où elle se trouve. Cette boule va être guidée pa la pensée, juste une pensée, une volonté, un contrôle permanent, elle va circuler dans l'intégralité du corps, visiter les moindres recoins, des pieds à la tête. L'objectif est de conscientiser à travers cette énergie chaque point du corps, chaque zone, chaque ressenti en sachant que simultanément à cette énergie diffusée par cette boule d'énergie, le reste du corps est "éteint".

    Faire en sorte que la vie rayonne dans un corps mort à travers un cheminement guidé.

    Je peux vous assurer que les effets sont fascinants. Il m'est arrivé à de multiples reprises de pratiquer cet exercice avec une douleur précise, un point, un noeud, une irradiation, une contracture et m'apercevoir en me réveillant le lendemain que la boule d'énergie l'avait absorbé, effacé, dilué. 

  • Se préparer au pire

    Bien évidemment que ça n'a rien de dépressif et c'est même un moyen extrêmement efficace de saisir pleinement le miracle d'être en vie. 

     

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    Se préparer au pire, praemeditatio malorum

    Auteur/autrice de la publication :

    Post published:16 juin 2019

    Post category:Exercices spirituels / Stoïcisme

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    Les exercices spirituels des stoïciens sont une pratique mentale qui a pour but de nous aider à mieux vivre tous les jours. On les appelle des exercices car il faut s’entraîner à les faire pour récolter les fruits de leurs effets sur notre santé et notre bien-être. Un des exercices les plus célèbres chez les stoïciens est le pré-exercice des maux (praemeditatio malorum). Il consiste à se projeter dans l’avenir avec pour but d’imaginer tout ce qui peut mal se passer afin d’être préparé au cas où le mal arrive.

    À première vue, on dirait un exercice de dépressif et d’hyper-anxieux. Certains diront qu’ils pensent déjà au pire naturellement, et que cela ne fait que les rendre encore plus anxieux. Mais le but de l’exercice n’est pas de déprimer davantage. Ce n’est pas juste de visualiser la situation qu’on craint, et ce n’est certainement pas de penser ensuite qu’on est condamné et impuissant.

    Car la situation que l’on craint ne va peut-être pas arriver et les stoïciens diront qu’il ne faut pas souffrir du mal avant qu’il n’arrive. Et si jamais le mal arrive, le fait d’y avoir pensé permet déjà de ne pas être jeté dans l’inconnu car on aura au moins imaginé la situation au préalable, et cela permet aussi de réfléchir à l’avance à comment agir dans ces circonstances malheureuses et de ne pas être complètement sans ressources. En ayant fait l’exercice, on peut savoir ce qui est en notre contrôle et ce qui ne l’est pas, afin d’agir ce qu’il l’est et accepter ce qui ne l’est pas.

    Voici ce que dit Pierre Hadot sur la pratique du praemeditatio malorum dans Qu’est-ce que la philosophie antique :

    « En le pratiquant, le philosophe ne veut pas seulement amortir le choc de la réalité, mais il veut plutôt, en se pénétrant bien des principes fondamentaux du stoïcisme, restaurer en lui-même la tranquillité et la paix de l’âme. Il ne faut pas avoir peur de penser à l’avance aux événements que les autres hommes considèrent comme malheureux, il faut même y penser souvent, pour se dire, tout d’abord, que des maux futurs ne sont pas des maux, puisqu’ils ne sont pas présents, et surtout que les événements, comme la maladie, la pauvreté et la mort, que les autres hommes perçoivent comme des maux, ne sont pas des maux, puisqu’ils ne dépendent pas de nous et ne sont pas de l’ordre de la moralité.1 »

    En vous projetant dans l’avenir et en déroulant toutes les conséquences que vous craignez, vous pouvez vous rendre compte que finalement même si cela arrive, vous pouvez garder votre calme et essayer de vous en sortir car il dépend de vous de réagir avec fermeté devant tout mal dans toute situation. Votre vision de vous-mêmes est que vous êtes capables d’être courageux, que vous avez la volonté de faire le meilleur possible, et que vous n’allez pas être déstabilisés aussi facilement car vous pouvez démontrer toute votre résolution face aux épreuves que les autres n’arrivent pas à surmonter. Le stoïcisme est une construction de soi, et on ne construit pas des châteaux de sable mais des forteresses et des citadelles.

    1 Pierre Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ? Les écoles hellénistiques, le stoïcisme.

  • La nature côtée en bourse

    Cet article date de 2022 et il est depuis rangé dans mes archives. De temps en temps, je relance des recherches pour voir si d'autres articles seraient sortis entre-temps. Car l'idée doit plaire sur les marchés financiers et donc, il s'agit de rester en veille...Je rappelle que les financiers ont bien réussi à instaurer les crédits-carbone, système qui a abouti à un fameux scandale. Je vous laisse chercher, tout est sur le net. 

    "Car c’est de notre capacité à imposer une vision anti-utilitariste de la nature que dépendra au final notre survie."

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    La nature bientôt cotée en Bourse?

     

    Face au déclin alarmant de la faune et de la flore, l’Union européenne s’est déclarée résolue à protéger et restaurer la biodiversité d’ici à 2030. Mais, au cœur de sa stratégie, se trouve un projet extrêmement inquiétant : la possible création de marchés sur la destruction de l’environnement. Une mesure qui aboutirait, ni plus ni moins, à la financiarisation de la nature.

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    Carte blanche -

    Par Philippe Lamberts, coprésident du Groupe des Verts/ALE au Parlement européen; Marie Toussaint, eurodéputée EELV et membre de la Commission de l’environnement; Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme

    Publié le 8/12/2022 à 17:00 Temps de lecture: 6 min

    La finance ne connaît aucune frontière. Après avoir étendu son emprise à l’ensemble du champ économique et social, elle s’apprête à conquérir un nouvel eldorado : la nature.

    Sous l’impulsion notamment de la Commission européenne, la création de marchés sur la destruction de l’environnement pourrait en effet être promue à l’issue de la COP15 de la biodiversité de Montréal, qui s’est ouverte ce mercredi 7 décembre.

    Dans un futur proche, donc, les entreprises pourraient avoir la possibilité d’acheter et de vendre en bourse de véritables « permis de détruire » la nature. Concrètement, au lieu d’arrêter la destruction de la nature, ces instruments financiers donneraient à leur détenteur le droit de causer des dommages à la biodiversité dans un lieu donné car ceux-ci seraient « compensés » par la conservation ou la restauration d’un écosystème de « valeur » équivalente ailleurs.

    Ces futurs marchés sur la destruction de la nature reposent pourtant sur une double fiction, qui rend leur utilité plus que douteuse.

    Illusion de substituabilité

    La première est l’idée qu’il serait possible de « compenser » la destruction de biodiversité. Selon cette approche, une entreprise souhaitant, par exemple, construire un aéroport en Espagne à un endroit où se trouve un habitat de flamants roses pourrait en compenser la destruction en plantant des arbres en Roumanie. Or, les écosystèmes ne sont pas substituables : il ne suffit pas de recréer des milieux artificiels pour compenser la destruction de milieux naturels. La biodiversité est en effet une réalité biophysique unique et complexe. Et, à supposer même que les restaurations envisagées soient jugées équivalentes, d’autres problèmes se posent. Tout d’abord, si les dégâts causés sont immédiats et irrémédiables, les restaurations sont par essence progressives et bien souvent temporaires. On ne compte d’ailleurs plus les projets de compensation carbone (boisement, reboisement, etc.) qui sont déjà partis en fumée ces dernières années sous l’effet du changement climatique.

    En outre, ces futurs marchés financiers sur la nature poseraient un véritable problème de justice : en suscitant une forte demande pour de vastes espaces naturels destinés à accueillir des projets de compensation biodiversité, ils donneraient lieu à des accaparements de terres et à des expulsions de peuples autochtones et communautés locales. Sans parler du risque de flambée des prix alimentaires mondiaux qui en résulterait, compte tenu de la concurrence accrue pour les terres arables et l’eau.

    Marchandisation du vivant

    La seconde fiction sur laquelle reposent ces nouveaux marchés est l’idée qu’il est possible de mettre un prix sur la nature. À l’opposé de la logique des écosystèmes, cette approche purement financière s’attache à découper la nature en différents services environnementaux indépendants (tels que la pollinisation, l’épuration des eaux, la protection contre les inondations, etc.), qui peuvent être quantifiables et monnayables. La valorisation monétaire de la nature est en effet un préalable à la compensation : pour pouvoir neutraliser les pertes en biodiversité via des actions de restauration d’une « valeur » équivalente, il est nécessaire de décomposer la nature en unités comparables et échangeables.

    Dans un rapport publié en juin 2021, la Commission européenne a ainsi évalué la valeur totale des dix principaux services environnementaux en Europe à 234 milliards d’euros pour l’année 2019. Soit un montant équivalent aux revenus générés chaque mois par l’industrie pétrolière et gazière au niveau mondial. Ce qui démontre l’absurdité d’un tel exercice. En réalité, la nature n’a tout simplement pas de prix, car elle est la condition même de la vie humaine sur Terre. Ce sens commun se heurte néanmoins à l’approche néolibérale de la biodiversité défendue par la Commission, selon laquelle tout doit être mesuré en « valeur de marché ». Elle transparaît notamment très clairement dans son récent projet visant à introduire de nouveaux comptes environnementaux sur les forêts et les écosystèmes dans les statistiques de l’UE.

    À ces problèmes conceptuels intrinsèques aux futurs marchés sur la destruction de l’environnement s’ajoute la réalité des faits : dans les pays où des projets de compensation biodiversité ont déjà été mis en œuvre, les résultats sont très largement négatifs. En Australie, par exemple, un rapport du Nature Conservation Council a conclu que dans 75 % des cas, les compensations donnaient lieu à des résultats « pauvres » ou « désastreux » pour la vie sauvage et les terres non cultivées, avec 25 % seulement de résultats « adéquats ». Aucune n’a donné lieu à un résultat « bon » pour la nature. Ce même constat d’échec a été observé pour des projets similaires réalisés aux États-Unis et au Canada.

    À tel point qu’aujourd’hui, la compensation biodiversité est devenue très difficile à « vendre » politiquement. C’est la raison pour laquelle la Commission européenne n’y fait plus directement référence dans ses propositions législatives. Elle l’a remplacé par un nouveau terme doté d’un grand capital sympathie : les « solutions fondées sur la nature ». Une pirouette discursive qui lui permet de pousser son agenda en faveur de la financiarisation de la nature, tout en contournant la vigilance citoyenne.

    Réguler, interdire, protéger

    Alors qu’une sixième vague d’extinction des espèces se dessine, nous ne pouvons pourtant plus nous permettre de privilégier des dispositifs de marché voués à l’échec. La compensation « à la découpe » prônée par la Commission n’est en réalité qu’une diversion visant à maintenir le statu quo, tout en créant de nouvelles opportunités de profits pour le secteur financier. Les scientifiques nous alertent sur l’importance d’une gestion durable des terres, fondée sur le maintien d’une biodiversité dans les sols leur permettant de remplir leurs fonctions dans le stockage du carbone et dans le cycle de l’eau : au lieu de cela, les projets de « compensation » ne sont qu’une continuation de la tendance à exploiter les terres en vue d’objectifs économiques, pour en rentabiliser l’usage autant que possible, aux dépens des communautés locales.

    Le déclin massif de la biodiversité appelle à protéger l’existant, plutôt que de recréer artificiellement la nature. D’où la nécessité de revenir à des politiques environnementales traditionnelles et contraignantes : plus simples et moins coûteuses, elles ont déjà prouvé par le passé leur efficacité, que ce soit l’interdiction des gaz aérosols pour stopper le trou dans la couche d’ozone, l’interdiction de l’amiante ou encore des pots catalytiques.

    L’année qui vient sera donc cruciale. Car c’est de notre capacité à imposer une vision anti-utilitariste de la nature que dépendra au final notre survie.

  • Octobre rose

    Une autre demande de dons qui m'interpelle, tous les ans. Evidemment que c'est hypocrite, évidemment que c'est commercial, évidemment que ça ne règle pas le problème à la source.

     

    ReportageLuttes 

    https://reporterre.net/Bisounours-Des-malades-du-cancer-critiquent-Octobre-rose

    « Bisounours ! » Des malades du cancer critiquent Octobre rose

    «<small class="fine d-inline"> </small>Bisounours<small class="fine d-inline"> </small>!<small class="fine d-inline"> </small>» Des malades du cancer critiquent Octobre rose

    Des membres du collectif Cancer Colère, postés devant un hôpital parisien, appelaient à politiser la campagne Octobre rose, jugée « bisounours ». Dans leur viseur, l’agro-industrie et ses pesticides cancérogènes.

    Paris, reportage

    Posté devant l’hôpital, il porte une casquette bleu nuit un poil trop grande, sous laquelle poussent à nouveau de fins cheveux un temps dérobés par la chimiothérapie. Les premiers éclats d’une renaissance : « Il est en rémission d’un cancer du cerveau », sourit sa mère en attrapant le tract que lui tend une dame.

    En cette matinée d’octobre, le parvis de l’Institut Curie — centre hospitalier spécialisé en cancérologie du 5e arrondissement de Paris — s’est mué en forum. Cinq bénévoles du collectif Cancer Colère apostrophent les passants, d’abord un brin fuyant face à ce qu’ils imaginent être une énième prospection publicitaire.

    Pour Cancer Colère, Thérèse sensibilise les passants au lien entre cancers et pesticides. © Mathieu Génon / Reporterre

    « La dernière fois que j’ai mis un pied ici, c’était pour fermer le cercueil d’une de mes meilleures amies », confie Julie. Extirpant de son sac à dos un pavé de dépliants à distribuer, la militante décrit la démarche de cette opération éminemment politique : « La célèbre campagne de communication Octobre rose [contre le cancer du sein] est précieuse à bien des égards, mais regorge d’angles morts. Elle multiplie les injonctions culpabilisatrices, notamment à la féminité, et met uniquement l’accent sur les comportements individuels. Pas un mot n’est consacré aux causes structurelles du cancer. Nous devons briser ce silence. »

    Pesticides : la colère monte

    Destiné à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la science, Octobre rose est né en 1985 aux États-Unis sous l’impulsion de l’association American Cancer Society et d’Imperial Chemical Industries, une société britannique. Cotée en bourse jusqu’à son rachat en 2008, cette entreprise aux milliards d’euros de chiffre d’affaires fabriquait certes un médicament contre cette maladie… mais surtout des produits chimiques et des insecticides.

    Quatre décennies plus tard, la campagne automnale n’a rien perdu de son aspect commercial. Bien au contraire, elle est pour certaines entreprises un alibi béton pour s’assurer une image progressiste. En communiquant à gogo sur l’émoi que suscite le cancer chez elles, des marques l’utilisent comme véritable levier marketing.

    Inès est l’une des bénévoles mobilisées ce jour. Une discrète ligne de maquillage permanent, esquissée sous ses sourcils, témoigne de l’épreuve affrontée ici même « il y a deux ans tout pile ». La trentenaire se remémore les intervenants venus lui dispenser des conseils pour soigner sa peau, fortement abîmée par la chimio. Une fois terminé le cours de make-up, un coffret rempli de produits cosmétiques lui avait été offert. « Pas un seul n’était bio… Seulement des marques comme L’Oréal. Et ça ne choquait personne. »

    Et ce alors que les produits toxiques contenus dans les cosmétiques jouent un rôle dans l’apparition des cancers du sein.

    Lire aussi : Des produits toxiques dissimulés dans les cosmétiques

    La monotonie des injonctions médicamenteuses qu’elle affrontait en cette période a offert à Inès le terreau d’une colère, longtemps restée silencieuse : une obsession pour la responsabilité des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans l’apparition de cancers.

    Deux ans plus tard, le déclic lui est venu d’une vidéo. Celle dans laquelle Fleur Breteau, perchée sur un balcon de l’Assemblée nationale, hurlait aux députés de droite et d’extrême droite : « Vous êtes les alliés du cancer, et nous le ferons savoir. » La bénévole poursuit : « À ce moment-là, j’ai su que je voulais en être. »

    © Mathieu Génon / Reporterre

    Face à la viralité de cette séquence, intervenue le jour de l’adoption de la loi Duplomb au Parlement, Fleur Breteau est devenue le visage d’une révolte. En quelques mois, son collectif s’est structuré en une constellation d’antennes locales aux plus de 450 têtes pensantes.

    Lire aussi : Des produits toxiques dissimulés dans les cosmétiques

    Des malades, et ex-malades, fatigués que seuls le tabagisme et l’alcoolisme soient jugés coupables alors même que les études scientifiques montrant la corrélation entre les cancers et exposition aux pesticides se multiplient. [1] Fatigués que les lobbies et les politiques continuent de cultiver la fabrique du doute pour préserver les intérêts de l’agrochimie.

    6 milliards d’euros versés par l’Assurance maladie

    En 2021, près de 6 milliards d’euros ont été versés par l’Assurance maladie aux sociétés privées fabriquant des médicaments contre le cancer — et bien souvent, en parallèle, des pesticides et produits chimiques. C’est le cas de Bayer qui commercialise des substances comme le Larotrectinib — une molécule utilisée dans le traitement contre le cancer de la thyroïde par exemple — et dont la filiale Monsanto produit du Round-up, contenant du glyphosate.

