Hommes et Femmes (spiritualité)
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/01/2016
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Hommes - femmes
Le bonheur de s'écouter et se comprendre
Réaliser l'union du féminin et du masculin en soi
Alain Boudet
Dr en Sciences Physiques, Thérapeute psycho-corporel, Enseignant
Résumé: Les relations de couple sont souvent dénaturées par des conflits, des difficultés de communication et des différences d'opinion. Ces comportements sont-ils génétiquement programmés? Non. Ils sont le résultat d'une éducation enfermante et d'une ignorance de notre nature profonde. Une observation authentique et honnête de soi nous révèle que chaque homme et chaque femme possède aussi bien les qualités masculines que féminines, qui demandent à être reconnues, acceptées et développées. C'est en faisant la paix intérieure entre notre masculin et notre féminin que nous pouvons établir des relations harmonieuses, d'abord avec soi-même et ensuite avec les autres. C'est alors que la vie de couple, et la Vie elle-même, nous offrent le meilleur.
Contenu de l'article
- Le couple ordinaire: occupe-toi de moi
- Une communication difficile
- Les femmes et l'émotion
- Émotion et vulnérabilité
- Les hommes et la compétence
- Technique et sensorialité
- Les différences de comportement sont imprimées par l'éducation
- Masculin et féminin
- Les hommes et le développement personnel
- La femme et la gentillesse
- Le champ énergétique de la femme
- Unifier le masculin et le féminin en soi
- Communication et authenticité
- Le couple essentiel
- En savoir plus
Daniel assume de grandes responsabilités dans une entreprise de haut niveau technologique et anime une équipe d'une dizaine de personnes. Il se sent responsable du succès commercial des projets et consacre beaucoup de temps à ce travail qui le passionne. En conséquence, il rentre tard le soir à la maison où l'accueille son épouse Marina. Mais, fatigué, il ne peut répondre à sa demande d'attention et préfère se délasser devant un match à la télé. Marina, frustrée de ce manque d'attention, est souvent furieuse et le critique vertement de son égoïsme. Alors, il se sent incompris et se referme dans son mutisme. Marina se sent délaissée et abandonnée. Elle craque.
Ce genre de scène est fréquent. Il illustre la difficulté fréquente dans les couples à se comprendre et à trouver son équilibre individuel à deux. Peut-on changer cet état conflictuel? Est-ce au prix d'un renoncement ou d'un sacrifice? Par exemple Daniel doit-il renoncer au bonheur que lui procure son travail, ou Marina faire une croix définitive sur l'espoir de voir son mari plus longtemps?
Dans cet article, je montre qu'il est effectivement possible de changer la situation, non par sacrifice, mais au contraire en donnant l'occasion à chacun de s'épanouir dans ce qu'il est vraiment. La démarche consiste à prendre conscience de la nature des incompréhensions qui génèrent ces conflits, àapprendre à s'écouter mutuellement et à communiquer réellement. La clé essentielle de cette communication est d'exprimer ses émotions et ses pensées de façon authentique et sans culpabilité. On peut alors bâtir un couple sur de nouvelles valeurs.
Le couple ordinaire: occupe-toi de moi
Qu'est-ce qui pousse un homme et une femme à vivre ensemble? Il y a souvent le besoin de se conformer à un modèle de vie, celui que la famille ou le clan attendent de nous, et dont nous sentons la pression du jugement. Ou bien il y a une véritable attirance. Mais quelle est vraiment la nature de cette attirance? Avez-vous vraimentréfléchi à cela?
L'attirance sexuelle "physiologique" est une réponse toute faite et trop facile qui évite de s'observer réellement. Elle explique peut-être pourquoi on a envie de se rencontrer ponctuellement pour faire l'amour, comme les animaux, mais pas pourquoi on vit à 2. On peut aussi avancer d'autres explications immédiates: partager mes émotions, donner mon amour, me sentir protégé, avoir quelqu'un sur qui compter, recevoir l'attention, être écouté et encouragé, etc. Mais que recouvrent vraiment ces mots?
La plupart de ces motifs expriment un besoin qui doit être comblé par l'autre: besoin d'attention, de compréhension, de reconnaissance, de sécurité, de soutien. Le couple humain ordinaire est l'association de deux personnes qui espèrent trouver des avantages à cette communauté en pensant que l'autre va répondre à ses demandes conscientes ou inconscientes. Nous sommes attirés par l'autre parce que nous pressentons qu'il pourrait nous apporter ce qui nous manque, et soulager notre manque. Ainsi, dans la scène précédente, Marina et Daniel transpirent leur besoin d'être mutuellement soutenus, écoutés, valorisés, mais ils ne l'ont ni reconnu ni exprimé.
Or l'expérience montre qu'un couple ne peut pas fonctionner durablement sur la base du besoin mutuel. Non seulement nous attendons que l'autre réponde à nos demandes, mais nous nous soumettons aussi pour satisfaire les demandes de l'autre même si cela ne nous convient pas. Au bout d'un certain temps, nous nous sentons frustrés et déçus car notre attente n'est pas satisfaite. Alors, il se peut qu'en nous s'installent progressivement le ressentiment et la souffrance, et peut-être la haine. La frustration et la culpabilité sont inéluctables, car notre partenaire ne peut pas répondre à toutes nos attentes et tous nos désirs, de même que nous ne pouvons pas répondre aux siens. C'est impossible.
