Le désir.
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/01/2010
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Swami Prajnanpad les attentes vis-à-vis d'autrui
"De qui est-ce que j'attends quelque chose? De qui? De "lui". Mais c'est absurde. Moi et lui sommes-nous pareils? Le désir implique que je veux quelque chose. L'action est la manifestation du désir. L'action dépend donc du désir. Mais le désir est "mien", tandis que l'action je l'attends de "lui". Il y a d'abord le désir, puis l'action vient. "Son" action à "lui", va donc suivre "son" désir. Comment alors une action"chez lui", pourrait-elle suivre "mon" désir qui est "en moi"? C'est impossible.
La logique des faits, en conséquence, c'est que vous ne pouvez rien attendre. Vous n'avez aucun droit d'attendre. Vous n'avez pas le droit de juger. Vous êtes un homme et votre seul droit est de comprendre... oui, de comprendre.
Tant que vous ne réaliserez pas que l'attente n'est rien d'autre qu'une illusion, votre mental continuera à fonctionner en partant de l'hypothèse que cette attente correspond à la réalité. Le mental continuera à chérir cette illusion, en sera satisfait et continuera à rejeter les torts sur autrui.
Pourquoi dit-on que ce sont les autres qui ont tort? Parce que l'on se refuse (deny) soi-même. On refuse de voir sa propre erreur... Qui en est responsable? Votre attente a été déçue. L'échec ne vient-il pas alors de votre propre attente? Comment blâmer l'autre personne pour cela? Car c'est vous qui avez attendu et espéré. Mais de qui? ... Qu'est-ce qui cause cette attente? La possibilité d'obtenir quelque chose. J'attends signifie "je crois qu'il il a une possibilité" Mais pouvez-vous espérer quand vous savez qu'il n'y a aucune possibilité? Pour éliminer l'attente à sa racine, vous devez détruire la racine même de cette possibilité. Il n'y a aucune possibilité. Aucune. Vous deux, vous et lui, sont différents. Où se trouve alors la possibilité que l'un puisse répondre à l'attente de l'autre? Il n'y en a aucune.
Pourquoi? Parce que toute action dépend d'un désir. Et je suis seul en position d'agir selon mon désir. Si le désir est ici, où se trouve l'action? Le désir est "mien" mais j'attends une action de "lui". Quel est l'ordre des choses? D'abord un souhait ou un désir puis une action. Le désir ou le souhait précèdent toujours l'action. En conséquence quand le désir est "mien", l'action doit aussi venir de "moi" et non pas de "lui". J'oublie que son action dépend de "son" désir à lui. J'ignore "son" désir et je mets "mon" désir à la place du "sien" et j'attends que "il" agisse selon "mon" désir. C'est un non-sens. Personne ne fait quelque chose, personne ne peut faire quoi que ce soit pour quelqu'un d'autre. Nous en arrivons à la seconde maxime concernant la vérité: si le désir est en moi, l'action aussi doit être mienne... L'attente est une illusion, c'est un mensonge. Aussi longtemps que vous ne le réaliserez pas, vous continuerez à justifier vos espoirs, prenant l'attente pour une réalité et vous aurez à en payer le prix ".
L'Expérience de l'Unité, L’originel, p. 57, 58, 61, 62. sq.
La réalité procure le stimulus, vous procurez la réaction. Vous ajoutez quelque chose en réagissant. Et si vous examinez cette chose, vous constatez que c'est toujours une illusion, une exigence, une attente, un désir insatiable. Toujours. Les exemples d'illusions abondent. " Anthony de Mello
Je ne peux pas me plaindre de l'obscure réalité étant donné que mon regard lui donne cette teinte. La réalité n'est rien d'autre que la réalité. Si mon désir est un étouffoir de la réalité je ne peux pas me plaindre de ne plus rien voir. Etant donné qu'un désir se projette vers une entité extérieure à moi je ne peux pas maîtriser tous les paramètres. Soit je l'accepte, soit je me retire. Soit je reste dans cette réalité et je l'assume, soit je sombre dans l'éventualité de la désillusion. C'est la peur qui l'emporte dès lors et parfois c'est cette peur qui entretient le désir...Le désir a une force considérable et il est indispensable d'établir en soi la vigilance qui convient.
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