Un message qui remonte le Temps...

"Bonjour
La vie nous réserve parfois de drôle de surprise.
Tout d'abord je suis heureuse de voir qu'il y a une amélioration pour ta jambe et surtout une grande volonté et confiance de guérison et c'est la clé de la réussite.
Ensuite je me présente : Je suis Pascale la mère de Morgane dont tu as été le premier instituteur à Coëtlogon. Philippe et Monika ont fait le lien.
Je te souhaite ainsi qu'à ceux que tu aimes pleins de bonnes aventures
Pascale"

Un message reçu ce matin dans ma boîte privée sur Facebook. Et j'en suis profondément ému...

J'avais 20 ans. C'était mon premier poste. J'en ai écrit un roman. Une "fiction réelle...." L'histoire d'un instituteur totalement novice, une alternance frénétique entre l'angoisse et le bonheur, entre la joie des enfants et les nuits sans sommeil, la puissance des convictions et les doutes insoumis...

Dans "Kaamelott", le roi Arthur dit un jour aux chevaliers de la table ronde : "Je ne veux pas qu'on dise que je n'ai rien fait pour trouver le Graal. J'ai fait tout ce que je pouvais".

Le bonheur des enfants, c'était mon Graal. Le bonheur d'apprendre et de jouer, le bonheur de travailler et de rire, le bonheur de découvrir le monde et la force en soi, la détermination, la volonté, les valeurs essentielles, le groupe humain, même s'ils n'étaient que huit enfants de tous les âges. 
J'ai longtemps gardé en moi une profonde culpabilité devant mon inexpérience, la certitude que ce que je leur apportais était insuffisant, la peur que les années suivantes soient rendues difficiles par les manques scolaires, tout ce que je n'avais pas réussi à leur apprendre...
"JUSQU'AU BOUT" Le prochain roman publié... C'est comme une boucle qui se referme. Des centaines d'enfants. Et Morgane que je revois encore dans la classe. Et les autres enfants. Mon logement de fonction dans l'école, tous les bois que je parcourais pendant des heures, la nuit comme le jour...Ces angoisses fulgurantes qui me paralysaient..."Comment je vais faire ? " La solitude effrayante d'un jeune homme perdu à qui on confie la vie de jeunes enfants.

Je les aimais. Infiniment. Et cet amour me dépassait. Il n'y avait que dix ans d'écart entre les plus âgés et moi. Je n'étais qu'un "enfant-enseignant". J'ai grandi à chaque année, à chaque enfant rencontré. Ils m'ont beaucoup, beaucoup appris...
Morgane et tous les autres. Je leur dois aussi d'être ce que je suis aujourd'hui. 
J'espère juste ne pas avoir commis d'erreurs trop profondes, de ne pas avoir fait de mal, rien qui ne puisse être oublié, rien qui ne puisse être cicatrisé. 
Je suis allé jusqu'au bout de ce que je pouvais accomplir. Quelques mois encore. C'est comme un accouchement. Plus le moment de la délivrance approche, plus les contractions s'intensifient...

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