    « Ce coût [déboursé par l’Assurance maladie] a doublé en quatre ans et augmente de 20 % chaque année, détaille le tract que Thérèse brandit aux passants. L’épidémie explose et les laboratoires imposent des prix exorbitants pour leurs anticancéreux. »

    « Les laboratoires imposent des prix exorbitants pour leurs anticancéreux »

    Psychologue de profession, cette bénévole a adopté une stratégie bien à elle pour convaincre les inconnus de l’écouter… Les poursuivre, où qu’ils aillent. Tout sourire, elle détaille les combats de Cancer Colère, aborde le scandale du chlordécone et ponctue ses conversations d’un appel au soutien : « Suivez-nous sur Instagram, ce sera déjà un sacré coup de pouce. » Comme Marianne et Inès, elle aussi a eu un cancer. « Du rein, précise-t-elle sans épiloguer. Je m’en suis bien sortie. »

    Épandage à l’hélicoptère

    Un pin’s à l’effigie du collectif accroché au gilet, Marianne, ancienne professeure d’arts plastiques, interpelle une coquette septuagénaire prête à s’engouffrer dans l’institut. « Le cancer ? Oui, je ne le connais que trop bien malheureusement », lui rétorque cette dénommée Brigitte. Fille d’un éleveur de vaches de Bourgogne, elle énumère ses proches emportés par la maladie. Son père et son grand-père ont succombé au cancer de la prostate. Son cousin céréalier, au cancer du rectum. « Je le vois encore survoler ses champs en hélicoptère pour balancer des cochonneries. L’épandage n’avait aucune limite, regrette cette infirmière retraitée. C’était hallucinant. »

    Sa sœur et elle ont aussi eu un cancer du sein. « J’avais 35 ans et venais d’accoucher de mon troisième enfant, poursuit Brigitte. J’ai dû arrêter mon travail. » Une fois achevée la mastectomie, elle a dû changer à plusieurs reprises de prothèse. Traité en 1982, son cancer la poursuit encore aujourd’hui.

    « Le plus difficile, c’est cet inconnu, abonde Inès. Mon oncologue m’a prévenu que les risques de récidives demeureraient toute ma vie. Comment avancer paisiblement en sachant que cette épée de Damoclès plane au-dessus de votre tête ? »

    Le nombre de cancers chez les moins de 50 ans a bondi de 80 % en trente ans. © Mathieu Génon / Reporterre

    À ses yeux, la campagne Octobre rose revêt en ce sens un aspect « bisounours » : « Le cancer du sein est évoqué comme un petit cancer. Non, c’est le cancer le plus meurtrier chez les femmes. » Et lorsqu’il ne tue pas, il pousse parfois les victimes au divorce, au licenciement ou à l’abandon de projets. Débarrassée depuis deux ans de la tumeur, la militante est toujours sous traitement. Des piqûres et des comprimés annihilant ses hormones, jusqu’à placer son corps en ménopause. « Résultat : j’ai dû renoncer pour l’heure à avoir un enfant », déplore-t-elle.

    Un « tsunami » de cancers

    « Personne ne se sent vraiment concerné par le cancer, avant d’avoir rendez-vous chez l’oncologue, poursuit Inès. Lorsque le mien m’a été diagnostiqué, un immeuble m’est tombé sur la tête. Pour moi, ça n’arrivait qu’aux autres. »

    Dans une enquête publiée en mars, Le Monde dévoilait que le nombre de nouveaux cas de cancers chez les moins de 50 ans avait bondi de près de 80 % en moins de trente ans. Les tumeurs digestives et du sein sont les plus concernées par ce que certains chercheurs qualifient déjà d’« épidémie ». Un mois plus tôt, le Pr Fabrice Barlesi, directeur général de l’Institut Gustave Roussy, appelait même à se préparer à « un tsunami » de cancers chez les jeunes. « Ce n’est plus juste la faute à pas de chance », dit Marianne.

    En 2022, plus de 164 000 personnes sont mortes du cancer en France. © Mathieu Génon / Reporterre

    La bouille débordante d’entrain, Candice contorsionne sa poupée sous l’œil amusé d’un taxi. Il y a un an, un rétinoblastome — tumeur cancéreuse intraoculaire — a été diagnostiqué à la fillette qui soufflera en janvier sa deuxième bougie. « J’ai aperçu un reflet blanchâtre dans sa pupille, témoigne Ingrid, sa mère. Le même que l’on observe chez les chats la nuit. » Dès le lendemain, un pédiatre l’invitait à sauter dans un avion en direction de Paris pour procéder aux analyses. « Nous avons multiplié les allers-retours entre ici et La Réunion le temps du traitement. Et par bonheur, son œil a pu être sauvé. »

    Enfouissant le tract de Cancer Colère dans une pochette de la poussette, Ingrid salue les bénévoles et disparaît. Comme pour bien des passants croisés ce jour-là, la polémique entourant la loi Duplomb et le rôle des pesticides dans l’émergence de cancers ne lui étaient guère familiers.

    « À force de sensibilisation, ces sujets seront incorporés dans le débat public », espère Thérèse. À la nuit tombée, une autre équipe du collectif s’en ira d’ailleurs placarder les murs de la ville d’affiches appelant à briser le silence.

    On ne va pas vous le cacher : à Reporterre, on est inquiets.
    Les gouvernements se succèdent, la confiance s’effrite, le débat public se polarise : tout semble instable.
    Le vent peut tourner très vite. Et quand l’extrême droite arrive au pouvoir, les médias indépendants en sortent rarement indemnes.

    Mais au milieu de la tempête, Reporterre garde le cap.
    Nous refusons de céder au sensationnalisme, à la panique et aux raccourcis.
    Chaque jour, nous enquêtons, nous expliquons, nous documentons avec une ligne claire : informer plutôt qu’enflammer les esprits.

    Chez Reporterre, il n’y a ni actionnaire, ni propriétaire milliardaire : le média est à but non lucratif. Nous sommes financés à 98% par 1,6% de nos lectrices et lecteurs.

    Concrètement, ça veut dire que :

    Personne ne modifie ce que nous publions.

    Nous ne cherchons pas à capter votre attention mais à traiter les sujets qui méritent votre attention.

    Nous pouvons laisser tous nos articles en accès libre pour toutes et tous, sans conditions de ressources.

    Il n’y a pas d’action collective sans information libre.
    Et c’est grâce à vous qu’elle peut exister.

  • Des entreprises engagées

    Bien évidemment que les grandes entreprises ont les moyens de financer des mouvements oeuvrant pour la planète et donc pour l'humanité, tout comme elles peuvent le faire pour la recherche médicale.

    1 % par an ne les met pas en danger. On peut même imaginer que ces 1 % seraient inscrits dans une rotation sectorielle de la protection de la nature à la protection de l'humanité. Les missions à mener sont si nombreuses qu'elles ne sont justement pas dénombrables, malheureusement. Imaginons 1% des revenus de Total, LVMH, la sphère Bolloré, Hermès, regardez l'évolution des cours de bourse de ces entreprises... N'ont-elles pas les moyens de subvenir annuellement aux besoins de la recherche médicale par une donation de 1 % ?... Le Téléthon ne devrait pas exister, tout comme les Restos du coeur. Ils existent parce que les individus lambda ont encore en eux la notion de solidarité, d'empathie, de compassion, d'humanité. 

    S’engager pour le vivant
    et pour la Planète.

    Les entreprises membres 1% for the Planet s’engagent à reverser 1% de leur chiffre d’affaires annuel directement aux associations agréées de leur choix.

    Nous facilitons leurs choix philanthropiques en les mettant en relation avec les organisations qui leur correspondent.

    Et nous vérifions chaque année que la promesse est bien tenue.

    Tous ensemble pour la Planète.

     

    https://www.onepercentfortheplanet.fr/

     

    1 % for the Planet France est un fonds de dotation français, affilié au mouvement international 1% for the Planet, qui encourage les entreprises à reverser 1 % de leur chiffre d'affaires à des associations oeuvrant pour la protection de l'environnement. Créé en 2014[2], il constitue la première structure du réseau en dehors de l'Amérique du Nord.

    Origines du mouvement

    Le mouvement[3] 1% for the Planet a été fondé en 2002 par deux entrepreneurs américains : Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, et Craig Mathews, créateur de Blue Ribbon Flies. Souhaitant systématiser leur engagement en faveur de la nature, ils ont décidé que leurs entreprises reverseraient 1% de leur chiffre d'affaires annuel à des causes environnementales. Leur initiative a donné naissance à un réseau mondial d'entreprises engagées dans la philanthropie environnementale.

    En 2024, le mouvement comptait plus de 4 800 entreprises membres dans plus de 110 pays.

    Création de la structure française

    En 2014[2], face à la dynamique croissante en France, l'organisation décide de créer un fonds de dotation local. 1 % for the Planet France devient ainsi la première antenne hors Amérique du Nord du réseau. Son siège situé à Bluffy, en Haute-Savoie, et une antenne complémentaire est ouverte à Paris depuis 2022. Le réseau français regroupe plus de 1 100 entreprises membres réparties sur l'ensemble du territoire.

    Fonctionnement

    Les entreprises membres du collectif s’engagent à reverser 1 % de leur chiffre d'affaires annuel à des associations agréées. Environ 70 % des dons sont versés directement aux associations, tandis que le reste peut transiter par le fonds de dotation. Des contrôles sont effectués chaque année afin de vérifier la conformité des engagements.

    L'équipe 1% for the Planet France, dirigée par Isabelle Susini [archive], est composée de professionnels de la philanthropie, de la communication, du développement commercial et de la gestion de projets environnementaux. Un conseil d'administration [archive] composé de personnalités issues du réseau mondial et local encadre l'organisation.

    Mission

    La protection de l’environnement reste encore marginale dans le domaine de la philanthropie, ne représentant qu’environ 3 % des montants issus du mécénat aux États-Unis et 7 % en France.

    Pourtant, les enjeux environnementaux sont considérables. La mission de 1% for the Planet France est de favoriser le développement de la philanthropie environnementale et de renforcer l’impact des actions menées par les associations œuvrant pour la protection de l’environnement, en facilitant notamment leur accès aux financements.

    Face aux dérèglements climatiques visibles, à la fragilisation des systèmes alimentaires, à la dégradation des milieux naturels ou encore à la raréfaction des ressources en eau, le modèle proposé par 1% for the Planet se veut simple et accessible, avec pour objectif de permettre une action concrète face à ces défis.

    Impact : des actions concrètes, un changement global

    Depuis sa création, 1% for the Planet prouve qu’un modèle simple peut produire des effets puissants : celui de rassembler des entreprises pour financer des solutions concrètes à la crise environnementale. Grâce à ce mouvement, plus de 728 millions de dollars ont déjà été reversés à des associations environnementales partout dans le monde.

    Ce financement a un impact direct sur le terrain :

    Des lois ont été modifiées ou empêchées grâce à la mobilisation d’associations.

    Des écosystèmes et des espèces menacées ont été protégés.

    Des communautés locales ont pu renforcer leur résilience face aux dérèglements climatiques.

    Ces avancées sont rendues possibles par des acteurs de terrain convaincus et compétents. Les associations soutenues par 1% for the Planet sont des expertes des enjeux écologiques et mènent des actions ciblées, au plus près des causes des déséquilibres.

    En France, l’impact est tout aussi significatif.

    Depuis 2004, 74,5 millions d’euros ont été mobilisés au profit de plus de 853 associations agréées [archive] qui agissent pour la préservation de la nature, la transition écologique, la justice environnementale ou la régénération des écosystèmes.

    Aujourd’hui, plus de 1122 membres français [archive] s’engagent chaque année à reverser 1 % de leur chiffre d’affaires pour soutenir ces actions. Cela représente 14 millions d’euros par an pour la France à elle seule, sur près de 100 millions à l’échelle mondiale.

    Ce 1 % symbolique mais significatif est une preuve d’engagement fort, qui donne naissance à un impact durable, visible et mesurable.

    L'impact ne se limite pas à l'aspect financier. Les événements permettent aux entreprises mécènes et aux associations de se rencontrer et de co-créer des projets. De nombreuses collaborations fructueuses voient le jour, telles que celle entre l'association ASPAS et l'entreprise Nümorning [archive], ou entre l'association Water Family et l'entreprise SRDI [archive], parmi d'autres. Ces partenariats et leurs retours d'expérience enrichissent les moments-clés du collectif.

    Une démarche simple, transparente et à impact

    Un engagement concret pour la planète

    Adhérer à 1% for the Planet, c’est bien plus qu’un soutien financier : c’est un engagement à reverser 1 % de son chiffre d’affaires annuel à des associations environnementales agréées, tout en s’impliquant activement dans la transition écologique. Ce modèle simple et transparent permet de soutenir des actions concrètes en faveur du climat, de la biodiversité, de la préservation des ressources naturelles et d’une transition écologique juste.

    Soutenir des causes qui ont du sens

    Les membres du collectif ont la possibilité de choisir les causes et les projets qu’ils souhaitent soutenir, en fonction de leurs valeurs et de leur ancrage territorial. Ce fléchage permet de redonner du sens à l’impôt, en orientant une partie de ses ressources vers des initiatives environnementales locales ou internationales.

    Mobiliser ses équipes autour d’un engagement partagé

    Rejoindre 1% for the Planet permet également d’impliquer ses collaborateurs, notamment via du mécénat, dans une démarche porteuse de sens. L’adhésion devient ainsi un levier d’engagement interne, en cohérence avec la raison d’être ou les valeurs de l’entreprise.

    Accéder à une communauté active et engagée

    Les membres sont invités à participer à des événements tout au long de l’année (cafés, afterworks, webinaires… [archive]), favorisant les échanges, la montée en compétences et les synergies entre acteurs engagés. L’événement phare du collectif, les Rencontres pour la Planète [archive], a lieu chaque année début octobre. Pendant deux jours, des associations environnementales présentent leurs projets directement devant des mécènes, dans une logique de mise en relation et de financement direct. C’est un temps fort de la communauté, propice à la rencontre, à l’inspiration et à la création de liens durables.

    Un mouvement mondial, un impact global

    Intégrer le collectif 1% for the Planet, c’est rejoindre un mouvement mondial d’entreprises et d’individus déterminés à avoir un impact positif pour la planète. C’est aussi renforcer la crédibilité et la transparence de son engagement environnemental grâce à un modèle reconnu, efficace et accessible.

    Modalités d'adhésion

    Pour rejoindre le collectif 1% for the Planet France, les entreprises suivent un processus en trois étapes :

    Définir un plan philanthropique : il s’agit pour l’entreprise d’évaluer son engagement actuel ou de construire une première démarche de mécénat, en lien avec ses valeurs et ses capacités financières.

    Choisir le périmètre d’engagement : l’entreprise décide si l’engagement du 1 % de son chiffre d’affaires concerne l’ensemble de sa structure, une marque spécifique ou une gamme de produits.

    Compléter le formulaire d’adhésion : une inscription en ligne est à effectuer, suivie de la signature d’une lettre d’engagement et du règlement d’une contribution annuelle, incluse dans le calcul du 1 %. Cette contribution, appelée « proportion minimale », est due dès l’entrée dans le collectif. Elle permet notamment de soutenir les actions de l’organisation et le développement du réseau.

    Une fois membre, l’entreprise peut répartir ses dons sur l’année et bénéficier des avantages liés à son engagement, tels que des réductions fiscales, une visibilité renforcée ou encore la participation à des événements du réseau.

    L’ensemble des modalités de versement, des délais de dons et du calcul du 1 % est détaillé sur le site de l’organisation.

    Voir aussi

    Site officiel de 1% for the Planet France [archive]

    Les entreprises et associations du collectif [archive]

    Les belles histoires de nos membres et associations [archive]

    Rejoindre le collectif [archive]

  • L'effondrement de l'éducation nationale

    Je viens de recevoir une notification pour un commentaire posté à la suite du mien. Le mien date de deux ans, je l'avais oublié. Bon, bien évidemment, depuis ce temps, rien ne s'est arrangé. Et croire que ça va aller mieux dans les années à venir est juste risible. Si tant est que ça soit drôle...

  • L'imposition des milliardaires

     

    Si par hasard des lecteurs, lectrices ont trouvé déplacé le texte sur le Téléthon, je les invite à regarder l'émission de cash investigations sur Bernard Arnault, un milliardaire parmi d'autres. Personnellement, c'est ça que je trouve déplacé et j'en veux à l'état qui laisse ce système de "non imposition" en place et j'en veux à tous les avocats fiscalistes et aux milliardaires et à tous ceux ou celles qui truandent le pays et vivent avec des fortunes que nous n'arrivons même pas à imaginer. Tant mieux si l'argent récolté par le Téléthon permet de faire avancer la médecine et de sauver des vies, bien évidemment, mais dans un pays fiscalement juste, ces soirées de dons ne seraient pas nécessaires. 

