Climatiseurs et dissonance cognitive

 

Thierry Ledru

"Selon la théorie de la dissonance cognitive, lorsque les circonstances amènent une personne à agir en désaccord avec ses croyances,cette personne éprouvera un état de tension inconfortable appelé dissonance, qui, par la suite, tendra à être réduit, par exemple par une modification de ses croyances dans le sens de l’acte."


On a donc avec les épisodes répétés de canicule des millions de personnes dans le monde qui s'équipent en climatiseur et on sait de façon irréfutable que ces climatiseurs renforcent encore le réchauffement climatique. 
Malgré tout, les installateurs et les équipementiers croulent sous les commandes et tout le monde se plaint de la chaleur...
La dissonance cognitive prend forme lorsque les consommateurs considèrent que leur confort individuel devient prioritaire au regard de l'impact planétaire et qu'ils s'efforcent d'oublier ou de continuer à ignorer les conséquences de leurs actes personnels.
"Je ne suis pas responsable de cette canicule alors je m'en protège. "
La responsabilité du phénomène est atténuée par le confort retrouvé. Le problème s'efface dans le plaisir.

On peut bien évidemment élargir le phénomène à bien d'autres domaines.

Qui aujourd'hui n'a pas entendu parler de la maltraitance animale et de l'impact considérable de l'élevage bovin pour l'alimentation humaine ? Combien ont décidé de ne plus manger d'animaux?

Qui aujourd'hui n'a pas entendu parler de la pollution engendrée par le commerce mondial et l'achat de produits alimentaires venant de l'autre côté de la planète ? Combien ont décidé de ne plus acheter ces produits ? 

Qui n'a pas entendu parler de la pollution considérable de l'atmosphère par les avions de grandes lignes ? Combien ont décidé de se passer des vacances dans les pays "exotiques" à la nature si belle ? 
 

Le plaisir individuel est à la source de l'état désastreux de la planète. Pas uniquement de décisions politiques n'ayant pour seuls objectifs que de garder le pouvoir et ses privilèges.


Réchauffement de la planète : le cercle vicieux de la climatisation

Des milliards de nouveaux climatiseurs vont être installés dans le monde sur les prochaines décennies. Mais ces appareils consomment beaucoup d'énergie.

Source AFP

Modifié le  - Publié le  | Le Point.fr

Le climatiseur est l'un des premiers achats réalisés lorsque le niveau de vie s'améliore en pays émergent.

Le climatiseur est l'un des premiers achats réalisés lorsque le niveau de vie s'améliore en pays émergent.

© BELGA/AFP/ Patrick Lefevre

 

Dans certains pays où il fait très chaud l'été, les populations peuvent s'offrir depuis longtemps maintenant quelques instants de fraîcheur. Comment ? Grâce aux climatiseurs. Un été humide et torride devient alors plus supportable en Géorgie américaine, ou encore en Australie. Problème : la climatisation contribue discrètement mais sûrement et de façon croissante au réchauffement de la planète. Car plus il fait chaud, plus il y a de climatiseurs en circulation, et plus il y a de climatiseurs, plus il fait chaud. Des milliards de nouveaux appareils vont être installés dans le monde dans les prochaines décennies, au fur et à mesure que les habitants de pays émergents au climat étouffant obtiennent les moyens de s'acheter ces biens, aussi essentiels en Chineet en Inde que peut l'être le réfrigérateur.

Or ces appareils consomment énormément d'électricité, de l'électricité aujourd'hui générée principalement par des centrales au charbon ou au gaz... et qui émet donc des gaz à effet de serre, réchauffant le climat. À moins d'un changement radical de trajectoire, les émissions de dioxyde de carbone liées à la climatisation devraient presque doubler entre 2016 et 2050, selon un rapport publié mardi par l'Agence internationale de l'énergie. En quantité de CO2 supplémentaire rejeté dans l'atmosphère, c'est comme si l'on ajoutait une Afrique actuelle au monde, soit près d'un milliard de tonnes de CO2 environ par an.

Les cas de la Chine, l'Inde et l'Indonésie

Les climatiseurs ont un autre effet réchauffant, bien plus direct et ressenti par chacun : ils réchauffent les villes car chaque appareil rejette dans la rue la chaleur qu'il a pompée pour refroidir l'intérieur d'un logement ou d'un bureau. Une étude de 2014 a simulé la hausse de température, de nuit, à un degré Celsius en centre-ville. Le cercle vicieux est renforcé par la hausse continue du niveau de vie dans le monde. À commencer par la Chine, l'Inde et l'Indonésie, trois pays qui contribueront pour moitié à la hausse mondiale de consommation électrique pour la climatisation. Au Brésil, en Thaïlande ou en Indonésie, quand les revenus d'un ménage augmentent, c'est souvent l'un des premiers achats.

L'urbanisation rapide, notamment en Inde, accélère encore le phénomène : les machineries urbaines, pas seulement la climatisation, créent de la chaleur, une chaleur qui est à son tour absorbée par le béton... Il existe aujourd'hui environ 1,6 milliard de climatiseurs installés dans le monde, dont environ la moitié aux États-Unis et en Chine. Environ 135 millions de nouveaux appareils sont vendus chaque année, trois fois plus qu'en 1990, selon le rapport de l'AIE. Rien qu'en Chine, le premier marché mondial, 53 millions ont été vendus en 2016. En Inde, seuls 4 % des ménages sont équipés en climatisation. Tout indique que la demande va exploser dans les prochaines décennies.

Le climatiseur, « angle mort » du débat énergétique

« Le monde va subir une crise du froid », affirme le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol. Pour lui, la question des climatiseurs est « l'angle mort » du débat énergétique actuel. Les solutions, détaillées dans le rapport, existent, comme développer l'énergie solaire donc le pic de production, en journée, correspond au pic de consommation des climatiseurs ; ou améliorer l'isolation énergétique des bâtiments. Mais la priorité, selon l'organisation, est de durcir les normes sur la consommation électrique des appareils. Les technologies plus économes existent, mais les consommateurs plébiscitent encore largement les appareils énergivores et moins chers, notamment aux États-Unis.

 

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