Qui ou quoi ?

Il y a quelques années déjà, j'avais écrit ce texte à la suite d'une leçon de grammaire sur le COD et je viens de revivre la même situation...Des enfants qui disent avoir du mal à utiliser le "QUI" quand il parle d'un arbre ou d'une chenille...

C'est à mes yeux un travail linguisitique fondamental parce qu'il induit la nécéssité naturelle de se comporter identiquement avec tout ce qui est vivant.

Ce qui n'est pas le cas actuellement sur Terre. 

Et j'emploie le terme "naturelle" volontairement, dans le sens où ce comportement devrait être inscrit en chacun, de génération en génération. Il ne devrait même pas être nécessaire de l'enseigner...

"L'homme saccage la Nature

-L'homme saccage "quoi" ou "qui" ?...

 

Au-delà de la grammaire

Une leçon aujourd'hui sur l'analyse de la phrase et du groupe verbal.

 

Je propose une phrase simple et les enfants doivent chercher le COD en utilisant une question précise. 

"L'enfant range ses crayons.

-L'enfant range quoi ? Ses crayons.

-L'enfant caresse son chien.

-L'enfant caresse quoi ? Son chien.

-Non, je ne suis pas d'accord. L'enfant caresse QUI ? Pourquoi Qui ?

Silence...

-Le jardinier entretient ses plantations.

-Le jardinier entretient quoi ? Ses plantations.

-Non, je ne suis pas d'accord. Le jardinier entretient QUI ? Ses plantations. Pourquoi Qui ?

Silence...

-Papa range la vaisselle.

-Papa range quoi ? la vaisselle.

-Oui, là je suis d'accord. Pourquoi ?

-Ah, oui, je sais ! parce que c'est un objet ! Et les autres, c'était vivant.

-Oui, voilà, c'est exactement ça. Développe s'il te plaît.

-Et bien, il faut dire QUI quand c'est quelque chose de vivant.

-Ah, mais alors, ça n'est pas une chose justement.

-Oui, je voulais dire quand c'est...

-Oui, alors, comment le définir ?

Silence...

-Quel est le point commun entre le chien, les plantes, un animal, un homme, un enfant, une fleur ?

-C'est quelque chose de vivant !

-Mais alors, on ne doit pas dire quelque chose ! Comment les définir ?

-Ce sont des êtres vivants ? C'est ça ? Mais une plante, c'est pas vivant comme nous !

-Ah bon, et pourquoi ? Comment définir ce qui est vivant ? Si tu penses qu'une plante n'est pas un être vivant, elle est donc dans le même état que ce crayon. C'est ça ?

-Ah, ben non, c'est pas comme un crayon.

-Alors quelles sont les différences ?

-Ben, le crayon, il n'est pas vivant.

-Oui, d'accord, mais comment définir ce qui est vivant ?

-Ça parle.

-Mais une fleur, ça ne parle pas comme nous. Mais est-ce que ça communique ? Les oiseaux, par exemple, ils chantent. Est-ce que c'est une communication ? Est-ce que les plantes communiquent à leur façon ? 

-On ne peut pas le savoir.

-Pourquoi ?

-On ne les comprend pas.

-Alors, on ne peut pas limiter ce qui est vivant à ce qui communique. Il faut trouver une définition plus juste.

-Ça change. Ça meurt.

-Est-ce qu'une plante change, est-ce qu'elle meurt ?

-Ben, oui.

-Est-ce que tout ce que vous connaissez et que vous jugez comme étant vivant va changer et mourir un jour ?

-Ben, oui.

-Bon, alors cette définition-là, on peut la garder. Tout ce qui est vivant se transforme et finit par mourir. Mais si tout finit par mourir, comment expliquer que ça existe encore ? Tout ce qui est vivant aurait dû disparaître depuis le temps que ça existe.

-C'est la reproduction !

-Tout ce qui est vivant se reproduit ? Même les plantes ?

-Ben oui, elles ont des graines et les fleurs, elles ont du pollen. Et les animaux, ils font des petits.

-Et les humains aussi ?

-Ben oui, sinon, on ne serait pas là.

-Bon, alors, tout ce qui est vivant se reproduit avant de mourir. Il reste encore un élément. Vous avez parlé de transformation. Qu'est-ce qui permet aux éléments vivants de se transformer ?

-La nourriture !!

-Bien, mais est-ce que les plantes se nourrissent ?

-Ben oui, elles ont des racines.

-C'est plus compliqué que ça mais c'est vrai que les plantes se nourrissent. Donc, tout ce qui est vivant se transforme en se nourrissant, se reproduit et finit par mourir. Est-ce que les plantes, les animaux et les êtres humains répondent à ces critères ?

-Ben, oui.

-Alors, vous comprenez pourquoi j'insiste pour dire QUI et non QUOI quand on pose la question ? Est-ce que vous allez utiliser QUI pour parler d'un crayon ou de la vaisselle ?

-Ben, non, c'est pas vivant.

-Alors pourquoi est-ce qu'on n'a pas ce réflexe de considérer une plante comme un être vivant ou même certains animaux ? Lisez ce texte et dites-moi ce que vous en pensez ?

"Tu as écrasé cette chenille. Bien, c'était facile. Maintenant, refais-la. " Lanza Del Vasto.

 

-On ne peut pas la refaire !!

-Alors pourquoi l'avoir écrasée ?

Silence...

-Moi, je sais, c'est parce qu'on ne l'entend pas se plaindre.

-Et oui. Voilà. On en revient à ce fameux langage dont on parlait tout à l'heure. On n'entend pas la chenille nous parler. De la même façon qu'on n'entend pas les arbres se plaindre des feuilles qu'on leur arrache en passant devant la haie. Ils ne disent rien qu'on ne peut comprendre. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne disent rien, c'est juste qu'on n'entend rien. Mais on ne sait pas ce qui se passe en eux. On peut imaginer qu'ils souffrent en tout cas puisqu'ils sont vivants. Si on m'écrase le pied ou qu'on m'arrache les cheveux, j'aurai mal. Pourquoi ?

-Parce que tu es vivant.

-Mais on vient bien de dire que les animaux et les plantes sont eux aussi des êtres vivants. Est-ce qu'on a le droit de penser et de croire qu'ils n'ont pas mal ?

-Ben, non. Ils sont comme nous.

-Ils ne sont pas comme nous mais ils sont en tout cas des êtres vivants. Ce qui nous rapproche, c'est cette vie en nous. Quelle que soit la forme qu'elle prend. Alors, je tiens à parler d'eux avec les termes qui concernent les êtres vivants. Donc, je dis QUI et pas QUOI. Et que pensez-vous de la Terre en général alors ? Si je dis : Certains hommes abîment la Terre. Est-ce que je dois dire : Certains hommes abîment quoi ? La Terre. Ou bien est-ce que je dois dire : Certains hommes abîment qui ? La Terre ? 

-Qui !!

 

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