     

    Enquête France 2

    "Les impôts finalement acquittés sont très faibles par rapport aux revenus totaux" : "Cash Investigation" a eu accès aux données fiscales de Bernard Arnault

    Publié le 04/12/2025 09:38 Mis à jour le 04/12/2025 14:30

    Temps de lecture : 4min - vidéo : 3min

    Article rédigé par France 2

    France Télévisions

    Bernard Arnault est-il un contribuable comme les autres ? "Cash Investigation" a pu consulter le montant de l’impôt payé en 2023 par le milliardaire à la tête de LVMH. Les holdings qui abritent sa fortune lui permettent de payer moins d'impôt. Une enquête à voir dans "Cash Investigation" le 4 décembre 2025, sur France 2.

    Après des mois d'enquête, "Cash Investigation" a fini par mettre la main sur les données fiscales de Bernard Arnault. Comme cette information est couverte par le secret fiscal, le magazine ne révélera pas le montant exact de cet impôt payé personnellement, mais a choisi, pour donner des ordres de grandeur, de réaliser une démonstration à l’aide de perles, dont chacune vaut 100 000 euros. Elles seront versées dans trois différentes boîtes — respectivement nommées "holdings", "revenus" et "impôts".

    À lire aussi : Vidéo

    "Cash Investigation" : comment Bernard Arnault a posé les premières pierres de son empire avec des centaines de millions d'euros d'argent public

    Le salaire que déclare Bernard Arnault est de quelques millions d’euros chaque année. Mais ce n’est qu’une partie infime de ses revenus. Ils sont surtout composés des dividendes touchés en tant qu’actionnaire principal de LVMH. Selon les calculs de "Cash Investigation", la famille Arnault a touché, en 2023, 3,17 milliards d'euros de dividendes qui sont remontés dans les holdings familiales. Ce sont ces holdings qui abritent l’immense majorité de leur fortune, c’est-à-dire les millions d’actions LVMH que Bernard Arnault possède avec ses cinq enfants. Selon Le Monde, le milliardaire leur a déjà transmis une majorité de ses parts. Mais jusqu'à sa mort, c'est lui qui en garde les bénéfices et en touche les dividendes.

    Si les dividendes demeurent dans les holdings que détient le milliardaire, elles sont très peu taxées : seulement à hauteur de 1,25%. Bernard Arnault laisse la grande majorité de ses dividendes dans ses holdings faiblement taxées et n'en place qu'une infime partie sur son compte bancaire. Cette petite partie sera taxée à hauteur de 30%, c'est la flat tax.

    "Le taux d'impôt des milliardaires est vraiment beaucoup plus faible que ce qu'il serait s'ils jouaient les règles du jeu fiscal "

    Selon l'économiste Lucas Chancel, professeur à Sciences Po, qui codirige également le Laboratoire sur les inégalités mondiales de l'Ecole d'économie de Paris, le milliardaire n'a aucune raison de sortir ses milliards de dividendes de ses holdings : "L'enjeu, c'est quoi ? C'est avoir un revenu pour financer un train de vie, une consommation, explique-t-il. Mais une fois qu'on a sorti 30 millions d'euros d'une holding, on a un train de vie qui est quand même déjà assez exceptionnel. On ne va pas avoir besoin de se verser 1 milliard, ou 2 milliards, sur un compte bancaire chaque année. On peut laisser le reste dans la holding. Et donc, c'est cela qui va vraiment permettre aux détenteurs des holdings d'optimiser leur impôt."

    Concernant le salaire annuel déclaré par Bernard Arnault en 2023 à l'administration fiscale, il est de plusieurs millions d’euros. Là, c’est le taux d'impôt marginal de 45% qui s’applique. Les perles dorées sont ensuite versées dans la boîte "impôts" et l'on peut alors visualiser la totalité des impôts payés par Bernard Arnault et ses holdings, comparée à ce qu’il a gagné en 2023.

    Qu'en conclut Lucas Chancel ? "Eh bien, que les impôts finalement acquittés sont très faibles par rapport aux revenus totaux. Les chercheurs qui s'intéressent à ces questions ont démontré depuis de nombreuses années que le taux d'impôt des milliardaires, et des centi-millionnaires, est vraiment très faible, beaucoup plus faible que ce qu'il serait s'ils jouaient les règles du jeu fiscal comme le commun des mortels." La démonstration fiscale de "Cash Investigation" ne s'arrête pas là, la suite est à découvrir ce soir, à 21h10 sur France 2.

    Depuis des mois, "Cash Investigation" a sollicité LVMH à de nombreuses reprises, en vain. L’équipe a envoyé au groupe de luxe un mail avec de nombreuses questions, auxquelles LVMH n’a pas répondu.

    Extrait de "Bernard Arnault, ombre et lumière d’un empire(Nouvelle fenêtre)", une enquête de Mathieu Robert à voir dans "Cash Investigation" le 4 décembre 2025.

    > Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo, rubrique "Les émissions(Nouvelle fenêtre)".

  • Telethon

    J'espère bien que des gens ont été sauvés par la science et que les financements obtenus par le Telethon y ont contribué mais il n'en reste pas moins que c'est hallucinant que ça existe encore au regard des fortunes pharaoniques qui sont enregistrées en France et qui ne contribuent que très, très, très moyennement à l'imposition. Que l'état leur prenne 1 % par an pour le Telethon et ça dépassera très, très amplement les dons issus des individus lambda. 

     

    Christophe Khider 

      ·

    Suivi(e)

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    France-Inter: " N'oubliez pas d'appeler le 36 37 et de participer au Téléthon afin de battre le record de 96 millions d'euros de dons et faire progresser la recherche...".

    ahahaha non pardon: AHHAHAHAHHAHHAHAHAHHAHA !

    Le Téléthon, cette étrange émission où pendant 30 heures, des artistes et des présentateurs TV grugeurs du Fisc se succèdent toutes les demi-heures afin de demander à des smicards, des RMistes ou des chômeurs de donner à des Lobbys Pharmas blindés à milliards afin d’aider la “ recherche “ à trouver des solutions face à des maladies rares.

    Orwell n'aurait pas imaginé mieux.

    Un genre de messe laïque sponsorisée par les mêmes types qui pleurent la main sur le cœur mais facturent leurs prestations au tarif PDG, le tout sous des projecteurs qui éclairent davantage leur ego que les avancées scientifiques.

    Le Téléthon, au fond, c’est un peu Netflix version misère humaine: ça raconte chaque année la même histoire, avec les mêmes séquences calibrées, mais jamais de final. Et si tu regardes bien, on te vend de l’espoir sous cellophane, alors qu’en coulisses c’est surtout l’industrie pharmaceutique qui turbine comme une centrifugeuse à dividendes.

    MERDE.

    On pourrait applaudir le concept si on était un peu naïf, un peu beaucoup bête MAIS force est de constater que depuis plus de 30 ans que cette grande messe télévisuelle existe, et MALGRÉ le fait que les millions de dons succèdent aux millions de dons chaque année, cette fameuse “ recherche “ avance autant qu’un myopathe livré à lui-même.

    Que les enfants de la Lune sortent toujours avec des combis à la Pesquet en plein soleil pour éviter de finir aussi grillé qu'un steak oublié par un cuistot en plein burn-out, que les gens qui ont la mucoviscidose ont des chances de survie aussi élevées qu’un type ayant bossé à Tchernobyl le jour où le réacteur a décidé de se faire la malle, que ceux qui ont la maladie des os de verre continuent à se casser au moindre contact comme de la porcelaine posée sur une machine à laver.

    MERDE.

    Les cancers ? Toujours les mêmes suites dégueulasses, avec des chimios et des séances de laser game qui te pètent plus qu’ils ne te réparent, un peu comme si on tentait d’éteindre un incendie au napalm. J'ai vu mon père et Grand-père en mourir à 30 ans de distance c'est dire si j'en suis témoin, aucune avancée majeure à part pour te foutre dans le coltard avant de claquer avec des cocktails de médocs digne d'un camé Porte de La Chapelle !

    On va rire avec l'histoire de ma tante, je te le promets, elle, radine comme un Pape qui négocierait le litre d'eau bénite. Quand elle me filait 10 balles pour Noël, elle avait les doigts tellement crispés sur le biffeton, que pour lui prendre, t'avais l'impression de lui arracher son âme.

    Cette gourgandine qui avait une partie du même ADN que moi, c'était mis en tête début des années 2000 de sauver le Grégory Lemarchal atteint de mucoviscidose. Donc tous les ans elle filait du blé au téléthon en croyant sauver le Greg alors que Nikos refaisait les peintures de sa baraque en Grèce avec son pèze.

    Dix ans plus tard, lors d'un hommage à Lemarchal sur TF1, elle avait notifié toute la famille en hurlant que c'était grâce à ses putain de dons à ELLE que le Greg chantait encore, on a eu beau lui expliquer que le Greg était six pieds sous terre depuis longtemps déjà, elle n'en démordait pas, il était devant lui à la téloche, il était vivant, elle avait gagné ! Un moment, même quand c'est ta propre famille, devant la connerie, t'abdique comme Napoléon après Waterloo. Plus rien à faire.

    BREF : avec les tunes donnés, à part les résidences secondaires de Drucker et Sophie Davant D'après, on n’a pas vu l’ombre du commencement d’un début de progrès. Des sommes stratosphériques et indécentes qui servent à tout sauf à leur but initial.

    MERDE.

    Et Big Pharma dans tout ça ?

    Ces mecs-là, c’est le seul secteur au monde capable de transformer la souffrance en business model.

    Ils classent les maladies non pas par urgence médicale mais par rentabilité au kilo, si ça ne rapporte pas, ça n’existe pas.

    Ils te parlent compassion, mais ils gèrent leurs priorités comme un trader sous adrénaline: ce qui paie avance, ce qui ne paie pas crève.

    Et quand il s’agit de maladies rares, ils deviennent soudain aussi motivés qu’un livreur Uber quand il reste deux minutes pour qu'il touche sa prime, et aussi transparents qu'un Maire corrompu quand on retrouve le Marché public dans son coffre !

    Eux, c’est simple : plus la maladie est grave, plus ils voient un marché comme un vautour voit un corps encore tiède.

    Et chaque année, ils découvrent miraculeusement une nouvelle “ piste prometteuse ”… juste au moment où ils renégocient leurs budgets. MOUAHAHAHHAHAHAHHA.

    Comme par hasard.

    Là où un Ponte qui dirigeait un labo m’avait avoué il y a trois ans qu’effectivement les dons servaient déjà en majorité, et prioritairement, à payer les FAMEUX “ frais de fonctionnement “ avant de servir à la recherche et aux Chercheurs…par " frais ", il fallait comprendre: ses vacances à Rio, son SUV Cayenne et l'appart de sa Maîtresse !

    En gros, le Téléthon, c’est comme filer de l’eau dans une passoire et espérer remplir une baignoire: ça coule, ça gaspille, et ça sert surtout ceux qui tiennent la passoire.

    Alors, y a un moment, HEIN : je dirai quand on a commencé à comprendre que rien que pour avoir un masque en période de pandémie, on avait plus de chance d’en choper un en découpant le bonnet d’un soutif de nos grands-mères que d’attendre derrière l’État et son pseudo soutien, on a compris que les lobbys pharmas servaient plus leurs propres intérêts ET LEURS DIVIDENDES que les pauvres gus atteints de maladies graves, rares ou orphelines…

    Ces mecs-là, c’est comme un GPS cassé: ça promet la meilleure route mais ça t’emmène systématiquement dans un cul-de-sac où eux seuls encaissent les péages.

    MERDE.

    La bise et bon week-end à tous ❤️

  • Les Anciens le savaient.

    Les anciens propriétaires de notre maison avaient aménagé un petit potager mais sans couverture du sol. Pas de paille, pas de broyat, pas de BRF, pas de compost, le sol retourné au motoculteur...On connaît les dégâts.

    Depuis le mois de mars, date de notre arrivée, on a quadruplé la surface de ce potager et on l'a amendé. Fumier de cheval, paille, broyats divers, compost (nos épluchures sont directement étalées sur le sol). Toutes les feuilles tombées au sol sur l'ensemble du terrain sont ramassées et déposées dans le potager, tous les arbres qu'on a plantés sont également entourés de broyat et de paille, le sol n'est jamais à nu.

    Aujourd'hui, la qualité du sol dans le potager est indéniable, ça foisonne de vie. 

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    "L'air pur, l'eau pure et une terre saine... de ces trois choses nous n'en avons plus une seule." Surexploités, érodés, compactés, nos sols crient famine. Et pourtant, en 1971 déjà, des paysans bio comme Monsieur Poffet tiraient la sonnette d'alarme !

     

     

     

  • Claude Lorius, une vie sur la glace

     

     

    "Publiés en 1987 dans Nature, les résultats qui associent courbe des températures et composition de l’atmosphère marquent un tournant dans la connaissance de notre planète. Pour la première fois, on montre que le climat est directement lié à la concentration de l’atmosphère en gaz à effet de serre. Problème : si les variations du taux de CO2 sont infimes entre périodes glaciaires et périodes chaudes – et ce durant des centaines de milliers d’années – elles s’envolent depuis le début de l’ère industrielle, ce qui ne laisse aucun doute sur l’origine anthropique de ce CO2."

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/claude-lorius-une-vie-sur-la-glace

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    Claude Lorius, une vie sur la glace

    20.10.2015, par

    Laure Cailloce


    Mis à jour le 24.03.2023Temps de lecture : 10 minutes

    Claude Lorius

    Claude Lorius au milieu des manchots, près de la base de Dumont-d'Urville.

    EXPEDITIONS POLAIRES FRANCAISES

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    Le glaciologue Claude Lorius, médaille d’or du CNRS en 2002, est décédé le 21 mars. Ce chercheur d’exception avait révélé que les glaces antarctiques contenaient la mémoire du climat du passé et mis en évidence le rôle des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique. Voici le portrait que nous lui consacrions en 2015, pour la sortie d’un film consacré à sa vie.

    La vie réserve des surprises… Jamais Claude Lorius, lorsqu’il était étudiant en sciences physiques dans son Besançon natal, n’aurait imaginé être un jour le héros d'un film de cinéma ou monter les marches du dernier festival de Cannes à l'âge vénérable de 83 ans. Mais il faut être prêt à tout quand on a le sens de l’aventure ! Et l’aventure, le glaciologue qui totalise près de 20 expéditions en Antarctique – soit l’équivalent de six années passées sur place – en connaît un rayon… Le fondateur de la climatologie moderne, médaille d’or du CNRS en 2002, auquel Luc Jacquet a consacré son film La Glace et le Ciel ne rêvait pourtant pas d’étendues gelées lorsqu’il était adolescent – il voulait devenir footballeur professionnel comme son frère aîné, gardien de but à Sochaux. C’est une petite annonce affichée en 1955 sur les murs de l’université de Besançon qui l’entraîne vers le continent blanc : « On recherche jeunes chercheurs pour participer aux campagnes organisées pour l’Année géophysique internationale. » « C’était la première fois que la recherche s’intéressait aux régions polaires, qui n’avaient jusque-là été parcourues que par des explorateurs, raconte Claude Lorius. On ne savait quasiment rien d’elles… »

    Claude Lorius

    Les recherches de Claude Lorius ont posé les bases de la climatologie moderne (photo extraite du film La Glace et le Ciel).

    ESKWAD-WILD TOUCH-M. PERREY

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    Un hivernage à la station Charcot

    Pour l’occasion, la France dispose de deux sites d’observation en Antarctique : la base côtière de Dumont-d’Urville, en Terre Adélie, et la station Charcot, fraîchement installée au cœur du continent, à 310 kilomètres de là… Il débarque à Charcot la veille de Noël 1957, après une formation de deux mois au Groenland pour s’initier aux rudiments de la glaciologie et une visite médicale qui l’allège de ses dents de sagesse et de son appendice… « Avec mes deux compagnons, on allait passer une année complètement isolés, on ne pouvait pas se permettre d’avoir une urgence médicale sur place », explique-t-il. Venu là « plus pour l’aventure que pour la science », le jeune homme a néanmoins une mission bien précise : déterminer pourquoi l’Antarctique est si froid. « Je devais mesurer la vitesse du vent, la température de la neige et l’apport énergétique du soleil. » Côté péripéties, lui et ses compagnons sont servis : la tour de 12 mètres destinée à supporter les instruments, les éoliennes et les antennes s’écroule sous la poussée du vent, privant deux mois durant la station d’électricité et de moyens de communication… Des moments difficiles qui n’empêchent pas le jeune homme d’attraper le virus de l’Antarctique, bien au contraire. « Je ne rêvais que d’une chose : revenir ! », confie Claude Lorius.

    Durant deux mois, la station Charcot est privée d’électricité et de moyens de communication.

