Coronavirus : statistiques des personnes à risques.

Coronavirus COVID-19 : qui sont les personnes les plus touchées et celles à risque ?

   

VOIR AUSSI

En France, il semblerait que les 45-65 ans, notamment les femmes, soient particulièrement touchés par le COVID-19. Mais les estimations s’appuient sur les données de cas avérés, et il est pour l’heure difficile d’établir un profil type. En parallèle, si 98 % des patients guérissent de la maladie, certains, plus à risque du fait de leur maladie ou leur âge, développent des complications. Doctissimo vous éclaire.

Sommaire

  1. Qui est le plus touché par le COVID-19 ?
  2. Les personnes plus à risque de développer des complications 
  3. Quid des fumeurs ? 
  4. Un facteur génétique en jeu ?
  5. Les personnes à risque peuvent-elles avoir un arrêt de travail ?

Covid-19 : les personnes les plus touchées et les plus à risque

Qui est le plus touché par le COVID-19 ?

Il est pour l’heure difficile de réaliser un portrait-robot des personnes les plus touchées par le coronavirus. Pourquoi ? Car les personnes contaminées par le COVID-19 ne sont pas toutes dépistées : la France ne teste que les cas graves, et par ailleurs, plusieurs personnes, notamment les jeunes populations, présentent peu ou pas de symptômes. Bon nombre de contamination avérée passent donc entre les mailles du filet des données.

En s’appuyant uniquement sur les données françaises1 estimant les cas confirmés, on peut noter que les 45-64 sont les plus fortement touchées, comme le démontre le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France (15 mars 2020) basé sur 6 087 individus infectés dont l’âge est renseigné. 

Cas confirmés

En réanimation

Décédés

Moins de 15 ans

126

3

0

15-44 ans

1 808

16

2

45-64 ans

2 067 

80 

11

65-74 ans

850

78

20

75 ans et plus

1 236

103

127

Au 15 mars, deux tiers des cas positifs avaient moins de 65 ans.

Pour le sexe, toujours selon Santé publique France, les femmes sont légèrement plus touchées que les hommes, mais ceux-ci sont davantage hospitaliés et développent plus des complications nécessitant une admission en service de réanimation lorsqu’ils sont contaminés. De même pour le décès. 

Cas confirmés

En réanimation

Décédés

Nombre de cas

6 378

285

161

Sexe-ratio H/F

0,9

2

1,4

Encore une fois, ces données ne permettent pas de savoir réellement quelle population est la plus touchée. À titre de comparaison, la Corée du Sud a choisi d’opter pour une campagne massive de dépistage de la maladie : 15 000 à 20 000 personnes sont dépistées quotidiennement et chaque personne testée positive est soumise à une remontée très précise pour isoler toutes personnes infectées. Les autorités ont pu ainsi remarquer que la plupart des personnes contaminées sur le territoire sud-coréen sont des femmes, et près de la moitié ont moins de 40 ans. 

Loaded: 0%

Progress: 0%

Remaining Time -0:56

Les personnes plus à risque de développer des complications 

Selon le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP)2,3, les patients à risque de formes sévères sont : 

  • Les personnes âgées de 70 ans et plus ;
  • Les patients aux antécédents cardiovasculaires : hypertension artérielle compliquée, antécédents d’ accident vasculaire cérébral ou de coronaropathiechirurgie cardiaqueinsuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV ;
  • Les diabétiques insulinodépendants non équilibrés ou présentant des complications secondaires à leur pathologie ;
  • Les personnes présentant une pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale ;
  • Les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée ;
  • Les malades atteints de cancer sous traitement.
  • Les personnes avec une immunodépression congénitale ou acquise : médicamenteuse ( chimiothérapie anti-cancéreuse, immunosuppresseur, biothérapie et/ou une corticothérapie à dose immunosuppressive), infection à VIH non contrôlé ou avec des CD4 <200/mm3, consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
  • Les malades atteints de cirrhose au stade B ou C de la classification de Child-Pugh ;
  • Les personnes présentant une obésité morbide ( indice de masse corporelle > 40 kg/m2)
  • Les femmes enceintes à partir du troisième trimestre de la grossesse.
  •  

Quid des fumeurs ? 

