Economie ou pillage ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 30/03/2019
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Le terme "économie" est vraiment contradictoire. Quand j'étais enfant, mes parents m'ont appris à faire des "économies", c'est à dire à ne pas piller ma tirelire impunément sur un coup de folie et me retrouver démuni.
L'économie, telle qu'elle est considérée dans cet article, parle d'un système qui conduit à un véritable pillage. Il arrivera un jour où les suivants n'auront plus rien. Et tout le problème est là : ces individus ne sont que les "suivants" et ils n'ont pas d'importance réelle aux yeux des économistes et des financiers. Pas assez en tout cas pour que des décisions radicales soient prises...De la même façon, en dehors de la sphère financière, combien sommes-nous à avoir changé autant que possible notre façon de vivre ? Est-il moralement possible de continuer à ignorer tout cela ? Que les "suivants" ne soient pas encore là nous laissera-t-il encore longtemps indifférents à ce qu'ils sont en droit de trouver en arrivant ?
Selon un rapport de l’ONU, le développement rapide de l’extraction de matériaux est le principal responsable des changements climatiques et de la pression sur la biodiversité. L’utilisation des ressources naturelles a plus que triplé depuis 1970. La situation va s’aggraver si le monde n’engage pas une réforme systémique de grande ampleur.
« Perspectives des ressources mondiales 2019 », un rapport élaboré par le Groupe international d’experts sur les ressources, passe en revue les tendances de l’utilisation des ressources naturelles et les modes de consommation correspondants depuis les années 1970 afin d’aider les décideurs à prendre des décisions stratégiques et à opter pour une transition vers une économie durable.
Au cours des cinq dernières décennies, la population a été multipliée par deux et le produit intérieur mondial a été multiplié par quatre. Le rapport constate que, pendant la même période, l’extraction mondiale annuelle de matériaux est passée de 27 milliards de tonnes à 92 milliards de tonnes en 2017. Selon les tendances actuelles, ce chiffre sera encore amené à doubler d’ici 2060.
Selon le rapport, « l’extraction et le traitement des matériaux, des combustibles et des aliments représentent environ la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre et sont responsables de plus de 90 % du stress hydrique et des impacts sur la biodiversité ». En 2010, les changements dans l’utilisation des sols avaient entraîné une perte d’espèces globales d’environ 11 %.
« Il n’y aura pas de lendemain pour beaucoup d’entre nous si l’on ne met pas fin à ces pratiques »
« L’avenir des ressources mondiales montre que nous exploitons les ressources limitées de cette planète comme s’il n’y avait pas de lendemain, entraînant dans le même temps des changements climatiques et une perte de biodiversité », a déclaré Joyce Msuya, directrice générale par intérim d’ONU Environnement. « Je le dis franchement, il n’y aura pas de lendemain pour beaucoup d’entre nous à moins de mettre fin à ces pratiques. »
Depuis 2000, la croissance des taux d’extraction s’est accélérée pour atteindre 3,2 % par an, principalement en raison d’investissements importants dans les infrastructures et de niveaux de vie plus élevés dans les pays en développement et en transition, notamment en Asie.
Plus spécifiquement, l’utilisation de minerais métalliques a augmenté de 2,7 % par an et les effets connexes sur la santé humaine et les changements climatiques ont été multipliés par deux entre 2000 et 2015. L’utilisation de combustibles fossiles est passée de 6 milliards de tonnes en 1970 à 15 milliards en 2017. La quantité de la biomasse est passée de 9 milliards de tonnes à 24 milliards, principalement pour l’alimentation humaine et animale et l’énergie.
- Evolution 1970-2015 du commerce mondial des produits de la biomasse, des combustibles fossiles, des métaux, et des minéraux.
En ayant recours à des données tirées de tendances historiques, le rapport prévoit d’atteindre l’horizon 2060. L’utilisation des ressources naturelles devrait augmenter de 110 % d’ici 2015-2060, ce qui entraînerait une réduction de plus de 10 % des forêts et d’autres habitats tels que les prairies à hauteur d’environ 20 %. Les conséquences sur les changements climatiques sont graves, car les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 43 %.
« Avec des politiques efficaces, l’utilisation mondiale des ressources pourrait ralentir de 25 % »
Le rapport indique que si la croissance économique et la consommation se maintiennent aux taux actuels, des efforts beaucoup plus importants seront nécessaires pour garantir qu’une croissance économique positive ne provoque pas d’impact négatif sur l’environnement.
Le rapport démontre que l’utilisation efficace des ressources est essentielle, mais pas suffisante en soi. « Nous avons besoin de passer de flux linéaires à circulaires en combinant des cycles de vie prolongés et une conception de produits intelligente, ainsi que la réutilisation, le recyclage et la re-fabrication », indique le rapport.
Si les mesures recommandées sont appliquées, la croissance économique pourrait accélérer, dépassant les coûts économiques initiaux du passage à des modèles économiques compatibles avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C au cours de ce siècle.
« La modélisation entreprise par le Groupe international d’experts sur les ressources montre qu’avec des politiques efficaces en matière d’utilisation rationnelle des ressources et de consommation et de production durables, l’utilisation mondiale des ressources pourrait ralentir de 25 %, le produit national mondial pourrait progresser de 8 %, en particulier pour les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, et les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 90 % par rapport aux prévisions concernant la poursuite des tendances historiques à l’horizon 2060 », ont écrit les coprésidents du Groupe d’experts, Isabella Teixeira et Janez Potocnik, dans la préface commune du rapport .
Compléments d’information :
. le résumé en français du rapport :
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