Par exemple, une femme peut accepter de faire l'amour avec son mari pour lui faire plaisir, même si elle n'en a pas du tout envie. Dans ce cas, elle considère que faire l'amour est le prix à payer pour recevoir l'attention de son mari. Sa raison profonde est sa peur de ne pas recevoir l'attention et la tendresse dont elle a besoin, si elle n'accepte pas. Mais cela lui laisse un gout amer. Elle sent qu'elle n'a pas été honnête avec elle-même. Elle a accepté d'être ce qu'elle n'était pas. Prendre conscience, pour l'homme et pour la femme, de ces jeux de commerce sentimental et énergétique, va leur ouvrir des portes vers un autre type de relation.
N'en tirons pas pour autant la conclusion qu'il faut refuser catégoriquement de répondre aux demandes, évidemment. Ce serait opter pour une règle de conduite rigide qui n'est pas appropriée. Changer de type de relation, ce n'est pas adopter l'attitude opposée. C'est sortir du jeu, c'est prendre le temps d'observer ces demandes mutuelles afin de s'en dégager. C'est observer avec précision et rigueur toutes les peurs et les croyances qui les sous-tendent: peur de manquer, d'être abandonné, etc.
L'alternative à des relations basées sur le besoin et la demande à l'autre est-elle de devenir affectivement indépendant? Une croyance fréquente est d'imaginer que si j'arrive à ne plus être dans le besoin affectif et le manque vis-à-vis de l'autre, je ne vais plus l'aimer et je risque de me retrouver seul et sans amour. Ou inversement: si l'autre n'a plus un besoin addictif que je réponde à ses demandes, il va s'en aller. A cause de cette croyance, je tâche de me rendre indispensable pour qu'il m'aime. Cette vision revient à considérer l'amour comme un attachement, une dépendance.
Il est vrai que nous ne pouvons pas être indépendant de l'amour. Nous avons besoin de soleil, de lumière, de nourriture et d'amour. Alors, la question est:
Si je cesse de demander de l'amour à l'autre, comment puis-je le recevoir?
Ceci est un grand mystère, mais c'est la clé du bonheur et c'est ce qui va nous permettre de construire le couple harmonieux et aimant. Paradoxalement, c'est lorsque nous cessons de vouloir obtenir que nous recevons le plus. Ce n'est pas en réclamant à l'autre et en me plaignant que j'obtiendrai son amour. C'est lorsque j'abandonne mes exigences et que je donne de l'amour.
Mais pour donner aux autres, il faut au préalable que je donne à moi-même. Si je manque d'amour, c'est d'abord parce que je ne m'accorde pas assez d'amour. Comme je n'en reçois pas de moi-même, je le demande à l'autre. Autrement dit, il ne s'agit pas de se résigner à ne plus recevoir de l'amour, mais à en donner en commençant par nous-même. Nous serons surpris d'y découvrir une source importante de réconfort et d'énergie.
Se donner de l'amour, c'est d'abord s'accorder une attention bienveillante mais vraie (non complaisante). Par exemple, examiner vraiment nos besoins profonds, les accepter comme tels, et constater ce qui nous rend heureux ou malheureux. (voir les articles Le langage des émotions et Ma vie reflet de ma pensée)
Une communication verbale difficile
Les besoins et demandes mutuelles se manifestent particulièrement dans la communication verbale entre hommes et femmes. Pourquoi les échanges de paroles ne sont-ils pas aisés et fluides? Qu'est-ce qui les entrave? C'est le fait que la communication ne repose pas sur les mêmes désirs ou besoins.
Pour les femmes, les conversations sont intéressantes lorsqu'elles transmettent de l'émotion, telle que complicité, amusement, indignation, émerveillement, compassion. L'information pure est moins recherchée. Les hommes ont tendance à parler de choses, de faits, tels qu'une astuce technique, un moyen pour se procurer un objet, une façon d'améliorer un logiciel; ou bien de prouesses et de résultats, en sport par exemple!
Dans les courriels qui me parviennent en réaction aux articles de ce site, dont certains sont rapportés dans le livre d'or, les commentaires sont très caractéristiques. Les femmes transmettent d'abord leur réaction émotionnelle: combien elles ont apprécié tel aspect, combien elles se sont senties soulagées ou enthousiasmées en lisant tel article, etc. Les hommes, le plus souvent (mais pas toujours, rien n'est systématique) ne mentionnent pas leurs sentiments sauf de façon très brève et pudique, et passent immédiatement à leur véritable demande: un complément d'information. une explication, ou un savoir-faire.
Toutefois, nous sommes amenés à vivre ensemble, en famille, en couple, dans le travail, dans les loisirs, etc. et cette différence d'approche crée des problèmes de compréhension. Dans le couple en particulier, quand une difficulté se présente, elle est surtout d'ordre émotionnel: frustration, déception ou colère envers l'autre. Pour dépasser ces difficultés, il est nécessaire de pouvoir communiquer ses ressentis à l'autre. Ce n'est qu'en exposant une réalité qu'on peut la traiter et la transformer. Mais alors que les femmes exposent volontiers leurs émotions liées au conflit, les hommes y sont réticents. Personne n'est plus fautif que l'autre, car chacun est le produit de son éducation, comme on le verra plus loin, et c'est à deux que l'on peut améliorer cette situation.
