L'autre moitié... (mental/conscience)
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/04/2010
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"Pour se compléter, pour devenir sage et fort, c'est simple, il suffit de s'ouvrir, de laisser venir ce qui manque, l'autre moitié essentielle de soi-même.
Cette recherche de la complétude demande de l'attention et de la persévérance, elle se situe hors de tout volontarisme bloquant parce qu'il n'est que mental.
Apprendre à céder est notre problème, un problème d'attention, de décontraction et d'Amour."
Gîta Mallaz.
La difficulté essentielle pour ma part est de faire la distinction entre la persévérance et le volontarisme. L'attention réclame de la vigilance, la vigilance nécessite de la lucidité, la lucidité impose une certaine forme de volonté...Et c'est là que se produit le basculement dans le volontarisme...La frontière est insignifiante, aussi fine que celle qui sépare le mental de l'esprit. Le mental est un tourbillon de pensées, de mémoire, d'ancrages.
L'esprit, pour sa part, évolue dans une saisie constante de l'instant, sans aucune interférence.
Mais le mental est un roublard et il lui est facile de se déguiser pour se faire passer pour cet esprit contre lequel il lutte. Il n'aime pas l'instant présent car il le prive de ses ancrages et le dissout. Alors il va s'imposer par le volontarisme, cette dimension temporelle qui inclut une projection vers un avenir espéré. Le volontarisme est intentionnel, il a un objectif qui se situe hors de l'instant. Mais pour passer inaperçu le mental se sert de cette quête de l'éveil, de ce goût étrange pour la spiritualité, l'intellect se dresse et se pare de citations, de connaissances livresques, de références...
C'est toujours la mémoire en fait et le mental qui reprend les commandes. Etre dans la connaissance intellectuelle, c'est se soumettre de nouveau à ce mental qui se nourrit de ses acquis, qui se lance vers la re-connaissance, juste des nourritures digérées mais nullement vécues. D'ailleurs, elles disparaissent comme autant d'excréments avec le temps et le mental retourne se gaver goulûment dès que l'occasion se présente.
Le nouvel essai d'un grand Maître, une conférence immanquable, un symposium, un séjour, un stage, un voyage organisé...
Re-connaissance. A double effet : retrouver celui que l'on connaît, que l'on a déjà rencontré, ce Moi adoré et puis bien sûr une reconnaissance sociale, un partage, une adhésion à un groupe parce que s'y trouve une valorisation entretenue conjointement...Le mental est un roublard...
Et j'ai moi-même commencé ce texte par une citation.
Et j'entretiens ce blog sur lequel j'ai du plaisir à voir passer du monde.
Tout ça n'est qu'un mental qui s'amuse.
Mais si ce travail me permet d'en prendre conscience, n'est-ce pas là que se situe ce que l'on pourrait nommer le détachement. Une certaine observation des tours et détours utilisés par ce mental insoumis et persévérant. La conscience d'un esprit en nous ne prend-elle pas forme uniquement à travers l'observation de notre mental ? Des subterfuges infiniment renouvelés. L'esprit ne serait dès lors non pas un maître à penser mais davantage un chirurgien, un maître du scalpel. Et à force de trancher dans les chairs il parviendrait au coeur. Au coeur de l'instant. Là,où il n'y a plus rien à observer puisqu'il n'y a aucune action, aucune intention, aucun ancrage. Rien.
L'esprit est là où il n'y a plus rien.
Alors cette autre moitié ne serait pas une part accolée comme un contrepoids mais un espace vide, un néant dans lequel la Vie prendrait forme, rejoindrait la source, l'origine, le tohu bohu primitif, sans aucune rancoeur pour ce mental manipulateur mais un Amour inconditonnel pour cette moitié agitée qui créé en fait l'opportunité de plonger au coeur de l'instant.
C'est parce que je suis le jouet de mon mental et que j'en ai conscience que je découvre les règles du jeu. Et au lieu de subir des règles qui m'échappent je deviens le concepteur d'un jeu plus subtil : celui qui consiste à observer le joueur en train de s'agiter au lieu d'être un simple pion sur le damier de mon inconscience.
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