Sagesse matérialiste.

« La sagesse matérialiste. »

L'expression est d'André Comte-Sponville. Il s'agit d'accepter la sagesse et le matérialisme. Ce concept propose de regarder la réalité en face, les limites psychologiques, politiques, esthétiques, morales dans lesquelles l'homme s'est enfermé et à l'intérieur desquelles il tourne en rond en cherchant à les maîtriser alors que ces efforts ne font que l'enfoncer dans le siphon créé par son agitation.

Cette "réalité" ne serait dès lors que l'hallucination générée par ces tourments prolongés. Le réel serait lui cet espace dénué de toute volonté de transformation. La volonté de maîtriser la réalité ne serait qu'une accumulation d'actes et de pensées alors que l'acceptation du réel correspondrait plutôt à "l'agir dans le non agir" oriental. La réalité n'est pas le réel.

La volonté est une espérance et elle conduit inévitablement à la désillusion car même la volonté assouvie créé immédiatement un autre projet, une autre intention, une nouvelle forme de maîtrise. Le "désespoir", c'est à dire l'abandon de tout espoir est à la source du bonheur. Evidemment, l'idée inquiète car le désespoir est un mal sociétal qu'on nous apprend à combattre. Mais le combat lui-même génère le mal. Car il y a refus. Et donc résistance. Et donc échec puisque le projet est avorté. Nous avortons sans cesse de nous-mêmes à travers un combat qui rompt la poche spirituelle où nous pouvons grandir.

C'est par l'abandon de tout ce qu'il construit intellectuellement, de toutes ses croyances, que l'individu peut transcender toutes les limites et les errances de l'égo. C'est par l'extrême présence dans l'acte de vivre lucidement d'instant en instant.

 

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