La zone de confort
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2019
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En classe, aujourd'hui, j'ai longuement expliqué ce que signifie la "zone de confort" et l'importance considérable d'en connaître l'étendue et ses limites. Bien entendu, l'expression appelle une réflexion sur la peur. Il s'agissait au départ de la difficulté d'une élève dans l'exercice de lecture des grands nombres. Entre la semaine passée et ce matin, l'évolution est très favorable et à ma demande, cette élève a essayé d'observer ce qui se passait en elle.
"Je n'ai plus peur, je suis calme et quand je suis un peu coincée par un nombre, je ne laisse pas la peur me mettre en panique."
J'invite très souvent les enfants à observer en eux les effets du travail. Je leur dis également que c'est cette observation qui importe et non l'exercice en lui-même.
"Vous êtes avant tout en apprentissage de vous-même et non dans l'apprentissage unique des mathématiques et de tout le reste. Ce qui compte, c'est que vous acceptiez de sortir de votre zone de confort, celle dans laquelle vous aimez être car elle est rassurante et nullement ouverte à l'intrusion des peurs. Imaginez un escalier sur lequel vous devez monter, marche après marche. L'obstacle, devant vous, génère une inquiétude et même la peur de l'échec. Mais cette peur n'est pas incluse dans l'exercice lui-même. Elle vient de vous. Les mathématiques ou le reste ne diffusent pas de peur. C'est pour ça que vous ne pouvez pas dire que vous n'aimez pas les mathématiques ou d'autres matières. Elles n'y sont pour rien. Le problème vient de vous. Ce que vous n'aimez pas, en réalité, ce sont toutes les émotions qui jaillisent devant le travail. Il faut accepter cette inquiétude et même la peur. Il ne faut rien rejeter. Même pas la peur. C'est elle qui vous permettra d'apprendre à vous observer. C'est elle que vous devez amadouer, domestiquer, comme si vous étiez montés sur un cheval sauvage. C'est passionnant comme épreuve. Apprivoiser sa peur. Et plus cette peur sera sauvage, plus vous serez fier de vous lorsque vous la tiendrez fermement, comme les rènes d'un cheval. Peu importe le temps que ça prendra. "La chute n'est pas un échec ; l'échec, c'est de rester là où on est tombé." Vous vous souvenez de Socrate. Et le plus extraordinaire, lorsque vous aurez réussi à calmer votre peur, c'est de sentir ce bonheur immense d'être monté sur la marche qui était au-dessus de vous. Vous avez réussi l'exercice mais ça n'est pas ça qui vous a fait grimper : votre réussite, c'est d'avoir observé votre peur et d'en avoir fait une force. C'est elle que vous pouvez remercier. Elle était l'occasion magnifique de vous prouver à vous-même la force que vous possédez pour avancer. Maintenant que vous avez élargi votre zone de confort à travers cette connaissance de vous-mêmes, vous pouvez y rester, en apprécier la douceur, profiter des bienfaits du travail réussi. Mais il arrivera nécessairement un moment où le travail de classe vous mènera au pied de la marche suivante. Alors, vous devrez penser à toutes les marches que vous avez déjà franchies. Vous irez chercher en vous tous ces bonheurs et ce sentiment de force quand vous avancez. Imaginez que vous soyez un aventurier, un alpiniste ou un explorateur. Jamais, ces gens-là ne se sont contentés de ce qui était déjà connu, atteint ou exploré. Ils sont toujours allés voir plus haut ou ailleurs. Vous êtes des aventuriers. Dans votre aventure intérieure. La marche suivante n'est pas un obstacle infranchissable. Elle n'est rien d'autre que l'occasion de montrer votre persévérance, votre détermination. Observez tout ça, essayez de regarder ce qui se passe en vous quand vous êtes dans la joie du travail. C'est joyeux le travail quand on se sert de lui pour regarder en soi."
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