Coronavirus : collaborateur du professeur Raoult.

L'avis d'un chercheur de l'IHU. 

On sent qu'il en a gros, comme dirait Perceval et Karadoc ^^

Plus sérieusement, pour commenter ce qu'il se passe devant l'IHU, c'est juste la résultante d'un fiasco gouvernemental dans la gestion de cette crise. Il y a clairement, une fois de plus, une perte de confiance dramatique envers les dirigeants...Je pense que la sortie de crise sanitaire sera suivie d'une crise politique d'envergure...Des têtes vont tomber...

A Marseille devant l'IHU du Pr Raoult : «On attend que ça passe et au pire, on meurt ?»

 

Par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille — 

Devant l'IHU de Marseille dirigé par Didier Raoult, les gens font la queue pour se faire depister du COVID 19.
Devant l'IHU de Marseille dirigé par Didier Raoult, les gens font la queue pour se faire depister du COVID 19. Photo Olivier Monge pour Libération

Lundi, il y avait foule devant l’Institut hospitalo-universitaire pour se faire dépister. Ici, les tests sont pratiqués sur toutes les personnes fébriles et les patients ont l'espoir d'être traités à la chloroquine.

  •  

     A Marseille devant l'IHU du Pr Raoult : «On attend que ça passe et au pire, on meurt ?»

La file d’attente fait des courbes jusqu’à l’entrée de l’hôpital de la Timone, à Marseille. Lundi, en fin de matinée, ils étaient déjà plusieurs centaines à s’être spontanément présentés à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection pour faire le test de dépistage du Sars-CoV-2. Les quelques policiers qui patrouillent n’ont pas grand-chose à faire : chacun tient sa distance de sécurité, l’attente est calme, presque silencieuse, avec le téléphone portable pour seule compagnie. Sylvie, 61 ans, et Mike, 59 ans, sont arrivés à 7 heures du matin. Trois heures plus tard, le couple est sur le point d’entrer. «Ça fait plusieurs jours que j’ai des symptômes, souffle la sexagénaire derrière son masque. Hier, j’ai vu un reportage à la télé qui m’a fait peur. Alors quand j’ai lu sur Internet que l’IHU testait tout le monde…»

A LIRE AUSSI Chloroquine : l’infectiologue Didier Raoult en roue libre ?

Colère

Comme beaucoup ce matin, le couple est tombé sur le communiqué publié dimanche par l’équipe du professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU, assurant que des tests seraient pratiqués sur place «pour tous les malades fébriles». Dounia, 31 ans, ne ressent pas grand-chose, «juste un peu d’essoufflement quand je monte les escaliers», a-t-elle remarqué. Mais il y a deux jours, son mari, qui s’était présenté spontanément à l’IHU, a été testé positif au coronavirus. Depuis, il est traité à la chloroquine chez lui. «Mais moi, qui dors avec lui, on ne m’a rien dit, regrette Dounia. Alors, j’ai préféré venir. Je travaille dans un foyer de jeunes, si je suis positive, je ne veux pas transmettre le virus.»

A LIRE AUSSICoronavirus : à la recherche de l’antidote ad hoc

Emmanuel, lui, n’était pas sorti de chez lui depuis une semaine, suivant la consigne des autorités, attendant sagement que ses «signes grippaux» passent d’eux-mêmes. C’est une copine infirmière qui lui a conseillé d’aller se faire dépister. Depuis deux heures qu’il attend, ce thérapeute de 47 ans trompe le stress en feuilletant un livre sur «une technique d’éveil spirituel». Mais rien ne calme sa colère : «Je trouve ça scandaleux que l’on se retrouve dans un merdier pareil à cause de ce gouvernement, s’énerve-t-il, planquant sa bouche derrière son écharpe. Rien n’a été préparé et maintenant, on nous demande de payer la note… Alors si je suis testé positif, bien sûr que je prendrai le traitement à la chloroquine de Raoult !» Le nom du directeur de l’IHU fuse régulièrement dans les conversations. «C’est lui qui a raison, plaide un quinqua masqué. C’est quoi le plan B, on attend chez nous que ça passe et au pire, on meurt ? Autant savoir si on est porteur, pour se soigner et aussi pour éviter de contaminer les autre

Devant l'IHU de Marseille dirigé par Didier Raoult, les gens font la queue pour se faire depister du COVID 19Devant l’IHU de Marseille. Photo Olivier Monge. Myop pour Libération

Plébiscite

Assise sur les marches à l’entrée de l’IHU, une femme s’énerve contre les journalistes. «C’est à cause de vous qu’au début, Raoult est passé pour un fou, c’est une honte !» hurle-t-elle, provoquant les applaudissements. «Soutien au PrRaoult, au personnel soignant et aux ambulanciers» : le plébiscite s’affiche même version banderole, accrochée le matin même par des ambulanciers venus en cortège. «On a de la chance de l’avoir ici, insiste Sylvie. Vous vous rendez compte, ce qui se passe dans l’est de la France ?» L’infirmière de 43 ans fait la queue comme les autres, assise sur une chaise de camping qui traînait dans son coffre de voiture. «Je travaille ce soir à l’hôpital, mais comme j’ai 38 °C de fièvre, je veux vérifier avant d’y aller, explique-t-elle. Je pensais qu’ils feraient une file spéciale pour les soignants, mais non…»

Soignants ou pas, malades ou inquiets, tout le monde suit en effet le même parcours. Il est 11 h 30, Dounia sort à peine : «A l’accueil, on a d’abord pris les infos de base avant de me donner un masque et de prendre ma température. Après, on est répartis en deux files : ceux qui ont des symptômes et ceux qui n’en ont pas.» Les malades sont reçus par un médecin. Les autres, comme Dounia, font leur test eux-mêmes, guidés par un infirmier. «J’aurai les résultats dans 48 à 72 heures… Si c’est positif, c’est eux qui m’appellent sous 24 heures.»

A LIRE AUSSICrise sanitaire : dans la tempête, les cinq moments où l’exécutif a viré de bord

Devant la sortie, un groupe de jeunes gens débriefent après leur passage : tous travaillent dans une plateforme d’Amazon, près d’Aix-en-Provence. «Une fille a été testée positive chez nous, raconte Loïc, 35 ans. Hier, on a fait une réunion sur le parking pour avoir des réponses de la boîte, qui ne fait rien… Et puis dans la nuit, une autre femme est partie à l’hôpital. On s’est tous mis en arrêt de travail et on est venus ce matin faire le test.»

Loïc veut vite rentrer chez lui maintenant, pour attendre les résultats. «Quand j’étais dedans, je leur ai dit que j’avais acheté deux grandes casseroles. Tous les soirs, je vais me casser les bras pour les applaudir !» Il est 13 h 30. Derrière lui, en quelques heures, la file s’est encore allongée.

Devant l'IHU de Marseille dirigé par Didier Raoult, les gens font la queue pour se faire depister du COVID 19Devant l’IHU de Marseille. Photo Olivier Monge. Myop pour Libération

 

blog

Ajouter un commentaire