Un écrivain
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/06/2018
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Anita Berchenko, fondatrice des "Éditions du 38" vient de m'envoyer un mail. Elle a décidé de publier tous mes romans adultes. Tous, sans exception.
N'ayant pas de catalogue "jeunesse", les quatre tomes de "Jarwal le lutin", ne sont pas concernés.
Inutile de préciser l'immense bonheur.
J'espère profondément qu'Anita sera récompensée pour cette confiance qu'elle accorde à mes textes. Je sais le travail qu'elle abat... Il faut être nourrie par une passion indéfectible pour tenir la distance dans le défi de l'édition et ne pas regarder à la dépense d'énergie.
Je la remercie intérieurement quand j'ouvre la page du roman que j'écris.
"Là-Haut" fait déjà partie des "éditions du 38".
"Les héros sont tous morts" également.
"Kundalini" sortira à la rentrée de septembre.
Suivront :
"Jusqu'au bout"
"À cœur ouvert"
"Les Éveillés"
"Vertiges" et "Noirceur des cimes" sont déjà publiés depuis plusieurs années chez deux éditeurs régionaux.
"Les héros sont tous morts" fait partie d'une trilogie.
"Tous, sauf elle".
"Il faudra beaucoup d'amour".
Je travaille à leur écriture.
Dix romans adultes. Tellement de personnages que je ne peux plus les compter.
Max, Jonathan, Julie, Luc, Tanguy, Etienne, Axel, Sandra, Jean, Blandine, Isabelle, Gaston, Mathieu, Fabien, Laure, Thomas, Lucie, Figueras, Lucas, Pierre, Anne, Lou, Tian, Théo, Brohou, Miossec, Olivier, David, Léo, Marine, Rémi, François et Nadine, Morgane, Birgitt, Yolanda, Fabrice, Marc, Kernaïs, la Pennec, Maryse, Daniel, Lydie, Raymond et Yolande, Moses, Kàlen, Tariq, Wallid, Walter Born, Fabiola, Terence, Boris, le docteur Flaurent, Diane, Paul, Alice, Chloé, Philippe, Francis, monsieur et madame Boulard, le professeur Cartier, Sam, Lisa, Sonia, Laurent, Yoann, Hélène, Christian, Maël, Leslie, Maud, Sat...
Il en manque encore.
Tellement de personnages.
Ils sont toujours là.
Ils ne disparaîtront même pas avec moi puisqu'ils sont dans les livres.
Ils ne seront plus seulement dans la mémoire de mon ordinateur mais dans l'espace littéraire et peut-être même dans la mémoire des lecteurs et lectrices.
Et c'est là que se pose pour moi la question essentielle : quel est le critère fondamental qui permet à un auteur de dire qu'il est un écrivain ?
Le nombre de romans publiés ?
Le nombre de livres vendus ?
Le souvenir des personnages dans l'esprit des lecteurs ?
L'attente du prochain roman chez les lecteurs ?
Je n'ai pas la réponse pour l'instant.
Je sais par contre le temps que j'y passe.
Je suis un besogneux, un méticuleux, je travaille, énormément.
Dans un immense bonheur.
Je m'autorise même à considérer aujourd'hui que j'ai un style personnel.
Si je ne connaissais pas mes livres, j'en reconnaîtrais l'auteur en les lisant :)
C'est très important à mes yeux.
C'est peut-être même la réponse la plus pertinente à la question précédente.
Si le fond n'a pas de forme, s'agit-il d'un roman ou d'un livre ?
Je n'écris pas de livres, j'écris des romans.
Et sans la forme, le fond ne serait rien.
Alors, je sculpte, encore et encore.
Il y a trente ans, j'usais d'un burin et d'une masse et j'écrivais comme un cantonnier manie la pioche.
Maintenant, j'aime uniquement le scalpel.
Je dissèque, j'éventre, je fouille et je sais que les mots aiment qu'on les manipule, qu'on les retourne, qu'on les ausculte jusqu'au plus profond des fibres.
C'est de la chirurgie amoureuse.
Et puis vient le temps où tout est en place, où les assemblages sont harmonieux, où la musique des mots coule comme le flux sanguin dans un corps sain. Tout est fluide et le scalpel n'est plus d'usage.
Il faut passer à la phase de réveil par des carresses longues et patientes, des relectures où chaque virgule aura son importance, il faudra lire chaque phrase dans des murmures attentifs, regarder la mise en page, l'espace comme des silences suspendus, comme une caméra en travelling, un mouvement lent et studieux.
Les nuits silencieuses où les mots se murmurent.
Je les aime tant.
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