Reporter de guerre

J'étais au lycée quand j'ai lu  "La 317 ème section" de Pierre Schoendoerffer.

Un choc immense.

Puis j'ai vu le documentaire : "La section Anderson". Un documentaire tourné en 1967. Et qui devrait être montré dans les salles de classe.

Ont suivi les lectures de ses autres romans : Le crabe tambour / L'adieu au roi / Là-Haut, un roi au-dessus des nuages...

Et puis ses films avec Jacques Perrin, Jean Rochefort, Jacques Balutin, Claude Rich. "Le crabe tambour / Là-Haut / Dien Bien Phu...

Au lycée puis pendant des années, j'ai lu tout ce que je trouvais sur les récits de guerre. Des dizaines de livres : documentaires et romans. Guerre de 14-18, seconde guerre mondiale, Indochine, Vietnam.

Les cours d'Histoire à l'école m'intéressaient un peu. Mais il n'y avait jamais la puissance de vie des récits de guerre. J'en voulais aux professeurs, aux programmes, à l'éducation nationale. Il y avait pour moi un manque de respect. On ne devait pas réduire les guerres à des dates, à des noms, à des situations. La politique et les hauts gradés, les financiers et les idéologies, les stratégies, les défaites et les victoires, tout ça ne pouvait représenter la réalité, l'entière réalité.

Alors, je me suis intéressé aux reporters de guerre. A ceux et celles qui racontent ce qu'ils ont vécu. Au plus près. 

Des hommes et des femmes, souvent inconnues du grand public.

Pierre Chauvel, Camille Courcy, Tony Comiti,  par exemple.

 

https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Reporter-guerre-metier-haute-tension-2018-10-20-1200977340

Reporter de guerre, un métier sous haute tension

L’exposition « Raconter la guerre », à l’hôtel du Doyen à Bayeux, traverse deux siècles de reportages, via les mutations technologiques et l’évolution des conditions de travail des correspondants.

  • Jean-Claude Raspiengeas (envoyé spécial à Bayeux), 

Lecture en 2 min.

Reporter de guerre, un métier sous haute tension
Le correspondant de guerre Alan Wood en train de taper une dépêche dans un bois aux Pays-Bas en 1944.SERGENT D. SMITH/CROWN COPYRIGHT
    

« La première victime de la guerre, c’est la vérité. » Ce constat, énoncé en 1917, résume l’un des défis que doivent relever les reporters de guerre en forte période de propagande. Et leur vision au milieu du chaos et de la confusion demeure toujours parcellaire, rappelle Adrien Jaulmes.

iPourquoi lire La Croix ?

La Croix vous explique, avec lumière et clarté, le monde qui vous entoure, afin que vous puissiez bâtir votre opinion.

+

Grand reporter au Figaro, il est le commissaire d’une exposition ambitieuse, conçue pour les 25 ans du prix Bayeux-Calvados-Normandie, riche de documents d’archives, de photos, de films et de matériels, sur l’évolution de leurs conditions de travail.

Roger Fenton, un précurseur

Reporter de guerre, un métier sous haute tension

Churchill pendant la guerre des Boers. / NAM

Raconter la guerre fut longtemps l’apanage des militaires, jusqu’au milieu du XIXe siècle, quand débarquent ceux qui font profession de rapporter l’information. Au nom d’un impératif : aller voir, décrire, transmettre. Mais le mélange des genres tarde à se dissiper. Winston Churchill, officier et correspondant de guerre, joue sur les deux tableaux pendant la guerre des Boers.

Parmi les précurseurs, Roger Fenton, couvrant la guerre de Crimée, se heurte aux états-majors. Il circule avec un chariot, labo photo ambulant, dans des conditions dantesques. On lui tire dessus. Il inaugure une longue tradition de tracas : l’hostilité des autorités militaires qui accusent les journalistes de nuire au moral des troupes et de renseigner l’ennemi. La censure, Anastasie et ses grands ciseaux, tranche les articles et impose la vérité officielle.

C’est pendant la Guerre de Sécession (1861-1865) que sont publiées les premières photos des morts de son propre camp. Les grands journaux, comme L’Illustration, se saisissent de ces documents qui frappent l’opinion et envoient leurs reporters des deux côtés. Très vite, les grandes plumes et les écrivains rappliquent. La mythologie des grands hôtels, refuge et QG des reporters, n’est pas oubliée dans cette exposition.

Reporter de guerre, un métier sous haute tension

L’équipe du <em>New York Herald</em> sur le terrain, à Bealeton (Virginie), pendant la Guerre de Sécession. / Mathew Brady Collection

De l’embrigadement à la dénonciation

« Ce sport dangereux mais exotique change de nature avec la Première Guerre mondiale. Les journalistes sont mobilisés pour soutenir l’effort de guerre et caricaturer l’ennemi. La crédibilité de la presse ne s’en remettra pas », estime Adrien Jaulmes. La guerre d’Espagne fera aussi des ravages. Les reporters choisissent leur camp. Les querelles entre eux seront violentes.

« Un journaliste doit travailler avec son cœur autant qu’avec sa tête », plaidera George Orwell. Quand George Steer, du Times, arrive le premier à Guernica, son témoignage est bouleversant. Comme le seront ceux des reporters qui découvriront les camps d’extermination. Même les plus chevronnés craquent. Avant de diffuser son reportage, Edward R. Murrow conseille aux auditeurs américains d’éteindre leur poste…

Reporter de guerre, un métier sous haute tension

Dans un bus, lors du siège de Sarajevo en 1992. / Laurent Rebours/AP

La vision et la perception de la guerre changent en permanence. De la proximité avec les militaires, on passe à l’embrigadement, puis au témoignage, et progressivement à la dénonciation, notamment depuis le génocide au Rwanda et le siège de Sarajevo.

« C’est un métier très individualiste, reconnaît Adrien Jaulmes, exercé dans des conditions contraignantes et dangereuses. Un artisanat qui nécessite un savoir-faire pour s’adapter aux ruptures technologiques et aux différentes formes de guerre. Il comporte aussi des continuités comme les problèmes logistiques, l’accès aux combats, les polémiques sur la vérité. Et surtout comment raconter. »

 

 

blog

Ajouter un commentaire