KUNDALINI : Danser nu et l'écrire.

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KUNDALINI

Je ne sais pas si ce roman plaira mais ce qui me réjouit, c'est qu'enfin, je pense posséder ma propre écriture. Elle évoluera sans doute encore mais pour la première fois depuis que j'écris, (j'avais seize ans), je suis heureux des mots qui viennent en moi et que j'assemble. Non pas que je pense mon écriture aboutie mais elle me comble. Non pas qu'inévitablement, elle plaira aux éditeurs ou aux lecteurs, mais, moi, dans le strict domaine de la création, elle répond à l'objectif que je me suis fixé, au fil du temps.

 

J'ai toujours rêvé d'une écriture qui ne s'adresserait pas qu'à l'intellect et je me souviens d'une lectrice de "Noirceur des cimes" qui me disait avoir attrapé froid en le lisant. J'en avais été très touché.

Ne serait-ce pas l'assurance d'une écriture totale ? 

Atteindre les corps et les âmes et que le mental qui permet de lire ne soit plus qu'un système informatique incapable d'interférer sur la qualité de réception du texte.

Je me souviens avoir véritablement souffert, physiquement, en lisant le récit du drame de la Face nord de l'Eiger. La mort de Toni Kurz...Suspendu à sa corde, épuisé, les mains gelées, à quelques mètres des sauveteurs qui ne parviendront jamais à l'atteindre.

J'avais eu mal au ventre...Un noeud brûlant.

J'avais seize ans.

J'ai peut-être passé trente-huit ans de ma vie à chercher cette capacité à diffuser l'émotion au-delà de l'intellect. 

"Vertiges, "Noirceur des cimes", Là-Haut", "À coeur ouvert", "Jusqu'au bout", "Les héros sont tous morts", "Les Éveillés", "Jarwal le lutin"...

"Kundalini"...

Tous mes écrits oeuvraient à la même quête. 

Toucher les corps et les âmes. 

Alors, je ne sais pas ce que ça donnera chez des lecteurs et lectrices mais, pour ma part, je pense avoir atteint ce que j'envisageais.

Et j'en suis très heureux. 

Étrange aussi la puissance de cette intention, la détermination constante de parvenir à exprimer l'indicible.

Puisque les deux protagonistes vivent une expérience de danse nue sous le ciel étoilé, j'ai voulu apprendre à laisser mon corps suivre les musiques que j'aime. J'ai dansé nu dehors. Les yeux ouverts à l'intérieur et les paupières closes. J'ai parcouru les fibres sur le tempo du sang, sans jamais me sentir ridicule alors qu'inévitablement, ma chorégraphie devait relever davantage du balourd empoté que de la grâce d'une libellule. Je m'en suis moqué, j'ai ri et j'ai demandé au monde de m'aider. Je n'ai pensé qu'à l'air autour de moi, qu'au silence des lieux comme un spectateur respectueux. 

J'ai dansé sous la lune des arabesques intuitives et les mots maintenant dansent en moi.

Je ne cherche pas à les contenir ou à leur imposer un ordre. Je ne veux pas d'un intellect réducteur. 

Je veux écrire avec mon corps et que ma tête le suive.

 

 

"Des sources qui s’étendaient en elle, elle devinait des vents légers dans les ramures et ses bras flottaient librement sur la houle, des flocons de pollens voltigeaient dans ses fibres, la sève de ses veines nourrissaient des bourgeons, la bouche ouverte elle buvait les nuages, des pluies salvatrices nourrissant les terres d’été, offerte, ouverte, épanouie, exclamée, elle dansait comme une flamme, zébrant l’air de ses offrandes.

La vie en elle, comme une invitation à jouir, par-delà les formes, par-delà l’identité, sans autre intention que l’éveil de la conscience, les sens à vif, la peau comme un réceptacle, des entonnoirs à ivresse, des puits sans fond, elle ouvrait les écluses et plongeait dans le flot.

De nouvelles mélodies qui se répétaient et l’entraînaient vers des altitudes inexplorées, des espaces accueillants, l’air autour d’elle comme une étreinte câline, un enveloppement dans un linge tiède."

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