Apprendre pour vivre.

« Ce qu'il faut faire quand on est triste, répondit Merlin en soufflant et en soupirant, c'est apprendre quelque chose. C'est la seule chose qui ne faillit jamais. Peu importe que tu sois vieux, le corps tremblant et affaibli, que tes nuits soient peuplées d'insomnies à écouter la maladie qui s'insinue dans tes veines. Peu importe que tu aies perdu ton seul amour, que tu voies le monde autour de toi ravagé par le mal, ou que ton honneur soit foulé aux pieds dans les égouts des esprits les plus vils. Il n'y a qu'une seule chose que tu puisses faire : apprendre. Apprends pourquoi le monde tourne et ce qui le fait avancer. C'est la seule chose qui ne lasse jamais l'esprit, qui ne l'aliène jamais, qui ne peut être torturée, ni effrayée, ni intimidée, ni regretter. Apprendre est tout ce dont tu as besoin. Regarde toutes ces choses qu'il y a à découvrir. »

– L'Épée dans la pierre, T. H. White.

 

Le problème est donc d'identifier ce qu'il est bon d'apprendre, ce qui aura une utilité, un sens, un apport réel et donc d'identifier ce qui ne relève que de l'encombrement.

Là, je suis en mode "vie intérieure" parce qu'il arrive un moment où la réalité de ce monde matériel et égotique me révulse. Donc, j'opte pour la voie de l'ours, l'ermite, le retraité qui bat en retraite.

Il n'en reste pas moins que j'ai trop longtemps vécu dans la sphère du "moi" qui se fichait royalement du monde matériel et qui par conséquent le subissait en croyant en profiter, puis au regard de mon histoire personnelle, j'ai basculé dans la sphère spirituelle, par obligation, en mode de survie et lorsque j'ai rétabli le contact avec la "réalité" du monde extérieur, j'ai réalisé à quel point ça n'était qu'un chaos, une dévastation et dès lors j'ai voulu comprendre et ne plus subir béatement.

Et depuis, j'alterne entre les phases de compréhension de cette réalité et la dimension du réel, c'est à dire la spiritualité. Je me demande de plus en plus souvent si je ne vais pas finir par me retirer totalement et définitivement et laisser ce monde chaotique continuer son chemin, un chemin dans lequel il m'entraînera inévitablement au regard de l'impact sur la nature mais qui ne m'atteindra plus à travers les phases de colère ou de dégoût. D'autant que je sais très bien que le mal se nourrit également de ma colère et que cette colère est une porte pour qu'il m'envahisse. La difficulté que je rencontre au regard de ce désir de retrait, c'est que nous avons trois enfants et bientôt trois petits-enfants et que ce monde sera le leur encore pour longtemps. Je ne changerai pas le monde mais je peux au moins m'appliquer à en comprendre les rouages pour accompagner ceux que j'aime, s'ils m'en font la demande.

 

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