Un autre regard.
- Par Thierry LEDRU
- Le 03/04/2010
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Mais alors, si ces épreuves que j'ai endurées, je les ai reçues à l'époque comme des drames répétés et qu'ils portaient en eux l'opportunité des révélations, de l'évolution, de l'éveil, c'est donc que je ne savais pas les accueillir, que je ne les observais que d'un angle précis de la pièce, emmûré dans des fonctionnements archaïques.
Il existerait un autre regard, une autre vision. La durée et l'intensité des épreuves ne seraient que proportionnelles à l'effort nécessaire pour arracher les oeillères. Ou étendre ses regards à une dimension d'univers.
Carl Gustav Jung, Aurobindo, Krishnamurti. Juste ces trois esprits. Ils ont connu un moment de rupture, un drame, une épreuve, chacun dans leurs parcours respectifs. Bien entendu qu'ils avaient déjà oeuvré intérieurement à l'émergence de ce regard mais ils n'ont pourtant pas échappé à "l'épreuve"...
Il existe pourtant des "éveils spontanés".
D'où vient dès lors cette accession brutale, soudaine, inattendue, nullement préparée parfois ?
Eckhart Tolle, Virgil, Ciussi. Juste ces trois esprits. Etrange ouverture comme un arrachement explosif, le basculement dans un autre monde, comme une frontière franchie alors même que le voyage n'était pas entamé. Pas de réponse. Un cadeau peut-être, juste pour prouver que c'est possible, qu'il y a un autre état à connaître, une dimension à explorer.
Il existe aussi des voyages inaboutis. Des épreuves qui n'ont rien donné de durable. Juste un horizon qui se dégage durant quelques jours, semaines, mois, années, une vie entière parfois. Et pourtant cet attachement forcené aux anciennes connaissances, aux idées adorées. Ce moi qui ne veut pas lâcher prise, qui ne veut rien entendre, qui maintient ses certitudes, ce regard limité. Comme un marcheur sur les crêtes éthérées et qui ne lèverait jamais les yeux de ses chaussures...De peur de faire un faux pas...
"Tout être en quelque sorte est la semence de l'être qui doit sortir de lui."
Marc Aurèle.
Mais il y a la peur.
La peur de l'inconnu. Nous sommes élevés dans un cadre précis, des objectifs que la vie sociale nous assigne : scolarité, vie professionnelle, vie amoureuse, vie familiale, une voie déjà tracée sur laquelle nous tentons chacun d'établir quelques parcelles de choix, de liberté. Nous cherchons dans diverses possessions à prendre forme, quelques identifications qui marquent nos horizons immédiats de notre empreinte. Est-ce que la semence doit vraiment donner vie à cet individu formaté ? Est-ce que nos "libertés" sont réelles ? Je suis indubitablement plus "libre" que les Birmans dans l'horizon social. Qu'en est-il dans la dimension spirituelle ? Et quelle est cette dimension ? En quoi consiste-t-elle ? Est ce là que Marc Aurèle parle de l'être à venir ?
Il est possible en tout cas que les épreuves ne soient que l'opportunité de grandir. Comme une graine germée qui devrait percer la carapace durcie d'une terre asséchée. Tendre vers les lumières célestes et dépasser les jungles moites, s'extraire des foules, des mouvements de masse, ne pas les haïr, aucune colère, mais la lucidité à acquérir pour que cette liberté s'élève, que l'être prenne forme non pas dans la dimension sociale mais dans un espace unique.
Et découvrir alors, qu'il existe, étrangement, des liaisons inexpliquées avec toutes ces âmes libérées, que des passerelles sont tendues, qu'elles n'ont pas de nom, que la science ne les a pas identifiées, qu'elles ne le seront peut-être jamais.
Juste de l'Amour peut-être. Un amour sans espace, sans temps, sans limites, sans frontières, ni cadres. Sans règles, ni intentions, sans objectifs, ni attentes. Juste le bonheur de savoir qu'un autre existe, qu'il aime s'asseoir au sommet d'une montagne, au bord de l'Océan, marcher sous le couvert des arbres, traverser des déserts, écouter la croissance des herbes, dessiner des peuples d'anges avec les nuages.
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