La protéodie ou les effets de la musique sur les plantes.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/02/2023
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Des études passionnantes.
Les effets de la musique sur les plantes
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Rites ou croyances, jusqu'à la fin du Moyen Age en Europe, les hommes utilisaient des rituels agraires accompagnés de musique et de chants pour aider la germination et la pousse des récoltes. Carl Linné, un botaniste suédois du XVIIIème siècle, énonce des hypothèses sur les rythmes auxquels semblent obéir les plantes. Aujourd’hui dans quelques tribus indiennes d’Amérique et d’Afrique, ces rituels sont encore utilisés. Les aborigènes d’Australie quant à eux, utilisent des chants pour faire pousser leurs plants de tomates. Bien que ces rituels soient souvent des actes religieux on peut se demander si ces chants ont vraiment un impact sur les plantes. Si certains scientifiques ne croient pas à cette théorie, des entreprises n’hésitent toutefois pas à la mettre en pratique. Ainsi, au Japon, la société Gomei-kaisha Takada a déposé un brevet en 1991 sur l’utilisation de certaines musiques pour améliorer la fermentation des levures employées pour la fabrication des sauces soja.
5.1 Quelques expériences
Pour commencer, nous avons recensé, ci-dessous quelques expériences réalisées à travers le monde par des scientifiques pour démontrer que la musique avait un effet sur les plantes.
Marcel Vogel (chercheur en chimie aux laboratoires de recherche d’IBM à San José, Californie) a entrepris des expériences musicales sur les plantes, et avec des morceaux tels que Nuits dans les jardins d’Espagne de De Falla, il a constaté des oscillations rythmées de leur part.
Mrs. Dorohy Rettallack au Collège Buell Temple à Denvers, dans le Colorado a avancé que l'écoute de Bach ou de Ravi Shankar influençait favorablement les cultures. Elle va même jusqu'à prétendre que cette influence varie en fonction du type de musique. Ainsi le rock aurait un effet négatif sur les plantes. Celles-ci ploieraient avant de se mettre à dépérir puis à mourir. En 1969, la chercheuse fit des expériences pour prouver cette hypothèse en testant plusieurs sortes de musiques sur plusieurs types de plantes (maïs, pétunias, courges, etc.). Dans son livre : The sound of music and plants, elle présente ses expériences et ses conclusions sur cette théorie.
Première expérience : Dans cette expérience la chercheuse mit dans trois chambres différentes des plantes et leur fit écouter la même tonalité mais avec des durées différentes. Dans la première pièce, elle la fit écouter 8 heures de cette tonalité, dans la deuxième pièce elle fit écouter pendant trois heures avec des pauses, dans la troisième pièce elle ne fit rien écouter. Les plantes de la première pièce sont mortes au bout de quatorze jours. Les plantes de la deuxième, ont poussé et sont plus saines que celles de la troisième pièce. Cette expérience a montré que le son avait un effet sur les plantes et que quand elles étaient mises en présence de musique avec des pauses elles poussaient mieux qu’avec une tonalité en continu ou sans tonalité.
Deuxième expérience : La chercheuse mit un premier groupe de plantes dans une pièce branchée à une radio locale de rock et dans une autre pièce un autre groupe branché à une radio de musique classique. Elle fit écouter à chaque groupe trois heures de musique.
Les plantes écoutant de la musique rock ont grandi au début mais sont devenus anormalement hautes, avec des feuilles plus petites que les autres plantes, elles consommaient plus d’eau et leurs tiges se dirigeaient à l’opposé du poste de radio. Certaines plantes sont même mortes. A l’inverse les plantes soumises à de la musique classique étaient plus saines et leurs tiges se dirigeaient vers le poste de radio. De plus, ces plantes présentaient des racines plus grosses et plus longues que celles de l’autre groupe.
Cette expérience semble démontrer que la musique a bien un effet sur les plantes et que cet effet peut être positif ou négatif en fonction du type de musique.
