Immanentisme, monisme, Spinoza

Immanentisme

Immanentisme provient de immanence, mot qui s'oppose à "transcendantalisme" et à "transcendance". "Immanent" signifie "contenu à l'intérieur", par opposition à "séparé".

À partir de là, l'immanentisme peut se présenter comme une doctrine philosophique, par exemple chez Spinoza, qui affirme l'immanence de Dieu à la nature.

L'immanentisme dans le système de Spinoza

L'immanence désigne un type de rapport. C'est un terme qui désigne la relation de l'attribut « pensée » et de l'attribut « étendue » dans l'Éthique de Spinoza. L'immanentisme de Spinoza s'oppose au dualisme de Descartes. Par extension, le terme désigne la relation entre deux attributs, par exemple le corps et l'esprit, et plus généralement le matériel et le spirituel.

Descartes affirme en effet que la matière et l'esprit sont deux substances différentes (Méditations métaphysiques). Il affirme cependant dans le Traité des passions que l'esprit a un pouvoir sur le corps. Descartes ne parvient pas à expliquer clairement les rapports de ces deux substances.

Spinoza affirme au livre III de l'Éthique que « l'esprit est l'idée du corps ». Spinoza ne pose pas deux substances, mais une seule (deus sive natura). Cette substance possède une infinité d'attributs.

Selon Gilles Deleuze

Gilles Deleuze, dans Qu'est-ce que la philosophie ?, écrit un chapitre sur le plan d'immanence, qu'il définit ainsi : « Le plan d'immanence n'est pas un concept, ni le concept de tous les concepts. […] Les concepts sont comme les vagues multiples qui montent et qui s'abaissent, mais le plan d'immanence est la vague unique qui les enroule et les déroule ». G. Deleuze pense l'immanence comme un plan : ce plan est à l'opposé du transcendantalisme kantien. Dans ce dernier, la philosophie est analyse des conditions de possibilité des choses. Ainsi, lorsque Kant se demande « qu'est-ce qu'un génie ? »1, il répond « c'est ce qui rend possible un chef-d'œuvre. » « Qu'est-ce que le temps ? » : « l'intuition pure qui rend possible la succession dans les représentations », etc. Pour penser le plan d'immanence, Deleuze ajoute : « Le concept est le commencement de la philosophie, mais le plan en est l'instauration. » L'immanentisme, c'est le mouvement « transdescendant » (Wahl, cité par Deleuze) de la philosophie, mouvement qui fait redescendre toute la transcendance (émanative, créative, religieuse) : « La part de l'immanence, ou la part du feu, c'est à cela qu'on reconnaît le philosophe ».

L'immanentisme et la religion

L'immanentisme entre souvent en conflit avec la religion, d'où les conflits entre raison et foi : le système a été condamné dans l'encyclique Pascendi en 1907. Jean-Paul II a publié en 1998 une encyclique Fides et Ratio (Foi et Raison) dans laquelle il voit ces deux éléments comme indissociables : « La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. »

Benoît XVI a affirmé dans son Discours de Ratisbonne : « La principale phrase dans cette argumentation contre la conversion par contrainte s’énonce donc ainsi : Ne pas agir selon la raison contredit la nature de Dieu. »

Immanentisme en sciences

On retrouve, dans les positions du neurologue Antonio Damasio2, notamment dans sa définition du sentiment comme « cartographie psychique d'un état du corps », une position immanentiste, mais pas seulement philosophique : on peut parler d'un immanentisme neurologique, que certains ont tenté de nommer émergence ou encore neurophilosophie.

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