Dans son ouvrage L'intelligence émotionnelle, Daniel Goleman rapporte les résultats d'enquêtes psychologiques faites auprès de quelques couples états-uniens.
Alors que les femmes s'efforcent de mettre sur le tapis et de résoudre les problèmes émotionnels, les maris répugnent à s'engager dans des discussions qui promettent d'être vives... En butte aux critiques et au mépris de son épouse, le mari commence à entrer dans le rôle de la victime ou à éprouver de l'indignation. Pour ne pas se laisser submerger, il adopte une attitude toujours plus défensive ou se replie entièrement sur lui-même. Mais souvenons-nous que ce comportement déclenche le processus de submersion chez la femme. C'est l'impasse.
Remarque importante si vous ne vous retrouvez pas dans la description des hommes et des femmes décrits ici:Lorsque je donne un exemple de comportement typique d'homme ou de femme dans cet article, je n'en fais pas une règle générale. Ce ne sont que des exemples de cas que l'on rencontre fréquemment dans notre culture occidentale actuelle. Ces comportements ne sont pas inhérents à la nature même de la femme ou de l'homme, mais résultent de leur éducation. Si vous ne vous retrouvez pas dans la description des hommes et des femmes tels qu'ils sont décrits dans ces exemples, c'est tout-à-fait logique, car les rôles et les comportements attribués aux hommes et aux femmes varient grandement en fonction de notre éducation, âge, milieu social, race, religion, nationalité, etc. Il se peut que des hommes se retrouvent mieux dans ce qui est décrit comme plus typique des femmes et inversement. Les comportement féminins et masculins n'ont rien de biologiquement déterminés et ne sont pas figés dans des stéréotypes. Vous décrire certains de ces comportements typiques vous donne des points de repère, des sources de réflexion, par rapport auxquels vous pouvez décrire votre propre positionnement et rechercher quels sont les ressorts de vos comportements en communication.
C'est en comprenant nos différences et nos ressemblances honnêtement et courageusement, que nous contribuerons à mieux vivre ensemble et à profiter pleinement de la joie de communiquer.
Les femmes et l'émotion
Les femmes sont généralement plus en contact avec leurs sensations et leurs émotions que les hommes. Elles ont souvent la capacité de percevoir et d'exprimer leurs émotions, et de dévoiler leurs sentiments de façon plus spontanée. Les hommes sont plus régis par leur mental, leurs pensées et leurs raisonnements, et ils cherchent à être maitres d'eux-mêmes en se contrôlant.
Les femmes partagent leurs impressions, c'est-à-dire leur réaction émotionnelle du moment. Il est intéressant de s'arrêter sur le sens de impression:Impression vient de imprimer, presser dans, de même que empreinte. Si je presse sur un tube de dentifrice, il réagit par une déformation. De même, si nous sommes sensibles à un stimulus ou un événement, notre corps et notre esprit en subissent une empreinte immédiate que nous pouvons ressentir sous forme d'impression. Nous pouvons être traversé par un grand enthousiasme et éventuellement l'exprimer par des gestes et des mots. Puis, le lendemain, l'impression est passée, et nous sommes indifférent à l'événement de la veille. Exprimer une impression ou une sensation est le jaillissement du moment. C'est bien différent de l'énoncé d'un avis ou d'une opinion fondés sur des données et sur un raisonnement logique, qui restent valables le lendemain.
Sara: Je me suis souvent faite railler à cause de ma spontanéité et j'ai même parfois l'impression de faire peur.
Le piège fréquent pour les hommes face à une femme dans ce cas, c'est de prendre le langage d'un élan émotionnel du moment pour une information mentale pure. Mais avec un peu d'attention, ces hommes peuvent facilement apprendre à comprendre ce langage de l'émotion, et à ne pas enregistrer les mots à la lettre à la façon d'un huissier. Ils peuvent aussi découvrir qu'eux-aussi présentent cette disposition à sentir l'impression du moment et qu'ils peuvent en bénéficier. Elle est seulement parfois bien étouffée.
Émotion et vulnérabilité
Les femmes se plaignent souvent du silence que les hommes conservent à propos de leurs sentiments. Nombreux sont les couples qui n'échangent pas véritablement ce qu'ils pensent et sentent, et souvent mari et femme se sentent seuls tout en habitant ensemble. Cette situation n'est jamais due à un seul des membres du couple, mais il apparait évident que beaucoup d'hommes refusent, volontairement ou non, de communiquer verbalement ou de laisser paraitre leurs sentiments. Ils affichent un visage sérieux et impassible, comme on peut le constater déjà chez beaucoup d'adolescents. Cela leur demande un contrôle permanent de leur visage et de leur corps, mais c'est un réflexe automatique dont ils ne sont plus conscients.
