La suppression de l'Indemnité de Départ Volontaire pour projet personnel et création d'entreprise va accroître le nombre de congés maladies
La suppression de l'Indemnité de Départ Volontaire pour projet personnel et création d'entreprise, qui fut l'une des innovations majeures du Gouvernement FILLON pour diminuer les dépenses de l'Etat sur le long terme et pour encourager le développement de parcours de mobilité différenciés est une erreur majeure.
En effet, quel intérêt d'empêcher les agents qui se sont investis de 10 à 25 ans d'ancienneté dans le service public de bénéficier d'une possibilité de reconversion financée, alors que les résigner à rester fonctionnaires les conduira vers les congés de longue maladie et de longue durée qui in fine coûteront bien plus cher à l'Etat ?
Combien d'agents renonceront à créer leur entreprise, qui aurait pu être l'un des leviers de la baisse du chômage dans notre pays ? Car c'est par l'innovation et l'esprit d'entreprendre que notre pays peut s'en sortir, et doit, s'en sortir. Or, avec ce décret n°2014-507 du 19 mai 2014, une régression colossale a été mise en oeuvre.
Quelles formes de reconversion propose l'Education nationale aux enseignants ? Quel ballon d'espoir pour sortir de l'enseignement et s'épanouir ailleurs ? En dehors de concevoir des dictionnaires imposants de profils de compétence très détaillées, peu de postes proposés, moins de 150 reclassements par an proposés à ceux qui n'en peuvent plus, de moins en moins de possibilités en PACD et PALD, et c'est une entreprise de démotivation d'ampleur, de désillusion, que va générer ce décret, dont nous espérons ne jamais voir paraître les circulaires d'application.
Nous en venons à nous demander si les effets potentiels de la suppression de l'IDV ont été bien mesurés. Alors que plusieurs études montrent bien que près de 40% des enseignants aimeraient faire autre chose en cours de carrière - de plus en plus longue et pénible - force est de constater qu'il manque une anticipation, une stratégie, et que les moyens pour satisfaire les attentes et les besoins se réduisent considérablement.
Avec ce décret, c'est la fin de la majorité des secondes carrières en mobilité externe. Si l'élève est réellement le centre des préoccupations, vaut-il mieux un enseignant démotivé, aigri, devant ses élèves, ou un chef d'entreprise heureux de développer sa nouvelle activité, peut-être porteuse de nouveaux emplois ?
C'est le monde à l'envers. Toutes les meilleures idées de ces dernières années jetées aux orties.
Aide aux Profs écrira début juin 2014 son mécontentement au Président François HOLLANDE en lui détaillant les conséquences prévisibles de l'application de ce décret. Les milliers d'enseignants qui nous contactent en effet chaque année par dépit d'un métier dont ils ne supportent les conditions de travail (dans les établissements difficiles, dans les zones de remplacements, qui concernent de plus en plus de jeunes enseignants, il y a de quoi s'alarmer) finiront par se détourner, à leur tour, de ceux qui leur ont fait tant de promesses.
- Il eût été moins coûteux de conserver l'IDV et de l'appliquer dans l'esprit du texte d'origine, que de vouloir recruter 60 000 enseignants pour 43 ans d'activité.
- Il eût été moins coûteux de recruter des enseignants par contrat de différentes durées, ce qui aurait permis de diminuer le chômage des cadres, puisque l'on exige Bac+5 désormais.
- Il eût été moins coûteux de former ces cadres dans les ESPE, afin de faciliter un turn over dans un univers clos où la majorité des agents sont fonctionnaires.
Pourtant, une plus grande flexibilité permettrait de ne plus considérer ce métier comme "à vie", 43 ans devenant une perspective douloureusement accessible pour bon nombre de professeurs des écoles et de collège, qui partiront bien avant l'heure, amputant leur retraite des 5 meilleures années, se condamnant à des retraites précaires. C'est dans 10 à 15 ans que le problème se présentera. Il sera alors trop tard pour s'en alarmer.
Association Aide aux Profs,
Mouvement associatif de seconde carriere des enseignants