Nathalie Heirani Salmon-Hudry est une jeune femme de 29 ans, née à Tahiti, pleine d’humour et de vie qui vient de publier son premier livre «Je suis née morte» aux éditions Au Vent des Îles. Un livre témoignage sur son histoire qui démarre comme celle de tout un chacun à sa naissance, en 1983 à Papeete. Sauf que pour Nathalie, la vie démarre dès les premiers instants par une dramatique réalité. En raison de complications au moment de l’accouchement, Nathalie est infirme moteur cérébral. Le diagnostic irréversible est terrible, la réalité tout autant. Pour autant, pour elle, comme pour sa mère Merris qui l’accompagne depuis toutes ces années, le handicap ne doit pas être une fatalité et Nathalie met un point d’honneur à étudier : apprendre à lire et à écrire grâce à l’aide de l’informatique, passer son brevet des collèges, son DAEU (diplôme d’aptitude aux études universitaires, l’équivalent d’un baccalauréat) et même deux années d’études supérieures.
Nathalie Heirani Salmon-Hudry est la preuve vivante, vibrante même, d’un handicap surpassé, au moins virtuellement par la force de la volonté et de l’amour de ceux qui l’entourent. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir les yeux grands ouverts sur la vérité quotidienne : le regard des autres sur le handicap, le manque de structures adaptées en Polynésie pour les adultes ayant un handicap. Chapitre par chapitre, son livre de 156 pages, qu’elle a rédigé entre juillet 2011 et février 2012, est le témoignage de chacun de ses dépassements, chacune de ses désillusions.
Une séance de dédicace est organisée ce samedi 29 septembre, de 9h à midi, à la librairie Klima, place de la cathédrale à Papeete. A ne rater sous aucun prétexte, ne serait-ce que pour rencontrer Nathalie, sa soif de vivre et son humour communicatif.
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Nathalie Heirani Salmon-Hudry est la preuve vivante, vibrante même, d’un handicap surpassé, au moins virtuellement par la force de la volonté et de l’amour de ceux qui l’entourent. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir les yeux grands ouverts sur la vérité quotidienne : le regard des autres sur le handicap, le manque de structures adaptées en Polynésie pour les adultes ayant un handicap. Chapitre par chapitre, son livre de 156 pages, qu’elle a rédigé entre juillet 2011 et février 2012, est le témoignage de chacun de ses dépassements, chacune de ses désillusions.
Une séance de dédicace est organisée ce samedi 29 septembre, de 9h à midi, à la librairie Klima, place de la cathédrale à Papeete. A ne rater sous aucun prétexte, ne serait-ce que pour rencontrer Nathalie, sa soif de vivre et son humour communicatif.
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RENCONTRE AVEC NATHALIE HEIRANI SALMON-HUDRY
Tahiti Infos : Avec la publication de ce livre, tu es actuellement en pleine promotion médiatique, as-tu peur du regard des autres ?
Nathalie Heirani Salmon-Hudry : Non, je l’ai fait en pleine connaissance de cause. Soit je restais dans mon coin et je n’étais pas embêtée, soit je forçais les choses et m’exposais aux gens en essayant de me construire. J’ai fait un choix. J’attends maintenant le retour.
Dans certains de tes témoignages, tu es très dure à l’égard de représentants de divers organismes. Tu as peur de les croiser, désormais ?
Je dirai juste que j’en ai dit le minimum dans le livre ! J’avais besoin d’apporter mon témoignage. Tout n’est pas beau et gentil. Cette vie, c’est une lutte et un combat permanents. Même auprès des institutions, tu dois te battre. Ce livre je l’ai écrit pour parler du handicap, son utilité est là : avec ce livre on nous connaît. J’ai presque envie de dire : cherchez les autres. Il n’y a pas que moi.
Tu pointes du doigt les manques de structures, les aides méconnues par les handicapés eux-mêmes ou leurs familles…
Je ne sais pas combien de personnes handicapées vivent actuellement en Polynésie. Pour ma part, j’ai découvert que le cadre législatif et juridique existe, les aides sont là, mais peu les connaissent. Forcément il y a beaucoup de gens lésés parce qu’ils ne savent pas (…) La politique du handicap est également faite à moitié : le centre de la Fraternité accueille les enfants de 3 à 20 ans, d’autres peuvent être scolarisés, mais après cet âge-là, il n’y a plus d’accompagnement. Après c’est l’affaire des parents qui vieillissent…
Tu es née en 1983 et tu as donc pu profiter rapidement de l’aide de l’outil informatique, enfin une bonne nouvelle ?