Or avec un minimum d'observation, ces hommes peuvent tout à fait prendre conscience du contrôle automatique qu'ils s'imposent. Un petit exercice consiste à imaginer ce que cela provoquerait en eux de renoncer à ce contrôle. Ils découvriront que pour l'homme, laisser paraitre ses émotions, c'est montrer au grand jour sa faiblesse et sa vulnérabilité. Or c'est contraire à l'éducation qu'on lui a inculquée sur ce que doit être le comportement viril. Une femme peut se permettre de montrer sa détresse et son besoin d'être "sauvée par son prince". Le "prince" se doit d'être à la hauteur en toute circonstance. S'il montre ses émotions, il dévoile son jeu, il révèle qu'il n'est pas aussi performant qu'il devrait être selon les normes de la virilité. Il se retranche donc derrière un masque qui le protège des débordements émotionnels. Il dénie son besoin d'attention et sa dépendance qu'il considère comme des défauts majeur.
Le rôle dévolu au sexe masculin valorise la compétence, l'indépendance, la maitrise de soi et l'impassibilité. On a de bonnes raisons de croire qu'assumer ce rôle augmente le risque de dépression. Ce qui envenime les choses, c'est que l'homme "supercompétent" considère son abattement comme un signe d'échec; masquant ses émotions, il refuse qu'on l'aide à sortir de sa dépression, dont il n'ose même pas prononcer le nom.... En fait les hommes peuvent être tout aussi troublés que les femmes par le mur du silence... Généralement, la culture a modelé le mâle américain pour qu'il dirige ses émotions dans des canaux étroits et bien définis qui réfrènent toute démonstration de compassion et de sensibilité. (K. Rosenberg)
Le silence d'un homme à propos de ses sentiments ne signifie pas forcément qu'il ne veut pas volontairement les communiquer. Les femmes dont l'expression émotionnelle est évidente et spontanée n'imaginent pas forcément les difficultés de certains hommes à percevoir leurs sensations et leurs sentimentsà force d'entrainement à les réprimer. Elles peuvent avoir tendance à les attribuer à leur mauvaise volonté.
Les hommes et la compétence
Les hommes se sentent généralement bien en tant qu'hommes lorsqu'ils peuvent assumer des rôles où ils sont compétents. Ils construisent leur identité (perçue comme leur virilité) avec des savoir-faire et des performances. De plus ils veulent montrer qu'ils sont capables d'un contrôle sur eux-mêmes, en particulier un contrôle sur l'expression de leurs émotions. Ils considèrent que la sensibilité affaiblit leur virilité.
Par exemple, dans la pratique musicale, les hommes se trouvent plus à l'aise avec des instruments qu'avec leur voix, aussi bien dans les orchestres classiques que jazz ou rock. Ils y sont souvent en majorité, même si le nombre de femmes a beaucoup augmenté. L'instrument leur permet d'exprimer leur puissance, et aussi leur sensibilité sans se révéler directement et ouvertement. De plus, ils peuvent y développer une technicité et un savoir-faire, voire une virtuosité. Au contraire, le chant oblige à se dévoiler plus intimement, sans intermédiaire et dans les chorales on trouve une majorité de femmes.
Ce besoin de se sentir compétent se transforme dans certains milieux ou certaines cultures en besoin de mettre en scène des prouesses. En se fondant sur l'étude de plusieurs sociétés traditionnelles, y compris des sociétés tribales indigènes, et sur les écrits d'autres chercheurs tels que M. Mead ou K. Read, le sociologue italien La Cecla déclare que l'anatomie et la biologie ne suffisent pas à l'homme pour se sentir homme, il lui faut aussi être toujours plus performant, mais surtout le faire voir, il faut prouver qu'on est un homme. D'après K. Read (Nama Kult, 1954) qui a étudié les populations de Papouasie - Nouvelle Guinée, l'idée que les hommes ont d'eux-mêmes se fonde plus sur ce qu'ils font que sur ce qu'ils ont de naissance.
Les enfants des bergers crétois deviennent des hommes quand ils acquièrent la prouesse individuelle... La masculinité doit être "représentée" pour qu'on puisse la prouver. C'est la façon de faire les choses qui en détermine le caractère masculin.. qu'il s'agisse de danse, de maitrise de la parole ou du vol lui-même... Plus le risque encouru est grand, plus est grande la "simasia" qu'on en retire: une qualité qui tient du courage, de l'habileté, de l'insubordination. (La Cecla, Ce qui fait un homme, éd. Liana Lévi, 2002)
La nécessité pour les hommes de prouver leur virilité s'accompagne aussi de l'angoisse de la perdre puisqu'elle doit être prouvée en permanence. Et aussi de l'angoisse de perdre l'estime des autres et d'eux-mêmes s'il ne réussissent pas.
Dans le couple, le besoin pour l'homme de prouver peut se traduire par la nécessité d'avoir une fonction, d'exercer des tâches où sa compétence est reconnue, sinon indispensable. C'est peut-être à cause de cela que certains hommes ont tendance à vouloir avoir raison vis-à-vis de leur femme pour réaliser une tâche. C'est leur façon de se rassurer sur leur identité. Dans la société moderne, ce besoin prend aussi la forme de l'obligation de réussite professionnelle. En cas d'échec, si son talent n'est pas reconnu, l'homme a l'impression de perdre son identité d'homme et de ne plus exister... du moins tant qu'il s'identifie à cette représentation de la virilité. Or ce n'est là qu'une représentation inculquée par l'éducation et la culture, un jeu de l'égo et de la personnalité qui peut être dépassé et transformé.
