Le Livre des morts tibétain (2) (spiritualité)

Bardo1

 

"Lorsqu'on dit d'un sage qu'il est mort à lui-même, peut-on assimiler cette expérience de la sagesse à celle de la mort ?

- En effet, c'est la mort du moi. Elle fait d'ailleurs partie du langage mystique chrétien et de l'expérience spirituelle bouddhiste. Pour un bouddhiste, la mort du moi est nécessaire dans la mesure où ce dernier constitue une réalité empirique qui est prise pour ce qu'elle n'est pas, c'est à dire une réalité autonome, existant par elle-même et formant le centre du monde. Cette identification au moi fait croire à l'individu qu'il est quelque chose d'autonome et aussi solide qu'un roc. C'est la pire des illusions mais aussi la source des passions, des conflits et le garant de tous les fantasmes. La mort de ce moi est une délivrance, une libération, la source de la béatitude puisque la disparition de quelque chose de négatif ne peut engendrer que quelque chose de positif. 

 

Quelqu'un qui suit une pratique spirituelle durant sa vie lorsqu'il accède après la mort à cette vision de "Claire Lumière" peut-il connaître l'état de béatitude découvert par le sage de son vivant ?

-Tout à fait ! la mort est un instant favorable si l'on n'en a pas peur et qu'on l'aborde avec un état d'esprit contemplatif, en étant suffisamment préparé. Si ce moment est extrêmement propice, c'est aprce que nous sommes débarassés du poids du corps et des scories du mental. Il est évident que si l'individu aborde la mort dans l'angoisse et la panique, le mental constituera un obstacle majeur rendant impossible toute reconnaissance de la "Claire Lumière"

Le travail qui doit être réalisé avant la mort, c'est avant tout de pacifier les conflits, abandonner tous les attachements qui subsistent et se réconcilier avec ses ennemis. Il s'agit surtout de se réconcilier avec soi-même pour aborder le passage de la mort dans la paix et la lucidité de l'esprit.

 

En cela, on rejoint aussi le point de vue du Docteur Kübler-Ross selon laquelle les conflits psychologiques qui ont agité l'esprit des personnes, durant leur vie, sont loin d'être atténués au moment de la mort, mais au contraire amplifiés.

-Oui et la description mythologique des conditions d'existence peut s'appliquer à nous-mêmes ici bas. Lorsque nous sommes en colère, haineux, submergés par les méotions, nous savons ce qu'est "l'enfer". Tout cela correspond à une réalité incarnée mais aussi à une structure de conscience. Je pense qu'il est important de souligner qu'elle existe dans le Bardo sur un mode de mental pur. Je sais bien que les scientistes disent qu'en dehors du cerveau point de manifestations mentales. Cette proposition est, dans l'optique traditionnelle, erronée. Le cerveau est simplement l'organe du mental, c'est lui qui permet au mental d'embrayer sur la manifestation corporelle. Cependant, ce mental existe également sans son organe..."

 

Cornu padmasambhava livre des morts tibetain

Le Livre des morts tibétain ou Bardo Thodol

 

http://www.sagesse-marseille.com/culture/la-spiritualite/le-livre-des-morts-tibetain.html

par Brigitte Boudon, enseignante en philosophie, fondatrice des Jeudis Philo à Marseille, auteur des ouvrages : Les voies de l'immortalité dans la Grèce antique, Symbolique de la Provence, Symbolisme de l’arbre, Symbolisme de la croix.

 

Le Bardo Thodol est un texte - trésor du bouddhisme tibétain, un ouvrage unique en son genre.

 

Il est en réalité beaucoup plus large qu’un livre pour les morts, car BARDOsignifie tout état intermédiaire ; donc état entre la mort et la renaissance mais de manière beaucoup plus générale, tout état de conscience intermédiaire entre deux états ( veille et rêve, veille et libération, entre deux pensées discontinues ….)

C’est donc un guide pour les VIVANTS axé sur la notion de LIBÉRATION et d'EVEIL SPIRITUEL. Son fondement philosophique est la loi du KARMA.