    L’occasion lui en est fournie dès 1959 : les Américains veulent entreprendre un raid d’exploration de 2 500 kilomètres sur le continent, le raid Victoria, et cherchent des volontaires aguerris aux milieux polaires. Si l’expédition lui procure la plus grosse frayeur de sa vie – il tombe au fond d’une crevasse de 30 mètres, heureusement sans mal –, elle lui offre surtout la découverte qui déterminera le reste de sa carrière : celle du fameux « thermomètre isotopique », ou comment la glace conserve la mémoire des températures passées. « À chaque étape, on enfonçait un thermomètre à 20 mètres sous la neige. C’est en effet ainsi que l’on obtient la température moyenne du lieu sur l’année, raconte le glaciologue. Moi, je ramassais la neige extraite du trou afin de garder des échantillons. À vue d’œil, on pouvait constater que les grains de neige n’avaient pas la même taille selon qu’ils s’étaient formés en été ou en hiver, comme s’il y avait une sorte de mémoire des saisons… »

    Claude Lorius, glaciologue, lauréat de la Médaille d'or 2002 du CNRS

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    Année de production: 

    2023

    L’inventeur du « thermomètre isotopique »

    Il était loin de se douter du résultat qu’allaient révéler les analyses faites dans les laboratoires de Saclay à son ­retour : non seulement la taille des grains varie, mais les atomes de la molécule de neige (H20) sont déterminés très précisément par la température de l’atmosphère au moment où les cristaux se forment. En clair, les proportions observées entre les isotopes de l’hydrogène d’une part (hydrogène de masse 1 et hydrogène de masse 2) et les isotopes de l’oxygène d’autre part (oxygène 16 et oxygène 18), sont directement corrélées à la température de l’air. « Quand on a vu que la courbe épousait parfaitement les variations de température, de – 20 à – 60 °C, on a compris qu’on allait pouvoir reconstituer le climat du passé ! »

    "Quand on a vu
    que la courbe
    épousait
    les variations
    de température,
    on a compris qu’on
    allait pouvoir
    reconstituer le
    climat du passé !"

    Dès lors, Claude Lorius n’a qu’une obsession : extraire des carottes de glace du plus profond de la calotte glaciaire antarctique – un continent qui n’a pas dégelé depuis 40 millions d’années et où l’épaisseur moyenne de la glace atteint 2 kilomètres –, afin de remonter dans le temps. À Dumont-d’Urville, où il effectue plusieurs missions entre 1962 et 1965, notamment en qualité de chef de base, il réussit à forer jusqu’à 200 mètres et constate que les glaces qui s’étaient écoulées depuis l’inlandsis datent du premier âge glaciaire, il y a 20 000 ans. Il soutiendra sa thèse de doctorat sur ces résultats. Surtout, c’est à Dumont-d’Urville qu’il a l’intuition qui donnera naissance à la science climatique moderne. « Un soir, au retour d’un forage, j’ai mis un glaçon vieux de plusieurs milliers d’années dans mon verre de whisky et j’ai vu s’échapper des bulles d’air à mesure que la glace fondait… J’ai imaginé que ce gaz pouvait être un témoin de l’atmosphère du passé. » Il mettra vingt ans à le démontrer.

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    Description: 

    En 1957 Claude Lorius par étudier les glaces de l’Antarctique. Il nous raconte l’histoire de notre Terre, de notre avenir, un avenir intimement lié à l’impact de l’homme sur notre planète. Une aventure humaine et scientifique hors du commun, le récit d’une vie passée à traquer au plus profond des glaces les secrets bien gardés du climat.

    Année de production: 

    2015

    Durée: 

    1 min 56

    Réalisateur: 

    Luc Jacquet

    Producteur: 

    Eskwad, Pathé Production, Wild Touch Productions, Kering, CNRS Images

    Pour cela, il faut continuer à chercher des endroits susceptibles de couvrir la plus large période de temps possible. « Ce que nous voulions, c’était faire des forages dans l’inlandsis, au cœur du continent, où la glace est peu mobile », explique le chercheur. Les progrès de la technologie, et notamment les avions américains équipés de radars, permettent de reconstituer le relief du socle rocheux antarctique et d’en déduire les épaisseurs de glace. C’est ainsi que le site du dôme C ou dôme Concorde, est identifié dès 1974. « Là, on parvient à forer jusqu’à 900 mètres, soit l’équivalent de 40 000 années de chutes de neige accumulées ! » Analysées en laboratoire, les carottes confirment la validité de l’hypothèse des archives glaciaires. « Les résultats reproduisent parfaitement le ­passage de la dernière période glaciaire, qui s’est achevée il y a 20 000 ans, à la période chaude que nous connaissons depuis 10 000 ans », s’émerveille encore Claude Lorius.

    Des forages toujours plus profonds

    La collaboration internationale qui se noue dès les premières années autour de l’Antarctique lui fournit une nouvelle occasion de confirmer ses hypothèses. En 1984, le glaciologue débarque en pleine guerre froide avec des avions de l’US Army à la station russe de Vostok. Vostok, c’est LE rêve de tout chercheur polaire, le lieu mythique de l’Antarctique, et pour cause : c’est le point le plus froid de la Terre, avec une température moyenne de – 50 °C et des minima pouvant atteindre… – 89 °C ! « Les Russes foraient avec l’espoir de trouver du pétrole dans le socle rocheux », se souvient Claude Lorius, qui tombe alors sur un trésor : des centaines de carottes de glace extraites sur 2 000 mètres de profondeur ; soit 160 000 ans d’archives glaciaires ! « Cela voulait dire qu’on allait pouvoir reconstituer un cycle climatique complet – soit la période de 100 000 ans pendant laquelle la Terre se “balade” sur son ellipse autour du Soleil, s’en éloignant (période glaciaire), puis s’en rapprochant légèrement (période interglaciaire). »

    Publiés en 1987 dans Nature, les résultats qui associent courbe des températures et composition de l’atmosphère marquent un tournant dans la connaissance de notre planète. Pour la première fois, on montre que le climat est directement lié à la concentration de l’atmosphère en gaz à effet de serre. Problème : si les variations du taux de CO2 sont infimes entre périodes glaciaires et périodes chaudes – et ce durant des centaines de milliers d’années – elles s’envolent depuis le début de l’ère industrielle, ce qui ne laisse aucun doute sur l’origine anthropique de ce CO2.

    Claude Lorius à Vostok

    A Vostok, Claude Lorius (en bleu) tombe sur un trésor : des carottes glaciaires extraites sur 2000 mètres de profondeur.

    ESKWAD-WILD TOUCH-CNRS FONDS CLAUDE LORIUS

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    Les forages ultérieurs – qui couvriront 420 000 ans de climat dès 1991, 800 000 ans à ce jour – ne font que confirmer ce triste constat. Et les projections issues de la modélisation présagent mal de la suite de l’histoire : si le taux de CO2 dégagé dans l’atmosphère n’est pas réduit drastiquement, la température moyenne de la Terre pourrait gagner 5 °C d’ici à la fin du XXIe siècle. Pour comparaison, 5 °C, c’est l’écart de température enregistré entre une période glaciaire et une période chaude…

    Claude Lorius effectue sa dernière mission scientifique en Antarctique en 1998, à l’âge de 66 ans. Pour autant, il n’en a pas fini avec le continent blanc… Il y revient pour des croisières conférences, des documentaires – notamment celui de Luc Jacquet, tourné entre 2011 et 2014. Si celui qui a fait chanter Frère Jacques à tous les Russes de Vostok se remémore avec nostalgie les expéditions passées, il confie ne pas envier la vie dans les bases d’aujourd’hui : « Où est l’aventure quand tout le monde passe son temps sur Internet ? » Son seul vrai regret : ne plus voir arriver en se dandinant, chaque mois de juin, l’interminable file indienne des manchots empereurs venus s’installer pour l’hiver… « C’est le spectacle le plus étonnant que j’aie jamais vu dans ma vie. »

    À voir : La Glace et le Ciel(link is external), film réalisé par Luc Jacquet, sortie en salles le 21 octobre 2015.
    À lire :
    Claude Lorius, le film de sa vie

  • Lauriane Miara

    Une belle personne, un beau parcours. 

    "Passe moi les jumelles" est une émission de qualité. De belles histoires, de belles images, des paroles justes.

    A 39 minutes, ce que dit Lauriane Miara, c'est ce que je vis, comme beaucoup d'autres. "L'effondrement du vivant, c'est un déchirement."

    C'est réjouissant de lire tous les commentaires déjà publiés à la suite de cette vidéo, tous ces gens touchés, émus, emportés, c'est réjouissant de voir que beaucoup encore sont en quête de cette sérénité, de cette douceur, de la qualité d'âme.

     

  • Violences femmes info : 3919

    C'est un drame quotidien. J'ai entendu que ça concerne une femme tuée toutes les dix minutes dans le monde. Est-ce que c'est exact, exagéré ou loin de la réalité ? Je n'en sais rien. Mais juste une femme, c'est déjà beaucoup trop.

    C'est un sujet qui me pèse énormément, j'ai beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens. En dehors d'une totale incompréhension. Et d'un total dégoût envers ces hommes. Lire les récits ci-dessous, ça me noue, ça me révulse, c'est viscéralement insupportable. Je ne comprends pas, c'est au-delà de toute réflexion. S'il est possible pour un homme de se montrer violent envers une femme, alors, c'est que l'espèce humaine n'est pas finie, qu'elle n'est encore qu'une ébauche, une espèce en formation, une sorte d'expérimentation avec tous ses ratages, ses manquements, ses errances. Et cette violence faite aux femmes, dès lors qu'elle existe, alors c'est que toutes les violences sont possibles. C'est une violence qui ouvre toutes les portes vers l'horreur.

    La femme, c'est la mère, celle qui donne la vie. 

    Si cet ultime symbole est bafoué, alors le Mal est et restera le maître. 

     

     

    Violences conjugales Cinq féminicides en une semaine : qui étaient ces femmes tuées par leur conjoint ou ex ?

     

    3919 - Violences femmes info

    Un numéro d'appel national, le 3919, est dédié à l'écoute et à l'orientation des femmes victimes de violence. Appel gratuit et anonyme, service accessible 24h/24 et 7 jours sur 7.

    Zaïa, 27 ans, Laure, 32 ans, Mélina, 45 ans, Élodie, 50 ans, et Béatrice, 56 ans, ont toutes été tuées la semaine dernière, quelques jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. 

    L.G. avec AFP - Hier à 16:56 | mis à jour aujourd'hui à 14:27 - Temps de lecture : 5 min

    Avant Zaïa, Laure, Mélina, Élodie et Béatrice, des dizaines d'autres femmes ont été victimes de féminicides en France en 2025, comme l'ont rappelé des collectifs féministes lors de la manifestation de samedi. Photo Sipa/Michel Setboun

    Avant Zaïa, Laure, Mélina, Élodie et Béatrice, des dizaines d'autres femmes ont été victimes de féminicides en France en 2025, comme l'ont rappelé des collectifs féministes lors de la manifestation de samedi. Photo Sipa/Michel Setboun

    La série noire des féminicides ne s'arrête jamais vraiment, mais l'actualité de la semaine dernière a particulièrement illustré le caractère systémique des violences conjugales. Entre mercredi et jeudi, cinq femmes ont été retrouvées mortes. Leurs conjoints ou ex-conjoints respectifs ont tous été mis en examen et sont soupçonnés de les avoir tuées. 

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    Samedi, des milliers de manifestants ont bravé le froid à travers toute la France pour exprimer leur colère face à la persistance des violences contre les femmes, avant la journée mondiale prévue mardi. En 2024, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint s'élevait à 107, soit une hausse de 11% par rapport à l'année précédente. Pour 2025, le collectif Nous toutes – qui se base toutefois sur une définition plus large du féminicide – en recense déjà 149. 

    Chaque jour en France, plus de trois femmes sont victimes de féminicide ou tentative de féminicide conjugal, selon la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof). Voici les histoires de Zaïa, Laure, Mélina, Élodie et Béatrice, toutes mortes la semaine dernière.

    Zaïa, aide-soignante de 27 ans

    Zaïa, surnommée Zazou par ses proches, était aide-soignante dans un Ehpad situé à Crémieu (Isère). « Elle était appréciée de tous pour sa bienveillance, son dévouement et sa gentillesse », selon le directeur de l'établissement, cité par Le Dauphiné libéré. « Elle était notre rayon de soleil. », confirme une collègue.

    Le corps de la jeune femme de 27 ans a été retrouvé mercredi dernier calciné dans une voiture, dans une forêt de Saint-Marcel-Bel-Accueil.

    Digiteka PlaceHolder


    Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

    Son compagnon, un homme de 39 ans déjà condamné pour des violences, a raconté s'être disputé avec Zaïa à son retour chez elle (à L’Isle-d’Abeau), peu de temps après en être parti – une surprise qu'elle n'aurait pas appréciée.

    Il a expliqué l'avoir poussée violemment lors de cette dispute, ce qui aurait provoqué sa chute et son décès. Selon le procureur, il a ensuite « mis en place tout un stratagème » pour couvrir ses traces, allant jusqu'à la déshabiller, la nettoyer, transporter son cadavre et l'asperger d'essence avant de l'incendier. La version du suspect serait loin de « coller » avec les constatations réalisées par les enquêteurs au domicile de Zaïa, poursuit Le Dauphiné libéré.

    Laure, fan de foot de 32 ans

    Laure, 32 ans, habitait à Besançon (Doubs) et soutenait le club de football de la ville. Elle faisait même partie de la Brigatia Vesontio, un groupe de supporters du Racing Besançon, relate L'Est républicain.

    Elle a été abattue jeudi par arme à feu sur le parking de son immeuble, alors qu'elle s'apprêtait à partir au travail. Son ancien petit ami, un homme de 34 ans, a reconnu être l'auteur des tirs. Sur les réseaux sociaux, le trentenaire partageait ses difficultés à se remettre de leur séparation. Récemment hospitalisé dans un service psychiatrique, il avait déjà été condamné par le passé, notamment pour des violences et pour avoir harcelé moralement une autre femme. 

    Digiteka PlaceHolder

    Laure avait porté plainte contre lui en février pour « atteinte à la vie privée » et il devait être convoqué devant la justice en novembre dans cette affaire. Au mois d'octobre, Laure avait à nouveau déposé plainte contre lui, après des dégradations survenues sur son véhicule. Elle avait demandé un dispositif d'alerte, qui lui avait été fourni par une association le 24 octobre. Il n'a hélas pas permis de la sauver.

    Mélina, maman de 45 ans

    Mélina, 45 ans, vivait à Saint-Ciers-d’Abzac, près de Libourne (Gironde). Celle qui préférait se faire appeler Mélanie était la mère de deux adolescents, une fille et un garçon, et vivait avec le père de ce dernier, rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine. « C’était une femme gentille, toujours souriante et prête à aider les autres. », témoignent dans Sud Ouest ses voisins, selon qui « elle venait de trouver récemment un poste d’assistante dentaire ». 

    Jeudi, le conjoint de Mélina a appelé les gendarmes, admettant avoir tué sa compagne. D'après nos confrères, elle lui avait récemment dit vouloir mettre fin à leur relation. Cet homme de 60 ans, déjà condamné pour des violences sur une ex-compagne, a indiqué que « cette situation l'avait placé en situation de détresse, notamment financière ». 

    Selon sa version, une remarque de Mélina sur le rangement d'une rallonge et le bruit de l'aspirateur qu'elle était en train de passer aurait été un « élément déclencheur ». Le sexagénaire l'aurait menacée avec un fusil de chasse et elle aurait tenté de « s'enfuir ». Il a ensuite évoqué un « corps à corps ». Sud Ouest indique qu'il a frappé sa compagne « avec la crosse du fusil avant de lui asséner un, voire deux coups de lame, et de l’étrangler avec une rallonge ».

    Élodie, 50 ans

    Élodie était une femme de 50 ans, sans profession. Elle entretenait une relation avec un journaliste de 61 ans, mais ne vivait pas avec lui. Son corps sans vie a été retrouvé jeudi au domicile de cet homme, à Beaucaire (Gard).

    Le suspect, originaire du Royaume-Uni selon le collectif "Féminicides par compagnons ou ex", s'est dénoncé à la police mais a contesté la cause criminelle du décès de sa conjointe. « Elle aurait fait une chute », sur fond de consommation d'alcool, a-t-il assuré, selon des propos rapportés par le parquet.

    Mais Élodie a été retrouvée morte le visage tuméfié. L'an dernier, le sexagénaire avait été interdit de contact avec sa compagne pendant trois mois après un premier épisode de violences.

    Béatrice, professeure de 56 ans

    Béatrice était mère de trois enfants et enseignante d’histoire-géographie dans un collège de Douzy (Ardennes). Elle a, elle aussi, été retrouvée morte jeudi, dans le sous-sol de son domicile, situé à Sedan.

    Son conjoint a admis le meurtre, après avoir été blessé dans un accident de la route, qu'il aurait délibérément provoqué pour mettre fin à ses jours. Selon le parquet de Reims, cité par L'Ardennais, cet homme de 58 ans « souffre de troubles psychiatriques a priori soignés ». Toujours d'après le parquet, il aurait évoqué une « dégradation de la vie conjugale » et une dispute avec sa compagne au sujet d'une de leur fille pour expliquer son geste, ajoute France 3 Grand Est.

    Le quinquagénaire, sans casier judiciaire, a frappé Béatrice au crâne avec une statuette, a tenté de l’étouffer avec un oreiller, avant de la poignarder à plusieurs reprises. Sept plaies par arme blanche ont été constatées au niveau du front, du cou et du thorax de la mère de famille.