Rien ne prouve que les hommes aient besoin de surclasser les femmes dans un domaine particulier; mais ils ont besoin de réalisations pour se rassurer et c'est pourquoi ces réalisations sont souvent présentées indirectement non comme un domaine où les hommes excellent, mais comme un domaine inaccessible aux femmes... Le problème permanent de la civilisation est de définir le rôle de l'homme de façon satisfaisante - qu'il s'agisse de cultiver des jardins ou d'élever du bétail, de tuer du gibier ou des ennemis, de construire des ponts ou de manipuler des valeurs en banque - afin qu'il puisse, au cours de sa vie, parvenir au sentiment stable d'un accomplissement irréversible. (M. Mead, L'un et l'autre sexe, Gallimard, 1960)
Le souci de la performance s'immisce également dans la façon de faire l'amour, qui pourrait pourtant être le moment où on laisse ce souci de côté pour s'abandonner à la fusion et à l'échange. Ici, la performance est souvent imaginée, du moins actuellement dans la société occidentale, comme la capacité à maintenir longtemps une érection, à conduire la partenaire à l'orgasme, ou à lui faire vivre des choses extraordinaires qu'elle n'a jamais connues (voir articleSexualité essentielle).
Je m'accorde la douceur
En choisissant l'impassibilité et la rudesse, l'homme renonce à la douceur pour lui-même. Pour y parvenir, le petit garçon doit nier sa sensibilité et sa générosité et prouver son masculin au prix de souffrances et d'initiations qui peuvent aller jusqu'à exiger de tuer des ennemis dans certaines populations. Or la douceur fait aussi partie de la nature de l'homme et il en a besoin.
Si je renie cette douceur, j'ai du ressentiment parce que je n'en reçois pas suffisamment, à la fois contre ceux ou celles qui ne m'en donnent pas et contre ceux ou celles qui ont l'audace de s'en donner. Je les trouve ridicules ou impudiques. Au lieu de voir mon manque, je reporte la faute sur eux et je les jugent. En même temps je demande aux autres, à ma compagne, de combler mon manque. Double langage: je veux et je refuse. Je suis rude pour moi et rude pour les autres. Pour en sortir, je dois prendre du recul et reconnaitre que mon comportement intolérant exprime mon manque. Lorsque nous demandons à l'autre de la douceur ou toute autre qualité (avec ressentiment quand elle n'y répond pas), cela révèle généralement que nous ne nous en accordons pas assez à nous-même.
La recherche de performance et la démonstration de virilité n'apportent à l'homme ni l'harmonie, ni la sérénité. Tout au plus un soulagement éphémère. Il s'efforce de jouer un personnage qu'il n'est pas forcément et il nie certaines facettes de lui. C'est une attitude contraignante, mutilante et anxiogène qui n'est absolument pas inscrite dans la constitution fondamentale du masculin. Elle n'est qu'obéissance à la loi du clan, de la famille ou de la société dans le but de recevoir l'estime et la reconnaissance des autres. Même si cette conception tire indéniablement sa source dans certains traits masculins profonds, authentiques et magnifiques, elle s'en est détournée en ignorant le féminin qui lui associe compassion, humilité et conscience de soi.
Pour gagner l'estime, l'homme s'est détourné de sa vraie nature, de son essence profonde. En retrouvant cette essence, en acceptant toutes ses facettes tant masculines que féminines, ses vraies richesses intérieures lui sont révélées. Il se sent réconcilié avec lui-même, et il y gagne une communication plus simple et plus authentique avec les femmes et avec les hommes. Il en reçoit la paix et la liberté intérieure.
Technique et sensorialité
Beaucoup de personnes, en majorité des femmes, se sentent dépassées lorsqu'il s'agit de mettre en �uvre des compétences techniques, en particulier en face d'un ordinateur. Bien entendu, ce n'est là qu'une tendance qui n'est pas inscrite de façon définitive dans la constitution féminine. Examinons quelles en sont les causes et comment y remédier.
Portons notre attention sur le sentiment qui nait en nous quand nous sommes en face de la machine ou de l'ordinateur. Nous reconnaitrons souvent une sensation d'impuissance devant une multitude de commandes dont nous ne connaissons pas l'usage, et nous ne savons pas comment les aborder. Comme avec une personne inconnue, nous ne savons pas comment engager la conversation avec cette machine, nous ne savons pas quel langage elle utilise. Pour y remédier, nous avons besoin que quelqu'un nous introduise à cette machine, nous fasse faire connaissance avec elle et nous explique comment l'aborder. Certes, de telles présentations existent parfois, soit sous forme d'un document écrit, soit sous forme des explications généreuses d'un technicien averti. Malheureusement, elles sont rarement exprimées dans un langage adapté aux interlocuteurs non-connaisseurs, et en particulier à la sensibilité féminine. Cela est dû à leur langage très abstrait et spécialisé, employé par des techniciens pour leurs besoins internes, mais non transposés ensuite par les services commerciaux à des usages publics. Les personnes qui n'ont pas la culture technique correspondante ne trouvent pas de repères dans ce langage.
