Le bien et le mal : mise à jour.

J'avais écrit ce texte il y a quelques temps. Et finalement, je trouve qu'il convient très bien à ce que je vis depuis mon départ à la retraite, il y aura un an dans quelques semaines. 

Je m'éloigne, autant que possible, de tout ce qui me trouble et m'accapare sans que je ne puisse rien y changer et je cherche à rester ancré dans une dimension de pensées et d'actes qui me concernent. Et qui concernent par conséquent les gens que j'aime. 

 

Le bien et le mal

Je sais bien que ces deux données sont très subjectives au regard des tourments des hommes.

Un assassin ne voit pas le mal dans le bien qu’il se fait en répondant à ses impulsions. Un industriel ne voit pas le mal dans le bien qu’il se fait en vendant des armes. Un politicien ne voit pas le mal dans le bien qu’il se fait à manipuler les masses. Un financier ne voit pas le mal dans le bien qu’il se fait à spéculer jusqu’au dérèglement complet du système.

Tout ça relève de la conscience de chacun et elle est extrêmement fluctuante, versatile et sombre…

Ce qui m’importe, c’est l’idée de vouloir lutter contre ces phénomènes, contre ces entités égotiques, contre ces êtres néfastes. Que puis-je y gagner ? Est-ce que j’ai un réel pouvoir d’opposition ? Je peux toujours les dénoncer mais est-ce que ça aura un effet réel ? Je peux envisager que la prise de conscience s’étendra mais je n’en ai aucune certitude.

Alors ?

Comment agir ? Puisque je tiens tout de même à rester ancré dans le monde social et à « faire ma part ». Comment ne pas me perdre dans le chaos, ne pas le subir au point d'en souffrir, étant donné que cette souffrance ne réglera rien.

Car, puisque je lutte contre des douleurs propagées, en quoi la douleur que ce combat génère servira-t-elle la cause qui me tient à cœur ?

Finalement, j'ai tenté d'imaginer la scène. Un puits immense engloutissant les colères, un autre puits, tout aussi immense, accueillant les actes justes, bons et aimants.

Si je succombe à mes colères, je viens alimenter le puits des colères. Rien de positif n'en ressortira étant donné que mes luttes viendront nourrir ce contre quoi je lutte. Non pas les actes qui me révoltent mais les émotions affiliées. Le mal ne se nourrit pas d'amour mais de colère, de rancœur, de violences.

Dès lors, je me dois de m'extraire du phénomène généré.

Il ne s'agit pas de se voiler les yeux, de taire sa conscience, de vivre comme les trois singes qui s'illusionnent pour s'interdire de réagir mais de trouver les moyens positifs de lutter sans tomber dans l'abîme des noirceurs.

Il n'y a qu'une solution.

Œuvrer au juste, au bon, à l'amour, agir avec lucidité au regard des troubles intérieurs. Rester en marge, non pas dans une fuite sans fin mais dans un espace qui me convient et où je peux agir dans cet amour de la vie.

Puisque je ne peux quasiment rien contre les effets destructeurs de certains hommes, il ne me reste qu'à établir l'existence qui viendra nourrir le puits de l'amour.

Sans même me demander si cela sera suivi d'un quelconque effet, si cela pourra servir d'exemple, sans chercher à savoir si cela suffira à réduire les désastres environnants.

Je n'y peux rien. Rien du tout.

Ou alors,il faudrait que je m'interroge sans cesse sur les effets durables des enseignements prodigués dans ma classe. Est-ce que les enfants y ont trouvé une ligne directrice ? La question serait absurde. Ça ne me regarde pas. Et je n'y peux plus rien. Mais je peux par contre continuer à montrer comment moi-même je m'enseigne, comment je cherche à progresser, encore et encore.

Cet attachement à ma propre existence n'a rien d'égoïste. Il n'est que question d'alimenter le puits d'amour qui me bouleverse. Et de refuser de donner mon énergie au puits de colères qui me blesse.

 

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