    3919 - Violences femmes info

    Un numéro d'appel national, le 3919, est dédié à l'écoute et à l'orientation des femmes victimes de violence. Appel gratuit et anonyme, service accessible 24h/24 et 7 jours sur 7.

  • Acidification des océans.

     

     

    Environnement

    Acidification des océans : une septième limite planétaire est désormais franchie

    Sous l’effet de l’augmentation des gaz à effet de serre, le pH des océans baisse, bouleversant les équilibres marins et affaiblissant leur rôle essentiel d’absorption du CO2.

    De Romane Rubion

    Publication 17 nov. 2025, 16:14 CET

    Les Îles Salomon se trouvent dans une région de l’océan Pacifique que l’on appelle le Triangle ...

    Les Îles Salomon se trouvent dans une région de l’océan Pacifique que l’on appelle le Triangle de corail en raison de son étourdissante diversité corallienne. De nombreux coraux du monde entier sont aujourd’hui confrontés à des menaces dues au réchauffement et à l’acidification des océans, mais celui-ci se trouve dans une poche d’eau profonde et froide qui la protège possiblement de ces changements.

    PHOTOGRAPHIE DE Manu San Félix, National Geographic Pristine Seas

    L’humanité vient de franchir un nouveau seuil critique. Après le changement climatique, la déforestation, l’érosion de la biodiversité, la pollution chimique, la raréfaction de l’eau douce et la perturbation du cycle de l’azote, l’acidification des océans dépasse désormais elle aussi la limite considérée comme sûre. Selon le rapport Planetary Health Check, publié le 24 septembre par l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique, sept des neuf limites planétaires définies par la communauté scientifique sont désormais dépassées. Seules la couche d’ozone et la concentration d’aérosols atmosphériques se situent encore dans des zones jugées non dangereuses.

    Le cadre des limites planétaires, présenté en 2009 par une équipe internationale menée par le Suédois Johan Rockström, visait justement à établir ces seuils à ne pas dépasser pour maintenir la stabilité du « système Terre ». Cette stabilité, qui dure depuis environ douze mille ans, a permis l’essor des sociétés humaines. Lors de sa publication, trois limites étaient déjà franchies. En 2025, il y en a sept.

    La dernière en date est l’acidification des océans, un phénomène étroitement lié aux émissions massives de CO2. En absorbant une partie de ce CO2, les mers voient leur équilibre chimique se modifier et les écosystèmes marins s’en trouvent fragilisés.

    L’AUTRE PROBLÈME DU CO2

    Pour Fabrice Pernet, chercheur en écologie et physiologie des organismes marins à l’Ifremer, « l’acidification des océans est l’autre problème du CO2 », moins visible mais tout aussi préoccupant que le réchauffement climatique. « On émet du CO2 dans l’atmosphère, [qui] se dissout à l’interface atmosphère-océan et forme de l’acide carbonique », explique-t-il. Cette réaction chimique abaisse le pH de l’eau et réduit la disponibilité des ions carbonate, indispensables à la formation du calcaire.

    Pour surveiller cette limite planétaire, les scientifiques mesurent l’état de saturation en calcaire, notamment celui de l’aragonite, un minéral très sensible à la baisse du pH. Plus la saturation diminue, moins l’eau contient de carbonate pour permettre au calcaire de se former. La limite de sécurité a été fixée à 80 % du niveau préindustriel. Mais « cet état de saturation […] a diminué d’à peu près 20 % » depuis l’ère industrielle, note le chercheur. 

    La baisse de saturation affecte directement les organismes calcifiants. « Dans une eau qui s’acidifie, le calcaire a tendance à se dissoudre plutôt qu’à se précipiter », explique-t-il. Or ce matériau constitue « le squelette de la grande majorité des organismes marins », des coraux aux huîtres en passant par certaines espèces de phytoplancton. Si la saturation diminue, leur squelette se forme plus difficilement, voire se dissout. En conséquence, « la plupart des organismes calcifiants […] montrent une difficulté à grandir ».

    Des signaux sont déjà visibles, notamment dans les océans Arctique et Austral. L’acidification progresse particulièrement vite dans ces régions polaires, où « l’eau froide dissout plus facilement les gaz que l’eau chaude ». Selon le chercheur, « on observe déjà, depuis une quinzaine d’années, des organismes [comme les ptéropodes] corrodés par l’acidification qu’on n’observait pas avant ». Leurs coquilles présentent « des petits trous, des petites irrégularités […] qui montrent un effet de l’acidification ».

    L’étoile de mer figurant à gauche a été élevée dans de l’eau normale, à Kiel (Allemagne) ...

    L’étoile de mer figurant à gauche a été élevée dans de l’eau normale, à Kiel (Allemagne) ; celle de droite, au départ identique, a été élevée dans des conditions que l’on pourrait trouver en mer Baltique en 2100. Dans certaines eaux côtières, l’acidification océanique est amplifiée par la pollution issue de la terre, favorisant des efflorescences microbiennes, qui puisent de l’oxygène dans l’eau et y rajoutent du CO2. Les photographies sont à l’échelle. L’étoile de mer de droite ne pèse qu’un cinquième de sa congénère.

    PHOTOGRAPHIE DE David Liittschwager

    Les effets physiologiques vont au-delà de la calcification. L’excès de CO2 dissous perturbe aussi la respiration des organismes marins. « Trop de CO2 peut provoquer des problèmes d’hypercapnie […] et finalement d’acidoses dans le sang ». L’accumulation de protons aggrave encore ces déséquilibres en perturbant l’équilibre acide-base et les mécanismes de régulation physiologique.

    « Ce qui fait la fragilité du corail, c’est l’acidification, certes, mais c’est surtout le réchauffement », poursuit Fabrice Pernet, évoquant « une double peine ». Le chercheur rappelle que l’effondrement des récifs coralliens entraînerait des conséquences considérables. « C’est toute une pêche vivrière associée au récif qui va s’effondrer. C’est des systèmes qui pourraient transiter vers de nouvelles espèces », souligne-t-il. À long terme, « l’acidification, […] c’est une perte de biodiversité : moins de richesses, moins d’espèces, moins de diversité et donc un état de déséquilibre, impossible à prévoir ».

    L’acidification affaiblit aussi l’un des principaux régulateurs du climat : l’océan. « Un océan acidifié absorbe moins de CO2 qu’un océan non acidifié », rappelle le spécialiste. Cette capacité d’absorption dépend de l’alcalinité : plus on ajoute d’acide, plus elle diminue. Aujourd’hui, l’océan capte environ 25 % des émissions mondiales de CO2, tandis que les forêts en absorbent environ 30 %. Mais « la capacité de l’océan à nettoyer notre atmosphère […] diminue ». Les observations du Global Carbon Project montrent en effet que « le puits océanique de CO2 est en train de s’affaiblir », un phénomène « tout à fait attendu », souligne Fabrice Pernet.

    Face à l’acidification des océans, la seule réponse durable reste la baisse massive des émissions de CO2. « Aujourd’hui, on n’est pas du tout sur cette trajectoire-là », constate-t-il, rappelant que la cible des 1,5 °C sera dépassée d’ici quatre ans et que le monde se dirige plutôt vers un réchauffement d’environ 2 °C à l’horizon 2050. Les conséquences seraient dramatiques pour les récifs. « Ce qu’on dit, globalement, c’est qu’à plus de deux degrés à l’horizon 2050, c’est tous les coraux tropicaux, tous les coraux d’eau chaude, qui disparaissent de la planète. C’est la Grande Barrière de corail, c’est tous les coraux du Pacifique, des Caraïbes […] qui n’existeront plus. Tout ça, ce ne sera plus qu’une carte postale », alerte-t-il.

    Des leviers locaux existent toutefois pour atténuer ponctuellement les effets de l’acidification, notamment « la végétalisation des océans ». Le recours à des végétaux marins, en particulier certaines espèces de macroalgues, peut aider à capter le CO2 et à améliorer localement la chimie de l’eau. Une solution utile mais limitée, qui ne peut en aucun cas remplacer une réduction rapide et globale des émissions.

    La Grande Barrière de corail compte parmi les environnements marins les plus diversifiés au monde, abritant ...

    La Grande Barrière de corail compte parmi les environnements marins les plus diversifiés au monde, abritant 5 000 types de mollusques, 1 800 espèces de poissons et 125 espèces de requins. Une grande partie de cette diversité est menacée par le réchauffement des océans et leur acidification.

    PHOTOGRAPHIE DE David Doubilet, National Geographic Creative

    UN CADRE POUR COMPRENDRE L’URGENCE

    L’acidification des océans est l’une des dimensions suivies dans le cadre des limites planétaires, un référentiel qui évalue jusqu’où nous pouvons exercer des pressions sur la planète sans entrer dans une zone de danger. Aurélien Boutaud, consultant indépendant et chercheur associé à l’UMR 5600 du CNRS, co-auteur de Les limites planétaires, invite à manier ce concept avec prudence et à ne pas surinterpréter les dépassements. « Ce n’est pas parce qu’on a franchi [sept] limites que, pour autant, tout va s’effondrer. Mais c’est une alerte supplémentaire ».

    Ce cadre vise à « faire passer des messages auprès du public et des décideurs », bien qu'il reste encore discuté. « Fixer de telles limites, c’est extrêmement difficile », souligne le chercheur, car il faut choisir les bons indicateurs et déterminer à partir de quel niveau une pression devient dangereuse. Les scientifiques ne sont d’ailleurs « pas forcément tous d’accord sur la manière de définir une limite ou une frontière planétaire ».

    Malgré ces débats, les limites planétaires gagnent en légitimité année après année. « Dans la sphère académique, c’est vraiment un référentiel qui a une tendance quand même à s’imposer », note Aurélien Boutaud. Dans l’action publique, son influence reste limitée, même si « certains acteurs publics s’y intéressent et décident de poser ce référentiel dans le débat ». En France, il a par exemple été utilisé dans des publications du ministère de la Transition écologique.

    Pour Aurélien Boutaud, l’un des apports majeurs des limites planétaires est de montrer que la crise écologique ne se résume ni au changement climatique ni à la biodiversité. « Le concept de limites planétaires a permis de faire prendre conscience qu’il existait d’autres thématiques très importantes à intégrer », tout en révélant « la dimension systémique de la crise planétaire ». Les différentes variables sont en effet « en bonne partie inter-reliées ». L’acidification des océans illustre bien cette interdépendance puisqu’elle menace la biodiversité et perturbe également le climat.

    Selon le chercheur, le concept a aussi le mérite de faire comprendre la notion de « point de bascule », un seuil au-delà duquel « les changements deviennent irréversibles et nous feraient sortir de l’équilibre écologique propre à l’Holocène », la période stable qui dure depuis environ 12 000 ans. « Ce que cherchent à définir ces fameuses frontières planétaires, c’est ce moment-là : celui où le point de bascule devient possible. Cela ne veut pas dire qu’il est certain, mais qu’on entre dans une zone où la situation devient dangereuse », précise-t-il.

  • Tuvalu

     

    « C'est parce que chaque nation pense à son propre intérêt que nous nous sommes retrouvés dans ce pétrin », relève Kofe. « Nous devons cesser de nous comporter comme si nous étions tous sur des îles. »

     

    Environnement

    Cette île du Pacifique est en train de disparaître

    Tuvalu, État insulaire du Pacifique, est aux avant-postes de la crise climatique. Ses habitants luttent pour conserver leurs terres et leur identité.

     

    De Simone Stolzoff

    Publication 10 juil. 2024, 15:50 CEST

    Un couple à moto passe dans le coin le plus étroit de l'île Fongafale à Funafuti, ...

    Un couple à moto passe dans le coin le plus étroit de l'île Fongafale à Funafuti, une région de Tuvalu. L'océan Pacifique s'étend à droite et un bassin à gauche. L'atoll corallien a été identifié comme l'une des îles les plus vulnérables au changement climatique.

    PHOTOGRAPHIE DE Sean Gallagher

    À la naissance de Taukiei Kitara, ses parents ont coupé son cordon ombilical en deux morceaux, comme le voulait une tradition de son pays natal, Tuvalu. Ils ont planté l'un des morceaux du cordon ombilical à la base d'un cocotier, à environ neuf mètres du rivage et ont offert l'autre à l'océan. Pendant son enfance, Kitara se rendait à l'arbre pour prendre connaissance de son état de santé et brossait les feuilles tombées au sol. 

    Tuvalu est un État insulaire habité par moins de 12 000 personnes, et situé à mi-chemin entre Hawaï et l'Australie. L'altitude moyenne du pays est inférieure à trois mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui le rend particulièrement sensible aux effets du changement climatique. Les scientifiques estiment qu'en 2050, 50 % de Funafuti, la capitale dans laquelle plus de la moitié des habitants vit, sera submergée.

    Beaucoup considèrent Tuvalu comme un exemple de ce à quoi les autres communautés côtières seront confrontées dans les années à venir. Des chercheurs prévoient que d'ici à 2050, les habitants seront sûrement forcés de migrer à cause du changement climatique. La position précaire de Tuvalu l'a forcé à se poser une question existentielle : que se passe-t-il lorsqu'un pays n'a plus de terres ?

    Le mot « terre, territoire » se dit fenua en tuvaluan et fait référence au territoire physique, mais aussi au sentiment d'appartenance enraciné dans l'identité d'une personne. À Tuvalu, les terres sont détenues par la communauté et transmises de génération en génération. Les Tuvalais enterrent leurs ancêtres dans des mausolées à proximité de leurs portes d'entrée. La terre abrite leurs proches, leur histoire et leurs traditions, ce qui rend la question de leur départ insoluble.

    « Nous ne pouvons pas considérer que la migration est un fait acquis », explique Maina Talia, ministre du changement climatique de Tuvalu. « Mais si nous nous réveillons demain matin et que la moitié de la population a été anéantie par l'océan, qui devrons-nous blâmer ? »

    Dans l'ombre de cette menace existentielle se cache une question personnelle pour les Tuvalais : dois-je rester ou partir ? Certains Tuvalais considèrent l'option de partir pour être en sécurité, mais la majorité des personnes avec qui j'ai pu échanger veulent rester.

    « C'est vrai que le changement climatique nous affecte, mais on veut rester », explique Fenuatapo Mesako, un chargé de programme à l'Association de santé familiale de Tuvalu. « On ne veut pas être des Tuvalais dans un autre pays. On veut être des Tuvalais à Tuvalu. »

    Une vue aérienne de l'extrémité méridionale de Funafuti à Tuvalu. Partout dans le monde, la montée ...

    Une vue aérienne de l'extrémité méridionale de Funafuti à Tuvalu. Partout dans le monde, la montée des eaux empiète sur les régions côtières. Les États insulaires comme Tuvalu sont particulièrement vulnérables. Les régions les plus peuplées de l'état pourraient se retrouver submerger à la fin du siècle.

    PHOTOGRAPHIE DE Kalolaine Fainu, Guardian, Redux

    EN PREMIÈRE LIGNE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

    Lorsque l'on arrive en avion, l'atoll de Funafuti apparaît comme un croissant de lune vert dans un vaste ciel aquatique.

    Au total, les neuf îles qui constituent Tuvalu ont une superficie d'environ vingt-six kilomètres carrés. En plus d'être à la limite de la crise climatique, Tuvalu est connu pour deux choses : c'est l'un des États les moins visités au monde et il possède le suffixe de domaine .tv, qui est la deuxième plus grande source de revenus du pays après la vente des droits sur ses territoires de pêche.

    Quelques minutes avant l'atterrissage de l'avion à l'aéroport international de Funafuti, une sirène se déclenche en ville pour inciter les gens à dégager la piste. La piste d'atterrissage, qui n'accueille que quatre vols par semaine, sert à la fois d'autoroute à plusieurs voies, de terrain de volley-ball et de lieu de pique-nique, selon l'heure de la journée.

    Le changement climatique est incrusté dans presque tous les aspects de la vie quotidienne. L'eau de mer s'est infiltrée dans le sol de l'île et a rendu difficile la culture de produits de base du régime alimentaire de Tuvalais, tels que le taro, l'arbre à pain et la noix de coco. Les marées royales, qui se sont progressivement intensifiées ces dernières années, balaient l'île depuis l'océan une fois par mois, inondant la piste d'atterrissage et les maisons des habitants.

    Des enfants font du vélo sur la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Funafuti à Tuvalu. ...

    Des enfants font du vélo sur la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Funafuti à Tuvalu. Il n'y a que très peu de vols par semaine dans l'atoll. Lorsqu'elle n'est pas utilisée, la piste d'atterrissage est l'endroit où se déroulent des activités communautaires.

    PHOTOGRAPHIE DE Kalolaine Fainu, Guardian, Redux

    « Quand j'étais plus jeune, la vie était différente », souligne Menimei Melton, âgée de vingt-cinq ans. « J'ai connu le changement climatique lorsque j'étais enfant, mais je ne voyais pas vraiment à quel point ça nous affectait. »

    Bien que le changement climatique ait contribué à rehausser le profil du pays sur la scène internationale, les habitants veulent s'assurer que Tuvalu n'est pas défini uniquement par sa relation avec une crise qu'ils n'ont que peu contribué à produire. D'après Climate Watch, Tuvalu est l'un des vingt-cinq pays dont l'empreinte carbone par habitant est la plus faible au monde.