Avoir des repères, c'est trouver des références à ce que l'on connait déjà, à ce que l'on a vécu concrètement, sensoriellement. Dans la communication efficace, nous devons être attentifs à employer un langage qui comporte des repères pour l'autre. Les personnes qui ont des difficultés avec le langage technique ont besoin d'une présentation qui fait appel à des sensations qu'elles connaissent. Par exemple l'apprentissage de l'usage d'un ordinateur peut être grandement facilité par des analogies avec des actes physiques réellement vécus, comme ouvrir une armoire, prendre un document, prendre un stylo, décrocher un téléphone, etc.
Les hommes s'y trouvent plus souvent à leur aise parce qu'ils ont déjà acquis des repères techniques et perçoivent plus vite la structure des commandes de la machine. Beaucoup d'hommes, souvent dès leur jeune âge, (de même que certaines femmes) aiment saisir les principes de fonctionnement technique des objets et machines lorsqu'ils les découvrent. Par exemple, lorsque ces personnes de type fonctionnel apprennent à tourner le volant d'une voiture, elles se représentent les articulations qui existent entre le volant et les roues - la tige de transmission, le cardan - et comment la commande se transmet aux roues. Par contraste, les personnes de type sensoriel constatent qu'en tournant le volant, ça fait tourner la voiture et cela les satisfait. Elles cherchent la meilleure façon de tirer parti des choses en les manipulant. Lorsqu'une porte fonctionne mal, elles découvrent qu'elles peuvent s'en accommoder en soulevant un peu la porte, et tout va bien, tandis que les personnes fonctionnelles recherchent la cause pour lui apporter remède, en revissant les gonds par exemple.
Dans la perspective d'un développement de soi, il est intéressant de pouvoir jouer à la fois sur ces deux aspects, sensoriel et compréhension des principes. Car les deux ont leurs avantages et sont complémentaires. Ainsi, il peut être fastidieux ou impossible de remédier aux causes fonctionnelles dans certaines circonstances.
Les différences de comportement sont imprimées par l'éducation
Les différences dans le comportement des hommes et des femmes que nous avons relevées sont-elles inscrites dans les gènes en tant que déterminisme biologique, auquel cas rien ne pourra les changer? Absolument pas. Elles sont dans une large mesure imprimées par l'éducation. La preuve en est que les rôles et comportements attribués aux hommes et aux femmes varient beaucoup selon les cultures, les milieux sociaux et les sociétés. C'est en nous imprégnant et imitant les hommes et les femmes autour de nous dans notre enfance que nous avons façonné notre idéal d'homme ou de femme.
Nous sommes constamment encouragés dès l'enfance à adopter certaines attitudes qui nous procurent l'approbation des parents ou des camarades, et à réprimer d'autres attitudes naturelles qui nous attirent désapprobation, raillerie ou même violence. Pour recevoir l'attention et l'amour, l'enfant se conforme peu à peu à ces schémas de virilité et de féminité. Ce faisant il s'éloigne de sa nature innée (voir article L'enfant intérieur). Les parents font des différences dans l'éducation des filles et garçons sans même s'en apercevoir, car ils ont eux-mêmes été conditionnés.
Lorsque les parents racontent des histoires à leurs enfants quand ils sont tout petits, ils expliquent davantage les émotions aux filles qu'aux garçons; ils font plus souvent appel à des mots à forte charge affective quand ils parlent à leur fille. (D. Goleman)
Les attitudes et façons de s'exprimer des garçons sont induites par leurs pères, mais pas seulement. Les mères aussi participent à l'élaboration d'une image de la virilité. Lorsque les mères jouent avec leur bébé, elles expriment des émotions plus variées si ce sont des filles, et plus tard discutent plus en détail avec elles de leur état affectif qu'elles ne le font avec les garçons (D. Goleman). Lorsque nous élevons un enfant, nous cherchons à favoriser sa croissance et nous l'encourageons à développer ses qualités. Mais il est difficile d'éviter d'y mêler nos attentes inconscientes. Par exemple, beaucoup de mères, et pas seulement les pères, désirent ardemment que leur fils devienne un "vrai" homme, avec toutes les idées reçues que cela comporte. Il est fréquent qu'elles y incluent ce qu'elles auraient aimé trouver chez leur père ou époux et qui leur a fait défaut, entrainant déception et frustration. C'est pourquoi on ne peut rechercher de fautif, ni chez la femme, ni chez l'homme. Chacun est le produit de l'éducation de son milieu. Mais chacun a le pouvoir de se transformer et de devenir responsable de ce qu'il est.
Au cours des fréquentations scolaires, les filles apprennent à exprimer entre elles leurs ressentis et leurs sentiments et à employer le langage affectif. Elles s'habituent à lire les signaux psychologiques dans l'attitude de leurs interlocuteurs, tandis que les garçons apprennent à réprimer leurs sentiments, en particulier leur chagrin, la tristesse, la culpabilité et aussi la tendresse.
