Le libre penseur
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/04/2011
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La libre-pensée ou libre pensée (expression attribuée à Victor Hugo dans un discours de 1850) est l'attitude philosophique consistant à refuser tout dogmatisme, religieux ou autre, et à ne se fier qu'à sa raison (rationalisme). Dans sa forme, l'expression est ambigüe puisque si la pensée peut être libre par rapport aux autorités, elle ne peut se libérer de la réalité.
Le problème, à mes yeux, est que la raison, est particulièrement formatée et ne concourt pas à la liberté. Elle n'en est qu'un outil. Elle ne libère pas l'ouvrier. Si on considère qu'un libre penseur est un esprit qui a la capacité à s'opposer à des dogmes, il n'est pas libre pour autant puisqu'il réagit à des paramètres auxquels il s'oppose. Il lutte dans la geôle des conditionnements qu'il combat. Ce combat, lui-même, est une enceinte qui l'amène à adopter des attitudes, des réactions, des conflits, des confrontations d'idées. Mais on peut tout de même lui accorder un certain hommage devant la difficulté de la tâche. Il ne me viendrait pas à l'idée de critiquer un Voltaire par exemple...
Plutôt que "libre penseur", je préfère l'expression du "penseur qui se libère".
On peut se demander s'il ne convient pas d'arrêter de penser pour atteindre la liberté. C'est sans doute pour ça que j'aime autant l'effort physique de longue durée... Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pensée mais un état de plénitude intérieure nourrie par l'énergie qui vibre dans les fibres. C'est la Nature finalement qui est le plus doux garant de la liberté. L'humanité est un amalgame de pensées qu'on cherche à gérer et dès lors on perd sa liberté de ne plus penser. Le "libre penseur" est celui qui s'est libéré de la pensée...
Cette réalité dont on ne peut se défaire, il est tout de même permis de ne pas la commenter. Ce qui n'élimine pas l'observation. La pensée est tournée vers l'autre. Là, en ce moment, si je pense, ça n'est pas pour moi mais pour transmettre ce que je porte et que je connais.je n'avais pas besoin d'écrire ce texte pour éprouver cette liberté de non-pensée. En décidant de la partager, j'entre de nouveau dans le cadre des pensées afin de constuire un texte éventuellement compréhensible. Je me soumets dès lors à cette nécessité. Mais je l'ai identifiée, j'en connais les détours. Et je sais qu'il me suffira d'aller marcher demain en montagne pour qu'elle s'efface.
Le libre penseur est celui qui a établi en lui-même le cheminement favorable à l'émergence d'une pensée soumise à sa raison et non d'une pensée intrusive et qui possède également le cheminement permettant de se libérer de cette pensée lorsqu'elle n'a plus de raison d'être.
Le libre penseur ne peut pas être attaché à son désir de liberté au risque de créer une entrave. S'il n'existe qu'à travers son originalité, il en devient dépendant. Que sera-t-il s'il ne trouve plus de pensées formatées à combattre ? Un libre penseur enchaîné à l'absence de combat. Le libre penseur qui est conditionné à son désir de liberté ne peut pas être libre...
Il n'y a bien que l'absence de pensées qui puisse être source de liberté.
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