Anita BERCHENKO, responsable des éditions NUMERIKLIVRES
Quand j'ai lu ce texte sur la page facebook d'Anita, je me suis dit que j'étais entièrement d'accord avec les propos et je me suis demandé si je n'en étais pas l'auteur...
Confirmation quelques instants plus tard de la part d'Anita. C'était bien moi.
Etrange impression...Je ne me souvenais pas clairement avoir écrit ces lignes mais il en restait tout de même un lointain souvenir. J'ai repensé à cet état second dans lequel je suis, parfois, en écrivant.
J'aimerais explorer le cheminement intérieur, en baliser chaque étape, y placer des repères pour pouvoir y évoluer constamment. Que se passe-t-il lorsque cette plénitude de l'écrit s'installe ? Durchkeïm parlait de "Maître intérieur". C'est vraiment ainsi que je le perçois. L'effacement de l'individu et l'éveil de "l'autre"...Mais qui est-il ? Où puise-t-il cette capacité à émerger ?
Si j'essaie d'identifier les éléments dont je me sers pour écrire, la mémoire a un rôle prépondérant. Ce que j'écris n'existe pas encore mais les fondements dans lesquels je vais puiser les éléments de l'histoire sont inscrits en moi. Ce sont des expériences vécues, des sensations, des émotions, des réflexions. Mon corps, lui-même, en porte parfois les souvenirs et les frissons qui surviennent, sans aucune pensée, en sont les échos profonds. L'impression que cet état second correspond dès lors à une osmose totale entre l'intellect et le sensoriel, une certaine forme d'holisme.
Dans la course longue, l'effort d'endurance, l'individu entre parfois dans "la zone", un état second sans pensée, un état d'extrême perception de l'énergie enfouie.
Il me semble que dans l'écriture, la même situation existe mais elle se contruit dans un état de pensées en symbiose avec l'énergie intérieure, une énergie spirituelle. Cet état de clairvoyance suprême, comme si tout devenait évident, comme si toutes les réponses surgissaient sans aucun effort d'un tourbillon qui soudainement s'apaise, c'est un bonheur immense, sans aucune émotion, juste une absence du moi et l'émergence du Soi. Aucune interférence, aucune intrusion, tout ce que l'individu porte s'enflamme, s'embrase, se consume et la chaleur ruisselle dans les fibres, la lumière emplit l'espace intérieur...
Je ne connais rien de similaire.
L'autre est là, en nous et nous ne le connaissons pas. Nous errons habituellement sous la forme d'un ectoplasme insignifiant mais identifié, cartographié, socialement reconnu. C'est effrayant. Là encore, cette dimension spirituelle, tant que nous l'ignorerons, rien ne sera possible. L'Humanité restera ancrée dans un paradigme où l'apparence contiendra la norme. Une norme toxique.
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