La différence est visible par exemple, lorsqu'un jeu s'interrompt parce que l'un des participants s'est fait mal. Si c'est un garçon, ses camarades attendent de lui qu'il quitte le terrain et cesse de pleurer afin que la partie puisse continuer. Quand la même chose se produit chez les filles, le jeu s'arrête et toutes les filles se rassemblent pour venir en aide à celle qui pleure... Les garçons sont fiers de leur indépendance et de leur côté dur à cuire, tandis que les filles considèrent qu'elles appartiennent à un jeu de relation. Les garçons se sentent menacés par tout ce qui risque de mettre en péril leurindépendance, tandis que les filles craignent davantage une rupture de leurs liens. (D. Goleman)
Chez les garçons adolescents, le comportement d'impassibilité est renforcé par leurs camarades.
C'est parmi les adolescents qu'être "cool" (avec tout ce que ce mot implique d'absence d'expression passionnée) devient capital. Une attitude impassible se trouve souvent socialement renforcée à l'intérieur du groupe de pairs. Les expressions occasionnelles de tendresse et de vulnérabilité qui n'ont peut-être pas été remarquées chez le garçon pourraient bien entièrement disparaitre, car celui-ci doit désormais devenir un "vrai homme". (K. Rosenberg)
C'est ainsi qu'à l'âge adulte, les femmes sont préparées à gérer leurs émotions, et côtoient des hommes qui n'en voient pas (ou qui refusent d'en voir) l'intérêt.
Masculin et féminin
Bien que les comportements masculins et féminins soient fortement marqués par l'éducation, certains traits de caractère semblent pourtant plus spécifiques aux hommes et d'autres plus spécifiques aux femmes. Observons donc quels sont ces traits. Nous pouvons par exemple recueillir des indications intéressantes en portant notre attention sur ce que nous apprécions chez l'autre sexe. En tant que femme, quelles caractéristiques appréciez-vous chez l'homme, qui concourent à ce que vous le sentiez homme? En tant qu'homme, quelles caractéristiques appréciez-vous chez la femme qui concourent à ce que vous la sentiez femme?
On reconnait comme masculines les qualités qui permettent d'aller vers un but déterminé, à la manière d'une flèche qui se dirige vers sa cible. On reconnait comme féminines les qualités qui permettent d'accueillir ce qui est et ce qui vient, à la manière d'une coupe largement ouverte sur l'univers.
Notez bien que ces traits ne sont pas exclusifs à un sexe, mais seulement prédominants. Aucun trait n'est réservé à un genre. Non seulement nous trouvons les traits masculins et féminins aussi bien chez la femme que chez l'homme, mais il est souhaitable que chacun, homme ou femme, puisse les reconnaitre, les accueillir en soi, les intégrer et les développer pour son épanouissement personnel et celui du couple.
Décision, pouvoir et action
Aller vers un but nécessite d'abord de choisir le but, puis de mettre en oeuvre sa réalisation par l'action. Le masculin se manifeste par le pouvoir de décider et d'agir. Il est peut-être bon de redonner au mot pouvoir son sens le meilleur, son sens d'origine; le pouvoir, c'est la capacité à mettre en oeuvre. C'est laforce, pas forcément la force physique, mais la force de la confiance sure. L'autre facette du pouvoir, celui qui critique, juge, impose sa volonté et bafoue sans souci de l'autre, n'est pas un véritable pouvoir mais un simulacre, une façade qui ne fait que masquer la faiblesse intérieure. A l'inverse, la force du "guerrier" n'est pas agressive, elle est nourrie par la volonté, le courage, la détermination et la persévérance.
Le pouvoir est la faculté d'agir avec vigueur et force; c'est vivre votre propre vérité avec autorité et authenticité, et verbaliser cette vérité avec vaillance et intégrité. Cela signifie être responsables de vos actions et user de votre influence pour le plus grand bien de tous, toujours... Cela sous-entend aussi d'accepter avec gratitude ce que les autres ont à offrir lorsque leurs capacités ou leur pouvoir dépassent les vôtres, les renforcent ou les complètent. Il ne s'agit pas de se concurrencer afin de découvrir qui est le plus puissant, ou qui peut contrôler l'autre. C'est une occasion pour vous d'intégrer et d'utiliser un don, .. le pouvoir universel de la Volonté divine. (Ronna Hermann, Sur les ailes de la transformation)
L'être qui s'engage sur le chemin de la découverte de Soi fait appel à ces qualités pour aller rencontrer sa propre vérité. Les légendes représentent cette quête de soi par la figure du héros qui se met en route pour trouver le trésor. Il s'agit de l'image allégorique du trésor intérieur. Le héros est confronté à des épreuves. L'une d'elles est l'oubli du but premier lorsqu'il se laisse détourner, enivrer, par le confort et la sensualité. Cela met en scène un aspect du féminin, sous la forme des sirènes ou de la femme fatale par exemple, un féminin coupé du masculin, ou plus exactement, qui étouffe ou castre le masculin.
Un autre détournement est la soif du pouvoir personnel sous l'effet de l'égo, un masculin coupé du féminin. Le masculin sans le féminin est rigide et suit sa route sans compassion. Il ne voit que le point d'arrivée et oublie le chemin. Seul compte le résultat: être au sommet. Il s'en donne les moyens, quitte à repousser tout ce qui l'en détourne, quelquefois de façon violente et intransigeante.