    « Je pense que les nouvelles effraient inutilement les gens », soupire Afelee Falema Pita, l'ancien ambassadeur de Tuvalu auprès des Nations unies, qui a quitté une vie à New York pour ouvrir avec sa femme un centre de villégiature écologique. « Nous pouvons organiser un atelier après l'autre, mais si nous passons 365 jours par an à parler du changement climatique, nous ne vivons pas nos vies ici. »

    C'est un équilibre délicat à trouver. D'une part, le changement climatique n'est pas un phénomène lointain à Tuvalu : il exige une attention immédiate. Et pourtant, Tuvalu ne se résume pas à ses marées montantes.

    En marchant dans les rues de Funafuti, les mélodies des hymnes religieux se mêlent aux voix des familles qui chantent au karaoké. Vous tomberez peut-être sur quarante personnes âgées jouant au bingo sous le toit de chaume de la salle des fêtes, ou sur un groupe de jeunes d'une vingtaine d'années pratiquant le fatele, la danse traditionnelle des Tuvalais, où les danseurs se déplacent sur un rythme de plus en plus rapide jusqu'à ce qu'ils soient pris d'un fou rire contagieux.

    À Tuvalu, les valeurs ne sont pas juste évoquées, elles sont vécues. Falepili se manifeste de multiples façons, qu'il s'agisse de l'absence de criminalité et de sans-abri, des fréquents repas publics ou de la politique étrangère du pays. La culture qui fait de cet État ce qu'il est n'est pas facilement transposable sur un autre continent.

    COMPORTEMENTS INSULAIRES

    En novembre dernier, Tuvalu et l'Australie ont signé un accord bilatéral sur le climat et la migration, l'accord Falepili, qui offre à Tuvalu 16,9 millions de dollars australiens (environ 10 millions d'euros) pour des projets de restaurations côtières et des visas pour 280 Tuvalais qui deviendront des résidents permanents de l'Australie la même année. Les habitants de Funafuti ont des opinions mitigées concernant cet accord. Certains le voient comme un parcours de bienvenue pour ceux souhaitant partir. D'autres ont peur que cet accord empiète sur la souveraineté de Tuvalu.

    « La meilleure chose que l'Australie puisse faire pour soutenir des pays comme Tuvalu est d'arrêter ses industries de combustibles fossiles », déclare Richard Gorkrun, directeur exécutif du Tuvalu Climate Action Network.

    Le gouvernement essaie d'assurer que Tuvalu gardera sa souveraineté et ses droits dans ses territoires de pêche même si le changement climatique rend les îles inhabitables. En septembre dernier, le Parlement de Tuvalu a adopté à l'unanimité un amendement visant à conserver son statut d'État à perpétuité, qu'il demande à présent aux autres nations de reconnaître officiellement.

    Le pays fait également l'objet de deux projets d'infrastructure de grande envergure. La première est une initiative de récupération des terres, principalement financée par le Fonds vert pour le climat des Nations Unies, qui consiste à transporter du sable depuis le milieu de l'océan pour construire cinq kilomètres carrés de nouvelles terres protégées à Funafuti. Le second est le projet Future Now, une « migration touristique » des services gouvernementaux et des objets historiques vers le métavers, qui permettra à Tuvalu de conserver son identité culturelle même si sa terre disparaît sous les flots.

    Un projet de récupération des terres dans le centre de Funafuti vise à fournir de nouveaux ...

    Un projet de récupération des terres dans le centre de Funafuti vise à fournir de nouveaux bâtiments pour le gouvernement local. Du sable transporté depuis le milieu de l'océan a permis de créer cinq kilomètres carrés de terre à Tuvalu.

    PHOTOGRAPHIE DE Sean Gallagher

    Dans la mesure de ses possibilités, Tuvalu essaie de laisser ses valeurs communautaires guider sa façon de naviguer dans l'incertitude de l'avenir. Lorsque des feux de forêt meurtriers ont ravagé l'Australie en 2020, par exemple, le gouvernement tuvalais a fait don de près de 280 000 € pour soutenir les opérations de secours, même s'il s'agissait, à l'époque, d'un don plus important en proportion du PIB que ce que l'Australie avait jamais donné à Tuvalu. Certains fonctionnaires du gouvernement ont refusé : « 300 000 $, c'est qu'une goutte d'eau dans l'océan pour un pays aussi gros que l'Australie, ont-ils pensé. Quelle différence cela ferait-il ? »

    Mais le montant du don n'a pas d'importance. « Il ne peut y avoir de décalage entre la manière dont nous agissons au sein du gouvernement et la façon dont nous vivons au niveau communautaire », a déclaré Simon Kofe, qui était à l'époque ministre des Affaires étrangères de Tuvalu. « Si c'est le cas, nous nous comportons comme n'importe quelle autre nation, guidés uniquement par notre intérêt général. »

    Ainsi, si la communauté internationale prend Tuvalu en pitié en raison de sa vulnérabilité à l'élévation du niveau des mers, ce sont peut-être les Tuvalais qui devraient plaindre les pays occidentaux développés qui, dans leur quête d'une richesse matérielle et d'une croissance sans fin, ont largement perdu de vue l'action collective nécessaire pour faire face à la crise climatique.

    « C'est parce que chaque nation pense à son propre intérêt que nous nous sommes retrouvés dans ce pétrin », relève Kofe. « Nous devons cesser de nous comporter comme si nous étions tous sur des îles. »

  • Rendre des comptes

    "Il est impératif que les responsables rendent des comptes"

     

    On pourrait en rire si ce n'était si grave. Jamais, aucun gouvernement, n'attaquera les multinationales responsables des atteintes à la vie de la planète. Personne ne touchera jamais à la croissance même si cette croissance accélère d'autant le processus de dévastation. Et je ne limite bien évidemment pas cette dévastation à l'humanité mais bien à l'ensemble du vivant. Et le jour où l'ensemble de l'humanité prendra conscience que l'atteinte à l'ensemble du vivant condamne l'humanité toute entière, il sera trop tard. Et il ne sera plus temps de trouver des coupables. 

     

    Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme dénonce les résultats "faibles" de la COP30 et déplore "l'inaction fatale" des dirigeants

     

    La 30e conférence des Nations unies sur le climat s'est achevée samedi à Belem au Brésil par l'adoption d'un accord a minima.

    Article rédigé par franceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 24/11/2025 13:40

    Temps de lecture : 2min Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, à Genève, en Suisse, le 8 septembre 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)

    Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, à Genève, en Suisse, le 8 septembre 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)

    Il ne mâche pas ses mots. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a déploré, lundi 24 novembre, les "faibles résultats" de la COP30 au Brésil. L'inaction fatale" des dirigeants pourrait un jour être considérée comme un "crime contre l'humanité", prévient-il. (C'est déjà le cas, dans les faits.)

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    Adaptation au changement climatique, énergies fossiles, forêts tropicales... Ce qu'il faut retenir de la COP30 après l'accord trouvé à Belém


    Lors d'une intervention au Forum des Nations unies sur les entreprises et les droits de l'homme à Genève, Volker Türk, a mis en lumière un arrêt récent de la Cour internationale de Justice stipulant que
    "les gouvernements doivent prévenir toute atteinte grave à notre climat, notamment en réglementant les entreprises".

    La Cour interaméricaine des droits de l'homme a également reconnu le droit à un climat stable et a appelé les pays à "imposer aux entreprises le devoir de diligence et à prévoir des réparations pour les préjudices liés au climat", a-t-il rappelé.

    "Il est impératif que les responsables rendent des comptes"

    La 30e conférence des Nations unies sur le climat s'est achevée samedi à Belém, au Brésil, par l'adoption d'un accord a minima, sans évocation explicite des énergies fossiles, mais salué par certains comme une preuve que le multilatéralisme fonctionnait encore. Volker Türk a estimé pour sa part que les "maigres résultats" illustraient comment "les déséquilibres de pouvoir des entreprises se manifestent dans l'urgence climatique". "L'industrie des combustibles fossiles génère des profits colossaux tout en dévastant certaines des communautés et des pays les plus pauvres du monde", a-t-il déclaré. "Il est impératif que les responsables de cette injustice, et de tous les autres préjudices liés au dérèglement climatique, rendent des comptes".

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    Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait salué samedi, l'adoption de plusieurs textes au terme de la COP30 au Brésil(Nouvelle fenêtre) tout en reconnaissant que "beaucoup peuvent se sentir déçus" par le résultat des discussions. "Les COP fonctionnent par consensus, et en période de fractures géopolitiques, parvenir à un consensus est plus difficile que jamais", a-t-il observé. En matière de lutte contre le changement climatique, "je continuerai à plaider pour une ambition plus élevée et une plus grande solidarité", a encore dit le chef de l'ONU.

  • Droit dans le mur

    Pour ceux et celles qui n'auraient pas percuté sur le message d'hier, il suffira de lire le compte-rendu de la COP 30 pour constater qu'il n'est jamais question de décroissance...

    Jamais.

    Donc, en conclusion, on va droit dans le mur. 

     

    Adaptation au changement climatique, énergies fossiles, forêts tropicales... Ce qu'il faut retenir de la COP30 après l'accord trouvé à Belém

     

    Article rédigé par Camille Adaoust, Robin Prudent

    France Télévisions

    Publié le 22/11/2025 18:42 Mis à jour le 22/11/2025 18:44

    Temps de lecture : 13min Le président de la COP30, Andre Correa do Lago, applaudit lors de la plénière de clôture du sommet de Belém (Brésil), le 22 novembre 2025. (PABLO PORCIUNCULA / AFP)

    Le président de la COP30, Andre Correa do Lago, applaudit lors de la plénière de clôture du sommet de Belém (Brésil), le 22 novembre 2025. (PABLO PORCIUNCULA / AFP)

    Le sommet pour le climat qui se déroulait à Belém, au Brésil, s'est terminé samedi, après deux semaines de négociations. Franceinfo résume les avancées obtenues.

    Pendant deux semaines sous la chaleur et les averses torrentielles, les négociateurs ont eu un aperçu de la vie sous un climat équatorial. La COP30 s'est terminée à Belém, au Brésil, samedi 22 novembre, et le coup de marteau du président du sommet, André Correa do Lago, a officialisé l'adoption, par près de 200 pays, d'un texte commun(Nouvelle fenêtre) sur l'action climatique.

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    Titré "Mutirão(Nouvelle fenêtre) mondial : unir l'humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique", le document rappelle la "décennie cruciale" qui est en cours, acte le retard pris dans la lutte mondiale contre le phénomène et annonce plusieurs avancées. Voici ce qu'il faut retenir de cette COP30, qui s'est déroulée aux portes de l'Amazonie brésilienne.

    Pas de feuille de route de sortie des énergies fossiles

    Le sujet a fait l'objet de négociations acharnées : certains pays, dont ceux de l'Union européenne, souhaitaient réaffirmer l'objectif de sortir des énergies fossiles, comme l'avait vivement souhaité le président brésilien Lula lors de l'ouverture. Le texte final ne mentionne finalement pas le sujet. "Les combustibles fossiles sont la cause profonde de la crise climatique et il n'existe aucune voie crédible pour atteindre des objectifs climatiques fondés sur la science sans une sortie rapide, équitable et financée de ces énergies", a commenté Rachel Cleetus, directrice de la politique pour le programme Climat et Energie de l'Union des scientifiques préoccupés.

    A la COP28 de Dubaï en 2023, plus de 190 pays s'étaient engagés(Nouvelle fenêtre) à "opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques". Mais depuis deux ans, les négociations n'ont pas produit d'avancées notables sur sa mise en pratique. "La feuille de route [de sortie des énergies fossiles] telle qu'on l'imaginait inscrite dans le texte n'est plus là", a déploré la ministre de la Transition écologique française, Monique Barbut. Toutefois, André Correa do Lago a annoncé la création d'une feuille de route sur le sujet pour les pays volontaires, une initiative en dehors des négociations officielles, qui sera "guidée par la science".

    Le texte de Belém fait toutefois référence au consensus de Dubaï, et lance un "Accélérateur mondial de la mise en œuvre", une "initiative coopérative, facilitatrice et volontaire" pour constater le retard pris et y remédier. "Le nouveau texte mentionne bien explicitement un programme de travail sur l'accélération avec un focus sur le consensus des Emirats Arabes unis, ce qui revient dans les faits aux mêmes effets que d'avoir une feuille de route sur la transition vers l'abandon des énergies fossiles", note depuis Belém Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales. Ce n'est pas pour moi un échec sur ce sujet, parce que ça permet aussi de ne pas rouvrir la discussion sur la formulation de cet objectif durement gagné à la COP28."

    En parallèle, la Colombie a rassemblé une coalition de pays du Pacifique, d'Amérique latine et d'Europe (mais pas la France) pour soutenir "l'appel à élaborer une feuille de route pour une transition juste, ordonnée et équitable vers l'abandon des combustibles fossiles, afin d'intensifier l'action collective et sa mise en œuvre". Le pays a aussi annoncé la tenue de la première conférence internationale sur la sortie des énergies fossiles les 28 et 29 avril 2026, en partenariat avec les Pays-Bas.

    Un meilleur financement pour l'adaptation au changement climatique

    Alors que 71 pays ont soumis des plans nationaux d'adaptation au changement climatique, la plupart d'entre eux manquent de financements. Le texte final de la COP souligne donc "l'urgence de fournir et de mobiliser des ressources publiques et des subventions ainsi que des financements à des conditions très avantageuses pour l'adaptation dans les pays en développement, en particulier ceux qui sont particulièrement vulnérables (...), tels que les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires en développement".

    Les pays réunis à la COP30 ont décidé de tripler les financements alloués à l'adaptation d'ici à 2035. "La COP30 n'a pas répondu à toutes les attentes de l'Afrique, mais elle a permis de faire progresser les choses. Il est désormais plus clair que les acteurs historiques ont des devoirs spécifiques en matière de financement climatique", a salué Jiwoh Abdulai, ministre de l'Environnement et du Changement climatique de Sierra Leone.

    Une réaffirmation de l'accord de Paris

    Dix ans après la COP21 et l'accord de Paris qui, pour la première fois,(Nouvelle fenêtre) avait fixé un cap et des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, les Etats devaient présenter, lors de cette conférence au Brésil, leurs nouveaux plans climatiques pour maintenir le réchauffement mondial sous la barre de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Si cet objectif est désormais jugé hors d'atteinte, l'accord de Paris a permis de limiter les dégâts : au lieu de se diriger vers un réchauffement de l'ordre de 4°C, la planète suit une pente l'amenant vers +2,5°C.(Nouvelle fenêtre)

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    A la COP30, les pays ont ainsi constaté ces "lacunes". "Malgré les progrès accomplis, les trajectoires mondiales des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas encore conformes à l'objectif de température de l'accord de Paris, et la fenêtre d'opportunité pour rehausser les ambitions et mettre en œuvre les engagements existants afin d'y parvenir se réduit rapidement", déplore le texte. Les Etats "réaffirment avec force" leur engagement envers le multilatéralisme et les objectifs de l'accord de Paris et s'engagent "à rester unis dans la poursuite des efforts". Et ce avec "l'espoir que l'accord bénéficiera à nouveau d'une quasi-universalité", référence à la sortie récente des Etats-Unis(Nouvelle fenêtre).

    Une petite piqûre de rappel est faite aux pays qui n'ont pas encore publié leur feuille de route nationale, puisque seuls 122 l'ont fait dans les temps. La COP30 lance par ailleurs une "Mission Belém pour 1,5°C", afin de "renforcer l'ambition et la mise en œuvre" de ces plans.

    Un fonds d'un nouveau genre pour protéger les forêts tropicales

    La COP30, qui s'est déroulée en Amazonie, souligne "l'importance de conserver, protéger et restaurer la nature et les écosystèmes". Elle affiche ainsi la volonté d'intensifier "les efforts visant à stopper et inverser la déforestation et la dégradation des forêts d'ici à 2030". C'est cet enjeu même qui a fait l'objet de l'une des premières grandes annonces du sommet : le président brésilien a créé un mécanisme d'un nouveau genre pour protéger les forêts tropicales, la Facilité de financement des forêts tropicales(Nouvelle fenêtre) (TFFF). Concrètement, il s'agit d'un fonds d'investissements, qui sera abondé d'abord par des Etats, puis par des entreprises pour investir sur les marchés et financer la transition énergétique. Les profits, après paiement des intérêts aux investisseurs, seront reversés aux pays tropicaux présentant de faibles taux de déforestation.

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    L'objectif est de rendre plus rentable la préservation des arbres par rapport à leur abattage, surtout dans les pays en développement, où se situent la majeure partie des forêts primaires. Ce fonds vise un rendement moyen de 5,5% sur vingt ans, soit 3,4 milliards de dollars de liquidités par an. De quoi tripler le financement international non remboursable alloué aux forêts. Plusieurs pays ont déjà annoncé qu'ils participeraient à ce fonds, dont le Brésil, l'Indonésie, la Norvège, le Portugal, l'Allemagne et la France.

