© Piotr Marcinski
PUBLIÉ LE 22/06/2015
- Miriam Gablier
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L'Orgasme :
initiation à l'abandon
Impossible de parler de sexualité sans évoquer l’orgasme. Perçu comme le paroxysme du plaisir, ses effets peuvent s’avérer surprenants.
L’orgasme, explosion intense de plaisir dans le corps, fruit de l’amplification du désir et de l’excitation, est généralement considéré comme étant l’objectif à atteindre dans la sexualité. Il en serait le « clou du spectacle », le bouquet final. Alors, cette jouissance hante nos psychés, nos corps, tout autant que nos clips publicitaires. Nous le voulons. Toutefois, l’orgasme tel qu’habituellement médiatisé ressemble parfois à une sorte d’arnaque du monde moderne. Derrière cette jouissance présentée comme un big bang bling-bling, se cache un phénomène notable et que nul ne sait réellement définir.
La médecine, par exemple, décrit ses manifestations les plus communes : contractions musculaires du périnée et des organes sexuels, modification de charges électriques dans la zone génitale, décharge de fluides chez la femme et éjaculation chez l’homme – bien que facultatifs. Le tout serait épicé d’une production hormonale qui favoriserait la sensation de plaisir et, bien sûr, de certains facteurs psychologiques. Cependant, la revue scientifique Clinical Psychology Review liste 26 descriptions de cette apogée sexuel sans qu’aucun consensus ne soit trouvé. « Pour l’instant, il n’y a pas de définition cohérente de l’orgasme », confirme le sexologue Jean-Claude Piquard, auteur de Les Deux Extases sexuelles. « Finalement j’ai eu un orgasme. Mais mon docteur m’a dit que ce n’était pas le bon », plaisante Woody Allen. L’orgasme ne serait-il pas alors avant tout une expérience de lâcher-prise que chacun expérimente à sa manière ?
C’est ce que pense Wilhelm Reich, médecin psychanalyste, auteur de La Fonction de l’orgasme et précurseur des recherches sur ce phénomène mystérieux. Pour lui, l’orgasme se produit lorsque la montée en puissance de l’énergie sexuelle dans le corps lâche d’un coup. Cette « petite mort » marquerait le passage d’une tension quasi insoutenable à une relaxation soudaine. Au-delà de ces symptômes variables, l’orgasme serait avant tout un abandon de soi. Une expérience divinement jouissive. « Reich a défini la courbe de l’orgasme en montrant comment au moment de l’acmé, le corps perd tout contrôle et décharge l’énergie accumulée, provoquant tout un tas de réactions », détaille le Dr Michel Heller, psychologue et auteur de Psychothérapies corporelles, Fondements et méthodes.
Revitalisés des pieds à la tête
Reich note aussi au passage que l’énergie libérée cherche à irriguer notre organisme. Allant bien au-delà des parties génitales, ce grand lâcher-prise pourrait potentiellement nous permettre d’être revitalisés de la tête aux pieds par un flux puissant d’énergie vitale. Ceci aurait de multiples effets bénéfiques sur notre santé. Cependant, le psychanalyste fait le constat de « cuirasses » qui agissent comme des barrages à cette circulation. Construites par tout un chacun pour se protéger des difficultés de la vie, elles se trouveraient au niveau physiologique (cuirasse musculaire) et psychologique (cuirasse caractérielle).
Le psychanalyste insiste alors sur la nécessité de les nettoyer en soulignant que l’orgasme en serait à la fois un moyen et un résultat. Plus nous sommes libérés de nos tensions, plus l’orgasme peut prendre de l’ampleur. Plus il prend de l’ampleur, plus l’énergie qu’il génère nettoie les barrages qu’elle rencontre. « Reich considérait l’orgasme comme une sorte de mécanisme de nettoyage de nos cuirasses. Il le voyait un peu comme un phénomène de réinitialisation de nos paramètres », résume le Dr Gérard Guasch, médecin psychanalyste et auteur de Wilhelm Reich : Biographie d’une passion.
Ouverture spirituelle
Que se passe-t-il alors lorsque nous acceptons de vivre pleinement cette initiation au lâcher-prise ? Abandon à plus grand que soi dans un plaisir intense. Entrée dans des espaces-temps où les possibles sont surprenants.
« Je crois que l’orgasme ouvre à la spiritualité car il nous décharge, ne serait-ce qu’un petit moment, des repères habituels auxquels nous sommes identifiés. Là, nous accédons à d’autres sources, dans lesquelles il semble indéniable qu’il y ait une dimension spirituelle. Nous pouvons alors avoir une sensation de béatitude qui nous fait nous sentir appartenir au cosmos », énonce Gérard Guasch, par ailleurs maitre du tao de la tradition Longmen. De nombreuses traditions spirituelles ont ainsi développé des pratiques permettant de faire de la sexualité un marche-pied vers un élargissement de la conscience.
Je ne suis pas d'accord avec cet article lorsqu'il annonce que l'orgasme ouvre à la spiritualité. C'est bien au contraire le protocole : préliminaires, coït, orgasme qui a contribué et contribue encore au fait que la sexualité soit restée à sa dimension génitale. L'orgasme n'est pas une fin en soi mais bien au contraire un tremplin vers un autre état de conscience. Et dès lors, il n'est pas une fin mais un commencement.
Toute la trame de KUNDALINI tient dans cette précision.