La Porte

389780-2486605694687-1539008410-2552930-1412825694-n-3.jpgIl n'y a pas de Porte parce que nous sommes déjà à l'intérieur.

Il n'y a rien à chercher parce que tout est déjà là.

Il convient par contre d'explorer ce que la Vie propose et de cartographier l'espace.

Je n'aime pas cette idée incluse dans l'image que toute cette "recherche" passe par des "Centres" de formation ou que l'attitude bouddhiste, Zen et autres philosophies orientales est LA voie à emprunter.

Il n'y a pas de voie unique mais une multitude infinie de voies personnelles.

Dès lors que nous pensons devoir adhérer à une Voie rapportée, nous ne sommes plus à l'intérieur de notre espace mais en dehors.

J'ai lu des textes bouddhistes, j'ai lu Krishnamurti, Aurobindo, Prajnanpad, Vivekananda, Jung, Maslow, Kübler Ross, Tolle, Jean Klein, et beaucoup d'autres. Je ne suis pas pour autant devenu Krishnamurti, Aurobindo ou n'importe lequel d'entre eux. Je ne suis pas non plus bouddhiste. Aucun de ces espaces n'est le mien. 

J'ai tenté de comprendre ces espaces par rapport à mes conditions de vie et de m'en servir. Il n'était pas question de répudier ce que je suis pour tenter de devenir quelqu'un d'autre. Il n' y a pas en moi un individu spirituel et un individu matérialiste, un individu éveillé et un individu borné. Il n'y a que moi et cet espace gigantesque que je me dois de cartographier. Personne d'autre ne peut le faire. Ca ne serait sinon que son interprétation de mon espace et non le mien.

Il n'y a pas de Porte à pousser. Ni une bonne âme pour me dire ce qu'il y a à l'intérieur.

Il y a dans les démarches spirituelles rapportées un risque de culpabilisation de l'individu qui se doit d'être honteux de ne pas avoir encore trouvé la porte alors que le sage bouddhiste baigne dans la félicité. La félicité de qui ? De celle de son Maître à penser ? Quel intérêt ? On est dans le même fonctionnement d'assistanat que celui prôné par les sociétés matérialistes.

 

J'ai longtemps erré à l'intérieur de moi. Il reste encore des Terra Incognita. Je n'en viendrai peut-être jamais à bout tant cette exploration est redoutable. Mais je préfère errer que d'être guidé et pris en charge. 

Qui serais-je si je n'avais plus aucune estime de moi ? Un fidèle récitant des mantras dans un ashram ? Ou lisant l'Evangile ?

Bien sûr que toutes mes lectures m'ont transformé, bien sûr que tous ces individus ont laissé en moi des empreintes, bien sûr qu'ils m'ont considérablement aidé mais aucun d'entre eux ne m'a "sorti" de moi. C'est impossible. Il n'y a jamais eu de Porte à pousser. Ni dans un sens, ni dans l'autre. Je suis toujours à l'intérieur parce qu'il est impossible qu'il en soit autrement. Je sais que j'ai des moments de faiblesse et je ne les renie pas. Je ne me considère pas comme un être mauvais parce que je ne parviens pas constamment à maintenir l'observation de cet espace intérieur. Je ne veux pas de la robe du Sage. C'est la sienne, c'est son costume. Je connais mes oripeaux et je m'y sens bien. Ce sont les miens. 

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Commentaires

  • Thierry
    • 1. Thierry Le 02/12/2011
    Krishnamurti reste la seule personne que "j'écoute" tout en ne perdant pas de vue qu'il considérait lui-même que personne ne pouvait proposer la moindre voie à quiconque. Juste cette idée que tout est en Soi.
  • Isa Lise
    • 2. Isa Lise Le 02/12/2011
    J'aime beaucoup ce billet et plus particulièrement ces mots : "Dès lors que nous pensons devoir adhérer à une Voie rapportée, nous ne sommes plus à l'intérieur de notre espace mais en dehors."
    Tous ces livres peuvent nous accompagner sur notre propre chemin, mais aucune personne ne pourra jamais nous guider réellement à l'intérieur de nous, prétendre savoir comment nous devons avancer. Et la paix intérieure, la réconciliation avec soi interviendra seulement avec notre propre plan ou non-plan d'ailleurs...
  • Thierry
    • 3. Thierry Le 28/11/2011
    Hello Françoise.
    Absolument pas confus, non, non. Et tout à fait dans la ligne de ce que j'exprimais. Merci à toi.
  • Lajotte
    • 4. Lajotte Le 28/11/2011
    Bonjour!
    Je comprends, je suis du même avis que toi et je ne le dirais pas mieux que toi.
    Moi aussi j'ai lu, cela m'a toujours apporté finalement le retour à mon intérieur sans renier non plus que ces lectures m'ont éclairée souvent pour mieux percevoir cet "intérieur".
    J'ai essayé quelques trucs (très peu),jamais à l'aise avec les techniques, jusqu'à ce bref séjour en ashram qui m'a bien montré à quel point c'était totalement négatif pour moi et qui me sortait de moi, me faisait me quitter, comme un acteur se quitte pour devenir un personnage de composition. Si je compare l'exitence à un film, le réalisateur (la vie) m'a confié un rôle, si dans ce rôle, je me mets à jouer un autre rôle en sortant de celui qui est mien... Je vais rater le coche et le film sera à refaire! Et quand je parle de rôle dans cette existance, je ne pense pas à celui qui est social, familiale etc...celui qui est visible mais à comment je le vis, en quelle conscience. Ce qui est important n'est pas ce que l'on fait mais comment on le fait et si ce "comment" est "je me remets entièrement entre les mains de telle méthode, de tel guru" alors je m'abandonne, j'abandonne de faire face à moi-même, face au rôle qui m'a été donné, en quelque sorte, je nie ce que la vie (le réalisateur) m'a offert en toute confiance et en toute défiance peut-être aussi. J'ai un peu de mal à dire comment je comprends ceci. Je fais juste ce constat, le jour où j'ai enfin totalement accepté (suite à l'ashram) d'être seule face à ce qui m'était échu, ce fut un grand soulagement et une grande joie, curieux n'est-ce pas? Peut-être pas tant que cela... car n'est-ce pas là où le mot liberté, ce si grand mot à l'interprétation délicate, prend son sens réel? Libre d'explorer seul, de, comme tu le dis, cartographier seul, de comprendre seul et donc, certainement, de demeurer plus vigilent surtout quant à toutes nos propres dérives face au monde où nous sommes nés.Comme tu le dis toi aussi, de même, je me laisse avoir emporter... Il faut du temps pour adopter son rôle... J'ai fini aussi de m'en culpabiliser, la demande de la vie est simple j'en suis certaine mais les moyens de la comprendre sont difficiles, comme un sinéaste qui ne dirigerait pas ses acteurs mais attendrait le meilleur d'eux-mêmes: "A vous de chercher!" Et on réalise alors que c'est seulement nous qui trouverons le bon ton de la réplique, le geste qui ateste le mot... Je crains d'avoir été un peu confuse dans mes propos.
    En bref, je ne voulais rien dire d'autre que ce que tu as dit! :)
    Françoise.

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