François Béranger
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/10/2011
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François Béranger
PARIS-LUMIÈRE
Texte écrit en 1978................ Et on continue, on continue, les murs sont de plus en plus épais, l'armée des citoyens grossit irrémédiablement...............Les rebelles se battront un jour pour sauver les quelques lopins de terre qui n'auront pas été dévastés.........;
Autrefois y avait des gens
Qui ont dit faisons des villes
Pour enterrer nos frayeurs
Ce sera plus simple à plusieurs
Ce sera plus simple à beaucoup
Derrière nos murs de pierre
L'oeil collé aux meurtrières
De chasser les hordes de loups
De chasser tout ce qu'est pas nous
Etrangers pestiférés
Truands saltimbanques filous
Juifs errants et faux prophètes
Jour et nuit de la lumière
Temples d'or chatoyants
Rumeurs douces de la vie
Tous les samedis la fête
L'âge d'or des villes vint
Villes phares éblouissants
Vers qui vont tous les désirs
Et les rêves de continents
Et puis les villes ont grandi
Sont devenues boulimiques
Monstrueuses et hystériques
Bouffant tout ne rendant rien
Gigantesques tentaculaires
Boursouflées et hydropiques
Pestilentielles et criardes
Villes mutilées dans leur corps
Qui exhalent des senteurs
De mille tortures chimiques
Cadavre très avancé
Nous nous sommes les produits
D'une de ces saloperies
Ça s'appelle Paris Lumière
Ça agonise comme Venise
"Sous les ponts de Paris
Coule la Seine"... et la merde
Nous nous sommes les produits
D'une de ces saloperies
Où l'un est l'ennemi de l'autre
Retranché aveugle et muet
Chacun fait sa propre geôle
Dans un désert surpeuplé
Des millions de morts s'agitent
Dans un flot d'indifférence
Tu me croises je te croise
Et vite nos regards s'évitent
On se frôle par accident
C'est la décharge électrique
Les nourritures éclectiques
Ensachées dans du plastique
Vont faire de nous des mutants
Grosses têtes et corps éthiques
Et bientôt le Centième Plan
Bétonnera notre cerveau
Plus jamais d'insurrection
Grâce au conditionnement
Alors nous naïvement
Pour nous sauver du néant
Par nos guitares fluettes
Nos ridicules voix aphones
On balance nos curieux chants
Chants dérisoires inutiles
Essayant juste un moment
D'être avec vous vous avec nous
Puis après comme si souvent
Dans la salle morte et déserte
La solitude va rentrer
Nous aider à tout ranger
Dans la nuit les bagnoles vont
Vers l'hôtel aseptisé
Dont les murs pissent une musique
De pauvres musiciens châtrés
Et dans le lit seul et froid
Mains en coquille sur le sexe
Comme un foetus dans un ventre
Rêves enluminés d'enfant
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