Effets secondaires

La colère

La tristesse

La culpabilité

Mon corps est une alerte.

Les émotions qui me rongent se sont matérialisées.

Une excroissance osseuse sur une vertèbre, comme un noeud de douleurs.

Une vésicule biliaire remplie de cailloux, une plage de galets...

Le radiologue a appelé ses collègues...

Je suis une nouvelle fois une énigme médicale.

"C'est impossible d'avoir une vésicule dans un tel état et je ne comprends rien à cette excroissance osseuse. Je n'ai jamais vu ça..."

Des migraines ophtalmiques, des bandes qui ondulent devant mes yeux, des flash qui me donnent la nausée.

J'entends parfois les voix des gens comme si j'étais au fond d'une piscine.

Une sciatique qui s'est réveillée comme un trajet électrique qui me foudroie.

Mon corps est une alerte.

Je sais ce que je dois faire.

Toutes mes luttes, toute ma rage, ces colères, cette honte d'avoir abandonné mes élèves, cette tristesse devant l'agonie provoquée de l'école que j'aimais, comme un être adoré que je vois mourir...

Je n'y peux plus rien et si je persiste à me battre, je me condamne.

Mon corps me le dit puisque mon mental s'obstine.

Fini. 

Je me suis retiré de tous les groupes qui combattent cette Réforme.

Je ne lis plus rien.

Je ne dois plus rien voir, plus rien écouter, je ne dois plus me lever le matin pour prolonger le combat mais uniquement pour aimer la Vie.

Et l'existence à laquelle je me suis identifié n'a rien à voir avec la Vie. 

 

Je suis donc retourné voir Hélène. Elle m'a sauvé la vie il y a huit ans déjà.

"Thierry, pourquoi ne t'accordes-tu pas le droit de t'aimer?

Pourquoi ne t'accordes-tu pas le droit d'être fier de tout ce que tu as fait pour les enfants ?

Pourquoi est-ce que tu penses que tout s'écroule dès lors que tu ne remplis plus cette mission d'accompagner les enfants ?

Pourquoi ne comprends-tu pas que tu peux désormais oeuvrer autrement, dans un autre accompagnement, dans une liberté beaucoup plus grande ?

Pourquoi veux-tu mourir de dépit en combattant une entité gouvernementale qui finira immanquablement par t'écraser ?

Tu épuises l'énergie que la Vie t'a confié et elle ne le mérite pas.

Pourquoi est-ce que tu regardes ce que que tu ne peux plus donner jusqu'à en oublier ce que la Vie te propose de saisir maintenant ?

Pourquoi restes-tu ancré sur ce passé ? Cherche en toi les raisons de ce déni de l'instant. De quoi as-tu peur, pourquoi as-tu peur, en quoi cette peur est-elle utile ? 

Des heures à parler, à explorer l'intime, tout ce que la Vie a de plus profond, toutes les raisons cachées, toutes les explications à saisir, dans la lucidité. Se nettoyer des émotions versatiles, des colères invalidantes et des culpabilités égotiques...

Des heures entre les mains d'Hélène, transfert d'énergie, des massages si étranges que j'en finis toujours par ne plus sentir ses mains sur moi mais des flux de vie qui ruissellent et nourrissent mes fibres jusqu'au plus profond des particules.

Des retrouvailles avec cet instant de rupture, il y a huit ans déjà...


Hélène.


J'étais un autre, j'étais celui qui n'avait pas franchi ce seuil de l'ineffable. 

Cette impression désormais d'avoir sali cet horizon. 

Je dois me sauver. Comme un hommage aussi à ce que la Vie m'a montré.

Retrouver en moi cet Amour qui m'a sauvé, apprendre à le diffuser, dans un espace qui m'appartiendra totalement, libéré des entraves gouvernementales puisque cet État ne me permet plus d'exprimer cet Amour...

Je sais que je peux Aimer encore. Dans un autre lieu, dans une dimension plus libre et plus sereine.

Et puisque la Vie m'aura entraîné dans des voies difficiles pour briser en moi mes peurs et mes blocages, je sais que je peux la bénir au regard de ce qu'elle m'aura appris et qui me servira le jour où je deviendrai thérapeute...

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