Selon une étude basée sur des données chinoises du coronavirus, relayée vendredi 20 mars par la Fondation contre le Cancer, les fumeurs sont plus à risque de développer une forme sévère du covid-19, pouvant conduire à la respiration artificielle, voire à la réanimation. Même si l’étude ne permet pas de conclusions définitives, le tabagisme est tout de même connu pour endommager voire paralyser les cils des voies respiratoires, dont les mouvements permettent d’éliminer la poussière, les bactéries, et les mucus. Ce qui empêche l’organisme de se protéger correctement des infections, rappelle la Fondation Contre le Cancer.

Une étude4, publiée dans le American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine de l'American Thoracic Societ, s'est intéressée en autres aux antécédents médicaux de 85 patients décédés de complications liées au COVID-19, à Wuhan en Chine. "Le plus grand nombre de décès dans notre cohorte concernait des hommes de plus de 50 ans atteints de maladies chroniques non transmissibles" ont expliqué les auteurs, des scientifiques chinois et américains. En effet, l'âge médian des patients étudiés était de 65,8 ans et 72,9% étaient des cas masculins. L'hypertension, le diabète et les maladies coronariennes étaient les comorbidités les plus courantes. Quant aux complications, les scientifiques ont relevé des insuffisances respiratoires, un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et de l'arythmie cardiaque.

En France, les hommes semblent aussi être plus touchés par des complications à en croire le le Dr Matthieu Schmidt, médecin réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, interrogé par France 2 : "on a environ trois quarts de nos patients qui sont des hommes". Le professionnel de santé constate également qu'une grande majorité, "probalement 70%" des patients admis en réanimation sont en surpoids ou en situation d'obésité

Un facteur génétique en jeu ?

Des facteurs génétiques pourraient-ils expliquer l'apparition de complications chez certains patients ? C'est ce que pensent deux équipes de chercheurs français. "La variabilité observée au cours de l'exposition et de l'infection par le SRAS-CoV-2 rend très probable l'existence de facteurs génétiques humains influençant la réponse à ce virus, explique Laurent Abel, co-fondateur du Laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, dans un communiqué de l'Institut Imagine5Très peu d'études ont été réalisées jusqu'à présent sur la génétique de l'hôte de l'infection par la famille des coronavirus, la plupart d'entre elles utilisant des modèles de souris infectées par le CoV SRAS, qui était responsable de l’épidémie en 2003. Ainsi, des souris dont la protéine adaptateur TLR Ticam2 impliquée dans la réponse immunitaire a été inactivée se sont avérées très sensibles à l'infection par le CoV-SRAS. " Une étude est à ce jour lancée. 

Les personnes à risque peuvent-elles avoir un arrêt de travail ?

Oui. Toutes les personnes "à risque" citées par le HCSP sont autorisées à demander un arrêt de travail. Le gouvernement a mis en place une procédure d'arrêt de travail simplifiée pour ces patients dans le cas où elles n'ont pas de possibilité de télétravailler. Et ce, pour une durée initiale de 21 jours. Elles n’auront plus à passer par le médecin mais juste à se connecter directement sur le site declare.ameli.fr6. L’idée étant de ne pas surcharger les médecins avec des demandes d’arrêt de travail. 

Ecrit par:

Valentine Poignon

Journaliste

 

Mis à jour le 06 avril 2020

Sources :

 

  • 1 - COVID-19, Point épidémiologique - Situation au 15 mars 2020 à minuit, Santé publique France ( accessible en ligne). 
  • 2 - Les personnes à risque, site du ministère des Solidarités et de la Santé ( accessible en ligne).
  • 3 - Recommandations relatives à la prévention et à la prise en charge du COVID-19 chez les patients à risque de formes sévères, HCSP ( accessible en ligne).
  • 4 - Clinical Features of 85 Fatal Cases of COVID-19 from Wuhan: A Retrospective Observational Study, American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 3 avril 2020 ( accessible en ligne). 
  • 5 - COVID-19 : plusieurs équipes d’Imagine se mobilisent, communiqué d'Imagine, 19 mars 2020 ( accessible en ligne). 
  • 6 - Covid-19 : extension du téléservice declare.ameli.fr aux personnes à risque élevé ( accessible en ligne).
  • Info Coronavirus, site du ministère des Solidarités et de la Santé ( accessible en ligne).
 

blog

Ajouter un commentaire