    Ce nouveau système ne fait toutefois pas fait l'unanimité : "Sans une réglementation stricte visant à mettre fin aux flux financiers vers les industries destructrices, le TFFF risque de devenir un énième mécanisme bien intentionné pris au piège dans un système défaillant", a réagi Tom Picken, de l'organisation environnementale Rainforest Action Network. La Global Forest Coalition estime de son côté que ce fonds est une "fausse solution" et dénonce le "capitalisme vert". Malgré les réticences, ce nouveau fonds "vaut mieux que d'attendre la solution parfaite, nuance Mauricio Voivodic, de l'ONG WWF, qui a participé à son élaboration. Il n'y a pas de solution miracle." Une feuille de route pour arrêter la déforestation a par ailleurs été annoncée par la présidence de la COP, samedi.

    Une meilleure prise en compte des peuples autochtones

    C'est l'image qui restera de la COP30. Des dizaines de représentants des peuples autochtones ont bloqué pacifiquement l'entrée de la conférence de l'ONU(Nouvelle fenêtre), samedi 15 novembre. "Nous espérons que les dirigeants mondiaux réunis à la COP30 prendront en considération notre existence et respecteront nos droits", ont notamment réclamé les membres du peuple des Munduruku.

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    Réunis samedi 22 novembre, les pays du monde entier ont signé en faveur d'une reconnaissance "des droits des peuples autochtones, ainsi que leurs droits fonciers, et leurs savoirs traditionnels", et souligné leur "rôle important et [leur] engagement". Lors de la clôture du sommet des Peuples(Nouvelle fenêtre), organisés en marge de la COP30, dimanche 16 novembre, le gouvernement brésilien a annoncé que plus de démarcations – et donc de protection – de leur territoires seraient actées dans l'année à venir. La démarcation est une étape intermédiaire dans le processus de reconnaissance des terres appartenant aux autochtones, qui obtiennent le statut de réserves inviolables et protégées après homologation par le président. De nouveaux territoires ont déjà été délimités dans sept Etats du pays, au bénéfice des peuples munduruku, tupinamba, guarani-kaiwa et pataxo notamment, selon un communiqué de l'exécutif brésilien.

    Des engagements pour diminuer les émissions de méthane 

    Invisible, inodore, mais très nocif… Plusieurs engagements ont vu le jour durant la COP30 concernant le méthane(Nouvelle fenêtre). Généré par les bovins et les rizières et par les fuites de gaz fossile dans les gazoducs et les installations gazières, il est le deuxième plus important gaz à effet de serre après le CO2. Sept pays, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, se sont engagés à réduire presque à zéro leurs émissions de méthane liées aux énergies fossiles, "le moyen le plus rapide de ralentir le réchauffement climatique" selon une déclaration commune.

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    Egalement à l'occasion de la COP30, le Brésil et le Royaume-Uni ont lancé un programme de trois ans visant à réduire les émissions de super-polluants dans les pays éligibles à l'aide publique au développement, visant à enrôler 30 pays d'ici à 2030 en mobilisant 150 millions de dollars. Enfin, deux organisations, le Global Methane Hub et le Global Green Growth Institute ont annoncé un partenariat pour accélérer la réduction des émissions de méthane dans les pays en développement, avec l'espoir de mobiliser 400 millions de dollars.

    Une déclaration pour accélérer la transition vers des carburants durables

    Les dirigeants de 19 pays, dont le Brésil, le Canada et le Japon, ont adopté une déclaration visant à accélérer la transition vers les carburants durables, et ainsi s'éloigner de la dépendance persistante au gaz et au pétrole. Concrètement, l'objectif annoncé est de multiplier par quatre l'utilisation des carburants durables d'ici 2035, par rapport à 2024, en passant notamment par une utilisation plus importante de l'hydrogène, des biogaz et des biocarburants.

     

     

     

     

     

  • Survie de l'espèce humaine.

    Rien à ajouter.

    Sinon que nous sommes tous concernés. Huit milliards. Mais dans le tas, il y a un nombre conséquent d'abrutis. C'est ça le problème. 

     

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  • Le Fipronil ou l'hypocrisie des marchands

    Je voudrais que tous ces chimistes crèvent des poisons qu'ils fabriquent, que tous les marchands les accompagnent dans leur agonie, je voudrais que tous les politiciens qui mangent dans la main des financiers se cancérisent.

     

    "Je vais vous parler d’un produit qu’on appelle le Fipronil.

    Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vos abeilles, elles, s’en souviennent. 

    ACTE 1 — Le poison parfait

    Le Fipronil, c’est un insecticide neurotoxique, conçu pour dérégler le système nerveux des insectes.

    Mais il a une autre spécialité : il empoisonne la chaîne alimentaire. 

    Les études sont claires :

    Il provoque des convulsions, des atteintes du foie et des reins,

    Il agit comme un perturbateur hormonal,

    Et chez les abeilles, il détruit la mémoire de vol, la communication, la reproduction, bref, tout ce qui fait une ruche vivante. 

    Résultat ? Des ruches entières s’effondrent, silencieusement. Et pendant qu’on accuse les frelons asiatiques, le véritable assassin, lui, s’appelle BASF Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

    ACTE 2 — Interdit chez nous, exporté ailleurs

    Car oui, tenez-vous bien :

    le Fipronil est interdit d’usage agricole en Europe depuis 2017.

    Mais il est toujours produit en France.

    À Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Normandie, derrière les murs d’une usine BASF, on fabrique ce pesticide interdit.

    Pas pour nos champs, bien sûr !

    Non, pour l’export. 

    C’est “légal”, disent-ils.

    On n’a pas le droit de l’utiliser ici, mais on a le droit de l’expédier là-bas.

    Autrement dit : “Trop dangereux pour nos abeilles, parfait pour les leurs.”

    Et tant pis si les populations locales en crèvent, ou si la molécule finit dans les rivières tropicales.

    ACTE 3 — Les abeilles du Sud meurent pour nos biscuits

    Le Fipronil part en Indonésie, pour les plantations d’huile de palme. 

    Il part aussi au Brésil, pour la canne à sucre. 

    Et là-bas, il fait le même carnage : abeilles foudroyées, biodiversité lessivée, sols stérilisés.

    Mais, attention, le plus beau, c’est le retour :

    le sucre et l’huile produits avec ce poison… reviennent chez nous. 

    Ils reviennent dans vos biscuits, vos desserts, vos sauces, vos shampoings.

    Et l’Union européenne, dans sa grande sagesse bureaucratique, vient même de doubler le seuil de résidus autorisés dans ces produits importés.

    Autrement dit : on sait qu’il y en a plus, alors on relève la tolérance.

     ACTE 4 — Le marché du cynisme

    On appelle ça le libre-échange.

    Moi, j’appelle ça le libre empoisonnement. 

    Grâce au futur accord Mercosur, les échanges entre l’Europe et l’Amérique latine seront encore facilités :

     le sucre du Brésil entrera sans droits de douane jusqu’à 180 000 tonnes par an,

    et nos usines pourront exporter leurs pesticides sans presque aucune taxe.

    Vous la sentez, la petite odeur d’hypocrisie ?

    On interdit ici, on vend ailleurs, et on réimporte la conséquence, estampillée “conforme”.

    C’est du commerce triangulaire, version chimique. 

    ACTE 5 — L’empoisonnement réglementaire

    Tout ça, bien sûr, dans le respect des lois.

    Car les lois, chez nous, sont faites pour protéger les industriels — pas les abeilles.

    On a remplacé le “principe de précaution” par le “principe de dérogation”. 

    Et on ose encore parler de “transition écologique”, pendant qu’on laisse circuler librement un insecticide classé “trop dangereux pour nos sols”.

    ACTE FINAL — Le poison du double standard

    Alors, on fait quoi ?

    On arrête de jouer les vierges effarouchées pendant qu’on fabrique des bombes chimiques en douce ?

    On continue de prêcher la sobriété pendant qu’on vend la mort en barils ?

    Si c’est interdit chez nous, ça doit être interdit à la vente tout court.

    Si c’est dangereux pour nos abeilles, c’est dangereux pour les leurs.

    Et si on tolère ça encore, alors nous ne valons pas mieux que ceux qui profitent du désastre.

    Les abeilles n’ont pas de syndicats.

    Elles ne signent pas d’accords commerciaux.

    Elles crèvent, en silence. 

    Pendant ce temps, on se gave de sucre à bas prix, importé à “0 % de droits de douane”… et à 100 % de honte.

    Ce poison, c’est notre hypocrisie distillée.

    Et il est temps d’en être malades pour de bon — mais cette fois, moralement.

    ✍️ Martine Montvernay REVOL

     

     

    « Leur chimie, notre chimio » : plus de 300 manifestants ont manifesté devant le site BASF près de Rouen

     

    Plus de 300 militants, notamment à l’appel de la Confédération paysanne, ont manifesté ce lundi matin, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, contre l’agrochimiste, accusé d’y produire, pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, du fipronil, un pesticide interdit en Europe.

    Opération coup de poing hier matin à l’appel de la Confédération paysanne, du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, Cancer colère, Faucheurs volontaires et Soulèvements de la Terre, devant le site de production de produits phytosanitaires de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime).

    Opération coup de poing hier matin à l’appel de la Confédération paysanne, du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, Cancer colère, Faucheurs volontaires et Soulèvements de la Terre, devant le site de production de produits phytosanitaires de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime). | CHARLES BURY / OUEST-FRANCE

    Ouest-France https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/leur-chimie-notre-chimio-plus-de-300-manifestants-ont-manifeste-devant-le-site-basf-pres-de-rouen-e4895bcc-c3c2-11f0-8509-2c0807403e46

    Guillaume LE DU. Publié le 17/11/2025 à 18h26

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    Il est interdit d’utiliser cet insecticide dans les champs en Europe. Mais ça n’empêche pas le fipronil de continuer d’y être produit. C’est ce qu’auraient constaté des membres des militants de la cause environnementale, ce lundi 17 novembre, en s’introduisant dans l’usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen.

    « Une inspection citoyenne », a indiqué Thomas Gibert, porte-parole national de la Confédération paysanne, une des cinq organisations avec le  Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest ,  Cancer colère ,  Faucheurs volontaires  et les  Soulèvements de la Terre , à l’origine de cette action coup de poing. « Dans l’usine, nous avons trouvé des stocks de substances actives du fipronil destinés au marché export, principalement l’Amérique du Sud. Mais les biens alimentaires, traités avec ce pesticide interdit, sont ensuite autorisés en Europe dans le cadre d’accords de libre-échange. Comme le Mercosur…  »

    L’important dispositif policier déployé a mis fin, dès potron-minet, à l’intrusion des activistes qui avaient revêtu une combinaison blanche. Deux d’entre eux ont été arrêtés pour « outrage » et « rébellion », selon la préfecture de Seine-Maritime. « Des coups de matraque ont été donnés et des gaz lacrymogènes lancés », a regretté Thomas Gibert.

    Regroupés devant les grilles de l’usine, plus de 300 manifestants (« 500 agriculteurs et citoyens » selon le comptage des organisateurs), aidés d’une dizaine de tracteurs, d’antiques Fiat ou Delfino 35 mais aussi des John Deere ou Case flambant neufs, ont bloqué les entrées et les sorties jusqu’à 12 h 30. Les manifestants avaient accroché des banderoles  BASF exportateur de poison ,  Fipronil = mort ,  Leur chimie, notre chimio … pour rappeler que les pesticides posent un « problème majeur de santé publique ».

    Des rejets de polluants dans la Seine

    Parmi les victimes présentes, Gisèle Garreau. L’agricultrice retraitée de 64 ans avait fait le déplacement depuis le centre Bretagne, pour témoigner des conséquences néfastes des pesticides : « J’ai arrêté de travailler à 57 ans à cause de la maladie de Parkinson provoquée par la roténone, un insecticide qu’on utilisait sans précaution particulière ». Sa demande de reconnaissance en maladie professionnelle a été acceptée mais elle conteste le taux d’indemnisation : « Je reçois 200 € par mois. »

    Face aux sécheresses récurrentes, les politiques régionales de gestion de l’eau doivent-elles devenir plus contraignantes pour l’agriculture et l’industrie ?

    « Dans ma commune, quand ils ont épandu le prosulfocarbe (un herbicide), ça sentait à 900 mètres à la ronde », a témoigné Joris Soenen, assis sur son tracteur devant le site de BASF. « Cette pollution coûte 100 000 € à Biocer, ma coopérative, car ça pollue les cultures bio (tournesol, sarrasin) environnantes », a affirmé le céréalier et producteur de lait bio du Bec-Thomas (Eure).

    Les manifestants ont mis en cause d’autres pollutions comme celle des PFAS. En janvier, plusieurs associations avaient dénoncé l’impact du site normand de BASF sur l’environnement avant de porter plainte en juin. Elles affirmaient que cette usine détenait le « record français, et de très loin, de rejets de TFA dans la Seine », un polluant éternel de la famille des PFAS.

    BASF a indiqué qu’un plan mené depuis janvier a permis « une réduction de 85 % des émissions de TFA. » Ce lundi, dans un communiqué, la direction de BASF France a dénoncé « des intrusions, des dégradations de matériels, des comportements pouvant porter atteinte à la sécurité du site et des attitudes d’intimidation à l’égard des personnels » et a annoncé son intention de déposer plainte.

  • Lobbyistes de l'industrie agroalimentaire

    Comment envisager un avenir plus positif ?

    Les forces en présence sont d'une telle inégalité.

    Ces gens qui travaillent pour les lobbies de l'agro-alimentaire, comment font-ils pour se sentir en paix, sereins ?

    Comment lutter contre ces armées destructrices ?

    1) ne plus manger d'animaux

    2) ne rien acheter qui ne soit produit sur le sol français. Pour le riz, le sucre et autres denrées exotiques, ne prendre que des productions bio. 

    3) limiter toutes les dépenses qui ne soient vitales afin de pouvoir concentrer son pouvoir d'achat sur les produits qui répondent au 1 et au 2.

    4) garder à l'esprit que nous sommes responsables par nos achats de la dévastation ou de la protection et que nous avons le choix. 

     

     

    Plus de 300 lobbyistes de l'industrie agroalimentaire sont présents à la COP30 de Belém, dont cinq dans la délégation française

     

    Parmi les 530 personnes que la France a invitées au sommet pour le climat, cinq représentent les intérêts de grands groupes du secteur agroalimentaire, révèle un décompte du média d'investigation DeSmog, avec qui franceinfo a travaillé.

    Article rédigé par Camille Adaoust

    France Télévisions

    Publié le 18/11/2025 13:00 Mis à jour le 19/11/2025 10:30

    Temps de lecture : 5min Des participants à la COP30 entrent dans le site des négociations, le 10 novembre 2025 à Belém (Brésil). (MAURO PIMENTEL / AFP)

    Des participants à la COP30 entrent dans le site des négociations, le 10 novembre 2025 à Belém (Brésil). (MAURO PIMENTEL / AFP)

    D'ordinaire, lors des COP, les ONG dénoncent la présence des lobbyistes des énergies fossiles(Nouvelle fenêtre). Mais à Belém, au Brésil, où se tient jusqu'au vendredi 21 novembre le 30e sommet mondial pour le climat, les représentants du secteur agricole se sont déplacés en masse. Selon les analyses du média d'investigation britannique DeSmog, soutenu par la coalition Kick Big Polluters Out ("Virez les gros pollueurs"), que franceinfo a consultées, 302 lobbyistes de l'industrie agroalimentaire sont présents dans les couloirs de la COP30(Nouvelle fenêtre), organisée dans un pays où l'agriculture est reine.(Nouvelle fenêtre) Soit 14% de plus qu'en 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan.

    Un lobbyiste sur quatre du secteur est venu avec la délégation officielle de son pays et bénéficie donc d'un accès privilégié aux salles de négociations. Et la France ne fait pas exception, avec cinq représentants. Parmi eux, quatre personnes défendent les intérêts du spécialiste des produits laitiers Danone à la COP30. Le groupe explique sa présence par la volonté d'"avancer sur des sujets liés au changement climatique et à la transformation des systèmes alimentaires". A franceinfo, Danone cite "la réduction des émissions de méthane dans l'agriculture ou le soutien des agriculteurs dans l'adoption de pratiques agricoles régénératrices et durables". Il souligne aussi avoir "été la première entreprise agroalimentaire à s'engager à réduire les émissions de méthane de 30% dans le lait frais d'ici à 2030".

    Carrefour fait également partie de la délégation française, avec un délégué. Le groupe de grande distribution explique à franceinfo profiter de la COP30 pour "contribuer à faire de l'alimentation un point central des discussions sur le climat". Il dit être "invité [pour] témoigner des actions [qu'il met] en œuvre et qui pourraient être répliquées, par exemple sur le gaspillage alimentaire ou la lutte contre la déforestation". Carrefour assure avoir participé à "une quinzaine d'interventions pour partager des bonnes pratiques".