J’ai conscience que cela a été une aide considérable. J’ai appris à écrire sur un clavier avec une licorne (une tige de fer fixée sur un anneau posé sur la tête, NDLR) que l’ergothérapeute du centre où j’étais scolarisée avait trouvée. J’avais 11 ans. Sans la licorne, je ne peux rien faire et l’inactivité, je ne supporte pas ! Cela me permet aussi d’avoir accès à Internet, comme moyen d’évasion : avec l’ordinateur tu choisis ta destination et les gens avec lesquels tu veux voyager.
Comment s’est passée ta rencontre avec l’éditeur Christian Robert ?
J’avais commencé à écrire quelque chose et un jour ma mère me dit : on appelle un éditeur. Le nom Au Vent des Îles me plaisait bien aussi. Je suis arrivée avec 26 feuillets A4, il m’a dit que c’était un peu léger pour un livre ! J’ai apprécié qu’il me donne son ressenti et à partir des questionnements même de Christian, j’ai fait les chapitres un à un (…) J’ai poussé la porte de la maison d’édition avec mon histoire et lui, en a fait un livre.
Tahiti Infos : Avec la publication de ce livre, tu es actuellement en pleine promotion médiatique, as-tu peur du regard des autres ?
Nathalie Heirani Salmon-Hudry : Non, je l’ai fait en pleine connaissance de cause. Soit je restais dans mon coin et je n’étais pas embêtée, soit je forçais les choses et m’exposais aux gens en essayant de me construire. J’ai fait un choix. J’attends maintenant le retour.
Dans certains de tes témoignages, tu es très dure à l’égard de représentants de divers organismes. Tu as peur de les croiser, désormais ?
Je dirai juste que j’en ai dit le minimum dans le livre ! J’avais besoin d’apporter mon témoignage. Tout n’est pas beau et gentil. Cette vie, c’est une lutte et un combat permanents. Même auprès des institutions, tu dois te battre. Ce livre je l’ai écrit pour parler du handicap, son utilité est là : avec ce livre on nous connaît. J’ai presque envie de dire : cherchez les autres. Il n’y a pas que moi.
Tu pointes du doigt les manques de structures, les aides méconnues par les handicapés eux-mêmes ou leurs familles…
Je ne sais pas combien de personnes handicapées vivent actuellement en Polynésie. Pour ma part, j’ai découvert que le cadre législatif et juridique existe, les aides sont là, mais peu les connaissent. Forcément il y a beaucoup de gens lésés parce qu’ils ne savent pas (…) La politique du handicap est également faite à moitié : le centre de la Fraternité accueille les enfants de 3 à 20 ans, d’autres peuvent être scolarisés, mais après cet âge-là, il n’y a plus d’accompagnement. Après c’est l’affaire des parents qui vieillissent…
Tu es née en 1983 et tu as donc pu profiter rapidement de l’aide de l’outil informatique, enfin une bonne nouvelle ?
J’ai conscience que cela a été une aide considérable. J’ai appris à écrire sur un clavier avec une licorne (une tige de fer fixée sur un anneau posé sur la tête, NDLR) que l’ergothérapeute du centre où j’étais scolarisée avait trouvée. J’avais 11 ans. Sans la licorne, je ne peux rien faire et l’inactivité, je ne supporte pas ! Cela me permet aussi d’avoir accès à Internet, comme moyen d’évasion : avec l’ordinateur tu choisis ta destination et les gens avec lesquels tu veux voyager.
Comment s’est passée ta rencontre avec l’éditeur Christian Robert ?
J’avais commencé à écrire quelque chose et un jour ma mère me dit : on appelle un éditeur. Le nom Au Vent des Îles me plaisait bien aussi. Je suis arrivée avec 26 feuillets A4, il m’a dit que c’était un peu léger pour un livre ! J’ai apprécié qu’il me donne son ressenti et à partir des questionnements même de Christian, j’ai fait les chapitres un à un (…) J’ai poussé la porte de la maison d’édition avec mon histoire et lui, en a fait un livre.