Victor Hugo

Hugo se souvient de ses enchantements et de ses terreurs alpestres de ses jeunes années entre 1825 et 1839.....

 


 

"Les monts sont vieux; cent fois et cent fois séculaires,

Muets, drapés de nuit sous leurs manteaux polaires,

Leur âge montrueux épouvante l'esprit;

Sur leur front ténébreux tout un monde est écrit;

L'âpre neige des jours a neigé sur leur tête;

Le temps est un morceau de leur masse, leur faîte,

De loin morne profil qui s'efface de près,

Livre au vent une barbe épaisse de forêts;

Ils ont vu tous les deuils, toutes les défaillances

Toutes les morts passer autour de leurs silences;

Ils ont vu s'écrouler des astres dans le puits

De l'horreur infinie et sourde; ils ont depuis

Bien des millions d'ans la lassitude d'être;

Eh bien, sur leurs noirs flancs décrépits, le vent traître,

L'orage furieux, l'éclair fauve, ce ver

Qui serpente dans l'ombre immense de l'hiver,

L'ouragan qui, farouche, aux grands sommets essuie

Sa chevelure d'air, de tempête et de pluie,

L'aquilon qui revient quand on croit qu'il s'enfuit,

La grêle, et l'avalanche, et la trombe, et le bruit,

Toutes les visions des affreuses nuées,

La tourmente et ses chocs, la bise et ses huées,

S'acharnent, et ne font, sous leurs dais de brouillards,

Pas même remuer ces effrayants vieillards.""

Victor Hugo 

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