La syntropie : revenir dans le sens du vivant.

Je lis et relis avec beaucoup d'intérêt l'ouvrage d'Anaëlle Thery "Bienvenue en syntropie".

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Et à chaque page, je pense à cette agriculture intensive et à l'acharnement des adeptes de la FNSEA. C'est consternant. Et il est évident que cet enchaînement est avant tout le refus du changement, la peur et l'incapacité à admettre que les traditions sont dépassées, que les connaissances aujourd'hui sont bien supérieures aux transmissions archaïques. J'ai également visionné toutes les vidéos d'Ernst Götsch quand elles sont sous-tiitrées (peu malheureusement). Il y a une réflexion de sa part qui m'a interpelé et à laquelle je réfléchis depuis hier.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de cet homme qui a rendu la vie à une zone quasi désertique au Brésil :

"Forcer les plantes à s'adapter en les croisant pour les rendre plus résistantes aux maladies a fini par me poser question (Il était spécialiste en sélection génétique). Et si au contraire,nous améliorions les conditions du milieu dans lequel poussent les plantes plutôt que de les forcer à être plus résistantes dans un milieu qui ne leur convient pas ? "

Ne peut-on pas considérer qu'il en est de même avec les humains ?

J'en ai déjà parlé ici mais je m'interroge sur l'intérêt du travail des thérapeutes lorsqu'il s'agit d'aider des individus en souffrance à vivre mieux dans un milieu destructeur. Comme l'écrivait Krishnamurti, il n'est pas sain d'être adapté à une société malade. Non, je ne remets pas en cause le travail des thérapeutes et tant mieux s'ils parviennent à aider leurs patients mais il n'en reste pas moins que les causes seront toujours là. Et si les individus parviennent à s'adapter, rien ne changera, fondamentalement.

Maintenant, je sais ce que représente le refus de s'adapter... J'ai refusé d'obéir au Ministre lorsque j'étais encore instituteur et je me suis mis en désobéissance civique. Je l'ai payé cher...Physiquement et psychologiquement. Trois ans de luttes. Mais je sais que ça aurait été pire si je n'avais pas contesté fermement les idées qui avaient cours à cette époque. Est-ce que je le referai aujourd'hui, dans les mêmes circonstances ? Oui, assûrément. Même si ça ne change rien sur le fond, ça me permet d'être en accord et en paix avec moi-même. C'est ce que j'ai expliqué à la psychiatre, dans le cadre de la "thérapie", que le Ministère m'a imposée. Psychiatre qui a fini par contester le rectorat quant aux sanctions prises à mon encontre.

Il convient donc à chacun et chacune de se poser la question suivante : est-ce à moi de m'adapter aux conditions d'existence inhérentes au milieu ou est-ce que je dois oeuvrer à améliorer le milieu lui-même et donc la société ?

Oui, je sais le défi semble démesuré...

Dans la syntropie, en tout cas, l'idée fondamentale est bien là : il faut faire en sorte que le milieu soit le plus favorable au développement des plantes nourricières et ça n'est sûrement pas les méthodes de l'agriculture intensive qui peuvent répondre à ce défi. Je l'ai déjà expliqué ici : le labourage, c'est la mort du sol et la mécanisation le tassement du cimetière.

La clé de la syntropie c'est la biomasse. Voilà trois ans que nous sommes installés sur notre terrain. Paillage, broyat, compost, tonte, foin, le sol est toujours couvert, toute l'année. Aujourd'hui, il y a entre dix et quinze centimètres de terre végétale, un vrai terreau, noir, empli de vers de terre et de milliards d'insectes. Tout ce qui est planté croît à toute vitesse et tout ce qui est laissé volontairement en graines se reproduit tout seul. En ce moment, on trouve des salades un peu partout ^^ Jusqu'à la porte de la grange, dans une fente de deux millimètres. 

Canvas On pourrait me dire d'ailleurs qu'elle a su s'adapter à un environnement néfaste pour elle. :)

Oui, mais je suis persuadé que le végétal nous survivra. L'inverse n'est pas vrai. Rien n'est plus puissant que le végétal... Vous avez tous déjà vu ces plantes minuscules, brins d'herbe qui poussent à travers le goudron... Ici, dans le village voisin, le cours de tennis municipal n'est plus entretenu. C'est fou la vitesse à laquelle la végétation est en train de l'émiétter. On a beau, Nathalie et moi, tenter de ralentir l'invasion, à chaque printemps, on voit le terrain perdu par rapport à l'année précédente.

Tout ça pour dire que nous devons retrouver le sens du vivant et travailler avec lui. Et non, contre lui. Le vivant est puissant et nous devons le servir. C'est à dire inverser totalement notre rapport à la nature. Ne pas croire pour autant que la syntropie prône l'anarchie ^^ C'est un travail minutieux, une analyse constante du terrain et des plantes, des travaux déterminés, anticipés, des analyses encore, des recherches, des changements. L'observation est prioritaire.

 

 

 "https://www.agroforesterie.fr/agriculture-syntropique/

L’agriculture syntropique repose sur une diversité importante de plantes, cultivées à haute densité, dans leurs conditions optimales de lumière et de fertilité. Elle est notamment basée sur une organisation du système dans le temps (la succession), et dans l’espace (la stratification). On parle aussi d’agroforesterie successionnelle.

L’agriculture syntropique s’inspire de la dynamique, de la structure et du fonctionnement des écosystèmes naturels (la forêt) pour concevoir des systèmes agricoles productifs qui allient régénération des paysages, diversification des récoltes et réduction des risques écologiques et économiques. Ses principes ont été développés par Ernst Götsch, agriculteur pionnier de l’état de Bahia, au Brésil.

L’agriculture syntropique permet la restauration de terres fortement dégradées et peu productives, en recréant un environnement arboré productif, économiquement viable, riche en biodiversité, et sans apports exogènes (fertilisants, intrants chimiques, etc.). C’est ce qu’a expérimenté E. Götsch sur son exploitation depuis les années 80. Ce type d’agriculture, originaire des zones tropicales, commence à émerger en zone tempérée, notamment en France où il tend à se développer depuis quelques années."

 

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