    Le Brésil reste le pays qui a accrédité le plus de membres de l'agro-industrie (26), notamment issues de l'entreprise JBS, principal producteur de viande dans le monde. Suivent l'Indonésie (11 membres), le Japon (neuf), le Honduras (six), puis la France, la Chine et la Norvège (cinq représentants pour chacun des pays). 

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    Danone figure parmi les groupes les plus présents, avec un total de 10 participants à la COP30, invités par la France donc, mais aussi par l'association patronale européenne BusinessEurope, la Chambre de commerce internationale, la plateforme du Partenariat français pour l'eau et la coalition d'entreprises du Conseil mondial des affaires pour le développement durable.

    L'entreprise allemande pharmaceutique et agrochimique Bayer est davantage présente, avec 19 représentants dans la COP30. "Pour Bayer, la COP30 constitue une étape importante, d'autant plus au Brésil, deuxième marché mondial de l'entreprise", commente auprès de franceinfo Felipe Albuquerque, directeur durabilité de la branche d'Amérique latine de l'entreprise. Sont également présents, en plus petit nombre, la multinationale suisse Nestlé (neuf délégués), le géant américain de l'exportation Cargill (cinq délégués), son équivalent anciennement français et désormais néerlandais Louis Dreyfus (un), le géant américain des snacks et des boissons Pepsico (six) ou encore la chaîne de restauration rapide McDonald's (deux).  

    Le secteur de la viande en tête

     

    DeSmog complète son état des lieux par une analyse par secteur. Celui de la viande arrive en tête – le Brésil est le premier exportateur de bœuf et de volaille au monde –,(Nouvelle fenêtre) devant ceux de l'agroalimentaire et les boissons, des négociants en matières premières, des entreprises laitières, des pesticides ou des engrais.

    Autant de conclusions que déplorent les militants pour l'environnement et le climat. "L'agriculture industrielle, troisième contributeur mondial aux émissions, a été autorisée à coopter la convention sur le climat", dénonce Lidy Nacpil, du Mouvement des peuples asiatiques sur la dette et le développement. "Il n'est pas surprenant que les négociations sur l'alimentation et l'agriculture à la COP aient été réduites à un simple forum de discussion. La COP ne permettra jamais de mettre en place de véritables mesures climatiques tant que les lobbyistes industriels seront autorisés à influencer les gouvernements et les négociateurs."

    Méthodologie : DeSmog, qui effectue ce travail depuis quatre ans, s'est basé sur la liste provisoire des 56 000 participants(Nouvelle fenêtre) à la COP30. Le média y a identifié les plus grandes entreprises des principaux secteurs alimentaires : viande et produits laitiers, pesticides et engrais, transformation alimentaire, vente de matières premières et de semences, distribution alimentaire et biocarburants. Sont également pris en compte les groupes commerciaux industriels mondiaux et régionaux, des syndicats agricoles nationaux et des instituts ayant des affiliations avec des entreprises et/ou un historique de lobbying aligné sur les demandes de l'industrie.

    "Ça fend le cœur de les voir là" : le lobby de l'agrobusiness s'invite en force à la COP30 de Belém

     

    Consulter le Dossier : Cop 30 : nos reportages au Brésil

    Article rédigé par Camille Adaoust - envoyée spéciale à Belém (Brésil)

    France Télévisions

    Publié le 18/11/2025 13:00 Mis à jour le 18/11/2025 13:15

    Temps de lecture : 8min Une action pour dénoncer la présence de l'agrobusiness à Belém (Brésil) lors de la COP30, le 10 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Une action pour dénoncer la présence de l'agrobusiness à Belém (Brésil) lors de la COP30, le 10 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Au sommet annuel pour le climat, les représentants de multinationales sont à la manœuvre pour vanter leur vision de l'agriculture de demain, un secteur clé au Brésil.

    "La nourriture, c'est pour les gens, pas pour le profit." Ils sont une trentaine de militants, venus du monde entier, lundi 10 novembre à Belém, pour dénoncer la présence de géants de l'agroalimentaire à la COP30. Réunis devant "l'Agrizone", un espace situé à dix minutes de bus de celui des négociations climatiques, consacré à "l'agriculture durable" et accueillant les grands groupes du secteur, ces manifestants critiquent une "exposition de drones et de capteurs sensoriels". Des gadgets technologiques, à leurs yeux, défendus par les acteurs agro-industriels.

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    "C'est à rebours de la transition juste pour l'agriculture", pointe Marie Cosquer, chargée de plaidoyer sur les systèmes alimentaires pour l'ONG Action contre la faim. A ses côtés, d'autres s'indignent. "Les lobbyistes sont les bienvenus. Par contre, les gens des pays du Sud, les plus vulnérables, ne le sont-ils pas ? Je suis déçue qu'ils prennent autant d'espace, on se sent exclus", regrette la Colombienne Andrea Echeverri. "C'est notre COP, la COP du peuple. Ça fend le cœur de les voir là", acquiesce le Népalais Prayash Adhikari.

    Le poids colossal de l'agro-industrie au Brésil

    Coorganisée par le gouvernement brésilien et logée dans les locaux de l'Embrapa, l'agence brésilienne de recherche agricole (l'équivalent de l'Inrae en France), l'Agrizone est une première dans l'histoire des sommets pour le climat. Elle illustre l'importance de l'agro-industrie au Brésil, devenu un poids lourd à l'échelle mondiale. La preuve en chiffres : le secteur représente pas moins de cinq millions d'exploitations, 39% de la superficie du pays, un quart de l'économie nationale, 20% des emplois et près de la moitié des exportations, liste le gouvernement français(Nouvelle fenêtre). Et c'est aussi la cause de 97%(Nouvelle fenêtre) de la déforestation du pays.

    "Lors de la COP30, l'agrobusiness est présent de manière à refléter l'importance d'un secteur qui nourrit plus d'un milliard de personnes et se conforme à la législation environnementale la plus stricte au monde", se défend Muni Lourenço, président de la commission environnementale au sein de la Confédération brésilienne de l'agriculture et de l'élevage (CNA).

    Plus grande entité représentative de l'agro-industrie brésilienne, la CNA avait pourtant milité(Nouvelle fenêtre) cet été pour la suspension d'un moratoire visant à ne pas commercialiser le soja cultivé dans les zones de l'Amazonie touchées par la déforestation. "L'objectif de l'Agrizone est de montrer que la production alimentaire et la préservation de l'environnement vont de pair au Brésil", avance aujourd'hui Muni Lourenço.

    Robot, IA et agriculture "régénérative"

    Dans ce lieu plus vaste que celui de la COP30 officielle, les solutions technologiques s'affichent au premier plan. Dès l'entrée, les visiteurs découvrent un robot capable de grimper aux arbres pour récolter de l'Açaï, ce fruit rouge issu de certains palmiers, cher à la région du Para. Plus loin, un appareil de plusieurs mètres de long, muni de panneaux solaires, propose d'analyser la nature des sols à l'aide de l'intelligence artificielle pour répandre des pesticides "uniquement là où c'est nécessaire".

    Sur son stand, Nestlé promeut une agriculture régénérative, pratique qui vise à stocker plus de carbone dans les sols, mais limitée, rappelle le média d'investigation Desmog(Nouvelle fenêtre). A quelques pas de là, Bayer, le géant allemand de la chimie et de la pharmacie(Nouvelle fenêtre), sponsor dit "diamant" de l'événement, met en avant le même argument sur son stand. "Pour nous, la COP30 constitue une étape importante, d'autant plus au Brésil, deuxième marché mondial de l'entreprise", commente Felipe Albuquerque, directeur durabilité de l'entreprise en Amérique latine.

    Les stands de Nestlé et Bayer sont voisins dans "l'Agrizone" à Belém (Brésil), le 12 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Les stands de Nestlé et Bayer sont voisins dans "l'Agrizone" à Belém (Brésil), le 12 novembre 2025. (CAMILLE ADAOUST / FRANCEINFO)

    Pour les différents acteurs présents, l'Agrizone fait office de vitrine pour un secteur qui "doit être vu comme une solution face aux enjeux climatiques", résume Muni Lourenço. Lors d'une conférence organisée sur place, le message diffusé est sensiblement le même : "Cette zone montre la réalité de l'agriculture au Brésil, ce qu'elle a de meilleur. Elle permet d'échanger des expériences et des techniques. Ce serait formidable de l'avoir dans chaque COP".

    Plus de 300 délégués de l'agrobusiness

    "Le secteur agro-industriel s'approprie et produit des discours environnementaux", alerte cependant Ludivine Eloy, agronome et géographe, directrice de recherche au CNRS. Ses acteurs "utilisent des arguments vantant les progrès technologiques, mais leurs discours masquent beaucoup de choses, comme les inégalités d'accès aux ressources sur le terrain."

    Si les ONG s'inquiètent chaque année de la présence des lobbyistes des énergies fossiles à la conférence pour le climat, les grandes entreprises de l'agro-industrie ne sont, cette fois, pas en reste, avec au moins 302 délégués, selon le décompte de l'organisation d'investigation britannique Desmog. C'est 14% de plus que lors de la COP29, l'an dernier à Bakou (Azerbaïdjan). Bayer compte par exemple 19 délégués dans les zones de négociations. "Bayer participe régulièrement aux COP depuis 2015, lorsque la coalition du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable a officiellement demandé la présence d'entreprises plus engagées", plaide Felipe Albuquerque.

    Plusieurs événements organisés durant cette COP incluent ces représentants. Comme le 11 novembre, avec un "panel de JBS", la principale multinationale brésilienne de l'industrie agroalimentaire, sur "les transformations du système alimentaire" organisé sur le stand baptisé "business durable". Le pavillon du Consortium interétatique de l'Amazonie affiche également JBS comme l'un de ses "soutiens".

    L'agriculture familiale moins exposée

    Au Brésil, ces géants ne représentent pourtant qu'une partie de l'équation agricole. Face à cet "agronégoce", une agriculture familiale, aux exploitations plus petites, subsiste. Le gouvernement brésilien compte d'ailleurs deux ministères pour illustrer cette dualité : celui de l'Agriculture et de l'Elevage, qui exporte majoritairement, et celui du Développement agraire et de l'Agriculture familiale. Cette agriculture-là représente près de 4 millions d'exploitations dans le pays, emploie plus de 10 millions de personnes et nourrit deux tiers des Brésiliens.

    Mais "les moyens sont très inégaux entre les deux, le budget de l'agronégoce est plus important", déplore un employé gouvernemental qui souhaite rester anonyme. "Et ce déséquilibre se retrouve ici, à Belém." Dans l'Agrizone, rares sont les stands qui représentent l'agriculture familiale. "Alors qu'on a beaucoup de solutions issues des connaissances ancestrales des peuples indigènes et des communautés traditionnelles", souligne la même source.

    "Ces événements organisés avec les représentants de l'agrobusiness créent une résonance. Leurs arguments arrivent aux oreilles des négociateurs" de la COP30, s'inquiète Marie Cosquer. De quoi influencer les discussions dans les espaces fermés des Nations unies. A Belém, l'un des enjeux concerne l'adaptation des systèmes agroalimentaires face au changement climatique, alors que le secteur est responsable de plus d'un tiers (37%) des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d'après le Giec(Nouvelle fenêtre). Mais le sujet est "au point mort", rapportait la semaine dernière la chargée de plaidoyer d'Action contre la faim, lors d'un point-presse sur l'avancée des négociations générales.

    "Des solutions problématiques pour l'agriculture"

    "Il y a un brouillon qui sera renvoyé à la prochaine session de négociations, avec des solutions problématiques pour l'agriculture", déplore-t-elle. Elle cite les innovations en faveur d'une "agriculture intelligente pour le climat", des nouvelles technologies "non accessibles pour la plupart des petits paysans" ou encore des "liens avec les marchés carbone".

    "Les paysans, l'agroécologie [qui diminue les pressions sur l'environnement] et la transition juste sont ignorés lors des discussions." Lot de consolation : ils sont bien présents dans les assiettes des négociateurs. Dans les offres de restauration, les organisateurs de la COP30(Nouvelle fenêtre) ont assuré que "30% des aliments provenaient" d'une agriculture écologique à plus petite échelle.

  • Mercosur : juste un exemple

    Je rappelle que l'Uruguay fait partie des pays du Mercosur.

    On voit bien ici à quoi on ouvre les portes...

    Si jamais les agriculteurs décident enfin de passer aux grandes manoeuvres, cette fois, je me joindrai à eux, FNSEA ou pas.  

     

    Un enclos surpeuplé, une soixantaine de bovins morts... L'interminable périple en bateau de près de 3 000 vaches entre l'Uruguay et la Turquie

     

    Ces animaux, qui devaient être vendus, n'ont pas foulé la terre ferme depuis deux mois, après le refus de débarquement des autorités turques. Ils sont donc repartis en direction de l'Amérique du Sud.

    Article rédigé par franceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 18/11/2025 15:29

    Temps de lecture : 4min Le navire "Spiridon II" lors de son escale en Turquie, le 9 novembre 2025. (ANIMAL WELFARE FOUNDATION)

    Le navire "Spiridon II" lors de son escale en Turquie, le 9 novembre 2025. (ANIMAL WELFARE FOUNDATION)

    Le cargo de l'enfer. Près de 3 000 vaches sont entassées dans un navire depuis deux mois, alerte l'ONG Robin des bois, dans un communiqué(Nouvelle fenêtre) publié lundi 17 novembre. Après un voyage d'un mois au départ de l'Uruguay pour rejoindre la Turquie, les animaux ont été bloqués à l'intérieur du bateau durant plusieurs semaines, faute de certificats en règle. Ils ont finalement repris la mer le 9 novembre en direction de l'Amérique du Sud, où leur retour est prévu en décembre, après un périple qui a provoqué la mort de plusieurs dizaines de bovins. "Les génisses Holstein du cheptel uruguayen vont battre le record mondial du plus long parcours hors du plancher des vaches", écrit l'ONG.

    L'interminable périple de ces animaux a débuté le 19 septembre, lorsque le cargo Spiridon II a quitté Montevideo, en Uruguay. Ce navire bétailler géant, de près de 100 mètres de long, est en réalité un ancien cargo polyvalent russe datant des années 1970. "Il aurait dû partir à la casse depuis une bonne vingtaine d’années", selon l'ONG Robin des bois, qui liste les nombreuses défaillances relevées sur le navire depuis 2019. Après plusieurs changements de mains, le bateau navigue désormais sous pavillon togolais, selon le site Vessel Finder(Nouvelle fenêtre). Un pays inscrit "sur la liste noire des pavillons établie par le Mémorandum d’entente de Paris sur le contrôle des navires", pointe l'ONG.

    Des dizaines d'animaux morts

    A l'intérieur de ce cargo se trouvent 2 901 bovins et un équipage d'une vingtaine de personnes qui étaient censés rejoindre la Turquie, où les animaux devaient être débarqués et vendus. Mais après un mois de navigation, les autorités turques ont finalement refusé de les laisser sortir, faute de certificats sanitaires et commerciaux en règle. "Les inspections ont révélé que certains animaux ne portaient ni boucles auriculaires, ni puces d'identification électronique, et que 469 animaux n'étaient pas conformes aux listes fournies", explique le gouvernement turc pour justifier sa décision.

    Après plusieurs semaines de négociations, le bateau a pu accoster brièvement dimanche 9 novembre au port turc de Bandirma pour charger de la paille et de la nourriture, détaille la Fondation pour le bien-être animal (AWF) dans un communiqué(Nouvelle fenêtre). Mais la situation à bord continue de se dégrader. "Après le long voyage de l’Uruguay à la Turquie, les animaux sont déjà affaiblis. Chaque nouveau retard signifie des souffrances immenses", dénonce Maria Boada Saña, responsable de projet au sein de l'AWF.

    Cinquante-huit bovins sont morts durant la traversée et au moins 140 vaches ont mis bas à bord, d'après des documents judiciaires. "Les nouveau-nés vivants ont une existence très difficile", dans "un enclos surpeuplé", estime l'ONG, précisant qu'il est "fort probable que la plupart des veaux soient morts".

    "Des navires inadaptés et hors d'âge"

    Face à cette situation, l'ONG a demandé aux autorités turques de débarquer immédiatement les animaux, mais dit ne pas avoir reçu de réponse. Les autorités européennes ont également été sollicitées par courrier. De leur côté, les exportateurs qui devaient vendre les bovins ont contesté la décision des autorités vétérinaires turques et engagé des poursuites judiciaires. Sans résultat pour le moment.

    Après cette brève escale, le navire a donc repris la route en direction de l'Uruguay avec des milliers de vaches toujours à son bord. "Pour le retour au pays, elles risquent d’affronter dans l’océan Atlantique nord des tempêtes redoutables", prévient l'ONG Robin des bois. De quoi inquiéter de nombreuses associations de défense des animaux.

    "Ces blocages justifiés par des raisons sanitaires, voire politiques, mettent leur vie en péril et témoignent du peu de considération portée à ces animaux destinés à être abattus et consommés", a réagi Lorène Jacquet, responsable des campagnes et du plaidoyer à la Fondation 30 Millions d'Amis(Nouvelle fenêtre). Elle demande la fin "des transports de longue durée, a fortiori lorsqu'ils sont réalisés sur des navires inadaptés et hors d'âge !"