En soins palliatifs

Voilà l'expression qui m'est venue lorsque j'ai entendu parler du plan du gouvernement présenté par la ministre de l'écologie. Je ne dis pas que les mesures annoncées sont inutiles mais elles valident le fait que le gouvernement, comme ceux de tous les pays industrialisés, ont acté le fait que nous n'échapperons pas à une hausse importante des températures.

"Ce plan doit préparer la France à vivre dans un monde à +4°C d'ici 2100 afin de protéger la population." 

Ce qui signifie une hausse de plus ou moins 2 degrés dans 25 ans, à quelques années près. Ce qui me sidère, c'est qu'il n'est jamais question de décroissance. Tous les gouvernements rêvent de croissance pour éponger des dettes astronomiques et tous les grands groupes pétroliers investissent par milliards dans la quête effrénée de pétrole. 

Bon, c'est clair. On est entré dans la phase des soins palliatifs. On ne sauvera pas le malade. La fièvre continuera à grimper. Et ça n'est pas la prochaine COP ou autres grandes messes sous l'emprise des lobbies qui y changeront quelque chose ni les plans successifs de "transition écologique". Tous ceux qui s'intéressent au problème savent pertinemment que nos modèles de sociétés consuméristes ne sont pas viables. 

 

Crise climatique : le gouvernement livre son Plan national d'adaptation et laisse les associations sceptiques

 

La version finale, présentée lundi, comporte quelques nuances par rapport à la première mouture dévoilée à l'automne. Ce troisième plan met l'accent sur la mise en œuvre d'une cinquantaine de mesures au niveau local, d'ores et déjà jugées insuffisantes par certains experts du climat.

Article rédigé par Louis San

France Télévisions

Publié le 10/03/2025 18:31

Temps de lecture : 5min La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 février 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 février 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

La copie a été revue. Avec plus d'un an de retard, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a présenté, lundi 10 mars, la version finale de la troisième édition du Plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc). Ce plan doit préparer la France à vivre dans un monde à +4°C d'ici 2100 afin de protéger la population.

Cette nouvelle mouture du Pnacc a été légèrement modifiée par rapport à la première, dévoilée en octobre 2024. Le ministère a souligné qu'elle était le fruit de plusieurs mois de concertation avec "toutes les parties prenantes", Etat, collectivités territoriales, acteurs économiques, citoyens. Au total, ils ont produit 6 000 contributions, dont 176 "cahiers d'acteurs".

L'un des priorités du plan est de réaliser une cartographie des vulnérabilités, avec une attention soutenue pour les établissements de santé, les infrastructures de transport ou de sécurité. L'accent est mis sur les territoires et secteurs les plus menacés comme le littoral, les montagnes, les forêts et l'agriculture. Parmi les mesures, le renforcement des protections pour les travailleurs exposés aux canicules, différentes études pour mieux adapter transports et exploitations agricoles ou encore une protection des principaux sites culturels français (tour Eiffel, mont Saint-Michel...).

Le confort d'été mieux intégré au DPE

Une autre mesure concerne la rénovation énergétique, afin d'adapter "les logements aux fortes chaleurs et pas seulement au froid". Il est prévu que le confort d'été soit mieux pris en compte dans le calcul du diagnostic de performance énergétique, le décrié DPE. Concrètement, "un travail sera lancé pour étudier la possibilité d'intégrer des gestes de confort d'été au dispositif MaPrimeRénov'", précise le ministère. Des mesures pour encourager le secteur bancaire à financer l'adaptation sont également mises en avant. Sous la houlette d'Agnès Pannier-Runacher et du ministre de l'Economie, Eric Lombard, une mission "sur le rôle du système bancaire dans la prévention des risques sera réalisée" au premier semestre 2026.

Le gouvernement a aussi insisté sur la place que doit prendre la trajectoire de référence d'adaptation au changement climatique (Tracc), c'est-à-dire le fameux scénario qui projette la France à +4°C d'ici la fin du siècle, en passant par un palier à +2,7°C en 2050. La démarche pour "donner une valeur juridique" à la Tracc doit connaître un coup d'accélérateur. Alors que l'exécutif voulait l'intégrer "progressivement" dans les textes publics, il affirme maintenant que la réflexion doit être achevée d'ici la fin de l'année.

Si certaines avancées sont enregistrées dans cette version finale du plan, des reculs sont également à signaler. Le Monde(Nouvelle fenêtre) rapporte ainsi que les entreprises du transport et de l'énergie ne seront plus obligées d'"instaurer progressivement" des plans d'adaptation, mais seront seulement incitées à le faire.

Flou sur le financement

La question du financement reste le point le plus épineux de ce plan. Adèle Tanguy, chercheuse à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), a salué sur le réseau social BlueSky(Nouvelle fenêtre) la mise en place d'une mission d'adaptation réunissant les agences de l'Etat, comme l'Ademe (l'agence de la Transition écologique), le Cerema (le Centre d'études et d'expertise sur les risques) et les agences de l'eau. Mais l'experte rappelle que ces agences disposent de "budgets diminués" et font face "à beaucoup de défiance politique, ce qui crée de l’incertitude". En effet, l'Ademe a été violemment critiquée, en janvier, par des figures de droite.

"Il est essentiel que l'adaptation soit dotée de moyens à la hauteur des enjeux", a déclaré Agnès Pannier-Runacher, disant avoir augmenté les enveloppes "à hauteur de 40%". Une affirmation "à nuancer", estime l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), car en dépit des allégations, "les crédits dédiés à l'adaptation se maintiennent mais n'augmentent pas".

Autre voix critique, Oxfam juge le Pnacc "inopérant", pointant un manque "de gouvernance adaptée et de moyens budgétaires pour sa mise en œuvre". Condamnant un "brouillon inabouti", l'ONG écrit qu'il "prévoit de financer les politiques d’adaptation avec des fonds qu’il vient tout juste de supprimer, comme la coupe dans le Fonds vert" décidée pour le budget 2025. Oxfam accuse ainsi le gouvernement de "financer l'adaptation au détriment de la lutte contre le changement climatique". "Le changement climatique est un risque certain", a estimé de son côté Anne Bringault, directrice des programmes pour le Réseau action climat(Nouvelle fenêtre). Et de mettre en garde : "Il est plus que temps de le prendre réellement en compte dans les politiques publiques."

 

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