La colère et la joie.

Cet après-midi, alors que nous lisions en classe, le roman d'Adeline Malaterre, "la Corne d'abondance", un passage décrivant une émotion intense d'un personnage m'a amené à lancer une réflexion sur le thème de la conscience des émotions.

Ca arrive souvent ces changements de direction  en cours de séance...On peut passer des math à la géo en trente secondes en mêlant de l'histoire à de la philo...D'ailleurs en histoire, on travaille sur le siècle des Lumières et l'importance des philosophes dans l'émergence des idées humanistes et ça finit immanquablement sur Diderot, Rousseau, Voltaire et tout ce qu'ils ont apporté à l'humanité.

 

"Les émotions...Si quelqu'un vous insulte, la colère que vous ressentez, elle n'est pas venue en vous depuis l'extérieur, ça n'est pas les mots qui sont tombés en vous avec un chargement de colère, ni un coup de vent chargé de colère qui est passé sur vous. Cette colère, c'est vous qui lui avez donné vie. C'est une incapacité à maîtriser ce qui se passe en vous. L'autre n'est pas responsable. Les émotions ne sont pas des charges matérielles que vous décidez de porter comme un fardeau, elles n'ont aucune existence si vous les ignorez. Si vous vous y abandonnez, c'est vous qui leur donnez vie. L'autre, d'ailleurs, est satisfait du mal que vous fabriquez en vous en imaginant qu'il en est le responsable. Vous lui donnez la puissance dont il rêvait. Vous succombez à vous-mêmes. Et non à lui. Si par contre, vous décidez d'observer en vous ce qui survient, vous devenez le maître de vos émotions étant donné qu'au lieu de vous soumettre à leur puissance, vous vous placez au-dessus d'elle. C'est votre conscience qui analyse et qui vous apprend le contrôle. Cette conscience agit comme un Maître intérieur, il est là et regarde, il s'amuse de cette agitation qui aimerait vous emporter et à laquelle vous ne succombez pas. La colère retombe comme un soufflé qui dégonfle. Votre "agresseur" s'en trouve d'ailleurs totalement ébahi, stupéfait, vous êtes là, vous le regardez avec un détachement qu'il ne comprend pas parce que ça n'est même pas lui que vous observez mais vous-même. Lui, il a disparu et ses paroles sont tombées dans un puits sans fond. Il n'y a plus de colère parce que votre observation intérieure a pris le pas sur cette émotion insignifiante et inutile. Et cette agression verbale devient u cadeau inestimable.

Vous êtes le Maître intérieur.     

La personne que je dois absolument protéger, celle à qui je dois apporter la plus grande attention, c'est mon ennemi. C'est lui qui me fait grandir.

 

Qu'en est-il maintenant si l'émotion propagée est de la joie ? Est-ce que je dois l'accueillir et la laisser m'emporter ou est-ce que je dois également l'observer pour la neutraliser ?

Il convient pour ma part de la laisser s'étendre en sachant que l'autre n'en est pas responsable et que vous ne pourrez pas lui reprocher de ne pas la prolonger. C'est vous qui avez laissé s'étendre cette joie. Pas l'autre. Un ami qui ne vous offre plus cette joie n'est pas responsable de votre déception. C'est encore vous.

C'est votre façon de commenter la vie à travers vos émotions. Ca n'est pas la vie réelle mais ce que vous en faites, une image de la vie peinte par vos émotions. Vous pouvez en profiter tout en restant conscient qu'il ne s'agit que d'une illusion, un jeu éphémère, un moment de bonheur que vous vous donnez mais que l'autre n'a pas à entrtenir sinon vous le prenez en otage de votre bonheur alors qu'il n'y est pour rien.

La personne dont je dois me méfier, c'est celle qui me fait croire que le bonheur est durable, qui voudrait que cette joie ne disparaisse jamais. Et cette personne, c'est moi. Les autres ne sont pas responsables.

C'est ce qu'on apprend de plus beau quand on aime.   

 

 

 

 

Commentaires

  • charlotte
    • 1. charlotte Le 07/04/2011
    J'aurais aimé avoir de tels échanges déjà au primaire ...
  • Max
    • 2. Max Le 19/03/2011
    Oui Thierry. Oui, Françoise. Nous sommes évidemment responsables de ce qui se passe en nous. Tout gît entre la tête et le coeur. Cela me rappelle une petite réflexion du Gabriel (G.M.): la vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce que l'on a ressenti et comment on s'en souvient.
  • Lajotte Françoise
    • 3. Lajotte Françoise Le 18/03/2011
    Cela paraît peut-être simplet de ma part de dire encore une fois de plus que je partage ce que tu dis à 100% et que j'ai tenu des discours à peu près semblable en classe ou en cours de récrée et plus rarement mais tout de même parfois, face à des adultes... Ca fait toujours réfléchir au moins un peu. En plus brutal on peut dire: nous sommes responsable de ce qui se passe en nous et plus...!
    Françoise.

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