Le dilemme du prisonnier


 


Deux suspects sont arrêtés par la police. Ils sont coupables mais les agents n'ont pas assez de preuves pour les inculper.

Ils les interrogent séparément et leur font à chacun la même proposition. 

«Si tu dénonces ton complice et qu'il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et l'autre écopera de 8 ans de prison.

Si tu le dénonces et qu’il en fait autant, vous écoperez tous les deux de 5 ans de prison.

Si personne ne se dénonce, vous aurez chacun 1 an de prison. » 

 

Les prisonniers, ne pouvant communiquer entre eux, réfléchissent chacun de leur côté. 

« Dans le cas où il me dénonce et que de mon côté je me tais, je prends 8 ans de prison.

S’il me dénonce et que j’en fais autant, je ne ferai plus que 5 ans.  

Dans le cas où il ne me dénonce pas et que je me tais, je prends 1 an de prison mais si c’est moi qui le dénonce, je serai libre. 

« Quel que soit son choix, j'ai donc intérêt à le dénoncer. » 


 

Si chacun des complices fait ce raisonnement, les deux vont probablement choisir de se dénoncer mutuellement, ce choix étant le plus rationnel, c'est-à-dire excluant au mieux les incertitudes.

Conformément à l'énoncé, ils écoperont dès lors de 5 ans de prison chacun.

Or, s'ils étaient tous deux restés silencieux, ils n'auraient écopé que de 1 an chacun.

Ainsi, lorsque chacun poursuit son intérêt individuel, le résultat obtenu n'est pas optimal.

C'est même dans ce cas le plus mauvais résultat collectif (obtenu en additionnant les années de prison des deux prisonniers.) 

Cette histoire illustre bien ce que peut être l'enfermement dans le mental.

Isolé et ne disposant que de son raisonnement pour tenter de minimiser sa peine, chaque prisonnier se condamne au plus mauvais choix.

Pour véritablement minimiser sa peine, il lui manque quelque chose qui n'est pas du domaine du raisonnement, mais de l'ordre de la confiance en son complice.

 

Bien entendu, au cinéma, si le rôle d’un des malfaiteurs est joué par Robert de Niro, il ne dira rien et prendra huit ans étant donné que son complice le « balancera. » :) 

 

Qu’en est-il maintenant si au lieu de prendre en exemple des malfaiteurs qui tentent de s’en sortir au mieux, on extrapole cette problématique du dilemme à l’individu au sein de la société humaine d’un côté et du phénomène vivant à l’échelle de la Terre.

Personne n’est « coupable » d’actes répréhensibles au regard de la loi humaine mais chacun est plus ou moins responsable des effets délétères sur le vivant.

La « réflexion » de base est que chacun profitant du système, il n’y a pas de raison que je n’en fasse pas autant.

Pourquoi est-ce que je me priverai de ce qui est proposé à la masse ?

Cette attitude n’est possible qu’au regard de l’absence de prise en considération de la vie elle-même.

Ces derniers jours, la chaleur ambiante amenait un grand nombre d’automobilistes à rouler avec les vitres fermées et la climatisation en marche. Climatisation dont on connaît les effets néfastes sur l’atmosphère et le réchauffement climatique.

Chacun est donc « prisonnier de la chaleur » et choisit la voie technologique dont la masse dispose pour se « libérer » même si cela condamne tous les autres. L’important pour chacun étant de ne pas souffrir dans l’instant même si cela renforce la gravité de la peine à long terme.

L’absence de culpabilité ou de conflit moral vient de ce que chacun profite simplement de ce qui lui est proposé, sans en être « l’instigateur » et du fait que tout le monde agit de la même façon. (Ce qui est faux bien entendu mais juste déculpabilisant.)

Autre exemple : l’alimentation et la situation de l’animal.

Le régime omnivore étant considéré comme la « norme », (la norme représentant l’enceinte carcérale…), chacun se libère de la culpabilité de la souffrance animale en arguant le fait que cette norme, si elle existe, est fondamentalement justifiée et incontournable. Fin de la réflexion.

L’exploitation animale à des fins alimentaires est un des facteurs les plus aggravants de l’équilibre de la planète.

C’est une réalité, un fait éprouvé.