 

Le Bardo Thodol raconte la pérégrination de l’âme ou principe conscient dans l’au-delà. Il décrit de manière très précise trois bardos, qui durent au total 49 jours  :

Chikhai Bardo : du moment de la mort

Chonyid Bardo : état transitoire de la réalité

Sidpa Bardo : de la renaissance

 

Ainsi que les rituels funéraires adéquats pour chaque étape.

 

La provenance de ce livre n’est pas réellement connue car il s’agit vraisemblablement d’une adaptation bouddhiste d’une tradition tibétaine antérieure. Compilé au temps de Padmasambhava au VIIIème siècle. Perdu pendant plusieurs siècles, puis retrouvé

 

Bardo Thodöl signifie, en tibétain, Libération par ENTENDEMENT dans le plan suivant la mort. Il s’agit donc de savoir ce qu’il nous faut entendre/comprendre pour atteindre la libération.

 

Le Bardo Thödol décrit avec précision les états par lesquels passe le Principe Conscient de l’homme après la mort, lorsqu’il traverse les 3 états « intermédiaires ou d’incertitude ». Chacun de ces états intermédiaires est à son tour subdivsé en 2 parties très distinctes, ce qui nous fait 6 étapes, comme les 6 mondes ou lokas déjà étudiés.

 

Chikkhai Bardo : état intermédiaire ou d’incertitude au moment de la mort :

1. le moment de la mort (environ 40')

2. la vision de la Claire Lumière primordiale, suivie de la Claire Lumière secondaire.

 

*  Chönyid Bardo : état intermédiaire ou d’incertitude de Réalité : le mandala des Divinités Paisibles et le mandala des Divinités courroucées ;

 

* Sidpa Bardo : état intermédiaire ou d’incertitude de la remontée du courant de l’existence samsarique lorsque le « Connaisseur » ou Principe Conscient cherche la renaissance : le jugement de l'âme et la recherche d'une matrice pour retourner dans le monde samsarique.

 

Les visions du Bardo ne sont que la manifestation des « formes-pensées » nées dans le mental de celui qui les perçoit. Ce sont les formes que prennent les impulsions intellectuelles et émotionelles humaines sur le plan psychologique. Ce que les hommes pensent ils le deviennent : les pensées sont la source de toute action. Ce qui a été semé sera récolté. Ces formes pensées sont illusoires et ne sont que notre propre reflet. Il n'y a pas lieu d'en être effrayés ni fascinés.

 

Dans cet état intermédiaire du Bardo, tout progrès est impossible : les actions s’accomplissent sur terre et donnent leurs fruits dans le Bardo, pour celles qui n’ont pas eu le temps de les donner du temps du vivant. Dans le Bardo, le défunt passe en revue tout ce qu’il a ressenti et pensé.

 

Les formes-pensées donneront, en fonction de la culture, la vision des déités bouddhistes, hindoues, du paradis de Mahomet, du ciel chrétien ou de Yahvé et le matérialiste athée aura des visions aussi vides de déités que dans sa conception terrestre.

 

Selon le Bardo Thödol, les expériences post-mortem sont entièrement dépendantes du contenu mental de chaque personne. L’état bardique ressemble à un état de rêve, enfantés par la mentalité du rêveur. Le Bardo Thödol explique que toute vision, sans aucune exception, est purement illusoire. Il faut comprendre cela pour atteindre la Libération. Tout l’enseignement du Bardo tend à éveiller le Connaisseur, le Principe Conscient à la Réalité. S’il y parvient, à n’importe quel moment, dans n’importe lequel des deux premiers Bardo, le Principe conscient peut connaître la Libération.

 

 

« Il est suffisant pour toi (le défunt qui les perçoit) de savoir que ces apparitions sont les réflexions de tes propres formes-pensées ». La reconnaissance complète de cette vérité par le défunt le libère et le fait entrer dans la Réalité.

 

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