L'écoféminisme
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/07/2019
- 0 commentaire
Féminin sacré
S’ÉVEILLER À LA CONSCIENCE ÉCOFÉMINISTE AVEC LES SAGESSES ANCESTRALES
Publié le 22 juin 2019
Catherine Maillard est créatrice de la collection "Rituel de femmes" et coauteure de "S'éveiller au féminin sauvage". Elle suit les enseignements chamaniques depuis 15 ans.
Véritable mouvement qui connecte les femmes à la nature, l'écoféminisme connait une émergence progressive dans le monde depuis les années 70, mais peine encore à se faire connaître en France. Comment expliquer ce puissant lien entre la Terre Mère et les femmes ?
JE TESTELES PRODUITS
Métamorphose : le podcast de la semaine, par Anne Ghesquière
L’écoféminisme, un courant en vogue aujourd’hui qui retisse la trame entre les femmes et la nature, pourrait bien amorcer un changement majeur, à la fois dans l’histoire du féminisme et de la mutation en cours. Apparu en 1974, avec Françoise d’Eaubonne, amie de Simone de Beauvoir, l’Ecoféminisme est un mouvement protéiforme qui recouvre différents courants.
>> A lire sur FemininBio Après la pluie, premier festival écoféministe de France gratuit
Dans les années 80, des féministes anglo-saxonnes dénoncent le lien entre la destruction de la nature et oppression des femmes. L’écrivaine américaine et militante Starhawk, en est une des voix les plus influentes, et radicales et mobilisent des femmes pour contrer la menace de guerre nucléaire. Parmi les plus connues, on peut citer l’américaine Rachel Carson, lanceuse d’alerte sur les risques phytosanitaires pour la santé, Marie Mies, professeure émérite de sociologie, les femmes du mouvement Chipko Andolan, et le Dr Vandana Shiva devenue emblématique de la révolution écologique. Ensemble, scientifiques, juristes, paysannes se lèvent autour de valeurs dites écoféministes. C’est indéniable, entre la planète, Pacha Mama, comme l’appelle les anciens, et les femmes, de puissants liens se sont tissés. Comment l’expliquer ? Comment cette alliance va –t-elle agir sur la mutation ?
L’alliance entre les femmes et la nature
Face à notre monde en profonde mutation, un nouveau mouvement émerge, l’éveil du féminin de l’être, signe d’une nouvelle conscience écologique. "Les enseignements disent que la violence faite contre les peuples autochtones, contre la terre et une grande partie de la nature a détruit l’équilibre de la terre et dissipé l’énergie féminine. Les femmes doivent réveiller cette grande force qu’elles possèdent et ramener le monde à la paix et à l’harmonie !" rapporte Carol Schaeffer(1). Le constat est formel, impliquant à la fois la nécessité d’une profonde mutation écologique et d’un réveil de l’énergie féminine…
Les Anciennes disent que lorsque les Femmes écouteront leur propre terre, en prendront soin, lorsqu’elle seront capable d’entendre leur utérus, alors elles incarneront la profonde féminité dans chaque instant de la vie et manifesteront le Grand rêve Sacré. Dans les traditions ancestrales, l’utérus des femmes ne permet pas seulement de porter un enfant, il contient les semences de nos rêves sacrés, les graines du monde de demain… Nous y voilà, la terre, le ventre des femmes, les semences libres, les graines, donner la vie, porter les rêves… autant de liens sacrés avec la Terre Mère, le Grand mystère du vivant.
>> A lire sur Femininbio Cycles menstruels : cessons avec ces trois idées reçues
Une alliance que revendique haut et fort l’écoféministe Vandana Shiva, docteure en physique quantique et en philosophie. "Entre les femmes et la nature sont inscrits depuis toujours un héritage ancestral… ". Pour la militante indienne, la Nature, en tant que sujet vivant, tout comme l’intelligence féminine, sont tout deux essentiels à la survie de l’humanité. Si elle place les femmes comme gardienne des semences, ce n’est pas un hasard ! "C’est un fait historique commun à toutes les cultures : les femmes sont les premières agricultrices et aujourd’hui encore dans les sociétés traditionnelles, elle font le lien entre le champs et l’assiette, en passant par la protection des graines, leur reproduction, la cuisine, le gout, etc… ".
Partout dans le monde, les femmes s’assurent que leur famille et leur communauté vivent en bonne santé et que l’existence suit son cours ! Au cœur de son combat écoféministe : la promotion d’une agriculture paysanne traditionnelle et biologique, et la libération des graines, des enjeux plus complexes qu’il n’y paraît, tant sur le plan écologique, bien sûr, mais aussi symbolique.
S’éveiller à la sagesse de la Terre
"La nature est l'enseignante dont nous avons besoin à l'heure actuelle !". Pour l’écothérapeute et féministe Marianne Grasselli Meier, nous avons besoin que la nature nous rappelle le rythme vital qui est le nôtre : "croitre, s'épanouir, mâturer, décroitre et se reposer. Tout est cycle, l’arbre perd ses feuilles, la nature se fige en hiver, libère sa sève, son énergie vitale au printemps, pour exhaler son parfum en été".
Depuis la nuit des temps, de manière intuitive, les humains ont adapté leur mode de vie en fonction des rythmes de la nature, des saisons, de la course de la lune… Avec la modernité, nous agissons à contre-courant, et sommes de moins en moins à l’écoute de ces cycles. Ces attitudes créent des déséquilibres, nous déréglant peu à peu et nous éloignant d’une vie naturelle et épanouissante. Renouer avec les cycles est loin d’être un lubie, mais une priorité, pour notre époque exténuée, par nos rythmes frénétiques, incessants, quelle que soit la saison. D’où sans doute, l’émergence de cercles autour des Equinoxes, des Solstices, et des Pleines lunes, preuve d’un profond besoin à s’accorder à nouveau aux cycles de la vie.
>> A lire sur FemininBio Féminin sacré : retrouver sa puissance en se connectant à la lune
En écho au sociologue et écrivain américain, Théodore Roszak affirme : "l’être humain et la planète sont inséparables ; de la bonne santé de l’un dépend celle de l’autre" , l’éventualité que ce courant écoféministe émergeant apporte des réponses en profondeur aux défis actuel, est à prendre en compte. Ainsi, renouer avec les sagesses ancestrales, et les écorituels pourraient orienter notre engagement dans les problèmes environnementaux, et participerait à poser de nouvelles bases d’une société, profondément "reliée" aux énergies de la nature, et la ronde sacrée de la vie.
(1) Les 13 Grands Mères Indigènes conseillent le monde. Ed Guy Trédaniel.
(2) Pour une désobéissance créatrice. Ed Actes Sud.
(3) Les gardiennes de la terre. Guide d’écothérapie. Ed Le Courrier du Livre
Catherine Maillard est co-auteure de Rituels de femmes pour s’éveiller au féminin sauvage.
Ajouter un commentaire