Oui, mais « tout le monde fait comme ça depuis toujours donc il n’y a pas de raison que je n’en profite pas. »

On est donc ici dans le cas des prisonniers qui nient les actes répréhensibles de leurs "complices" pour pouvoir continuer à profiter eux-mêmes du système.

La norme les déresponsabilise intégralement.

C’est le même phénomène qui poussent des millions de consommateurs à se ruer dans les magasins à l’ouverture des soldes jusqu’à se battre si nécessaire pour obtenir leurs biens. Ils sont prisonniers d’un système qui les conduit à la folie mais il leur serait plus insupportable encore de savoir que d’autres prisonniers en profitent et pas eux.

La pokémania actuelle agit sur le même principe. Le phénomène de masse n’existe pas a priori. Il sera généré par les tenants du marketing et une fois lancé, il s’entretiendra de lui-même en rameutant toujours plus de prisonniers.

Le jeu n’existerait pas si l’idée de compétition n’était pas considérée comme la norme… Le système scolaire et tout le système économique sont évidemment passés par là pour asseoir la norme dans l’esprit des individus.

On me dira qu’il n’y a pas d’impact sur le vivant et je répondrai alors que l’extraction des « terres rares » pour la fabrication des microprocesseurs a un impact redoutablement destructeur sur la planète. (Mon ordinateur portable en contient aussi…)

 On ne connaît pas réellement les effets des ondes à long terme.

On peut juger par contre très facilement des effets sur les liens humains à travers ce jeu…

Sans parler bien entendu des effets abrutissants sur la sphère intellectuelle…Mais existe-t-elle encore ?

 

On pourrait trouver des milliers d’exemples dans lesquels le dilemme du prisonnier prend forme. Mais il est une conclusion qui s’impose dans de nombreux cas : La sphère égotique l’emportera dans la majorité des cas avec, de surcroit, une bénédiction du système économique qui se nourrit bien évidemment de cette absence de considération de la sphère commune.

Chaque prisonnier cherchera le meilleur pour lui.

C’est la norme.

Une norme qui mène la plus grande partie de l’humanité à la dévastation du phénomène vivant, du plancton à l’atmosphère. Dévastation planétaire qui est le reflet de la dévastation intérieure de l’humain.

Alors maintenant se pose la question de l’avenir de l’Humain.

Pour avancer lucidement dans la voie de l’éveil des consciences, il faut avant tout prendre en considération le fait que le groupe humain ne peut pas évoluer en se posant comme juge et partie, c'est-à-dire sans octroyer à la Terre ce statut d’être vivant nécessaire à la mise en place d’une « table ronde » (et non d’un « tribunal »)

Ma réflexion n’a aucun intérêt en soi tant qu’elle n’est reçue que comme une forme d’opposition à la norme car l’humain qui se sent visé entrera dans une posture défensive qui ne résoudra rien.

Il faut donc qu’une autre entité intervienne pour passer de deux points symétriques qui s’opposent à la formation d’un triangle afin de briser dans l’œuf les habitudes d’opposition des deux parties.

Le phénomène vivant, à l’échelle de la Terre, est à mes yeux, le sommet du triangle. Tant que cette entité ne sera pas conscientisée dans l’esprit de chacun, l’humanité continuera à vivre au-delà de ses moyens, dans la folie individuelle de la norme.

Nous sommes "prisonniers" d'une norme destructrice.

Ceux qui l'acceptent veulent juste continuer à en bénéficier, c'est à dire à rendre la "peine" la plus douce possible.

Ceux qui la dénoncent sont déconsidérés par ceux qui se sentent jugés et on peut s'interroger sur les effets positifs de ces "conflits d'idées " sur l'ensemble de l'Humanité. 

Il manque donc à mes yeux un intervenant supplémentaire qui viendrait apaiser les tensions par sa présence : la Terre.

Celle que les Peuples Premiers appellent notre Mère.

Celle que les esprits religieux ont nommé Dieu.

Une entité vivante sur laquelle nous évoluons. Non pas juste un territoire à exploiter mais un partenaire d'existence.

Si la réflexion de chaque "prisonnier" s'établit dans cette dimension spirituelle, on peut imaginer que les décisions de chacun évolueront de façon à ce que la Vie perdure.

De toute façon, il s'agira à un moment donné d'un choix délibéré ou d'une obligation vitale selon le temps que ça prendra.


 

 

 

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