Existence et essence.

Une problématique qui me tourne dans la tête depuis un moment...

L'essence est ce que l'individu porte avant que l'éducation ne vienne y développer une personnalité fluctuante et amovible.

Sartre disait que l'existence précède l'essence, dans ce sens, que rien au ciel n'est écrit...Pourtant, lui comme Heidegger, bien que niant l'idée d'une dimension "à postériori", proposaient de pénétrer au coeur même du "Néant" pour découvrir la source créatrice de "l'être".

Je me demande pour ma part si ces deux dimensions, plutôt que d'être antinomiques, ne seraient pas indissociables et qu'il est absurde de chercher à les opposer. Je vois dans cette lutte intestine bien davantage des conflits d'ego qu'une recherche salutaire... Conflits intellectuels. 

L'existence est un chemin proposé aux êtres pour remonter à la source créatrice et par conséquent à l'essence. Il n'est pas question de savoir si l'essence permet l'existence ou si l'existence est primoridale, comme s'il s'agissait d'une course en ligne, mais juste de relier les deux entités, celle de l'esprit et celle du matériel, pour élever l'individu.

En dehors de ce travail, il n'y a qu'une série d'évènements qui relèvent bien cette fois du néant...Ce qui est absurde, c'est de ne pas entamer cette exploration.

Dans le chamanisme, il existe une vision ternaire de l'homme et du monde. Un monde matériel ou physique, un monde inconscient ou souterrain et un monde d'en haut, spirituel et lumineux. L'arbre en est le symbole. Rien en lui n'est séparé, il forme un tout harmonieux et il ne peut se défaire d'une partie de lui-même. Dans cette vision du monde, l'individu est placé au centre, au niveau du tronc et il doit apprendre à saisir ce qui le constitue dans son unité, l'existence tout comme l'essence. L'existence s'étendra dans une dimension matérielle et évènementielle. L'analyse lucide de cette existence génèrera une conscience active entre le monde souterrain de l'inconscient et celui de l'esprit, entre les profondeurs et les cieux.

Sans cette existence physique, il ne peut pas y avoir d'exploration de l'essence. Sans l'essence créatrice, il n'y a pas d'existence possible mais juste une extension horizontale. Une essence à qui aucune existence ne serait attribuée ne serait qu'une entité invisible figée dans l'éternité. Aucun intérêt. Cette entité figée, c'est celle des Dieux. A mes yeux, leur place n'est pas enviable.

 

Commentaires

  • Thierry
    • 1. Thierry Le 03/02/2012
    Existence vecteur de l'essence mais l'essence autorisant l'existence. Le dessein ne nous est pas accessible dans la dimension mentale. C'est là que le cheminement vers "là-haut" prend tout son sens...
  • JM Le Minoux-Page
    • 2. JM Le Minoux-Page Le 03/02/2012
    Existence vecteur de l'essence... Mouvement de l'immuable... Animation de l'esprit... Punaise, après certaines journées, je me demande si l'essence ne regrette pas de s'être incarnée dans un support aussi ennuyeux. A en regretter le figement contemplatif ? Bon, les jours d'extase "là haut" doivent heureusement contrebalancer. Depuis le temps que ça dure, il faut croire que le modèle est "voulu" et qu'il y a un dessein (?)Quelle œuvre !

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