Jean-Claude Van Damme

Un marin du Vendée Globe dit : « je nourris l’espoir de réussir ce tour du monde. »

Et bien s’il nourrit l’espoir, il gaspille une partie de l’énergie disponible. Il faut imaginer l’espoir comme un prédateur et l’énergie comme une proie. L’énergie n’a même pas la possibilité de s’enfuir. Elle succombera immanquablement et bien que la réserve d’énergie soit conséquente, cette part entamée ne sera plus disponible.

Quant à donner à l’espoir une matérialité, cela reviendrait à dire : « J’ai l’espoir d’avoir un espoir. » On entre dans l’absurde…

Il convient à mon sens d’identifier en soi ce qui est nécessaire. Pour le marin, il doit œuvrer à la réussite de son tour du monde mais pas à la réussite de son espoir. L’espoir, lui-même, n’est rien d’autre qu’une invention d’ordre psychologique. C’est comme le Temps chronologique. Il n’existe que dans notre capacité à nous projeter dans ce qui a été vécu ou à imaginer ce qui va l’être mais ni le passé, ni le futur n’ont d’existence propre car sans cette dimension psychologique que nous créons, ils ne sont rien. Personne ne peut exister demain, personne n’existe hier.

L’espoir, de la même façon, n’est qu’un espace inventé.

Si je nourris en premier lieu un espoir et que je ne suis pas assouvi, je mourais d’inanition avant même d’œuvrer à l’assouvissement de la faim d’écrire.

Tout cela pourrait relever de la simple dialectique si ça n’avait des conséquences réelles sur nos vies.

Il est indispensable, vital même, d’analyser nos rapports aux mots et aux pensées qui en découlent.

Il suffit de comptabiliser le nombre de fois où nous utilisons l’expression : « J’espère que… »

« J’espère qu’il va faire beau demain. »

C’est totalement inutile d’y songer étant donné que nous n’avons aucune emprise sur le temps.

Il s’agit donc d’identifier, exclusivement, les éléments sur lesquels nous avons un réel pouvoir, ensuite d’extraire de nous ceux qui sont énergétivores, sans que rien de bon n’en sorte, de nous concentrer enfin sur les éléments qui nous grandissent.

Celui qui y parvient s’aperçoit que cette lucidité nourrit sa propre énergie alors que celui qui ignore cette lucidité dépérit dans le gaspillage de l’énergie. Les gens épuisés devraient apprendre à s’observer intérieurement. Je ne parle évidemment pas du mineur chinois ou zambien, ni de tous ceux qui sont exploités par les Marchands…Paix à leurs âmes.

Jean-Claude Vandamme, si souvent moqué, a une expression qui convient parfaitement à cette démarche intérieure: « Be aware ».

A écouter sans modération.

"Ne pas écouter les bruits du monde, écouter le silence de l'âme en soi."

blog

Ajouter un commentaire