KUNDALINI : réflexions. (1)

Je n'avais pas pris mon ordinateur portable pendant mon séjour en Bretagne. 

Je n'ai donc rien écrit cette semaine. Mais beaucoup pensé et ressenti...

Je voulais approfondir les réflexions qui me guident dans l'écriture du roman en cours. 

Ce qui suit n'a pas été travaillé, littéralement. Ce sont juste des "balises" , brutes de décoffrage, qui me servent d'éclairage sur le chemin. 


 

 

L’Amour est un état. Pas simplement une émotion.

C’est en lui par contre que naissent les émotions.

Celui qui n’éprouve que des émotions n’est pas dans l’Amour. Il lui reste encore à remonter vers la Source. Comme un saumon dans le courant.

S’il n’y parvient pas, s’il se laisse emporter, si sa pugnacité à s’observer est trop fluctuante, il s’en ira au gré des eaux, vers la dilution dans l’Océan du chaos intérieur.

 

L’Amour est un état constant, immuable et qui n’a pas de Temps. Il est au-delà du Présent car ce Présent est une entité temporelle qui s’est nourri du Passé et se projette vers un Futur.

Le Présent est un espace où les émotions sont encore trop perturbantes pour l’Amour.

L’Amour ne peut exister que dans l’Instant lui-même, un Instant qui ne se compte pas en secondes mais en vibrations. Des vibrations originelles nées de l’éternité et donc de l’absence même de Temps.

Les émotions ne sont pas des vibrations. Elles se nourrissent de la personnalité de l’individu, une personnalité construite sur les expériences de l’existence. Chaque émotion est un ancrage et l’individu y consolide son ego. En mal comme en bien, au gré des tristesses et des bonheurs.  

Si je vis essentiellement dans les émotions et que je me réjouis des bonheurs, il est inévitable que j’aie à supporter les détresses. Comme une expiration après l’inspiration, la nuit après le jour, l’hiver après l’été, le repos après l’effort… Toute notre existence défile au gré des alternances. Il n’y a aucun regret à avoir, aucun reproche à faire, aucun déni à soutenir. C’est tout simplement la réalité de l’existence dans le champ des émotions.  

 

Les émotions sont des échos de notre Passé.

Il suffit qu’elles aient été douloureuses pour que la peur s’installe à chaque expérience similaire.

La peur est une émotion et la crispation, la sueur, les tremblements, la bouche sèche, le déraisonnement, ce sont des effets.

Il suffit qu’elles aient été bienheureuses pour que la confiance l’emporte. La précision des gestes et la lucidité sont des effets.    

Le Présent sera immanquablement troublé par ces échos durables.

Seul l’Amour est libre d’émotions.

Si je prends le cas du désir, il s’agit d’une émotion et l’excitation physique est son effet.

Mais si ces phénomènes ne sont pas issus d’un Amour intégral, de la plénitude et de l’absence du Temps, il ne s’agit que d’un conglomérat d’émotions et de leurs effets.

Ce désir peut être nourri de fantasmes, ce qui revient à inclure de nouveau le Temps dans l’espace intime et par là même repousser les vibrations de l’Amour. Les fantasmes sont des constructions mentalisées qui ne peuvent vibrer. Elles sont inertes et ne restent en vie qu’à travers l’emprise qu’elles exercent sur l’excitation. Il suffit d’ailleurs que cette excitation s’étiole pour que l’individu s’abandonne à de nouveaux fantasmes.

Viendra un temps où plus aucune construction mentalisée ne parviendra à maintenir l’excitation.

Au fil du temps, l’usure est une peine inéluctable. C’est comme une condamnation qui se construit jour après jour, avec un délabrement de plus en plus grand.

L'excitation éveillée par le désir génère elle-même d'autres émotions...C'est un système qui tourne en boucle, dans l'horizontalité, car aucun éveil spirituel n'est en cours. Il n'y a pas d'ascension verticale dans le protocole de "l'émotion-effet" mais inévitablement un phénomène d'usure, un engrenage infernal qui consiste à renouveler constamment le catalogue émotionnel et ses effets.

Jusqu'à l'épuisement du mental et l'affadissement corporel, l'étiolement de l'union intime.

 

Il n’y a pas d’Amour qui ne soit qu’émotions. Il n’y a pas d’Amour qui ne soit qu’excitation.

Les émotions et leurs effets sont périssables.

L’Amour, lui, est éternel. C’est une vibration qui n’a pas d’âge, qui n’en aura jamais. L’Amour est.

Et son absence ne peut être comblée. Aucun expédient n’y parviendra jamais.

 

Dans l’acte physique d’aimer, même l’émotion, même l’excitation sont des entraves.

Il s’agit d’entrer dans le champ vibratoire, de remonter à la Source.

Non pas deux corps qui s’étreignent et se caressent, non pas le protocole des « préliminaires-coït-orgasme » mais une fusion énergétique qui n’a pas d’autre intention que d’éprouver corporellement, au plus profond des cellules, le flux vibratoire, créateur de la Vie.

Il ne s’agit pas de jouir, chacun, individuellement et si possible simultanément mais de se réjouir à chaque instant de l’orgasme énergétique qui ruisselle dans chaque cellule. Ne rien vouloir, ne rien espérer, ne rien craindre, ne rien attendre, ne rien regretter. Et si possible même, n’être plus là par la pensée, n’être plus là émotionnellement, ne subir aucun ancrage, aucune retenue éducative, aucun manque archaïque, aucun trouble ancien, fermer la porte du Temps et entrer dans l’Instant.

Se "ré-jouir", c'est entrer dans une jouissance sans cesse maintenue, non pas un orgasme génital éphémère mais un embrasement intégral qui dure bien au-delà des spasmes, se "ré-jouir", c'est entrer en résonnance avec cette vibration originelle qui est la vie en nous. Il ne s'agit donc pas de courir vers l'orgasme mais d'en retarder l'échéance, de le sublimer à chaque instant, de le suspendre, de l'observer, de l'accompagner mais d'en rester le Maître.

C'est laisser la Vie jouir d'elle-même à travers nous, aussi longtemps qu'elle le souhaite.

Deux corps enchâssés, deux âmes aimantées, deux auras enlacées. Dans l'écrin de l'Amour. 

Rien d’autre. Puisque Tout est là.

Cette étreinte corporelle deviendra peu à peu un orgasme énergétique constant, une vibration ininterrompue, l'expérience de l'orgasme intérieur, spirituel, comme si l'Amour ne pouvait plus se taire, ne pouvait plus être recouvert.

Se "ré-jouir" encore et encore d'un regard, d'une parole, d'une pensée. Être dans l'orgasme de la Vie. 

 

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