Troisième expérience : en rapport avec les anciens rituels agraires, Mrs Retallack fit une expérience avec un groupe de plantes, qui «écouta» de la musique indienne d’Amérique du nord, un deuxième groupe qui «écouta» la musique de Bach avec un orgue et un troisième groupe qui « n’écouta » aucune musique. Les plantes ont mieux poussées avec la musique indienne qu’avec la musique de Bach. Ces dernières ont mieux poussé que celles qui n’avaient pas de musique. Aucune des deux musiques n’a tué les plantes. Cette expérience peut montrer que les rituels agraires avaient bien un effet sur les plantations.
Expérience réalisée à Paris où l'air est très pollué, par Joël Sternheimer.
Des algues microscopiques ont été placées dans un petit bac avec de l'eau. Pendant dix jours, dix minutes par jour, on leur a passé́ une musique stimulant plusieurs protéines de photosynthèse, processus par lequel les algues fixent le CO2 de l'air, gardent le carbone pour se développer et rejettent de l'oxygène. En quelques jours, on pouvait observer la formation des bulles d'oxygène. Au final, on a pu mesurer un dégagement d'oxygène seize fois supérieur chez les algues qui avaient reçu de la musique par rapport aux algues témoins.
Cela ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.
5.2 Explications théoriques
En 1992, Joël Sternheimer, professeur à l’université européenne de la recherche, s’est intéressé aux effets de la musique sur les plantes, dépose le brevet du « Procédé de régulation épigénétique de la synthèse protéique » qui permettrait d’expliquer, entre autre, l’influence de la musique, ici appelé protéodie, sur des organismes vivants.
Il affirme : « une mélodie spécifique peut stimuler ouf inhiber la synthèse d’une protéine au sein d’un organisme », et que « chaque protéine peut être caractérisée par sa musique, qui est une vision de la protéine à une autre échelle ».
Joël Sternheimer est soutenu en cela par Jean Marie Pelt, le célèbre scientifique qui pense que Joël Sternheimer nous donne peut-être la clef, ou l’une des clefs des effets de la musique sur les plantes. Il déclare : « lorsque les plantes « écoutent » la mélodie appropriée, les ondes acoustiques sont transformées « microphoniquement » en ondes électromagnétiques elles-mêmes sources « d’ondes échelle » et elles se mettent à produire la protéine spécifique à cette mélodie ».
En 1996, Joël Sternheimer, a fait au Sénégal des expériences sur des plants de tomates. Il a étudié l’effet de la musique sur la protéine TAS 14 (protéine de résistance de la tomate à la sécheresse). Cette protéine aide les plants à résister à la sécheresse. Pour cela Sternheimer a passé trois minutes par jours de la musique aux plants de tomates pour stimuler la TAS 14. Il a de plus, placé des plants « témoins » élevés dans des conditions normales.
Les résultats obtenus sont remarquables. Les plants soumis à l’écoute de la musique eurent une croissance nettement supérieure. Les pieds de tomates faisaient en moyenne 1.70 mètres, les tomates étaient plus grosses et parfois même éclatées à cause d’un excès d’eau alors que ces plantes avaient en réalité consommé moins d’eau par rapport aux autres plants, cultivés avec un arrosage selon l’habitude de la région.
Plants de tomates n'ayant pas reçu la protéodie
Plants de tomates ayant reçu la protéodie
5.2.1 La protéodie
Comment une musique, appelée ici protéodie, peut-elle influencer la croissance des plantes et donc intervenir sur l’auxine (hormone de croissance indispensable au développement des plantes) ?
Tout d’abord, la protéodie intervient sur la synthèse des protéines mais ne les crée pas. De même elle ne crée pas d’auxine. Effectivement, la protéodie est une musique et une musique reste une onde sonore. Une onde sonore ne crée pas d’élément biologique, il faut donc se pencher sur la synthèse des protéines.
Lors de la synthèse d’une protéine, lorsque les acides aminés s’accrochent au ribosome, leur perte de liberté et leur stabilisation provoquent au niveau de la fixation, un comportement non plus « particulaire » mais ondulatoire. C’est là que les recherches de Joël Sternheimer interviennent. Il traduit ce comportement ondulatoire en une « onde d’échelle », c'est-à-dire qu'elle relie entre elles des échelles différentes - ici l'échelle de chaque acide aminé à l'échelle de la protéine en formation. Cette onde d’échelle a été ensuite transposée par M. Sternheimer dans des fréquences audibles par l’homme en les convertissant en notes de musique. Effectivement, chaque acide aminé, lorsqu’il s’accroche au ribosome, émet un comportement ondulatoire différent, donc une onde d’échelle différente, et donc une fréquence audible différente. Les recherches de Joël Sternheimer l’ont donc amené à créer un code universel de notes, chacune correspondant à l’un des 20 acides aminés.