Choisir un but, une destination, c'est également savoir renoncer aux autres destinations. Cela signifie que l'on se sépare de toutes les autres destinations possibles à ce moment. Si je choisis de gravir le Mont Canigou dans les Pyrénées, je renonce à mon envie de me baigner sur une plage de l'océan atlantique. Si je choisis de vivre avec Laure, je renonce à Marie. Lorsque je décide, je tranche entre ce qui est bon pour mon but et ce qui m'en détourne. Je trace leslimites, les contours, je dessine les formes, j'élabore la structure.
Accueil, compassion et générosité
Le féminin accueille ce qui est, sans jugement. La mère saine accueille son enfant et l'aime tel qu'il est. Lorsque l'enfant est blotti contre sa mère, il s'abandonne en toute confiance, il ne sent plus son être, il est hors du temps et de l'espace, il est fusionné à elle. Elle le nourrit par son lait sans attendre de récompense, gratuitement, généreusement. Les seins sont les attributs de cette générosité. Contrairement aux bras qui peuvent à volonté être ouverts ou fermés, les seins sont ce qu'ils sont, offerts sans ostentation. Les qualités du féminin sont amour, union, fusion, générosité, tendresse, compassion.
Le féminin est aussi l'énergie de vie. Lorsqu'une femme est enceinte, elle accueille la nouvelle vie en elle, elle s'offre à cette vie qui se développe par elle-même selon sa propre loi, sans que le volonté de la femme n'intervienne. Elle n'a rien d'autre à faire qu'accepter, prendre soin, favoriser. C'est une expérience du lâcher prise, de l'abandon au courant de vie. Or contrairement au pouvoir masculin qui choisit et contrôle la destination, par notre féminin nous nous laissons entrainer là où le courant nous mène. La destination est inconnue, le chemin se découvre d'instant en instant et cela peut nous mettre en insécurité. L'alternative masculine n'est pas plus sure, la certitude d'un futur élaboré par nos choix et notre volonté n'est qu'une illusion, l'incertitude est le fondement de la vie.
Est-ce à dire que nous serons forcément dans la crainte du futur? Non. Lâcher-prise, c'est ne rien attendre, c'est se laisser surprendre et aimer par la vie. Alors, nous retrouvons la sécurité dans la confiance en la vie, comme l'enfant est confiant avec sa mère. Notre figure maternelle est le courant de vie lui-même, c'est notre Shakti, notre Mère Divine. (voir L'enfant intérieur)
Pour abandonner totalement notre corps dans un fauteuil ou dans les bras de quelqu'un, nous devons sentir que l'appui ou le support est bien solide. De même, le féminin (et la femme) a besoin de l'appui du masculin pour s'exprimer pleinement. Sans le masculin, le féminin a tendance à se retenir ou au contraire à se répandre excessivement, surtout s'il est renforcé par d'autres féminins. Il peut perdre ses limites, devenir foisonnant et étouffant, ou se perdre dans l'immensité. L'enfant qui au départ est bien en sécurité dans le giron de sa mère, doit trouver son identité, son Moi, en se différenciant de cette union maternelle. Il ne peut se développer qu'avec l'apport d'une énergie paternelle. Elle l'aide à se distinguer, se séparer, puis à laisser libre cours à son envie d'explorer le monde extérieur inconnu, et à faire ses propres expériences.
Le féminin est la matière, la substance et l'énergie, mais il a besoin d'une charpente, d'une structure pour lui donner les formes et l'orientation. Réciproquement le masculin donne le principe, le but, la structure, mais il a besoin de l'énergie du féminin pour se revêtir de chair, de concret. Le héros des légendes va combattre des monstres effroyables, mais non sans avoir vu sa belle au foyer et s'être abandonné dans ses bras.
Notre monde a donné une grande importance au masculin qui agit sur la matière, et en a abusé. L'énergie masculine coupée du féminin s'est révélée autoritaire, brutale, conflictuelle et destructrice. A l'heure actuelle, l'énergie féminine retrouve sa place et s'intensifie rapidement dans l'univers, apportant ses attributs de compassion et de regard intérieur (voir article Le retour de la femme libre). En accueillant le féminin, le masculin s'en trouve affiné et retrouve sa noblesse.
Les hommes et le développement personnel
Homme ou femme, nous ne serons un être complet et épanoui qu'à la condition d'harmoniser les aspects masculin et féminin en nous et de réaliser notre couple intérieur. Cela implique d'aller à la rencontre de Soi, de notre vérité profonde, de nous observer honnêtement dans nos comportements, et d'y déceler nos sentiments et nos croyances. Cela nécessite quelques qualités de courage et d'audace.
Ainsi l'homme peut-il utiliser ces qualités pour explorer ses ombres et dépasser ses conditionnements vis-à-vis de la virilité. Sa résistance inconsciente se manifeste par exemple lorsqu'il se moque des femmes ou même les humilie pour leurs façons d'être. C'est le signe que la féminité le dérange, et qu'il n'accepte pas la partie féminine en lui: la facilité à exprim
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