Alpinisme et ski de pentes raides.
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/03/2020
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Il est clair que lorsque nous avons commencé à emmener nos trois enfants en montagne, (Léo avait 3 ans et demi au sommet de la dent d'Arclusaz, baudrier, casque et corde), on pouvait imaginer que les Hauts Lieux les marqueraient et qu'ils prendraient une grande importance dans leurs vies respectives. On pouvait aussi imaginer le contraire.
C'était leurs vies et il était juste de notre ressort d'en proposer des voies, des chemins, des passions possibles.
Léo et Rémi ont atteint un niveau de ski qui dépasse allègrement tout ce que nous pouvions imaginer. Rémi a été obligé de réduire la voilure pour ses obligations professionnelles, loin des hautes montagnes. Léo, de son côté, voit la chaîne de Belledonne depuis son appartement...Et il ouvre les voies de descente les plus improbables avec ses divers compagnons de cordée. Alpinisme hivernal et ski de pentes raides.
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13 mars 2020 à 09:36
, par Lionel Tassan
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Ouvertures en série pour le PPP's Crou
Le PPP's Crou. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Et pourtant, ce groupe ouvert de skieurs et son fer de lance, Léo Ledru, s'imposent aujourd'hui comme une référence dans le ski dit extrême et la recherche des derniers problèmes des Alpes à descendre. Dernières ouvertures en date : le Rocher Badon, en Belledonne, et l'Aiguille mériodionale d'Arves.
À l’origine de l'activité et pendant plusieurs années, les skieurs de pente raide étaient souvent solitaires : on se rappellera de Heini Holzer, Danier Chauchefoin, Jean-Marc Boivin, Rémy Lécluse, Pierre Tardivel… pour ne citer que ceux-là. Ou par paires complices tels Anselme Baud et Patrick Vallençant.
Plus récemment, s'il existe toujours des adeptes de la solitude dans le raide tel Hervé Degonon dans les Écrins, on retrouve plus souvent des bandes de copains comme l'équipe formée autour de Davide Capozzi, les amis de Vivian Bruchez et tant d'autres. Léo Ledru, actuellement en thèse d'écologie à Chambéry, a su fédérer, à l'origine avec son frère Rémi, un groupe de copains qui écument les pentes dans la bonne humeur et le plaisir. Depuis quelques saisons, leur activité ne fait que croître et en 2018, ils avaient attiré l'attention par l'une des rares répétitions de la face est de l'aiguille Blanche de Peuterey (5.4/E4, 1 000 m), très rarement reprise depuis la première par l'Italien Stefano De Benedetti.
L'hiver dernier, les réseaux sociaux ont littéralement croulé sous les descentes raides de l'équipe ; sur Belledonne, leurs yeux avertis n'ont pas mis beaucoup de temps à repérer des lignes que nous avions déjà identifiées (mais sans avoir pu les parcourir) avec d'autres skieurs de pentes grenoblois comme Volodia Shahshahani ou Jacques Cayuela. Parmi les acteurs de ces descentes engagées, on retrouve Paul Chocquet qui travaille dans le BTP, Sébastien Ibanez, guide de haute montagne, Benoît Philippat, ostéopathe, Maxime Gotteland qui travaille dans les télécoms, notamment pour les stations de sports d'hiver ou encore Lucas Boissy, en fin d'études de STAPS.
Les premières présumées du PPP (2019 - 2020)Rocher Badon, couloir et arête ouest5.3/E4, 9 mars 2020, Paul Chocquet & Maxime Gotteland 450 m de face, avec 300 m de couloir (5.2), une écharpe de connexion (main gauche à la montée) vers l'arête, puis 150 m d'arête (5.3) avec 15 m de désescalade, deux rappels de 15 m skis aux pieds, deux belles pentes suspendues séparées entre elles par un petit saut, et du dry ski. Potentiellement skiable intégralement avec un remplissage plus généreux.
Aiguille méridionale d'Arves, face est - « Gare à la purge ! »5.4/E4, 15 février 2020, Antoine Chipier & Léo Ledru 500 m de face, que du ski, avec 3 petits crux : 5 m d’escalier sur rochers affleurants, un petit saut d’un mètre avec une prise d’élan technique à cause des rochers, et une traversée avec franchissement d’un bombé bénéficiant de deux très bons bacs bien placés.
Aiguille mériodionale d'Arves, directe est/nord-est5.4/E4, 29 décembre 2019, Paul Chocquet, Maxime Gotteland & Léo Ledru Chaussage sur l'arête, 15 m de dry ski en haut dans un goulet étroit assuré par la corde sur un becquet, puis du très bon ski très exposé. Rappel sur le relais bien équipé (2 pitons et 1 câblé), mixte sur le haut, un peu de dry avant de sortir.
Pointe Charbonnel, voie du sérac5.2/E4, 1er mai 2019, Lucas Boissy, Paul Chocquet, Maxime Gotteland, Léo Ledru, Benoît Philippat Un rappel de 30 m puis freeride le long du sérac avant une grande traversée (un passage en dry-ski) qui se termine par un déchaussage pour une petite remontée de 10 m. Itinéraire très exposé mais jamais très raide.
Grand Pic de Belledonne, intégrale nord-est5.4/E4, 400 m, 13 avril 2019, Paul Chocquet, Maxime Gotteland, Léo Ledru, Kévin Matic Du sommet, la voie suit l'itinéraire d'été depuis le col de la Balmette avec trois courts rappels au niveau des sections câblés. Deux autres rappels ont été nécessaires pour franchir la ceinture de barres inférieure. Selon Léo, on doit pouvoir diminuer la hauteur des rappels avec un meilleur enneigement.
Pointe de la Vuzelle, face nord5.4/E4, 500 m, 23 février 2019, Paul Chocquet & Léo Ledru Plusieurs rampes permettent de franchir les barres. Deux passages de « dry-ski » pour rejoindre le goulet central. Des gobelets posés à même le rocher dans les 50 derniers mètres ont empêché une sortie au sommet qui reste à faire.
Bec d'Arguille, face nord5.3/E4, 350 m, 13 février 2019, Paul Chocquet, Léo Ledru, Benoît Philippat Accès à vue par la combe Madame. Toute la partie haute est très exposée au-dessus de barres. La rampe de jonction entre les deux couloirs reste un crux sérieux.
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Tags : PPP'S CROU, ARVES, BELLEDONNE, PENTE RAIDE
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