En fonction de la complexité de la composition des protéines, qui peuvent regrouper aussi bien une dizaine d'acides aminés que des centaines, on obtient une véritable mélodie, une partition variant donc d'une dizaine à plusieurs centaines de notes.
Sternheimer a constaté que lorsqu’on joue l’enchaînement dans le domaine audible des fréquences des acides aminés d’une protéine, on observe une augmentation de la synthèse de cette protéine. La séquence des sons spécifiques à la synthèse ou à l’inhibition d’une protéine est appelée Protéodie. Pour inhiber une protéine, c'est-à-dire freiner sa fabrication, il suffit d'avoir la mélodie "symétriquement opposée". Très schématiquement, si la mélodie qui stimule est dans les "graves ", celle qui inhibera sera dans les "aiguës ". Chaque acide aminé possédant son équivalent en note stimulante et en note inhibitrice, on disposera de deux décodages, deux mélodies pour chaque protéine.
5.2.2 Tempo, volume sonore et temps d'exposition
D’autres expériences ont pu démontrer que le temps d’exposition, le volume sonore et le tempo avaient également une importance sur le développement des plantes.
5.2.2.1 Temps d'exposition
Le temps d’exposition quotidienne de la plante à la protéodie à une grande importance sur son efficacité. En effet, une trop longue exposition entraîne une forte concentration de la protéine synthétisée et aura l’effet inverse à celui attendu. La protéine sera alors inhiber pour retrouver une concentration normale.
Le temps d’exposition idéal semble être de 5 minutes par jour.
5.2.2.2 Volume sonore
Le volume sonore a également une influence sur l’efficacité d’une protéodie. Plus le volume sonore est fort, plus la protéodie est efficace.
5.2.2.3 Tempo
Le tempo idéal est de 120 noires par minute. En effet, il s’agit d’un tempo « moyen ». Un tempo trop lent ou trop rapide semble néfaste à la croissance de la plante.
5.2.3 Pour aller plus loin: la génodique
La Génodique est la science développée à partir de l'étude des Protéodies. Actuellement, environ 1200 protéodies ont été décodées en 20 ans par Joël Sternheimer, correspondant à la stimulation ou l’inhibition de protéines. Au vu de la connaissance que l’on a aujourd’hui, le génome humain contient quelques 25 000 gènes, soit plus encore de protéines, sans compter les virus, les bactéries, l’ensemble des règnes animal et végétal, avec lesquels un dialogue peut s’établir. Le travail se poursuit donc vers le développement de nouveaux décodages, ainsi que la documentation des effets des protéodies (effets bénéfiques, ressentis, statistiques et fréquences d’affinités sur la population, …).
5.3 Perspectives des effets de la musique sur les plantes
Ces recherches et ces expériences offrent des alternatives douces à l'utilisation de traitements chimiques sur cultures et aux plantes transgéniques, technologies onéreuses pour les pays du tiers monde et potentiellement nocives.
L’utilisation de la musique ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.
D'autres expériences doivent encore être réalisées sur une plus grande échelle en diffusant la TAS 14, mais aussi d'autres musiques moléculaires pouvant notamment influer sur le goût des aliments ou sur leur conservation.
Même si de nombreux scientifiques sont encore sceptiques quant aux effets de la musique sur les plantes, les recherches, en particulier celles de Joël Sternheimer semblent offrir des voies de réponse à beaucoup de maux de notre époque et un champ d'application énorme, notamment dans les pays en voie de développement. Elles permettraient d'accroitre les potentiels de certaines cultures sans pour cela jouer aux apprentis sorciers.
Amélioration des qualités gustatives et de conservation des avocats grâce à l’inhibition de l'expression de la Polygalacturonas d'avocat : à gauche les avocats « musicaux », et à droite les avocats témoins.
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